la philosophie - IES Miguel de Molinos

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1º Bachillerato
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LA PHILOSOPHIE
Le mot philosophie désigne tantôt une discipline
théorique (ouvrage philosophique, cours de philosophie...),
tantôt un système de pensée ou de croyances (la philosophie
confucianiste, la philosophie marxiste...), tantôt, de façon
plus familière, un état d'esprit superficiel ("C'est de la
philosophie !") ou constructif ("Untel a fait preuve de
philosophie"). Ce dernier sens du mot est plus proche de la
notion de sagesse que de celle de philosophie.
Classiquement, dans la Grèce antique, berceau de la
philosophie occidentale, la philosophie se partageait en trois
branches principales : la logique, la métaphysique, et l'éthique. On a introduit également
l'épistémologie, en tant que connaissance critique des sciences.
1. 1. Généralités
La philosophie est le fait d'utiliser ses capacités mentales pour faire des
réflexions et des pensées abstraites sur des principes ou des sujets donnés.
En tant que discipline théorique, système de pensée ou plus généralement, en
tant qu'activité et produit de l'esprit, la philosophie se conçoit comme un
questionnement paradoxal : bien qu'orienté vers la recherche du vrai et de l'universel, il
s'opère dans la conscience de ne pas pouvoir atteindre ce degré ultime de connaissance.
La philosophie, contrairement aux sciences de la nature, n'engendre pas de vérités
immuables. Elle ne fait qu'aider l'homme à se comprendre lui-même au travers d'un
cheminement intellectuel qui s'avère moins fructueux par ses résultats que par son
existence même et ses modalités. Pour le philosophe autrichien Karl Popper, le véritable
problème philosophique est celui qui engendre de nouveaux problèmes.
L'absence de vérités philosophiques tient au caractère insoluble des problèmes
qu'aborde la philosophie. Ces problèmes sont articulés autour de concepts, c'est-à-dire
d'objets théoriques permettant d'interroger et de manipuler dans l'abstraction, par le biais
de liens logiques, des éléments de l'expérience humaine. Les concepts au cœur des
questionnements et théories philosophiques sont, entre autres :
•
la liberté,
•
le sujet,
•
l'existence,
•
autrui,
•
le temps,
•
la justice,
•
la connaissance,
•
l'art,
•
la vérité,
•
l'éthique
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L'interrogation philosophique la plus classique consiste à se saisir d'un mot
couramment employé mais dont le sens paraît vague et complexe, et de tenter de saisir
les contours du ou des concepts qu'il désigne. "Qu'est-ce que l'homme ?", "Qu'est-ce que
la justice ?", "Qu'est-ce que la connaissance", etc., sont des questionnements
typiquement philosophiques.
Cependant la philosophie se déploie en une infinité de problèmes et de sous
problèmes qui ne concernent pas seulement des concepts uniques mais aussi des
articulations de concepts ou encore la recherche de principes de pensée et d'action. Elle
connaît de nombreuses subdivisions parmi lesquelles on peut citer la métaphysique, la
morale ou l'éthique, la philosophie politique, la philosophie de la connaissance,
l'épistémologie, la philosophie de l'art ou esthétique, etc.
Si la philosophie s'attache principalement à des problèmes éternels, elle n'est pas
pour autant statique. En effet, elle se nourrit du réel, de l'évolution des sociétés et de
l'avancement des sciences. Les changements du monde sont l'occasion d'un
renouvellement permanent du questionnement philosophique.
Représentation du Moyen Âge, la philosophie et les arts libéraux
1. 2. Étymologie
La philosophie (philo-sophia, φιλοσοφία) est l'amour ou le goût de la
connaissance, de la sagesse, du savoir, du grec philein (aimer), et sophia (connaissance,
savoir, sagesse). Le mot s'interprète donc comme « quête de la sagesse ou de la
connaissance », le verbe philein pouvant avoir non seulement le sens d'aimer, mais aussi
celui d'apprécier ou de chercher.
Diogène Laërce, dans sa Vie des philosophes affirme qu'en ce qui concerne la
philosophie les Grecs auraient inventé non seulement la chose, mais également le mot.
