IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. ©
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LA PHILOSOPHIE
Le mot philosophie désigne tantôt une discipline
théorique (ouvrage philosophique, cours de philosophie...),
tantôt un système de pensée ou de croyances (la philosophie
confucianiste, la philosophie marxiste...), tantôt, de façon
plus familière, un état d'esprit superficiel ("C'est de la
philosophie !") ou constructif ("Untel a fait preuve de
philosophie"). Ce dernier sens du mot est plus proche de la
notion de sagesse que de celle de philosophie.
Classiquement, dans la Grèce antique, berceau de la
philosophie occidentale, la philosophie se partageait en trois
branches principales : la logique, la métaphysique, et l'éthique. On a introduit également
l'épistémologie, en tant que connaissance critique des sciences.
1. 1. Généralités
La philosophie est le fait d'utiliser ses capacités mentales pour faire des
réflexions et des pensées abstraites sur des principes ou des sujets donnés.
En tant que discipline théorique, système de pensée ou plus généralement, en
tant qu'activité et produit de l'esprit, la philosophie se conçoit comme un
questionnement paradoxal : bien qu'orienté vers la recherche du vrai et de l'universel, il
s'opère dans la conscience de ne pas pouvoir atteindre ce degré ultime de connaissance.
La philosophie, contrairement aux sciences de la nature, n'engendre pas de vérités
immuables. Elle ne fait qu'aider l'homme à se comprendre lui-même au travers d'un
cheminement intellectuel qui s'avère moins fructueux par ses résultats que par son
existence même et ses modalités. Pour le philosophe autrichien Karl Popper, le véritable
problème philosophique est celui qui engendre de nouveaux problèmes.
L'absence de vérités philosophiques tient au caractère insoluble des problèmes
qu'aborde la philosophie. Ces problèmes sont articulés autour de concepts, c'est-à-dire
d'objets théoriques permettant d'interroger et de manipuler dans l'abstraction, par le biais
de liens logiques, des éléments de l'expérience humaine. Les concepts au cœur des
questionnements et théories philosophiques sont, entre autres :
la liberté,
l'existence,
le temps,
la connaissance,
la vérité,
le sujet,
autrui,
la justice,
l'art,
l'éthique
mcco
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L'interrogation philosophique la plus classique consiste à se saisir d'un mot
couramment employé mais dont le sens paraît vague et complexe, et de tenter de saisir
les contours du ou des concepts qu'il désigne. "Qu'est-ce que l'homme ?", "Qu'est-ce que
la justice ?", "Qu'est-ce que la connaissance", etc., sont des questionnements
typiquement philosophiques.
Cependant la philosophie se déploie en une infinité de problèmes et de sous
problèmes qui ne concernent pas seulement des concepts uniques mais aussi des
articulations de concepts ou encore la recherche de principes de pensée et d'action. Elle
connaît de nombreuses subdivisions parmi lesquelles on peut citer la métaphysique, la
morale ou l'éthique, la philosophie politique, la philosophie de la connaissance,
l'épistémologie, la philosophie de l'art ou esthétique, etc.
Si la philosophie s'attache principalement à des problèmes éternels, elle n'est pas
pour autant statique. En effet, elle se nourrit du réel, de l'évolution des sociétés et de
l'avancement des sciences. Les changements du monde sont l'occasion d'un
renouvellement permanent du questionnement philosophique.
Représentation du Moyen Âge, la philosophie et les arts libéraux
1. 2. Étymologie
La philosophie (philo-sophia, φιλοσοφία) est l'amour ou le goût de la
connaissance, de la sagesse, du savoir, du grec philein (aimer), et sophia (connaissance,
savoir, sagesse). Le mot s'interprète donc comme « quête de la sagesse ou de la
connaissance », le verbe philein pouvant avoir non seulement le sens d'aimer, mais aussi
celui d'apprécier ou de chercher.
Diogène Laërce, dans sa Vie des philosophes affirme qu'en ce qui concerne la
philosophie les Grecs auraient inventé non seulement la chose, mais également le mot.
