un grand xx siècle de géographie française

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COUVRIR
LE
MONDE
UN GRAND
XX SIÈCLE
DE GÉOGRAPHIE
FRANÇAISE
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Marie-Claire Robic
(coordinatrice)
Didier M
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association pour la di{usion de la pensée française •
Ministère des Affaires étrangères
Direction générale de la coopération internationale et du développement
Direction de la coopération culturelle et du français
Division de l’écrit et des médiathèques
© janvier 2006.
adpf - ministère des A{aires étrangères •
6, rue Ferrus. 75 014 Paris
isbn 2-914935-44-7
livres français
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Marie-Claire Robic
(coordinatrice)
Didier M
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Membres de l’équipe de recherche
Épistémologie et histoire de la géographie (E.H.GO)
Umr 8504, Géographie-cités
(Cnrs, université de Paris I, université de Paris VII)
13, rue du Four, 75 006 Paris
La Terre est désormais « finie » : les continents mais
aussi les mers et les océans sont aujourd’hui
connus, sillonnés, cartographiés. La conquête des
pôles au début du xx siècle marque la fin de ces
grandes explorations du globe. Il s’agissait jusqu’alors de compléter progressivement l’inventaire des lieux connus ; il s’agit à présent de mieux
comprendre les liens que les individus et les sociétés entretiennent avec leur cadre de vie. Le monde
ainsi borné s’offre à l’étude et à l’interprétation.
C’est la mission que se sont donné les géographes
depuis la fin du xix siècle. Malgré la diversité
des thèmes abordés, des méthodes employées, des
partis-pris assumés, tous ont choisi d’étudier les
façons dont l’Homme habite la Terre. L’objectif de
cet ouvrage est de retracer la place toute singulière
qu’occupe la France dans cette grande aventure
intellectuelle du xx siècle.
On considère généralement que la géographie comme science et discipline universitaire est
en effet née en France dans les années 1890, sous
l’impulsion de Paul Vidal de La Blache, professeur
à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm à
Paris. Elle traitait alors surtout des rapports de
l’homme au milieu, c'est-à-dire de l’ensemble des
condition naturelles qui inflençait peu ou prou
l’activité humaine. Au début des années 2000, les
géographes s’intéressent au « Système-Monde »,
aux « découpages de l’espace », à l’articulation
des « lieux », des « réseaux », et des « territoires ».
Malgré son jeune âge, la géographie a donc connu
de profondes évolutions dont les chercheurs
français ont été les acteurs plus ou moins influents.
Au cours de ces quelques décennies, ils ont participé activement à la construction d’un savoir sur
le monde ; ils n’ont jamais cessé en parallèle de
s’interroger sur la place de leur discipline dans
le champ des sciences et sur le rôle qu’elle avait à
jouer dans la société. C’est ce double mouvement
qu’entendent ici aborder les auteurs des quatre
chapitres suivants.
La géographie, comme discipline scolaire, a connu
en France une trajectoire originale qui fait l’objet
du premier chapitre. Inventée au sein de l’université par un professeur d’histoire, l’« école française
de géographie » est intimement liée au monde de
la recherche et de l’enseignement. L’apparente
unité des premiers temps a cependant progressivement cédé la place au pluralisme : les différentes générations de géographes ont sans cesse
répondu aux défis nouveaux. Dans l’histoire de
la discipline géographique, plusieurs grandes
étapes se laissent individualiser qui reflètent tout
à la fois l’évolution des thèmes enseignés et des
notions centrales privilégiées mais aussi les changements qui ont affecté les structures d’enseignement et les réseaux d’enseignants. Une série de
manifestes, débats, textes doctrinaux et ouvrages
de synthèse balise l’évolution de la production
intellectuelle française.
La géographie se différencie des autres disciplines par la singularité de ses pratiques. Le
second chapitre est ainsi consacré aux gestes qui
caractérisent le « métier » de géographe. Quelles
sont les façons qu’a le chercheur d’aborder le monde ? Comment peut-il rendre compte de son expérience de terrain ? Ce chapitre met particulièrement
l’accent sur l’efficacité des outils iconographiques
utilisés ou mis au point par les gégraphes (photographie, cartographie, chorématique,…). Si la géographie se définit avant tout comme une pratique
particulière, ses champs d’application débordent
le seul domaine de l’enseignement. Elle offre par
exemple de nouveaux débouchés dans les métiers
de l’aménagement ou de l’environnement.
Le troisième chapitre aborde la géographie
par le statut de science qu’elle a progressivement acquis au cours de son histoire. De fait,
l’affirmation d’un domaine légitime de connaissance ne s’est pas imposé d’emblée. Ce n’est qu’au
début des années 1900 que les intellectuels
français et l’administration centrale ont reconnu
la qualifica-tion des géographes dans le champ des
sciences. Comme toute science, la géographie s’est
nourrie de différents paradigmes¹ depuis sa fondation jusqu’au début du xxi siècle. Rattachée principalement aux sciences de la nature – les sciences
« dures » – à l’origine, elle s’est progressivement
rapprochée des sciences sociales à partir des
années 1950. Cette périodisation spécifique permet
ainsi de comprendre comment s’est construit
la diversité des écoles et des façons qui traversent
aujourd’hui la discipline.
Enfin, la géographie peut aussi être appréhendée comme un discours sur l’espace. Elle a
accompagné et soutenu l’effort d’unification nationale entrepris par la III République. Le discours
géographique est étroitement lié à l’histoire politique, sociale et culturelle de la France sur ce
grand xx siècle. Le privilège parfois accordé à la
référence hexagonale n’a cependant jamais empêché les géographes de participer activement à la
construction d’un discours sur le monde, sa structuration, ses découpages, ses logiques de fonctionnement. Ce mouvement à la fois centrifuge et
centripète constitue l’une des originalités majeures
de la géographie française.
Envisagée successivement comme une discipline universitaire, comme un ensemble de pratiques, comme une science à part entière et comme
un discours sur l’espace, la géographie française
se donne à voir dans toutes ses composantes : ses
héros, ses grands textes, ses revues, ses réseaux
et associations. Une bibliographie finale récapitule
les principaux périodiques et les grandes collections de la géographie contemporaine et présente
les thèses devenues classiques en les classant soit
par régions, soit par thèmes. Ainsi seront examinés
non seulement les rapports savants que les géographes entretiennent avec le monde, mais aussi
les façons dont ils se représentent eux-mêmes leur
métier.
Afin de relever ce double défi, les auteurs se sont
imposé quelques limites majeures. Tout d’abord,
les esquisses anciennes d’une expertise géographique avant la lettre ne sont ici que suggérées.
S’il existait incontestablement des savoirs géographiques diffus avant la naissance de l’école
française, il a semblé préférable de mettre l’accent
sur la singularité de l’aventure disciplinaire amorcée en France. De même, la place manque pour
aborder la diversité des pratiques géographiques
observables hors de la sphère de
1
l’enseignement : la diplomatie, par La notion de paradigme
est empruntée
exemple, ou encore l’entreprise et
aux travaux
l’armée, mobilisent des compétences de Thomas S. Kuhn qui
a étudié la structure
apparentées à la pratique universides révolutions
taire standard. Elles relèvent cepenscientifiques.
dant de logiques distinctes qui
réclament une analyse plus précise que ne le permettent les limites de cet ouvrage. Il convient enfin
de rappeler que la géographie n’évolue pas seule
mais bien dans un contexte intellectuel qui englobe également les sciences-sœurs – la géologie,
la botanique, l’histoire, la sociologie ou l’anthropologie parmi d’autres. Tour à tour modèles ou
repoussoirs, ces sciences connexes interviennent
ici comme miroirs pour penser le développement
de la géographie.
Conscient des limites de leur travail, les
auteurs espèrent néanmoins offrir au plus grand
nombre l’occasion d’entrer de plain-pied dans
une entreprise intellectuelle exceptionnelle et de
découvrir la richesse de la géographie française
au début du xxi siècle.
Yves Mabin
Chef de la Division de l’écrit et des médiathèques
Ministère des Affaires étrangères
Jean de Collongue
Directeur de l’Association pour la diffusion de la pensée française
Introduction générale
9
UNE DISCIPLINE SE CONSTRUIT Enjeux, acteurs, positions
15
Débats sur une origine
Cinquante années de reproduction de l’école française de géographie
De l’après-guerre à la fin des années 1960 :
la reconduction du projet dans la fragmentation
De la géographie, science sociale de l’espace, à la dispersion
LES GESTES DU MÉTIER Terrain, espace et territoires
La reconnaissance du terrain (1890-1945)
L’organisation de l’espace (1945-1975)
La territorialisation des pratiques spatiales (1975-2005)
18
22
33
41
54
57
70
77
LA GÉOGRAPHIE COMME SCIENCE Quand « faire école » cède le pas au pluralisme 90
Les joies d’une école
93
Une « révolution scientifique » tardive ?
107
Les voies du pluralisme
115
LES GÉOGRAPHES À L’ŒUVRE Intérêt national et quête d’universel
124
Le territoire de la France, laboratoire de la géographie française
127
La géographie hantée par l’idée du monde
144
Conclusion générale
163
Thèses d’État de géographie soutenues en France de 1890 à 2002
185
Bibliographie
203
9
Couvrir le Monde, traiter des lieux
et des relations qu’individus et sociétés
entretiennent avec une Terre qui
apparaît comme finie – continents, pôles
et mers étant désormais explorés –,
voilà une ambition que les géographes
entretiennent depuis la fin du XIX siècle
en se distinguant à la fois des savants
et des autres professionnels, écrivains,
journalistes, documentaristes,
qui pourraient avoir la même visée.
Portés d’emblée par la valorisation
de leur propre territoire national
et par la confiance dans leur capacité
à appréhender l’universalité du monde
habité, les géographes français
se sont particulièrement voués à ces
objectifs. Le temps du défi allemand
passé, ils ont dominé la discipline
durant les années 1930, avant
de laisser l’hégémonie aux États-Unis,
dès l’après-Seconde Guerre mondiale.
Ils ont aussi perdu la superbe
d’une « école française de géographie »
à vocation professorale pour affronter
la diversité interne et les enjeux
de nouveaux métiers, tels ceux de
l’aménagement ou de l’environnement.
Toujours dépendante du débouché
scolaire, la géographie reste
une discipline universitaire qui
ouvre sur de multiples métiers
hors de l’enseignement. Encore liée
à l’histoire, elle entretient des relations
étroites avec de nombreux domaines
du savoir, des sciences sociales et
de la philosophie aux sciences de la terre
et à l’informatique ; elle côtoie
les sciences dites dures, mais aussi
la littérature de voyage… La géographie
traitait voici un siècle de l’homme
et de la Terre, de l’homme et du milieu ;
aujourd’hui elle débat du SystèmeMonde, de l’espace géographique,
de l’articulation des réseaux, des lieux
et des territoires.
Traiter d’un grand XX siècle
de géographie française, des années 1890
au début des années 2000, revient
à rendre compte des dimensions
historiques d’une discipline qui
s’affirme sur cette durée comme
un savoir spéculatif développé au sein
de l’Université ou de la recherche
fondamentale, mais qui se pose,
de manière plus ou moins récurrente,
les questions de son identité intellectuelle
et de sa pertinence sociale.
Si cette inscription universitaire
et la qualification de la géographie
comme science à part sont pratiquement
acquises au début des années 1900
pour une partie du champ intellectuel
et pour l’administration centrale,
il ne faudrait pas en induire
une quelconque nécessité.
C’est l’expression d’un processus lent,
qui a conduit à l’affirmation
d’un domaine légitime de connaissances,
au sein du champ scientifique soutenu
10
de manière volontariste par
la III République. Les lignes de force
intellectuelles, sociales, politiques,
qui ont gouverné ce processus ont été
bien étudiées, mais leur exposition
mériterait encore quelques détails,
tant les stéréotypes ont la vie dure.
Le manque d’études historiographiques
serrées de ce domaine de savoir
(en contraste avec la sociologie
et l’histoire par exemple) et la rareté
du comparatisme rendent en effet
délicate l’interprétation de l’histoire
sociale, culturelle et intellectuelle
de la discipline. La difficulté
est redoublée par deux écueils.
D’abord, il s’agit d’une discipline
idéologiquement sensible, qui a eu,
notamment, partie liée avec l’inculcation
nationale et la propagande colonialiste.
Certes, la géographie partage
cette dépendance avec bien d’autres
disciplines, mais elle a eu
la particularité d’être extrêmement
liée au cursus scolaire, donc
à la diffusion massive par l’école.
Par ailleurs, le fait que la géographie
moderne (beaucoup moins que l’histoire
encore) suscite peu l’attention
des historiens des sciences,
des philosophes ou des épistémologues,
contribue à renforcer des lectures
biaisées de son histoire, qui tiennent
à ce que l’essentiel de la recherche
historiographique résulte de travaux
réflexifs dus à ses propres praticiens.
Comme on le sait de ces lectures,
ces autoréflexions sur la discipline
s’opèrent souvent dans une attitude
passionnelle, très asservie aux débats
internes à la profession et aux intérêts
propres des chercheurs engagés
dans cette investigation. Elles manquent
par là du recul de l’analyste extérieur –
mais elles peuvent, en revanche,
avoir une grande capacité heuristique,
mettant au jour des questions inaperçues
par le non-spécialiste et les enjeux
cognitifs, pragmatiques ou de pouvoir
qui traversent le champ.
Pour éviter ces biais et ouvrir
les perspectives, on aurait souhaité,
dans cette étude, confronter l’approche
historique à une double analyse
comparative, celle des disciplines
voisines qui ont participé au même
mouvement d’affirmation scientifique
à partir du dernier tiers du XIX siècle,
et celle des géographies qui se sont
déployées en parallèle dans les autres
pays développés. Tour à tour, et parfois
ensemble, modèles ou repoussoirs,
concurrentes ou alliées, ces sciences
sont utilisées ici autant que possible
comme miroirs pour penser
le développement de la géographie.
On aurait voulu aussi intégrer
au récit présenté les diverses narrations
que les géographes ont pu tenir
sur le passé et sur les héros de leur
11
discipline. On a dû se référer surtout
à d’autres types de textes : écrits
doctrinaux et programmatiques,
notamment les seuils textuels que sont
les « avis », avertissements, préfaces
et autres introductions, par lesquels
ils ont voulu donner sens à l’entreprise
géographique. La cohérence a été
recherchée à travers des analyses
effectuées par séries longues : ensembles
de thèses et d’ouvrages, collections
et textes clés, notamment lorsqu’il
s’agissait de connaître les manières
de faire des générations de géographes
qui se sont succédé depuis plus
d’un siècle. Aussi ont pu être
examinés les façons de se représenter
leur science et le rapport savant
que les géographes entretiennent
avec le monde.
Le parti de ce livre tient dans
un choix épistémologique. On a tenu
à envisager l’ensemble des composantes
qui font une discipline. Bien sûr,
un corps doctrinal conforté de façon
variable par des travaux empiriques,
mais encore un ensemble de spécialistes
organisés en réseau – par l’intermédiaire
de revues ou d’associations – et astreints
à l’exercice d’un programme plus
ou moins explicité, qui est transmis
au cours d’une formation commune.
Pour ne pas tomber dans l’illusion
qui éclaire le domaine de la géographie
sous un point de vue unique, celui
des dominants – ici essentiellement,
pour la première moitié du siècle,
l’orthodoxie qu’était la vue universitaire,
celle d’une géographie humaine
et régionale formatée par l’autorité
des professeurs de la Sorbonne
et par quelques voix de province –,
on a essayé de repérer quelques-unes
des figures de géographes périphériques
au champ universitaire et les lieux
principaux où de la géographie
s’est faite. Cependant, les marges
ne sont qu’évoquées, à la fois par
manque d’information sur l’ensemble
d’un champ plus diffus que ne le laisse
penser le sens commun, et au vu
du format de l’ouvrage. Les esquisses
anciennes d’une expertise géographique
avant la lettre, hors de l’enseignement,
ne sont que suggérées, sans que
l’on puisse approfondir les itinéraires
personnels et analyser l’exercice
de savoirs géographiques
dans les sphères de l’entreprise
ou de la diplomatie par exemple.
Peu connue encore en France,
la géographie coloniale, qui a été
longtemps disjointe de la pratique
universitaire standard, est,
quant à elle, à peine abordée ici ;
de même la rencontre coloniale, dont
l’étude est en plein essor, et qui suscite
des travaux novateurs inspirés,
tardivement, des subaltern studies
ou recherches dites « post-coloniales ».
12
Quatre chapitres traversent
successivement ces décennies qui, depuis
la fin du XIX siècle, voient s’affirmer
un savoir spécialisé sur le monde,
sur ses lieux, ses découpages,
et sur le rapport qu’entretiennent
les individus et les sociétés humaines
avec leur cadre de vie.
Le premier retrace la trajectoire
de la géographie française, depuis
la structure de sciences géographiques
diffuses jusqu’à la pluralité qui
s’inscrit dans le champ à partir
des années 1970-1980, en passant par
la longue phase de « disciplinarisation »
entamée autour de Paul Vidal
de La Blache dans la dernière
décennie du XIX siècle. Les scansions
de cette histoire ont été dégagées
par l’étude du « corps » des géographes,
envisagé tant à travers les changements
de sa morphologie et de son organisation
qu’à travers l’évolution de sa production
intellectuelle – les changements
de notions centrales, les cycles successifs
de « positions » engagés par la série de
« manifestes, débats, textes doctrinaux,
ouvrages de synthèse » balisant
cette évolution.
Le deuxième chapitre est consacré
à la géographie « en train de se faire »,
telle qu’elle se donne dans les pratiques
les plus communes du « métier »
du géographe, dans ses façons de faire
lorsqu’il rencontre ce monde dont
il se veut l’interprète et, surtout,
lorsqu’il veut en rendre compte.
Privilégiant les pratiques
iconographiques, ce chapitre s’interroge
aussi sur le rôle de ces actions de
représentation des lieux dans les divers
moments de l’activité professionnelle,
savante ou non, notamment dans
la géographie scolaire et, aujourd’hui
de plus en plus, dans les expertises
territoriales.
Le chapitre suivant vise à cerner
les traits majeurs de l’identité
épistémologique de la géographie.
Il se réfère largement aux conceptions
de la structure des révolutions
scientifiques de Thomas S. Kuhn,
en tentant de dégager le (ou les)
paradigme(s) qui a(ont) nourri
la discipline depuis sa fondation,
au début du XX siècle. Comme
les précédents, mais avec
une périodisation spécifique, il retrace
une évolution menant d’une école
relativement monolithique au pluralisme
contemporain.
Le quatrième chapitre examine
la contribution des géographes au monde
des idées et de l’action en se concentrant
sur le rôle qu’ils ont joué dans
les représentations ou les interventions
relevant de deux échelles principales,
celle de l’organisation de l’espace
national et celle des structurations
du monde.
13
La liste des thèses d’État de
géographie soutenues en France de 1890
à 2002 est présentée par catégories
et grands ensembles régionaux.
Une bibliographie finale récapitule
les principalaux sites Internet,
les revues et collections de la géographie
française contemporaine, présente
brièvement les grands classiques
et dresse un panorama des thèmes
et des champs d’élection de la géographie
pratiquée en France au début du XXI
siècle.
UNE
DISCI
SE
CONS
Enjeux,
acteurs, positions
PLINE
Marie-Claire Robic
TRUIT
16
Le début du XX siècle voit disparaître
trois grandes figures, presque
contemporaines, qui ont diffusé
en parallèle une certaine culture
géographique : le géographe Élisée Reclus
(1830-1905), célèbre pour sa Nouvelle
Géographie universelle et qui achève
alors la publication de son autre
somme, L’Homme et la Terre ;
Jules Verne (1828-1905), écrivain,
vulgarisateur, éveilleur de curiosité
géographique à travers sa série
des Voyages extraordinaires ;
Émile Levasseur (1823-1911), professeur
au Collège de France, démographe,
historien, économiste, rénovateur
de la géographie scolaire des années 1870
et inventeur de la géographie
économique. Ce sont, dans leur variété,
des symboles éclatants de l’engouement
polymorphe pour la géographie qui
a marqué le dernier tiers du XIX siècle.
Au même moment, une sensibilité
géographique, que l’on caractériserait
par un vif intérêt pour l’ailleurs
et pour l’actualité des transformations
territoriales, agite la société française.
Mais ses lignes de force sont distinctes
de celles qui ont animé le siècle
précédent. À l’exploration du globe fait
suite la réflexion sur une Terre
considérée comme presque totalement
connue. À la conquête coloniale succède
la mise en valeur de l’empire.
De nouvelles relations au territoire
national s’expriment. Le nationalisme,
idéologie majeure qui a porté depuis
les années 1870, en France comme
dans les pays voisins, des politiques
de grandeur, n’a pas perdu de
sa virulence. Mais les affrontements
coloniaux et les adversités économiques
ont élargi à toutes les puissances
européennes, et même aux États-Unis
d’Amérique, les rivalités que la guerre
de 1870 avait ancrées dans le différend
franco-allemand. D’autres échelles
que la patrie et d’autres références que
le sol émergent au sein d’idéologies
territoriales diffuses. Ainsi, une action
régionaliste protéiforme crée une certaine
effervescence en faveur de l’animation
de la vie locale et régionale ;
moins répandues qu’en Grande-Bretagne
mais toutefois vivantes, souvent
en réaction contre l’urbanisation,
des associations de promotion
des paysages ou d’activités sportives
et de plein air, tel l’alpinisme, émergent ;
le goût de l’exotisme s’exprime
dans les sensibilités et dans les pratiques
artistiques. Au total, si l’espace
de la nation reste la référence idéologique
centrale, les trente dernières années
du XIX siècle l’ont considérablement
transformé, matériellement et
symboliquement, et ont bouleversé
le système dans lequel il s’inscrit au sein
de l’Europe et du monde. Mais ce qui
est le plus neuf au tournant du siècle
17
pour la géographie est l’affirmation
d’un mouvement universitaire
conquérant, qui prend une figure
particulière, celle du « géographe »,
professeur, savant et homme de terrain,
et une figure collective, l’« école »
de géographie.
C’est le déroulement d’un long
XX siècle de géographie à dominante
universitaire que l’on analyse
ci-dessous. Le chapitre suit un processus
principal de spéciation où une discipline
se met en place, en se construisant
un champ propre : son étude
embrasse l’ensemble des productions
et positions intellectuelles, qu’elles soient
programmatiques ou non, et le corps
de spécialistes qui les assume.
On examine les modalités temporelles
de cette « disciplinarisation »,
faite d’individualisation – et,
d’abord, de distinction par rapport
à l’histoire et aux historiens –,
mais aussi de dispersion – c’est-à-dire
de différenciation interne et,
éventuellement, d’alliances
interdisciplinaires renouvelées.
18
débats
sur
une origine
—
débats sur
une origine
— Nombre d’histoires de la géographie moderne commencent en 1870¹. La
vulgate a retenu des années 1870-1880 une propagande réussie pour la diffusion
de la géographie à l’école, comme vecteur de patriotisme, et l’éclosion d’une multitude de sociétés de géographie agissant comme autant de lobbies pour la colonisation. En datant de 1870 (la défaite de Sedan) l’émergence de la demande initiale
de géographie, elle a mis en exergue une « exception » française, fondée par l’inscription originelle de la géographie dans un projet républicain nationaliste et
colonialiste. On peut discuter cette vulgate en soulignant trois points. Le premier
consiste à montrer que, dès le milieu du siècle et surtout à la fin du second Empire, une politique d’introduction de la géographie à l’école a été menée, avec le but
premier de moderniser le système éducatif en l’ouvrant sur le monde contemporain². Le deuxième point rappelle que la propagande en faveur de l’enseignement de la géographie ne se restreignait pas à la France, puisqu’elle affectait aussi
les pays voisins, en particulier l’Empire allemand dès l’après-guerre, la GrandeBretagne au cours des années 1880-1885, les États-Unis au début du xx siècle –
et qu’il s’agit donc d’un phénomène massif de nations développées sujettes aux
mêmes syndromes nationalistes et impérialistes³. Le troisième est que le choc de la
défaite a été doublé par un autre traumatisme, dû à l’éclatement de la Commune
et à son écrasement sous les yeux de l’ennemi : les dirigeants de la III République
ont affronté des enjeux externe et interne, celui de la Revanche et celui de l’unité
nationale.
Plusieurs auteurs insistent aussi sur la particulière dépendance de la géographie savante à l’égard de la géographie scolaire : celle-ci aurait été son débouché naturel, ce que l’on pourrait appeler son « premier marché ». Effectivement,
avec des auteurs éclairés par des comparaisons internationales, on peut montrer
que le développement de la géographie universitaire suit de près les réformes de
l’enseignement secondaire, qu’il accompagne l’introduction de la géographie dans
les programmes⁴. Comme l’histoire mais d’avantage que la pluspart des autres disciplines, la géographie a été particulièrement liée, dans son développement, à une
19
1
Cf. V. Berdoulay,
1995, La Formation
de l’école française
de géographie
(1870-1914), Paris,
Éditions du Cths
[première édition, 1981]
et P. Claval, 1998,
Histoire de la géographie
française de 1870
à nos jours, Paris,
Nathan.
2
Cf. C. Rhein, 1982,
« La géographie,
discipline scolaire
et/ou science sociale ?
(1860-1920) »,
Revue française
de sociologie, XXIII,
p. 223-251,
et M.-C. Robic, 2004,
« La diffusion
de la géographie dans
l’enseignement français
(fin xix-début
xx siècle) : force
du mouvement
et variété des projets »,
Paedagogica historica,
40, 3, p. 294-314.
20
3
Cf. H. Capel, 1991,
« Institutionalization
of geography and
strategies of change »,
in D. Stoddart (ed.),
Geography, Ideology
and Social Concern,
Oxford, Basic Blackwell,
p. 37-69.
4
Cf. H. Capel,
op. cit.
5
N. Broc, 1974,
« L’établissement
de la géographie
en France :
diffusion,
institution, projets
(1870-1890) », Annales
de géographie,
p. 545-568.
6
Cf. O. Soubeyran, 1997,
Imaginaire, science
et discipline, Montréal,
Paris, L’Harmattan.
7
P. Boulanger,
2002, La Géographie
militaire française
(1871-1939),
Paris, Economica.
8
Cf. V. Berdoulay,
op. cit.
demande scolaire. Celle-ci suit en fait un double projet, qui vise l’ordre de la
modernisation (par une formation des esprits et à des métiers en prise sur le
monde contemporain) et l’ordre idéologique (former un bon citoyen, élevé dans
le conformisme de l’idéologie nationale). Mais en cela la France n’est pas non plus
l’exception. Ce qui fait sa spécificité serait l’alliance entre science et civisme,
la fonction savante et citoyenne de l’enseignement, que l’on ne trouverait pas
dans les mêmes termes ailleurs.
Dans cette promotion de la géographie qui commence à la fin du second
Empire, les grandes bifurcations ayant présidé à l’affirmation de la discipline
à l’Université datent des décennies 1870 et 1880. Face à deux projets concurrents,
l’un d’une école de géographie indépendante qui aurait rassemblé la gamme des
« sciences géographiques » et servi tous les groupes d’intérêts⁵, l’autre de développement strictement universitaire, l’année 1885 est décisive. Elle vit en effet
le ministère de l’Instruction publique faire un arbitrage favorable à l’Université
(et précisément aux facultés de lettres, où existait un embryon d’enseignement
de géographie au sein du cursus d’histoire) pour l’implantation d’une géographie savante. Il existait certes des tensions entre les intérêts respectifs des « coloniaux », des pédagogues, des militaires et des universitaires ; il en existait aussi
au sein même de l’Université, comme on l’a souligné à propos du différend entre
le professeur de géographie coloniale Marcel Dubois et ses collègues proches de
Paul Vidal de La Blache⁶. Il ne faudrait pas pour autant exagérer le parti pris de
« science pure » que signifierait ce choix universitaire. En effet, de leur côté, les
organismes officiels liés aux intérêts militaires, coloniaux et économiques ont créé
leurs propres lieux de formation ou de renseignement sur le monde : organisation
du Service géographique de l’armée entre 1874 et 1887 et création en 1875 d’un
nouvel enseignement militaire à l’École d’état-major (devenue École supérieure de
guerre en 1878)⁷ ; création d’un sous-secrétariat d’État aux Colonies (1881) – puis
d’un ministère des Colonies à part entière (1894) – et d’une École coloniale (1889)
assurant la formation des administrateurs de l’empire⁸ ; institution de services
21
étatiques d’observation et de régulation économiques et sociales du territoire,
avec leurs publications régulières, telle la Statistique générale de la France⁹. À
chaque organisme, son regard ou sa gestion autonome.
9
G. Palsky,
1996, Des chiffres
et des cartes.
La cartographie
quantitative
au XIX siècle, Paris,
Éditions du Cths.
22
cinquante
années
de reproduction
de l’école
française
de géographie
Les années 1900 : l’émergence d’une école
23
Un demi-siècle d’autonomisation à l’Université
26
Un projet unique mais un programme dual,
ou chorologie et mésologie : la science charnière
28
Une pratique réductrice
30
Un âge d’or ?
32
—
les années 190 0:
l’émergence
d’une école
— Dans le haut enseignement, la géographie a connu un succès spectaculaire,
sa présence à l’Université passant d’une seule chaire parisienne (la chaire de géographie historique de la Sorbonne datant de 1812) à son implantation dans toutes
les villes universitaires en 1914, hormis Poitiers. Mais l’effectif reste médiocre,
avec une vingtaine seulement de professeurs de faculté, auxquels il faudrait ajouter les enseignants professant dans quelques grands établissements parisiens et
les écoles de commerce.
La nouveauté est dans l’émergence d’un mouvement qualitatif, d’ordre
collectif. On peut l’identifier dans l’affirmation d’une « école de géographie » qui
prend place dans le champ intellectuel français, soit que l’on souligne la gageure
qu’elle représente par rapport à la géographie allemande – on parle alors d’une
« école de géographie française » ou simplement d’une « école française » –, soit
en raison de la concurrence dans laquelle elle s’installe vis-à-vis de sciences
voisines, l’histoire, la sociologie ou l’ethnographie du côté des sciences sociales,
et la géologie du côté des sciences naturelles – on parle alors d’une « école de géographie ». Cette géographie universitaire a été portée par la politique volontariste
de la III République, selon une optique qui alliait la formation scolaire et le développement scientifique, dans la représentation positiviste d’un progrès conjoint
de la raison et de la liberté ou encore de la citoyenneté.
On peut effectivement suivre, dans les itinéraires intellectuels et professionnels de la poignée de géographes qui accèdent à des carrières universitaires pendant les années 1870-1890, leur conversion progressive à la géographie¹⁰. On peut
voir les normaliens de la rue d’Ulm, issus d’une formation initiale par l’agrégation
d’histoire et géographie, construire au cours de ce processus une posture intellectuelle, cognitive et pragmatique, qui configure la géographie en train de se penser
et de se faire. On peut suivre aussi, par exemple chez Raoul Blanchard, nommé à
Grenoble en 1906¹¹, comment les professeurs de chaires nouvelles devaient recruter leur public d’étudiants.
23
10
Cf. C. Rhein,
op. cit.,
et M.-C. Robic, 1999,
« Bertrand Auerbach
(1856-1942), éclaireur et
“sans grade”
de l’école française
de géographie »,
Revue géographique de
l’Est, 39 (1),
p. 39-48.
11
R. Blanchard,
1963, Je découvre
l’Université, Douai, Lille,
Grenoble, Paris, Fayard.
24
12
Cf. M.-C. Robic (dir.),
2001, Le Tableau
de la géographie
de la France
de Paul Vidal
de La Blache.
Dans le labyrinthe
des formes, Paris,
Éditions du Cths.
13
Cf. G. Baudelle,
M.-V. OzoufMarignier,
M.-C. Robic (dir.), 2001,
Géographes
en pratiques
(1870-1945).
Le terrain, le livre,
la Cité, Rennes, Presses
universitaires de Rennes.
Des réalisations étalées sur une décennie (tels l’Atlas général Vidal-Lablache,
publié en 1891-1894, et le Tableau de la géographie de la France, paru en 1903,
tous deux dus à Paul Vidal de La Blache) font date auprès des pairs, géographes
ou non, de l’auditoire scolaire et du grand public¹². Des modes d’organisation,
des supports de communication et d’expérience collective tels que des revues
(les Annales de géographie, créées en 1891), des « laboratoires » de géographie en
facultés des lettres, des manuels d’enseignement supérieur (dont le Traité de géographie physique d’Emmanuel de Martonne, publié en 1909, et la Géographie
humaine de Jean Brunhes, en 1910), participent à cette constitution en école et
à son inscription dans le champ universitaire¹³. Par la stigmatisation de leurs
concurrents et, à l’inverse, par l’allégeance à une généalogie plus ou moins
ancienne et à des intérêts de connaissance contemporains, ils se construisent leur
propre espace discursif et légitiment leurs choix auprès de leurs pairs, de leurs
commanditaires, de leur public. Au prix de discours de différenciation et de propositions constructives, ils participent ouvertement à la promotion suivie d’une
« géographie nouvelle » ou « moderne », donc en rupture, rhétorique au moins,
avec d’autres géographies. Tôt dans le siècle, des projets éditoriaux de grande
envergure concrétisent cette conjoncture intellectuelle et sociale : mûri dès les
années 1906-1907, c’est notamment le projet d’une nouvelle Géographie universelle élaborée sous l’égide de Vidal de La Blache et encouragée par l’éditeur Armand
Colin. Prévue pour 1914, la collection ne paraît qu’après la Grande Guerre, sous le
double sceau de Vidal de La Blache et de Lucien Gallois. Sans attendre ce grand
œuvre, les monographies régionales qui se multiplient dans le sillage du Tableau
entrent en résonance avec les milieux régionalistes, qui célèbrent les convergences entre visée réformatrice et travaux scientifiques. Dans la décennie 19001910, une certaine géographie s’exhibe donc comme discipline savante collectivement organisée autour de standards universitaires ; elle dispose d’une reconnaissance publique en France et à l’étranger ; elle commence, à la faveur des réformes
scolaires des années 1902-1905, à pénétrer dans le système scolaire développé lors
de la crise nationale liée à la guerre franco-prussienne et à la Commune.
25
Aussi, loin de représenter un vide, la disparition des grandes figures de la géographie comme Reclus, Verne et Levasseur, est envisagée dans ce monde savant
comme une page qui se tourne, comme une ponctuation menant à un nouveau
régime intellectuel : une phase proprement scientifique, celle d’une géographie de
professeurs d’université et d’étudiants réguliers, qui fait pièce à la posture grand
public, d’ordre critique et prophétique pour l’un, de fonction divertissante et
fictionnelle pour le second, et qui dépasse la posture programmatique et quelque
peu encyclopédique de l’académicien polyvalent.
D’un autre côté, nombre de lieux hors de l’Université participent aussi à la
production de géographie. Parmi eux, les sociétés de géographie restent les plus
visibles. Mais leur activité s’essouffle au début du siècle. Présentes dans de nombreuses villes depuis leur âge d’or des décennies 1870-1890, elles ne recrutent
plus. Seules ou associées à des sociétés savantes ou bien aux intérêts économiques
locaux, elles assument encore un rôle propagandiste et éducatif par le biais de
leurs conférences grand public et de leurs bulletins, et contrôlent des enseignements variés où la géographie prend place, dans des écoles de commerce ou dans
des instituts coloniaux. Mais souvent, comme le montre le cas bordelais¹⁴, le rôle
moteur est dévolu désormais aux chambres de commerce pour ce qui est de la
formation, tandis que la volonté de se passer de l’action de l’État pour mettre
en valeur les colonies, celles-ci étant acquises, se heurte sur place à la tutelle de
l’administration coloniale.
Le déclin des sociétés de géographie de la Belle Époque face à la montée
de l’Université n’est pas propre à la France. Pour leurs manifestations locales
comme pour leurs congrès internationaux, elles doivent compter avec une professionnalisation de la discipline dont témoignent de nouvelles institutions, telle
l’Association of American Geographers, créée en 1904 sur un mode professionnel
à l’initiative du géographe-géologue William Morris Davis. Par ailleurs, les autres
spécialistes de « sciences géographiques », comme on disait dans les années 1870,
ont formé leurs propres associations d’hydrologie, de géologie, de cartographie ou
de géodésie.
14
Cf. Y. Pehaut,
1994, « Géographie,
colonies et commerce
à Bordeaux
1874-1939 »,
in M. Bruneau, D. Dory
(dir.), 1994, Géographies
des décolonisations,
XV-XX siècle,
Paris, L’Harmattan.
p. 77-94.
26
—
un demi-siècle
d’autonomisation
à l’Université
— L’agrégation d’histoire et de géographie réservait une part congrue à la géographie. C’est par cette petite porte que se sont opérées son affirmation progressive et son émancipation de l’histoire. De Vidal de La Blache aux jeunes docteurs
du début du xx siècle, tous ces « géographes modernes » viennent de l’École
normale (rue d’Ulm, à Paris) et ont une formation initiale à l’histoire. Cette émancipation n’a trouvé son dénouement qu’entre 1941 et 1943, lorsque l’agrégation
de géographie a été créée, sous le régime de Vichy. La géographie était l’une des
dernières disciplines à conquérir son autonomie en ce domaine, avant les sciences
économiques et sociales toutefois. La licence ès lettres mention histoire est devenue « d’histoire et de géographie » en 1907, la licence de géographie a été créée
entre 1941 et 1945. Elle a précédé celles de psychologie (1947), de sociologie
(1958) et de sciences économiques (1959). Ce fut la première licence moderne sans
épreuve de latin obligatoire, ce qui l’a ouverte à des étudiants issus des formations modernes du secondaire.
Au sommet de l’édifice de la recherche, les thèses d’État de géographie sont
restées consacrées à la géographie historique jusqu’aux premières années du
xx siècle, pour complaire au spécialiste de la Sorbonne, Auguste Himly. En 1902,
le succès des thèses de Jean Brunhes et d’Emmanuel de Martonne, soutenues
respectivement sur l’irrigation dans les pays méditerranéens et sur la Valachie,
légitime le recours au terrain permis par le changement de titulaire de la chaire
parisienne. Vidal de La Blache l’a occupée à partir de 1898, quittant son poste
de maître de conférences à l’École normale supérieure. Auparavant, la présence en
Sorbonne d’une chaire de géographie coloniale, créée en 1893 pour Marcel
Dubois, avait permis une ouverture discrète aux sujets contemporains. Outre
cette autonomisation par rapport à l’histoire, les universitaires, en contrôlant
un système de formation, ont acquis une forte indépendance par rapport aux
groupes de pression qui avaient contribué à diffuser la géographie à l’école et
à l’université. Les sociétés de géographie ont été contrôlées par des universitaires
durant les années 1930. Elles ont été évincées du niveau international par la mise
27
sur pied, au lendemain de la Grande Guerre, d’une organisation internationale, l’Union géographique internationale (Ugi), qui entendait prendre en main les
congrès internationaux. Cette instance créée en 1922 à Bruxelles reposait, à l’instar des unions scientifiques similaires suscitées par les académies des sciences des
nations alliées, sur les académies des sciences ou sur le personnel universitaire.
À ce titre, les géographes ont organisé un Comité national français de géographie
(Cnfg), regroupant des représentants de l’Université, du Service géographique
de l’armée, de la Société de géographie de Paris et de l’Académie des sciences.
Mais la cheville ouvrière en fut d’emblée un professeur de Sorbonne, Emmanuel
de Martonne, qui avait suivi la création de l’Ugi, et qui occupa les fonctions
de secrétaire général au Comité pendant plus de vingt ans avant de succéder,
à la présidence (1945-1953), au général Bourgeois et au géologue Emmanuel de
Margerie. Après lui, tous les présidents suivants ont été des universitaires géographes. Parallèlement à cette organisation et sur le modèle américain, Emmanuel
de Martonne a créé en 1920 une association indépendante des sociétés de géographie, l’Association française de géographes (Agf), ouverte aux seuls professeurs
et chercheurs (auteurs d’articles).
Géographie des professeurs, en conséquence : leur hégémonie s’observe
aussi dans toutes les instances scientifiques et académiques, telle la section de
géographie du Comité des travaux scientifiques et historiques (Cths), qu’a dirigée
Vidal de La Blache de 1909 à 1918, laissant sa succession à des fidèles.
Pendant l’entre-deux-guerres, une figure sorbonnarde a cumulé toutes les fonctions, comme président ou comme principal animateur : Emmanuel de Martonne.
Président de l’Agf, dominant de fait l’activité du Cnfg, il a en outre accédé
à la présidence de l’Ugi entre 1938 et 1948 (dont il avait été le secrétaire général
de 1931 à 1938).
28
15
Cf. M.-C. Robic, 1992,
« Géographie et écologie
végétale : le tournant de
la Belle Époque », in
M.-C. Robic (dir.),
J.-M. Besse,
Y. Luginbuhl,
M.-V. Ozouf-Marignier,
J.-L. Tissier,
Du milieu
à l’environnement.
Pratiques et
représentations du
rapport homme/nature
depuis
la Renaissance,
Paris, Economica,
p. 125-165,
et M.-C. Robic, 1993,
« L’invention de
la “géographie humaine”
au tournant
des années 1900.
Les Vidaliens
et l’écologie », in
P. Claval (dir.), Autour
de Vidal de La Blache.
La formation
de l’école française
de géographie, Paris,
L’Harmattan,
p. 137-147 ; cf. aussi
V. Berdoulay,
O. Soubeyran, 1991,
« Lamarck, Darwin et
Vidal : aux fondements
naturalistes de
la géographie humaine »,
Annales de géographie,
p. 617-634.
—
un projet unique
mais un programme
dual, ou chorologie
et mésologie : la
science charnière
— L’émancipation de la géographie universitaire passait par l’élaboration d’un
programme distinctif qui s’est profilé entre les années 1880 et le début de la
décennie 1900. Jouant sur l’articulation entre le domaine de la nature et celui
de l’homme, entre les sciences naturelles et les sciences historiques, les géographes se sont donné un projet que résume l’expression très usitée de « science
charnière ». Il emprunte aux sciences naturelles leur fondement rationnel et,
s’agissant de géologie, de géographie botanique ou de géographie zoologique,
leur pratique de l’observation, de la classification et du terrain. Il s’appuie
de l’autre côté sur la contingence de l’histoire humaine. La géographie articule
alors deux champs. Mais comment les articuler ? Deux structurations ont été
construites pour légitimer une place spéciale à une science alors qualifiée de
« géographie moderne » par ses avocats.
