Comme notre expérience clinique laisse penser que
l’AMI se développe plutôt au sein des couches sociales
moins élevées, à l’inverse de l’IC, le but de cette étude
rétrospective a été d’évaluer le rôle des différences
socioculturelles et professionnelles entre les deux cibles
de l’athérome que sont l’insuffi sance coronarienne et
l’artériopathie des membres inférieurs.
2. Matériel et méthodes
Population :
Cette étude rétrospective a regroupé 104 patients
hospitalisés pour une intervention chirurgicale
coronarienne ou vasculaire périphérique entre janvier
et mai 2004. Le sex-ratio homme/femme était de 6/1.
L’âge moyen était de 67,6 ans (39 à 86). Quarante-et-
un patients présentaient une pathologie coronarienne
et 45 étaient artériopathes. Dix-huit individus
cumulaient les deux pathologies. Ils ont été exclus de
l’analyse. Soixante-sept patients ont étés recrutés dans
le Centre Hospitalier Universitaire Dupuytren de
Limoges et 19 dans un établissement privé (clinique
des Emailleurs-Limoges). Tous les patients étaient
hospitalisés au moment de la réalisation de l’étude. Les
individus insuffi sants coronariens ont tous été recrutés
au sein du CHU puisque seul cet établissement est
accrédité à pratiquer la chirurgie cardiaque et les
interventions chirurgicales sous circulation extra-
corporelles dans la région géographique étudiée. Les
patients porteurs d’AMI étaient recrutés en secteur
public (26) ou privé (19).
Critères d’étude :
Un questionnaire a été élaboré par les médecins du
service. Il a été rempli par un des médecins participant
à l’étude au chevet du malade. Après avoir obtenu le
consentement oral du malade, la durée moyenne de
l’interrogatoire était de 10 minutes.
Le questionnaire comprenait plusieurs parties. La
première partie reprenait les facteurs de risque décris par
L’OMS : sexe, pression artérielle systolique supérieure
à 140 mmHg ou traitement anti-hypertenseur en
cours, diabète, LDLcholestérol supérieur à1,6 mmol/
L ou traitement hypolipémiant en cours, tabagisme,.
obésité(BMI>35), antécédent familiaux de hpathologie
cardiovasculaire avant 60 ans chez le père et 65 ans chez
la mère. La deuxième partie évaluait la situation sociale:
-situation familiale : vie en couple ou vie solitaire, le
type d’habitation : maison ou appartement, l’accession
à la propriété, résidence rurale ou citadine , le paiement
de l’impôt sur le revenu, le nombre de véhicule au sein
du foyer. La situation professionnelle personnelle ainsi
que celle du conjoint et des parents du patient étaient
évaluées en troisième partie. Le secteur primaire étant
défi ni par l’agriculture et la pêche. Le secteur secondaire
comprenant l’industrie et la manufacture, et le secteur
tertiaire les professions de service tel que le commerce
et toutes les activités libérales. Le niveau de formation
professionnelle obtenu était également recueilli.
Analyse statistique :
L’analyse statistique des résultats a été effectuée soit
par le test t de Student après analyse de normalité,
soit par le test Chi2 (Statview, SAS Institue INC, NC,
USA). Une valeur p<0.05 a été considérée comme
signifi cative.
3. Résultats
La population étudiée est homogène et retrouve
classiquement une forte prédominance masculine
dans les deux groupes. Le rôle péjoratif des facteurs de
risque de la maladie athéromateuse décris par l’OMS
est une fois de plus confi rmé. Le tableau I décrit ces
résultats. Plus de 80% de la population recrutée est de
sexe masculin. La prévalence de l’HTA est comparable
au sein des deux groupes, de même pour le diabète.
Cependant on remarque que l’HTA est un facteur de
risque beaucoup plus présent que le diabète dans les
deux populations .En effet 33% des artériopathes est
diabétique alors que 71% sont hypertendus. Ces valeurs
sont comparables dans le groupe des coronariens.
Le pourcentage de patients obèses est plus important,
bien que de manière non signifi cative, dans la
population porteuse d’AMI.
En ce qui concerne la tabagisme et l’hyper-
cholestérolémie, on remarque qu’il existe une proportion
plus importante de fumeurs dans la population
d’artériopathes (66% versus 46% chez les coronariens)
et, de la même façon, l’hypercholestérolémie est un
facteur de risque prédominent dans la population
coronarienne par rapport aux artériopathes (78%
versus 55%). Là aussi cependant, la différence n’atteint
pas le seuil de signifi cativité.
Le tableau II expose les critères sociaux et économiques.
Sur le plan social, 85% des IC et 55% des AMI étaient
mariés et vivaient en couple. Dans plus de 70% des cas
dans les deux groupes, le logement était une maison
rurale de plus de cinq pièces.
D’un point de vue économique, 78% des IC et 66,5%
des AMI étaient propriétaires de leur habitation.
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Evaluation
V. Fouillon, et coll.
Chirurgie Cardiaque
Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2007 ; 11 : 4-9