parcours de vie, nous vivons, c’est tout. Ennuyer va plus loin : la compensation est une
fausse réponse, comme les talonnettes de Sarkozy, on pallie un déficit.
Jean-Louis Charlet nous a dit souffrir, c’est certes subir une souffrance, mais c’est
aussi la supporter. C’est bien là tout le paradoxe pour les parents d’enfants en situation
de handicap, pour tous ceux qui souffrent, pour tous ceux qui entrent en institution.
Souffrir, c’est aussi ressentir la vie. La souffrance doit, à ce titre, aussi être supportée
par le médecin. Il ne s’agit pas qu’il ait mal ; non, il doit supporter le patient, le
soutenir. Il se crée une relation d’échange remplie de compassion, on souffre
ensemble. On partage notre vulnérabilité nous dit Ennuyer, on est entamé en
accompagnant l’autre ajoute Ribes.
A partir de là, Alain Villez nous le dit, nous pourrons redonner la parole à la personne.
C’est ce défi d’interactions et d’amitié qui nous rend humain. Saniye Bilgili, dans le
même sens, rappelle que l’entrée dans l’institution marque souvent le retour à une vie
sociale disparue depuis longtemps à domicile dans notre société individualiste. Brigitte
a aussi souligné que le domicile est parfois une impasse. Roch Valles continue en
précisant que le mot réussir provient de l’italien uscita l’issue. Si on arrive à sortir de
son « chez soi » pour aller non pas « chez l’autre » mais dans un nouveau « chez soi »,
on pourra s’en sortir. Parfois, on pourra même sortir de ce nouveau chez soi pour
retourner à l’ancien chez soi avec un peu d’art et d’imagination, pensons à M. R.
Pour Zribi, la loi de 2002 devrait nous orienter vers la désinstitutionalisation. Cette
réorientation ne viserait pas à faire des économies. Non, nous devons inventer une
nouvelle articulation entre le domicile et l’institution afin de redonner sa place à la
personne, qu’elle puisse sauver sa peau, voire changer de peau, muer selon Amyot.
L’accompagnement des enfants sourds en Suède est un bel exemple de solutions
innovantes.