Dans la première configuration, la géographie se fait science du découpage
régional de la Terre. Ce programme régional – ou chorologique, selon une expression empruntée à la réflexion épistémologique développée en Allemagne – différencie la nouvelle discipline des sciences spécialisées dans la mesure où il se propose de découvrir des « régions géographiques », c’est-à-dire des ensembles spatiaux présentant à diverses échelles une originalité résultant de la combinaison de
phénomènes naturels et humains. La spécificité relève de cette « combinaison »,
là où les sciences spécialisées ne s’intéressent qu’à un objet simple : la végétation
ou le sol par exemple. Les géographes sont allés plus loin encore, en postulant
l’existence de combinaisons physiques et humaines.
L’autre configuration n’est pas chorologique mais mésologique (de meso :
milieu) ou d’ordre écologique, c’est-à-dire qu’elle s’intéresse au rapport existant
entre les sociétés humaines et la Terre, entre l’homme et son cadre d’existence.
Vieille tradition géographique comme la précédente, cette orientation de
recherche, qui s’intéresse à l’influence des faits naturels sur les faits sociaux, s’est
inscrite dans une « géographie humaine » calquée sur l’écologie botanique qui
émerge dans les années 1895-1900, en Europe comme aux États-Unis¹⁵. Cette géo-
29
graphie humaine prend forme au tout début du siècle, à travers des articles tels
« La géographie politique, à propos des écrits de Frédéric Ratzel » et « La géographie humaine, ses rapports avec la géographie de la vie », de Vidal de La Blache
(1898 et 1903). Elle s’inspire de la botanique néolamarckienne, qui se diffuse en
France sur le modèle de l’écologie, ainsi que de la biogéographie, que Friedrich
Ratzel développe de son côté en Allemagne sous le néologisme de Biogeographie.
Dans les deux cas, approche régionale ou approche mésologique, une question récurrente surdétermine en quelque sorte l’analyse des géographes français :
celle du « déterminisme naturel ». Leur question est de savoir s’il existe des lois
gouvernant les relations entre faits physiques et faits humains. Ils y échappent
en général : soit en fait, dans l’étude concrète, en opposant au déterminisme la
complication de l’histoire ; soit en droit, en mettant en avant la contingence des
faits humains, ou bien en posant que l’investigation géographique consiste en la
recherche des phénomènes d’interaction qui lient les deux catégories de phénomènes. Ils parlent alors d’action et de réaction, de l’homme acteur et « agent »
géographique, pas seulement jouet passif de son environnement. C’est cette position non déterministe que Lucien Febvre a qualifée de « possibiliste » dans son
célèbre ouvrage La Terre et l’Évolution humaine. Introduction géographique à l’histoire (1922).
30
—
une pratique
réductrice
— Dès les années 1910, le programme « régional » était jugé, en France comme
à l’extérieur, caractériser l’école française de géographie. Le succès public et académique du Tableau de la géographie de la France, un livre consacré à la démonstration que la « personnalité géographique » française existe sans conteste, y a
fortement contribué – il fut suivi par une dizaine de monographies régionales,
dont celle d’Albert Demangeon, sur la Picardie (1905), était réputée être le
« proto-type ». En fait, ces monographies sont loin d’être identiques ; elles sont
parfois thématiques, accordant peu d’importance à la géographie physique (ainsi
la thèse de Jules Sion sur Les paysans de la Normandie orientale, datant de 1908),
ou au contraire, s’y consacrant exclusivement, comme l’ont fait Antoine Vacher
dans son étude du Berry (1908) et Charles Passerat sur le Poitou (1909). Cette
variété initiale de la monographie régionale n’a fait que s’accroître au cours du
demi-siècle, comme l’a bien montré André Meynier en 1969 dans son Histoire
de la pensée géographique en France : « La région est retenue non plus comme
un cadre à étudier exhaustivement mais comme un découpage territorial plus
ou moins arbitraire à l’intérieur duquel on s’attache à la solution d’un problème
particulier ». Et d’évoquer des titres comme « La vie pastorale en… » ou les
« Recherches sur la morphologie de… ». On cite souvent la thèse de Max Derruau
sur la Grande Limagne (1949) comme la dernière qui se soit voulue exhaustive.
La tendance à l’abandon de l’approche régionale intégrée s’est traduite par
l’éclatement des volumes consacrés à la France dans la collection de Géographie
universelle en une Géographie physique signée par de Martonne (1942) et une
Géographie humaine et économique signée par Albert Demangeon (1946-1948).
Cette division signale en fait une dissociation qui s’est opérée tôt entre les deux
branches de la géographie, contrairement à la logique d’un programme de
recherche qui aurait dû construire la notion de région (programme régional) et
celles de « milieu » et de « genre de vie » (programme écologique).
La rédaction par de Martonne d’un Traité de géographie physique, publié
initialement en 1909 et souvent réédité, inaugure cet écart entre le projet unitaire
31
et la pratique qui s’instaure. Axé sur l’étude du relief (« relief du sol », précisément : on ne dit pas alors géomorphologie, et le sol ne relève pas encore spécifiquement de la pédologie), cet ouvrage néglige toute recherche sur la combinaison de phénomènes naturels – qui sera envisagée seulement par les travaux de
Jean Tricart dans les années 1950, puis par les recherches sur les géosystèmes
menées par Georges Bertrand à partir de la fin des années 1960¹⁶. En géographie
humaine, l’ouvrage de Jean Brunhes (première édition en 1910, augmentée en
1912 et en 1925) Géographie humaine. Essai de classification positive. Principes et
exemples propose un point de vue décalé par rapport à celui exposé en 1903 par
Vidal de La Blache. En fait, il adopte trois perspectives. D’abord, un « parti du
visible » : il définit alors le « fait » de géographie humaine par ce qui, de la physionomie visible de la Terre, est redevable à l’activité de l’homme ; d’autre part,
il classe les faits de géographie humaine selon leur contribution à l’économie terrestre (faits de destruction, de production, d’occupation stérile) ; il examine enfin,
analytiquement, les relations entre les faits élémentaires de géographie humaine
(maisons, routes, ponts…) et les phénomènes naturels. Absence de continuité par
ailleurs : si Vidal de La Blache réussit à rassembler des matériaux pour le traité de
géographie humaine qu’il envisage dès 1907, ses Principes de géographie humaine
ne paraissent que dans une édition posthume (1921), qui poursuit son inspiration
écologique mais reste fragmentaire. L’étude des genres de vie en relation avec les
milieux, l’étude des densités de population comme expressions d’une certaine
pression sur l’espace terrestre mais de formes d’organisation et d’activités différenciées, l’étude de la circulation (amorcée seulement, mais essentielle pour cet
auteur), entrent dans une ambition prolongée d’esquisser la cartographie mondiale des relations entre l’homme et la terre. En revanche, peu nombreux furent ses
successeurs, hormis Max Sorre, qui ont pris à leur compte l’ambition d’une géographie biologique à laquelle il a pu aspirer.
16
J.-L. Tissier, 1992,
« La géographie
dans le prisme de
l’environnement
(1970-1990) »,
in M.-C. Robic (dir.)
et alii, op. cit.,
p. 201-243.
32
17
Cf. N. Broc, 1993,
« Homo geographicus :
Radioscopie des
géographes français de
l’entre-deux-guerres
(1918-1939) », Annales
de géographie, nº 571,
p. 225-254, ainsi que
les études recueillies
dans G. Baudelle,
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic (dir.),
2001, op. cit.,
et dans P. Claval,
A.-L. Sanguin (dir.),
1996, La Géographie
française à l’époque
classique (1918-1968),
Paris, L’Harmattan.
18
M.-C. Robic,
A.-M. Briend,
M. Rössler (dir.), 1996,
Géographes face
au monde. L’Union
géographique
internationale et les
congrès internationaux
de géographie,
Paris, Montréal,
L’Harmattan.
—
Un âge d’or ?
— Le monolithisme de l’école française de géographie de l’entre-deux-guerres
est relatif. Il faudrait faire la part des nombreux outsiders que l’on a commencé
à réhabiliter, qu’il s’agisse de spécialistes de géographie politique – Jacques Ancel
(1882-1943), Yves-Marie Goblet (1881-1955), André Siegfried (1875-1959) – ou
de personnages formés à la géographie mais engagés volontairement ou non dans
l’entreprise industrielle, comme Jacques Levainville (1871-1932), dans le journalisme et la politique, tel Henri Lorin (1866-1932), ou dans la diplomatie, tel Yves
Chataigneau (1891-1969)¹⁷. Mais, en l’absence de tout nouveau recrutement universitaire, dans un contexte économique et démographique français assoupi, qui
émousse la crise internationale des années 1930, la poursuite des programmes du
début du siècle s’opère dans la routine. La renommée internationale de la géographie française n’incite pas à la remise en cause. Or elle culmine au Congrès international de Paris en 1931, les géographes allemands ayant été interdits d’accès à
l’Ugi lors de sa création, puis étant restés volontairement à l’extérieur jusqu’en
1934¹⁸. En outre, la géographie bénéficie d’une certaine aura auprès des jeunes
générations du Quartier latin au milieu des années 1930, car elle apparaît ouverte
sur le monde et ancrée dans l’actualité. Ainsi l’enseignement de géographie économique et humaine de Demangeon attire-t-il de nombreux étudiants d’avenir,
tels les futurs historiens Georges Duby et Pierre Vilar. Cette configuration stable
et attractive va exploser largement après la guerre.
33
de l’après-guerre
à la fin des
années 1960 :
la reconduction
du projet dans
la fragmentation
Un double bouleversement
34
La reconduction d’un projet unitaire…
36
…dans la fragmentation en spécialités tempérée par des « lobbies »
39
34
19
J.-L. Tissier, 1985,
« Les anciens élèves
de l’École Normale
de Saint-Cloud et
la géographie française,
1942-1973 », in
C. Charle, R. Ferré (dir.),
Le Personnel
de l’enseignement
supérieur en France
aux XIX et XX siècles,
Paris, Cnrs éditions,
p. 205-218.
20
1981, « The Roaring
Fifties », EspaceTemps,
18-19-20, p. 9-33 ; 1991,
Autour de Raymond
Guglielmo. Géographie
et contestations, Paris,
Centre de recherche sur
les espaces de vie ;
« Parcours dans
la recherche urbaine.
Michel Rochefort,
un géographe engagé »,
2002, Strates, hors-série.
—
un double
b o u l e ve r s e m e n t
— Après la guerre, les géographes ont connu un double bouleversement, la
croissance et le renouvellement du personnel ainsi que les rapides changements
du monde dont ils devaient rendre compte.
D’abord, les grandes figures des élèves de Vidal ont disparu. Les conditions
politiques de la Libération amènent au premier plan de jeunes géographes liés
au parti communiste qui, tels Jean Dresch ou Jean Tricart, entrent à la direction
des Annales de géographie, à côté des élèves de deuxième génération post-vidalienne comme André Cholley. Les effectifs s’accroissent fortement en raison du
recrutement de jeunes universitaires (le corps des assistants de lettres a été créé
en 1942, et celui des maîtres-assistants, titulaires, eux, de l’enseignement supérieur, date de 1960), destiné à contribuer à l’essor de la recherche scientifique,
dans un premier temps, puis à l’encadrement des futurs professeurs de collège et
lycée appelés par le boom démographique et par l’allongement de la scolarité.
Cette augmentation des effectifs transforme moins les lieux d’enseignement et
de recherche que les situations : là où il y avait un professeur unique dans les
facultés de province, apparaissent plusieurs chaires permettant (ou obligeant à) la
spécialisation, et de nombreux jeunes assistants et maîtres-assistants astreints
à la recherche. On est passé ainsi d’une vingtaine d’enseignants de faculté en
1939 à près de 70 au milieu des années 1950, à 180 en 1963, à 340 en 1967 et à 540
en 1972. Enfin, la licence nouvelle, sans latin, a permis l’entrée en lice d’étudiants
passés par un enseignement « moderne » qui attirait un recrutement populaire
plutôt que bourgeois. La géographie a contribué ainsi à un mouvement de promotion sociale par les carrières d’enseignement, les grandes écoles de formation des
maîtres les plus liées à ces milieux, telle l’école normale supérieure de SaintCloud, fournissant, quant à elles, des proportions fournies du nouveau personnel
universi-taire¹⁹. Par là s’est affirmé aussi, plus encore que dans des disciplines
comme l’histoire, plus élitiste, le recrutement d’un personnel situé à gauche sur
l’échiquier politique, et souvent proche du parti communiste, d’inspiration (plus
que de formation) marxiste²⁰.
35
D’un autre côté, la reconstruction, le plan Marshall, la croissance économique et démographique, les débuts de la planification, modifiaient sous les yeux
de chacun le territoire national. La décolonisation obligeait à recentrer l’intérêt
sur la métropole, en un repli territorial que le langage a inscrit à la fin des années
1950 dans la formule de l’« Hexagone » (avec une majuscule). Enfin le monde,
aperçu dans sa fonctionnalité même puisque la guerre avait été « mondiale », se
divisait en blocs politiques antagonistes, tandis que très vite la dépendance du
« tiers monde », selon l’expression inventée par le démographe Alfred Sauvy,
apparaissait en plein jour.
Comment les géographes français pouvaient-ils rendre compte de ces nouvelles structures du monde et de ces mutations manifestes du territoire national ?
Un outillage intellectuel, des configurations interdisciplinaires inédites étaient-ils
pensables ou disponibles ? Comment une discipline qui venait d’atteindre, avec la
création de l’agrégation de géographie, la plénitude de son institutionnalisation
universitaire, allait-elle se déployer ?
36
—
la reconduction
d’un projet
unitaire…
— Les diverses manifestations d’un malaise dans la discipline n’ont pas pu
aboutir à une subversion du projet initial. Plusieurs signes d’embarras sont pourtant apparus simultanément entre 1942 et 1955, comme le révèlent quatre ou cinq
publications issues de l’intérieur du champ. Ainsi en 1942, André Cholley émet
dans son Guide de l’étudiant en géographie des propositions en faveur d’une
recherche géographique anthropocentrée. Puis, en 1947, Louis Poirier diagnostique une double crise de la causalité géographique, liée à la discontinuité temporelle qui rend caduc le recours classique à l’explication par l’évolution historique
(il visait la « crise » de 1929), et à la toute-puissance technique, qui annihile le
rôle de la nature, second pilier du raisonnement géographique. La même année,
sous le titre « De la méthode d’analyse en géographie humaine », Jean Gottmann
publie dans les Annales de géographie un plaidoyer vibrant pour une rénovation
ancrée dans son expérience intellectuelle de l’exil aux États-Unis. Enfin, en 1960,
Michel Phlipponneau réclame la possibilité de se vouer à une géographie appliquée, dont la légitimité lui semble avoir été obscurcie pendant des décennies par
le libéralisme bourgeois du xix siècle. Émises en ordre dispersé, ces critiques
envers un ordre hérité n’ont pas été entendues, ou bien elles ont été étouffées.
C’est que trois facteurs s’opposaient à ces forces novatrices. D’abord, et
avant tout peut-être, le modèle universitaire classique de formation orientée vers
l’enseignement se révélait encore valide, vu le gonflement de la demande de professeurs pour le secondaire. Les facultés devenaient une sorte d’usine à préparer
non seulement la noble agrégation, mais encore le nouveau Certificat d’aptitude à
l’enseignement secondaire (Capes), créé pour faire face à la pénurie d’enseignants.
Dans la réédition de son livre, devenu La Géographie. (Guide de l’étudiant) (1951),
André Cholley insistait désormais sur le nécessaire formatage du cursus universitaire par l’horizon de l’agrégation, alors même qu’en 1942 il critiquait vivement la
dépendance de la « recherche scientifique » à l’égard de la formation à l’enseignement : « Les chemins nouveaux, ceux qui conduisent à la découverte, nous sont
sinon interdits, du moins rendus très difficiles d’accès. » Cependant, les postes de
37
chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (Cnrs), qui disposait
depuis 1948 d’une section de géographie, étaient destinés avant tout dans ladite
section à accueillir des enseignants en fin de thèse, marche vers une chaire.
Ensuite, de nouveaux modèles d’explication étaient promus par ce personnel féru de marxisme basique, diffusé au sein du parti communiste. Ils tenaient
essentiellement en l’efficacité du facteur économique ou plutôt – clé par exemple
des découpages du monde ou des classifications des objets géographiques opérés
par Pierre George dans La Ville, le fait urbain à travers le monde (1952) ou dans
La Campagne, le fait rural à travers le monde (1956) –, ils se fondaient sur les
grands systèmes politico-économiques : capitalisme, socialisme, sous-développement. Ils avaient l’intérêt d’être congruents au contexte économique des Trente
Glorieuses (ces décennies de croissance que l’économiste Jean Fourastié a ainsi
labellisées dans les années 1960), ce qui facilitait leur adoption. La division en
« blocs » de part et d’autre du rideau de fer les légitimait en quelque sorte.
Un déterminisme économique (ou économico-politique) se substituait au paradigme déterminisme (ou au « possibilisme ») naturaliste. Cette approche orientait
la construction du sujet de référence de la géographie : l’« homme-producteur »,
que Pierre George opposait implicitement à l’homme-être vivant du début du
siècle ou à l’« homme-habitant » que Maurice Le Lannou tentait de promouvoir
dans La Géographie humaine (1949). Au genre de vie, notion centrale de la géographie humaine vidalienne, reprise par Max Sorre, George substituait celle de mode
de production.
Enfin, la perspective unitaire était maintenue. Face à la dissociation des
recherches de géographie physique et de géographie humaine, face à la spécialisation croissante, des parades étaient trouvées dans l’horizon d’une recherche
collective : ainsi, Jean Dresch dans La Pensée (1949) admettait que les méthodes
traitant du champ de la nature et du social sont différentes, mais à ses yeux
la contradiction entre cette dualité et le projet unitaire de la géographie se résolvait par la recherche en équipe. D’ailleurs, même si la pratique aménagiste était
38
critiquée par beaucoup, la figure d’un géographe « homme de la synthèse » dans
une équipe pluridisciplinaire, chef d’orchestre dirigeant la symphonie d’experts
spécialisés en économie, sociologie, démographie, histoire, droit, urbanisme, etc.,
convenait alors à tous.
Sur le plan cognitif, un objet a symbolisé la démarche géographique et son
opération par excellence, la synthèse encore : la « région ». Au centre du cursus
universitaire, elle était aussi au cœur de la politique d’aménagement du territoire en cette décennie 1960 caractérisée par l’équipement concentré autour des
grandes villes de province. Il est revenu à Étienne Juillard de donner la première
analyse française du concept de région : dans son article « La région, essai de
définition », publié en 1962 dans les Annales de géographie, devenu immédiatement un classique, il a procédé à la distinction, déjà faite en 1954 par les géographes américains dans American Geography. Inventory and Prospect, entre « région
homogène » (ou uniforme) et « région fonctionnelle », de structure relationnelle.
Cette distinction était possible grâce à l’usage de la notion de « type d’organisation de l’espace », où il a rendu opératoire une expression apparue au cours des
années 1940, mais peu reçue, et qui a été détournée de son sens descriptif vers un
sens actif proche d’« aménagement du territoire » (par exemple, L’Organisation
de l’espace. Éléments de géographie volontaire, de Jean Labasse, 1966). Dans cet
article, Juillard distinguait la pratique des géographes de celle des économistes.
Il acceptait un critère de distinction épistémologique, les premiers privilégiant
une démarche inductive et empirique là où leurs concurrents étaient tenants de
la déduction et de la formalisation mathématique. Au-delà de ce grand partage,
l’article prenait position de manière normative – et la profession l’a suivi massivement dans son enseignement en faculté puis dans le secondaire – en érigeant la
région polarisée comme modèle même de l’organisation spatiale moderne, tandis
que la notion, tenue désormais pour acquise, restait peu interrogée, de même que
l’acte cognitif qui l’avait construite.
—
…dans
la fragmentation
en spécialités
tempérée
par des « lobbies »
— L’éclatement thématique des recherches, en géographie humaine surtout, a
caché ces difficultés en apportant une somme d’informations nouvelles sur l’état
du monde économique et social. La géographie économique a été la grande
gagnante avec l’étude de l’industrie et, surtout, d’un secteur tertiaire exubérant
qui progressait dans toutes les sphères d’activité. Les transports et les flux de
toutes sortes sont devenus incontournables. Sous le label de géographie de la
population, la démographie est entrée massivement dans la discipline. De son
côté, la géographie physique s’est ouverte, avec retard, à la climatologie, à la
pédologie, à la biogéographie. Elle est devenue science de laboratoire. Quel que
soit le champ, une géographie « adjective » a traduit la fragmentation de la
recherche en sous-disciplines multiples, la spécialisation extrême des profils des
chercheurs, leur éventuelle accointance avec des agronomes, des économistes
ruraux, des sociologues urbains, ou encore des gérontologues ou des sédimentologues.
L’organisation de quelques lieux de rencontre, comme les Journées géographiques annuelles préparées par le Cnfg (à partir de 1962), a tenté de pallier la
dispersion des travaux. Une structuration effective en quatre groupes de pression
principaux a assuré des fonctionnements prévisibles, le partage des responsabilités et des postes s’opérant entre les géographes physiciens, jouissant d’un grand
prestige, les ruralistes, fort nombreux et à la légitimité quasi historique, les
tenants de la géographie urbaine, nouveaux prétendants formant un groupe grandissant et dynamique, aux alliances externes nombreuses, enfin, last but not least,
les géographes tropicalistes, influents, actifs et solidaires, qui s’appuyèrent sur
l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (Orstom), créé en
1943 pour remplacer les anciennes structures de recherche coloniale. La survalorisation d’une agrégation calée sur des exercices académiques, représentant pour
partie un état antérieur de la discipline, où la géomorphologie était reine et où le
paradigme naturaliste dominait, a assuré une certaine unité à la formation universitaire dans toute la France. Très différente en cela était la situation des sciences
39
40
sociales, dépourvues de ce cursus commun. Par rapport à la sociologie, quasiment
ressuscitée dans les années 1945 et nourrie à plusieurs sources, par rapport à
l’histoire dont l’ascendant reposait sur la rénovation récente impulsée par l’École
des Annales et par une politique de conquête des sciences sociales, à l’initiative
de Fernand Braudel, la géographie de la période était donc relativement monolithique et dans une phase peu innovante.
Au fond, l’accès au summum de l’institutionnalisation, pendant l’Occupation, s’est opéré alors même qu’un nouvel essor des sciences de l’homme allait
se reproduire, sous le coup d’une politique volontariste de développement scientifique et d’une ouverture des « marchés » intellectuels en direction de l’expertise
aménagiste. On a des raisons de penser que l’establishment a choisi la voie de la
reproduction à l’identique dans la fonction enseignante. On peut croire que
le confort procuré par cette voie traditionnelle ainsi que le sentiment d’excellence
issu d’une situation institutionnelle assurée ont réduit la quête d’innovation.
Les concurrences exercées par les nouveaux venus des sciences sociales (sociologues et spécialistes d’économie régionale), d’une part, par les classiques serviteurs de l’État, issus des grandes écoles et des nouvelles institutions centrales –
l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’Institut
national d’études démographiques (Ined), l’École nationale d’administration
(Ena) –, d’autre part, ont limité par ailleurs l’installation des géographes dans
les nouveaux créneaux.
41
de la géographie,
science sociale
de l’espace,
à la dispersion
La crise des années 1970
42
Une nouvelle identité : science sociale de l’espace ?
45
Lieu, territoire, espace : la pluralisation ?
48
42
—
la crise
des années 1970
— Avec la décennie 1970 s’ouvre une nouvelle période dans la production de
géographie et dans la « corporation ».
Cette scansion s’appuie, certes, sur le renouvellement des personnes, la fin
de la décennie 1960 constituant une période de fort recrutement pour encadrer
les cohortes issues du baby-boom. Cependant, dès 1973, est donné un coup d’arrêt brutal au recrutement dans l’enseignement supérieur. Avec ces recrutements
massifs qui font doubler le nombre des assistants et maîtres-assistants de 1963
à 1967, et même tripler de 1963 à 1972, les postes de professeurs devenant très
minoritaires, les tensions de carrière que Pierre Bourdieu a analysées dans Homo
academicus s’appliquent à la géographie comme aux autres domaines.
Cet état favorise les aspirations au changement. Abolition des hiérarchies,
réformes pédagogiques, pluridisciplinarité, intervention dans la cité aux côtés
des habitants et des travailleurs, dans les points chauds de la rénovation urbaine,
de la lutte ouvrière contre le « grand capital », des luttes paysannes ou des luttes
antinucléaires, voire à côté de la révolution chinoise ou du Vietnam, sont à l’ordre
du jour des « soixante-huitards ». Mais « révolutionner » la science géographique
n’est pas au cœur des prises de parole d’amphithéâtres. L’émergence d’un mouvement diffus pour une « nouvelle géographie » en rupture avec les précédents
prend forme dans les quelques années qui, de 1970 à 1976, voient naître d’une
part une refonte des lieux de débats et de diffusion de la géographie et, d’autre
part, des propositions de subversion intellectuelle de la discipline. Des revues à
comité de rédaction national supplantent les Annales de géographie : L’Espace géographique (1972), Hérodote (1976)… Des forums de discussion s’ouvrent dans ces
revues et dans d’autres instances, tels les colloques « Géopoint » qu’organisent de
jeunes universitaires du grand Sud-Est français avec leurs collègues suisses.
Une première vague de contestation porte la new geography américaine,
découverte seulement en 1970 par les nouvelles générations. Elle crée un mouvement collectif analogue à celui qui s’est structuré à la fin des années 1950 aux
États-Unis et au milieu des années 1960 en Grande-Bretagne : formation aux
43
statistiques, aux mathématiques, à l’informatique par des stages et des universités d’été ; organisation en groupes formels et informels s’ouvrant sur les réseaux
européens de la géographie « théorique et quantitative » ; expérimentation des
modèles de l’analyse spatiale devenus classiques, notamment ceux des lieux centraux et de la diffusion. Dans ce mouvement, qui s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui²¹, l’une des originalités de la recherche géographique française a tenu dans
l’intérêt accordé à la modélisation, aux méthodologies d’analyse spatiale et à la
notion de système, héritée peut-être d’un sens de la totalité que fournissaient à la
fois le marxisme et le paradigme régional classique. Vers la fin des années 1970,
les premières thèses de géographie théorique et quantitative sont défendues : travaux de Michel Chesnais sur l’Analyse régionale des échanges ferroviaires (1977),
d’Yves Guermond sur le Système de différenciation spatiale en agriculture (1978),
de Franck Auriac sur Système économique et espace (1979), recherches de Denise
Pumain sur la croissance urbaine dans le système urbain français, de Thérèse
Saint-Julien sur l’industrie et le système urbain, de Violette Rey sur l’agrandissement spatial des exploitations agricoles (1980). Les modèles de référence ne sont
pas d’origine française mais renvoient, pour les classiques, au Zentralen Orte in
Süddeutschland de Christaller, à la tradition d’économie spatiale, et surtout aux
traités qui donnent le ton de la réflexion épistémologique, tel le néopositiviste
Explanation in geography, de David Harvey (1969), ou les manuels qui proposent
de nouvelles grilles d’analyse en géographie, telle l’Analyse spatiale en géographie
humaine de Peter Haggett (première édition en 1965 sous le titre Locational Analysis in Human Geography), que Philippe Pinchemel a fait publier en 1972. De nouveaux cursus s’instaurent progressivement à l’Université.
Un deuxième moment se situe en 1975-1977. Sa singularité se révèle dans la
vivacité des polémiques et dans le terme de crise qui émaille les interventions
parues dans les publications géographiques nouvelles ou dans la grande presse
intellectuelle, dont une partie est liée au parti communiste. Ce moment critique
paraît greffer l’un sur l’autre deux phénomènes distincts : la crise économique
21
Cf. D. Pumain,
M.-C. Robic, 2002,
« Le rôle des
mathématiques dans une
“révolution” théorique
et quantitative :
la géographie française
depuis les années 1970 »,
Revue d’histoire des
sciences humaines, 6,
p. 123-144.
44
survenue en 1973, qui ravive la lutte politique, et des diagnostics disciplinaires
(bousculés par la new geography) surdéterminés par l’imprégnation marxiste que
la géographie française connaît, on l’a dit ci-dessus, plus encore et plus longuement peut-être que certaines disciplines voisines. Au cœur des polémiques,
le choix de la ligne « juste », tant pour ce qui relève de la fonction première
de l’activité scientifique que pour ce qui relève de la bonne position épistémologique ou du statut de l’espace dans l’explication.
—
une nouvelle
identité :
science sociale
de l’espace ?
— La convergence des efforts pour un renouveau de la géographie s’est opérée
à travers une disqualification de l’héritage, taxé désormais de géographie « traditionnelle » voire, chez les plus indulgents, de géographie « classique ». Elle a surtout produit un projet nouveau, structuré autour des notions d’espace et d’organisation spatiale. Plus décisivement, la géographie s’est placée dans le champ des
sciences sociales, et non plus en situation de charnière ou de carrefour des
sciences naturelles et humaines. L’espace est devenu l’opérateur d’un repositionnement global par lequel, sous des formulations diverses, la géographie s’est trouvé une nouvelle identité : la science de l’organisation spatiale des sociétés, ou la
science de la dimension spatiale du social.
Dans ce réajustement, la place de la géographie physique est devenue critique. Une partie de la profession, attachée à la recherche, s’est recasée avec des
naturalistes purs ; une réflexion sur la géographie physique « science sociale » a
été en revanche menée par les secteurs les moins liés à la tradition morphologique, biogéographie et climatologie surtout (Jean-Pierre Marchand, PierreCharles Péguy, François Durand-Dastès, Georges Bertrand…). Des tentatives de
« recentrement » de la géographie ont été proposées pour recombiner deux processus concourant à la reproduction des sociétés : la « mise en espace » des lieux
des hommes et l’« anthropisation » du milieu, dont Philippe et Geneviève Pinchemel ont fait les deux piliers structurant une théorie de la géographie dans La Face
de la Terre (1988).
La constitution d’un réseau de recherche national autour d’un programme
d’envergure, à la fois organisationnel et scientifique, a scellé en 1984 le renouveau
de la géographie française. Sous la direction de Roger Brunet, le groupe d’intérêt
public (Gip) Reclus a lancé à l’horizon 1989 trois programmes-phares : un Atlas
de France (un précédent avait été lancé par le Cnfg dans les années 1920), une
Géographie universelle et un Observatoire de la dynamique des localisations, objet
inédit, non réalisé, qui devait constituer une banque de données destinée à
suivre, à grande échelle, créations et disparitions d’activités ou d’équipements.
45
46
La Maison de la géographie de Montpellier servait de tête à un réseau de chercheurs ; y étaient rassemblés des équipements infographiques à visée nationale.
Par ailleurs, une Encyclopédie de géographie (1992) et un dictionnaire, Les Mots de
la géographie. Dictionnaire critique (1992), ont tenté de rendre compte, dans un
certain pluralisme, des nouveaux points de vue de géographes sur le monde,
apparus au cours des deux décennies précédentes.
En outre, une mise à jour disciplinaire était devenue nécessaire au début
des années 1980 pour les secteurs les plus réfractaires aux bouleversements de
la « nouvelle géographie ». Localement, la confrontation de l’establishment aux
diverses écoles du monde, notamment lors du Congrès international de Paris
(1984), l’a incité à cette mise à jour. Pour les secteurs progressistes, l’arrivée de
la gauche au pouvoir en 1981 ouvrait la recherche sur des sujets de société – chômage, inégalités, etc. – et vers des situations d’expertise liées à la décentralisation. L’émergence d’une « géographie du développement », en rupture avec une
géographie tropicale jugée réactionnaire, et l’affirmation d’une « géographie sociale » qui bataille tant avec les pesanteurs idéologiques de la corporation qu’avec le
« spatialisme » des géographes de la mouvance théorique et quantitative (comme
le signale le titre De la géographie urbaine à la géographie sociale. Sens et non-sens
de l’espace, publié en 1984 par un collectif de chercheurs et de groupes installés
à Paris, Lyon et Pau), datent de ces années de renouvellement politique. Le développement de nouveaux problèmes collectifs (celui de l’environnement par
exemple), la structuration de la recherche par des programmes finalisés ont
conduit par ailleurs les géographes, structurellement, à se tourner vers de nouveaux marchés de l’emploi.
Dans cette conjoncture conflictuelle mais adaptative pour beaucoup, le
concept d’espace et l’orientation vers les sciences sociales se sont diffusés
dans les différents secteurs de la discipline, formant vers 1984-1985 une sorte
de commun dénominateur. Mais il s’agissait d’un projet hétérogène, à la mesure
des dissensions politiques et scientifiques intenses qui l’avaient construit. Les
47
dimensions de cet apparent consensus du milieu des années 1980 se sont
déployées dans des directions disjointes – analyse spatiale, géographie sociale,
géographie des représentations, géopolitique et géographie « tout court » d’allégeance classique –, aboutissant à une pluralisation de plus en plus évidente au
cours de la décennie suivante.
48
—
lieu, territoire,
espace :
la pluralisation ?
— La commande de géographie ne s’est pas réduite avec la « mondialisation ».
Au-delà du modèle du territoire national et de l’État, la complexité des structures
spatiales à envisager suppose désormais de repenser les imbrications d’échelles,
en donnant une consistance nouvelle aux deux extrémités, le local et le monde,
et en valorisant les configurations en réseaux, permises par la mobilité individuelle et les technologies de maîtrise de la distance. En outre, on peut penser avec
les critiques de la postmodernité que la catégorie « espace » a pris l’ascendant
sur le « temps » et que, par là – comme l’ont soutenu, entre autres, David Harvey
dans The Condition of Postmodernity (1988) et Edward Soja dans Postmodern
Geographies. The Reassertion of Space in Critical Social Theory (1989) –, la géographie acquiert une pertinence renouvelée. Ainsi, en France, l’invitation à admettre
l’actualité du « tournant géographique » et à « penser l’espace pour lire le monde », comme l’a fait Jacques Lévy (1999). De son côté, un nouvel air du temps traverse l’ensemble des sciences sociales depuis le milieu des années 1980. Il porte
à ordonner la problématique autour du « sujet » (ou de l’individu, ou de l’acteur),
à penser l’« action ». Il insiste sur la centralité du langage dans la production de
savoir comme dans l’interaction sociale. La géographie ne peut y être insensible :
facteur d’unification du champ ou de « babélisation » ?
Les facteurs de segmentation dus à la multiplication des domaines de compétence du géographe se sont renforcés au cours des années récentes. La pluralité
de lieux d’intervention et de légitimation d’un savoir se décline en termes de problèmes (question urbaine, développement, mobilités internationales, risque, environnement…), d’échelles (du local au mondial) et d’organisation (avec la commande, par une multitude d’acteurs, de la recherche finalisée requise par une « société
de la connaissance »). Par ailleurs, quelles cohérences peuvent structurer un corps
de géographes qui se compte désormais par milliers (le Répertoire des géographes
français de 2002, qui recense les enseignants-chercheurs des universités et
grandes écoles, les chercheurs des divers organismes publics, les professionnels
relevant de bureaux d’étude privés ou publics, comprend 1 857 notices…), et qui
49
s’est rajeuni grâce aux recrutements effectués à partir de la fin des années 1980 ?
Le renouvellement des générations permet à des stratégies de subversion de se
mettre en place, autorise l’implantation de nouveaux habitus (telles l’ouverture
internationale, la sensibilité à la philosophie), et s’accompagne de discontinuités
majeures dans les références – le marxisme qui a imprégné pratiquement toutes
les générations entrées dans le champ avant cette dernière vague de recrutement
étant désormais inconnu ou disqualifié.
Pour ce qui est de la formation, l’ouverture de champs d’expertise nouveaux s’est accompagnée d’un processus de professionnalisation qui a engagé la
géographie dans des structures pluridisciplinaires où coexistent des savoirs et des
savoir-faire complémentaires dans l’action. Dans ces diplômes tournés vers les
métiers de l’environnement, du tourisme, du développement local, du patrimoine, etc., elle n’est plus qu’un élément parmi d’autres de la formation. Aussi ne
peut-elle demeurer la « discipline-synthèse » des postures aménagistes anciennes.
Comment peut-on alors conserver une identité à la géographie ? Pour une partie
de la profession, la réponse est technique. Elle passe par la mobilisation de compétences cartographiques et statistiques et repose sur le développement de la géomatique, qui rencontre les besoins en information localisée de nombreux utilisateurs. Justifiée en revanche sur un plan heuristique ou cognitif, l’approche
proprement géographique peut aussi être focalisée sur des opérations d’ordre spatial. Elle s’organise alors selon deux voies. Elle peut exploiter les notions et les
méthodologies de l’analyse spatiale, qui sont désormais bien recensées dans des
manuels comme ceux de Denise Pumain et Thérèse Saint-Julien (1997-2001) sur
L’Analyse spatiale et Les Interactions spatiales et celui de Lena Sanders (2000) sur
les Modèles en analyse spatiale. Mais elle peut aussi mobiliser un archipel lexical
indexé autour du « territoire » plutôt que de l’« espace ». Cette dernière approche
rejoint l’une des directions suivies par la recherche géographique française de ces
dix dernières années.
50
« Lieu » et « territoire » ont acquis droit de cité et constituent les catégories
de pensée organisatrices, sinon les étiquettes, qui rassemblent de nouvelles
manières de dire en géographie. L’ouvrage Géographie sociale et territoires, de Guy
Di Meo (1998) sert de référence pour les tenants d’une réflexion géographique qui
a pu se structurer d’abord autour de la Géographie sociale écrite par Armand
Frémont, Jacques Chevalier, Robert Hérin et Jean Renard en 1984, et qui voulait
alors combiner social et spatial en un « binôme conceptuel » où le « rapport
social » devait être premier. En 1998, la notion de territoire s’impose, et avec elle
des entités qui recouvrent tant le social que l’individuel, et en celui-ci tant l’imaginaire ou le symbolique que le corporel et le sensible.
La notion de territoire imprègne aussi une géographie culturelle dont la
promotion s’est faite à travers la diffusion de la revue Géographie et Cultures,
créée par Paul Claval en 1992. Une œuvre-phare comme Fondements d’une identité.
Territoire, histoire et société dans l’archipel de Vanuatu de Joël Bonnemaison
(1986-1987) en fonde la légitimité dans l’analyse des valeurs et des cosmogonies
aux sources des pratiques de peuples mélanésiens. La recherche sur les pratiques
vernaculaires – l’étude de « pratiques ordinaires » situées dans tous les types
de sociétés, qu’elles soient « proches » et « modernes » ou « lointaines » et « exotiques » – s’inscrit aussi dans ce langage de la territorialité. Parmi les auteurs qui
théorisent le rôle des identités collectives dans les processus de construction territoriale figure Bernard Debarbieux, qui cherche aussi à définir en quoi les lieux
(notamment ce qu’on appelle les « hauts lieux ») peuvent jouer un rôle de mise en
forme du social. Le concept de « lieu » s’impose donc aussi pour qualifier des
repères individuels ou collectifs et pour évoquer les valeurs qui sont affectées
à toutes ces localités, ces parties d’une étendue terrestre dont certains courants
de la géographie contemporaine soulignent le « sens » pour des sujets ou pour
des groupes. Éric Dardel, un géographe français imprégné de phénoménologie,
inaperçu à son époque lorsqu’il publiait L’Homme et la Terre. Nature de la réalité
géographique (1952), constitue l’une des références de ces travaux diffus, sensibles
à l’identité spatiale et à l’expérience géographique des êtres humains.
51
D’un début de siècle à l’autre,
la géographie n’a pas perdu de son
actualité, si l’on en juge par l’ampleur
des interrogations suscitées au début
du XXI siècle comme aux alentours
de 1900 par les effets de la finitude
et de l’intégration du monde,
par les nécessités de l’organisation
et de l’identification spatiales
ou territoriales qui en découlent.
Bien institutionnalisée au sein
de l’Université, dévolue alors à une
fonction d’enseignement mais plus
attirée par des activités d’expertise
qu’on ne l’a dit, la géographie
du début du XX siècle s’est organisée
autour d’une poignée de praticiens
qui s’ouvraient à l’exercice
conjoint du terrain, de la carte et
des archives. S’extirper de l’histoire,
se professionnaliser en s’appuyant
sur les sciences de la Terre, servir
la science, la patrie et l’humanité,
étaient les impératifs de la nouvelle tribu
qui se formait. Avec son millier
d’enseignants et de chercheurs,
avec ses nombreuses formations,
professionnalisées ou non, qui visent
l’enseignement, l’aménagement,
la cartographie, la géomatique,
la géographie contemporaine jouit
d’une situation assurée dans le champ
universitaire et dans les lieux
de la pratique professionnelle²².
Avec le recul, il est permis de saisir
les cohérences d’un groupe peu
nombreux. Cette facilité que permet
la distance ne nous est pas donnée pour
la période contemporaine. Un objet
pourtant, le dictionnaire, pourrait
nous servir pour juger des situations.
Le Dictionnaire de géographie
d’Albert Demangeon (1907) rompait
avec les précédents en incorporant
des notions aux listes classiques
de toponymes. Il s’inscrivait
explicitement dans la promotion
d’une « géographie moderne ».
Le Dictionnaire de la géographie dirigé
par Pierre George en 1970 voyait
la discipline tributaire des sciences
de la nature et des sciences de l’homme.
Abandonnant toute référence
à la toponymie, il incorporait largement,
selon ses propres termes, « le vocabulaire
des disciplines qui contribuent à donner
une image géographique du monde »,
à savoir celui de la démographie
et de l’économie à côté du vocabulaire
omniprésent de la géomorphologie.
