G uide d’achat AUTOMATISMES Les départs-moteurs ▼ L es moteurs électriques à courant alternatif sont absolument partout, leur robustesse n’est plus à démontrer. Leur comportement en toutes circonstances est bien connu, la technologie est maîtrisée depuis des décennies. On leur demande malgré tout de faire encore quelques efforts, notamment en matière de rendement ou de tenue dans des environnements très difficiles. Pourtant, malgré leurs états de service, les moteurs en tant que tels n’occupent guère le devant de la scène de l’actualité. On en parle cependant, mais de manière indirecte. Les grands constructeurs d’automatismes ont en effet mis au point des solutions pour mieux piloter ces moteurs,pour les “ménager”et augmenter leur longévité en exploitation, réduire leur consommation, les L’essentiel protéger.L’environnement du moteur est en train Les départs moteurs assud’évoluer radicalement. rent des fonctions de protection et d’isolement On s’est toujours préocgalvanique cupé de protéger les La plupart du temps, ils moteurs et les personnes sont constitués d’éléments amenées à travailler avec séparés qu’il faut associer eux : c’est le vaste domaide façon judicieuse ne des départs-moteurs. Pour simplifier le travail, Ceux-ci assurent notamles constructeurs préconiment une protection sent des assemblages pré-étudiés, dont le contre les surcharges et les comportement en cas courts-circuits, ils perde court-circuit est mettent de mettre ou connu précisément de d’enlever le courant en performances toute sécurité. 48 Pendant longtemps, on s’est contenté de ces teurs permettent de faire d’énormes éconofonctions de base. Puis sont arrivés les démar- mies d’énergie), on aura toujours besoin de reurs, qui permettent de maîtriser le courant départs-moteurs. Ceux-ci assurent plusieurs du moteur et donc d’augmenter sa durée de fonctions de base. vie. Ils évitent aussi les à-coups supportés par la charge entraînée, ce qui là aussi contribue Des fonctions de base à assurer la longévité des installations. Ces incontournables démarreurs assurent la protection contre les Sectionneur. Lorsque l’on veut intervenir en surcharges, une fonction “régalienne” de tout toute sécurité sur une installation électrique, départ-moteur. Les démarreurs électroméca- il faut travailler hors tension. Il faut assurer une niques peuvent aussi assurer la fonction “iso- coupure franche,avec une distance diélectrique lement”, qui garantit qu’aucun courant ne suffisante, pleinement apparente (visible ou peut traverser le démarreur lorsque le démar- avec un indicateur “ouvert”), de façon à isoler reur est hors service. Le démarreur électro- électriquement le matériel sur lequel on tranique ne peut pas en dire autant. La commu- vaille du reste de l’installation électrique. Cettation du courant appliquée au moteur est en te fonction est assurée par le sectionneur. effet assurée par des thyristors, qui sont des « Celui-ci n’a pas de pouvoir de coupure et il ne peut surcomposants électroniques : ceux-ci ne sont tout pas être manœuvré en charge sous peine d’exploser », pas à l’abri de courants de fuites lorsque le avertit BenoîtTupler, gérant d’offre “Protection démarreur est hors service mais qu’il reste sous tension. Il faut donc, dans ce cas, prévoir un dispositif d’isolement, un contacteur par exemple. Les variateurs de vitesse évoluent exactement dans le même contexte : ils assurent des fonctions de protection contre les surcharges mais ne vont guère au-delà. Et si l’utilisation des variateurs de vitesse se répand même en dehors des applications Les départs-moteurs sont de plus en plus intelligents,ils deviennent étanches et s’intègrent dans d’automatismes (les varia- les entrées/sorties pilotées par les automates. MESURES 750 - DECEMBRE 2002 Siemens Les départs-moteurs sont utilisés depuis presque aussi longtemps que les moteurs existent. Ils assurent plusieurs fonctions, notamment la mise sous tension du moteur, la protection de celui-ci contre les courts-circuits et les surcharges, et enfin l’isolement électrique lorsque le moteur est mis hors tension. Sur le plan technologique, les départs-moteurs ont beaucoup évolué au cours de ces dernières années, ils sont de plus en plus intégrés et disposent de fonctions de communication qui facilitent leur intégration dans les applications d’automatismes. Guide d’achat et commande moteur” à Schneider Electric. Il existe des équipements qui ne font que du sectionnement. Mais dans de nombreux cas, la fonction du sectionnement est assurée par des