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1.2.1.1 Limite du principe de subsidiarité en économie
Le principe de subsidiarité refuse qu'un niveau supérieur décide ou agisse à la place
d'un niveau inférieur à même de le faire efficacement. Mais lorsque le niveau
inférieur ne peut le faire efficacement et que l'intérêt public l'exige, le libéralisme
estime normal et souhaitable que l'Etat se substitue au niveau local défaillant.
Exemple : une grande banque privée distribue du crédit à des millions de particuliers
et d'entreprises. Si cette banque devient incapable de se refinancer suite à une
insuffisance de fonds propres (comme ce fut le cas suite à la crise de 2007 [8]),
l'intérêt public exige qu'elle continue à prêter malgré tout, pour ne pas mettre en
difficulté des entreprises saines ayant besoin de crédit, et pour ne pas bloquer les
projets d'investissement de particuliers solvables. Comme les services financiers de
l'Etat (le Trésor) sont incapables de gérer des millions de comptes de crédit, et que
l'économie française ne peut se permettre un blocage – même partiel et temporaire -
du crédit, l'Etat doit intervenir dans l'économie en prêtant des milliards à la banque,
prêt avec intérêts que celle-ci devra rembourser dès que ses difficultés de
refinancement seront résolues ; tout cela est expliqué en détail dans [8].
Autre exemple : aux Etats-Unis, le réseau ferré Northeastern railroads ayant fait
faillite, le gouvernement fédéral américain a repris l'entreprise en 1976 sous le nom
de Conrail. Il l'a fait tourner pour ne pas que l'économie souffre de l'absence de cette
capacité de transport, notamment de fret, jusqu'en 1981 où l'entreprise est
redevenue bénéficiaire, puis il l'a revendue au secteur privé.
On voit que dans ces deux cas le principe de subsidiarité ne s'appliquait pas, car le
niveau local (la banque ou la compagnie de chemins de fer) ne pouvait résoudre son
problème, et que celui-ci impactait économiquement un pan important de l'économie.
1.2.2 Le libéralisme s'oppose à certaines politiques
Le libéralisme s'oppose donc à des lois et règlements trop contraignants en nombre
ou en niveau de détail : prix imposés ; normes de qualité contraignantes ; procédures
de travail ou d'échange imposées ; horaires de travail et rémunérations imposés ;
concurrence bridée ou entreprises d'Etat en concurrence avec des entreprises
privées ; contrôles tatillons, etc., toutes ingérences très présentes dans l'économie
française.
Le libéralisme s'oppose aussi aux monopoles d'Etat, ainsi qu'aux entreprises dont
l'Etat est le premier actionnaire et qui dominent leur marché comme EDF, la SNCF,
La Poste, etc. De telles entreprises bénéficient d'avantages énormes sur d'éventuels
concurrents : faillite impossible - d'où crédibilité considérable pour les clients et
attractivité pour des salariés dont l'emploi est garanti, caractéristiques
particulièrement appréciables en période de crise ; possibilité d'emprunter des fonds
avec la garantie de l'Etat, donc à taux d'intérêt plus réduits qu'une entreprise privée.
Lorsque l'Etat est le premier actionnaire d'une entreprise, il peut lui imposer des
décisions à finalité politique mais économiquement absurdes. C'est le cas, en
France, lorsqu'un gouvernement impose à une de ses entreprises d'embaucher
des salariés dont elles n'ont pas besoin, ou de conserver des salariés dont elles
n'ont plus besoin, le tout aux frais des contribuables ou des actionnaires privés
de ces entreprises.