L’ouvrage Les Mots de la géographie
(1992), dirigé par Roger Brunet,
Robert Ferras et Hervé Théry
se voulait « dictionnaire critique »
et visait « toute la géographie, rien que
la géographie ». Parmi les plus récents
figurent une réédition mise à jour
du dictionnaire de Pierre George ;
Hypergeo (coordonné par Bernard
Elissalde), dictionnaire de géographie
22
Cf. « Études de
géographie.
Les débouchés », 2003,
Infosup. Les dossiers
de l’enseignement
supérieur, n° 202,
mars-avril.
52
cybernétique, hypertextuel, organisé
autour d’un cœur, la géographie,
et de trois sous-ensembles, « Régions
et territoires », « Spatialité des sociétés »,
« Relations sociétés/environnement » ;
le Dictionnaire de la géographie
et de l’espace des sociétés, dirigé par
Jacques Lévy et Michel Lussault (2003),
qui se veut d’un « pluralisme assumé »
et le marque parfois en multipliant
les définitions de termes, mais manifeste
aussi « le désir d’offrir au lecteur
un ensemble cohérent et consolidé » ;
un Dictionnaire de géopolitique publié
par Yves Lacoste. Cinq tentatives
pour une seule géographie ?
LES
GES
DU
M
Terrain, espace
et territoires
TES
Didier Mendibil
ÉTIER
Le géographe a été communément confondu,
selon l’époque ou le contexte, avec
le cartographe, l’explorateur, l’ethnologue
ou le naturaliste, le professeur, l’urbaniste
ou d’autres administrateurs. S’il lui arrive
de se montrer spécialiste d’une technique
disciplinaire (comme la cartographie),
d’un domaine économique ou social
(l’agriculture, par exemple), d’une aire
spatiale ou culturelle (tropicale ou autre),
il ne se dit pas volontiers géographe
aujourd’hui, car l’expression semble
recouvrir un processus de formation plutôt
qu’une aptitude professionnelle reconnue.
Serait-on géographe comme d’autres
sont juristes, artistes, énarques ? Quels sont
donc les gestes du métier de géographe ?
Poser la question en ces termes,
c’est tenter de définir l’état, voire la nature,
d’une discipline scientifique par ce qui
la rend utile à la société. C’est rechercher
dans les pratiques un moyen d’identification
disciplinaire pertinent, et c’est aussi
supposer que, lorsque les temps et les idées
changent, les usages concrets signalant
mieux les permanences, leur observation
prémunirait l’histoire de la discipline
des appréciations de circonstance.
C’est en la considérant comme
un corps de doctrine associé à des
compétences techniques particulières,
et en justifiant son utilité sociale
par des instances de transmission
et de régulation des gestes du métier,
que nous allons interroger la géographie
française du XX siècle. De ce point
de vue on y distinguera trois moments
successifs bien caractérisés, en particulier
par leurs approches des images du monde :
de 1890 à 1945, la reconnaissance
du terrain, de 1945 à 1975, l’organisation
de l’espace, enfin, après 1975,
la territorialisation des pratiques spatiales
la
reconnaissance
du terrain
(1890-1945)
57
De la vue directe au paysage choisi
58
De la lecture des cartes à la description raisonnée
62
Des patries locales aux monographies régionales
66
Les dispositifs de la vulgarisation scolaire
67
58
1
O. Orain,
« Les “post-vidaliens”
et le plain-pied
du monde.
Pour une histoire
de la géo-graphie »,
in J. Lévy, M. Lussault
(dir.), 2000, Logiques
de l’espace, esprit
des lieux. Géographies
à Cerisy,
Paris, Belin,
p. 93-109 ; cf. aussi
chapitre 3.
2
P. Vidal de La Blache,
1908, « Avertissement »,
La France. Tableau
géographique, Hachette,
Paris.
3
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic,
« Conclusion »,
in G. Baudelle,
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic (dir.),
2001, Géographes
en pratiques. Le terrain,
le livre, la Cité
(1870-1945), Rennes,
Presses universitaires
de Rennes, p. 369.
—
de la vue directe
au paysage choisi
— Dans la dernière décennie du xix siècle, Paul Vidal de La Blache a installé
la géographie dans l’Université française et insufflé à ses premiers étudiants un
nouvel esprit disciplinaire. Ces « post-vidaliens », selon l’expression d’Olivier
Orain¹, ont établi en quelques années les bases méthodiques d’une géographie
scientifique qui a su imposer ses points de vue originaux au-delà de la Seconde
Guerre mondiale. Il s’agissait principalement d’une appréhension visuelle directe
des milieux humanisés, qui était ensuite méthodiquement abstraite et vulgarisée
au moyen de généralisations descriptives et graphiques privilégiant l’échelle
régionale.
Dans la genèse du Tableau de la géographie de la France de Vidal de
La Blache, le parcours effectif et personnel du terrain étudié et sa soumission
à la vue directe ont constitués la première des postures de recherche. Pour les
avoir abondamment pratiquées tout au long des itinéraires que décrivent ses
carnets de terrain, Vidal de La Blache peut affirmer qu’« il y a une méthode géographique d’interpréter les paysages. Cette interprétation met surtout en jeu
des facultés d’analyse. […] Le géographe se voit en présence d’une combinaison
de lignes et de formes qui ont chacune leur signification : les unes comme expression d’énergies en pleine vigueur […], d’autres remontant à des âges lointains »². Comme le précisent Marie-Vic Ozouf-Marignier et Marie-Claire Robic³,
« le contact avec la “réalité géographique”, sur le terrain ou par ses substituts,
est valorisé par le savoir voir, qui implique un coup d’œil, mais aussi un sens
du placement et un art du déplacement sur les lieux. Le travail individuel de
terrain et l’excursion collective sont les moments clés de cet apprentissage, car il
existe bien un apprentissage du voir ou plutôt du “savoir regarder” et la dizaine
d’années qui entoure le tournant du xx siècle est pleine de témoignages sur la
constitution de ces microtechniques du regard et du déplacement ».
Pour Jean Brunhes, directeur scientifique des Archives de la planète de 1912
à 1930 et chargé, à ce titre, de constituer un inventaire photographique du
monde, la géographie est « une discipline des réalités matérielles, concrètes.
59
figure 1.
La photographie, substitut du terrain
et moyen de vulgarisation.
– Vidal de La Blache Paul, La France.
Tableau géographique, Hachette, 1908
Elle s’ancre dans le visible, le paysage. La géographie humaine repose d’abord
sur une certaine éducation du regard, une certaine discipline de l’observation.
Sa matière première lui est offerte par l’objectif photographique plus que par les
archives ». Mais son travail prouve bien qu’il considérait les photographies
comme d’authentiques archives – d’ailleurs le musée Albert-Kahn de BoulogneBillancourt les utilise en tant que telles encore aujourd’hui. Vidal de La Blache et
ses premiers élèves ont vu dans la photographie le meilleur, le plus pratique et le
plus objectif des substituts du terrain en même temps qu’un moyen commode et
suggestif de diffusion et de vulgarisation de sa connaissance |fig. 1|.
60
4
D. Mendibil, 2005,
« Le formatage iconotextuel de l’imagerie
géographique
des villes », in F. Pousin
(dir.), Figures de la ville
et construction des
savoirs. Architecture,
urbanisme, géographie,
Paris, Cnrs éditions,
p. 153-163.
5
P. Pinchemel, 2001,
« Libres souvenirs
sur Emmanuel
de Martonne »,
in G. Baudelle,
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic (dir.),
op. cit., p. 360.
Presque tous les géographes universitaires de cette époque, en particulier
Jean Brunhes, Albert Demangeon et Emmanuel de Martonne, ont appris à faire
des photographies sur le terrain, à constituer des collections d’archives photographiques et à les projeter à des publics divers dans le cadre de leurs cours et conférences. De cette pratique de la photographie du terrain et de sa diffusion s’est
progressivement dégagé un certain formatage des angles de vue, des cadrages et
de la composition des images |fig. 2|, que l’on peut assimiler, en définitive, à une
véritable technique professionnelle du point de vue⁴.
Toutefois, l’analyse des archives photographiques et des productions iconographiques de la géographie de cette époque permet de préciser que la posture
scientifique des géographes consistait à saisir, à élaborer et à diffuser des paysages
choisis au préalable. Ces paysages, qui étaient distingués pour leur exemplarité et
leur caractère typique, devaient aussi fournir et fixer dans la mémoire les signes
reconnaissables d’une idée scientifique ou pédagogique partageable. C’est à ce
stade que les images, disjointes du contexte de la prise de vue et de leur élaboration, se trouvaient incorporées à des mises en perspective théoriques leur assignant un statut démonstratif plus abstrait. De Martonne et les géographes physiciens qu’il a formés ont poussé très loin l’abstraction des paysages photographiés
par la pratique généralisée des croquis et, d’une certaine manière, par celle des
coupes topographiques et des blocs-diagrammes. Philippe Pinchemel rappelle
comment, entre le terrain des excursions et les exercices en laboratoire, s’établissait un va-et-vient permettant l’illustration, l’application et la transmission des
gestes d’un métier : « Il marchait rapidement, ignorant les retardataires, gagnant le
point haut ou le front de carrière et commentait le paysage en s’aidant de la carte
et de coupes ou de croquis ; tout semblait simple à comprendre, lumineux⁵ ! »
61
figure 2.
Tableau des principaux types de formats
photographiques utilisés par les géographes
au xx siècle.
– photographies extraites de Faucher
Daniel (dir.), La France, géographie, tourisme,
tome I, Larousse, 1951 et reproduites
dans Pousin Frédéric (dir.), Figures de la ville
et construction des savoirs : architecture,
urbanisme, géographie, Cnrs Éditions, 2005
62
6
E. Jaurand, 2001,
« La codification
et la justification
d’un exercice
canonique :
Emmanuel de Martonne
et le commentaire de
cartes », in G. Baudelle,
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic (dir.),
op. cit., p. 231-244.
—
de la lecture
des cartes
à la description
raisonnée
— La carte topographique symbolise la géographie. De fait, dès 1908, la préparation de la licence de géographie comporte le commentaire de cartes de ce type
pour apprendre à décrire la physionomie d’une contrée. Lorsque l’agrégation de
géographie est créée, en 1943, c’est l’exercice canonique – consistant à 1) dessiner
le profil d’un terrain sur la carte topographique, 2) comprendre la disposition
des terrains le long de la coupe à l’aide d’une carte géologique et de sa notice,
3) expliquer les formes du relief par les structures que révèle la coupe géologique,
4) en déduire les conséquences sur la vie humaine –, son épreuve reine, le chefd’œuvre magistral |fig. 3|. Voilà pourquoi le nombre des cartes topographiques
disponibles à l’Institut de géographie de Paris est passé de 12 000 à 44 000 entre
1912 et 1928, en grande partie grâce à Emmanuel de Martonne (il obtient aussi
en 1934 la création d’une école de cartographie à l’Institut de géographie).
On connaît les travaux qu’il faisait faire à ses étudiants sur ces cartes : des profils
longitudinaux et transversaux de vallées, le dessin en perspective des reliefs, des
représentations en courbes de niveau à partir de photographies, des dessins de
panoramas élaborés à partir de profils topographiques convergents et, nec plus
ultra du savoir-faire professionnel, l’élaboration de blocs-diagrammes⁶ |fig. 4|.
Le va-et-vient entre l’observation et le dessin des formes visibles sur place, entre
la lecture ou l’écriture du codage graphique des formes, constituait en quelque
sorte le thème et la version d’un apprentissage « classique » de la traduction des
signes en idées et réciproquement. C’est ainsi que les géographes apprenaient
à opérer le passage de l’expérience sensible à la connaissance intellectuelle par
l’abstraction graphique du visible. Par l’observation attentive des paysages, ils
recherchaient des structures cachées (géologiques et tectoniques), et par la cartographie ils reconstituaient les étapes de leur évolution. Telles étaient les questions
et les méthodes d’une géographie physique émergente, appelée à un brillant
avenir.
63
figure 3.
Un exercice canonique : la coupe topographique.
– Dessins réalisés par Albert Demangeon
pour le livret de l’excursion interuniversitaire
de 1908, conservés aux Archives départementales
du Nord (2T929) et reproduits dans
Condette Jean-François, « L’Excursion
interuniversitaire de juin 1908 », in Géographes
en pratiques (1870-1945), Presses universitaires
de Rennes, 2001.
figure 4.
Un bloc-diagramme dessiné par de Martonne.
– de Martonne Emmanuel, France physique,
in Vidal de La Blache Paul et Gallois Lucien,
Géographie universelle, tome VI : La France,
1 partie, Armand Colin, 1955 (3 éd.)
64
7
Dans sa thèse
secondaire consacrée
aux « Sources
de la géographie
de la France dans
les Archives nationales »
(1905) et dans son article
de 1907 « Les recherches
géographiques dans
les archives »,
Annales de géographie,
p. 193-203.
8
On pense à la conférence
de Paul Vidal
de La Blache (1904),
« Les pays de France »
reposant sur
une projection de
plaques
photographiques
dont une reconstitution,
commentée par Didier
Mendibil, peut être
consultée sur Cybergéo :
www.cybergeo.presse.fr.
On pense aussi
aux projections
photographiques
commentées
par J. Brunhes
au Collège de France
(cf., 1993, Autour
du monde :
Jean Brunhes. Regards
d’un géographe,
regards de la géographie,
Boulogne-Billancourt,
musée Albert-Kahn,
Agep-Vilo).
Du côté de la géographie humaine, le parcours pédestre et photographique du terrain était complété par l’analyse des cartes topographiques dont la diffusion de
nouveaux modèles au 1/50 000 (à partir de 1922) a accompagné le développement
de la nouvelle géographie – de la vie, du sol et des racines – inaugurée par Vidal
de La Blache. On observait sur la carte les « groupements humains » |fig. 5| : leur
dénomination, leur nombre, leur ampleur, leur forme, leur localisation et leur
espacement donnaient d’abord lieu à des descriptions méticuleuses et calibrées
par un enseignement universitaire sourcilleux sur les méthodes et pointilleux sur
le vocabulaire descriptif ; l’harmonisation des méthodes et du lexique de la géographie était un objectif prioritaire pour de Martonne (en particulier dans le
cadre des hautes responsabilités qu’il occupait au sein de l’Union géographique
internationale). Le terrain était ainsi préparé pour l’ouverture d’une enquête qui
cherchait ses explications, d’abord, dans l’effet combiné des eaux courantes, de la
nature des sols et des facteurs climatiques sur toutes les formes de la vie ; une
triade classique dont l’observation et la description systématique en tous lieux
et sur toutes les cartes constituaient le fondement d’une étude du milieu mixant
l’évaluation des facteurs naturels, la typologie des formes du terrain et des habitats humains à une compréhension partagée de l’esprit des lieux. Assez souvent
aussi, comme l’avait conseillé Demangeon⁷, elle savait aller chercher dans les
archives les explications d’ordre historique. Cette « description raisonnée », par le
terrain et par la carte, avait été élevée au rang d’un quasi-genre littéraire par les
premières formes de vulgarisation⁸ et, surtout, par les premières thèses des élèves
de Vidal de La Blache.
65
figure 5.
Les « groupements humains » observables
sur la carte topographique.
– Vidal de La Blache Paul, La France.
Tableau géographique, Hachette, 1908
66
—
des patries locales
aux monographies
régionales
— Entre, d’une part, le terrain des petites patries locales, arpenté la carte
d’état-major à la main par les topographes et, d’autre part, le monde qu’ont
exploré et cartographié la Société de géographie et la géographie coloniale, les
postvidaliens ont d’abord choisi d’étudier les régions de France. Cette position
intermédiaire allait à la rencontre du fort régionalisme attesté à la fois dans les
universités françaises et dans les milieux d’affaires au début du siècle et, en
quelque sorte, elle prolongeait aussi la mode des monographies locales suscitée
dans l’enseignement élémentaire dès avant la Première Guerre mondiale.
De fait, deux tiers de la centaine de thèses de doctorat soutenues en France
au cours de la première moitié du xx siècle concernaient directement l’une
ou l’autre des régions de la France et, parmi elles, les monographies exhaustives
suivaient ce modèle : délimitation de la région étudiée, analyse des conditions
physiques (structure, évolution morphologique, modelé, climat), histoire économique et sociale de la population, esquisse de l’économie contemporaine, étude
de l’habitat rural puis urbain et approche de la mobilité de la population. Il faut
signaler la prédominance des recherches sur la ruralité en soulignant l’importance du cadrage méthodologique donné par le modèle d’enquête rurale de Demangeon, mais aussi noter, dans les travaux du même auteur – après ceux de Raoul
Blanchard –, un intérêt pour les questions urbaines, réactivé au milieu des années
1930. La thèse, qui était plus souvent un constat qu’un diagnostic, représentait
toujours un énorme travail solitaire par lequel chaque chercheur apportait sa
contribution, enracinée dans la connaissance régionale, à l’édification collective
d’une géographie synthétique dont Vidal de La Blache avait programmé le vaste
chantier dans le cadre de la Géographie universelle.
—
les dispositifs
de la vulgarisation
scolaire
— Vidal de La Blache fut le premier géographe français à exercer dans ses commentaires de paysages cette « mise en commun » que constitue la reconnaissance
du terrain. À ce titre, il fut aussi un grand pédagogue et, suivant son exemple,
plusieurs universitaires (en particulier Brunhes, Blanchard et Demangeon⁹) ont
œuvré à la vulgarisation du savoir géographique, permettant de ce fait une intégration avancée des pratiques iconographiques de la géographie, de l’école
à l’Université. Leur moyen le plus sûr fut l’élaboration d’un arsenal didactique
comportant plusieurs collections de manuels scolaires et d’albums photographiques venant s’ajouter à l’atlas et aux célèbres cartes murales cartonnées de
la collection « Vidal-Lablache ».
Les enseignants utilisaient principalement des photographies prises sur
le terrain par des géographes ou par des compagnies aériennes spécialisées.
La méthode trouvait sa cohérence dans la conviction partagée de la vraisemblance
des images photographiques et, surtout, dans une assimilation de l’illustration
à l’observation qui faisait encore peu de cas des effets de sens liés aux représentations mentales et aux points de vue choisis des auteurs. Dans l’édition scolaire,
ce réalisme photographique permettait de refouler les emblèmes pittoresques de
l’imagerie régionaliste, au profit d’une observation dirigée des paysages.
Mais il y avait un risque de confusion des genres entre le scientifique et
le didactique. En tant que simulacre d’une recherche (sans problématique),
l’observation de chaque image devait, à partir de la vue d’un lieu, d’un objet particulier, retrouver l’expression générale d’un fait géographique « reconnaissable ».
Chaque lieu observé pouvait donc être – à la fois et tour à tour – considéré
comme local et général, aussi particulier qu’exemplaire, comme source et comme
mémoire du savoir. De plus, la multiplication des images (photographies, croquis,
dessins, coupes, etc.) a engendré une nouvelle forme d’observation consistant
à comparer des séries d’images. En s’éloignant ainsi du symbolisme des images
uniques, elle a débouché sur une pratique généralisée de la combinatoire
et des typologies visuelles : cette contextualisation de la lecture des images
67
9
Voir l’investissement
précoce de Demangeon
dans la revue
pédagogique Le Volume
et ses liens avec les
réseaux d’instituteurs.
Cf. D. Wolff, 1998,
« Une rupture non
consommée »,
EspacesTemps, 66/67,
p. 80-92, et 2005,
Albert Demangeon
(1872-1940). De l’école
communale à la chaire
en Sorbonne, l’itinéraire
d’un géographe moderne,
thése de doctorat,
université de Paris I.
68
10
Selon l’expression
utilisée dans
leurs correspondances
par L. Gallois,
A. Demangeon et J. Sion.
Cf. D. Wolff, 2005,
op. cit.
géographiques se remarque dans les ouvrages des premiers étudiants de Vidal
de La Blache, à commencer par les dispositifs d’images « exemplaires » publiés par
le « patron »¹⁰ lui-même |fig. 6| dans La France. Tableau géographique, en 1908.
Néanmoins, avec la promotion pédagogique de la photographie de terrain,
on privilégiait un point de vue sur le paysage visant à expliquer sa physionomie
par la description des effets visibles de l’action locale des fluides ou des hommes,
à grande échelle, alors que la carte ou le bloc-diagramme répondaient à un modèle mécaniste plus abstrait, mettant en mouvement des masses minérales, à petite
échelle et sur la longue durée. Faire le choix pédagogique de l’échelle du visible
photographique, c’était donc prendre le risque d’une explication déterministe
localisée, mais avec la « reconnaissance » des élèves...
69
figure 6.
Un dispositif d’images exemplaire.
– Vidal de La Blache Paul, La France.
Tableau géographique, Hachette, 1908
70
l’organisation
de l’espace
(1945-1975)
De nouvelles images économiques du monde
71
Des statistiques aux cartes thématiques
72
Volontarisme et aménagement régional
74
Dissociations pédagogiques
76
La guerre de 1939-1945 n’a pas vraiment
remis en cause cette géographie qui
était demeurée au contact de la Terre
et des hommes. Mais la reconstruction
planifiée de l’économie du pays et
l’explosion de sa démographie vont vite
changer la demande sociale. Alors que
la géographie physique améliorait
ses méthodes et que la géographie humaine
s’intéressait aux problèmes urbains
et économiques pour promouvoir
une efficacité pratique au service
de l’aménagement régional, un nombre
de plus en plus élevé de géographes
s’engageait dans l’enseignement.
—
de nouvelles images
économiques
du monde
— La mesure du changement et de la modernisation était donnée par l’offre
documentaire d’État, qu’assuraient les ministères et des organismes tels que
l’Insee, l’Ined ou la Documentation française. Le retour régulier des recensements
de la population permettait à la géographie humaine d’expliquer la croissance
démographique en temps réel ou presque, de mieux percevoir l’expansion des
villes et même d’anticiper certaines évolutions par l’extrapolation des taux de
croissance ou le commentaire des pyramides des âges. L’abondance des données
et le rythme rapide de leur changement imposaient un gros travail d’actualisation
qui mobilisait les énergies, quand les machines à calculer étaient encore rares.
C’est à cette époque, et à l’aide de données chiffrées recueillies à de multiples
sources, que Jules Blache engagea les géographes français dans la publication
d’une volumineuse collection de géographie thématique des ressources naturelles
du monde. Du côté de la géographie physique, on n’était pas en reste, car les
études du terrain furent soumises à la dictature de la mesure, que Jean Tricart
et Pierre Birot appliquaient par exemple à la granulométrie des alluvions ou à la
pente des versants. De même, la géographie rurale, en utilisant des photographies
aériennes verticales (Pierre Deffontaines, Mariel Jean-Brunhes Delamarre¹¹, Pierre
Brunet) et l’analyse formelle du parcellaire (André Meynier, Pierre Flatrès), fit-elle
progresser la connaissance des structures agraires au moment crucial du remembrement agricole et dans les cadres tropicaux des « études de terroirs ». Mais,
en focalisant l’attention des géographes sur l’expansion quantitative des villes
et sur les facteurs économiques du changement social, ces données disponibles
rendaient les enquêtes de terrain moins nécessaires. D’ailleurs, la diminution de
l’étude des paysages naturels et ruraux dans les publications universitaires de la
géographie française à partir des années 1960 en était le signe.
71
11
Cf. P. Deffontaines,
M. Jean-Brunhes
Delamarre, 1959-1964,
Atlas aérien,
Paris, Gallimard (5 vol.).
72
12
J. Bertin, 1967,
Sémiologie graphique.
Diagrammes, réseaux,
cartographie,
Paris, Gauthier-Villars,
Mouton.
—
des statistiques
aux cartes
thématiques
— Très vite, les statistiques ont été transformées en cartes thématiques afin de
rendre compte des évolutions économiques en cours. Pour « garder le rythme » et
« coller aux événements », il était nécessaire de multiplier les cartes de statistiques
publiées à des époques différentes, de les comparer à intervalles réguliers et de
visualiser les rythmes différenciés, absolus ou relatifs, de la croissance |fig. 7|. On
ne prenait pas trop le temps de la critique et de la confrontation des sources, tant
le caractère officiel, massif et exclusif, de ces données les rendait irremplaçables :
Dans Le métier de géographe (1990), Pierre George, après les avoir beaucoup utilisées, a critiqué ces statistiques gouvernementales par l’usage desquelles « la géographie se fait l’écho, sinon l’instrument, d’une politique en croyant échapper au
risque d’en faire ».
De son côté, Jacques Bertin proposa une sémiologie graphique¹² visant à
harmoniser les techniques de discrétisation et de visualisation (en noir et blanc)
|fig. 8| des données cartographiées, pour qu’elles n’altèrent pas la pertinence du
raisonnement lorsqu’il doit être confronté à la comparaison de nombreuses cartes
analytiques. Cela n’empêcha pas, au contraire, la multiplication de cartes synthétiques très colorées dans les atlas régionaux.
Toutefois, il découlait directement de l’origine administrative des données
statistiques que l’usage majoritaire d’un maillage départemental privilégiait l’interprétation des faits géographiques à l’échelle nationale. Menée à cette échelle,
l’analyse comparative des rythmes de croissance ou des données quantitatives
débouchait sur des typologies plus ou moins centrées sur les moyennes statistiques et conduisait l’interprétation au constat systématique des disparités spatiales et de la croissance inégale. Il était donc nécessaire de garder à l’esprit que
toutes les échelles ont une pertinence dans l’analyse des faits géographiques,
comme les années 1960-1970 allaient bien le montrer.
73
figure 7.
La cartographie des données statistiques.
– George Pierre, La France, Presses universitaires
de France, coll. « Le Géographe », 1968
figure 8.
Visualisation des données statistiques.
– Bertin Jacques, Sémiologie graphique,
Mouton / Gauthier-Villars, 1967
74
—
volontarisme
et aménagement
régional
— Le sens de la différenciation et le goût des géographes pour les typologies
ont été mis à contribution, une fois la France reconstruite et l’Union française
décolonisée, quand la V République s’est préoccupée d’une gestion plus efficace
et plus équilibrée des ressources hexagonales. Elle mobilisa des géographes pour
préparer et accompagner la nouvelle organisation de l’espace français. Que ce soit
par des enquêtes menées sur des terrains de plus en plus souvent urbains, mais
surtout par la collecte, la cartographie et l’analyse des données statistiques, ou
bien que ce soit dans la coordination d’équipes pluridisciplinaires, les géographes
se sont rendus utiles à une société qu’ils contribuaient à la fois à analyser, à informer et à convaincre de son changement. À l’échelle régionale, la coordination
universitaire des groupes d’études, celle conduite par Jacqueline Beaujeu-Garnier
notamment, s’est illustrée dans l’élaboration des grands atlas régionaux sur lesquels les aménageurs ont appuyé et légitimé leurs principales mesures d’équipement ou d’incitation. Dans ce cadre, il faut souligner l’importance stratégique des
travaux théoriques de Jean Labasse et d’Étienne Juillard sur le fonctionnement
des régions françaises.
Toute une génération de géographes des années 1960-1970 se souvient
d’avoir travaillé sur de nombreuses séries statistiques conduisant à des typologies
qui faisaient la part belle aux catégories d’activités économiques et aux catégories
socioprofessionnelles définies par l’Insee. Elles aboutissaient à des découpages
sub-régionaux dont la cartographie devait alimenter la réflexion sur les moyens
institutionnels de corriger les disparités spatiales constatées (généralement en
termes de densités et de spécialisations économiques), tout en soutenant activement l’économie par la stimulation du dynamisme des armatures urbaines |fig. 9|
et d’audacieuses hypothèses d’équipements structurants. Le rêve de géographe
consistant à devenir un expert éclairé de l’harmonie spatiale semblait y trouver
un commencement de réalisation.
75
figure 9.
Réseau urbain et régions de France.
– Juillard Étienne, Essai de hiérarchisation
des centres urbains français actuels,
rapport au ministère de la Construction, 1961,
reproduit dans Juillard Étienne, La Région,
Ophrys, 1974
76
—
dissociations
pédagogiques
— Pendant ce temps, la plupart des géographes de formation s’activaient dans
les collèges et les lycées de la République à enseigner encore beaucoup de géographie physique, à travers le dessin des formes du relief ou la construction des
graphiques ombro-thermiques étalonnés sur l’indice d’aridité de de Martonne.
Les lycéens de cette époque se souviennent aussi des listes de statistiques démographiques et économiques qu’ils ont dû mémoriser et des pyramides des âges
qu’ils ont dû tracer et commenter. Quand le professeur était un géographe de
formation, cela se reconnaissait à une plus grande fréquence des cours consacrés
à l’élaboration de croquis de synthèse sur les régions françaises.
On notera, dans l’évocation de ces exercices devenus canoniques pour la
géographie scolaire, un point de méthode significatif des évolutions en cours à
cette époque. Les manuels scolaires de géographie comportaient, dans les années
1960, de nombreuses photographies de paysages en couleurs qui voisinaient, dans
la mise en page, avec des statistiques économiques généralement nationales et des
cartes thématiques ou synthétiques souvent régionales. Il y avait donc une dissociation des formes de représentation graphique de l’espace puisque celui-ci était
décrit à trois échelles différentes, par des supports de nature variable ; ce que
n’avait pas connu la période antérieure – car alors la géographie physique et la
géographie humaine pouvaient être étudiées sur les paysages et sur les cartes
topographiques des mêmes lieux qu’il fallait confronter. Cette fois, chaque représentation mettait en œuvre des formes, une échelle et des interrogations – et donc
des logiques explicatives – différentes. Pour de jeunes esprits, comme pour de
jeunes géographes, ces dispositifs pédagogiques « dispersés » n’éclairaient pas les
causalités géographiques, et l’on peut même se demander s’ils n’entretenaient pas
un flou – dira-t-on professionnel ? – sur la nature politique et sociale des causes
premières. C’était sans doute, par la diversification des sources, des points de vue
et des représentations, un moyen de se garder des idéologies dominantes – le libéralisme et le communisme –, que l’époque remettait en cause ; mais l’esprit unitaire de la géographie tendait à s’y perdre malgré de nombreux rappels à l’ordre de
la part des plus hautes autorités universitaires de la discipline.
la
territorialisation
des pratiques
spatiales
(1975-2005)
77
Un regard totalisé
78
Le traitement des données
81
La dispersion des pratiques
85
En quête de déontologie professionnelle
87
Confrontés aux problèmes liés
à la mondialisation mais disposant
de nouveaux outils d’analyse de l’espace,
les géographes ont réorienté leurs
recherches et inventé les gestes de nouvelles
pratiques professionnelles diversifiées.
78
13
La France
a été le premier pays
à s’engager dans
la commercialisation
des images satellitaires
après avoir demandé
à l’ONU et obtenu
le principe de leur libre
diffusion (résolution
4165 du 3 décembre
1986).
—
un regard totalisé
— À partir des années 1970, le développement de l’imagerie satellitaire a créé
les conditions d’une nouvelle saisie globale de la Terre. Plusieurs années après
le satellite Landsat (1972), le lancement du satellite Spot (1986) et son succès
commercial¹³ ont ouvert la voie aux multiples utilisations de la télédétection
en France |fig. 10|. Nombre de géographes s’engagèrent dans l’apprentissage de
cette nouvelle technologie d’information. Ce fut d’abord pour constituer une
couverture cartographique là où elle n’existait pas encore qu’elle a été utilisée.
Les géographes de l’Orstom (Office de la recherche scientifique et technique
outre-mer) notamment, ont été parmi les premiers utilisateurs des « spatiocartes »
nées de ce besoin. La prospection pétrolière ou l’observation de la déforestation
en Amazonie, entre autres, ont été facilitées par l’interprétation des scènes Spot.
Puis des utilisations plus géographiques ont été développées telles que, par
exemple au cours des années 1990, l’inventaire précis des surfaces agricoles utilisées en Égypte, le contrôle régulier des surfaces en jachère de l’Union européenne
et une étude prospective sur les transports routiers en Aquitaine.
Dans beaucoup d’universités, les géographes (souvent « physiciens » à l’origine) ont saisi la chance de ces besoins nouveaux pour monter des recherches
s’appuyant sur des formations spécialisées (les diplômes d’études supérieures spécialisées, ou Dess) de géographes-techniciens – soit de l’imagerie littorale (l’Imar
[Image, Mer, Aménagement régional] à Nantes), soit de la climatologie (l’Epsat
[Estimation des pluies par satellite] à Lannion), ou encore des formations végétales en milieux arides (Prodig [Pôle de recherche pour l’organisation et la diffusion de l’information géographique] à Paris) pour n’en citer que quelques-unes.
Leurs points communs sont l’importance accordée à la maîtrise de l’instrumentation satellitaire et informatique, l’intérêt pour la discrimination visuelle et pour
le paramétrage des données, des pratiques contractuelles finalisées par l’élaboration de logiciels adaptés à des demandes très spécialisées. Seraient-ils devenus des
géographes au même titre que les radiologues sont médecins ? Leur vision dominante, si large soit-elle, n’est-elle pas aveuglée par un éloignement qui masque
79
figure 10.
L’utilisation de la télédétection : image Spot
de Mexico en 1989.
– Brunet Roger (dir.), Géographie universelle,
tome : « Amérique latine », Belin / Reclus, 1991
80
bien des aspects de la vie humaine ? À ceux qui seraient dans ce doute légitime,
certains géographes décrivent déjà les applications prévisibles de la technologie
Gps (Global Positioning Système), par exemple pour l’analyse de flux de circulation actuellement imperceptibles, tandis que d’autres opposent le perfectionnement formidable d’une cartographie disposant de capacités de mémoire et de traitement constamment multipliées (on pense aux images en trois dimensions pour
la simulation effective de la vision du terrain).
À partir de 1982, le Gip Reclus a construit un système « cartomatique »
« à la française », dirons-nous, puisqu’il a associé un grand nombre de géographes
et d’autres scientifiques français autour de trois projets aussi mobilisateurs que
la Géographie universelle, L’Atlas de France et L’Observatoire de la dynamique des
localisations, qui impliquaient l’informatisation des techniques cartographiques.
De fait, ces années 1980 ont été le grand moment d’éclosion des systèmes d’information géographique ou « Sig » : des logiciels conçus pour visualiser, décrire, classer, croiser, expliquer et traiter de grandes quantités de données géoréférencées
et actualisées. L’un des premiers mis en chantier fut l’inventaire d’occupation des
sols d’Europe, Corine Land Cover, mais très vite, dans tous les domaines, en particulier celui de la gestion des collectivités territoriales, des informaticiens, pas
toujours géographes, ont été appelés à développer des Sig spécialisés locaux :
citons entre autres celui de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région
Île-de-France (Iaurif) sur l’occupation du sol en Île-de-France, celui des Hautsde-Seine, géoréférencé sur le cadastre, celui du Morbihan, celui de Yaoundé,
l’Atlas infographié de Quito, les Sig de Rouen, du Havre, d’Issy-les-Moulineaux,
etc. D’où, très vite aussi, une inquiétude légitime devant l’ordre dispersé de ces
pratiques et l’appel à une réflexion théorique sur ces méthodes de travail aussi
séduisantes que mobilisatrices : le réseau de recherche Sigma-Cassini, fondé par
Jean-Paul Cheylan, s’est engagé dans cette réflexion dès 1988.
—
le traitement
des données
— En deux décennies, après 1980, beaucoup de géographes sont devenus
des techniciens spécialistes de la collecte, de l’archivage et de la visualisation
de données spatio-temporelles complexes dédiées à des usages sociaux extrêmement différenciés. La dématérialisation informatisée des terrains de référence et le
retour corrélatif des géographes à un travail de laboratoire posent la question
épistémologique des réalités sur lesquelles ils travaillent, à travers les représentations qu’ils en produisent. On s’est particulièrement interrogé, en France, sur
les formes de représentation numérique et graphique de l’espace géographique,
considéré comme un objet spatio-temporel.
Analyse spatiale et modélisation
La recherche des lois et des structures de l’espace géographique a incité certains géographes à adapter à leur discipline des méthodologies directement inspirées des mathématiques, de la physique ou de l’écologie. C’est pourquoi, dans
plusieurs universités, la géographie a bénéficié du développement de cursus de
mathématiques appliquées aux sciences sociales. Le laboratoire de recherche Paris
(animé notamment par Denise Pumain, Thérèse Saint-Julien, Lena Sanders) s’est
ainsi consacré à la mise à l’épreuve de la théorie des systèmes et à la réflexion sur
les modèles dynamiques pour se donner les moyens d’une simulation prospective
des évolutions spatiales. L’actualité du questionnement géographique le conduit
à s’intéresser aujourd’hui tant à la modélisation des limites urbaines qu’à l’intégration des niveaux d’échelle dans la modélisation spatiale. Notons que plusieurs
de ces recherches, en particulier celles dédiées aux simulations dynamiques, ont
alimenté la réflexion sur la visualisation des données numériques : le projet de
choroscope de Philippe Waniez, les cartes de potentiel urbain de l’équipe Paris,
les anamorphoses de Colette Cauvin, la variographie infographique de Christine
Voiron-Canicio et André Dauphiné¹⁴, par exemple.
Moins mathématicienne dans ses outils et plus intuitive dans ses méthodes,
la chorématique, développée par Roger Brunet¹⁵ à partir de 1980, s’est fortement
81
14
C. Cauvin, 1994,
« Du dessin
à l´anamorphose, ou,
de la carte à main levée
à des représentations
cognitives
comparables »,
in Dessine-moi
une carte. Quelques
explorations
cartographiques pour
Sylvie Rimbert,
Strasbourg,
Presses universitaires
de Strasbourg,
p. 48-49, et C. Cauvin,
1997, « Au sujet des
transformations
cartographiques
de position »,
Cybergéo :
www.cybergeo.presse.fr,
14-01-1997, 15 ;
C. Voiron-Canicio, 1995,
Analyse spatiale
et analyse d’images
par la morphologie
mathématique,
Montpellier, Reclus.
15
R. Brunet, 1980,
« La composition
des modèles
dans l’analyse spatiale »,
L’Espace géographique,
4, p. 253-265.
82
16
Cf. C. Grataloup,
1996, Lieux d’histoire.
Essai de géohistoire
systémique, Montpellier,
Reclus.
inspirée du structuralisme dans sa recherche de figuration des principes de l’organisation de l’espace |fig. 11|. Promue au rang de méthode nationale grâce au
succès des publications du Gip Reclus, elle a séduit ceux qui pensent la géographie dans l’espace-temps¹⁶ et ceux qui apprécient les vertus pédagogiques des
chorèmes. Elle a fait évoluer les cartes de géographie en contribuant à les affranchir des codes sémiologiques (tels que celui de Bertin), des codes géométriques
(ceux des cartes topographiques) et des usages positivistes (les apparences de
l’objectivité) pour les adapter à la communication des idées et des convictions :
l’effet persuasif des modèles chorématiques tient au fait que, tout en exprimant
avec rigueur les lois de l’espace, ils sont la formulation graphique d’hypothèses
que l’on souhaite faire partager.
83
figure 11.
De la cartographie à la chorématique.
– Brunet Roger, Champs et contre-champs, raisons
de géographe, Belin, coll. « Mappemonde », 1997
84
17
Cf. le volume
d’EspacesTemps, 1996,
Penser/Figurer,
(62-63) ; B. Debarbieux,
M. Vanier (dir.), 2002,
Ces territorialités
qui se dessinent, Paris,
Éditions de l’Aube,
Datar ; B. Debarbieux,
S. Lardon, (dir.), 2005,
Les Figures du projet
territorial, Paris,
Éditions de l’Aube,
Datar.
Les méthodes des sciences sociales
Bien d’autres données sont aujourd’hui collectées ou construites par les
géographes. Après avoir surtout fréquenté l’économie et l’histoire avant 1970, ils
ont travaillé en relation avec les sociologues et les psychologues pour aborder les
représentations mentales ou les aspects esthétiques des pratiques contemporaines
de l’espace, et avec les philosophes des sciences pour démêler les problèmes épistémologiques posés par la réorientation de leur posture scientifique.
On pourrait même penser que c’est sur ses marges que la discipline cherche
aujourd’hui les idées et les énergies nouvelles. Il s’ensuit une diversification
croissante des méthodes de travail qui incorporent de plus en plus l’approche littéraire, linguistique et sémiologique des discours, sans pour autant renoncer aux
outils statistiques et aux moyens informatiques, graphiques et iconographiques.
Les formes les plus réflexives de cette géographie sont davantage dépendantes des
seuls financements de la recherche institutionnelle que la géographie des Sig
et des modèles.
Néanmoins la réactivation de problématiques comme les politiques
urbaines, la valorisation des paysages et de l’environnement, les nouveaux territoires en Europe ou la relocalisation industrielle, offre à une géographie « sociale »
ou « humaniste » de nombreux sujets d’étude. Le rôle joué par la carte et par
l’iconographie, en général, dans les négociations territoriales conduit les géographes à une réflexion plus poussée sur ce moment de la communication et de la
persuasion |fig. 12| qui accompagne la production de l’imagerie géographique¹⁷.
85
figure 12.
Un scénario cartographique expressif
pour produire un espace consensuel.
– Collectif, Aménager la France de 2020 :
mettre les territoires en mouvement,
La Documentation française / Datar, 2000
86
—
la dispersion
des pratiques
— Les géographes contemporains sont confrontés au paradoxe de la multiplication des signes de leur utilité sociale dans un contexte qui semble remettre en
cause leur pertinence théorique et les placer en concurrence directe avec des disciplines plus opérationnelles : écologie, urbanisme, droit, économie. Le sentiment
d’éparpillement tient en partie à la territorialisation croissante de la gestion de
l’espace, notamment en France – où l’aménagement régional et la décentralisation
ont été poursuivis grâce à un vaste transfert des compétences de l’État aux différents niveaux où se positionnent les collectivités territoriales traditionnelles ou
en cours de constitution –, mais aussi dans le cadre de l’Union européenne.