Ce mot, selon certaines sources, aurait été forgé par Pythagore, qui refusait de se
considérer comme un sage (sophos) car la possession de la connaissance, i.e. la
connaissance des principes et causes des choses humaines et divines, est le privilège des
dieux. Il préférait être appelé « amoureux de la connaissance » (philosophos), c'est-à-
dire amoureux des réalités divines. Avant Pythagore, on appelait sophoi ceux qui
cherchaient à connaître les réalités divines et humaines, sans que ce mot soit péjoratif. Il
y a donc, à l'origine de la philosophie, d'un côté ceux que l'on appelle les sages (Thalès
de Milet, etc.), et de l'autre ceux qui furent appelés philosophes.
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L'étymologie nous apprend ainsi au moins deux choses :
D'une part, la philosophie concerne initialement la connaissance, elle est une
activité intellectuelle qui consiste à cultiver ses facultés et à acquérir une vue
aussi objective que possible du monde ; la philosophie classique ou moderne
confirme cela.
d'autre part, la philosophie a aussi une finalité morale et pratique : elle est un art
de vivre, et le philosophe qui vit selon la raison, selon une conception classique
de la morale, s'efforce de vivre en sage et de suivre le bien pour atteindre le
bonheur par le biais de l'ataraxie. On mesure mal aujourd'hui l'importance de cet
art de vivre qui faisait souvent comparer le philosophe à un dieu mortel, à un
dieu vivant parmi les hommes. C'était le cas, par exemple, pour des philosophes
aussi divers que Platon, Aristote, Épicure et Sénèque). Cet aspect pratique a
considérablement évolué; il est aujourd'hui étudié en philosophie politique, en
philosophie de l'action et en éthique.
1. 3. Spécificité de la philosophie
Une bonne méthode pour déterminer le sens d'un concept
peut être de rechercher ce que ce concept n'est pas. Or, science,
philosophie, mythes ont une triple ambition commune : décrire,
expliquer, justifier. Il importe donc d'examiner en quoi ils se
distinguent.
1. 4. Philosophie, mythes
Le mythe et la philosophie ont un point commun : ce sont des explications, qui se
veulent cohérentes, du monde et de la réalité. Le mythe est un récit fabuleux qui décrit
l'origine du monde, de l'homme, de la société. Les philosophes s'interrogent également
sur ces problèmes. Mais il y a des différences:
la philosophie se veut fondée sur une connaissance rationnelle ; le mythe a par
contraste un caractère merveilleux, inexplicable même du fait des causes qu'il
invoque, comme les forces surnaturelles ;
la philosophie suppose que l'on n'adhère pas à une doctrine par la seule foi et
encore moins par superstition ; la croyance au mythe fait l'économie de la notion
de preuve, ou bien en présente qui n'entraînent pas de conviction universelle
(sinon on ne le considèrerait plus comme mythe, mais — à tort ou à raison —
comme réalité) ;
la philosophie cherche à expliquer les phénomènes observés par des causes
rationnelles ; le mythe recourt souvent à des explications irrationnelles ou
supranaturelles.
mcco
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1. 5. Philosophie et science
Lorsqu’il est question du rapport de la philosophie avec les sciences, la
philosophie est couramment qualifiée de « mère de toutes les sciences ». Cette optique
relève d’une considération quant à l’histoire des idées, où la philosophie apparaît en
quelque sorte comme un lieu d’émulation, propre à l’émergence de disciplines appelées
à acquérir leur autonomie. Ainsi, par exemple, on remarque qu’alors qu'Isaac Newton
désignait encore ses travaux sous l’appellation de philosophie (son maître ouvrage de
1687 portant le titre de Philosophiae Naturalis Principia Mathematica), les
développements en ce domaine appartiennent maintenant au domaine de la physique.
De même, pour n’évoquer que quelques exemples supplémentaires, c’est de travaux et
recherches en philosophie que sont issues, à la fin du XIXe siècle, des disciplines
comme la sociologie et la psychologie ; tout comme la gérontologie s’est, quant à elle,
forgée en tant que discipline (se rattachant maintenant en partie à la psychologie)
seulement dans la seconde moitié du XXe siècle, sous l’impulsion de travaux et
recherches en philosophie.