appareils multifonctions tels que les interrupteurs, les disjoncteurs et les contacteurs disjoncteurs. Interrupteur. Lorsqu’une installation électrique est sous tension, il est parfois nécessaire de l’interrompre en pleine charge, pour effectuer un arrêt d’urgence par exemple. Cette fonction est assurée par l’interrupteur, qui est un appareil mécanique capable d’établir, supporter et interrompre des courants aussi bien dans les conditions normales que les conditions anormales. L’interrupteur est souvent associé à un sectionneur. Dans sa position d’ouverture, celuici satisfait aux conditions d’isolement spécifiées par les normes propres aux sectionneurs. Les disjoncteurs peuvent sans problème remplir la fonction d’interrupteur. Protection contre les courts-circuits. Des incidents peuvent toujours survenir sur les installations, se traduisant par une élévation rapide et importante du courant absorbé. Afin d’éviter la détérioration des installations et des appareillages, ainsi que les risques d’accidents humains, il faut se protéger des courts-circuits. Plusieurs solutions sont envisageables, notamment les fusibles et les disjoncteurs magnétiques. Une des difficultés est de définir le courant de court-circuit et donc le pouvoir de coupure du disjoncteur. Celui-ci dépend en effet des caractéristiques de l’installation, de sa configuration, de la longueur et du type des câbles utilisés, du schéma de liaison à la terre adopté. « C’est un métier et peu de constructeurs Que faut-il pour piloter le moteur ? Type d’application Caractéristiques Solution Applications simples Faibles puissances (<15 kW), branchement direct du moteur sur le réseau, process peu exigeants sur le comportement du moteur Accélération : non contrôlée Couple de démarrage : 2 à 3 Cn* Courant de démarrage : 6 à 7 In** Vitesse : vitesse nominale du moteur Couple maximal : 2 à 3,5 Cn* Décélération : arrêt roue libre, freinage électrique possible Départ-moteur associé à un démarrage étoile-triangle Applications avec démarrages difficiles Nécessité de protéger le moteur et la mécanique entraînée Accélération : contrôlée par application d’une rampe simple Couple de démarrage : réglable de 0,5 à 1 Cn* Courant de démarrage : limitable de 2 à 5 In** Vitesse : vitesse nominale du moteur Couple maximal : limitable ou égal à Cn* Décélération : contrôlée par application d’une rampe simple Démarreur et/ou ralentisseur Protection thermique intégrée Sur certains modèles, protection contre les courts-circuits incorporée Applications avec plusieurs régimes de vitesse Accélération : maîtrisée par l’application d’une rampe élaborée Couple de démarrage : réglable jusqu’à 2 Cn* Courant de démarrage : limité entre 1 et 1,5 In** Vitesse : réglable, y compris au-delà de la vitesse nominale Couple maximal : limitable jusqu’à 2 Cn* Décélération : maîtrisée, avec freinage Variateur Protection thermique intégrée Sur certains modèles, protection contre les courts-circuits incorporée Cn* : couple nominal - In** : courant nominal dominent le sujet », affirme M.Tupler. Dans le calcul, il faut être précis et ne pas faire d’excès de zèle. Il faut que le départ-moteur accepte des pointes de courant, sinon l’installation ne pourra pas démarrer ou ne supportera pas une surcharge temporelle.Au démarrage, un moteur standard absorbe de 6 à 8 fois son courant nominal et le disjoncteur doit accepter ce courant. On considère comme courant de court-circuit un courant de 10 à 13 fois le courant nominal du moteur… Protection contre les surcharges. Les moteurs sont souvent amenés à supporter des surcharges, notamment des surcharges mécaniques (au niveau de la charge entraînée) qui ont pour effet d’augmenter de façon importante le courant absorbé, provoquant un échauffement du moteur. Un échauffement excessif accélère l’usure du moteur et réduit sa durée de vie. Il peut même entraîner sa destruction. Il est donc important de détecter les surcharges afin de déclencher des dispositifs de limitation du courant qui traverse le moteur. Les protections contre les surcharges sont assurées par deux types d’équipements : les relais thermiques et les relais électroniques. Les constituants utilisés dans un départ-moteur Description Sectionnement Assure la mise hors tension de l’installation. Séparation des circuits des sources d’énergie OUI OUI OUI Interruption Connexion et interruption des courants dans les conditions normales ou en cas de surcharge OUI OUI OUI Protection contre les courts-circuits Protection contre les dommages causés par les