C’est que les géographes s’intéressent désormais à toutes les échelles spatiales de la vie sociale. La géographie « humaniste » a suscité leur intérêt pour les
micro-espaces – perçus, vécus, représentés, imaginés – de la vie quotidienne, et
l’étude des représentations mentales les a fait se rapprocher des sociologues et des
urbanistes. Dans ce domaine de la gestion sociale, administrative ou commerciale
des micro-espaces urbains, la technologie des Sig requerra sans doute leur collaboration dans les années à venir. Mais les « nouveaux pays » ruraux ne seront pas
en reste s’ils recherchent les moyens techniques et les argumentaires requis par
les nouvelles politiques d’aménagement, qui laissent une place plus grande aux
initiatives locales. Il est donc probable que des géographes seront mobilisés pour
appuyer et servir ces nouveaux pouvoirs locaux.
À l’opposé, le regard des géographes doit aussi se positionner là d’où s’observe le mieux la vie physique de la planète : dans l’espace circumterrestre.
Contrairement à l’ancienne géographie physique, qui travaillait dans le temps
long de la géologie et des cycles d’érosion, la nouvelle approche des scènes satellitaires est confrontée à de rapides changements (climatiques, tectoniques), qu’il
faut comprendre, voire anticiper, pour prévenir les risques dans le cadre général
de la préservation de l’environnement.
C’est au niveau intermédiaire et sur les questions strictement spatiales
que les géographes sont sollicités en tant que tels, quand il faut déterminer
87
des découpages régionaux et préciser les dynamiques à l’œuvre dans l’organisation ou la recomposition des territoires aux échelles infra- et transnationales.
Un ensemble de travaux consacrés à l’analyse des formes contemporaines de
structuration de l’espace, générées par la mondialisation du mode de vie (espaces
réticulés, systèmes de villes, réseaux interactifs, territoires), utilise la théorie des
systèmes et les modèles dynamiques pour travailler ces questions de prospective.
Les recherches articulant l’espace et le temps occupent une place priviligiée dans
les préoccupations d’un monde d’acteurs soucieux d’optimiser leurs investissements dans de nouvelles stratégies de localisation, car, face aux incertitudes
qu’ils rencontrent, les arguments géographiques et les dynamiques spatiales sont
des points d’appui appréciables pour les prises de décision.
Mais il y a aussi le vaste domaine des sciences sociales, où la géographie a
cherché à prendre place depuis 1970 par l’étude réactualisée d’objets tels que le
paysage, le territoire, les lieux symboliques, les représentations, la géopolitique,
la culture, etc. Ces études, fondées sur la lecture de travaux théoriques extradisciplinaires – et bien souvent philosophiques – puis sur la relecture comparatiste
de travaux géographiques spécialisés de différentes époques ou de différentes origines culturelles, rattachent les géographes qui s’y engagent à une tradition intellectuelle qui conduit, plus souvent qu’autrefois, à placer certains d’entre eux
assez près des premiers plans de la scène médiatique quand l’actualité le permet.
88
18
P. Clerc, 2002,
La Culture scolaire
en géographie.
Le monde dans la classe,
Rennes, Presses
universitaires de Rennes,
et M. Roumegous,
2002, Didactique
de la géographie. Enjeux,
résistances, innovations,
Rennes, Presses
universitaires de Rennes.
—
en quête
de déontologie
professionnelle
— La multiplication des pratiques d’analyse territoriale et la diversification
corrélative des niches professionnelles ne doivent pas masquer que la plupart des
gestes professionnels de la géographie s’accomplissent encore au service de l’Éducation nationale. Mais il faut souligner la proportion désormais très minoritaire
des géographes de formation que l’on y trouve, puisque au cours des années 1990
leur proportion est tombée de 20 % à 10 % des lauréats annuels du Capes d’histoire-géographie. Ce déséquilibre a conduit notamment à marginaliser les pratiques cartographiques, les raisonnements spatialistes ou l’approche biogéographique des milieux dans les établissements scolaires. Cette évolution, renforcée
par les préoccupations sociales et la percée des sciences humaines, a laissé place
à une géographie scolaire plus soucieuse d’alimenter la réflexion historique et
civique sur le respect des équilibres écologiques, socio-économiques et politiques
du monde. Cela se traduit dans la pratique pédagogique usuelle par le recul sensible des images satellitaires et des modèles chorématiques au profit de schémas
et d’organigrammes censés clarifier une réalité complexe. On note aussi, à l’inverse, un retour prudent à l’analyse classique des textes, des paysages typés et des
cartes politiques. D’où le sentiment, aujourd’hui répandu au vu de travaux tels
que ceux de Pascal Clerc, de Micheline Roumegous ou de Jean-Pierre Chevalier
sur la « culture » géographique¹⁸, d’une dissociation croissante entre les différents
niveaux de production du savoir géographique et les divers domaines de la société où ils s’exercent.
Dans la diversité des objectifs
et des méthodes que décrit cet inventaire
rapide des travaux géographiques
d’hier et d’aujourd’hui, quels sont
les faits et gestes communs ?
Assurément l’usage permanent
des cartes, quelle qu’en soit la nature,
et la conviction qu’elles sont des
représentations distinctes d’une réalité
à voir aussi sur place ; sans doute,
une connexion de l’espace et du temps
qui, au-delà du lien organique entre
l’histoire et la géographie, contribue
à ancrer durablement celle-ci
dans la mission d’un service public
d’éducation ; probablement un mode
d’explication des faits géographiques qui
accorde une importance parfois
excessive aux corrélations spatiales
complexes ou à des multicausalités
circulaires ; peut-être aussi la recherche
de l’intérêt commun et de la conciliation
visant une harmonie sociale respectueuse
des grands équilibres de la nature
et de l’humanité.
LA
GÉOGR
COM
SC
cède
Quand « faire école »
le pas au pluralisme
APHIE
ME
IENCE
Olivier Orain
L’objectif de ce chapitre est de prendre
au sérieux l’idée de la géographie
comme science. Mais sa visée est moins
de justifier l’unité ou l’existence
de la discipline universitaire
que d’exposer les diverses formes
de rationalisation qui ont accompagné
les développements de celle-ci
depuis qu’elle a droit de cité
dans le champ académique, soit en gros
depuis la fin du XIX siècle. Plus
précisément, il s’agit de confronter
discours identitaires et pratiques
savantes, non pas tant pour
les confirmer ou les confondre que
pour rendre intelligibles dans
leur diversité les efforts cognitifs,
parfois convergents, parfois divergents,
d’une communauté savante.
les joies
d’une école
Quel contenu pour le paradigme « classique » ?
94
Le « noyau dur » du paradigme et les structures de sa reproduction
98
Durant sept à huit décennies, la géographie
universitaire française s’est confondue
avec ce que l’on appelle communément
l’« école française de géographie »,
encore qualifiée de « classique »
ou de « vidalienne », par référence
à son fondateur supposé, Paul Vidal de
La Blache. Confusément, les valeurs,
méthodes, tentatives de définition, etc.,
qui ont été développées par les représentants
de ladite école continuent largement
à nourrir les représentations non savantes
de la discipline, alors même que
le paradigme classique¹ – qu’il est
important de situer – a depuis une trentaine
d’années perdu sa position hégémonique
dans l’Université française. Pour autant,
on ne saurait décemment affirmer
qu’il a fait naufrage : infléchi, transformé,
corrigé, il se perpétue dans la géographie
contemporaine à travers des courants
qui s’en revendiquent plus ou moins
nettement.
1
Les références
aux conceptions
de Thomas S. Kuhn
(cf., 1983,
La Structure des
révolutions scientifiques,
Paris, Flammarion,
éd. origin., 1962)
serviront de repère
à cette présentation.
Les notions
de « paradigme »,
de « science normale »,
d’« anomalie »,
de « science
extraordinaire »
et de « révolution
scientifique »
en constituent le cœur
– un paradigme,
ou plutôt une « matrice
disciplinaire »,
regroupant l’ensemble
des valeurs
et des conceptions
partagées par
une communauté
scientifique.
94
2
De M.-C. Robic,
voir notamment, 1991,
« La stratégie
épistémologique
du mixte.
Le dossier vidalien »,
EspacesTemps, 47-48,
p. 53-66 ; 1992,
Du milieu
à l’environnement.
Pratiques et
représentations
du rapport
homme/nature
depuis la Renaissance,
Paris, Economica,
spéc. livre II,
p. 125-246 ;
1993, « L’invention
de la “géographie
humaine” au tournant
des années 1900 :
les Vidaliens et
l’écologie », in P. Claval
(dir.), Autour de Vidal
de La Blache.
La formation de l’école
française de géographie,
Paris, Cnrs éditions,
p. 137-147.
3
Cf. V. Berdoulay, 1995,
La Formation de l’école
française de géographie
(1870-1914), Paris,
Bibliothèque nationale,
Éditions du Cths ;
rééd. 1981,
coll. « Cths format ».
—
quel contenu
pour le paradigme
« classique » ?
— Depuis les travaux de Marie-Claire Robic², Vincent Berdoulay³ et Catherine
Rhein⁴, la relation étroite entre les raisons d’institutionnaliser une géographie
universitaire à la fin du xix siècle et les caractéristiques du « programme de
recherche »⁵ (ou horizon cognitif) de la géographie classique est un sujet connu et
abondamment parcouru. Parmi tous les projets possibles qui s’offraient dans les
années 1870-1900, celui porté par Paul Vidal de La Blache et ses premiers lieutenants (tel Lucien Gallois) s’est imposé. Cette victoire a signifié l’exclusion aussi
bien d’un paradigme de géographie physique débarrassé de la question de l’humanisation (choix qui a triomphé en Russie/Urss dans les années 1914-1924⁶) que
d’un paradigme anthropocentré, mettant l’accent sur ce que l’on appellerait
aujourd’hui « aménagement » ou « développement »⁷.
Au lieu de quoi s’est donc imposé le projet d’une géographie humaine
s’attachant à démêler l’influence du milieu naturel sur les « groupements
humains ». Elle a porté conjointement une grande attention au rôle d’agent
modificateur de ces derniers, susceptibles d’« ouvrir la porte à de nouvelles combinaisons de la nature vivante »⁸. On résume et banalise fréquemment ce programme de recherches en évoquant l’idée d’une étude des relations homme/nature. Cela demeure, dans l’esprit du plus grand nombre, la définition possible de
l’identité scientifique de la géographie, à tel point que le mot est souvent utilisé
comme le synonyme des « conditions naturelles » auxquelles une société ou un
groupe restreint sont « confrontés ». Il n’y a pas lieu d’épiloguer sur la vulgarisation qui s’est ainsi opérée. En revanche, il importe d’enrichir la description du
projet classique.
Pour Paul Vidal de La Blache et ses disciples, sur le modèle des autres géographies européennes de l’époque (à commencer par l’allemande), la légitimité
proprement scientifique du géographe procède effectivement de ses compétences
naturalistes. À ce titre, un détour par une solide formation en géographie physique a paru absolument incontournable dès la fin du xix siècle. Mais, à quelques
exceptions près (Emmanuel de Martonne, Henri Baulig), cette dernière est
95
davantage conçue comme propédeutique à l’exercice de la géographie humaine
que comme le cœur de la discipline. En outre, dans les propositions théoriques de
Paul Vidal de La Blache et de son héritier le plus scrupuleux, Maximilien Sorre,
une écologie humaine privilégie les relations de l’homme avec le reste du vivant,
espèces végétales et animales, plutôt que le climat, le relief et la nature des sols.
Or ce sont ces paramètres-là que la géographie des années 1910-1960 allait privilégier. De surcroît, le fondateur de l’école française a développé des perspectives
d’explication hors du seul référent naturaliste : il était extrêmement sensible à la
position relative des villes et des régions, à la « vie de relation » et aux fonctions
de carrefour des entités géographiques. À cette enseigne, on pourrait affirmer que
ce qui a été mis en œuvre par les élèves de Paul Vidal de La Blache s’appuie sur
les propositions de ce dernier, formulées dans une vingtaine d’articles théoriques,
un livre posthume (Principes de géographie humaine) et quelques textes canoniques pour la géographie régionale (le Tableau de la géographie de la France
au premier chef), mais opère une simplification et une systématisation des perspectives ébauchées par le maître désigné. Si on peut parler d’un paradigme pour
la géographie classique, il serait ainsi plus cohérent de le qualifier de « postvidalien », car il n’a véritablement pris forme comme « matrice disciplinaire » qu’à partir du moment où les pistes explicatives multiples ébauchées par Paul Vidal de
La Blache ont été élaguées, codifiées et érigées en doxa. Les artisans qui ont le
plus œuvré pour transformer la « science extraordinaire » en « science normale »
sont vraisemblablement Lucien Gallois et Emmanuel de Martonne, même si
d’autres élèves, par l’exemple que fournissait leur production, ont pu également
contribuer à la standardisation du paradigme (on évoquera ici Albert Demangeon, Raoul Blanchard et Jules Sion).
Le paradigme classique comprend non pas un mais deux programmes de
recherche, qui entretiennent une relation à la fois évidente et problématique.
Parallèlement à la recherche des relations homme-nature, il s’agit de mettre au
jour la « personnalité » (c’est-à-dire l’identité, la singularité) de chaque milieu,
4
Cf. C. Rhein, 1982,
« La géographie,
discipline scolaire et/ou
science sociale ?
1860-1920 »,
Revue française
de sociologie, XXIII,
p. 223-251.
5
Expression empruntée
ici à l’épistémologue
Imre Lakatos.
6
Cf. O. Orain, 1996,
« La géographie russe
(1845-1917) à l’ombre
et à la lumière
de l’historiographie
soviétique »,
L’Espace géographique,
3, p. 217-232.
7
Et dont était porteur
quelqu’un comme
Marcel Dubois,
un temps rival de Vidal
de La Blache.
8
P. Vidal de La Blache,
1903, « La géographie
humaine : ses rapports
avec la géographie
de la vie », Revue
de synthèse historique,
p. 219-240.
96
région, pays, paysage, etc., en considérant en première intention que cette identité géographique procède d’une combinaison particulière de « facteurs » naturels
et humains. À l’origine, cet intérêt idiographique appuyé sur des monographies a
pu sembler s’inscrire dans un projet inductiviste qui établirait les principes de la
géographie humaine sur la base de comparaisons entre des cas d’espèce. Mais dès
le Tableau de la géographie de la France (1903), la visée idiographique subvertit le
statut de la monographie et devient une question à part entière : la France est-elle
un « être géographique » ? Pour répondre à cette question, Paul Vidal de La Blache
déploie un argumentaire qui, précisément, s’affranchit de la question des relations homme-milieu. Par la suite, les postvidaliens ont standardisé la réponse en
considérant qu’une personnalité régionale s’interprétait en enchaînant une explication naturaliste et une interprétation historique (le plus souvent délivrée sous
la forme d’un récit).
Au demeurant, chacun de ces programmes de recherche a été mis en difficulté par la standardisation progressive de la géographie. Dès 1909 et la conclusion du livre fameux de Gallois Régions naturelles et noms de pays. Étude sur la
région parisienne, est affirmée la nécessité d’opérer une séparation « analytique »
préalable entre étude du milieu naturel et étude de son influence sur les « groupements humains ». Dès lors, toute étude de géographie humaine devait être précédée par l’examen séparé des « conditions naturelles », déclinable en une succession de « facteurs » (climat, relief, sol, hydrologie, végétation, etc.). En procédant
de la sorte, le risque était grand de perdre de vue la relation homme-nature
comme lieu du questionnement scientifique – par dilution dans une profusion de
développements thématiques. Par ailleurs, l’effort probatoire s’est progressivement focalisé sur l’explication géomorphologique du relief, négligeant le « programme officiel ». Dans les années 1910-1930, la géographie humaine est devenue
également autonome en mettant l’accent sur la classification des formes de paysage ou d’habitat. Chez la plupart des postvidaliens, la relation homme-nature est
en fait déproblématisée et soumise à des diagnostics déterministes à caractère
97
ponctuel qui émaillent la géographie régionale (par exemple chez de Martonne) :
telle ligne de source est à l’origine d’une succession de villages, telle montagne
fait barrière entre deux « races »… Ainsi, comme l’a clairement montré M.-C.
Robic (1992), les travaux classiques ont échoué dans leur tentative pour constituer les relations homme/nature en objet de la géographie.
S’agissant du programme idiographique, on peut faire des remarques analogues. Dès les premières thèses des élèves de Vidal de La Blache, faire œuvre
de « géographie régionale » revient à fragmenter ses objets en thèmes ou en sousrégions au sein d’un « dossier ». Le procédé n’était pas nouveau et avait partie liée
avec un objectif d’exhaustivité. Mais il a eu pour effet de diluer la question de
l’individualité géographique. Renvoyé aux marges de la description (propos
introductifs ou conclusifs), davantage affirmé qu’étayé, le discours sur la « spécificité régionale » a été réduit au statut de clause de style. En outre, les contraintes
d’érudition propres aux grands exercices académiques (thèse, leçon) ont pesé
lourd dans l’autonomisation de développements thématiques toujours plus
importants. Déjà, la thèse d’Albert Demangeon, La Picardie et les Régions voisines… (1905), considérée comme un modèle à suivre, a frappé les contemporains
par son excès de « détails »⁹. En réaction à cette tendance lourde, on voit certains
auteurs dénoncer le vice du « plan à tiroirs », qui occulte la juste saisie des « combinaisons géographiques » pertinentes. André Cholley, élève de de Martonne,
s’est fait une spécialité de dénoncer ce genre de travers (notamment dans le
manuel La Géographie… de 1951) au nom d’un propos géographique visant
« la nature des choses », mais il n’est pas le seul : à partir des années 1950, la
dénonciation des déformations du métier est devenue une antienne.
Dans ce tableau, rares sont les géographes qui font exception par leur
fidélité aux préceptes vidaliens. Le plus marquant fut sans doute Maximilien
Sorre, dont l’œuvre entier semble être animé par un effort de développement
cohérent d’une écologie de l’homme. On en prendra pour témoin sa thèse, Les
Pyrénées méditerranéennes. Étude de géographie biologique (1913) et ses Fondements
9
Cf. M.-C. Robic, 2003,
« L’exemplarité
du Tableau
de la géographie de
la France de Paul Vidal
de La Blache »,
in J.-M. Berthelot (dir.),
Figures du texte
scientifique, Paris, Puf,
spéc. p. 96-97.
98
10
Cf. 1934, « L’art de
la description chez Vidal
de La Blache »,
Mélanges de philologie,
d’histoire et de littérature
offerts à Joseph Vianey,
Paris, Les Presses
françaises, p. 479-487.
—
le « noyau dur »
du paradigme
et les structures
de sa reproduction
biologiques. Esquisse d’une écologie de l’homme (1943), premier tome d’un traité
monumental en quatre volumes, Les Fondements de la géographie humaine (19431952). Dans l’ensemble de ses travaux, il s’est précisément essayé à décliner
la relation homme-nature, ouvrant des perspectives originales sur les « associations » entre l’homme et le vivant, l’alimentation humaine et les régimes alimentaires, sans parler de sa très riche géographie des maladies ou « complexes pathogènes », reposant sur le triangle milieu naturel-infections-sociétés. À un degré
moindre, Jules Sion s’est également voulu un continuateur sinon du programme,
du moins de la manière vidalienne¹⁰. Sa thèse, Les paysans de la Normandie orientale (1909), constitue un remarquable travail d’éclairage ethno-historique, tandis
que ses travaux de l’entre-deux-guerres ne se distinguent guère des standards
cognitifs de ses contemporains.
Cette description peut sembler paradoxale : on parle de « géographie (post)vidalienne » et on invoque deux « programmes de recherche » – qui dans les faits
ont été largement subvertis sinon dans les principes, du moins dans la pratique.
On évoque un « fondateur » pour mieux le placer en lisière de la « science normale ». Il y a là effectivement de quoi désorienter, sauf si l’on veut bien admettre
que les enjeux réellement sensibles étaient ailleurs.
— Le vieux terme « devisement » peut être utilisé pour désigner le type
d’énoncé que l’on reconnaît aisément et ordinairement comme « géographique ».
Il y a là sans doute une clé pour esquisser un continuum entre ce que pouvait
être la géographie avant son institutionnalisation, ce qu’elle est restée dans les
représentations collectives jusqu’à aujourd’hui, et ce qu’elle a pu mettre en avant
à son âge classique. Durant celui-ci, les discours d’intentions des géographes ont
l’inconvénient d’avoir beaucoup mis en avant des intérêts cognitifs (les relations
homme-nature, la personnalité régionale) qu’ils traitaient à la légère – et avec une
99
certaine souplesse de jugement –, tandis que les vraies limites, les véritables
contraintes épistémologiques, demeuraient dans l’informulé.
Le modèle « positiviste » des sciences, tellement prégnant au début du
xx siècle, prescrivait qu’une science particulière sélectionne dans l’infinité du
monde réel une certaine gamme de phénomènes dont elle se donne pour projet
de révéler les relations causales. À ce titre, la géographie aurait pu tout à fait
coller à une épistémologie positiviste si, précisément, elle avait orchestré les relations homme-nature à la manière dont un Émile Durkheim procédait avec les faits
sociaux. Parmi les élèves de Paul Vidal de La Blache, Jean Brunhes fut le seul
positiviste digne de ce nom : ses grands travaux sur l’irrigation¹¹ et ses « monographies synthétiques »¹² sont précisément des entreprises d’exemplification, de
thématisation et de purification de la relation causale entre les données naturelles
et
le « travail » humain. Mais Jean Brunhes a été critiqué par ses condisciples, alors
même que son projet rentrait pour partie, au moins en apparence, dans le projet
d’une écologie de l’homme. Au-delà des considérations universitaires (Brunhes
était davantage un brillant conférencier qu’un universitaire érudit), il y a quelque
chose de plus profond dans le divorce entre les postvidaliens et l’auteur de
la Géographie humaine, qui marque la séparation entre positivistes et réalistes
« intégraux ».
Il importe de bien rappeler que presque tous les scientifiques du début du
xx siècle étaient réalistes, en ce sens qu’ils adhéraient à l’idée d’une autonomie
du phénomène, conçu comme indépendant de la volonté du savant. Ils étaient
également une majorité à penser que l’explication se trouvait dans les faits euxmêmes, qu’il suffisait de les confronter pour dégager des relations causales. En
revanche, la plupart d’entre eux étaient positivistes en ce sens qu’il leur apparaissait nécessaire de réguler expériences et observations dans un cadre procédural
bien défini, susceptible de sélectionner dans le bruit du monde la catégorie de
phénomènes qu’ils souhaitaient confronter ou confondre.
11
J. Brunhes, 1902,
L’Irrigation,
ses conditions
géographiques,
ses modes
et son organisation
dans la péninsule
Ibérique et dans
l’Afrique du Nord,
thèse de doctorat,
Paris, C. Naud.
12
J. Brunhes, 1912,
La Géographie humaine,
t. I : Les faits essentiels,
groupés et classés ;
t. II : Monographies,
Paris, Félix Alcan ;
1 éd. : 1910 ;
2 rééd. : 1925.
100
13
C’est nous qui
soulignons.
Extrait de L. Gallois,
1927, « Avant-propos »,
in P. Vidal de La Blache
et L. Gallois,
Géographie universelle,
vol. 1, Paris,
Armand Colin, p. v.
Or précisément, c’est ici que la géographie classique se détache radicalement du positivisme. En effet, les principaux lieutenants de Vidal de La Blache
ont indiqué, par leurs travaux et leurs jugements, que la géographie n’avait pas
pour mission de tailler dans le réel, mais bien au contraire de respecter l’intégrité
des « réalités géographiques ». Que faut-il entendre par là ?
« La géographie a largement bénéficié depuis un siècle, depuis un demisiècle surtout, du progrès général des connaissances humaines. Et tout d’abord
s’est achevée, par la conquête des Pôles, la découverte du globe. Comme conséquence, les sciences de la nature ont pris toute leur ampleur : météorologie, océanographie, géologie, botanique, zoologie. Les résultats de toutes leurs observations sont venus s’inscrire sur des cartes de plus en plus exactes. Ainsi est apparue avec évidence l’action réciproque des phénomènes les uns sur les autres.
Toutes ces analyses ont abouti à des synthèses, à la grande synthèse qu’est la nature
prise dans son ensemble¹³. »
Dans cet extrait de 1927, Lucien Gallois esquisse une sorte de récit des progrès de la « connaissance » géographique. Elle présuppose un arpentage exhaustif
du monde et repose sur un cumul de « résultats » issus de celui-ci. La géographie
sédimente ces derniers en cartes qui révèlent, dans leur juxtaposition, des interactions explicatives. La seule coprésence des faits fait apparaître l’explication.
Cette conception va plus loin que la perspective du réalisme habituel : non seulement (et bien évidemment) elle postule une réalité objective indépendante
des sujets connaissants, mais, de surcroît, ce réel se donne sans la moindre solution de continuité à ces derniers. Mais la dernière phrase de l’extrait accentue
bien davantage encore l’originalité de ce réalisme : Gallois y clôt le mouvement
de la connaissance par un fort étonnant retour de celle-ci à la « nature », comme si
la « synthèse » des savoirs pouvait restituer l’objet du savoir, la « nature prise
dans son ensemble ». Dès lors, la vocation du géographe est de recueillir les données du monde, de les inscrire, notamment sur des cartes, et éventuellement –
c’est l’étape explicative – de révéler leurs correspondances. Mais l’essentiel, bien
101
plus que l’explicativité, est la restitution des « réalités ». C’est par cette dimension
d’exhaustivité que le réalisme géographique prend toute sa singularité.
Cet idéal a beau être diffus et peu explicite dans les écrits des élèves directs
de Vidal de La Blache, il importe de ne pas le considérer à la légère. En effet,
il a servi de critère impitoyable pour éliminer tout ce qui semblait non géographique : travaux sans préalable descriptif, sélectifs, spéculatifs, théorisants, etc.
Déjà les « lacunes » du travail de Jean Brunhes ont servi à Maurice Zimmermann
pour l’éreinter. Plus encore, le rationalisme et les spéculations « aventurées » d’un
Camille Vallaux en ont fait un quasi paria de la génération postvidalienne : son
insistance dans Les Sciences géographiques (1925) sur les « représentations » qui
s’immiscent entre l’« œil humain » et la « nature », constituant un « écran des représentations symboliques et schématisées », condamne chez lui le réalisme « exhaustiviste » et du même coup met en perspective sa position de marginal du paradigme classique. Son livre, à bien des égards remarquable, a été condamné à un
ostracisme bibliographique qui n’a été pour partie levé que dans les années 1970.
Autant le réalisme géographique est sous-jacent dans les écrits de la première génération de postvidaliens, autant il devient déterminant et explicite dans
les écrits de l’après-guerre : chez des auteurs aussi différents que Maurice Le Lannou¹⁴, André Cholley¹⁵ ou Pierre George¹⁶, il fait l’objet d’innombrables considérations à finalité axiologique (il s’agit d’énoncer les valeurs de la géographie clairement et distinctement sous forme d’adages didactiques). Au souci de ne pas
mutiler les « réalités géographiques » s’adjoint une définition de la discipline
comme « science carrefour » ou « science de synthèse » qui a longtemps perduré.
Par opposition aux sciences analytiques, la géographie est posée comme la saisie
de « combinaisons », « systèmes » (Cholley), ou « complexes de situation » (George)
à caractère unique. Une telle reformulation du programme idiographique lui
confère une légitimité nouvelle tout en élargissant le champ des combinaisons
possibles (dans lesquelles la nature n’est plus forcément un protagoniste essentiel). Plus encore que pour les élèves directs de Vidal de La Blache, la nécessité de
14
M. Le Lannou, 1949,
La Géographie humaine,
Paris, Flammarion.
15
A. Cholley, 1951,
La Géographie
(Guide de l’étudiant),
Paris, Puf.
16
Cf. entre autres
P. George, 1966,
Sociologie et Géographie,
Paris, Puf, « “Sup”
le sociologue » et 1970,
Les Méthodes de
la géographie, Paris, Puf.
102
17
Le renoncement
à la recherche de lois
générales autres que
« physiques », c’est-àdire naturelles, est
un trait caractéristique
de l’ensemble de
la production réflexive
des décennies
d’après-guerre. Déjà
Henri Baulig, dans son
texte canonique de
1948, « La géographie
est-elle une science ? »
(publié dans les Annales
de géographie),
annonçait cette mise
sous le boisseau de
la géographie générale.
18
Dont les figures
les plus connues sont
Wilhelm Dilthey,
Max Weber
et Heinrich Rickert.
développer une géographie (humaine) générale, autonome et nomologiquement¹⁷
ambitieuse, perd toute importance, puisque l’essentiel est ailleurs, dans l’acte
presque clinique qui identifie ou diagnostique une « situation géographique » et
démêle les différents facteurs en jeu qui lui donnent toute sa singularité. Dans les
années 1960, certains auteurs (P. George, Jean Labasse) en ont tiré une conception
non exclusivement explicative de la pratique du géographe, y incorporant des
aspects proprement herméneutiques (ou interprétatifs) visant la « personnalité
régionale » – aspects qui s’inscrivent dans une tradition implicitement héritée de
l’épistémologie allemande du verstehen (comprendre)¹⁸.
La recherche de l’exhaustivité dans l’exercice de la géographie empirique
posait des défis singuliers, notamment lorsqu’il fallait énoncer dans des articles
ou des ouvrages les résultats d’une recherche. Le problème le plus immédiat est
bien entendu celui de la clôture de la description : sauf à s’étendre à l’infini, celleci devait forcément sélectionner des éléments considérés comme pertinents. Or, si
la diversité des questionnaires est encore de mise dans les thèses des élèves de
Vidal de La Blache, force est de constater que dès les années 1920 s’est codifié une
sorte de dossier standard, enchaînant les entrées naturalistes (climat, relief, sol,
végétation…) et les entrées « humaines » (agriculture, villes, activités, etc.), l’ensemble étant en général prolongé de façon plus ou moins importante par l’évocation des sous-ensembles régionaux. Certains (Cholley) ont eu beau dénoncer le
caractère scholastique d’un tel « plan type », ce dernier avait pour lui le double
avantage de codifier ce qui était absolument requis et de laisser une certaine latitude en matière d’innovation (thématique notamment). Grâce à quoi, avec les
décennies, la liste des « entrées » n’a cessé de s’allonger... En outre, et on trouvera
là une autre difficulté majeure de la « description exhaustive », la mise en texte
impliquait l’inscription d’une réalité matérielle au minimum tri- voire quadridimensionnelle (en incluant les problèmes d’évolution) dans un discours linéaire.
Certains, tel Raoul Blanchard, ont repris à leur compte le stratagème du récit
de voyage, qui ramène la description d’une contrée à la relation d’un itinéraire
103
(stratagème dont il use et abuse dans le volume Asie occidentale de la Géographie
universelle publié en 1929). Mais la solution principale – celle que l’on retrouve
dans la quasi-totalité de la production empirique – consiste précisément à fragmenter l’objet d’étude en le thématisant et/ou en le régionalisant. On retrouve par
là l’idée de dossier, mais abordée à l’aune d’un autre problème d’énonciation.
La solution principale du problème d’exhaustivité a donc été, pour l’ensemble
des géographes classiques, de diviser, rediviser, et encore diviser (comme inlassablement) leurs objets en sous-catégories, sous-régions, sous-thèmes…
Au-delà des contraintes d’exhaustivité qu’implique le devisement géographique, la posture postvidalienne incorpore aisément un certain nombre d’attitudes de recherche qu’en son temps Emmanuel de Martonne avait résumées de
manière frappante : « Ce qu’il y a de fécond et d’original à la fois dans la méthode
géographique, c’est qu’elle met en présence des réalités terrestres¹⁹. » Pour expliciter une telle affirmation, il faut se représenter non pas un homme de cabinet
mais un « géographe de plein vent » (Lucien Febvre), qui privilégie le travail de
terrain au détriment de toute espèce d’archives et constate, par sa présence
autant physique que cognitive, la « mise en présence » des phénomènes. La scène
capitale, la seule légitime, prend place auprès des choses ou des « réalités géographiques ». Le bon chercheur arpente inlassablement son terrain d’études, jusqu’à
en connaître chaque « détail ». Dès lors, dans l’opération de restitution de la réalité, la description textuelle est la forme la plus problématique du rendu, alors que
les représentations iconiques sont bien plus satisfaisantes, malgré leur caractère
non extensible. Faute d’un rapport visuel immédiat aux réalités, elles en proposent une image de substitution qui en conserve – au moins partiellement – l’exhaustivité. Dans une perspective similaire, l’examen de la carte topographique
a été rapidement érigé en substitut de l’expérience de terrain et son commentaire
en « exercice-type » (au sens de T. S. Kuhn) du paradigme classique. On ne s’étonnera pas de voir en André Cholley²⁰ le premier codificateur de l’exercice.
19
E. de Martonne, 1919,
Traité de géographie
physique, Paris,
Armand Colin, p. 23.
20
Il est rapidement devenu
président du jury
de l’agrégation
de géographie. Sur le
commentaire de cartes,
voir E. Jaurand, 2003,
« Du fétiche
à l’épouvantail ?
Le commentaire de
cartes et la géographie
universitaire française
(1945-2001) »,
L’Information
géographique, 4,
p. 352-369.
104
21
Cf. M.-C. Robic, 1996,
« Interroger le paysage ?
L’enquête de terrain,
sa signification dans
la géographie humaine
moderne (1900-1950) »,
in C. Blanckaert (dir.),
Le Terrain des sciences
humaines
(XVIII-XX siècle),
Paris, L’Harmattan,
p. 357-388, et 1997,
« L’excursion
du géographe.
(Sur l’école française
de géographie) »,
Conférence, 4, printemps,
p. 211-227.
22
Il faudrait coiffer
ces deux programmes
par un modèle
métaphoriquement
« organiciste » corrigeant
les explications causales
déterministes (qu’elles
soient « naturelles »,
« historiques »,
« technicistes »
ou « économicistes »)
et justifiant la saisie
des « êtres
géographiques ».
Mais le rituel proprement initiatique et socialement intégrateur, pour les
générations formées entre 1905 (date de la première excursion interuniversitaire)
et la fin des années 1960, est indubitablement la « sortie de terrain » ou « excursion »²¹. Tout à la fois rite intégrateur et propédeutique à l’exercice solitaire de la
recherche empirique, l’excursion a été longtemps parée de toutes les vertus, sans
susciter pour autant de réflexions susceptibles d’en extraire – et pour cause ! – un
système pédagogique.
Avec les éléments exposés jusqu’à présent, le lecteur dispose de quasiment
toutes les pièces constituant ce que Thomas S. Kuhn appelle la « matrice disciplinaire » d’un paradigme : une « métaphysique » (le réalisme « exhaustiviste ») ;
des « modèles heuristiques » (l’explication causale des relations homme-nature,
la compréhension des « personnalités géographiques »²²) ; des « exercices-types »
(le terrain, le commentaire de cartes, mais aussi la « leçon » de géographie régionale) ; des « exemples », formés par des livres fameux (le Tableau de la géographie de la France de Vidal de la Blache, La Picardie et les Régions voisines…
de Demangeon) ou des situations-types enseignées comme telles (le « carrefour »
bourguignon, la région « lyonnaise », les Alpes du Nord et leur organisation en
bandes…) ; des « valeurs » énoncées sous formes d’adages, du type « il faut partir
du concret », « on essaiera de faire le tour de la question », « les réalités géographiques sont complexes », etc., tellement standardisées et banalisées qu’elles
étaient aisément réappropriables par les apprentis ; une « instrumentation »
typique et variée (qui va de la carte topographique à la tarière, en passant par
la paire de bottes et les « données » statistiques). Il y manque les « généralisations
symboliques », qui dans la géographie classique ne pouvaient être des équivalents de E = mc². On peut considérer que les répertoires de formes (géomorphologiques, paysagères…), dressés en véritables planches dans les manuels, constituaient une forme simple et spécifique de « généralisations symboliques ».
On peut aussi considérer que les grandes notions (milieu, genre de vie, paysage,
région, ville/campagne), qui semblaient spontanément constituer les objets de
105
la discipline, avaient aussi cette dimension. À ce titre, on peut les qualifier de
déictiques : leur fonction était de désigner la géographie autant que de signifier
quelque chose en particulier ou en général.
Cette adéquation est d’autant plus frappante que le paradigme de la géographie classique répond à un certain nombre de conditions émises par Kuhn, en
l’absence desquelles on ne saurait s’inspirer de sa description : durant à peu près
soixante-dix ans, il a représenté la seule et unique manière de faire de la géographie scientifique (or la « science normale » kuhnienne est exclusive, elle est marquée par l’absence d’écoles concurrentes) ; il n’a pas donné lieu à des explicitations systématiques, car son apprentissage produisait une « connaissance tacite »
par l’exercice et l’exemple ; par ailleurs, le fonctionnement des exercices canoniques répond partiellement à l’idée de puzzle solving (résolution de problèmes) :
qu’ils aient à « expliquer un relief » ou à « caractériser une région », à travers un
commentaire de carte ou un travail de plus longue haleine, les apprentis étaient
précisément confrontés à des énigmes (puzzles), pour lesquelles les précédents
mobilisables constituaient des modèles sur lesquels s’appuyer.
Il ne s’agit pas pour autant d’affirmer que l’idée de paradigme « épuise »
tout ce que l’on pourrait dire sur la géographie classique (ce n’est pas l’objectif !),
ni que l’adéquation entre le modèle et l’exemple est parfaite. Ainsi, malgré les
prétentions à la prospective de certains géographes des années 1960 (J. Labasse,
P. George, Michel Rochefort), il est difficile de considérer la géographie pratiquée
entre 1900 et 1970 comme une science prédictive. En outre, l’ensemble des développements descriptifs à visée exhaustive peut difficilement être conçu sur le
mode de la « résolution d’énigmes » et, en ce sens, échappe à la définition kuhnienne. Seuls certains compartiments de la pratique (et de sa trace écrite, la littérature géographique) relèvent de celle-ci : ces « explications » diverses – causales
ou historiques, basées sur des indices (comme en géomorphologie), des données
numériques ou des archives – sont le plus souvent extrêmement circonscrites
(elles sont un moment, ou plusieurs, dans un énoncé). Alors qu’on se représente
106
facilement une explication comme une procédure qui « orchestre » un texte
savant, lui donne sa dynamique, il en va rarement ainsi dans la géographie classique, qui l’utilise plutôt ponctuellement, sous des formes variées, pour justifier
le diagnostic d’une forme (de relief, de paysage, etc.) ou affirmer la singularité
de telle région, ville ou contrée humanisée. Il existe bien entendu des contreexemples. Ainsi Jules Sion a organisé son Asie des moussons (1928-1929) en
démontrant le rôle que ledit phénomène climatique jouait dans la différenciation régionale de l’Asie du Sud-Est. De la même façon, la plupart des travaux
empiriques de Pierre Gourou sont basés sur la volonté de mettre en cause l’idée
de déterminisme naturel et de lui substituer une lecture « civilisationnelle » de
l’organisation matérielle des sociétés. Paradoxe qui n’en est pas un, ce sont les
géographes les moins « naturalistes » qui ont le plus ressenti le besoin de mettre
l’administration de la preuve au centre de leur propos (et non dans la périphérie
de multiples diagnostics cliniques).
Dans les années 1950-1960, le champ des phénomènes susceptibles d’intéresser les géographes n’a cessé de s’élargir à de nouveaux thèmes. Pourtant, on
ne saurait dire que les procédures cognitives ont été modifiées pour traiter ces
nouveaux objets. Seule la géographie physique s’est ouverte à des pratiques
inédites (expérimentations en laboratoire, traitements statistiques) et à des efforts
de renouvellement théorique (sous l’influence de Jean Tricart puis de Georges
Bertrand). Rien, dans le reste de la production de la discipline, ne saurait accréditer l’idée d’une quelconque inflexion paradigmatique. Bien au contraire, la doxa
continuait à éliminer tout ce qui pouvait prêter le flanc à l’anathème « ce n’est pas
de la géographie ! », face auquel des recherches trop ambitieuses sont rentrées
dans le rang ou ont débouché sur le départ de quelques individus vers d’autres
disciplines ou horizons. Il a fallu plus que cela – une véritable « révolution scientifique » – pour faire céder la chape qu’était devenu le paradigme classique au fil
des décennies…
une « révolution
scientifique »
tardive ?
107
Les prémices
109
La crise
111
Entre 1972 et 1986, la géographie
française a connu de profonds
bouleversements. Il n’est pas certain
que les problèmes épistémologiques
en aient été la cause première.
En revanche, il ne fait aucun doute
qu’ils ont été un levier décisif pour agir
contre l’establishment disciplinaire.
108
23
Plus connu sous
le pseudonyme de Julien
Gracq.
24
Cf. aussi chapitre 1.
Pour plus de détails,
voir M.-C. Robic, 1995,
« Des vertus de la chaire
à la tentation de
l’action », in P. Claval
et A.-L. Sanguin (dir.),
La Géographie française
à l’âge classique, Paris,
L’Harmattan, p. 27-58.
25
C’est ce qu’exprime
Paul Claval dans
les premières lignes
de son Essai sur
l’évolution de
la géographie humaine,
Besançon, Paris,
(Cahiers de géographie
de Besançon,
Les Belles Lettres, 1964).
—
les prémices
— Ce qui s’est accompli durant ces années 1970-1980 n’a bien entendu pas
surgi brutalement. On peut invoquer un ensemble d’« anomalies » préalables qui
ont mis en question les capacités explicatives du paradigme classique. Il convient
déjà de noter que, dès l’immédiat après-guerre, l’école française a cessé de donner
le ton dans la géographie mondiale, alors qu’elle avait largement régné durant
les années 1920-1930. Aux États-Unis comme dans les pays scandinaves, puis au
Royaume-Uni et en Allemagne, des efforts importants de renouvellement épistémologique ont eu lieu. Par ailleurs, la géographie soviétique fournissait un autre
modèle possible (pour le coup strictement naturaliste), susceptible de mobiliser
les géographes de sensibilité communiste (Tricart en a été le prototype). En ce
sens, on pourrait dire que l’école française s’est retrouvée de facto confrontée
à des paradigmes rivaux. Elle les a assez superbement ignorés jusqu’à la fin des
années 1960, mais ce fut au prix d’une marginalisation croissante.
