qui dans le Thouarsais ont été cachés
dans des planques, avant les réquisi-
tions. Deuxième aspect : la résistance
des réseaux est en symbiose avec la
résistance anti-pétainiste ! Or en 1940,
en France, il y a très peu de personnes
anti-Pétain : celles-ci vont se doter des
moyens d'informer la population en
créant les tout premiers journaux clan-
destins (disons plutôt tracts) : une feuille
volante ou un recto-verso au mieux,
parfois avec des moyens rudimentaires
(à la machine à ronéotyper).
Le tournant de 1943
Le changement s'amorce avec l'an-
née 1943. Les Allemands connaissent
leurs premiers revers. C'est l'année de
Stalingrad, du débarquement anglo-
américain en Afrique du nord et des
premiers échecs des alliés de l'Axe, que
sont les Japonais, contrés par les Amé-
ricains. Naît alors un espoir de renver-
sement militaire !
Et puis, les mentalités changent : de
plus en plus de gens se détachent du
pétainisme et adhèrent à l'idée qu'il
faut agir contre l'occupant. 1942, c'est
la grande année des rafles de Juifs ;
elles ont ébranlé l'opinion, selon les
lieux. Dans le sud des Deux-Sèvres,
très protestant, le fait que Vichy ait livré
en masse les juifs étrangers en 1942
perturbe terriblement les consciences.
L'autre point qui va mobiliser contre
Vichy et l'occupant, c'est le STO ! Ins-
tauré à l'automne 1942, il prend son
extension en 1943. Les jeunes Fran-
çais qui ne font plus leur service mili-
taire, à 20 ans (il n'y a plus d'armée
française !) sont invités fermement à
aller travailler en Allemagne. Or il y a
un refus de ces jeunes qui ne veulent
pas servir de main-d'œuvre pour la
machine de guerre allemande. Une
partie d'entre eux va se tourner vers la
résistance, via des filières organisées.
Ou bien prendre le maquis (en par-
tant travailler dans les fermes ou dans
les exploitations forestières).
De la région thouarsaise et dans le
nord du département démarre alors
un mouvement qui va s'étendre sur la
Gâtine. Mais encore peu dans le sud
des Deux-Sèvres : c'est l'Organisation
civile et militaire (OCM), qui vise à pré-
parer la libération militaire de la
France occupée. L'OCM mène aussi
une réflexion globale sur l'après-
guerre, et se développe au niveau
national en zone Nord, sous la
conduite d'Alfred Touny, militaire de
réserve (et industriel dans le civil). Ce
mouvement – qui recrute d'anciens
militaires, des chefs d'entreprise, des
paysans, des médecins… – s'implante
particulièrement bien en Poitou-Cha-
rentes, ainsi qu'en Vendée (en sud-
Vendée surtout). Il reçoit des
parachutages d'armes (sept en tout).
Car les armes (et les munitions) sont
le point faible des résistants qui en
manquent terriblement.
Parallèlement, une opération d'in-
toxication menée par les Anglais vise
à faire croire aux Allemands à un
débarquement dès 1943, sur la façade
atlantique, sur les côtes vendéennes
par exemple. Pour que cette intoxica-
tion fonctionne, il fallait que les gens
chargés de faire passer l'information
soient eux-mêmes convaincus qu'elle
soit vraie. Les équipes dans le dépar-
tement se connaissent assez bien. Elles
sont chapeautées par un chef dépar-
temental puis régional et tout fonc-
tionne bien, tant au niveau de la cache
des armes que des renseignements
que réclame Londres. Jusqu'à ce qu'en
août 1943 des arrestations massives
(52 résistants) décapitent l'OCM. On
estime, sans certitude, que le nombre
des membres de cette organisation
s'élevait à deux à trois fois plus (envi-
ron 150 personnes).
Le mouvement Libé-Nord
Le deuxième mouvement de libéra-
tion en Deux-Sèvres, Libé-Nord, prend
plus dans le sud des Deux-Sèvres (dans
le Mellois ou dans le pays niortais).
Là, les membres sont plutôt des ins-
tituteurs, des fonctionnaires issus de
la gauche.
La volonté d'agir contre l'occupant,
RACINES 45 juin 2012
Edmond Proust prend la tête
des FFI à partir de janvier 1944.
Le Centre régional Résistance et Liberté (CRRL) à Thouars est né en
1997, des volontés conjuguées d'anciens résistants deux-sèvriens, soucieux de
préserver et de transmettre la mémoire et les valeurs du conseil national de la
Résistance. Se sont associés à la démarche la ville de Thouars, le département
des Deux-Sèvres, la région Poitou-Charentes et des régions limitrophes, le minis-
tère de l'Éducation nationale et le secrétariat d'État aux Anciens combattants. Lieu
de mémoire sur la période 1933- 1945, avec une salle d'exposition permanente,
le CRRL est aussi une mine de ressources pédagogiques de recherche qui accueille
le grand public et les classes, de l'école primaire au lycée pour les informer sur
cette période de l'histoire contemporaine et les faire “réfléchir plus largement sur
la notion de citoyenneté”, dans le monde d'aujourd'hui.
Contact : Les Écuries du château, Rond point du 19 mars 1962, 79100 Thouars. Tél. 05 49 66 42
99. Accueil des groupes sur réservation. Ouvert du jusqu’au 30 juin, du lundi au vendredi et le
dimanche de 14 h à 18 h ; du 1er juillet au 30 septembre, tous les jours de 14 h à 18 h et du 1er
octobre au 31 mars, du lundi au vendredi de 14 h à 18 h.
Le centre régional Résistance et Liberté
(© Photo PINEL - Conservatoire de la Résistance & de la Déportation des Deux-Sèvres & des régions limitrophes)
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RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire
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