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Ce document se penche également sur la qualité de l’insertion sur les marchés extérieurs. En raison de
la vocation exportatrice des pays de la région et des pratiques protectionnistes des pays développés, les débats
se centrent aujourd’hui sur l’accès aux marchés. Néanmoins, l’accès aux marchés ne suffit pas à résoudre les
problèmes institutionnels ni à engendrer le développement productif requis pour relancer la croissance. Il est
indispensable de parvenir à un taux de croissance dynamique et soutenu des exportations et, dans le même
temps, d’accroître leur effet d’entraînement sur la croissance économique; pour ce faire, il est particulièrement
important de mettre en œuvre une stratégie de politiques publiques qui visent à améliorer le mode d’insertion
extérieure de la région et à stimuler des gains de compétitivité et de productivité de l’appareil de production.
L’État doit nécessairement prendre part à ce processus et appliquer des politiques actives de
promotion des exportations qui permettent de tirer parti des externalités positives dans l’ensemble de l’appareil
de production, de compenser les défaillances des marchés des capitaux au niveau du financement des
exportations, de mettre à profit des économies d’échelle, de saisir les opportunités d’apprentissage, ainsi que de
veiller à l’utilisation rationnelle des ressources naturelles et à l’exploitation des nouvelles technologies en
matière d’environnement.
Les mécanismes d’incitation devront tenir compte de la nécessité d’accorder la priorité à la promotion
des exportations de nouveaux produits ou de nouveaux marchés, activités qui doivent être considérées comme
de véritables innovations. Par ailleurs, il est indispensable que les politiques de promotion des exportations
soient conçues comme des stratégies à moyen et à long terme, de façon à assurer la continuité des politiques,
quels que soient les changements intervenus dans les équipes gouvernementales chargées de les mettre en
œuvre.
Comme signalé plus haut, l’un des héritages fâcheux des années 1990 a été l’hétérogénéité croissante
de l’appareil de production, qui a entraîné une exclusion elle aussi croissante de certains agents économiques
alors que d’autres s’acheminaient vers la modernisation productive. La structure productive des économies
latino-américaines se caractérise actuellement par trois grandes catégories d’unités, en fonction de leur degré
de formalisation et de leur taille. Le premier groupe est composé des grandes entreprises, dont beaucoup sont
des transnationales, qui présentent généralement des niveaux de productivité proches de la frontière
internationale mais qui ont très peu de liens avec l’économie locale et une faible capacité innovatrice. La
deuxième catégorie correspond aux petites et moyennes entreprises du secteur formel qui ont généralement de
grandes difficultés pour accéder à certains facteurs de production, en particulier au financement et aux services
technologiques et qui, surtout, présentent une faible capacité d’articulation productive aussi bien entre elles
qu’avec les entreprises appartenant à d’autres catégories. Le dernier groupe est constitué par les micro
entreprises et les petites entreprises du secteur informel qui, en raison de leur structure et de leurs capacités,
sont celles qui présentent la plus faible productivité relative et évoluent dans un contexte qui les prive de toute
possibilité de développement et d’apprentissage; qui plus est, les travailleurs et les employeurs ne font l’objet
d’aucune protection sociale contre les risques qu’ils encourent, y compris la perte d’emploi ou de revenu.
Le développement du secteur productif de cette économie « à trois vitesses » exige l’adoption de
politiques publiques actives qui contribuent à niveler le terrain de jeu et facilitent la mise en place d’une
structure de soutiens et d’incitations articulée autour de trois grandes stratégies: d’inclusion, de modernisation
et de densification.
La stratégie d’inclusion aura pour but de faciliter le passage au secteur formel de l’économie du plus
grand nombre possible de micros et petites entreprises du secteur informel. Les mesures à prendre dans le
cadre de cette stratégie sont de grande envergure, tout en restant sélectives quant aux destinataires; elles
doivent notamment prévoir la simplification des normes et des démarches, la réduction des charges fiscales, un
accès plus large au crédit et à la formation. La stratégie de modernisation concerne les petites et moyennes