Cela signifie-t-il pour autant que la philosophie ne
serait que le balbutiement des sciences ? Qu’elle ne serait
en quelque sorte qu’une manière de désigner les disciplines
n’ayant pas encore « abouti » ? Il existe bien sûr plusieurs
positions théoriques à cet égard, mais avant même de s’y
attarder, il faut noter qu’une attention aux milieux de la
recherche fondamentale révèle que s’il est permis de dire
que la philosophie est la mère des sciences, il est en
revanche aussi vrai que les sciences sont susceptibles
d’engendrer, ou à tout le moins de nourrir, la philosophie.
Ainsi, on peut remarquer que des travaux fondamentaux en science impliquent, bien
souvent, des questions et des recherches de nature proprement philosophique,
principalement en ce qui relève de l’appareillage conceptuel nécessaire à l’articulation
et l’évolution de la discipline. Au XXe siècle par exemple, le développement des
sciences cognitives et des neurosciences a contribué à l’essor de la philosophie
contemporaine de l'esprit et au renouveau des recherches en philosophie de l'action.
Aussi, les questions liées aux corrélats neuraux de la conscience, qui s’avèrent vitales
dans le domaine des neurosciences, nécessitent les ressources conceptuelles propres à
des secteurs philosophiques tel que la philosophie analytique de l’esprit – et dans une
certaine mesure de la philosophie du langage –, ainsi que de la phénoménologie (qu’on
pense par exemple aux réévaluations des notions husserliennes d’image, de conscience
d’image et de phantasia ; ou encore au traitement de la problématique de la corporéité
en phénoménologie).
La gérontologie est l'étude les conditions physiologiques, pathologiques,
psychologiques, sociales… associées au processus du vieillissement humain. La
gériatrie s'intéresse plus spécifiquement aux maladies de la vieillesse.
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1. 6. Philosophie et société
Si la philosophie justifie souvent la société dans laquelle elle naît, il est tout aussi
fréquent qu'elle s'en démarque violemment. Méfiante vis-à-vis des traditions, critique
envers toute forme de préjugés, la philosophie n'a pas manqué de connaître des heurts
plus ou moins dures avec la société. A titre informatif, il est intéressant de retenir
quelques dates symboliques :
432 avant J.C. : Anaxagore est chassé d'Athènes.
411-416? avant J.C. : Protagoras est accusé d'impiété et est contraint de quitter Athènes. Ses
livres sont brûlés.
415 avant J.C. : Le sophiste Diagoras de Mélos est accusé de dévoiler les mystères d’Eleusis et
d’athéisme : Sa tête est mise à prix, il choisit l’exil…
399 avant J.C. : Socrate est condamné à mort sous le chef d'accusation de corrompre les mœurs
de la jeunesse.
161 avant J.C. : La lex Fannia (loi sur le luxe) interdit la philosophie grecque chez les Romains.
Des philosophes grecques sont expulsés de Rome.
529 après J.C. : l'Empereur Justinien supprime les écoles de philosophies païennes après
presqu'un millénaire d'activité !
1188-1189 : le sultan Abû Yûsuf Yaqûb Al-Mansûr Almohade fait interdire la philosophie, les
études et les livres au Maroc et en Espagne. Averroès et son oeuvre sont visés.
7 mars 1277 : condamnations de 219 thèses philosophiques jugées hétérodoxes par Étienne
Tempier, évêque de Paris. Sont visés les maîtres es arts de l'Université de Paris, ainsi que
nombre de philosophes arabes
Le 17 février 1600 : Giordanno Bruno est supplicié sur le bûcher pour son rejet de la
transsubstantiation, de la trinité, son blasphème contre le Christ, sa négation de la virginité de
Marie...
Le 16 mai 1717 : Voltaire est embastillé pour ses écrits satiriques
Le 24 juillet 1749 : Diderot est emmené à la prison de Vincennes pour possession d'ouvrages
"contraires à la religion, à l'Etat et aux bonnes mœurs."
Le 7 février 1752 : L'Encyclopédie de Diderot est censurée
Le 16 mai 1849 : Marx est expulsé de Cologne après la *Révolution de 1848 pour articles
séditieux : Il se défend devant les jurés en déclarant : « le premier devoir de la presse, c'est de
saper tous les fondements de l'état politique existant »
mcco
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