courants de courts-circuits OUI OUI Protection contre les surcharges Protection du moteur contre les effets des courants de surcharge Commutation Etablissement et coupure du courant en charge MESURES 750 - DECEMBRE 2002 Interrupteur sectionneur Composants d’un départ-moteur Contacteur Relais Disjoncteur thermique magnétique Fonction de base OUI Disjoncteur magnéto-thermique OUI OUI 49 Guide d’achat Les classes des relais thermiques Classes de déclenchement 1,05 In* 10 20 30 Tp > 2 h Tp > 2 h Tp > 2 h Plages du temps (Tp) de déclenchement 1,2 In* 1,5 In* Tp < 2 h Tp < 2 h Tp < 2 h Tp < 4 min. Tp < 8 min. Tp < 12 min. 7,2 In* 4 s < Tp < 10 s 6 s < Tp < 20 s 9 s < Tp < 30 s In * : courant nominal du moteur La coordination totale Schneider Electric a une longue tradition des départs-moteurs intégrés, comme l’atteste la gamme Integral Telemecanique. La gamme TeSys modèle U annoncée récemment (lors de la précédente édition d’Elec) s’inscrit dans cette lignée. Celle-ci couvre des puissances jusqu’à 250 kW. Elle est modulaire, compacte, facile à mettre en œuvre (le câblage est réduit de 80 %). Surtout, la coordination totale est garantie : en cas de court-circuit, il suffit de réarmer, le départ-moteur est immédiatement opérationnel (pas besoin d’aller vérifier si un relais thermique ou le contacteur ont été endommagés). La gamme TeSys Model U comporte des modules de contrôle qui servent à personnaliser le départ-moteur. De plus, ils le rendent intelligent et facilitent les diagnostics : il est par exemple possible de comptabiliser le nombre de manœuvres et déclenchements des éléments, le temps de fonctionnement, de connaître en permanence l’état du moteur (sous-charge ou surcharge, etc.). Les TeSys disposent d’une connexion pour bus de terrain Asi qui facilitent leur intégration dans les automatismes. Faciliter l’intégration Chez Siemens, l’accent est mis sur la facilité d’intégration. C’était le premier argument avancé lorsque la gamme de départs-moteurs Sirius est sortie il y a quelques années. La gamme est sortie d’un bloc, avec d’emblée tous ses accessoires. La taille a été réduite, les modules s’emboîtent les uns dans les autres (limitant les câblages), plusieurs départs-moteurs peuvent être accolés les uns aux autres, les contacts auxiliaires se font par le haut ou par le bas. Les produits sont également très communicants, avec des connexions sur bus de terrain Profibus ou Asi, qui réduisent considérablement les câblages. Ces principes ont également été retenus dans les départs-moteurs ET200S “High Feature”, intégrés sur un bloc d’entrées/sorties d’automates et qui permettent d’économiser jusqu’à 80 % du câblage par rapport à une solution classique. Souvent, ceux-ci sont intégrés dans des équipements tels que les disjoncteurs (on parle alors de disjoncteur magnéto-thermiques ou “disjoncteurs moteurs”), les démarreurs ou les variateurs de vitesse. Le relais thermique est de loin le dispositif le plus répandu. Il convient bien pour les surcharges faibles et prolongées. Il est ainsi dénommé parce qu’il donne une image thermique des enroulements du moteur mais aussi parce que son principe repose sur un contact bilame qui s’ouvre sous l’effet de la 50 température. Concrètement, chaque enroulement chauffant est raccordé en série avec une phase du moteur et est bobiné autour du bilame (association de deux métaux assemblés par laminage et dont les coefficients de dilatation sont très différents). Lorsque le courant atteint la valeur préréglée, le bilame s’ouvre, provoquant l’ouverture du contact du relais inséré dans le circuit de la bobine du contacteur, déclenchant ainsi ce dernier. Dans une protection thermique, le courant de déclenchement n’est pas le seul paramètre à considérer. Il faut aussi préciser la durée pendant laquelle le courant de surcharge est toléré. Il faut en effet autoriser des surcharges ponctuelles. Cette durée est précisée par des normes. On parle alors de “classe de déclenchement”. Chaque classe définit, en fonction du courant de déclenchement, la durée pendant lequel la surcharge est tolérée avant que le relais ne soit actionné. Ces classes de déclenchement prennent notamment tout leur sens au moment des démarrages et redémarrages des moteurs, surtout dans les applications où il faut développer des forts couples de démarrage. « Avec des relais thermiques bien choisis,certains industriels font l’économie d’un démarreur,dont le coût est beaucoup plus élevé », observe Patrick Domange, chef de produits électromécaniques à Moeller. Le