Pourtant, dans l’immédiat après-guerre, un certain nombre d’auteurs (Jean
Gottmann, Maurice-François Rouge, Louis Poirier²³ et même André Cholley) ont
développé séparément des esquisses programmatiques suggérant un aggiornamento de la géographie humaine²⁴, mais ces propositions ont été globalement ignorées, comme si la communauté des géographes n’était pas mûre. Ces esquisses sont
demeurées invisibles (car irrecevables ?) pour les contemporains. En revanche,
des sociologues (Paul-Henri Chombart de Lauwe), mais surtout des économistes
(François Perroux) et des historiens (Fernand Braudel), ont été sensibles aux idées
neuves qu’ils ont pu trouver chez J. Gottmann, chez M. Sorre ou chez M.-F.
Rouge. Dans le contexte des années 1950 et surtout 1960, la réflexion sur l’« organisation de l’espace » (ici synonyme d’aménagement du territoire) a trouvé des
rebondissements extra-géographiques. L’« espace », mot peu usuel dans le paradigme classique, a été utilisé par des disciplines qui se sont positionnées rapidement sur la scène émergente de la planification et de l’aménagement du territoire.
Or précisément, cette émergence a progressivement introduit un « malaise »²⁵ chez
les géographes, dont la traduction apparente fut une polémique feutrée entre les
109
partisans d’une « géographie appliquée » (M. Phlipponneau) et ceux qui voulaient
maintenir la discipline dans son statut de « science exacte » et la tenir à l’écart du
processus décisionnel en aménagement (P. George, avocat d’une « géographie
active »). Il n’empêche que la profession a perçu cette nouvelle scène comme un
marché professionnel à conquérir et comme un lieu « naturel » d’exercice de la
géographie. Or dans les faits, la légitimité de cette dernière n’allait pas de soi,
notamment aux yeux des ingénieurs, économistes ou architectes, qui ont investi
rapidement les places dominantes de l’aménagement. Face à la « raison ingénieuriale », soucieuse de modèles, de justifications statistiques et d’un recours généralisé à la mathématisation, les géographes ont répondu par deux attitudes distinctes : les uns (P. Claval, Jacqueline Beaujeu-Garnier, Olivier Dollfus) ont voulu
incorporer à la géographie de nouvelles « démarches » sans considérer leur caractère éventuellement incompatible avec la « tradition géographique » ; d’autres au
contraire (P. George, J. Labasse), plus conscients de ce que signifiait l’adoption
(fût-elle partielle) de la raison ingénieuriale, l’ont rejetée en bloc. En tout état de
cause, la confrontation des géographes avec ces nouveaux « partenaires » a créé
un trouble important, qui explique sans doute la prolifération durant les années
1960 d’une littérature « identitaire » qui s’interroge sur les fondements de la géographie. Elle est l’occasion d’une réappropriation du terme « espace », qui à travers l’expression « espace géographique » devient tout bonnement le nouveau
déictique (cf. supra) de la discipline, empilant l’ensemble des significations
jusque-là véhiculées par « milieu », « paysage », « région »…
Le développement de la scène aménagiste n’a pas été la seule source
d’« anomalie » pour le paradigme classique. Il importe aussi d’insister sur un processus double d’enfermement et de dévaluation de la discipline : alors que la géographie française était demeurée ouverte au dialogue avec les sciences voisines
dans l’entre-deux-guerres, les relations sont devenues nettement plus concurrentielles et crispées durant les années 1950-1960, et la profession a eu tendance
à se replier, d’abord sur les « faits » et ensuite sur un patrimoine jugé admirable.
110
26
Attitude
particulièrement nette
dans J. Labasse,
1966, L’Organisation
de l’espace. Éléments
de géographie volontaire,
Paris, Hermann,
et dans A. Meynier,
1969, Histoire de
la pensée géographique
en France (1872-1969),
Paris, Puf.
27
H. Chamussy, 1978,
« D’amour et
d’impuissance »,
Brouillons Dupont, 3,
p. 67-81.
28
M. Le Berre, 1988,
« Itinéraire
géographique.
Vingt ans après »,
Brouillons Dupont, 17.
Cette posture s’est accompagnée d’un certain dédain pour le caractère spéculatif
ou abstrait de disciplines comme l’économie ou la sociologie²⁶. Or ce repli est
intervenu en pleine époque structuraliste, alors que précisément les sciences
humaines et sociales développaient des échanges de concepts et de théories qui
allaient constituer des disciplines jusque-là éparpillées en un champ largement
intégré. Durant toute cette période, pour des raisons diverses, la géographie est
restée largement à l’extérieur. C’est là sans doute l’un des facteurs qui expliquent
l’accélération de sa dévaluation symbolique durant la décennie 1960. Les géographes s’en sont rendu compte, qui ont ressenti amèrement l’absence de leur discipline dans le volume de la Pléiade dirigé par Jean Piaget, Logique et Connaissance scientifique (1967). De nombreux jugements sur la géographie ont été émis
à la charnière des années 1960 et 1970 par de « grands noms » des sciences de
l’homme, qui confirmaient cette image dévaluée.
Pour achever de circonscrire les « anomalies » épistémologiques auxquelles
a été confronté le paradigme classique, il faudrait évoquer un sentiment de
lassitude cognitive éprouvé par de nombreux jeunes chercheurs à la fin des
années 1960, et dont certains ont porté ultérieurement témoignage, tels Henri
Chamussy²⁷ et Maryvonne Le Berre²⁸. À les suivre, les générations du baby-boom
ont vécu comme un jeu stérile la reproduction des recettes traditionnelles à l’occasion de leur travail de thèse. Il faut du reste rappeler que nombre de ces
nouveaux géographes n’avaient pas eu un cursus littéraire comme leurs aînés, le
latin étant absent de leurs études universitaires. Dès lors, la discipline a largement
recruté chez les bacheliers qui avaient fait « math élem », et dans des milieux
sociaux modestes. Ces nouvelles générations étaient beaucoup plus sensibles à la
raison scientifico-ingénieuriale et aux considérations épistémologiques nourries
de Bachelard et de Piaget qu’on leur avait enseignées à la fin du secondaire. Ils
étaient prêts pour une « révolution scientifique », pour laquelle Mai 68 a constitué un modèle et un précédent.
—
la crise
— Dès 1970 et la publication du « Que sais-je ? » de Pierre George, Les
Méthodes de la géographie, on voit surgir l’idée, encore énigmatique, que la géographie est en « crise ». Un an plus tard, Jacqueline Beaujeu-Garnier dit la même
chose dans La Géographie. Méthodes et perspectives, mais n’est pas davantage
capable de rendre compte de ce qui ne tourne pas rond. Il faudra l’émergence
de revues nouvelles, comme L’Espace géographique (1972), de groupes de travail
indépendants de l’establishment (comme le Groupe Dupont, fondé en 1971),
de publications d’un genre nouveau (comme L’Analyse quantitative en géographie,
de Jean-Bernard Racine et Henri Reymond²⁹), puis de manifestations spécifiques
comme les colloques Géopoint (à partir de 1976), pour que la critique trouve des
lieux d’expression et explicite la crise.
Dans un premier temps, les premières critiques³⁰ ont surtout rompu le
tabou de l’unité de la géographie et affirmé qu’à côté de la tradition il existait une
« nouvelle géographie » inspirée par le précédent « anglo-scandinave ». En 19721973, il s’agissait encore pour la France de quelque chose de virtuel, car ladite
« nouvelle géographie » y était à ses premiers balbutiements. En revanche, elle
pouvait s’appuyer sur le préalable étranger – ce qui a amené Philippe Pinchemel
à faire traduire la Géographie des marchés et du commerce de détail de Brian Berry
(1971) puis L’Analyse spatiale en géographie humaine, de Peter Haggett (1973),
deux classiques de la locational analysis (analyse spatiale) anglo-saxonne. À partir
de 1974 et de la publication du réquisitoire d’Alain Reynaud La Géographie entre
le mythe et la science, mais surtout en 1975-1976, lorsque émergent coup sur coup
EspacesTemps puis Hérodote, deux revues au ton nettement plus agressif, la critique de la « géographie traditionnelle » prend une dimension nouvelle, non plus
seulement épistémologique mais également politique (les deux aspects étant
considérés à l’époque comme intimement liés). L’influence du marxisme, notamment dans sa version althussérienne, est essentielle ici. La tenue des premiers colloques Géopoint est l’occasion de réunir les différentes sensibilités protestataires
(à la notable exception d’Yves Lacoste, fondateur d’Hérodote) et de systématiser
111
29
J.-B. Racine et
H. Reymond, 1973,
L’Analyse quantitative en
géographie, Paris, Puf.
30
Cf. R. Brunet, 1972,
« Les nouveaux aspects
de la recherche
géographique : rupture
ou raffinement
de la tradition ? »,
L’Espace géographique,
I (2), p. 73-77 ;
A. Fel, 1972,
« Deux géographies
humaines ? », ibid.,
p. 107-112 ; S. Rimbert,
1972, « Aperçu sur
la géographie théorique :
une philosophie,
des méthodes,
des techniques », ibid.,
p. 101-106.
112
31
Cf. H. Reymond, 1981,
« Une problématique
théorique : plaidoyer
pour une chorotaxie
expérimentale », in
H. Isnard, J.-B. Racine
et H. Reymond,
Problématiques
de la géographie, Paris,
Puf, p. 163-249.
32
Cf. G. Nicolas-Obadia
1984, L’Espace originel.
Axiomatisation
de la géographie,
Berne, Lang.
33
Cf. R. Brunet, 1980,
« La composition
des modèles
dans l’analyse spatiale »,
L’Espace géographique,
4, p. 253-265.
la critique épistémologique du paradigme classique. Dans cette activité, la figure
de proue est incontestablement Claude Raffestin, géographe genevois qui a sans
doute été le théoricien le plus profond de la rupture épistémologique. Celle-ci est
pour tout dire consommée à la fin des années 1970, et les contributions ultérieures ne viendront le plus souvent que renforcer un réquisitoire déjà instruit.
En revanche, la charnière des années 1970-1980 voit se multiplier les propositions programmatiques visant à donner du contenu à la « nouvelle géographie ».
À cette époque, les réflexions d’un Henri Reymond sur les « taxochores », base
d’une théorie des processus d’espacement³¹, les tentatives d’axiomatisation d’un
Georges Nicolas-Obadia³² et les propositions de Roger Brunet concernant les
structures élémentaires de l’espace (les « chorèmes »)³³, dessinent un style d’analyse spatiale à la française, inspiré par le structuralisme et les mathématiques
du groupe Bourbaki. Mais bien d’autres perspectives s’esquissent, qui se distinguent de ou s’opposent à un projet de géographie « théorique et quantitative »,
de sorte que c’est un véritable fourmillement d’idées et de programmes qui
s’orne du label « nouvelle géographie » entre la fin des années 1970 et le milieu de
la décennie 1980. Et l’on ne peut guère y voir un paradigme nouveau et unique
venant se substituer à la « géographie traditionnelle »...
Ce qui unit en revanche les diverses sensibilités « révolutionnaires » est un
rejet le plus souvent ardent de la « vieille » géographie. Il lui est reproché principalement d’avoir été une pré- ou une non-science. En vertu d’un nouveau
consensus (piagétien ?) qui veut qu’une science se définisse par la recherche de
lois (perspective nomologique), l’incapacité notoire de la géographie classique
à en produire et sa prédilection pour les études de cas sont épinglées. À cette
époque, la « démarche idiographique » est en théorie complètement rejetée, même
si certaines des premières thèses de la « nouvelle géographie » – comme La Croissance de Los Angeles de 1940 à 1970, de Bernard Marchand (1977), et Système
économique et espace, de Franck Auriac (1979) – sont concrètement des études de
cas. L’autre dimension que l’on rejette est l’absence de problématique explicite
113
dans les travaux classiques : dans le sillage de Claude Raffestin, c’est toute une
génération qui dénonce l’« implicite », le non-réfléchi, l’absence de procédures
clarifiant des hypothèses et s’efforçant ensuite de les étayer. Dans le sillage de
Piaget et sous l’égide de Raffestin, les « nouveaux géographes » ont adopté l’idée
que le réel est saisi à travers des « filtres », que l’on peut nommer « mots »,
« notions », « construits » ou « théories », selon leur ampleur, et que toute activité
de recherche est guidée par ces préalables sans lesquels le réel est inconnaissable.
Il va de soi qu’une telle conception, qualifiée de « constructiviste » par Jean
Piaget, est effectivement radicalement incompatible avec la métaphysique des
géographes classiques. En revanche, elle marque certainement la convergence
de plusieurs chemins intellectuels assez différents, qui se rejoignent alors dans
l’idée de « construit ». Pour les marxistes, la posture procède du matérialisme : en
séparant le monde des choses (les seules « réelles » ou « matérielles ») du monde
des superstructures idéelles, le marxisme (au moins dans sa reformulation althussérienne) instaure une rupture radicale qui confère à ces dernières une autonomie
antiréaliste (posture explicite alors chez Jacques Lévy, sous-jacente chez Franck
Auriac). Pour les positivistes et les rationalistes, on ne peut pas affirmer que notre
connaissance du monde des phénomènes est une connaissance directe, seules
la recherche de régularités causales ou la réponse favorable des « faits » à nos prédictions sont un indice de justesse de nos théories, celles-ci étant un pur produit
de notre entendement (ou de notre raison). Demeure la posture la plus directement « constructiviste » au sens piagétien, c’est-à-dire le nominalisme, qui, d’une
manière générale, suppose que le monde n’est pas connaissable en soi et que
c’est à l’aide de dénominations et de schémas préalables que nous construisons
un monde possible (posture de Claude Raffestin et peut-être également de JeanBernard Racine). En bref, on pourrait dire que le « constructivisme » des nouveaux géographes a catalysé des convictions diverses en une formule unique, que
l’on pourrait qualifier d’« exigence problématique » : toute recherche commence
par la formulation d’une problématique, déclinable en hypothèses de travail, et
114
soumise à un protocole de probation. Vilipendée par les mandarins de l’ancienne
école durant les années 1970, cette prescription épistémologique a fini par s’imposer à l’ensemble de la géographie à la charnière des années 1980 et 1990.
L’exigence de clarification problématique a eu longtemps pour corollaire
une visée proprement politique : alors que la géographie classique s’était massivement voulue apolitique, il lui a été reproché d’avoir, par sa neutralité affichée,
« fait le jeu objectif du pouvoir en place ». Les collaborations de Jean Labasse ou
Jacqueline Beaujeu-Garnier à l’État pompidolien apparaissaient comme les signes
objectifs de cette collusion. À l’inverse, la géographie contestataire se voulait
démystificatrice. Il s’agissait de fournir aux dominés les outils pour décrypter
les stratégies des classes dominantes, dont un Yves Lacoste, dans La Géographie,
ça sert, d’abord, à faire la guerre (1976), n’hésitait pas à exciper la teneur « géographique » ou « spatiale ». En somme, après avoir jeté le soupçon sur le géographe
« agent de renseignements », il importait sinon de le retourner, du moins de le
rendre responsable à l’égard de « ces hommes et ces femmes » que toute enquête
menaçait de rendre davantage vulnérables. Contre la figure du savant détaché, les
années 1970-1980 ont vu l’émergence d’une représentation tribunicienne du géographe, médiateur ou voix de « ceux d’en-bas » et « d’ailleurs ». À une échelle
plus réduite, l’idée d’une géographie militante, conçue comme un instrument de
lutte sociale, a été particulièrement mise en avant par des géographes peu académiques comme Raymond Guglielmo ou Christian Béringuier, en général au détriment d’un questionnement sur la contribution de la géographie, jugé au mieux
inutile, au pis corporatiste. Cela n’a pas empêché la majorité des nouveaux géographes de vouloir concilier réforme scientifique et œuvre « utile » (c’est-à-dire
politique), celle-ci finalisant celle-là.
les voies
du pluralisme
115
Le consensus de 1984
116
Clivages contemporains
119
Dès le milieu des années 1970,
les « nouveaux géographes » ont manifesté
de fortes divergences d’attitude par rapport
à la new geography, à l’engagement
marxiste ou à la signification de l’« espace
géographique ». Néanmoins, jusqu’au
milieu de la décennie suivante, période
qui voit un progressif apaisement des
tensions sociales au sein de la communauté,
la présence d’un establishment hostile
et la nécessité d’une réinvention
disciplinaire ont provisoirement atténué
les antagonismes potentiels. En outre,
durant une dizaine d’années,
la dynamique impulsée par Roger Brunet –
de la publication de l’article fameux
« La composition des modèles en analyse
spatiale » (1980) au lancement des projets
fédérateurs du GIP Reclus – a pu
sembler ouvrir une nouvelle époque
de « science normale », plutôt « spatialiste »,
trouvant même un début de traduction
dans la géographie scolaire, soudain
convertie aux fameux « chorèmes ».
Pourtant, cette acmé n’a pas résisté
à l’alternance politique de 1993,
de la même façon qu’allaient se multiplier
les entreprises visant à saper
(épistémologiquement, politiquement,
institutionnellement) l’entreprise
brunétienne. Ce qui avait paru devenir
hégémonique (paradigmatique ?)
s’est révélé alors comme un édifice fragile
– et qui, au demeurant, n’avait jamais
prétendu faire davantage que fédérer
des sensibilités autour de projets
(éditoriaux, cognitifs…) et d’une ébauche
de consensus.
116
—
le consensus
de 1984
— Après le schisme des années 1970 et les dissensions qui ont fait contrecoup
à la victoire de François Mitterrand (1981-1984), le congrès de l’Union géographique internationale qui s’est tenu à Paris en 1984 a été vu par certains comme
l’occasion de redéfinir les bases d’un nouveau consensus épistémologique, érigeant la géographie en science de l’espace « produit » par les sociétés (encore que
les interprétations de la signification à donner à une telle formule aient d’emblée
fortement varié). La publication deux ans plus tard, sous le double patronage de
Franck Auriac et Roger Brunet, d’Espaces, jeux et enjeux (1986), livre-somme
réunissant un large spectre de sensibilités spatial(ist)e et sociale (sinon sociologique), a pu contribuer à maintenir un temps le dialogue entre des courants destinés à diverger de plus en plus nettement.
Dès le milieu de la décennie précédente, des auteurs aux parcours aussi
différents que Jean-Bernard Racine (issu du quantitativisme) et Jacques Lévy
(alors althussérien) exprimaient des réticences quant au contenu social de la géographie quantitative, suspectée de formalisme. À la même époque, un Claude
Raffestin avait amorcé une critique de l’objectivisme de la new geography, mue par
une volonté de transformation de la société (par la géographie ?) et assortie d’un
démontage des présupposés économicistes du nouveau mainstream anglo-saxon.
Dans le même temps, certains géographes « en lutte » (Raymond Guglielmo)
avaient la tentation d’appliquer à la « géographie moderniste » française des critiques similaires, quand bien même la plupart des « quantitativistes » français
étaient des marxistes convaincus... Enfin, à travers la promotion des cartes mentales (Antoine Bailly) et un souci pour la « vie quotidienne » (Jean-Paul Ferrier) ou
les « espaces mentaux » (Jean-Luc Piveteau), c’est toute une partie des « nouveaux
géographes » qui, entre les décennies 1970 et 1980, prend ses distances à l’égard
de l’objectivisme quantitativiste et entend promouvoir une géographie « humaniste » centrée sur les « représentations ».
Une particularité des années 1980 est d’avoir vu s’affirmer des courants
animés par des géographes qui étaient demeurés en retrait durant la grande
117
décennie contestataire (1972-1982) : il en va ainsi des promoteurs de la géographie
sociale comme de ceux de la géographie culturelle. Si les premiers marquent
leur différence par rapport à la géographie classique dans les textes fondateurs
des années 1982-1984, les uns et les autres se construisent également contre ce
que l’on appelle de plus en plus le « spatialisme » ou le « positivisme ». En outre,
une part importante de la production empirique de ces courants relève d’un style
épistémologique largement classique. La monographie prédomine, éventuellement
justifiée par une visée inductive ; les clauses synthétiques ne sont pas levées,
même si on ne recherche plus la même sorte d’exhaustivité qu’auparavant. Un
certain agnosticisme est de mise, concernant aussi bien la définition de la discipline que ses normes propres de scientificité. Et si la géographie sociale partage
avec les quantitativistes une forte imprégnation marxiste, la géographie culturelle, plus lente à émerger, sera souvent l’apanage de géographes (Paul Claval, Joël
Bonnemaison, Jean-Robert Pitte, André-Louis Sanguin), tentés par une restauration stratégique du legs classique. Au demeurant, la dissipation assez brutale
du référentiel marxiste à la fin des années 1980 a fonctionné comme le révélateur
de continuités épistémologiques que l’engagement politique avait un temps
euphémisées : la géopolitique prônée par Yves Lacoste, ses élèves et ses dissidents,
apparaît de plus en plus à cette époque comme un classicisme teinté de considérations géostratégiques et n’hésitant pas à prendre en charge l’ensemble des questions que la tradition pouvait considérer comme géographiques (les ressources
naturelles, la mosaïque des peuples, les grands ensembles régionaux…).
En définitive, le consensus de 1984 pourrait être relu comme une « performance » éphémère, révélatrice à la fois des mutations et des efforts de dialogue
propres à une décennie d’apaisement. Du colloque Géopoint 82 « Les territoires
de la vie quotidienne », à la mise en route de l’Encyclopédie de géographie, le dialogue entre composantes et courants de la géographie s’est maintenu alors même
que la communauté disciplinaire était marquée par un processus de différenciation extrêmement complexe, non plus seulement thématique comme dans les
118
années 1950-1960, mais également praxéologique (les métiers de la géographie
sont de plus en plus distincts), social (la structuration en courants repose sur
des réseaux sociaux autant que sur des affinités cognitives), politique (au sens
restreint des affiliations et revendications) et, partiellement, épistémologique.
Durant cette période, plus qu’avant, la revue L’Espace géographique a pu incarner
la diversité des innovations et des débats disciplinaires, devenant pour un temps
le creuset et la vitrine de la géographie française, notamment grâce à ses riches
dossiers et ses numéros thématiques. À la charnière des années 1980 et 1990, alors
que le marxisme s’évanouit, que des revues telles Espaces et Sociétés ou Géographie et Cultures s’inscrivent comme des références dans le paysage non spatialiste,
on assiste à une recomposition progressive du champ que nous allons essayer
d’interpréter pour clore cette présentation.
—
clivages
contemporains
— La seule certitude que peut avoir un épistémologue concernant la situation
contemporaine est l’extrême hétérogénéité de la géographie pratiquée en France
aujourd’hui. Il existe évidemment des tendances qui peuvent sembler partagées
par l’ensemble des courants, paradigmes et chapelles – montée de l’individualisme (qu’il soit « méthodologique », idéologique ou qu’il relève de comportements
scientifiques inspirés du fonctionnement de la science américaine), tentation
d’une définition technicienne de la discipline (le géographe serait un producteur
de cartes et un manipulateur de bases de données et autres Sig) –, et des tensions
d’ensemble – entre le mépris pour les problèmes épistémologico-théoriques et des
postures hyper-théoriques, entre le choix du redéploiement identitaire dans les
domaines pluridisciplinaires de l’environnement, de l’aménagement, voire de la
géopolitique, et la valorisation de l’interdisciplinarité, entre la soumission à des
logiques de contrat (en particulier auprès de collectivités territoriales) et la quête
de supports empiriques de recherche susceptibles de permettre l’approfondissement théorique…
Il est possible néanmoins d’esquisser à gros traits quelques distinctions,
dégageant grosso modo trois géographies.
La géographie de tradition classique s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui
grâce à un certain nombre de « niches écologiques » liées à la préparation des
concours de l’enseignement primaire et secondaire³⁴ (y compris dans les écoles
normales supérieures), à des recherches sur le monde rural et les pays en voie de
développement, ou encore au conservatisme d’ordre politique de certaines universités. Souvent, le legs est davantage « georgien » (il résulte des déplacements
thématiques spécifiques aux années 1950-1960) que strictement postvidalien.
Souvent aussi, le style classique est habillé par des préoccupations réactualisées
(pour l’environnement, la construction d’entités territoriales supranationales ou
supralocales, etc.). Les géographes « physiciens » ont su y préserver une place
importante, bien que non hégémonique, précisément justifiée par l’actualité
des questions d’anthropisation des milieux naturels. À ce titre, la question des
119
34
Situation qui tend
à changer depuis
la réforme
de l’agrégation en 2001.
120
relations nature-société a été réexaminée à frais nouveaux par des générations
rompues à l’utilisation d’imageries diverses, sans que l’on voie pour autant émerger un métadiscours fédérateur. À l’autre pôle de l’héritage classique, nombre de
recherches particulières légitiment leur inscription disciplinaire par un ancrage
territorial spécifique, par contraste avec des recherches connexes, sociologiques,
économiques, politologiques ou naturalistes, qui en sont plus ou moins dénuées.
La question des identités (locales, régionales) entre dans un questionnaire classique même si elle échappe – sinon en théorie, du moins en actes – à la thématique de la construction sociale des territoires. Elle rejoint par là les géographies
« antipositivistes » que l’on évoquera ultérieurement, sans adhérer aux positions
constructionnistes, postmodernes ou phénoménologiques qui caractérisent ces
dernières. En effet, la question de l’objectivité reste un point de blocage important
entre deux formes de géographie qui ont pour principal point de connivence
un rejet du « spatialisme ».
L’analyse spatiale française est ce qui ressemble peu ou prou le plus à un
paradigme parmi les tendances contemporaines, même s’il n’existe aucun cursus
universitaire strictement spatialiste et même si elle semble en perte de vitesse
(démographique) depuis une décennie. Elle a sa géographie particulière (un
réseau dans le sud-est et l’est de la France fédéré par l’Umr Espace, plus un pôle
parisien non monopolistique), ses objets d’excellence (la géographie urbaine,
la modélisation des systèmes complexes), des médias et des manifestations spécifiques. Cela ne l’empêche pas d’être traversée par les mutations globales de la
géographie – contractualisation, technicisation, individualisme méthodologique,
etc. – à telle enseigne que l’on peut se demander ce qui demeure des efforts
fondamentaux de la « génération » des Pinchemel, Reymond, Brunet, Nicolas, qui
avaient essayé de construire par des biais convergents une théorie de l’espace
produit par les sociétés. L’effort était peut-être vain ou prématuré, du moins
avait-il le mérite de donner une perspective globale au spatialisme français. Néanmoins, on voit autour de Denise Pumain par exemple une école ambitieuse qui
121
théorise de façon séduisante les systèmes de villes, fournissant par le prisme de
l’urbanisation une interprétation générale du peuplement des espaces géographiques et des interactions spatiales. Pour le reste parfois, ici comme ailleurs, le
rabattement du métier sur des gestes techniques semble tenir lieu de « discipline », au risque de perdre de vue l’ambition théorique. De surcroît, l’évaporation
du marxisme a eu pour conséquence de dédouaner de larges pans de l’analyse
spatiale d’une exigence socio- ou anthropologique : la question de la signification
ou de la portée sociales des opérations cognitives n’est plus posée avec l’acuité
qui était de mise dans les années 1975-1990. Il peut dès lors apparaître légitime
d’étudier une « forme spatiale » pour elle-même³⁵, sans se poser la question de son
signifié. Il y a là un point de faiblesse, davantage problématique aujourd’hui qu’il
y a dix ou vingt ans, que n’ont pas manqué de critiquer les contempteurs passés
et présents du « spatialisme »³⁶.
La composante la plus délicate à ordonner est précisément cette géographie
dont le dénominateur premier semble être le rejet de la géographie naguère appelée « théorique et quantitative ». Face à l’objectivisme supposé de l’espace des
« spatialistes », les diverses sensibilités que nous fédérons ici ont eu en commun
de revendiquer un « renversement » (l’expression initiale est de Renée Rochefort)
des préoccupations, mettant au centre de la géographie non le milieu naturel
ou l’espace produit, mais la société, voire l’individu, dans sa subjectivité, avec
pour projet de reconstruire une pertinence « géographique » à partir de prémices
anthropo- ou sociologiques. Ainsi l’espace de la géographie sociale des années
1980 était considéré comme une simple projection des luttes sociales de domination, le plus souvent incarné dans une opposition entre un centre et une périphérie davantage allégoriques que proprement spatiaux. Depuis La Région, espace
vécu, d’Armand Frémont (1976), la géographie « antipositiviste » a mis au centre
de ses préoccupations la question des représentations, qu’elles soient collectives
ou individuelles, en essayant de dégager ce qu’elles pouvaient avoir de « géographique ». Il en a résulté chez certains un travail proprement « ontologique » sur
35
Cela était patent
lors du congrès
Géopoint 2004,
« La forme
en géographie ».
36
Cf. entre autres
M. Lussault, 2000,
« Reconstruire le bureau
(pour en finir
avec le spatialisme) »,
in C. Chivallon,
P. Ragouet, M. Samers,
Discours scientifiques
et contextes culturels :
géographies britanniques
et françaises à l’épreuve
postmoderne, Bordeaux,
Msh d’Aquitaine,
p. 225-251.
122
37
B. Debarbieux,
2003, « Territoire »,
in J. Lévy et M. Lussault
(dir.), Dictionnaire
de la géographie
et de l’espace
des sociétés, Paris, Belin,
p. 910-912.
la géographicité ou la territorialité (Claude Raffestin, Jean-Paul Ferrier, Jean-Luc
Piveteau, Augustin Berque), nourri de la redécouverte de L’Homme et la Terre,
d’Éric Dardel (1952). Mais d’autres voies, davantage descriptives ou débarrassées du préalable ontologique, ont été explorées, mettant au jour des identités
« géographiques », urbaines, territoriales, etc. Des méthodologies empruntées aux
sciences sociales (observation participante, enquêtes ethnologiques) se sont pour
partie substituées aux pratiques antérieures. Les références théoriques sont
à rechercher du côté de la sociologie « constructiviste » (anglo-saxonne ou française), de la phénoménologie sociale, de l’interactionnisme symbolique, tandis
que les normes épistémologiques ont été soit récusées, soit renversées : l’herméneutique et la théorie du « récit » de Paul Ricœur ont représenté pour certains
le nouvel horizon dans lequel penser la posture ou la compréhension géographiques. Émerge également une tentation postmoderne qui doit beaucoup
à l’influence de la géographie anglo-américaine, mais peine à déjouer les effets
négatifs de l’adjectif dans le contexte intellectuel français et à lui donner un sens
déterminé. Progressivement, « territoire » est devenu le déictique disciplinaire
de cette « nouvelle nouvelle » géographie au détriment d’« espace », trop lié à la
« géographie des modèles ». Pour autant, la plasticité des significations attachées
à ce nouveau terme-phare rend ardue toute tentative de synthèse, même si un
Bernard Debarbieux, l’un des plus remarquables représentants de cette tendance,
a réussi le tour de force d’en donner une définition synthétique³⁷.
Plus que jamais, à certains égards, et
malgré quelques-unes des caractéristiques
évoquées plus haut, la discipline
apparaît éclatée. Si l’unité institutionnelle
demeure inchangée, on constate aussi bien
chez les apprentis (des récents
bacheliers aux doctorants) que chez
les observateurs extérieurs une certaine
perplexité quant à l’identité de
la géographie. Cette dispersion ne doit
peut-être pas être interprétée comme
une faiblesse intrinsèque de la discipline.
Elle pourrait exprimer aussi la rencontre
entre la pluralité des enjeux spatiaux
et territoriaux contemporains
et de nouvelles formes d’implication
de la recherche scientifique dans l’action.
LES
GÉOGR
À
L’ŒUV
Intérêt national
et
RAPHES
quête d’universel
Cyril Gosme, Jean-Louis Tissier
RE
1
Cf. M. Roncayolo, 1986,
« Le paysage
du savant », in P. Nora
(dir.), Les Lieux
de mémoire, t. II.,
vol. 2, La Nation :
Le Territoire-L’ÉtatLe Patrimoine,
p. 487-528,
et J.-Y. Guiomar, 1986,
« Le Tableau de
la géographie
de la France de Vidal
de La Blache »,
in P. Nora, op. cit.,
p. 569-597
2
Cf. I. Lefort, 1992,
La Lettre et l’Esprit.
Géographie scolaire
et géographie savante
en France (1870-1970),
Paris, Cnrs éditions.
3
Hormis la mobilisation
de la Première Guerre
mondiale, on s’est
concentré ici sur
les formes d’expertise
aménagistes concernant
le territoire national,
ignorant par là
un certain nombre
d’interventions d’ordre
géopolitique.
Plutôt que de procéder à un inventaire
thématique des réalisations des géographes
(dont la bibliographie finale donne
un aperçu), il s’agit ici de souligner deux
lignes de continuité dans la contribution
de la géographie universitaire française
à la vie de la cité et au savoir, qui situent
la discipline entre action et pensée
du monde : un investissement privilégié
du territoire national, d’une part,
et une ambition constante et renouvelée
d’offrir une compréhension générale
du monde, de l’autre.
L’investissement du territoire
national s’est manifesté par la quantité
des recherches et des publications
proposées par les géographes français
sur celui-ci, à mettre en rapport
avec la contribution particulière
de la géographie à l’idéologie nationale,
bien soulignée pour la III République¹,
et dont participent également,
tout au long du siècle, la place centrale
de la formation citoyenne dans
la géographie scolaire² et la publication
de grandes synthèses sur la géographie
de la France. Un balayage de l’activité
des géographes au XX siècle nous révèle
cependant que, loin d’avoir seulement
contribué à la formation citoyenne
des Français par leurs manuels et leurs
ouvrages, les géographes ont également
été largement partie prenante de la vie
du pays, ce qui s’est traduit par des formes
d’expertise variées, en particulier
sur les questions de la modernisation
du pays ou de l’aménagement du territoire,
même entre 1940 et 1944. Dans
les années 1960, Pierre George a d’ailleurs
dénoncé la trop grande soumission
à la technocratie de la « géographie
appliquée » et s’est fait le promoteur d’une
approche plus critique : la « géographie
active ».
Parallèlement à cet investissement
privilégié du territoire national³,
les géographes ont été habités,
tout au long du siècle, par l’ambition
d’offrir une compréhension générale
du monde, dont le principe de l’unité
terrestre affirmé par Vidal de La Blache
peut être vu comme l’épigraphe.
le territoire de
la France,
laboratoire
de la géographie
française
127
Une conscience précoce des transformations du territoire
chez Vidal de La Blache
129
La mobilisation des géographes durant la Grande Guerre
131
Entre Lyon et Grenoble, des géographes partenaires de la modernité économique
133
Questions urbaines et rurales de l’entre-deux-guerres
135
Revoir la configuration du territoire (1940-1944)
137
Les géographes face aux transformations des Trente Glorieuses
139
Entre territoire et environnement, les ambivalences de la fin du xx siècle
142
Depuis le Tableau de Paul Vidal de
La Blache, la connaissance de la singularité
d’ensemble de la France et de ses
particularités régionales a été le travail
obligé de chaque génération de géographes
français. Ceux-ci n’ont cessé d’étudier
les transformations géographiques
de la France, en observateurs attitrés,
en pédagogues attentifs. Mais cet objet
proche, familier et quasi obligé a été aussi
128
un sujet de recherche, d’analyses voire
d’innovations. L’étude géographique
de l’espace français au cours du XX siècle
a été à plusieurs reprises, sinon
continûment, l’occasion de pratiquer
des approches nouvelles dans la pensée,
la réflexion et l’action géographiques.
La « géographie des professeurs », dans
sa version française ou hexagonale,
s’est échappée des cadres imposés
et des formules finalisées par la fonction
pédagogique ou académique. Les professeurs
ont assumé d’autres rôles, parallèles
à la fonction enseignante. Ils ont été
périodiquement sollicités par les pouvoirs
publics dans des conjonctures politiques
à dimension territoriale, quand des
questions proprement géographiques
se sont posées : adaptation de la trame
administrative, accompagnement
des dynamiques économiques, attention
aux rapports qu’entretient la société
avec son territoire. À la fin du XX siècle
ils abordent la question de l’environnement
et des risques. L’image de géographes
retranchés dans une tour d’ivoire
universitaire mérite donc d’être fortement
discutée, car de nombreux géographes
en sont sortis, prenant part aux débats
de la cité, du territoire national et parfois,
au-delà, de l’espace européen.
—
conscience des
transformations
du territoire
chez Vidal
de La Blache
— Le Tableau de la géographie de la France, publié en 1903, a servi de référence
aux thèses que les élèves de Paul Vidal de La Blache ont réalisées dans les trois
premières décennies du xx siècle et conduit à une assimilation, sans doute réductrice, de la géographie française à la géographie régionale, tout entière attachée
à sa lecture d’un territoire national différencié en régions et pays stables, dans
le temps comme dans l’espace.
Loin de s’en tenir à ce point de vue rassurant d’un Tableau ouvert à des
précisions locales mais intangible dans sa composition, Vidal de La Blache a développé une approche dynamique de la mutation régionale de la France⁴. Tenant
compte des observations qu’il a pu faire dans d’autres pays européens, aux économies plus différenciées et aux sociétés plus urbanisées que celles de la France –
voire aux États-Unis, « découverts » lors d’un voyage en 1904 –, il prend part aux
réflexions et aux débats qui, dans l’avant-guerre, se développent sur la décentralisation du territoire, le nécessaire redécoupage administratif en vue d’une adaptation aux conditions de l’économie moderne. Ainsi de sa conférence de 1911
consacrée à la relativité des divisions régionales, où il prend position⁵ : « L’énormité des masses, des hommes et des choses, mises en mouvement avec l’outillage
et les capitaux qu’elles exigent ne s’accommodent plus des cadres restreints d’autrefois […]. Qu’à cet état nouveau doivent correspondre de nouvelles divisions
régionales, il n’est pas paradoxal de l’affirmer. Quelle différence entre la France
où au-dessous d’une capitale de 500 000 habitants il n’y avait que des villes dix
ou vingt fois moindres et celle où de différents côtés du territoire se répartissent
des villes grandissantes de 5 000, 10 000 ou 100 000 habitants ! Chacune de ces
grandes villes fait fonction de capitale régionale, exerce une attraction en rapport
avec sa masse. On a parfois cité l’exemple de Lyon ; il est en effet topique. »
La réorganisation du territoire français est envisagée par Vidal comme une
nécessité dont la logique est guidée par l’affirmation de capitales régionales. En
prenant la parole sur cette question du moment, Vidal montre que le géographe
est aussi un veilleur qui doit être attentif au présent, informer les débats en
129
4
M.-V. Ozouf-Marignier,
2000, « Le Tableau
et la division régionale :
de la tradition
à la modernité »,
in M.-C. Robic (dir.),
Le Tableau de la
géographie de la France
de Paul Vidal
de La Blache. Dans
le labyrinthe des formes,
Paris, Éditions du Cths,
p. 151-181.
5
P. Vidal de La Blache,
1911, « La relativité des
divisions régionales »,
conférence à l’École
des hautes études
sociales, reprise comme
introduction dans
Les Divisions régionales
de la France, Paris,
Félix Alcan, 1913.
130
figure 1.
Régionalisation proposée par Vidal de La Blache
– Revue de Paris, décembre 1910
6
P. Vidal de La Blache,
1910, « Régions
françaises », Revue
de Paris, décembre,
p. 821-849.
cours, éventuellement faire des propositions. Celles-ci sont un engagement à la
fois géographique et civique, traduit par exemple dans la carte d’un redécoupage
du territoire français que Vidal propose en 1910⁶ |fig. 1|, inaugurant un type
d’expertise spatialisé et documenté qui caractérisera le mode d’intervention des
géographes.
—
la mobi lisation
des géographes
durant
la Grande Guerre
— Durant la Grande Guerre, rares sont les géographes qui sont restés à l’écart
d’un engagement à caractère patriotique. On peut distinguer plusieurs registres
dans cette démarche.
Le premier serait celui de la fiche ou du dossier de renseignement qui
compile en fonction d’une demande de l’autorité militaire, parfois pressée ou
intempestive, les sources diverses publiées avant la guerre. Ce travail, sans doute
le plus élémentaire réalisé au Service géographique de l’armée, a pu être considérable et presque permanent, pendant deux années par exemple pour Albert
Demangeon⁷.
Le deuxième est celui des dossiers coordonnés par le Comité d’études pour
la Conférence de la paix⁸. Cette instance, qui a été créée en 1917 par Aristide
Briand, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, a réuni sous
la présidence de l’historien Ernest Lavisse et sous la vice-présidence de Paul
Vidal de La Blache la plupart des géographes en poste à Paris, à la Sorbonne.
Les travaux du Comité d’études, publiés au lendemain de la guerre, ont porté
en priorité sur des questions de délimitations territoriales et d’organisation
économique dans les espaces contigus à la France du Nord et du Nord-Est, puis
sur d’autres « points chauds » de l’Europe centrale et orientale (Balkans, Roumanie, Détroits, Pologne).
On peut associer à ces travaux l’ouvrage de Vidal de La Blache La France de
l’Est (1917), un plaidoyer géographique pour la réintégration territoriale des
régions annexées par le Reich allemand en 1871, et qui eut une audience certaine
au moment de sa parution⁹. Ce travail relève d’un troisième registre par lequel
la géographie savante et régionale construit son discours dans une relative autonomie par rapport aux pouvoirs publics, militaire et politique.
En ce temps de guerre, alors qu’une partie du territoire importante sur le
plan de l’économie industrielle est occupée, se fait jour l’idée d’une nécessaire
rationalisation de la production industrielle. Cette question, qui avait été abordée
avant la guerre par certains géographes situés en marge du milieu universitaire
131
7
Cf. D. Wolff, 2005,
Albert Demangeon
(1872-1940). De l’école
communale à la chaire
en Sorbonne, l’itinéraire
d’un géographe moderne,
Thèse, université
de Paris I.
8
Cf. T. Ter Minassian,
1997, « Les géographes
français et
la définition des
frontières balkaniques
à la Conférence de
la Paix en 1919 », Revue
d’histoire moderne et
contemporaine, 44 (2),
p. 252-286 ;
J. Bariety, 2002,
« La Grande Guerre
(1914-1919) et les
géographes français »,
Relations internationales,
109, p. 7-24 ;
G. Palsky, 2002,
« Emmanuel
de Martonne and the
Ethnographical
Cartography of Central
Europe (1917-1920) »,
Imago Mundi, 54,
p. 111-119.