Ce mot, selon certaines sources, aurait été forgé par Pythagore, qui refusait de se
considérer comme un sage (sophos) car la possession de la connaissance, i.e. la
connaissance des principes et causes des choses humaines et divines, est le privilège des
dieux. Il préférait être appelé « amoureux de la connaissance » (philosophos), c'est-àdire amoureux des réalités divines. Avant Pythagore, on appelait sophoi ceux qui
cherchaient à connaître les réalités divines et humaines, sans que ce mot soit péjoratif. Il
y a donc, à l'origine de la philosophie, d'un côté ceux que l'on appelle les sages (Thalès
de Milet, etc.), et de l'autre ceux qui furent appelés philosophes.
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L'étymologie nous apprend ainsi au moins deux choses :
•
D'une part, la philosophie concerne initialement la connaissance, elle est une
activité intellectuelle qui consiste à cultiver ses facultés et à acquérir une vue
aussi objective que possible du monde ; la philosophie classique ou moderne
confirme cela.
•
d'autre part, la philosophie a aussi une finalité morale et pratique : elle est un art
de vivre, et le philosophe qui vit selon la raison, selon une conception classique
de la morale, s'efforce de vivre en sage et de suivre le bien pour atteindre le
bonheur par le biais de l'ataraxie. On mesure mal aujourd'hui l'importance de cet
art de vivre qui faisait souvent comparer le philosophe à un dieu mortel, à un
dieu vivant parmi les hommes. C'était le cas, par exemple, pour des philosophes
aussi divers que Platon, Aristote, Épicure et Sénèque). Cet aspect pratique a
considérablement évolué; il est aujourd'hui étudié en philosophie politique, en
philosophie de l'action et en éthique.
1. 3. Spécificité de la philosophie
Une bonne méthode pour déterminer le sens d'un concept
peut être de rechercher ce que ce concept n'est pas. Or, science,
philosophie, mythes ont une triple ambition commune : décrire,
expliquer, justifier. Il importe donc d'examiner en quoi ils se
distinguent.
1. 4. Philosophie, mythes
Le mythe et la philosophie ont un point commun : ce sont des explications, qui se
veulent cohérentes, du monde et de la réalité. Le mythe est un récit fabuleux qui décrit
l'origine du monde, de l'homme, de la société. Les philosophes s'interrogent également
sur ces problèmes. Mais il y a des différences:
•
la philosophie se veut fondée sur une connaissance rationnelle ; le mythe a par
contraste un caractère merveilleux, inexplicable même du fait des causes qu'il
invoque, comme les forces surnaturelles ;
•
la philosophie suppose que l'on n'adhère pas à une doctrine par la seule foi et
encore moins par superstition ; la croyance au mythe fait l'économie de la notion
de preuve, ou bien en présente qui n'entraînent pas de conviction universelle
(sinon on ne le considèrerait plus comme mythe, mais — à tort ou à raison —
comme réalité) ;
•
la philosophie cherche à expliquer les phénomènes observés par des causes
rationnelles ; le mythe recourt souvent à des explications irrationnelles ou
supranaturelles.
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1. 5. Philosophie et science
Lorsqu’il est question du rapport de la philosophie avec les sciences, la
philosophie est couramment qualifiée de « mère de toutes les sciences ». Cette optique
relève d’une considération quant à l’histoire des idées, où la philosophie apparaît en
quelque sorte comme un lieu d’émulation, propre à l’émergence de disciplines appelées
à acquérir leur autonomie. Ainsi, par exemple, on remarque qu’alors qu'Isaac Newton
désignait encore ses travaux sous l’appellation de philosophie (son maître ouvrage de
1687 portant le titre de Philosophiae Naturalis Principia Mathematica), les
développements en ce domaine appartiennent maintenant au domaine de la physique.
De même, pour n’évoquer que quelques exemples supplémentaires, c’est de travaux et
recherches en philosophie que sont issues, à la fin du XIXe siècle, des disciplines
comme la sociologie et la psychologie ; tout comme la gérontologie s’est, quant à elle,
forgée en tant que discipline (se rattachant maintenant en partie à la psychologie)
seulement dans la seconde moitié du XXe siècle, sous l’impulsion de travaux et
recherches en philosophie.
Cela signifie-t-il pour autant que la philosophie ne
serait que le balbutiement des sciences ? Qu’elle ne serait
en quelque sorte qu’une manière de désigner les disciplines
n’ayant pas encore « abouti » ? Il existe bien sûr plusieurs
positions théoriques à cet égard, mais avant même de s’y
attarder, il faut noter qu’une attention aux milieux de la
recherche fondamentale révèle que s’il est permis de dire
que la philosophie est la mère des sciences, il est en
revanche aussi vrai que les sciences sont susceptibles
d’engendrer, ou à tout le moins de nourrir, la philosophie.