relais à sonde thermique PTC est aussi un relais thermique mais fonctionnant de façon radicalement différente. Ici, des capteurs sont placés sur les enroulements du moteur, permettant de connaître leur température réelle. Ces capteurs présentent un temps de réponse très court. Il existe aussi les relais électromagnétiques, basés sur une mesure directe du courant traversant les conducteurs d’alimentation du moteur. Une bobine, traversée par le courant à contrôler, et soumise à un champ magnétique (appliqué par un aimant), provoque l’attraction de l’armature mobile d’un circuit magnétique et l’ouverture du contacteur principal. Les relais électroniques, enfin, peuvent recevoir un capteur de courant ou un capteur de température. Ils sont aisément programmables et peuvent assurer toutes sortes de protection : surcharges thermiques, déséquilibres, absence ou inversion de phases, défauts d’isolement à la terre, marche à vide, etc. Commutation. Son rôle est d’établir et de couper le circuit d’alimentation du moteur. Les disjoncteurs-moteurs et les interrupteurs, voire les démarreurs et les variateurs de vitesse, peuvent dans certains cas assurer la fonction “commutation”. Mais le produit le plus répandu et de loin, c’est le contacteur électromagnétique. « Il faut dire qu’il n’y a pas photo! Un disjoncteur va typiquement assurer vaillamment 100000 manœuvres alors qu’un contacteur peut aller à 100 millions de manœuvres.Il y a un rapport 100 entre les deux… », indique Guillaune Maigret, chef de produits Commande et Protection Moteurs chez Siemens.Le contacteur comporte un électroaimant. Lorsque la bobine de l’électroaimant est alimentée, le contacteur se ferme, établissant ainsi le circuit entre le réseau d’alimentation et le moteur. Dans le circuit de commande (bobine) du contacteur, on MESURES 750 - DECEMBRE 2002 Guide d’achat retrouve généralement des arrêts d’urgence et les dispositifs de protection thermique. Le pouvoir de fermeture et le pouvoir de coupure, qui définissent les valeurs maximales du courant (respectivement) à la fermeture et à l’ouverture du circuit, constituent deux critères essentiels des contacteurs. Dans certaines applications, par exemple dans le cas d’un pont roulant ou de l’entraînement du tapis d’une caisse de supermarché, le problème n’est pas la surcharge mais plutôt la fréquence des démarrages et redémarrages. Les contacteurs sont très sollicités et dans ces cas-là, un autre paramètre important est à considérer : le nombre de manœuvres, appelé aussi la “durabilité électrique”. En effet, les contacteurs électromagnétiques sont des dispositifs mécaniques, avec des contacts que l’on actionne… et qui s’usent si l’on s’en sert. Les constructeurs donnent des indications assez précises sur le nombre de manœuvres de leurs contacteurs. Sur ses modèles de puissance, Siemens intègre même un module de détection d’usure des contacts de puissance. Les contacteurs statiques n’ont pas de problèmes de durée de vie mais ils n’assurent MESURES 750 - DECEMBRE 2002 Les catégories d’emploi des contacteurs Catégories Caractéristiques du courant commuté à l’établissement à la coupure Applications typiques AC1 Courant thermique du contacteur Courant voisin de 2,5 In* Courant de démarrage de 6 à 8 In* Courant de démarrage de 6 à 8 In* Commande de démarreurs ou de variateurs électroniques, couplage de résistances de démarrage Machines de levage de forte puissance : ponts roulants, portiques Toues applications courantes : pompes, ventilateurs, compresseurs Machines et levage de petite puissance à usage intensif : palans, concasseurs, positionnement manuel, etc. AC2 AC3 AC4 Courant thermique du contacteur Courant voisin de 2,5 In* In (coupure moteur lancé) Courant de démarrage de 6 à 8 In* *In : courant nominal du moteur pas la fonction “isolement”. L’importance de la coordination On l’a vu, si les quatre grandes fonctions (sectionnement, protection contre les courtscircuits et les surcharges, commutation) que doit assurer un départ moteur sont clairement identifiées, plusieurs d’entre elles peuvent être assurées par un même équipement. Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de choisir la configuration la mieux adap- tée. Par exemple, les démarreurs ou les variateurs de vitesse ont des fonctions de protection incorporées. C’est autant de moins à faire pour le départ-moteur. Les grandes fonctions des départs-moteurs peuvent être assurées par des appareils monofonctions. C’est évidemment la solution qui offre le plus de possibilités, notamment en termes de puissances couvertes.Mais cette association peut se révéler encombrante et coûteuse, et elle nécessite pas mal d’opérations de 51 Guide d’achat montage/câblage.De plus,il faut vraiment être un spécialiste pour réaliser les bons assemblages. Pour faciliter le travail, les constructeurs proposent des appareils multifonctions. Il est par exemple possible de réaliser un départ-moteur à trois éléments. Ceux-ci peuvent être un bloc “fusibles” (protection contre les courts-circuits), un relais thermique (protection contre les surcharges) et un contacteur (sectionnement et commutation). Les quatre fonctions peuvent également être assurées par un disjoncteur (sectionnement, protection contre les courts-circuits), un relais thermique et un contacteur. Une longue tradition Moeller est présent depuis pratiquement un siècle sur le marché des départs-moteurs et s’enorgueillit d’être la première à avoir sorti un disjoncteur-moteur (“ça date de vieux”, c’était en 1950…). La société a poursuivi dans la voie de l’intégration, avec notamment son PKZ0, un ensemble disjoncteur-contacteur. En plus de son métier d’origine (électricien), la société a par la suite développé une activité d’automatismes et le mariage des deux s’est concrétisé l’an passé avec l’annonce du démarreur-moteur Xstart qui s’intègre dans une architecture d’automates. Dans un registre plus classique, on retiendra les contacteurs DILM185 à 820, qui peuvent être pilotés à partir d’un interrupteur, d’un automate ou d’un détecteur d’automatismes. On mentionnera aussi le relais électronique ZEV de protection thermique : celui-ci couvre la plage 1 à 820A et est extrêmement facile à câbler sur une installation existante. Une architecture décentralisée En matière de départsmoteurs, ABB a une approche relativement originale. A côté de l’offre “classique” d’ABB Entrelec, il existe la gamme Insum proposée par ABB Spie Tableaux. Cette dernière développe des tableaux de distribu- 52 Il existe aussi des associations de deux produits, c’est-à-dire l’association d’un disjoncteur moteur (c’est-à-dire un disjoncteur associé à un relais thermique) et un contacteur : le premier assure les fonctions de sectionnement et de protection contre les courts-circuits et les surcharges, le second assure la commutation. Il existe enfin des associations où tout est intégré dans un même ensemble. On gagne beaucoup en simplicité de mise en œuvre, le câblage est plus simple et il ne faut pas d’expertise particulière pour choisir la configuration la mieux adaptée. Pour faciliter la conception de l’architecture tion basse tension, sur cahier des charges. « Insum est un départ-moteur intelligent qui n’est pas vendu en tant que produit mais en tant que “solution”, intégré dans les armoires que nous livrons », explique Alain Grave, directeur commercial de ABB Spie Tableaux. Cette gamme annoncée il y a deux ans était sans doute destinée à permettre à la société de se démarquer de ses concurrents tableautiers. Cette solution décentralisée basée sur un réseau de terrain Lon permet en effet de réaliser jusqu’à 16 % d’économies au niveau de l’installation (au niveau du câblage, essentiellement) et jusqu’à 25 % en exploitation (diagnostics précis, moins de dépannages). Il n’est toujours pas envisagé de commercialise Insum en tant que produit, ABB Spie Tableaux ne pouvant (ou préférant ne pas) garantir que cette gamme se marie bien (en termes de CEM) avec les produits de la concurrence… Un des points forts d’Insum est que tout est paramétrable. « Cet aspect est important dans bien des projets, qui évoluent souvent en cours de route. Ici, il n’y a rien à changer ou à recâbler, il suffit de modifier le paramétrage par logiciel », poursuit M. Grave. Schématiquement, Insum est constitué de deux modules de base. On trouve d’abord une passerelle qui permet de faire l’interface avec le système de contrôle de process (automate, par exemple). La connexion entre les deux est assurée par un bus de terrain classique (Modbus ou Profibus, par exemple). Cette passerelle peut abriter jusqu’à 4 routeurs de réseaux de terrain Lon : sur chacun d’eux, il est possible de raccorder jusqu’à 32 unités de contrôle moteur (MCU), installées dans des tiroirs extractibles à chaud. Les modules MCU assurent des fonctions des départs-moteurs, les constructeurs proposent dans leurs catalogues des associations d’éléments : c’est la notion de la coordination. En suivant les recommandations des constructeurs, l’utilisateur est assuré que son départ-moteur va vraiment se