9
P. Vidal de La Blache,
1917 (rééd., 1994),
La France de l’Est
(Lorraine-Alsace), Paris,
La Découverte
(préface d’Yves Lacoste).
132
10
Cf. A. Sevin, 2001,
« Du commissaire
enquêteur au secrétaire
général de Chambre de
commerce. L’itinéraire
singulier du géographe
Louis Laffitte »,
in G. Baudelle,
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic (dir.),
Géographes en pratiques
(1870-1945). Le terrain,
le livre, la Cité, Rennes,
Presses universitaires
de Rennes, p. 133-143.
(tels Louis Laffitte¹⁰ et Jacques Levainville), trouve un nouvel écho auprès du
ministère de l’Armement et de son titulaire, Albert Thomas, qui incorpore dans
l’effort de guerre une dimension d’encadrement étatique, d’association régionale
des compétences et des complémentarités économiques. Des universitaires ayant
une formation de géographie économique (comme Henri Hauser) travaillent pour
les ministères. En 1917, la création de vingt régions économiques par Clémentel,
ministre du Commerce, est directement inspirée des travaux de Vidal de La Blache
et de ses élèves.
Ces fonctions d’informateurs, d’analystes, plus souvent dans l’ombre des
bureaux qu’en pleine lumière politique ou administrative, ont, pendant les
années de guerre et l’immédiat après-guerre, occupé la plupart des géographes
universitaires, peu nombreux il est vrai. Des publications en sont la traduction
publique. Pour certains d’entre eux, ce travail s’est poursuivi après la guerre, par
la participation ou la contribution à des initiatives de reconstruction ou de
modernisation du tissu économique, social et régional.
—
entre Lyon et
Grenoble, des géographes partenaires
de la modernité
économique
— Nous avons vu que Vidal avait relevé dès le début du siècle que la région
lyonnaise était une partie du territoire travaillée par la modernité de la vie de
circulation notamment, mais aussi par la ressource du Rhône, qualifié par lui de
« principe d’inépuisable énergie ». Entre le Massif central et les Alpes, de nouvelles formes d’industrialisation apparaissent, avec les modes d’urbanisation qui
leur sont associés. Les géographes en poste dans cet ensemble du territoire se sont
engagés dans une démarche de promotion économique, de conseil aux organisations patronales. Le parcours de Raoul Blanchard est le plus explicite¹¹. Il est
nommé à l’université de Grenoble en 1906 et y fonde le Laboratoire de géographie
alpine. Son étude urbaine de Grenoble, publiée en 1911, illustre le rôle que Vidal
de La Blache assigne aux capitales économiques régionales. Blanchard établit et
cultive dans la capitale dauphinoise des relations avec les dirigeants de l’économie
de la région, industriels et banquiers, notamment avec les milieux techniques
et financiers de la houille blanche où, jusqu’au début des années 1920, il déploie
un activisme certain, qui s’atténue par la suite du fait de ses séjours réguliers
en Amérique du Nord et du décès, en 1928, de son principal « complice » patronal, Aimé Bouchayer.
À Lyon, la géographie universitaire ne dispose pas, au moment de la guerre
et de l’immédiat après-guerre, d’un meneur d’une pareille envergure¹². Vis-à-vis
du potentiel économique que Vidal de La Blache avait clairement identifié avant
la guerre, l’Université paraît avoir été en retrait. Curieusement, les initiatives
d’une personnalité politique de premier plan comme Édouard Herriot n’ont,
semble-t-il, pas trouvé de répondant. Il apparaît que des dirigeants économiques
et politiques régionaux engagés dans la grande entreprise d’aménagement qu’est
la Compagnie nationale du Rhône, vivement intéressés par la thèse de Maurice
Pardé sur le régime du Rhône (1926), ont sollicité une collaboration de la part des
géographes universitaires. Dans un premier temps, celle-ci se dessine de manière
très nette : dans le cadre d’un Institut d’études rhodaniennes, André Cholley
propose la création d’une Commission des études rhodaniennes. Un texte-manifeste précise : « Organiser sur cette importante région française, et européenne,
133
11
Cf. P. Veitl, 1993,
« Un géographe engagé :
Raoul Blanchard et
Grenoble, 1910-1930 »,
Genèses, 13, p. 98-117,
et 2001, « Entre étude
scientifique et
engagement social.
L’Institut de géographie
alpine de Raoul
Blanchard, laboratoire
de la Région économique
alpine », Revue de
géographie alpine, 89 (4),
p. 121-131.
12
Cf. J. Béthemont, 1996,
« Sur une école
lyonnaise de géographie
(1923-1973) »,
in P. Claval,
A.-L. Sanguin (dir.),
La Géographie française
à l’époque classique
(1918-1968), Paris,
L’Harmattan, p. 147-155.
134
une enquête scientifique permanente, susciter des courants d’idées, créer entre
les chercheurs et, aussi, entre les foyers de pensées dispersés au long de l’axe
rhodanien un organe de liaison efficace, tel est en somme l’idéal ; idéal nullement
trop ambitieux, étant donné le rôle considérable que cette région a joué dans
l’Histoire, et le développement qu’elle peut atteindre. » L’initiative d’André
Cholley souffre de son départ pour la Sorbonne en 1927, et les recherches techniques sur l’aménagement du Rhône deviennent progressivement le monopole
d’un service de la Compagnie du Rhône.
—
Questions urbaines
et rurales
de l’entre-deuxguerres
— Les villes, dont Vidal de La Blache a reconnu le rôle essentiel dans l’organisation du territoire français, se transforment et s’étendent à mesure que leurs
fonctions économiques se renforcent. La gestion de ces mutations devient, notamment dans la région parisienne, une urgence pour les élus locaux et l’État. La
Ville de Paris se dote en 1916 d’un Institut d’histoire, de géographie et d’économie urbaines, chargé de développer une mission de documentation, de recherche
et d’enseignement qui puisse conduire à définir et réaliser « une organisation
rationnelle de l’agglomération ». La commission administrative de cet institut
comprend sept géographes sur un total de vingt-quatre membres, et Vidal de
La Blache en est le vice-président jusqu’à son décès, en avril 1918 ; y participent
Jean Bruhnes, Albert Demangeon, Lucien Gallois, Emmanuel de Martonne. L’institut dispose d’une revue, La Vie urbaine, qui accueille des contributions de
géographes non parisiens, Raoul Blanchard notamment, ainsi que Jacques Levainville, Camille Vallaux, Myriem Foncin.
Dans ce contexte de collaboration avec les multiples praticiens du fait
urbain, leurs interventions, libres de tout héritage académique, proposent des
approches nouvelles pour définir les limites des périmètres des agglomérations
urbaines : densité du peuplement, continuité du bâti, accessibilité, lignes isochrones, cartographie statistique. Cette expérience s’est achevée avec la mise en
application de la loi Cornudet (1919), qui rend obligatoires les « plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension » des villes. La priorité donnée à la dimension opérationnelle de l’urbanisme a conduit à écarter les géographes univer
sitaires au bénéfice des seuls techniciens de l’aménagement urbain¹³.
Durant l’entre-deux-guerres, les géographes universitaires trouvent dans
l’étude des campagnes un autre domaine de recherches ouvertes sur des applications. Certes les thèses de géographie régionale des années 1930 comportent des
chapitres substantiels sur les espaces ruraux, mais ce savoir reste composite,
en fonction des terrains et surtout des méthodes propres à chaque chercheur.
La plupart des campagnes françaises sont considérées comme des composantes
135
13
Cf. sur les engagements
des géographes
dans la cité au cours
de l’entre-deux-guerres,
dont cette expérience
en urbanisme :
M.-C. Robic, 1996,
« Des vertus de la chaire
à la tentation
de l’action », in P. Claval,
A.-L. Sanguin (dir.),
op. cit., p. 27-53,
et sur le rôle
des géographes dans
la formulation de la
question urbanistique,
V. Berdoulay,
O. Soubeyran, 2002,
L’Écologie urbaine
et l’urbanisme.
Aux fondements
des enjeux actuels, Paris,
La Découverte.
136
14
Celui-ci a édité en 1964
les résultats
d’une des enquêtes :
Documents pour servir
à l’étude de la structure
agraire dans la moitié
occidentale de la France,
Paris, A. Colin.
Cf. F. Plet, 2003,
« La géographie rurale
française. Quelques
jalons », Sociétés
contemporaines, 49-50,
p. 85-106.
territoriales techniquement et socialement en retard, démographiquement dévitalisées et en crise chronique sur le plan économique. L’approche systématique des
questions rurales est l’œuvre d’Albert Demangeon. À la conjoncture de crise qui
s’affirme au début des années 1930 répondent de nouveaux moyens scientifiques :
ceux du Conseil universitaire de la recherche sociale (1935), dont le financement
est assuré par la Fondation Rockefeller. Membre de ce conseil, Demangeon peut
lancer trois grandes enquêtes : sur les étrangers dans les campagnes françaises,
sur l’habitation rurale et sur les structures agraires. La finalité de ces travaux est
de permettre un diagnostic sur l’état social et économique des campagnes en vue
d’une politique de modernisation. Ces enquêtes ont bénéficié d’un financement
important, mais les résultats ont été retardés par la guerre, le décès de Demangeon en 1940 et l’exil forcé de son jeune assistant Jean Gottmann¹⁴.
—
revoir
la configuration
du territoire
(1940-1944)
— Si le début de la guerre s’était accompagné de la mobilisation de certains
géographes pour le renseignement¹⁵, la défaite et l’installation d’un régime qui
prône la planification, la régionalisation et une attention renforcée aux questions
rurales, ont ouvert d’autres perspectives d’analyse et d’expertise. Sans ignorer
des contacts ou des engagements dans la Résistance, il faut relever la participation
de quelques géographes à des études qui proposent des diagnostics suscités par
un « air du temps » territorial et agrarien, sans pour autant adhérer au credo de
la Révolution nationale.
La création en 1941 par le régime de Vichy d’une Délégation générale à
l’équipement national (Dgen) permet de regrouper tous les anciens services voués
aux diverses tâches de l’équipement et d’envisager, dans l’esprit planiste de
l’avant-guerre, une planification comportant une composante territoriale forte.
Les compétences des géographes sont sollicitées pour établir des rapports sur la
régionalisation, l’équipement rural et urbain, les localisations des activités économiques¹⁶. L’une des contributions les plus significatives est réalisée dans le cadre
de la commission Dessus. Gabriel Dessus, directeur de la Compagnie parisienne de
distribution de l’électricité, est placé en 1941 à la tête d’une instance chargée de
dresser un tableau de la géographie industrielle de la France, dans la perspective
d’engager une politique de décentralisation de l’industrie. Parmi ses collaborateurs, on compte deux jeunes géographes : Pierre George et Jacques Weulersse.
L’essentiel du travail de cette commission sera publié après la guerre, sous le titre
significatif de Matériaux pour une géographie volontaire de l’industrie.
Les options qui se font jour, officiellement ou officieusement, sont celles
de la régionalisation et de la décentralisation. Ainsi, c’est dans ces équipes que
travaille Jean-François Gravier, qui propose dans un fascicule intitulé Régions
et Nations (1942) une reconstruction territoriale de la France en prenant principalement appui sur des « groupements naturels » de base analogue aux pays
et un retour aux provinces. On remarquera ici une perméabilité relative à l’idéologie traditionaliste ou réactionnaire du régime en place. D’autres contributions
137
15
Cf. J. Gottmann, 1946,
« French geography
in wartime »,
The Geographical
Review, 36, p. 80-91.
16
Sur ces questions
d’aménagement
du territoire avant
la lettre, voir I. Couzon,
2001, « La figure
de l’expert-géographe
au miroir de la politique
d’aménagement
du territoire en France
(1942-1950) »,
in G. Baudelle,
M.-V. Ozouf-Marignier,
M.-C. Robic (dir.),
op. cit., p. 159-171 ;
J.-L. Tissier, 2001,
« Rendez-vous à Uriage
(1940-1942).
La fonction du terrain
au temps de la
Révolution nationale »,
ibid ., p. 343-351.
138
17
Cf. G. Parker,
« La géographie
politique de Yves-Marie
Goblet (1881-1955) »,
in P. Claval,
A.-L. Sanguin (dir.),
1996, op. cit.,
p. 207-214.
à ce débat sont plus innovantes, notamment celle de Yves-Marie Goblet¹⁷. Ce dernier est un géographe spécialisé dans les questions de géographie politique et
économique. Il n’enseigne pas à l’université mais dans des institutions parallèles
(École supérieure de commerce de Paris, Conservatoire national des arts et
métiers), et il a des relations dans les instances de la Société des Nations (Sdn)
à Genève. Il publie en 1942 un ouvrage intitulé La Formation de régions. Introduction à la géographie économique de la France, dans lequel il se livre à une analyse
sur le processus d’individualisation des régions, sur la constitution de réseaux
et sur le caractère complexe de la vie régionale. On y retrouve certaines idées
de Vidal de La Blache, mais aussi des propositions de réorganisation régionale qui
se distinguent d’un retour en arrière « provincial ».
Au fond, cette période pose les principes d’un certain volontarisme géographique. Celui-ci engage des géographes venant d’horizons idéologiques divers
dans une réflexion sur l’organisation du territoire et la nécessité de sa gestion par
l’État.
—
les géographes
face aux
transformations
des Trente
Glorieuses
— Durant la première décennie de l’après-guerre, les urgences de la reconstruction et de la modernisation sont assurées par les ingénieurs et les responsables politiques du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (Mru).
La politique est menée dans un cadre planifié d’objectifs et de moyens, où la
dimension spatiale ou territoriale est réduite : la reconstruction se réalise largement dans la géographie économique et industrielle de l’avant-guerre. L’ouvrage
de Jean-François Gravier Paris et le Désert français (sous-titré Décentralisation,
équipement, population) plaide pour un rééquilibrage du territoire français. Il est
préfacé par Raoul Dautry, l’un des acteurs principaux de la reconstruction (il fut
ministre de la Reconstruction juste après la guerre). Mais ce patronage intellectuel
tarde à se réaliser dans l’application concrète et géographique.
La réflexion des géographes sur l’organisation spatiale du territoire se précise toutefois dans cette décennie. Les expériences étrangères comme le Town and
Country Planning britannique, les grands aménagements américains comme ceux
de la Tennessee Valley Authority, ainsi que les réalisations soviétiques, sont
connus et dans l’ensemble présentés positivement par les publications de géographes. Cependant, ceux-ci restent partagés sur la relation entre la géographie
universitaire et les principes normatifs d’un aménagement territorial.
Une expression nouvelle, « organisation de l’espace » est employée pour
rendre compte d’un état de fait : les sociétés humaines mettent en ordre leurs
espaces à des fins productives notamment ; mais une seconde signification désigne
moins un état qu’un processus de rationalisation consciente et volontaire, une
politique territoriale avec des choix, des priorités et des moyens. Si les géographes admettent la première acception, qui regroupe et synthétise des intuitions déjà anciennes, ils restent méfiants quand la seconde traduit une revendication d’autonomie opérationnelle, qui serait celle de la « géonomie ». MauriceFrançois Rouge est le promoteur de cette discipline pratique. Lui-même a suivi
une formation pluridisciplinaire (en géographie, en urbanisme), et il a travaillé à
la Dgen dès 1942 puis au Mru en 1945. Pour lui, la géonomie n’est pas un simple
139
140
domaine de la connaissance comme la géographie, elle est un corps de doctrine,
nomos (loi), pour guider les transformations géographiques du monde nouveau.
La plupart des géographes considèrent que cette nouvelle discipline usurpe l’une
des fonctions de la géographie : une géographie complète recèle une dimension
pratique que la géonomie s’arroge en s’autonomisant unilatéralement.
À distance des a priori ou des principes généraux sur le rapport entre
la géographie savante et l’action, chaque géographe intervient selon ses centres
d’intérêt, son tempérament, mais aussi le contexte de son travail universitaire.
Transformations des activités économiques dominantes agricoles ou industrielles,
urbanisation : les géographes sont des témoins directs de la version géographique
des Trente Glorieuses. Ainsi, ces événements qui transforment le territoire suscitent un intérêt tel que de jeunes professeurs (comme Jacqueline Beaujeu-Garnier
ou Philippe Pinchemel) s’orientent vers la géographie humaine de la France
après avoir fait leurs preuves académiques en géomorphologie. Sous des moda
lités diverses, ils développent des recherches qui ont une portée pratique dans
leurs régions respectives : Étienne Juillard en Alsace, Michel Phlipponneau en
Bretagne, Jean Labasse à Lyon…
En 1955, le gouvernement de Pierre Mendès-France ouvre la première
séquence de la politique de décentralisation, en créant des « régions de programme ». Des universitaires voient dans cette orientation et ses institutions une
opportunité pour développer une géographie dite appliquée. La contribution de
la géographie appliquée à l’aménagement est d’abord de dresser un tableau complet des espaces régionaux en termes démographiques, d’urbanisation, de localisation des activités et des équipements. Les atlas régionaux qui paraissent à partir
de 1959 témoignent des études et des travaux spécifiques confiés aux géographes.
Les plaidoyers pour ou contre l’intervention dans l’expertise géographique
se répondent dans plusieurs ouvrages aux titres explicites : Géographie et action
(Michel Phlipponneau, 1960), La Géographie active (1964, sous la direction
de Pierre George, avec les contributions de Raymond Guglielmo, Bernard Kayser,
141
Yves Lacoste), L’Organisation de l’espace. Éléments de géographie volontaire (Jean
Labasse, 1965)… Le débat est vif, mais circonscrit au cercle restreint de la géographie universitaire et de certains milieux aménagistes. Il témoigne cependant des
réticences de la géographie savante à finaliser un domaine de connaissances en
vue d’une action.
La création de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action
régionale (Datar), en 1963, ouvre pour une décennie un moment fort d’études,
de recherche et de débats, qualifié d’« âge d’or » par Armand Frémont¹⁸. Dans
ce contexte nouveau, la contribution des géographes se situe à deux niveaux.
Le premier est celui d’une analyse de l’urbanisation du territoire destinée à repérer les principales villes qui forment le « réseau urbain » ou l’« armature urbaine »
de la France métropolitaine, et dont les mieux équipées sont appelées à « équilibrer » le poids et le rôle de Paris : s’illustrent notamment dans cette optique
Étienne Juillard, auteur de l’un des premiers rapports de géographes français
dans ce domaine, « Essai de hiérarchisation des centres urbains actuels » (fig. 9
du chapitre 2), et Michel Rochefort, auteur de plusieurs études sur le « niveau
supérieur de l’armature urbaine française » – qu’il a étendues ensuite à d’autres
pays, tel le Brésil¹⁹. Le second est celui des politiques d’action régionale, où les
géographes sont sollicités afin de réaliser des études spécifiques pour les nouvelles institutions dont le ressort géographique est la région ou les « aires métropolitaines » des grandes agglomérations (Oream). C’est sans doute à cette échelle
régionale que l’implication des géographes est la plus forte en nombre, en contributions personnelles ou collectives, en nouveaux débouchés professionnels pour
les diplômés de géographie qui ont suivi des cursus plus techniques et moins académiques.
18
Cf. A. Frémont, 2005,
Géographie et Action.
L’aménagement
du territoire, Paris,
Arguments.
19
Cf. 2000,« Parcours
dans la recherche
urbaine.
Michel Rochefort,
un géographe engagé »,
Strates, hors-série.
142
—
entre territoire
et environnement,
les ambivalences
de la fin
du xx siècle
— Au milieu des années 1970, la crise économique transforme certaines priorités de l’aménagement du territoire en soutien aux secteurs économiques en reconversion, soit une politique de moindre contenu géographique. L’État réoriente
l’échelle de ses interventions en mettant l’accent sur les « pays » et les villes
moyennes, c’est-à-dire une maille territoriale plus réduite que la région, et qui
paraît plus pertinente pour rapprocher la gestion du territoire du « cadre de vie »
des habitants. La promotion du « pays » donne l’occasion aux géographes de réactiver un fonds ancien de connaissances, mais aussi de l’actualiser par des
recherches sur les sociétés qui « vivent au pays ». En 1975, un programme interdisciplinaire du Cnrs consacré au « changement culturel et social » sollicite les
spécialistes des sciences sociales pour évaluer à une échelle fine les transformations des deux décennies précédentes. Les géographes y participent, notamment
par un réseau localisé dans la France de l’Ouest et dirigé par Armand Frémont,
Jean Renard et Robert Hérin. Ces approches de la société française dans ses territoires conduisent à l’expression d’un nouveau courant de géographie sociale qui
se manifeste sur la scène nationale au tout début des années 1980, au moment de
l’alternance politique.
La conjoncture des années 1980 change le contexte politique français,
tandis que le cadre de la réflexion territoriale s’élargit à l’échelle européenne. Si
l’État reste attentif aux enjeux territoriaux, il conçoit à partir de 1981 son action
dans un système de réflexion – et surtout de décision – décentralisé. Des géographes participent aux études et aux débats, d’autant qu’ils peuvent apporter
des concepts et des méthodes renouvelés. La création, en 1983-1984, du « programme Reclus », qui a pour objectif « la constitution d’un système d’observation, d’analyse et d’interprétation de la dynamique des localisations d’activités et
d’équipements en France et à l’étranger », mobilise les chercheurs à l’intérieur
d’une structure mixte – institutionnellement, c’est un « groupement d’intérêt
public » (le Gip est un type de groupement créé en 1982 pour la recherche et le
développement technologique) – qui rassemble à côté des grands organismes
143
publics de recherche plusieurs administrations centrales (ministère de la
Recherche et de la Technologie, ministère de l’Urbanisme, du Logement et des
Transports, ministère de l’Environnement, ministère des Affaires sociales et de la
Solidarité nationale, Datar, etc.), ainsi que divers organismes comme l’Institut
géographique national, des universités et des collectivités territoriales²⁰.
Dans le cadre d’une nouvelle articulation entre la recherche et les pouvoirs
publics, de nombreuses équipes de géographes proposent une approche actualisée du territoire français et l’élargissent à l’espace européen mitoyen, rhénan,
atlantique et méditerranéen, autour de Roger Brunet et de la Maison de la géographie de Montpellier. L’accent est mis sur les relations spatiales, le jeu interactif
entre les villes, les effets de réseau qui ne sont plus limités ou contraints par les
limites administratives ou politiques. Le rapport au territoire est moins descriptif
et opérationnel, il est davantage réflexif ou spéculatif, voire prospectif, appuyé
par des innovations graphiques et cartographiques qui soulignent, suggèrent ou
anticipent des évolutions ou des scénarios. On repère désormais des configurations, des « arcs », des « réseaux » à l’échelle de la France et de l’Europe |fig. 2|.
On peut considérer que ces travaux forment une propédeutique géographique à
une compréhension territoriale de la construction européenne. De ce fait, il y a
une certaine perméabilité entre les champs de la recherche géographique et ceux
de l’expertise territoriale. Des questions stratégiques comme celle de la distribution spatiale des métropoles ou celle de l’inégale répartition des fonctions de haut
niveau sont abordées sous l’angle de la recherche par des ouvrages comme Le Système des villes européennes (1994)²¹, mais le constat scientifique permet aux
acteurs politiques et territoriaux de préciser leurs stratégies de valorisation territoriale.
Sur un autre front, l’émergence des questions environnementales dans
les années 1970 a conduit les géographes à entreprendre une approche du territoire élargie, compréhensive²². Des lieux ou des espaces sur lesquels avaient
été développés depuis les années 1950 des utilisations ou des usages parfois
20
Cf. R. Brunet, 1984,
« RECLUS, un nouvel
outil de connaissance »,
INTERGÉO Bulletin, 76,
p. 103-111, citation
p. 103 ; R. Brunet, 1997,
Champs et Contrechamps. Raisons de
géographe, Paris, Belin.
21
N. Cattan, D. Pumain,
C. Rozenblat, T. SaintJulien, 1994, Le Système
des villes européennes,
Paris, Anthropos ;
les rapports préparés
pour la Datar :
C. Rozenblat, P. Cicille,
2003, Les villes
européennes. Analyse
comparative, Paris,
La Documentation
française, Datar ;
R. Brunet (dir.), 1989,
Les Villes « européennes »,
Paris, La Documentation
française, Datar-Reclus ;
Les groupes de travail
animés à la Datar
par Guy Baudelle,
Pierre Beckouche,
Bernard Debarbieux…
22
Cf. J.-L. Tissier, 1992,
« La géographie
dans le prisme de
l’environnement (19701990) », in M.-C. Robic
(dir.), Du milieu
à l’environnement.
Pratiques et représentations du rapport
homme/nature depuis
la Renaissance, Paris,
Economica, p. 201-236.
144
figure 2.
Structure de l’Europe occidentale.
– Brunet Roger, Territoires de France
et d’Europe. Raisons de géogrphe,
Belin, coll. « Mappemonde », 1997
145
massifs – les littoraux, les versants montagnards, les vallées fluviales – se révélaient fragiles, vulnérables. La conception d’un
territoire neutre, uniforme ou bien « tempéré », offert aux initiatives aménagistes, a été remplacée par celle d’une réalité territoriale différenciée, inégalement propice aux demandes techniques et sociales. Des géographes de formation « naturaliste »,
maîtrisant l’étude de processus physiques et biologiques, parmi
lesquels des biogéographes et des climatologues tels Georges
Bertrand et Charles-Pierre Péguy ont été les pionniers²³, ont
contribué à une analyse du territoire en termes d’environnement, de ressources, d’aléas et de risques²⁴. Leurs contributions
aux programmes interdisciplinaires de recherches sur l’environnement (Piren) ont été notables dans les deux dernières décennies²⁵. Ces questions environnementales ont des versions ou des
dimensions territoriales : elles se manifestent dans l’espace dans
des milieux identifiés, par exemple les bassins-versants, qui
correspondent à un domaine de compétence ancien mais aussi
renouvelé des géographes. Depuis le sommet de Rio (1992), le
positionnement environnemental des géographes est orienté dans
la perspective du développement durable, ce qui suscite des travaux attachés à prendre leur distance par rapport à la vulgate²⁶.
23
G. Bertrand, 1968, « Paysage et géographie physique
globale ; esquisse méthodologique », Revue
géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, 3,
p. 249-272 ; 1975, « Pour une histoire écologique
de la France rurale », in G. Duby, A. Wallon (dir.),
Histoire de la France rurale, t. I, Paris, Éd. du Seuil,
p. 37-111 ; C. Bertrand, G. Bertrand, 2002,
Une géographie traversière. L’environnement à travers
territoires et temporalités, Paris, Arguments ;
C.-P. Péguy, 1979, « Ordre et désordre des climats »,
L’Espace géographique, p. 5-14 ; 1989, Jeux et enjeux
du climat, Paris, Masson ; voir aussi J. Tricart,
J. Killian, 1978, L’Éco-géographie, Paris, Maspero.
24
1982, « Terres à hauts risques », Hérodote, 24,
et 1984, « Écologies/géographie », Hérodote, 26 ;
J.-P. Marchand, 1989, Contraintes climatiques
et espace géographique. Le cas irlandais, Caen,
Paradigme ; Y. Veyret, P. Pech, 1993,
L’Homme et l’environnement, Paris, Puf ;
R. Neboit-Guilhot, L. Davy (dir.), 1996,
Les Français et leur environnement, Paris, Cnfg,
Nathan ; J.-P. Bravard, 2001, Les Régions françaises
face au extrêmes hydrologiques. Gestion des excès
et de la pénurie, Paris, Sedes ; A. Dauphiné, 2001,
Risques et Catastrophes. Observer, spatialiser,
comprendre, gérer, Paris, Armand Colin ; P. Pigeon
(dir.), 2002, « Approches géographiques des risques
“naturels” », Annales de géographie, p. 627-628, etc.
25
M. Jollivet (dir.), 1992, Sciences de la nature, sciences
de la société. Les passeurs de frontières, Paris, Cnrs
éditions ; M. Jollivet, N. Mathieu (dir.), 1989,
Du rural à l’environnement. La question de la nature
aujourd’hui, Paris, Arf/L’Harmattan ; les travaux
de d’Yves Luginbuhl, la revue Natures,
Sciences, Sociétés (Nss).
26
Cf. P. Arnould, A. Miossec, Y. Veyret, 2004,
« Vers une géographie du développement durable »,
Historiens et Géographes, 387.
146
la géographie
hantée par
l’idée du Monde
Le principe vidalien de l’unité terrestre
148
Un monde inégalement investi par la recherche
150
Les géographies universelles comme affirmation d’une capacité à décrire le Monde 152
La part tropicale du Monde
156
L’ambition du général
158
Les géographes viennent au Monde
160
Si les géographes français,
au XX siècle, ont fortement investi
le territoire national, une des dimensions
importantes de leur entreprise
est aussi la pensée du monde
dont elle est porteuse : le monde pris
dans sa totalité constitue en effet
une référence essentielle de tout savoir
produit par la géographie, le particulier
des situations décrites étant toujours
évalué, explicitement ou pas, par rapport
à d’autres situations étudiées ailleurs,
c’est-à-dire, en dernier ressort, au monde.
Cet investissement de la question
du monde considéré dans sa totalité
n’est pas en lui-même une innovation
de l’« école française ». Il constituait
déjà le principe de définition de
la géographie dans le partage des savoirs
de la Renaissance, la géographie prenant
en charge cette question du tout terrestre,
par opposition à la chorographie
et à la topographie, qui s’occupaient
respectivement de la région et du lieu.
Il avait également été central dans la pensée
des Allemands Humboldt et Ritter,
au XIX siècle, qui eurent une influence
déterminante sur Élisée Reclus |fig. 3|,
Émile Levasseur ou Paul Vidal de La Blache.
147
figure 3.
Illustration liminaire de la Nouvelle géographie
universelle.
– Reclus Élisée, Nouvelle géographie universelle,
la Terre et les Hommes, Hachette, 1881
148
27
P. Vidal de La Blache,
1896, « Le principe
de la géographie
générale », Annales de
géographie, p. 129-142.
28
Réédité une dizaine de
fois entre sa publication
en 24 livraisons
(en 1891-1894)
et les années 1950,
il constitue
une réalisation majeure
de la géographie
universitaire française.
29
Cf. M.-C. Robic, 2004,
« Un système
multi-scalaire,
ses espaces de références
et ses mondes.
L’Atlas Vidal-Lablache »,
Cybergeo, 265.
—
le principe
vidalien de l’unité
terrestre
— Vidal de La Blache a d’ailleurs souvent rappelé l’importance fondamentale
pour la géographie du « principe de l’unité terrestre ». Dans l’article de 1896
sur « Le principe de la géographie générale »²⁷, où il retrace le développement
de l’idée depuis l’Antiquité, l’introduction du principe s’accompagne aussitôt de
l’avertissement que sa juste prise en compte par le géographe implique une certaine façon d’approcher les choses : « Si rien n’existe isolément dans l’organisme
terrestre, si partout se répercutent des lois générales, de sorte que l’on ne puisse
toucher à une partie sans soulever tout un enchaînement de causes et d’effets,
la tâche du géographe prend un caractère différent de celui qui lui est parfois
attribué. Quelle que soit la fraction de la Terre qu’il étudie, il ne peut s’y enfermer. Chaque contrée agit immédiatement sur sa voisine et est influencée par
elle. »
L’Atlas général publié deux ans plus tôt, en 1894, première grande réalisation de la géographie scientifique française²⁸, mettait effectivement en œuvre ces
prescriptions. Par un dispositif iconographique et textuel innovant, ce grand
volume in-folio offrait un panorama de l’histoire et de la géographie mondiales,
à travers quelque cent trente planches en pleine page ou double page, chacune
accompagnée d’un court texte de présentation. La plupart déployaient une composition complexe, associant à une carte principale une ou plusieurs autres cartes
de taille et d’échelle plus petites (des « cartons »), représentant les différents
espaces de référence du thème ou du territoire traité. Une analyse fine²⁹ montre
que ce dispositif construisait un point de vue plus complexe que le rapport à une
ultime « entité terrestre » le laisserait supposer : ce dispositif est structuré par un
principe impérial et un fort européocentrisme qui relativisent la prétention
à l’universalité de ce qui se veut un « miroir du monde ». Mais Vidal de La Blache
n’en appelle pas moins, en début de Préface, à prendre le haut point de vue permettant de « reconnaître qu’aucune partie de la Terre ne porte en elle seule son
explication », dans des termes étonnamment semblables à ceux de l’article de
1896 : « Le jeu des conditions locales ne se découvre avec quelque clarté qu’autant
149
que l’observation s’élève au-dessus d’elles, et qu’on est en mesure d’embrasser les
analogies que ramène naturellement la généralité des lois terrestres. […] La Terre
est un tout dont les diverses parties s’éclairent mutuellement. Ce serait se mettre
un bandeau sur les yeux que d’étudier une contrée isolément, comme si elle ne
faisait pas partie d’un ensemble ».
Le fait que cette idée soit encore affirmée en des termes semblables, dans
une conférence pédagogique de 1913³⁰ et dans le traité de géographie humaine
auquel il travailla durant les quinze dernières années de sa vie³¹, donne une idée
de la place centrale qu’elle pouvait avoir dans une pensée ouverte aux remises en
question comme la sienne.
30
P. Vidal de La Blache,
1913, « Des caractères
distinctifs
de la géographie »,
Annales de Géographie,
p. 289-299.
31
P. Vidal de La Blache,
1922, Principes
de géographie humaine,
Paris, Armand Colin
(sur le principe
de l’unité terrestre : p. 31
dans la réédition Paris,
Utz, 1995).
150
32
Chiffres issus
d’une compilation
de la base des thèses
d’État de géographie
faite dans l’équipe
E.H.GO (laboratoire
Géographie-cités),
par Marie-Claire Robic,
avec la collaboration
de Christine
Kosmopoulos et de
Denise DouzantRosenfeld. La base est
construite à partir
de plusieurs sources :
A.-M. Briend, B. Joseph,
1997, « Thèses
de géographie soutenues
en France de 1872
à 1972 », Cybergeo, 18,
21-03-1997 ; base de
thèses du laboratoire
Prodig ; Intergéo bulletin ;
Annales de géographie ;
divers.
Sur l’orientation
des thèses actuelles,
voir aussi le chapitre 6
coordonné par
D. Douzant-Rosenfeld,
« Géographes
et géographies à partir
des thèses de doctorat »,
in R. Knafou (dir.), 1997,
L’État de la géographie.
Autoscopie
d’une science, Paris,
Belin, p. 157-215.
—
un monde
inégalement investi
par la recherche
— En regard de cette affirmation vigoureuse du principe de l’unité terrestre, le
fait que la géographie française se soit d’abord construite par des recherches
empiriques menées sur de petits espaces pourrait paraître paradoxal. En fait, la
volonté d’affirmer sa valeur scientifique (et peut-être les critiques des sociologues
durkheimiens, qui accusaient la géographie d’être portée à des mises en rapport
fallacieuses entre les faits) a justifié une rigueur prudente vis-à-vis des grandes
généralisations. Même si Vidal de La Blache insistait sur l’unité profonde entre
géographie régionale et géographie générale, la démarche foncièrement inductive
de la discipline jusqu’aux années 1960 a donné un certain privilège à la première.
Les recherches de thèse, qui constituent la voie d’intégration dans les nouvelles structures universitaires de la discipline, et qui représentent la quasi-totalité de la recherche jusqu’à la création des grands organismes de recherche après la
Seconde Guerre mondiale que sont l’Orstom et le Cnrs, ont ainsi pris la forme
d’études régionales : si elles se sont rapidement éloignées du modèle de la monographie exhaustive menée sur une petite région, une nette prédominance s’est
maintenue, jusqu’à aujourd’hui, pour des thèses consacrées à des espaces précisément localisés, par opposition aux sujets généraux ou réflexifs (non localisés).
Parmi ces thèses à assise spatiale précise, très peu ont porté sur le monde entier.
Sur les 806 thèses d’État soutenues en France sur la période 1890-2002,
95 % portaient ainsi sur des sujets localisés, qui se distribuaient principalement
entre la France métropolitaine (38 %), l’Europe (18 %), le nord de l’Afrique (11 %)
et l’Afrique subsaharienne (10 %), le reste du monde ne représentant que le quart
restant, réparti en fractions minimes pour chacun des autres ensembles continentaux³². Si elle est restée prédominante, la part de la France a diminué depuis les
années 1950, après une tendance au renfermement hexagonal, qui avait elle-même
suivi un premier temps de plus grande ouverture au monde, au début du siècle.
L’inégal investissement du monde par la recherche s’est également exprimé par
un privilège accordé à l’empire colonial – l’Indochine (dans l’entre-deuxguerres), les pays du Maghreb, l’Afrique subsaharienne (après la Seconde Guerre
151
mondiale). Mais les recherches, aujourd’hui, se dégagent de plus en plus de cet héritage
colonial : les recherches sur l’Afrique, qui se sont beaucoup développées durant les vingt
dernières années, se sont déployées dans des pays qui n’étaient pas d’anciennes colonies
françaises, même en dehors de l’Afrique francophone. Du fait de l’accent mis sur le territoire hexagonal et sur les régions colonisées par la France, la recherche géographique française a, en tout cas, mis en œuvre une couverture très inégale du monde, où des régions
comme l’Amérique du Nord ou la Russie étaient proportionnellement délaissées.
Pour minoritaires qu’elles soient, ces recherches menées hors de France n’en constituent pas moins un principe fécond de renouvellement de la géographie, la rencontre
de l’altérité s’avérant parfois une source de découverte. La thèse de Pierre Gourou sur
Les Paysans du delta tonkinois (1936), qui posait la question de la maîtrise d’un milieu
difficile, a mis en avant le rôle essentiel de la « civilisation » dans le façonnement des paysages et le maintien de fortes densités. La thèse de Pierre Monbeig sur les fronts pionniers
du Brésil caféier (1952) analysait sur le vif un processus en marche et développait des
analyses inédites de psychologie collective. Le travail de Jean Gallais sur le delta intérieur
du Niger (1968), qui constituait une analyse régionale originale par la prise en compte de
la dimension culturelle du rapport des groupes à l’espace, amorçait en France le développement de la géographie culturelle.
152
33
Nous insisterons ici
seulement sur ce genre,
et ne nous attacherons
pas à présenter
tous les ouvrages
de géographie régionale
qui construisent
une « couverture
du monde » en ordre
dispersé et discontinu,
à l’instar des thèses
– voir, au sujet
des collections de
géographie dans
lesquelles ils ont été
publiés, la bibliographie
générale en fin de livre.
34
Cf. A. Downes, 1971,
« The bibliographic
dinosaurs of Georgian
geography (1714-1830) »,
The Geographical
Journal, 137, p. 379-387.
—
les géographies
universelles comme
affirmation
d’une capacité
à décrire le Monde
— Il est une forme de géographie dont la vocation est d’offrir non pas l’analyse
détaillée d’un espace restreint, mais un tableau géographique de l’ensemble du
monde : les « géographies universelles »³³. Bien différentes, par l’ampleur des
espaces traités et les conditions de leur préparation, des recherches de thèse qui
s’attachent à donner, à partir d’un investissement de terrain, des descriptions
minutieuses de petits espaces, elles ont également beaucoup mobilisé le travail
des géographes français au xx siècle.
Cette tradition éditoriale remonte aux éditions en latin de la Géographie
de Ptolémée, à la Renaissance, et consiste à dresser un tableau régional du monde,
organisé par grands ensembles géographiques et non par articles classés dans
l’ordre alphabétique des toponymes, comme le feraient des dictionnaires ou des
encyclopédies classiques. Après avoir connu plusieurs décennies de prospérité,
en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en France, à la charnière du xviii siècle et
du xix siècle³⁴, elle semble s’être maintenue de manière privilégiée en France.
Au xx siècle, les rayons des bibliothèques ont ainsi accueilli une dizaine
de ces séries françaises |document 1|, la Nouvelle Géographie universelle, publiée
à la fin du xix siècle (1876-1894) par Élisée Reclus, demeurant cependant une
référence incontournable jusqu’à ce que la publication de la Géographie universelle de Vidal de La Blache et Gallois (1927-1948) ne vienne apporter une référence
plus à jour et d’ampleur comparable. Car, s’ils ont en commun d’avoir été mis en
œuvre par des auteurs ayant une formation universitaire en géographie (à l’exception d’Onésime Reclus, frère d’Élisée et auteur de la Grande Géographie Bong
illustrée, les artisans de ces collections du xx siècle avaient sinon une thèse en
géographie, du moins l’agrégation d’histoire-géographie), ces tableaux du monde
se différencient fortement par leur taille, allant de deux volumes pour les plus
petites à une vingtaine pour les plus grandes. Malgré l’absence d’études d’ensemble sur la production de ces ouvrages, on peut faire l’hypothèse que la
définition du projet a été plutôt le fait de l’éditeur pour les premiers et plutôt le
fait des géographes pour les seconds : les deux grandes géographies universelles
153
document 1
Les géographies universelles françaises
au xx siècle
(a) La durée de vie relativement longue
de ces ouvrages de référence justifie
de considérer la Nouvelle Géographie universelle
d’Élisée Reclus.
(b) Deux volumes (l’Afrique par Pierre Gourou
et Les Océans et l’Océanie, par Aimé Perpillou)
ne sont, apparemment, jamais parus.
(c) Cette collection n’a pas été achevée.
* dont 4 thématiques.