Ainsi, on peut remarquer que des travaux fondamentaux en science impliquent, bien
souvent, des questions et des recherches de nature proprement philosophique,
principalement en ce qui relève de l’appareillage conceptuel nécessaire à l’articulation
et l’évolution de la discipline. Au XXe siècle par exemple, le développement des
sciences cognitives et des neurosciences a contribué à l’essor de la philosophie
contemporaine de l'esprit et au renouveau des recherches en philosophie de l'action.
Aussi, les questions liées aux corrélats neuraux de la conscience, qui s’avèrent vitales
dans le domaine des neurosciences, nécessitent les ressources conceptuelles propres à
des secteurs philosophiques tel que la philosophie analytique de l’esprit – et dans une
certaine mesure de la philosophie du langage –, ainsi que de la phénoménologie (qu’on
pense par exemple aux réévaluations des notions husserliennes d’image, de conscience
d’image et de phantasia ; ou encore au traitement de la problématique de la corporéité
en phénoménologie).
La gérontologie est l'étude les conditions physiologiques, pathologiques,
psychologiques, sociales… associées au processus du vieillissement humain. La
gériatrie s'intéresse plus spécifiquement aux maladies de la vieillesse.
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1. 6. Philosophie et société
Si la philosophie justifie souvent la société dans laquelle elle naît, il est tout aussi
fréquent qu'elle s'en démarque violemment. Méfiante vis-à-vis des traditions, critique
envers toute forme de préjugés, la philosophie n'a pas manqué de connaître des heurts
plus ou moins dures avec la société. A titre informatif, il est intéressant de retenir
quelques dates symboliques :
432 avant J.C. : Anaxagore est chassé d'Athènes.
411-416? avant J.C. : Protagoras est accusé d'impiété et est contraint de quitter Athènes. Ses
livres sont brûlés.
415 avant J.C. : Le sophiste Diagoras de Mélos est accusé de dévoiler les mystères d’Eleusis et
d’athéisme : Sa tête est mise à prix, il choisit l’exil…
399 avant J.C. : Socrate est condamné à mort sous le chef d'accusation de corrompre les mœurs
de la jeunesse.
161 avant J.C. : La lex Fannia (loi sur le luxe) interdit la philosophie grecque chez les Romains.
Des philosophes grecques sont expulsés de Rome.
529 après J.C. : l'Empereur Justinien supprime les écoles de philosophies païennes après
presqu'un millénaire d'activité !
1188-1189 : le sultan Abû Yûsuf Yaqûb Al-Mansûr Almohade fait interdire la philosophie, les
études et les livres au Maroc et en Espagne. Averroès et son oeuvre sont visés.
7 mars 1277 : condamnations de 219 thèses philosophiques jugées hétérodoxes par Étienne
Tempier, évêque de Paris. Sont visés les maîtres es arts de l'Université de Paris, ainsi que
nombre de philosophes arabes
Le 17 février 1600 : Giordanno Bruno est supplicié sur le bûcher pour son rejet de la
transsubstantiation, de la trinité, son blasphème contre le Christ, sa négation de la virginité de
Marie...
Le 16 mai 1717 : Voltaire est embastillé pour ses écrits satiriques
Le 24 juillet 1749 : Diderot est emmené à la prison de Vincennes pour possession d'ouvrages
"contraires à la religion, à l'Etat et aux bonnes mœurs."
Le 7 février 1752 : L'Encyclopédie de Diderot est censurée
Le 16 mai 1849 : Marx est expulsé de Cologne après la *Révolution de 1848 pour articles
séditieux : Il se défend devant les jurés en déclarant : « le premier devoir de la presse, c'est de
saper tous les fondements de l'état politique existant »
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1. 7. Origine de la philosophie
Pourquoi et comment des hommes se sont-ils mis à la philosophie ? Que signifie
l'apparition de la philosophie dans l'histoire humaine, et peut-on affirmer que certaines
civilisations se soient plus préoccupées de constituer un discours philosophique que
d'autres ?
