
 
 
Du commencement de l'EAM à l'éducation citoyenne 
Entretien avec Jacques Gonnet. Fondateur et directeur (1983-2004) du CLEMI, professeur des 
Universités  Paris 3 Sorbonne nouvelle. 
 
"L'Éducation Aux Médias introduit le bruit de monde à l'école et en ce sens elle permet une 
éducation à l'actualité et au politique". Cette phrase est extraite du discours de Jacques Gonnet lors 
de l'ouverture de la conférence "les 30 ans du CLEMI*" le 15 novembre 2013. 
Monsieur Jacques Gonnet nous expose les prémices et l'installation de cette éducation aux médias. 
 
Le premier point de cet entretien aborde la façon dont s'est opéré le rapprochement du monde 
des médias et de l'école. 
 
Un premier rapprochement est opéré par des expériences individuelles d'enseignants qui, passionnés 
par la presse, font entrer l'actualité du monde dans leur classe. 
A l'exemple de ce maître d'école dans l'Oklahoma aux Etats-Unis, dans les années 1860, qui tous les 
jours apportait des quotidiens pour que les élèves puissent constater les différences, travailler 
dessus, réfléchir. 
 
Mais ce rapprochement des médias et de l'éducation ne s'est pas opéré sans tension. 
Les technologies nouvelles, comme par exemple les rotatives ou la télévision, induisent une 
diffusion massive de l'information. Souvent perçues comme objets de fantasmes et de peurs, elles 
posent à l'école des interrogations. Doit-on faire entrer la presse à l'école, pourquoi faire rentrer la 
presse à l'école ? 
Mais inversement la question qui se pose est pourquoi la presse ne rentrerait-elle pas à l'école dans 
la mesure où le monde est aussi ce qui fait partie de l'école ? 
La question qui se pose alors est : comment  traiter le monde avec les disciplines, la philosophie, la 
littérature, les mathématiques, la géographie ? 
 
Dans les années soixante-dix la demande des enseignants de travailler avec la presse se fait de plus 
en plus forte.  Ils s'interrogent sur la façon de questionner le monde avec leurs élèves et la réponse  
est de partir de l'intérêt des enfants et des adolescents, de leur motivation. 
 
Le second point de cet entretien aborde les nouvelles formes de pédagogie mise en place par 
cette éducation aux médias. 
 
Le précurseur en France est Célestin Freinet qui dans les années 1920 a su répondre à la motivation 
des enfants en laissant une part importante à l'expression libre pour qu'ils racontent leur quotidien. 
Tout comme Janusz Korczak en Pologne, Ovide Decroly en Belgique, John Dewey en Angleterre, 
ces enseignants, qui sont parfois des médecins, s'interrogent sur les capacités qu'ont les enfants à 
recevoir une masse d'information et sur les questions qu'ils vont se poser. 
Le projet pédagogique de Freinet est de donner des outils aux enfants pour que ces derniers 
construisent à travers le journal une connaissance du monde. Ils deviennent citoyens dans la mesure 
où ils sont partie prenante d'une société. 
 
La construction de cette connaissance se retrouve dans l'élaboration des journaux lycéens. Comment 
s'exprimer dans un journal ? Peut-on tout dire ? L'objectif pédagogique est de mettre les personnes 
en situation de responsabilité. 
Le CLEMI accompagne et promeut cette expression lycéenne dans le respect des  droits et des 
obligations (Les droits et la déontologie des journaux lycéens : circulaire du 6 mars 1991 actualisée 
par la circulaire du 1er février 2002).