** dont 6 thématiques.
date
titre
directeur
éditeur
Élisée Reclus
Hachette
Onésime Reclus
Bong & C
Ernest Granger
Hachette
Maurice Quillet
Alain Quillet
Lucien Gallois
A. Colin
Max Sorre, Jean Gottmann,
Hachette
nombre de volumes / format / nombre d’auteurs
1876-1894
Nouvelle Géographie universelle (a)
1911-1914
Grande Géographie Bong illustrée
19 / In-4 / 1
5 / In-4 / 20
1922-1923
Nouvelle Géographie universelle
1923-1926
Géographie universelle
2 / In-4 / 1
4 / In-4 / 10
1927-1948
Géographie universelle Vidal-Gallois
1949-1971
« Les Cinq Parties du Monde » (b)
23 / In-4 / 16
5 / In-8 / 5
1938-1962
« Orbis » (c)
1958-1960
Géographie universelle Larousse
Pierre Gourou, Max Derruau
André Cholley
Puf
Pierre Deffontaines
Larousse
Pierre Serryn, René Blasselle,
Bordas
8* / In-4 / 8
3 / In-4 / 60+
1961
Encyclopédie géographique permanente
1965-1978
« Magellan »
2 / In-4 / 4
Marc Bonnet, René Cauët
Pierre George
Puf
André Journaux, Pierre Deffontaines,
Gallimard
34** / In-8 / 35
1975-1979
Géographie régionale
1989-1996
Géographie universelle Reclus
2 / In-12 / ?
10 / In-4 / 30+
Mariel Jean-Brunhes Delamarre
Roger Brunet
Belin-Reclus
154
du xx siècle, la Géographie universelle Vidal-Gallois (1927-1948) et la Géographie
universelle Reclus (1990-1996) constituent même un vigoureux affichage d’une
capacité à déchiffrer le monde, à des moments où le développement ou le renouvellement de la discipline ont éveillé chez les géographes le désir de faire rayonner cette capacité en dehors de leur communauté.
La description régionale, qu’elle se pratique sous la forme de monographies
consacrées à des contrées de faible étendue (une centaine de milliers de kilomètres carrés au plus) ou qu’elle se pratique sous la forme monumentale de la
« géographie universelle » traitant le monde dans sa totalité, pose aux géographes
le problème fondamental du « découpage », c’est-à-dire de la définition d’entités
spatiales cohérentes, qui puissent constituer des unités pertinentes dans la description de l’étendue à couvrir. Dans les monographies de la géographie classique, ce problème se traduit, à la suite du Tableau de la géographie de la France
(voir le chapitre « La géographie comme science »), par le souci de justifier le
cadrage spatial retenu, en montrant que l’espace traité a une « personnalité » géographique. Dans les « géographies universelles », le fait de brosser un tableau du
monde selon l’ordre de l’espace, et non selon celui des savoirs ou des noms
de lieux, impose de le découper d’abord en une mosaïque d’ensembles géographiques de taille continentale (plusieurs millions de kilomètres carrés), qui correspondent aux tomes de l’ouvrage ou à des subdivisions de ceux-ci.
Du fait de sa taille sensiblement moindre, la dernière « géographie universelle » (10 volumes) procède à des regroupements plus drastiques que les deux
grandes réalisations qui l’ont précédée, la Nouvelle Géographie universelle d’Élisée
Reclus (19 volumes) et la Géographie universelle Vidal-Gallois (23 volumes).
Mais elle n’en présente pas moins une mosaïque de grandes régions continentales,
à la façon de toutes les géographies universelles, puisqu’un seul volume n’y traite
pas d’un ensemble découpé à l’intérieur d’une masse continentale : le volume
« Afrique du Nord, Moyen-Orient, Monde indien », qui traite des pays du monde
155
musulman entre le Maroc et le Bangladesh, sans inclure l’Indonésie, qui est traitée dans le volume « Asie du Sud-Est, Océanie ».
Dans ces grandes régions continentales, la description procède, comme dans
les monographies consacrées à de petites régions, par l’emboîtement de deux
niveaux de description : une présentation générale des traits communs à l’ensemble, à laquelle font suite les descriptions de chacune de ses subdivisions.
Si l’ampleur des regroupements opérés est, comme on l’a dit, variable, il convient
de souligner que les territoires étatiques, du fait de la documentation sur laquelle
la description s’appuie, constituent, en dernier ressort, un cadre de référence toujours utilisé. L’information sur les territoires est en effet produite sinon toujours
par les États qui les contrôlent (cartes topographiques, statistiques officielles),
du moins, le plus souvent, en fonction des cadres définis par leurs frontières.
Alors que (parce que ?) ils ont été reconnus, en France comme à l’étranger,
jusqu’aux années 1960, pour la qualité de leurs descriptions régionales, les géographes français n’ont pas particulièrement ressenti le besoin de réfléchir aux
difficultés de cette approche ou de la systématiser, comme ce fut le cas de certains
de leurs collègues étrangers (des géographes britanniques ou américains, par
exemple). Si certains géographes français³⁵ ont su relever avec acuité le problème
fondamental que soulève l’entreprise d’une description du monde selon l’ordre
de l’espace – le caractère « asynchrone » des logiques qui régissent les différents
ordres de faits empêche leurs « contours » de coïncider entre eux –, les discussions méthodologiques ont été rares avant les années 1970.
35
C. Vallaux, 1925,
Les Sciences
géographiques,
Paris, Librairie Félix
Alcan ;
Y. Lacoste, 1973, « La
géographie », in
F. Châtelet (dir.), Histoire
de la philosophie. Idées,
doctrines. t. VII : La
Philosophie des sciences
sociales (de 1860 à nos
jours), Paris, Hachette,
p. 242-302 ;
et, 1976, La Géographie,
ça sert, d’abord, à faire
la guerre, Paris,
Maspéro ;
D. Retaillé, 1997,
Le Monde du géographe,
Paris, Presses
de Sciences-Po.
156
36
P. George (dir.), 1964,
La Géographie active,
Paris, Puf, p. 6.
37
P. Gourou, 1947,
Les Pays tropicaux.
Principes d’une
géographie humaine
et économique,
Paris, Puf.
38
P. Gourou, 1982,
Terres de bonne
espérance. Le monde
tropical, Paris, Plon,
coll. « Terre humaine ».
—
la part tropicale
du Monde
— Il est un principe de découpage à l’échelle de l’ensemble du monde qui a été
fortement organisateur dans la géographie française, et que ne font pas clairement
ressortir les « géographies universelles », en raison de leur fidélité à un principe
de découpage continental : il s’agit de la zonalité, et plus précisément de l’attention particulière que la tradition française semble avoir portée à la zone intertropicale.
Dans un monde partagé en empires coloniaux, dans la première décennie
du xx siècle, la géographie coloniale constituait, selon la formule de Pierre George, la « géographie appliquée de l’expansion européenne »³⁶. Inégalement implantée dans l’institution universitaire (présente surtout à Paris) jusqu’à la Seconde
Guerre mondiale, elle s’est progressivement muée, vers cette époque, en « géographie tropicale », notamment dans le cadre de l’Orstom, créé en 1943. La petite
synthèse publiée par Pierre Gourou, en 1947³⁷ dans la collection « Colonies et
empires », au sujet de cette zone où la chaleur se combine à l’humidité de façon
saisonnière ou permanente, et dont les contraintes spécifiques (insalubrité pour
l’homme et les animaux ; pauvreté et fragilité des sols) constituent des facteurs
limitants pour le peuplement humain, est généralement donnée comme emblématique ou fondatrice de ce champ de la géographie humaine française, dans lequel
se distinguèrent également de grands connaisseurs de l’Afrique noire, comme
Paul Pélissier ou Gilles Sautter (soulignons que Gourou est revenu, trente-cinq
ans après, sur son appréciation pessimiste sur les chances du monde tropical,
pour offrir une synthèse beaucoup plus optimiste avec Terres de bonne
espérance³⁸).
Mais cette prise en compte des contraintes biologiques de la « tropicalité »,
même si elle présentait l’avantage de rattacher ce champ de recherche à la problématique géographique de la relation homme-milieu et si elle venait d’une
approche éminemment sensible, chez Gourou, au développement par les sociétés
locales d’une agriculture sophistiquée et savante, adaptée aux contraintes de ce
milieu, fut aussi dénoncée comme une naturalisation mystificatrice des problèmes
157
des sociétés vivant dans cette zone. Dans les années 1950, la dénonciation des
obstacles au développement pour les pays qui se dégageaient progressivement
du joug colonial – le « Tiers Monde », selon la formule d’Alfred Sauvy – passait
désormais par une reconnaissance des préjudices de la colonisation plutôt que
par une définition axée sur le milieu, négligeant à trop bon compte l’exploitation
par la métropole. À partir des années 1960, une géographie du sous-développement qu’une inspiration marxiste rendait vigilante à l’égard des rapports
de domination Nord-Sud, se constitua ainsi en opposition à la géographie tropicale classique. La recherche française sur ces régions fut marquée par cette polarisation idéologique, par exemple au Ceget de Bordeaux (Centre de géographie tropicale)³⁹.
39
Sur ces débats, voir
notamment celui
de L’Espace géographique
en 1984 « Géographie
tropicale - Géographie
du Tiers Monde »
(nº 4, p. 305-365).
Voir aussi l’affiche
« La géographie tropicale
en action »
due à Frédéric Thomas
dans l’exposition
de l’adpf.
158
40
Ceux de P. Vidal de
La Blache, J. Brunhes,
E. de Martonne,
M. Sorre
(cf. les chapitres 1 et 3).
Voir la bibliographie
en fin de livre.
—
l’ambition
du général
— Si l’investissement privilégié de la question de la tropicalité semble avoir
constitué une originalité française – qui s’expliquerait par la confluence d’une
sensibilité particulière aux contraintes du milieu et de l’histoire coloniale de la
France, qui a assurément encouragé et facilité la recherche « outre-mer », au-delà
même de la période coloniale –, la géographie française du xx siècle n’a pas uniquement été définie par les contingences auxquelles la recherche était soumise.
Elle a aussi été fortement tendue par l’ambition d’offrir une compréhension générale du monde.
Le premier xx siècle a été marqué par la publication de grands traités⁴⁰,
en géographie physique ou humaine, et dans les années 1930-1950, par la collection « Géographie humaine », dirigée par Pierre Deffontaines aux éditions Gallimard, qui a présenté, à travers ses trente volumes thématiques, les variations
à travers le monde (moins d’un tiers des volumes portaient sur une région délimitée) d’environnements de la vie humaine (forêt, montagne, îles, vent…) ou de
formes d’activités ou d’organisation de l’espace par l’homme (colonisation, villes,
frontières…). Dans le second xx siècle, l’offre s’est progressivement diversifiée,
des quelques mises au point thématiques (agriculture, population, énergie…) de
la collection « Géographie économique et sociale » dirigée par André Cholley aux
Éditions Marie-Thérèse Génin, à la multiplication, à partir des années 1970, des
collections universitaires. Le revers de cette richesse – à mettre en rapport avec
la croissance des effectifs des enseignants et des étudiants et le pluralisme épistémologique de la discipline autant qu’avec une tendance de l’édition (pas seulement universitaire) à la multiplication des titres – est qu’aucune référence ne
constitue plus une référence partagée par la communauté des géographes, comme,
parmi les traités ou les grands manuels de second cycle universitaire (licence),
avaient pu l’être les « précis » de géomorphologie et de géographie humaine
publiés par Max Derruau en 1956 et 1961 (régulièrement réédités ensuite).
Ces traités et manuels ont certes des allures d’inventaires descriptifs (comme
tour d’horizon, notamment bibliographique, d’une large question). Cependant,
159
il convient de souligner que certains travaux de géographie générale montrent
également une forte ambition explicative et interprétative, dont le second
xx siècle nous donne quelques exemples remarquables, dans des domaines aussi
différents que la géographie politique, la géographie économique, ou la géohistoire. Ainsi, Jean Gottmann⁴¹ théorise la différenciation du monde par l’action
contraire de forces qu’il nomme « circulation » (le monde rendu fluide et changeant par le brassage des hommes) et « iconographie » (le monde figé et cloisonné
en communautés distinctes) ; Paul Claval⁴² cherche à donner une compréhension
d’ensemble de la façon dont le monde est unifié par l’espace économique que
structurent systèmes de villes, réseaux de communication et marchés ; Philippe et
Geneviève Pinchemel⁴³ proposent une grille de lecture générale de l’organisation
de l’espace par un travail d’explicitation de la diversité des logiques qui s’inscrivent à la surface de la Terre ; Christian Grataloup⁴⁴ met en lumière le rôle de
la position relative des civilisations dans leur devenir et fait l’inventaire des
modèles spatio-temporels qui rendent compte de leur rapport à l’espace.
41
J. Gottmann, 1952,
La Politique des États et
leur géographie, Paris,
Armand Colin.
42
P. Claval, 1968,
Régions, Nations, Grands
Espaces, Paris,
Marie-Thérèse Génin.
43
P. et G. Pinchemel, 1988
(réédité depuis),
La Face de la Terre,
Paris, Armand Colin.
44
C. Grataloup, 1996, Lieux
d’histoire. Essai de
géohistoire systématique,
Montpellier, Reclus.
160
45
Jean-Baptiste Arrault
consacre sa thèse
à cette question,
à l’université de Paris I
(« Un paradoxe
géographique ? Penser
à l’échelle du Monde
en géographie de la fin
du xix siècle
aux années 1960 »).
Qu’il soit vivement
remercié d’avoir
généreusement partagé
ses premières idées
avec nous.
46
A. Demangeon, 1920,
Le Déclin de l’Europe
(réédité en 1975 par
la Librairie Guénégaud ;
citation p. 13).
47
A. Demangeon, 1929,
« Les aspects actuels
de l’économie
internationale »,
Annales de géographie,
211 et 212 ;
1932, « Aspects
nouveaux de l’économie
internationale »,
Annales de géographie,
229 et 230.
Article reproduit
dans Problèmes
de géographie humaine,
1942, Paris,
Armand Colin,
p. 53-130.
—
les géographes
viennent au Monde
— Si la géographie française a été hantée par l’idée du monde, affichant une
confiance indéniable dans sa capacité à le décrire, la question du monde (traitée
en tant que telle) n’y est apparue que tardivement⁴⁵. La caractérisation de la
dimension mondiale que prennent certains phénomènes n’a guère dépassé, pendant toute la première moitié du xx siècle, l’invocation très générale du « principe de l’unité terrestre » : les géographes se sont montrés conscients qu’il y avait
un niveau mondial dès la fin du xix siècle, par exemple en caractérisant certaines
villes ou routes comme « mondiales », mais ils ont mis longtemps à élaborer un
discours construit et explicite sur ce niveau mondial.
Albert Demangeon est exemplaire de la tendance des géographes français
du premier xx siècle à concevoir clairement ce niveau, mais sans construire un
discours explicite sur lui, puisque, quand il en parle, c’est pour se placer immédiatement au niveau inférieur, présentant les « parties » sans avoir préalablement
commenté le « tout ». Dans Le Déclin de l’Europe (1920), ouvrage visionnaire
où il décrit le bouleversement du monde qu’a hâté la Première Guerre mondiale,
il traite du « déplacement du centre de gravité du monde hors d’Europe »⁴⁶. Mais
à côté de cette formule, le corps de l’ouvrage se contente de détailler les aspects
thématiques et régionaux de cette nouvelle donne mondiale (aspects financiers, maritimes, industriels ; expansion des deux nouveaux grands : États-Unis
et Japon), sans proposer une réflexion générale sur le monde. Dans les articles
de 1929 et 1932, où il dresse un bilan général de l’« économie internationale »,
avant et pendant la crise économique⁴⁷, la réflexion sur le monde en tant que tel
n’est pas plus développée, alors même qu’il constate à nouveau un « lent déplacement du centre des grands foyers industriels et commerciaux, qui s’éloigne peu
à peu du continent européen pour s’établir dans l’Amérique et dans les pays
du Pacifique », en 1929, ou la « solidarité qui tend à faire du monde un seul et
grand marché », en 1932.
161
Chez les géographes français, le rapetissement de la planète par les progrès des
moyens de communication, qui ont considérablement accéléré les interrelations
entre les sociétés humaines distantes, à partir de la révolution industrielle, est un
thème récurrent dès le xix siècle :
Élisée Reclus, 1894 Nouvelle Géographie universelle, t. XIX, Paris,
Tellement rapetissée est la planète entre
les mains de l’homme qu’elle se donne partout un même
outillage d’industrie, que par le réseau continu des services postaux et des télégraphes elle s’est enrichie d’un
système nerveux pour l’échange des pensées, qu’elle
cherche un méridien commun, une heure commune, et
que de toutes parts surgissent les inventeurs d’un langage universel.
Hachette, (p. 794).
Élisée Reclus, 1905 L’homme et la terre, t. VI, Paris, Hachette,
Ainsi le monde est bien près de s’unifier : jusqu’aux îlots épars dans l’immensité de l’Océan, toutes
les terres sont entrées dans l’aire d’attraction de la culture générale, avec prédominance du type européen.
Seulement en quelques rares enclaves, en des pays de
grottes où les hommes fuient la lumière, en des lieux
très écartés que ferment des murs de rochers, des forêts
ou des marécages, des tribus ont pu se maintenir tout à
fait isolées, sans que leur existence s’associe au rythme
de la grande vie universelle.
(p. 171).
Paul Vidal de La Blache, 1921 Principes de géographie
Aujourd’hui, toutes les
parties de la terre entrent en rapport ; l’isolement est
une anomalie qui semble un défi, et ce n’est plus entre
contrées contiguës et voisines, mais entre contrées lointaines qu’est le contact.
humaine, Paris, Colin, (rééd., 1975, p. 38).
Albert Demangeon, 1932
« Aspects nouveaux de l’économie
internationale », Annales de géographie nº 229, p. 230 ; reproduit dans
Problèmes de géographie humaine, Paris, Armand Colin, 1942, p. 89-130
(p. 89). Sans doute pour la première fois dans l’histoire,
tous les pays de la Terre souffrent ensemble ; jamais
encore on n’avait senti d’une manière si violente la solidarité qui unit les nations et qui tend à faire du monde
un seul et grand marché.
Henri Baulig, 1948
« La géographie est-elle une science ? »,
Annales de géographie, nº 305, p. 1-11 (p. 8). On dit souvent
qu’avec les prodigieux progrès de la technique à
l’époque contemporaine, l’homme s’affranchit de plus
en plus des servitudes naturelles. En particulier, la révolution en cours dans les moyens de transport et de
communication fait que le monde se contracte, devient
de plus en plus perméable, tend vers une uniformité
– les physiciens diraient vers une entropie – désespérante. Cela n’est vrai que d’une certaine manière. Si la technique des transports a fait des miracles, et ne cesse d’en
faire sous nos yeux, les distances ne sont pas abolies
pour autant.
Max Sorre, 1961 L’Homme sur la Terre, Hachette, Paris (p. 3).
De nos jours plus que jamais, la géographie humaine
enregistre la répercussion en chaque lieu d’événements
survenus dans les contrées les plus éloignées, l’interdépendance de toutes les parties de l’œkoumène.
Pierre George, 1965 Panorama du monde actuel, Paris, Puf, coll.
« Magellan », p. 71. Les problèmes se traitent aujourd’hui à
l’échelle mondiale ou intercontinentale en termes d’universalité et d’instantanéité.
Olivier Dollfus, 1984
« Le Système Monde : proposition pour
une étude de géographie », in Géopoint 84 : Systèmes et localisations,
Avignon, groupe Dupont, p. 231-239 (p. 231). Le Système-Monde
(S. M.) est formé par la trame des flux nés des relations
entre États, firmes et cultures et s’exprime par les interactions nouées entre les différentes parties de l’humanité […] avec le S. M. il ne peut plus y avoir d’évolution
exclusivement endogène spécifique à une société ou un
groupe dans son espace.
162
48
O. Dollfus, « Le Système
Monde : proposition
pour une étude
de géographie », in
Géopoint 84 : Systèmes
et localisations, Avignon,
groupe Dupont,
p. 231-239.
49
P. Clerc, 2002,
La culture scolaire
en géographie,
Rennes, Pur, (chap. 7)
50
Volume Mondes
nouveaux, Géographie
universelle Reclus, 1990 :
livre II, sous la direction
d’O. Dollfus,
« Le système Monde »,
p. 274-529.
M.-F. Durand, J. Lévy,
D. Retaillé, 1991, Le
Monde. Espaces et
systèmes, Paris, Presses
de la Fnsp, Dalloz.
51
J. Tricart, 1952,
« La géomorphologie
et la notion d’échelle »,
Revue de géomorphologie
dynamique, 5,
p. 213-218. Nous sommes
redevables à Nicolas
Verdier, de nous avoir
signalé ce transfert
de la géographie
physique à la géographie
humaine.
Au détour de réflexions sur la transformation de la terre par l’homme, ils
énonçaient déjà un processus qui a été perçu de plus en plus clairement, à partir
des années 1970, et qui a fini par occuper le devant de la scène des discours
sur le monde, dans les années 1990 : l’unification multiforme où l’économie a une
place centrale, la « mondialisation ». Si la fin du xx siècle semble bien constituer
la période où son rôle organisateur (par la dépendance immédiate dans laquelle
elle « tient » un nombre croissant de lieux et de personnes) est devenu prépondérant, le fait est que le processus était plus qu’amorcé à la fin du xix siècle ;
on peut donc voir un certain paradoxe dans le fait que, tout en la percevant clairement, les géographes n’ont pas su faire plus que la signaler en passant.
C’est seulement en 1984 que le monde, comme nouvel objet d’étude, fit son
entrée officielle dans la géographie française. Au colloque bisannuel Géopoint
consacré au thème « Systèmes et localisations », Olivier Dollfus donna une communication affirmant l’existence d’un « Système Monde (S. M.) », dans la session
du colloque consacrée aux « Systèmes et sous-systèmes mondiaux »⁴⁸. Il y expliquait que ce « S. M. », véritablement fonctionnel depuis le xix siècle seulement,
avait émergé à partir du xvi siècle par l’interconnexion de ce qui n’avait été
auparavant que des « agrégats » humains autonomes. L’idée était déjà latente
depuis longtemps, mais le caractère explicite de la formulation était original.
Le « Système Monde » faisait rapidement fortune, puisqu’il était introduit dans
l’enseignement secondaire dés 1986⁴⁹, qu’il était présenté dans le volume introductif de la Géographie universelle Reclus en 1990, et qu’il était d’emblée investi
par les travaux d’autres chercheurs tels Marie-Françoise Durand, Christian Grataloup, Jacques Lévy et Denis Retaillé⁵⁰.
Alors que Vidal de La Blache avait été sensible aux échelles propres aux
faits qu’il décrivait, il n’avait jamais explicité l’idée qu’il existe « plusieurs
niveaux » de phénomènes selon leur ampleur spatiale (le niveau supérieur étant
le niveau mondial). Il se trouve qu’en 1952 Jean Tricart⁵¹ inaugura, en géographie physique, une réflexion explicite sur la notion d’« échelle », qui passait
163
en géographie humaine dans les années 1960⁵² ; il semble vraisemblable que
la définition explicite d’un niveau mondial dans l’ordre des faits humains ait
surtout été rendue possible par cette conception distinguant explicitement différents « niveaux » d’espace tout autant que par l’approche systémique qui facilitait la pensée d’interdépendances entre des faits distants. À la différence du
« principe de l’unité terrestre » qui semblait plutôt se situer du côté des ordres
physique et surtout vital, le « Système Monde » se place en tout cas du côté de
l’ordre humain, du social, et rejoint le travail d’Emmanuel Wallerstein sur les
world systems et celui de Braudel sur l’« économie-monde ». Si le « principe de
l’unité terrestre » avait pu paraître flou sur le statut à donner aux faits humains
(procèdent-ils de cette « unité terrestre » ou sont-ils un développement nouveau
par rapport à la connexité des ordres physique et vital ?), le « Système Monde »
dissipait l’ambiguïté. Il subordonnait en effet la dimension écologique de la Terre
à la globalité d’un monde pensé du point de vue de l’homme, définissant la nature comme une « mémoire » du monde (François Durand-Dastès)⁵³, au même titre
que les faits de culture.
52
R. Brunet, 1967,
Les Phénomènes
de discontinuité
en géographie, Paris,
Cnrs éditions.
53
F. Durand-Dastès, 1990,
« La mémoire de Gaïa »,
in Géopoint 90 : Histoire,
Temps, Espace, Avignon,
Groupe Dupont,
université d’Avignon,
et 1990, dans les pages
rédigées par
F. Durand-Dastès
de la Géographie
universelle.
164
54
Sur les profils
intellectuels
de géographes
particulièrement visibles
dans le débat public,
voir les notices
rédigées par Jean-Louis
Tissier et par Jacques
Lévy dans J. Julliard,
M. Winock (dir.), 1996,
Dictionnaire des
intellectuels français,
Paris, Éd. du Seuil
(rééd. 2003).
La grande variété des recherches
des géographes au XX siècle explique
peut-être un certain manque de lisibilité
de leur discipline pour le grand public,
tandis que les formes de leur engagement
dans la cité (nombreuses, mais souvent
discrètes), rendent sans doute compte
du déficit d’image dont ils se sont
parfois plaints. La division du travail
de recherche a conduit la plupart
d’entre eux à choisir entre le terrain
français et une partie du monde (souvent
« française » jusqu’à la décolonisation),
mais la communauté des géographes
a conservé l’ambition de proposer
une connaissance générale de celui-ci.
Certaines approches ont élargi au monde
des questions ou des méthodes éprouvées
sur le territoire national, et des points
de vue ou des analyses sur la France
nées de réflexions ou d’expériences
venues du monde. Cette relation,
cet échange, ont donné à la géographie
une portée proprement intellectuelle⁵⁴,
dépassant l’étude des seuls faits localisés
et reposant, en France et ailleurs, sur
l’articulation d’idées, de représentations,
de concepts. L’une des dimensions
intellectuelles de la géographie française
réside peut-être dans cette tension
entre un « être géographique », la France,
et un horizon global ou mondial.
Sensibles au contexte, souvent innovants,
mais assujettis à des dynamiques
disciplinaires qui caractérisent
le développement normal d’une science,
les géographes français ont tenté
à leur manière, durant ce grand
XX siècle de géographie, de « couvrir
le Monde ». Ils ont défendu longtemps
un projet cognitif unitaire, quoique dual,
on l’a vu, car orienté soit vers
un programme régional, soit vers
un programme mésologique ou
écologique. Ce projet distinguait
la géographie des années 1900
par rapport à la période antérieure :
on parlait auparavant « des »
sciences géographiques, ou bien,
si on ne la considérait pas comme
la « Cendrillon » servante de l’histoire,
on évoquait une science « touche-à-tout »,
voire une prédiscipline tout juste capable
de servir de propédeutique à des études
spécialisées. Il se devait aussi
de différencier la géographie par rapport
aux sciences qu’elle côtoyait
à l’université, l’histoire et les sciences
sociales d’un côté, les sciences
naturelles de l’autre. Il était mené
par un homme de terrain¹ attaché
à la vue directe, maniant cartes
géologiques et topographiques
et appareil photographique, aimant
les observatoires surplombants,
voyageant beaucoup, mais volontiers
en groupe, pour mener des excursions
collectives où se confrontaient
les regards, les interprétations
et les réputations. Attentif à la genèse
des formes terrestres, des relations
hommes-nature et des physionomies
régionales qu’il examinait, le géographe
se voulait alors en général au plus près
du concret, simple transcripteur ou
« graphiste » qui enregistre par l’écriture
et l’iconographie son objet d’étude –
l’actualité d’une relation entre
des sociétés et leur cadre d’existence,
la Terre.
À la structure unitaire qui
s’est déployée à partir du tournant
des années 1900 s’oppose la géographie
plurielle du début du XXI siècle :
plurielle dans ses projets cognitifs,
dans ses lieux de légitimation
et de production, dans ses références,
dans ses savoir-faire. Nul portrait-robot
ne saurait représenter, même de loin,
ce géographe polymorphe qui peut
encore se faire le champion
du « terrain », mais qui a pris
ses distances par rapport à une optique
strictement naturaliste, voire se prête
à l’enquête ethnographique, et qui
manipule plus souvent au laboratoire
modèles interprétatifs, bases de données
et logiciels d’analyse statistique
ou de cartographie. À la figure unique
du professeur (universitaire
ou de l’enseignement secondaire)
se substitue un éventail de métiers
1
Le géographe est
un personnage
strictement masculin
jusque dans
les années 1930.
166
et de statuts des plus variés,
où le chercheur côtoie l’enseignant,
l’expert-géographe employé par
une collectivité territoriale, une agence
d’urbanisme, ou un bureau d’études
spécialisé dans la sphère de la ville,
de la mobilité, des transports,
de la gestion du temps, de la santé,
des risques, de l’environnement, etc.
Dans ces métiers en prise plus ou moins
directe sur l’action, et selon son
expérience, son ambition ou sa culture,
le(a) géographe développe encore
une gamme variée d’aptitudes
recouvrant la simple étude ou bien
le projet, avec ses activités de
conception, d’évaluation, de prospective.
L’évolution est passée par
une scansion scientifique majeure que
l’on peut dater de la décennie 1970.
Les années 1940-1950 marquent
toutefois une première inflexion dans
le cours de cette « école française de
géographie », quelque peu monolithique,
du premier XX siècle (qui a dominé
la scène internationale dans les années
1930). Un double processus d’ouverture
thématique et de spécialisation s’opère
alors, dans l’immédiat après-guerre,
au cours de ce premier moment
d’extension du « corps » des géographes,
qui connaît une courte remise en cause
de la pertinence de la discipline
et une critique de l’héritage libéral
sous la houlette du marxisme, mais qui
se replie épistémologiquement sur
le réalisme hérité et sur le cœur classique
de la profession, l’enseignement,
aux dépens des appels à la pratique
de l’organisation de l’espace.
Les années 1970 cumulent les remises
en cause : dominées par l’explosion
nouvelle des effectifs, par
le renouvellement des pratiques
collectives de la recherche, par
les ruptures d’une « nouvelle géographie »
orientée vers les sciences sociales,
par un début d’ouverture des « marchés »
de la géographie hors de l’enseignement,
elles tranchent aussi par l’émergence
d’une branche inspirée de la recherche
anglo-américaine qui devient pour
un temps dominante, l’analyse spatiale,
et par l’affirmation d’une posture
constructiviste rompant avec le réalisme
traditionnel. Calée sur les sciences
sociales au début des années 1980,
la géographie s’organise depuis
en plusieurs courants, dont
une orientation de recherche
tentée par les questions d’identité
et de territorialité qui s’arrime,
comme les sciences sociales voisines,
aux humanités et à des philosophies
de l’action.
Il ne faudrait pas exagérer l’homogénéité
de cette école de géographie
de la première moitié du siècle.
Il ne faudrait pas non plus réduire
167
l’histoire des années 1900-1960
à une simple « géographie
des professeurs ». Sortant des récits
convenus qui ont depuis le début
du XX siècle accompagné
l’institutionnalisation de la géographie
à l’Université, révisant aussi
les critiques modernes qui ont fustigé
l’apolitisme de la « corporation »
des géographes ou le confinement
dans leur tour d’ivoire, nous avons
souligné la constance, jusqu’aux
modalités d’aujourd’hui,
de leur implication dans la cité.
Cette implication comporte
des temps forts qui coïncident
avec des moments de mobilisation
de l’opinion ou des pouvoirs publics
sur des problèmes touchant
aux questions territoriales, nationales
puis européennes et mondiales.
L’enjeu national reste central, avec ce fil
rouge qui tient à penser l’organisation
spatiale de l’État-nation dans ses
dimensions administratives et politiques
(la régionalisation, la décentralisation),
mais aussi dans les modalités
économiques et sociales de son
équipement et de son développement
(l’aménagement du territoire,
la politique de la ville et des pays,
l’équité territoriale…). La sensibilité
des géographes aux diverses échelles
humaines – et précisément au niveau
d’organisation du monde, de la nation
au monde de la « mondialisation »
contemporaine, en passant par ces
grands systèmes territoriaux que furent
les empires – les a conduits toutefois
à sortir de cet assujettissement
au territoire national, et à tenter
de prendre de la hauteur, soit en pensant
l’organisation de ce qui est pour eux
l’« unité terrestre », soit en rendant
compte des dynamiques qui animent
les réorganisations sur l’ensemble
de la planète. Il ne fait pas de doute,
cependant, que l’ethnocentrisme reste
marquant², et que le monde est loin
d’être également couvert. Les anciennes
dépendances coloniales structurent
encore les relations de recherche,
les réseaux d’observatoires et sans doute
les représentations de l’ailleurs.
Plus largement, les relations Nord-Sud
(ou, selon le regard, le rapport
« occidental » sur le monde dénoncé par
Edward Saïd) restent probablement
structurantes. Mais certains secteurs
de la géographie culturelle ouvrent
à des perspectives moins dissymétriques
qu’au temps de l’exaltation univoque
de la modernité européenne ; de nouveaux
débats agitent les chercheurs issus
des mouvances « tiers mondistes »
et « développementalistes », confrontés
aux questions d’environnement
et de développement durable apparues
sur la scène internationale depuis
le sommet de Rio ; des questions
2
Mais, nous l’avons dit
en introduction,
la géographie coloniale
a été ici peu abordée.
168
de justice, d’éthique, de propriété
intellectuelle des savoirs sont posées.
Sauf exception, il n’est pas apparu
de figure analogue aux grands « héros »
de l’histoire de la sociologie, de
l’anthropologie, de la philosophie
ou de l’histoire. Est-ce affaire de rapport
des historiographes à l’écriture
de leur passé ? Ou bien effet d’un certain
effacement des géographes dans la cité
et dans la république des sciences
et des lettres, qui serait lui-même lié
à une modestie partagée, ou bien
à une faible lisibilité de leur présence ?
Nous ferions l’hypothèse qu’ils ont pris
part préférentiellement à des
engagements « moyens », tant par leur
niveau d’intervention dans la cité
que par leur teneur : plutôt critiques,
« tribunitiens » dans le sens qu’ils
se sentent expression de la « base »,
mais se pensant dotés d’une certaine
sagesse, volontiers conseillers
de la République, et au total peu enclins
aux extrêmes de la posture politique.
Non pas prophètes, mais témoins
du quotidien, des enjeux et de l’actualité
du monde, ils ont pu séduire à certaines
époques – par exemple, au cours
des années 1930, attirer de jeunes
intellectuels rebutés par le formalisme
de l’histoire ou de la philosophie.
Ils savent détecter de quoi est fait
le tissu des relations dans l’espace
mondial, à plusieurs échelles, ils savent
le formaliser par la pensée et par
l’image, mais ils réussissent moins bien
à médiatiser leur savoir et ils n’ont pas
la visibilité de « grands intellectuels »,
malgré la fécondité de nombreux
chercheurs inscrits dans une ambition
de valorisation de la géographie dans
les sciences sociales ou dans des projets
transdisciplinaires de grande portée.
Base des thèses d’État de géographie établie
à E.H.GO (cf. note 32, p. 150).
Les thèses sont classées par grande région
étudiée, puis par date et par ordre alphabétique
des auteurs. Les deux dernières catégories
regroupent des thèses dont l’assise spatiale
est plus complexe (comparaisons notamment)
ou sans ancrage spatial spécifique.
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contemporain. Quand l’art populaire devient une marchandise.
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Tarlet Jean-Henri, 1997, Intégration des données de l’environnement
naturel dans l’aménagement et la gestion de l’espace
par la méthode de planification écologique.
Bibliographie
La présente bibliographie vise à illustrer la diversité
de la production géographique française,
sans se limiter aux références des ouvrages cités
dans ce livre, mais sans non plus être proposée comme
une sélection des meilleurs ouvrages. Les premières
rubriques générales (sur les « usuels », les introductions
à la géographie, les ouvrages portant sur l’histoire
de la géographie française au XX siècle, les textes qui
ont cherché à penser le champ de la géographie)
sont relativement exhaustives, tandis que les rubriques
suivantes, consacrées à des espaces puis à des thèmes,
ne donnent, en raison des limites de place
d’un tel ouvrage, qu’un échantillon de l’ensemble
de la production. Les contours assez larges
de ces rubriques tiennent à une volonté d’éviter
la subdivision de la géographie en des sous-champs trop
étroits qui s’appliqueraient mal à la présentation
sur un siècle d’un domaine dont les orientations
et les thèmes ont beaucoup évolué. L’ordre alphabétique
ainsi que le souci de donner à la fois des références
récentes et des références plus anciennes créent
des effets de juxtaposition (parfois étranges)
dont les auteurs sont bien conscients.
Si quelques revues sont brièvement présentées plus
loin, les articles de revues ont été exclus de cette
bibliographie, qui se limite donc aux livres
(un certain nombre des ouvrages anciens cités ici
sont malheureusement épuisés) et à quelques sites Web
de référence. L’absence de rayon dédié à la géographie
dans les librairies (souvent déplorée par les géographes)
désigne encore la section de géographie
des bibliothèques universitaires comme le meilleur lieu
pour prendre une vue d’ensemble du champ,
mais quelques sites Web s’imposent de plus en plus
comme des points d’entrée privilégiés dans celui-ci.
203
204
Revues
suivies, dans les grandes villes de province, par
et sites Internet
la création de revues liées aux nouveaux instituts
de géographie, comme la Revue de Géographie Alpine
Il n’existe pas en France de revue de vulgarisation
(Grenoble, depuis 1913) ou les Études rhodaniennes
universitaire dédiée à la géographie, comparable
(Lyon, 1927 ; rebaptisée Revue de Géographie de Lyon
à celle que publient les éditions du Seuil pour
en 1942, puis Géocarrefour). Deux revues liées
la discipline dont elle est issue (le mensuel
à l’enseignement secondaire ont également
L’Histoire, débuté en 1978). Le magazine grand
vu le jour : celle développée à partir du bulletin
public consacré à l’ailleurs et au voyage, Géo
de l’Association des Professeurs d’Histoire
(mensuel tirant à plusieurs centaines de milliers
et de Géographie (Historiens & Géographes) et celle
d’exemplaires, débuté en 1979), propose
qui vise à diffuser les résultats de la recherche
des reportages photographiques qui prolongent
auprès des enseignants du secondaire, L’Information
une tradition d’exploration et de découverte
géographique (depuis 1936).
antérieure à la géographie universitaire et bien
De nouvelles revues sont encore apparues
distincte de celle-ci ; la revue Sciences Humaines
depuis les années 1970, en rapport avec
(mensuel de vulgarisation sur les sciences humaines,
le renouvellement de la discipline : L’Espace
débuté en 1990), inclut la géographie dans
géographique, revue créée par Roger Brunet
son domaine, mais celle-ci n’y est qu’une fraction
(chez l’éditeur Doin, depuis 1972, et chez Belin
d’un éventail de savoirs très large. En fait,
depuis 1996), est un pôle important de réflexion
la vulgarisation de la géographie universitaire
méthodologique en langue française sur
s’est développée à partir des années 1990 à travers
la géographie. EspacesTemps, revue créée par
le festival de Saint-Dié-des-Vosges et les « cafés géo »
la section Histoire et Géographie de l’École normale
(voir plus bas).
supérieure de l’enseignement technique (Enset,
Les revues de la géographie où se publie
à Cachan, à partir de 1975 ; rebaptisée
la géographie dont il est question dans ce livre sont
EspacesTemps. Les Cahiers depuis), est un pôle de
essentiellement universitaires : si le Bulletin
réflexion sur l’histoire, la géographie et les sciences
de la Société de Géographie de Paris (devenu Acta
sociales, qui conserve une orientation nettement
Geographica en 1947) est progressivement passé
interdisciplinaire. La revue Hérodote, créée par Yves
d’une géographie d’explorateurs à une géographie
Lacoste (aux éditions François Maspéro, en 1976,
universitaire (en rapport avec l’évolution
devenues La Découverte au début des années 1980,
de la Société elle-même), le fait majeur du XX siècle
la revue ayant elle-même été rebaptisée Hérodote.
est l’éclosion de tout un ensemble de revues de
Revue de géographie et de géopolitique, en 1982),
géographie, qui a accompagné l’institutionnalisation
s’attache à faire la défense et l’illustration
de la discipline à l’université à partir de la fin
d’une géographie éclairant la dimension spatiale
du XIX siècle. Les Annales de géographie (publiées
des rapports de force entre groupes sociaux et entre
par les éditions Armand Colin, depuis 1891), ont été
États. Mappemonde, revue créée par Roger Brunet
205
dans le cadre de la Maison de la géographie du Gip
qui consiste, outre la compilation
Reclus, est un lieu de réflexion sur la cartographie
de la Bibliographie géographique internationale
et l’iconographie géographique (publiée en couleurs
(née comme « Bibliographie géographique »,
dès son premier numéro, en 1986, elle a abandonné
dès 1893, et publiée pendant les 20 premières
le support papier en 2004 pour devenir
années par les Annales de géographie,
M@ppemonde, exclusivement publiée sur Internet).
avant d’être prise en charge par l’Association
Espaces et cultures, revue créée par Paul Claval
de géographes français (Agf) puis par le Cnrs),
en 1992 (publiée aux éditions L’Harmattan), explore
en la centralisation d’informations
la dimension culturelle des rapports entre
sur la géographie française (visiter le portail
les hommes et leurs espaces et milieux. Cybergéo.