Il ne semble pas que le besoin d'exploration intellectuelle soit lié à un désir
commun aux mammifères prédateurs et à tous les primates de connaître aussi
profondément qu'ils le peuvent leur environnement. En expliquant l'origine de la
philosophie (et par conséquent ses exigences de rationalité ou de sagesse, par exemple)
dans une telle perspective, on s'en tiendrait à un niveau explicatif en termes strictement
motivationnels – génétiques, neurobiologiques, etc. –, généralement applicable aux
activités animales. Il apparaît plus
judicieux, pour une compréhension de
l'activité philosophique, d'examiner
plutôt son avènement en retraçant les
grandes lignes de son origine historique,
ainsi que les interprétations de ses
origines
en
termes
proprement
philosophiques.
L'origine historique de la
philosophie occidentale est mal connue.
On considère généralement que le premier philosophe occidental est Thalès de
Milet, mais ce philosophe de la nature était peut-être d'origine phénicienne, et son savoir
laisserait donc supposer une tradition philosophique bien plus ancienne. Ce qui est
probable c'est que la philosophie naît sous l'influence de la science égyptienne
(géométrie), du savoir phénicien (arithmétique), et de courants religieux variés, venus
par exemple de Mésopotamie et de l'Inde. Bien d'autres influences ont été supposées,
mais il est dans l'ensemble très difficile de faire la part des choses.
Aristote (384-322 avant JC) nous dit :" Ce fut l’étonnement qui
poussa les hommes aux premières spéculations philosophiques.....".
Il s’agit donc d’étonnement devant les phénomènes naturels, devant
le monde qui nous entoure.
La philosophie occidentale reconnaît ses origines en Grèce au IVème
siècle avant JC. Les premiers philosophes, dits Pré-Socratiques
(Socrate 470-399 avant JC), s’étonnaient donc, observaient,
s’interrogeaient. Ils réfléchissaient sur l’origine de la nature, du
monde matériel.
Thalès posait la question : En quoi les choses sont-elles faites ?
Héraclite et Parménide : Y-a-t-il du mouvement ou non ? et quelle est la cause du
mouvement ?
Pythagore Y-a-t-il de l’ordre dans les choses ?
C’est Pythagore qui aurait créé le mot philosophie.
Philo: ami, philein = aimer
Sophia: la sagesse. L’homme sage est celui qui aime et cherche la connaissance vraie et
le Bien.
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La philosophie dans l’antiquité grecque jusque vers l’époque de Descartes (15961650) entretenait donc un rapport avec la science. La sagesse visait à une connaissance
la plus juste possible de toutes les choses que l’homme peut savoir, sans oublier celles
pour la conduite de sa vie, ou pour la conservation de sa santé.
Que cherchaient ces philosophes dans leur passion de connaître?
Sur le fronton du temple de Delphes on pouvait lire "Connais-toi toi-même
et tu connaîtras l’univers et les dieux ".
Mais cette recherche de la vérité en ce qui concerne nous-même et nos relations avec
l’univers et les dieux, commence par un débat avec l’esprit lui-même. Pour approcher la
vérité il faut payer le prix ! c’est-à-dire découvrir les lois universelles qui régissent la
pensée et s’y conformer. Ce sont les principes (d’identité, de contradiction, du tiers
exclu).
1. 8. Trois conceptions de la philosophie
Il est possible de distinguer à partir de ce qui précède trois conceptions de la
philosophie :
•
une partie réflexive de la
philosophie : l'exercice de la
raison en tant qu'activité
d'évaluation et de critique des
arguments ;
•
un savoir philosophique: par la
détermination de concepts et
d'outils
mentaux
pour
comprendre l'homme et le
monde ;
•
une partie pratique, la sagesse,
qui doit faire l'unité du penser et
de l'agir (de l'entendement et de
la volonté) ;
1. 9. Critiques de la philosophie
La philosophie a été critiquée dès sa naissance. Certaines critiques sont
extérieures au discours philosophique (par exemple, les critiques du sens commun),
d'autres lui sont internes (critiques des philosophes entre eux). Mais toute critique peut
faire l'objet d'un examen philosophique ; on ne peut d'ailleurs concevoir de philosophie
sans critique.
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2. 1. Qu'est ce que philosopher?
Expliciter les contrariétés plus ou moins universelles de
la vie et de la pensée humaines pour produire des conceptions
du monde et de l'existence plus lucides et plus cohérentes.
2. 2. Quelles sont ces contrariétés?
Connaissance: Illusion/vérité ; certitude/doute ;scepticisme/dogmatisme
Ethique: devoir/désir et ou sentiments; conflit entre les devoirs : devoirs
privés/devoirs publics ; devoirs professionnels/devoirs éthiques ;
liberté/assistance ; égoisme/altruisme..
