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Centre canadien de lutte contre les toxicomanies
TOXICOMANIE AU CANADA — Les effets de la consommation de cannabis pendant l’adolescence
Depuis plus de 25 ans, le Centre canadien de lutte contre les
toxicomanies (CCLT) assure un leadership à l’échelle nationale
et propose des solutions an de réduire les méfaits de l’alcool
et de la drogue pour les personnes et les familles. Notre rôle
unique nous enjoint notamment à mobiliser les gens et les
connaissances an d’amener des changements dans les
politiques, pratiques et programmes et de faire une différence
dans la vie des Canadiens. Ajoutons que notre rôle consiste
aussi à enrichir les connaissances et à promouvoir la recherche
faite sur la maladie de la dépendance et sur des enjeux liés à la
toxicomanie au Canada et sur la scène internationale.
Pour ce faire, le CCLT prépare, à intervalles réguliers, des
rapports qui s’inscrivent dans la série Toxicomanie au Canada.
Publiée en juin 2014, la dernière édition de la série portait
sur les voies menant aux troubles liés aux substances dans
l’enfance et l’adolescence. Elle examinait aussi la façon dont
des facteurs biologiques, comportementaux et sociaux ainsi
que des expériences vécues pendant les premières années
de développement peuvent mener à des troubles liés aux
substances ou à des problèmes concomitants de santé mentale
ou physique, ou au contraire protéger contre ceux-ci.
L’édition 2014 dégageait des questions importantes concernant
le lien entre les troubles de santé mentale, les facteurs
environnementaux et l’abus de substances chez les jeunes
enfants et les adolescents. Tout le monde sait que l’adolescence
est une période marquée par un développement important et de
grands bouleversements; c’est aussi à cette époque que débute
le plus souvent la consommation. Au Canada, le cannabis est
la drogue de prédilection des jeunes : en effet, près d’un quart
des 15 à 24 ans disent en avoir consommé dans la dernière
année. De fait, les jeunes Canadiens sont les plus grands
consommateurs de cannabis comparativement aux jeunes
d’autres pays développés. Une étude publiée récemment met
d’ailleurs en évidence un fait troublant : les jeunes Canadiens ne
connaissent pas bien les risques liés à cette drogue, ce qui les
empêche de prendre des décisions éclairées.
Par rapport aux autres groupes d’âge, les jeunes sont beaucoup
plus susceptibles de prendre des substances, d’avoir des
habitudes de consommation à risque et de subir des méfaits
associés à cette consommation. C’est pourquoi, pour le CCLT,
il était crucial d’examiner de plus près et dans leur ensemble les
effets potentiels exacts de l’usage de cette substance illicite chez
les adolescents. Une telle analyse est d’autant plus d’actualité
Avant-propos
au vu des débats publics au Canada entourant la politique sur
le cannabis, les initiatives de réglementation et de légalisation
dans certains États américains et l’usage de cannabis à des ns
médicales et thérapeutiques.
Le dossier du cannabis retient davantage l’attention de nos jours
qu’il y a quelques années à peine, et les jeunes assimilent les
messages contradictoires qu’ils reçoivent au pays et de l’étranger.
Les données probantes doivent orienter les débats publics
portant sur le cannabis – et diffuser ces données probantes,
voilà exactement en quoi consiste le rôle du CCLT, organisme
dont le travail vise à déceler le signal dans le tumulte de dossiers
complexes comme celui du cannabis. Bilan des connaissances
actuelles, le présent rapport Toxicomanie au Canada permet
d’incorporer aux discussions les données convergentes sur les
effets du cannabis sur le cerveau et le comportement, ainsi que
d’apporter des changements, là où ils sont nécessaires.
Le CCLT a choisi de s’intéresser aux jeunes, car ils sont l’avenir
de notre pays. Le développement cérébral qui survient à
l’adolescence pose les jalons de la réussite à l’âge adulte ou, à
l’inverse, de l’apparition de difcultés. Donc, si le vaste débat en
cours implique de nombreux enjeux liés à la place du cannabis
dans les sphères politiques, sanitaires et policières, le présent
rapport, lui, porte exclusivement sur les effets du cannabis sur la
santé des jeunes : en d’autres termes, sur ce que nous savons
concernant ces effets, ce que nous ignorons et ce qui doit
retenir notre attention à l’avenir. C’est ainsi que nous pourrons
travailler de concert à l’amélioration des politiques, pratiques et
programmes ciblant ce groupe.
Alors, que nous apprend ce rapport sur les effets du cannabis
sur la santé des adolescents? Avant tout, que le cannabis n’est
pas inoffensif, qu’il peut entraîner une dépendance et que plus
l’usage commence tôt, plus le niveau de risque augmente. En fait,
l’usage précoce et fréquent augmente le risque de déciences
cognitives à court terme, de mauvais résultats scolaires et de
symptômes et troubles psychotiques. La coordination et le temps
de réaction étant considérablement affectés par le cannabis,
il n’est pas surprenant que ce soit la substance illicite la plus
souvent détectée lors d’accidents de la route, dont certains sont
mortels. Même si on ignore encore l’ampleur totale des effets
de l’usage précoce de cannabis sur la capacité cognitive à long
terme ainsi que la réussite scolaire et professionnelle, il est de
plus en plus évident que le cannabis a une inuence néfaste sur
le jeune cerveau – inuence que l’on ne saurait négliger.