« Infogeo ») : actualité des conférences et
Revue européenne de géographie, revue électronique
colloques, répertoires (en particulier le
créée par Denise Pumain en 1996, est axée
Répertoire des géographes français – la dernière
sur l’analyse spatiale et l’histoire/épistémologie
édition date de 2002, et n’est pas disponible
de la géographie tout en étant généraliste.
en ligne, mais la liste des enseignants de chaque
Pour des liens vers un grand nombre de sites Web
département universitaire de géographie est
de revues de géographie françaises et étrangères,
disponible sur Infogeo), diffusion de la Lettre
consulter justement la « revue des sommaires »
Intergéo (créée au milieu des années 1960
de cette revue : www.cybergeo.presse.fr
par Anne-Marie Briend, cette revue
Les sites des revues donnent de plus en plus la
liste de leurs anciens numéros, et parfois leurs
sommaires et des résumés ; certaines, comme
Cybergéo ou Mappemonde sont entièrement
disponibles en ligne ; EspacesTemps, à côté de la
revue (Les Cahiers), a développé un site Web
d’information sur la géographie universitaire
française est désormais entièrement
électronique) http://prodig.univ-paris1.fr/umr/
Cybergéo : voir ses rubriques « Autres sites favoris »,
« Actualités », etc. www.cybergeo.presse.fr
Comité national français de Géographie (Cnfg) :
largement ouvert sur l’actualité des sciences
créé en 1920, le Cnfg est le comité français
sociales.
de l’Union Géographique International (Ugi),
Quelques organisations, officielles ou non,
développent des sites Web de plus en plus riches,
par exemple celui des « cafés géo » qui tend à
auquel peuvent adhérer les géographes titulaires
d’une thèse : http://cnfg.univ-paris1.fr
Maison de la géographie de Montpellier : si le Gip
devenir le média de vulgarisation qui manquait
Reclus qu’elle hébergeait a cessé d’exister
jusqu’ici à la géographie universitaire :
(il a fonctionné comme un groupement
scientifique de 1984 à 1997), son site Web
Prodig (Pôle de Recherche pour l’Organisation
garde la mémoire de ses réalisations et héberge
et la Diffusion de l’Information Géographique) :
les sites des revues L’Espace géographique
issu pour partie du laboratoire Intergéo,
et Mappemonde, http://www.mgm.fr
ce laboratoire garde une mission documentaire
206
Festival international de géographie de SaintDié-des-Vosges (Fig) : organisé depuis 1990
Ressources pédagogiques
(enseignement)
dans une petite ville des Vosges, c’est le grand
événement annuel dédié à la géographie,
où pendant quelques jours, à la fin du mois
Avec l’introduction de la géographie dans
de septembre, le grand public (plusieurs
l’enseignement secondaire, une production
dizaines de milliers de visiteurs chaque année)
abondante de manuels scolaires, cartes murales pour
peut découvrir la géographie universitaire,
la classe, atlas, s’est développée dès les années 1860.
par des grandes conférences, des débats,
Parmi cette production, on peut signaler, aux
un salon du livre et de nombreuses autres
éditions Armand Colin, la série des cartes
animations. L’académie de Reims met
murales Vidal-Lablache (dès 1885) et l’Atlas général
en ligne les actes du festival depuis 1999 :
Vidal-Lablache (1894) qui ont connu un grand
http://xxi.ac-reims.fr/fig-st-die/
succès et qui ont marqué le lien entre travail
Cafés géographiques : mouvement de promotion
de la géographie organisant des conférences-
universitaire et enseignement scolaire.
Aujourd’hui encore, l’enseignement
débats par des spécialistes dans un certain
de la géographie dans le secondaire donne lieu
nombre de villes, qui s’est développé à partir
à la production de manuels de géographie pour
de la fin des années 1990 : le site Web annonce
chacune des classes du collège et du lycée.
les rencontres à venir et donne le compte rendu
Une dizaine d’éditeurs produisent ces manuels
de ceux qui ont déjà eu lieu ; s’y ajoutent
(Belin, Hatier, Nathan…) dont certains sont
des comptes rendus de livres, des critiques
de grande qualité. Cette littérature d’accès facile
de films, des réflexions sur l’actualité, etc.
présente de manière succincte, avec des mots
Ce mouvement en réseau est organisé
simples et une riche illustration les contenus
de manière fédérale par l’Association des cafés
de connaissance des programmes nationaux définis
géographiques présidée par Gilles Fumey :
par le ministère de l’Éducation nationale.
www.cafe-geo.net
L’association de la géographie à l’histoire dans
l’enseignement explique qu’il existe des manuels
regroupant l’histoire et la géographie. La plupart
des éditeurs proposent des cédéroms de documents
pédagogiques tirés de ces manuels. Le site web
du Service culture éditions ressources pour
l’Éducation nationale (Scérén-Crdp) met en ligne,
à l’intention des enseignants, des versions
électroniques des brochures administratives
de la série « Programmes », qui présentent les
contenus et la façon dont ils doivent être transmis :
207
http://www.cndp.fr : voir, dans la « cyberlibrairie »,
de divers organismes publics), qui repose,
la rubrique « publications administratives »
comme le premier, sur l’association de
(la consultation du site web « Géoconfluences »
la photographie aérienne et de la cartographie
présenté à la fin de cette rubrique semble
en courbes de niveau ; la présentation des deux
plus facile pour prendre connaissance
éditions est d’ailleurs la même (un classeur
des programmes).
grand format, dont la reliure à anneaux permet
la consultation comme un livre ou la manipulation
À côté de l’édition privée des manuels scolaires,
d’un document séparé du reste du classeur).
il convient de citer la collection « La documentation
Le Nouvel Atlas n’en est pas moins sensiblement
photographique » de La Documentation française,
différent du premier : ajout d’un chapitre
depuis 1949, qui propose des dossiers sur
sur l’imagerie spatiale donnant des exemples
des grandes questions d’histoire et de géographie,
d’images obtenues par différents vecteurs, abandon
préparés par des universitaires à destination
du procédé stéréoscopique (des lunettes pour
des enseignants du secondaire. Ceux-ci y trouvent
la vision en relief étaient logées dans la reliure
non seulement des mises au point synthétiques,
de l’édition de 1956 pour visionner les
mais aussi des collections de documents
stéréogrammes assez nombreux), inventaire
iconographiques utilisables pour leur enseignement
des types de formes plus systématique, avec
(l’ancienne série rassemblait dans une chemise
des exemples pris dans le monde entier et non plus
cartonnée un fascicule de texte et des documents
seulement dans les territoires français (métropole
iconographiques, également proposés sous forme
et colonies, en rapport avec les missions effectuées
de diapositives ; la nouvelle série se présente
par l’Ign), et édition bilingue français-anglais
sous la forme d’un livret rassemblant texte
(traduction en anglais des commentaires des images
et documents iconographiques, également
en fin de volume). Il n’existe pas de version
proposés sous forme de transparents projetables).
électronique de cet ouvrage pour l’instant.
« La documentation photographique »,
La Documentation française, depuis 1949,
En matière d’offre multimédia off-line (interactive et
issn 0758-2404.
vidéo), on se contentera de signaler deux
Autre publication nationale visant à mettre
collections :
à la disposition des enseignants du secondaire
un corpus iconographique de qualité, l’Atlas
La collection de cédéroms interactifs « Terre
du relief terrestre publié par l’Institut géographique
des villes » (publiée chez Belin), qui propose
national (Ign) en 1956 est un recueil d’extraits
des monographies de villes reconstituant
de cartes topographiques commentés, qui présentait
l’histoire de leur développement,
les différents types de formes du relief terrestre.
de leur naissance à nos jours. Déjà 5 titres
Un Nouvel Atlas des formes du relief a été publiée
parus : « Paris », « San Francisco » (en 2002) ;
en 1985 par les éditions Nathan (avec le soutien
« Naples », « Hong Kong », « Rome » (en 2003).
208
« Le dessous des cartes » : de brefs cours
Livres
audiovisuels présentant les données
fondamentales (géographiques, historiques,
Du côté des livres, la tendance générale dans
économiques) de situations géopolitiques
l’édition est à la multiplication des titres comme
à travers le monde au moyen de cartes
dans le reste de l’édition. Pourtant, la géographie est
à différentes échelles. Si le créateur
peu présente dans l’édition générale (par exemple,
de l’émission, Jean-Christophe Victor,
dans les grandes collections de poche) : certains
est au départ un spécialiste de relations
livres qui pourraient, au vu de leur titre ou du sujet
internationales, il n’en montre pas moins
qu’ils traitent, être considérés comme « de la
un souci constant, dans ses analyses,
géographie » ont peu – ou pas – à voir avec elle, et si
de rappeler les contraintes inhérentes aux lieux
les collections de géographie se sont développées et
et aux configurations géographiques.
multipliées dans le dernier tiers du XX siècle, ce
Créée pour la télévision en 1990, cette émission
développement s’est en réalité surtout effectué dans
est commercialisée depuis 2003 sous forme
le cadre de l’édition universitaire. Il est une
de DVD-vidéo rassemblant chacun une douzaine
catégorie éditoriale à laquelle la discipline semble
d’émissions autour d’un thème ou d’une région
avoir beaucoup contribué cependant : des séries de
du monde. Déjà 5 DVD parus (éditeur : Gcthv ;
grands volumes illustrés sur la France, l’Europe, le
DVD-vidéo zone 2) : « Géopolitique et religion » ;
Monde, entre ouvrages de référence pour la
« Une planète en sursis » (en 2003) ;
communauté savante et beaux-livres produits par
« L’Europe, le Moyen-Orient » (en 2004) ;
les géographes pour le public.
« Les États-unis » (en 2005).
Enfin, un site web destiné à mettre à disposition
Publications d’intérêt
des ressources documentaires pour
géographique
les enseignements :
Si un Julien Gracq fait partager aux lecteurs de ses
le site Géoconfluences, proposé par la Direction
récits une sensibilité paysagère fortement marquée
de l’Enseignement scolaire (Desco)
par sa formation de géographe, dont ses lecteurs
du ministère de l’Éducation nationale,
ignorent généralement la rigueur (n’est-il pas l’élève
de l’Enseignement supérieur et de la recherche
attentif d’Emmanuel de Martonne ?), un certain
et l’École normale supérieure lettres et sciences
nombre de publications d’intérêt géographique qui
humaines (Lyon) présente les programmes
sont volontiers assimilées à de la géographie, ne sont
de l’enseignement secondaire, propose
pas le fait de la géographie universitaire dont il est
des dossiers de mise au point sur des questions
question dans cet ouvrage, et n’ont pas d’ailleurs le
de géographie, un glossaire des notions…
projet d’y contribuer. Parmi elles, quatre méritent
http://geoconfluences.ens-lsh.fr
d’être présentées ici : la collection « Terre humaine »
209
des éditions Plon ; le livre de photographie
Garnier et André Gamblin, et aujourd’hui publiées
La Terre vue du ciel de Yann Arthus-Bertrand
par les éditions Armand Colin), les ouvrages publiés
(éditions La Martinière) ; les recueils de statistiques
annuellement pour offrir des statistiques à jour
publiés chaque année sur les pays du monde ;
et un panorama mondial sur les grandes questions
les guides de voyage.
économiques, géopolitiques et sociales, ne sont pas
La célèbre collection « Terre humaine » (créée et
le fait de géographes universitaires, mais sont
dirigée par Jean Malaurie, chez Plon, depuis 1955)
plutôt mis en œuvre par des équipes liées
n’a pas pour projet de dresser un tableau
à la presse d’actualité (le « Bilan du Monde » publié
géographique de la planète, puisque si le fondateur
par le quotidien Le Monde depuis 1975 ; « L’État
de la collection était au départ géographe, ce que
du monde » publié depuis 1981 par les éditions
nous offre ce monument de l’édition française est
La Découverte ; « Le monde en [telle année] »
une collection de témoignages sur des univers
publié par l’hebdomadaire Courrier international
humains (au départ, des sociétés archaïques
depuis 2004).
confrontées aux civilisations modernes), offrant
La géographie est une invitation au voyage
donc des éclairages ethnographiques sur la diversité
et les guides de voyage sont assurément porteurs
humaine plutôt qu’un tableau de l’organisation
d’un savoir géographique ; on a volontiers souligné,
spatiale de la surface terrestre, et les seuls livres
par exemple, le caractère formateur pour
de géographes de la collection sont à ce jour celui
Élisée Reclus (qui est en quelque sorte le dernier
de son fondateur, Jean Malaurie (Les Derniers
géographe français d’avant la géographie
Rois de Thulé, 1955), et celui de Pierre Gourou
universitaire), des années qu’il a passées chez
(Terres de bonne espérance. Le Monde tropical, 1982).
Hachette à travailler à la préparation des Guides
Le beau livre de photographies de Yann-Arthus
Joanne. Pourtant, si l’industrie des guides
Bertrand (La Terre vue du ciel, 1999 ; 2002 pour
touristiques a, dans la première moitié du XX siècle,
la 2 édition), grand succès de librairie dès sa sortie,
pu solliciter les géographes universitaires
nous offre un kaléidoscope de photographies
pour la préparation de ses guides (en leur confiant
de paysage prises d’hélicoptère dans plusieurs
la tâche d’en rédiger les « introductions
dizaines de pays dans les années 1990,
géographiques », en particulier pour les Guides
dont l’approche très esthétisante, par ses effets
Bleus qui ont succédé aux Guides Joanne),
de graphisme, transforme des paysages réels
cette tradition semble perdue aujourd’hui :
en énigmes visuelles. Mais l’élucidation de celles-ci
les « guides touristiques » ont bien peu de rapport
par le texte d’accompagnement vise moins
avec la géographie universitaire.
à donner une lecture géographique du monde
qu’à souligner la vulnérabilité de la planète.
À part les « Images économiques du monde »
(publiées à partir de 1956 par les éditions
Sedes-Cdu sous la direction de Jacqueline Beaujeu-
210
Thèses d’État
Collections de géographie
La production de recherche géographique a reposé
L’évolution de l’effectif de la communauté
largement sur la thèse d’État. Cette formule,
des géographes, dont on a souligné dans ce livre
qui a régné jusqu’aux années 1960-1970, consistait
qu’il passe de quelques dizaines dans le premier
à consacrer de longues années à la réalisation
vingtième siècle à plusieurs centaines aujourd’hui,
d’un chef-d’œuvre qui devait faire date
permet de comprendre la trajectoire de l’édition
dans la discipline – à certains égards, elle a freiné
de géographie. Dans la première moitié
le développement des publications en géographie,
du XX siècle, les collections de géographie lancées
puisque la divulgation des premiers résultats
par différents éditeurs furent souvent arrêtées
était réprouvée. En un siècle, cette production
alors qu’elles ne comptaient encore que quelques
a atteint plus de 800 travaux, dont on a dressé
titres (« Géographie pour tous » chez Fayard,
l’inventaire ici (voir la liste des thèses d’État
« Bibliothèque géographique » chez Payot,
de géographie soutenues de 1890 à 2002, p. 169).
« Tous les pays du monde » chez Bordas).
Parmi ces thèses, certaines ont fait date, comme
Si la collection « Géographie humaine » des éditions
celles d’Albert Demangeon sur la Picardie (1905),
Gallimard, dirigée par Pierre Deffontaines, est
de Jules Sion sur les paysans de Normandie (1907),
une exception notable, dans les années 1930-1950,
de Max. Sorre sur les Pyrénées orientales (1913),
il convient de souligner que la trentaine d’études
de Pierre Gourou sur les paysans du delta tonkinois
de géographie thématique qu’elle a proposées
(1936), de Max. Derruau sur la Grande Limagne
(certaines pionnières), n’ont pas toutes été préparées
(1949), de Pierre Monbeig sur le front pionnier
par des géographes.
brésilien (1952), de Étienne Juillard sur la vie rurale
À la fin du XX siècle, un certain nombre
dans la plaine de Basse Alsace (1953),
de collections de géographie ont vu le jour,
de Jean Labasse sur les capitaux et la région (1953),
dont les auteurs sont au contraire tous géographes
de Michel Rochefort sur l’organisation urbaine
universitaires ; on peut citer la collection
de l’Alsace (1960), de Renée Rochefort sur le travail
« Géographies en liberté » des éditions L’Harmattan
en Sicile (1961), de Roger Coque sur la Tunisie
(depuis 1990), la collection « Géographiques »
pré-saharienne (1962), de Raymond Dugrand
des éditions Reclus (depuis 1990), la collection
sur les rapports villes-campagnes en bas Languedoc
« Villes » des éditions Anthropos (depuis 1992),
(1963), de Paul Pélissier sur les paysans du Sénégal
la collection « Mappemonde » des éditions
(1966), de Jean Gallais sur le delta intérieur
Belin (depuis 1997), la collection « D’autre part »
du Niger (1968) etc.
des éditions Bréal (depuis 2002).
211
Manuels universitaires
des années 1940. Si celle-ci est toujours vivante,
le genre a par ailleurs continué de prospéré
Au sein de l’édition de géographie, l’édition
dans le second XX siècle : collection « Découvertes »
universitaire emporte la part du lion. Certes,
des éditions Gallimard (depuis 1986) ; collection
les collections de géographie évoquées
« Idées reçues » des éditions Cavalier Bleu
précédemment veulent toucher un public qui n’est
(depuis 2001) ; la collection « Les Essentiels Milan »
pas strictement universitaire ou étudiant. Mais,
des éditions Milan (depuis 1995).
il faut souligner que l’essentiel de l’offre éditoriale,
Les manuels universitaires concentrent
en nombre de titres, est constitué par les titres
l’essentiel de l’offre de titres de géographie.
publiés dans des encyclopédies de poche et surtout
La collection « U-série géographie » des éditions
les manuels, qui proposent respectivement de faire
Armand Colin existe depuis 1968 et a repris en 1995
le point sur une question assez précise ou de balayer
la « Collection géographie » qu’avaient développée
un champ ou un sous-champ (géographie physique ;
les éditions Masson depuis 1974 (les éditions
géographie humaine ; géomorphologie littorale ;
Armand Colin ont beaucoup accompagné
géographie agraire ; géographie de la population ;
le développement de la géographie universitaire,
géographie des transports…) en étant plus
avec les Annales de géographie ou la Géographie
systématique dans l’exposé et dans les références
universelle Vidal-Gallois). Colin publie d’ailleurs
bibliographiques citées. Un peu à part (exclus
une collection de manuels plus petits que
de cette bibliographie) sont les manuels publiés
la collection « U », qu’elles ont reprise aux éditions
en nombre croissant depuis les années 1990,
SEDES en 2001 (collection « Campus - géographie »,
qui font hâtivement le point sur les questions mises
lancée en 1998). Ce créneau des petits manuels
au programme des concours nationaux qui
d’initiation est d’ailleurs celui où les titres
recrutent les professeurs d’histoire-géographie
se multiplient le plus, à la fin du XX siècle,
de l’enseignement secondaire (ces programmes
tandis que la taille des manuels de référence
s’énoncent sous la forme de grandes « questions »
(du type « U », Armand Colin) se réduit, l’époque
qui changent tous les deux ans ; le fait que
des collections de gros ouvrages semblant révolue.
la géographie de la France soit toujours
La « Géographie économique et sociale »
au programme de ces concours explique l’abondance
des éditions Marie-Thérèse Génin (diffusion
des titres qui lui sont consacrés).
Librairies Techniques) sous la direction d’André
Cholley, dans les années 1950-1960 est un exemple :
Les encyclopédies de poche proposent de faire
la quinzaine de titres de la collection développait
le point sur une question assez précise dans un petit
un plan systématique (qui, certes, changea
volume. Il s’agit, par exemple, de la « collection
entre la fin des années 1940 et les années 1960)
Armand Colin » des éditions Armand Colin, à partir
que n’ont plus les collections d’aujourd’hui,
des années 1930, ou de la collection « Que sais-je ? »
et ses ouvrages faisaient plusieurs centaines
des Presses universitaires de France, à partir
de pages. Un fait révélateur de ce que l’édition
212
universitaire d’aujourd’hui privilégie les petits
outre le Tableau de la géographie de la France
manuels destinés aux étudiants des premières
de Vidal de la Blache (1903 ; 1908 pour l’édition
années (plus nombreux !) est le nombre
illustrée chez Hachette) la Géographie de la France
des collections de ce genre qui ont été lancées dans
de Jean Brunhes (en deux volumes, 1920 et 1926,
les années 1990 : collection « Major » aux Presses
chez Plon-Nourrit), il faut citer l’Atlas aérien dirigé
universitaires de France depuis 1992 ; collection
par Pierre Deffontaines et Mariel Jean-Brunhes
« Fac-Géographie » chez Nathan Université,
Delamarre (5 volumes, 1955-64, chez Gallimard),
depuis 1993 ; collection « Carré-Géographie », chez
Découvrir la France (collection publiée en 112
Hachette Supérieur, depuis 1994…
fascicules hebdomadaires réunis en 7 volumes,
1972-74, chez Larousse, sous la direction de Roger
Brunet), l’Atlas et géographie de la France moderne
dirigé par Louis Papy (16 volumes, 1977-83,
Beaux-livres :
entre références universitaires
et vulgarisation
chez Flammarion).
Ces productions, si elles semblent relever
d’une entreprise de vulgarisation par leur
présentation (volumes reliés, iconographie riche),
Il existe une tradition éditoriale de beaux livres
n’en sont pas moins préparées par les meilleurs
en géographie (en particulier régionale), publiés
géographes universitaires, et sont donc à la fois
en série de grands volumes. Ce sont typiquement
des livres offerts au public et des ouvrages
des géographies illustrées de la France, de l’Europe
de référence pour la communauté des géographes
ou du monde.
eux-mêmes.
Si les séries consacrées à l’Europe ont été
les moins nombreuses, de nombreux tableaux
du monde ou de la France ont été proposés
au XX siècle. Le début du siècle voyait
Atlas
la parution de la monumentale fresque historique
et géographique d’Élisée Reclus intitulée L’Homme
Production emblématique par excellence
et La Terre (1905-1908), publiée par la Librairie
de la géographie, les séries d’atlas jalonnent
universelle. Parmi les tableaux géographiques
le développement de la géographie en France.
du monde du siècle passé, il faut bien sûr citer
Outre l’Atlas général Vidal-Lablache qui a connu
les Géographies universelles Vidal de La Blache-
de nombreuses rééditions jusqu’aux années 1950,
Gallois (1927-1948), chez Armand Colin, et Reclus
il convient de signaler l’Atlas de France publié
(1990-1996), chez Belin, qui ont été des grandes
dans les années 1930 sous l’égide du Cnfg,
œuvres collectives de la géographie universitaire
puis les grands atlas régionaux publiés dans
française (on détaille seulement cette dernière
les années 1960. La production contemporaine liée
ci-dessous). Parmi les tableaux de la France,
à la recherche comprend l’Atlas de France lancé
213
dans le cadre du GIP Reclus et publié en 1995-2001,
Durand-Dastès François, Mutin Georges (dir.),
ainsi que les nombreux atlas nationaux produits
Afrique du Nord, Moyen-Orient, Monde indien,
en général sur la base d’une coopération
480 p., Belin, Paris / Reclus, Montpellier, 1995,
entre la Maison de la géographie de Montpellier
isbn 2-7011-1671-6
et des géographes du pays concerné.
Antheaume Benoît, Bonnemaison Joël, Bruneau
Michel, Taillard Christian (dir.), Asie du SudEst, Océanie, Belin, Paris / Reclus, Montpellier,
1995, 480 p., isbn 2-7011-1670-8
Géographie universelle
Brunet Roger, Rey Violette (dir.), Europes orientales,
Russie, Asie centrale, Belin, Paris / Reclus,
La collection « Géographie universelle » dirigée
Montpellier, 1996, 477 p., isbn 2-7011-1673-2
par Roger Brunet et publiée aux éditions Belin,
Marchand Jean-Pierre, Riquet Pierre (dir.), Europe
Paris/Reclus, Montpellier entre 1990-1996 comprend
du Nord, Europe médiane, Belin, Paris / Reclus,
les volumes suivants :
Montpellier, 1996, 480 p., isbn 2-7011-1672-4
Brunet Roger, Dollfus Olivier (dir.), Mondes
nouveaux, Belin, Paris / Reclus, Montpellier,
1994, 480 p., isbn 2-7011-1665-1
Dictionnaires et encyclopédies
Ferras Robert, Pumain Denise, Saint-Julien
Thérèse (dir.), France, Europe du Sud, Belin,
Paris / Reclus, Montpellier, 1991, 480 p., isbn 2-
Hypergeo
http://hypergeo.free.fr/
7011-1666-2
Bataillon Claude, Deler Jean-Paul, Théry Hervé
NB : Parmi les dictionnaires mentionnés ci-dessous,
(dir.), Amérique latine, Belin, Paris / Reclus,
le Dictionnaire de géopolitique dirigé par
Montpellier, 1991, 448 p., isbn 2-7011-1667-8
Yves Lacoste porte sur des espaces
Bailly Antoine, Dorel Gérard, Racine
et des lieux particuliers (surtout des États) ;
Jean-Bernard, Villeneuve Paul (dir.), États-Unis,
les autres traitent des types d’objets
Canada, Belin, Paris / Reclus, Montpellier, 1994,
et des notions de la géographie.
480 p., isbn 2-7011-1668-6
Dubresson Alain, Marchand Jean-Yves, Raison
Bailly Antoine, Ferras Robert, Pumain Denise
Jean-Pierre (dir.), Les Afriques au Sud du Sahara,
(dir.), Encyclopédie de géographie, Economica,
Belin, Paris / Reclus, Montpellier, 1994, 480 p.,
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isbn 2-7011-1669-4
Gentelle Pierre, Pelletier Philippe (dir.), Chine,
rééd. (2 éd.) 1995, 1167 p., isbn 2-7178-2899-0
Brunet Roger, Ferras Robert, Théry Hervé (dir.),
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française dirigée par Gabriel Hanotaux)
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Objets et démarches de la géographie
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d’aujourd’hui, Hatier, Paris, coll. « Initial »,
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rééd. 2000, 221 p., isbn 2-200-21016-8
(2 édition revue et augmentée)
De Martonne Emmanuel, France physique, Armand
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Voir les articles suivants : « Jacques Ancel »
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(vol. 5, 1980, par J. Bisson) ; « Henri Cavaillès,
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voir les articles suivants : « Henri Baulig »
« Louis-Auguste Himly » (vol.1, 1977,
(par E. Juillard) ; « Raoul Blanchard »
par V. Berdoulay) ; « Émile Levasseur » (vol. 2,
(par P. Guichonnet et J. Masseport) ;
1978, par J.-P. Nardy) ; « Paul Meuriot » (vol. 16,
« Jean Brunhes » (par M. Jean-Brunhes
1995, par G. Montigny) ; « Elisée Reclus » (vol. 3,
Delamarre) ; « André Cholley » (par J. Gras) ;
1979, par B. Giblin) ; « Paul Reclus, Louis
« François de Dainville » (par F. Grivot) ;
Cuisinier » (vol. 16, 1995, par G. S. Dunbar,
« Albert Demangeon » (par A. Perpillou) ;
L. Rapacka) ; « Franz Schrader » (vol. 1, 1977,
« Emmanuel de Martonne » (par J. Dresch) ;
par N. Broc) ; « Jules Sion » (vol. 12, 1988,
« André Faucher » (par F. Taillefer) ;
par W. van Spengen) ; « Pierre Teilhard
« Lucien Gallois » (par A. Meynier) ;
de Chardin » (vol. 7, 1983, par V. Bywater) ;
« Emile-Félix Gauthier et Augustin Bernard »
« Camille Vallaux » (vol. 2, 1978, par F. Carré) ;
(par M. Larnaude) ; « Louis Hurault »
« Paul Vidal de La Blache » (vol. 12, 1988,
(par A. Cros-Arceduc) ; « Charles Robequain »
par S. J. K. Baker) ; « Jacques Weulersse » (vol. 1,
(par J. Delvert) ; « Max Sorre » (par P. George) ;
« Paul Vidal de La Blache » (par P. Pinchemel).
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« Albert Demangeon » (par J.-L.Tissier) ;
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« Jean Dresch » (par J.-L.Tissier) ;
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Frémont Armand, Géographie et action.
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« Yves Lacoste » (par J. Lévy) ;
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à travers territoires et temporalités,
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suivi de Je découvre l’université. Douai, Lille,
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Flammarion, coll. « Géographie », Paris, 1988,
2 vol., 708 p., isbn 2-909109-10-0, 2-909109-10-0
290 p. ; rééd. Flammarion, Paris, coll.
« Champs », 1997, 352 p., isbn 2-0808-1388-9,
(3 édition revue)
Frémont Armand, La Région, espace vécu, Puf,
Réédititions de classiques
Paris, coll. « Sup-Le géographe », 1976, 223 p. ;
et textes disponibles dans les grandes
rééd. Flammarion, Paris, coll. « Champs », 1999,
collections de poche
288 p., isbn 2-08-081429-x, (3 édition revue)
Lacoste Yves, La Légende de la Terre,
Dardel Éric, L’Homme et la Terre. Nature de la
Flammarion, coll. « Légende », 1996, 225 p.,
réalité géographique, Puf, Paris, coll. « Nouvelle
isbn 2-08-035446-9 (édition grand format
encyclopédie philosophique », 1952, 133 p. ;
avec des illustrations en couleurs) ;
rééd. éditions du Cths, Paris, coll. « Format »,
rééd. coll. « Champs », 2000, 148 p.,
1990, isbn 2-7355-0200-7 (réédition
isbn 2-08-081465-6
avec une présentation de Philippe Pinchemel
et Jean-Marc Besse)
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Lacoste Yves, Paysages politiques. Braudel, Gracq,
Reclus,…, Librairie générale française, Paris,
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Reclus Élisée, Histoire d’un ruisseau, Hetzel, Paris,
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coll. « Bibliothèque éducation récréation », 1881,
avec ajout d’une préface et d’annexes)
256 p. ; rééd. Actes Sud, Arles, coll. « Babel »,
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1995, 216 p., isbn 2-7427-0575-9
Reclus Élisée, Histoire d’une montagne, Hetzel, Paris,
Flammarion, Paris, coll. « Géographes », 1991,
coll. « Bibliothèque éducation récréation », 1880,
1973, isbn 2-08-212807-5 (avec une préface de
255 p. ; rééd. Actes Sud, Arles, coll. « Babel »,
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1998, 226 p., isbn 2-7427-1685-8
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des origines au XIX siècle, Flammarion, Paris,
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Éditions Premières Pierres, Charenton, 2002,
isbn 2-08-210174-6
210 p., isbn 2-913534-04-x
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(anthologie composée, présentée et annotée
par Joël Cornuault)
Vidal de La Blache Paul, Tableau de la géographie
de la France, Hachette, Paris, 1903
(en ouverture de la grande Histoire de France
depuis les origines jusqu’à la Révolution,
dirigée par Ernest Lavisse) ; rééd. La Table
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Vidal de La Blache Paul, La France de l’Est
(Lorraine-Alsace), Armand Colin, Paris, 1917,
280 p. ; rééd. La Découverte, Paris, coll.
« Hérodote », 1994, 285 p., isbn 2-7071-2346-3
(édition présentée par Yves Lacoste)
Weulersse Jacques, Noirs et Blancs. À travers
l’Afrique nouvelle : de Dakar au Cap,
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Paris, 1993, isbn 2-7355-02767 (réédition
avec préface et bibliographie de Pierre Gourou)
Ancel, Jacques 32
Auriac, Franck 42, 112, 116
A-Z
Bachelard, Gaston 110
Bailly, Antoine 116
Baulig, Henri 94, 161
Beaujeu-Garnier, Jacqueline 74, 109,
111, 114, 140
Berdoulay, Vincent 94
Béringuier, Christian 114
Berque, Augustin 122
Berry, Brian 111
Bertin, Jacques 72, 82
Bertrand, Georges 31, 45, 106, 144
Birot, Pierre 71
Blache, Jules 71
Blanchard, Raoul 23, 64, 67, 95, 102,
133, 135
Bonnemaison, Joël 50, 117
Bouchayer, Aimé 133
Bourdieu, Pierre 42
Bourgeois, Robert (général) 27
Braudel, Fernand 40, 108, 163
Briand, Aristide 131
Brunet, Pierre 71
Brunet, Roger 45, 51, 71, 81, 112, 115,
116, 120, 143
Brunhes, Jean 24, 31, 60, 61, 68, 99,
101, 134
Cauvin, Colette 81
Chamussy, Henri 110
Chataigneau, Yves 32
Chesnais, Michel 43
Chevalier, Jacques 50
Chevalier, Jean-Pierre 88
Cheylan, Jean-Paul 80
Cholley, André 34, 36, 97, 100, 102,
108, 133, 134, 158
Chombart de Lauwe, Paul-Henri 108
Christaller, Walter 43
Claval, Paul 50,109,117,156
Clémentel, Étienne 132
Clerc, Pascal 88
Dardel, Éric 50, 122
Dauphiné, André 81
Dautry, Raoul 138
Davis, William Morris 25
Debarbieux, Bernard 50, 122
Deffontaines, Pierre 71, 158
Demangeon, Albert 30, 32, 51, 60, 64,
66, 67, 95, 97, 104, 131, 134-136,
160, 161
Derruau, Max 30, 158
Dessus, Gabriel 136
Di Meo, Guy 50
Dollfus, Olivier 109, 158, 159
Dresch, Jean 34, 37
Dubois, Marcel 20, 26
Duby, Georges 32
Durand, Marie-François 162
Durand-Dastès, François 45, 163
Febvre, Lucien 29, 103
Ferrier, Jean-Paul 116, 122
Flatrès, Pierre 71
Foncin, Myriem 135
Fourastié, Jean 37
Frémont, Armand 50, 121, 141, 142
Gallais, Jean 151
Gallois, Lucien 24, 94-96, 100, 135,
152, 154,
George, Pierre 37, 51, 72, 101, 102,
105, 109, 111, 126, 137, 140,
156, 161
Goblet, Yves-Marie 32, 138
Gottmann, Jean 36, 108, 136, 159
Gourou, Pierre 106, 151, 156
Grataloup, Christian 159, 162
Gravier, Jean-François 136, 138
Guermond, Yves 43
Guglielmo, Raymond 114, 116, 140
Haggett, Peter 43, 111
Harvey, David 43
Hauser, Henri 132
Hérin, Robert 50, 142
Herriot, Édouard 133
Himly, Auguste 26
Jean-Brunhes Delamarre, Mariel 71
Juillard, Étienne 38, 74, 140
Kayser, Bernard 140
Kuhn, Thomas S. 12, 103, 104, 105
Labasse, Jean 38, 74, 102, 105, 109,
114, 140, 141
Lacoste, Yves 52, 111, 114, 117, 141
Laffitte, Louis 132
Lavisse, Ernest 131
Le Berre, Maryvonne 110
Le Lannou, Maurice 37, 101
Levainville, Jacques 32, 132, 135
Levasseur, Émile 16, 25, 146
Lévy, Jacques 48, 52, 113, 116, 162
Lorin, Henri, 32
Marchand, Bernard 112
Marchand, Jean-Pierre 45
Margerie (de), Emmanuel 27
Martonne (de), Emmanuel 24, 26, 27,
30, 60, 62, 64, 76, 94, 95, 97,
103, 135
Mendès-France, Pierre 140
Meynier, André 30,71
Mitterrand, François 116
Monbeig, Pierre 151
Pardé, Maurice 133
Passerat, Charles 30
Péguy, Pierre-Charles 45, 143
Pélissier, Paul 156
Perroux, François 108
Phlipponneau, Michel 36, 109, 140
Piaget, Jean 110, 113
Pinchemel, Philippe 43, 60, 111, 120,
140
Pinchemel, Philippe et Geneviève
45, 159
Pitte, Jean-Robert 117
Piveteau, Jean-Luc 116, 122
Poirier, Louis 36, 108
Pumain, Denise 43, 49, 81, 120
Racine, Jean-Bernard 111, 113, 116
Raffestin, Claude 112, 116, 122
Ratzel, Frédéric 29
Reclus, Élisée 16, 25, 146, 152, 154
Reclus, Onésime 152
Renard, Jean 50, 141
Retaillé, Denis 162
Rey, Violette 43
Reymond, Henri 111, 112, 120
Reynaud, Alain 111
Rhein, Catherine 94
Robic, Marie-Claire 58, 94, 97
Rochefort, Michel 105, 141
Rochefort, Renée 121
Rouge, Maurice-François 108, 139
Roumegous, Micheline 88
Saïd, Edward 167
Saint-Julien, Thérèse 43, 49, 81
Sanders, Lena 49, 81
Sanguin, André-Louis 117
Sautter, Gilles 156
Sauvy, Alfred 35, 157
Siegfried, André 32
Sion, Jules 30, 95, 98, 106
Soja, Edward 48
Sorre, Maximilien 31, 37, 95, 97,
108, 161
Thomas, Albert 132
Tricart, Jean 31, 34, 71, 106, 108, 162
Vacher, Antoine 30
Vallaux, Camille 101, 135
Verne, Jules 16, 25
Vidal de La Blache, Paul 4, 12, 20, 24,
26, 27, 29, 31, 58, 59, 64, 66, 68,
93-104, 126, 129, 131-135, 138,
144, 148, 150, 152, 154, 161, 162
Vilar, Pierre 32
Voiron-Canicio, Christine 81
Nicolas-Obadia, Georges 112, 120
Ozouf-Marignier, Marie-Vic 58
Wallerstein, Emmanuel 163
Waniez, Philippe 81
Weulersse, Jacques 137
Zimmermann, Maurice 101
p. 59 Cliché Jean Vigne. p. 61 © Cnrs Éditions, 2005.
Cliché : Jean Vigne. p. 63 fig. 3 © D.R. Cliché : Jean Vigne ;
fig. 4 © D.R. Cliché : Jean Vigne p. 65 Cliché : Jean Vigne.
p. 69 Cliché : Jean Vigne. p. 73 fig. 7 © Presses
universitaires de France, 1968. Cliché : Jean Vigne ; fig. 8
© Mouton et C (Paris-La Haye) / Gauthier-Villars / École
pratique des hautes études. Cliché : Jean Vigne. p. 75
© Ophrys, 1974. Cliché : Jean Vigne. p. 79 Pour l’ouvrage :
Belin / Reclus, 1991 ; pour l’image satellite :
© Spot Images, 1989. Cliché : Jean Vigne. p. 83 © GIP
Reclus, 1992. Cliché : Jean Vigne. p. 85 Pour l’ouvrage :
© La Documentation française, 2002 ; pour la
cartographie : © AEBK- juin 2001. Cliché : Jean Vigne.
p. 130 Cliché : Jean Vigne. p. 144 Pour l’ouvrage :
© Belin, 1997 ; pour l’illustration : © GIP Reclus
(R.Brunet). Cliché : Jean Vigne. p. 147 Cliché : Jean Vigne
cahier iconographique :
1 Reclus Élisée, L’Homme et la Terre, tome I, Librairie
universelle, 1905. Cliché : Jean Vigne. 2 Annales de
géographie, vol. XVI, nº 88, 15 juillet 1907. © D.R., Cliché :
Jean Vigne. 3 Reclus Élisée, Nouvelle Géographie
universelle, la Terre et les Hommes, tome XVII : « Les Indes
occidentales », Hachette, 1881. Cliché : Jean Vigne.
4 Brunet Roger (dir.), Géographie universelle, tome :
« Amérique latine », Belin / Reclus, 1991. © Belin / Reclus,
1991. Cliché : Jean Vigne. 5. © Fond de la bibliothèque
du Centre de géographie, Paris. Cliché : Jean Vigne.
6 © Librairie Jules Tallandier, 1979. Cliché : Jean Vigne.
7 © Librairie José Corti, 1958. Cliché : Jean Vigne.
8 Vidal de La Blache Paul, Atlas général Vidal-Lablache,
Armand Colin, 1918. Cliché : Jean Vigne. 9 Collectif, Atlas
de Normandie, Caen, 1968-1970. © D.R., Cliché : Jean
Vigne. 10 Atlas de France, vol. «Transports et Énergie »,
La Documentation française, Reclus, 2002. © Reclus,
2000. Cliché : Jean Vigne. 11 Rozenblat Cécile,
Cicille Patricia, Les Villes européennes, analyse
comparative, La Documentation française / Datar, 2002.
© MGM-UMR Espace, 2000. Cliché : Jean Vigne. 12
Annales de géographie, vol. LVI, janvier-mars 1947, nº 301,
Armand Colin. © Armand Colin. Cliché : Jean Vigne.
13 La Nouvelle Critique, nº 15, avril 1950. Cliché :
Jean Vigne. 14 George Pierre, Guglielmo Raymond,
Kayser Bernard, La Géographie active, Presses
universitaires de France, 1964. © Presses universitaires
de France, 1964. Cliché : Jean Vigne. 15 Labasse Jean,
L’Organisation de l’espace, éléments de géographie
volontaire, Hermann, 1966. © Hermann, 1966. Cliché :
Jean Vigne. 16 Phlipponneau Michel, Géographie et action,
introduction à la géographie appliquée, Armand Colin, 1960.
© Armand Colin, 1960. Cliché : Jean Vigne. 17 BeaujeuGarnier Jaqueline, La Géographie, méthodes et perspectives,
Masson, 1971. © Masson, 1971. Cliché : Jean Vigne.
18 George Pierre, « L’illusion quantitative en géographie »,
in La Pensée géographique française contemporaine, Presses
universitaires de Bretagne, 1972. © Presses universitaires
de Bretagne, Saint-Brieuc, 1972. Cliché : Jean Vigne.
19 Brunet Roger, « Les nouveaux aspects de la recherche
géographique : rupture ou raffinement de la tradition ? », in
L’Espace géographique, nº 2, tome I, Doin, 1972 © Doin,
1972. Cliché : Jean Vigne. 20 Collectif, « Le spectre
du scientisme », in Hérodote, nº 3, 1976. © François
Maspero. Cliché : Jean Vigne. 21 Espaces-Temps, nº 4,
1976. © D.R. Cliché : Jean Vigne. 22 Groupe Dupont,
Géopoint 1976, universités de Lausanne et Genève.
23 Smadja Joëlle, Histoire et devenir des paysages
en Himalaya, représentation des milieux et gestion des
ressources, Cnrs Éditions, 2005. © Joëlle Smadja / Cnrs.
24 Données : base Indigo / Ird. Cartes : Frédéric Thomas,
Pier-Luigi Rosa, Rainer Zaiss. © Ird. 25 © Cyril Gosme.
26-29 Cliché : Jean Vigne. 33 Space photos © Nasa.
Crédits
iconographique
Cet ouvrage est édité par l’adpf association pour la di{usion de la pensée française •
Chef de la Division de l’écrit et des médiathèques, Ministère des Affaires étrangères : Yves Mabin
Directeur de l’Association pour la diffusion de la pensée française : Jean de Collongue
Directeur des éditions : Paul de Sinety
Responsables d’édition : Nicolas Peccoud, Bérénice Guidat
Iconographe : Laurence Geslin
Administration : Catherine Grillat
Mis en page par Csaba Mészáros, imprimé par Technostampa, à 12 500 exemplaires, en janvier 2006.
Avec les remerciements des auteurs à François Neuville.
Les textes publiés dans ce livret et les idées
qui peuvent s’y exprimer n’engagent
que la responsabilité de leurs auteurs
et ne représentent en aucun cas une position
officielle du ministère des A{aires étrangères.
Toutes les recherches ont été entreprises afin
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