Politique: Conflits entre les idéaux collectifs et entre l'idéal de justice et la
réalité conflictuelle des rapports de forces, de pouvoir, d'ambitions et d'intérêts ;
liberté/solidarité, égalité/hiérarchie, politique/économie et politique et éthique
Existence : Vie/mort, désir/réalité, solitude/aliénation, autonomie/contrainte
Esthétique : Universalité de l’idéal de beauté/variabilité des goûts ;
beauté/agrément; convention/création...
2. 3. Pourquoi philosopher?
Parce que les croyances traditionnelles sont en crise et qu'aucune autorité
idéologique dans une société ouverte pluraliste, individualiste, laïque et démocratique
ne peut et ne doit diriger la pensée humaine d'une manière monolithique. Chacun doit
penser par lui-même pour ne pas être soumis aux influences extérieures et intérieures les
plus contradictoires.
2. 4. Dans quel but?
Se libérer des illusions personnelles et collectives pour être plus
autonome, plus heureux et mieux dialoguer avec soi et les autres.
2. 5. Comment?
En respectant 3 exigences de pensée:
Problématiser: douter volontairement et méthodiquement
Conceptualiser: définir les idées générales avec rigueur
Argumenter: raisonner logiquement et dialectiquement
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Activité : Lisez le texte de André COMTE-SPONVILLE Présentations de la Philosophie. (Albin
Michel 2000) et répondez aux questions qui se trouvent à la fin de celui-ci.
Avant-propos
« Philosophie ; la doctrine et l'exercice de la sagesse (non simple science). » Kant
Philosopher, c'est penser par soi-même ; mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur
la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. La philosophie n'est pas seulement une
aventure ; elle est aussi un travail, qui ne va pas sans efforts, sans lectures, sans outils. Les premiers pas sont
souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d'un. C'est ce qui m'a poussé, ces dernières années, à publier
des « Carnets de philosophie ». De quoi s'agissait-il ? D'une collection d'initiation à la philosophie : douze
petits volumes, chacun constitué d'une quarantaine de textes choisis, souvent très brefs, et s'ouvrant par une
Présentation de quelques feuillets, dans laquelle j'essayais de dire, sur telle ou telle notion, ce qui me
semblait l'essentiel,..
Ce sont ces douze Présentations, revues et sensiblement augmentées, qui constituent le présent
volume. La modestie du propos reste la même : il s'agit toujours d'une initiation, disons d'une porte
d'entrée, parmi cent autres possibles, dans la philosophie. Mais qui laisse au lecteur le soin, une fois ce
livre lu, de partir lui-même à la découverte des œuvres, comme il faut le faire tôt ou tard, et de se
constituer, s’il le veut, sa propre anthologie... Vingt-cinq siècles de philosophie font un trésor inépuisable.
Si ce petit livre peut donner l'envie, à tel ou tel, d'aller y voir de plus près, s'il peut l'aider à y trouver du
plaisir et des lumières, il n'aura pas été écrit en vain.
Quant au public visé, je pensais d'abord aux adolescents, avant de découvrir, notamment par le
courrier reçu, qu'il allait bien au-delà. De ce parti pris initial, il est pourtant resté quelque chose : le choix
de certains exemples, un certain point de vue, un certain ton, l'insistance mise, parfois, sur tel ou tel
aspect... C'est aussi ce qui explique le tutoiement, qui s'est imposé à moi - sans doute parce que je pensais
à mes propres enfants, qui sont en effet adolescents, davantage qu'à mes élèves ou à mes étudiants, que je
n'ai jamais tutoyés... Autant de traits que je n'ai pas cru devoir, reprenant l'ensemble, corriger. Il n'y a pas
d'âge pour philosopher ; mais les adolescents, plus que les adultes, ont besoin qu'on les y accompagne.