comporter en conformité à la norme IEC 947. Celle-ci fixe trois types de coordination, qui définissent le comportement des appareillages sur courtcircuit et le niveau de service après son interruption (voir notre tableau).Avec la coordination totale, l’utilisateur est assuré que son départ-moteur ne peut pas se détériorer, qu’un court-circuit ne détruira pas le contactrès diverses : démarrage (plusieurs types), protections diverses, diagnostics, alarmes, etc. Toujours plus simples Chez Rockwell Automation, les dernières évolutions en matière de départsmoteurs portent notamment sur le tout nouveau système de montage141A, qui se veut très simple et assure une séparation entre la partie puissance et la partie commande. Il en résulte une implantation claire, une bonne compatibilité électromagnétique et un dépannage facilité. La partie puissance est câblée sur un connecteur débrochable. Autre point important, il est également possible de tester la partie commande avant de raccorder la partie puissance. Les barres de puissance sont protégées contre les contacts accidentels, même lorsque l’on retire les alimentations. Le système de montage 141A peut être utilisé pour les démarreurs directs (tous types) et les variateurs. Le logiciel MCS Star4 permet la sélection des composants des départs-moteurs, leur commande et leur assemblage. Par ailleurs, Rockwell vient d’enrichir sa gamme de relais électroniques programmables de protection des moteurs, avec notamment des modèles à effet Hall (capables de travailler du continu à plusieurs kHz) et des modèles connectables sur le bus de terrain DeviceNet. MESURES 750 - DECEMBRE 2002 Guide d’achat Coordination des protections Qu’est-ce que la coordination ? C’est la combinaison optimum entre une protection contre les courts-circuits, une protection surcharge et un contacteur Objectifs de la coordination - Protéger le personnel et l’installation quels que soient les niveaux de courant de surcharge ou de court-circuit - Réduire les coûts de maintenance en minimisant le temps de remplacement d’un appareillage Pas de coordination En cas de court-circuit, gros risques pour l’opérateur, le personnel et l’installation (feu, explosion). Tous les composants du départ-moteur devront être remplacés avant de redémarrer l’installation Coordination type 1 (IEC 947-4-1) L’ensemble démarreur-moteur doit interrompre en toute sécurité le courant de court-circuit indiqué. Le contacteur et/ou le relais peuvent être détruits et doivent être changés avant la remise en service. Coordination type 2 (IEC 947-4-1) L’ensemble démarreur-moteur doit interrompre en toute sécurité le courant de court-circuit indiqué. Après une coupure sur court-circuit, il doit pouvoir être remis en service après vérification, sans qu’un remplacement de pièces soit nécessaire (le risque des contacts soudés est accepté, ceux-ci doivent pouvoir être séparés facilement à l’aide d’un outil type tournevis). Coordination totale (IEC 947-6-2) En cas de court-circuit, aucun dommage ne doit être causé au départ moteur, aucune soudure de contact n’est admise, l’isolement électrique doit être maintenu. Pas d’inspection, le redémarrage est immédiat MESURES 750 - DECEMBRE 2002 teur et le relais thermique associés.A l’autre extrême, avec la coordination de type 1, ceux-ci peuvent être endommagés, voire détruits. Pour les fortes puissances, on n’a pas d’autre solution car il n’existe pas toujours dans les catalogues des contacteurs capables de supporter les courants de courtcircuit. Dans d’autres cas où la coordination totale est possible, certains font le pari que les courts-circuits sont rares et ils évitent de surdimensionner leur départ-moteur (d’où une économie). Et si par malheur un courtcircuit survient, ils acceptent de changer l’élément endommagé. « En fait,beaucoup d’utilisateurs ne se posent pas tant de questions,il y a encore beaucoup d’ignorance.Beaucoup ont du mal à se convaincre du bienfondé des coordinations proposées par les constructeurs », observe M. Domange (Moeller). « Peu de gens s’intéressent à la coordination.Pourtant,si on ne respecte pas les associations entre disjoncteur et contacteur, tout peut arriver. Et surtout le pire ! », surenchérit M. Maigret (Siemens). Jean-François Peyrucat Cet article a été réalisé à partir des informations que nous ont fournies les principaux acteurs du domaine. Nous nous sommes plus particulièrement appuyés sur un guide technique édité par Schneider Electric, particulièrement didactique,d’où sont extraits tous les tableaux. 53