Qu'est-ce que la philosophie ? je m'en suis expliqué bien souvent, et encore dans le dernier de ces
douze chapitres. La philosophie n'est pas une science, ni même une connaissance ; ce n'est pas un
savoir de plus : c'est une réflexion sur les savoirs disponibles. C'est pourquoi on ne peut apprendre la
philosophie, disait Kant: on ne peut qu'apprendre à philosopher. Comment? En philosophant soi-même :
en s'interrogeant sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le monde, sur la société, sur ce que
l'expérience nous apprend, sur ce qu'elle nous laisse ignorer... Qu'on rencontre en chemin les
œuvres
de tel ou tel philosophe professionnel, c'est ce qu’il faut souhaiter. On pensera mieux, plus fort, plus
profond. On ira plus loin et plus vite. Encore cet auteur, ajoutait Kant, « doit-il être considéré non pas
comme le modèle du jugement, mais simplement comme une occasion de porter soi-même un jugement
sur lui, voire contre lui ». Personne ne peut philosopher à notre place. Que la philosophie ait ses
spécialistes, ses professionnels, ses enseignants, c’est entendu. Mais elle n'est pas d'abord une spécialité,
ni un métier, ni une discipline universitaire : elle est une dimension constitutive de l'existence humaine.
Dès lors que nous sommes doués et de vie et de raison, la question se pose pour nous tous,
inévitablement, d'articuler l'une à l'autre ces deux facultés. Et certes on peut raisonner sans philosopher
(par exemple dans les sciences), vivre sans philosopher (par exemple dans la bêtise ou la passion). Mais
point, sans philosopher, penser sa vie et vivre sa pensée : puisque c’est la philosophie même.
La biologie ne dira jamais à un biologiste comment il faut vivre, ni s'il le faut, ni même s'il faut
faire de la biologie. Les sciences humaines ne diront jamais ce que vaut l'humanité, ni ce qu'elles valent.
C'est pourquoi il faut philosopher : parce qu'il faut réfléchir sur ce que nous savons, sur ce que nous
vivons, sur ce que nous voulons, et qu'aucun savoir n'y suffit ou n'en dispense. L'art ? La religion ? La
politique ? Ce sont de grandes choses, mais qui doivent elles aussi être interrogées. Or dès qu'on les
interroge, ou dès qu'on s'interroge sur elles un peu profondément, on en sort, au moins en partie : on fait
un pas, déjà, dans la philosophie. Que celle-ci doive à son tour être interrogée, aucun philosophe ne le
contestera. Mais interroger la philosophie, ce n'est pas en sortir, c’est y entrer.
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Par quelle voie ? J'ai suivi ici la seule que je connaisse vraiment, celle de la philosophie
occidentale. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'autres. Philosopher, c'est vivre avec la raison, qui
est universelle. Comment la philosophie serait-elle réservée à quiconque ? Qu'il y ait, notamment en
Orient, d'autres traditions spéculatives et spirituelles, nul ne l'ignore. Mais on ne peut parler de tout, et il y
aurait quelque ridicule, de ma part, à prétendre présenter des pensés orientales que je ne connais, pour la
plupart, que de seconde main. Que la philosophie soit exclusivement grecque et occidentale, je n'en crois
rien. Mais qu'il y ait, en Occident et depuis les Grecs, une immense tradition philosophique, qui est la
nôtre, j'en suis évidemment convaincu, comme tout le monde, et c'est vers elle; en elle, que je voudrais
guider mon lecteur. L'ambition de ces Présentations, sous la brièveté du propos, est déjà démesurément
vaste. Cela devrait excuser leur incomplétude, qui fait partie de leur définition.
Vivre avec la raison, disais-je. Cela indique une direction, qui est celle de la philosophie, mais ne
saurait en épuiser le contenu. La philosophie est questionnement radical, quête de la vérité globale ou
ultime (et non, comme dans les sciences, de telle ou telle vérité particulière), création et utilisation de
concepts (même si on le fait aussi dans d'autres disciplines), réflexivité (retour sur soi de l'esprit ou de la
raison - pensée de la pensée), méditation sur
sa propre histoire et sur celle de l'humanité, recherche de la plus grande cohérence possible, de la plus grande rationalité possible (c'est l'art de la raison, si
l'on veut, mais qui déboucherait sur un art de vivre), construction, parfois, de systèmes, élaboration,
toujours, de thèses, d'arguments, de théories ... Mais elle est aussi, et peut-être d'abord, critique des
illusions, des préjugés, des idéologies. Toute philosophie est un combat. Son arme? La raison. Ses
ennemis? La bêtise, le fanatisme, l'obscurantisme - ou la philosophie des autres. Ses alliés ?
Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l'homme dedans. Ou l'homme, mais dans le tout. Son but? La
sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c'est tant mieux :
les philosophes ont bon appétit!
En pratique, les objets de la philosophie sont innombrables : rien de ce qui est humain ou vrai ne
lui est étranger. Cela ne signifie pas qu'ils soient tous d'égale importance. Kant, dans un passage fameux
de sa Logique, résumait le domaine de la philosophie en quatre questions : Que puis-je savoir ? Que
dois-je faire ? Que m'est-il permis d’espérer ?Qu’est-ce que l'homme ? « Les trois premières questions se
rapportent à la dernière », remarquait-il. Mais elles débouchent toutes les quatre, ajouterai-je, sur une
cinquième, qui est sans doute, philosophiquement et humainement, la question principale : Comment
vivre ? Dès qu'on essaie de répondre intelligemment à cette question, on fait de la philosophie. Et comme
on ne peut éviter de se la poser, il faut en conclure qu'on n'échappe à la philosophie que par la bêtise ou
l'obscurantisme.
Faut-il faire de la philosophie ? Dès qu'on se pose la question, en tout cas dès qu'on essaie d'y
répondre sérieusement, on en fait déjà. Cela ne veut pas dire que la philosophie se réduise à sa propre
interrogation, encore moins à son autojustification. Car on en fait aussi, peu ou prou, bien ou mal, lorsqu'on s'interroge (de façon à la fois rationnelle et radicale) sur le monde, sur l'humanité, sur le bonheur,
sur la justice, sur la liberté, sur la mort, sur Dieu, sur la connaissance... Et qui pourrait y renoncer ? L'être
humain est un animal philosophant : il ne peut renoncer à la philosophie qu'en renonçant à une part de son
humanité.
Il faut donc philosopher : penser aussi loin qu’on peut, et plus loin qu'on ne sait. Dans quel but ?
Une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine, plus raisonnable, plus heureuse, plus libre.... C'est ce
qu'on appelle traditionnellement la sagesse, qui serait un bonheur sans illusions ni mensonges. Peut-on
l'atteindre ? jamais totalement sans doute. Mais cela n'empêche pas d'y tendre, ni de s'en rapprocher. « La
philosophie, écrit Kant, est pour l'homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli. » Raison de
plus pour s'y mettre sans tarder. 11 s'agit de penser mieux, pour vivre mieux. La philosophie est ce travail
; la sagesse, ce repos.
Qu'est-ce que la philosophie ? Les réponses sont aussi nombreuses, ou peu s'en faut, que les
philosophes. Cela n'empêche pas toutefois qu'elles se recoupent ou convergent vers l'essentiel. Pour ma
part, j'ai un faible, depuis mes années d'études,pour la réponse d'Épicure « La philosophie est une activité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » C'est définir la
philosophie par sa plus grande réussite (la sagesse, la béatitude), et cela vaut mieux, même si la réussite
n'est jamais totale, que de l'enfermer dans ses échecs. Le bonheur est le but la philosophie, le chemin. Bon
voyage à tous!
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Questions
1. Lisez attentivement le texte, en soulignant les mots et les expressions que vous ne
comprenez pas.
2. Relevez dans le texte les expressions qui nous disent ce qu'est la philosophie et ce
qu'elle n'est pas.
□
□
□
□
□
□
La philosophie/ philosopher, c’est........
Penser par soi-même
Une réflexion sur les savoirs disponibles
Une dimension constitutive de l'existence
humaine
Questionnement radical
Création et utilisation de concepts
Méditation sur la propre histoire
□ Construction de systèmes, de théories
□ Un combat avec la raison
□ Penser sa propre vie et vivre sa pensée
La philosophie, ce n'est pas.....
□ Un science
□ Une spécialité
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5.
6.
7.
□ Une aventure, un travail
□ S'interroger sur sa propre pensée
□ Vivre avec la raison.
□ Quête de la vérité globale
□ Réflexivité (pensée de la pensée)
□ Recherche de la plus grande
rationalité possible
□ Critique des préjugés, idéologies
□ Effort vers la sagesse
□ « C'est une activité qui, par des
discours et des raisonnements,
nous procure la vie heureuse »
□ Une connaissance
□ Un métier
D'après le texte, quels sont les ennemis et les amis de la philosophie ?
Son objet? Et son but?
Cherchez dans le texte les thèmes de la philosophie.
Est-ce la même activité «connaître» et «penser» ? Essayez de les définir.
À votre avis, tous les hommes sont-ils des philosophes ? Pourquoi ?
mcco
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