MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
abysses
L’exposition
21 / 11 / 2007 - 8 / 5 / 2008
DOSSIER DE PRESSE
Muséum national d’Histoire naturelle 21 novembre 2007 - 8 mai 2008
abysses l’exposition
SOMMAIRE
Naissance d’une passion 4
Introduction 4
Parcours de l’exposition 5
Connaître et protéger 12
Une exposition unique au monde 13
Interview de la commissaire générale 14
La Fondation TOTAL 18
Les partenaires 20
Les acteurs/les contacts 24
Informations pratiques 25
Couverture : © Peter Batson, ExploreTheAbyss.com
Ci-contre : © David Wrobel
INTRODUCTION
« Tout d’abord, les abysses sont plongés dans l’obscurité. Et cette obscurité-là est
bien plus oppressante que celle de la plus sombre des grottes sur terre. »
Robert D. Ballard
Les abysses… Synonymes d’obscurité, de pression écrasante, de profondeurs
extrêmes et, pour beaucoup encore, d’absence de vie… L’exposition ABYSSES va
montrer combien pourtant, au fond des océans, la vie est foisonnante, étonnante,
au-delà de toute imagination.
C’est dans un espace unique, transformé en écrin sombre, que se déroule le parcours
de l’exposition. Un sas d’introduction permet de passer du monde de la surface à
celui des abysses. La visite se déroule ensuite en deux temps, selon un découpage
correspondant à la alité des profondeurs : l’entre-deux-eaux (l’espace « lagique ») et
le fond des océans (l’espace « benthique »). Les spécimens disposés sur des colonnes
ou dans des aquariums sont présentés telles des œuvres d’art. Les photographies,
enchâssées sur des caissons lumineux, ont un relief saisissant.
NAISSANCE D’UNE PASSION
En 2001, Claire Nouvian, auteur et réalisatrice de films scientifiques et animaliers,
couvre à l’Aquarium de Monterey, en Californie, des images exceptionnelles du monde
des grandes profondeurs. Coup de foudre. Elle s’immerge dans cet univers inconnu et
fascinant et décide très vite de le porter à la connaissance du plus grand nombre.
En 2006, elle publie Abysses aux éditions Fayard, paru en six langues, quatre fois
réédité depuis.
Ce livre, qui fait dorénavant référence, met à la portée du grand public les nombreux
phénomènes régissant la vie dans les abysses.
Dans le prolongement de son travail d’auteur, Claire Nouvian a entièrement conçu
l’exposition ABYSSES. Grâce à une étroite collaboration avec des chercheurs du
monde entier, elle est parvenue à rassembler photos et spécimens n’ayant jamais
été exposés jusqu’à maintenant.
UN MONDE ENCORE INCONNU
« Imaginez ce que lon pourrait savoir de la faune de France pour ne lavoir explorée :
1° que d’un ballon
2° à travers une couche permanente et épaisse de nuages
au moyen d’un grappin et d’un panier à salade balancés à laveuglette au bout d’une ficelle.
Qu’aurait-on pêché, et encore avec de la chance, au bout de 50 ans, ou d’un siècle même ?
Pas grand-chose, je le crains : un coq de clocher, quelques branches d’arbres, une ou deux
pommes de pin, une coiffe bretonne, un bébé alsacien, un soutien-gorge, quelques coquilles
d’huîtres, un couvercle de seau de toilette et des ressorts de sommier, un buisson d’aubépine
(avec un nid de pinson d’ailleurs), un rat mort, des bouts de fil télégraphique, un sergent de
ville, et passablement de papier sali… (…)
Nous en sommes là pour la faune abyssale. »
Théodore Monod, Bathyfolages, 1954.
On considère traditionnellement que le point de départ de l’océanographie profonde se situe
en 1872 avec le voyage de Sir Charles Wyville Thomson qui navigue pendant quatre ans autour
du globe à bord du Challenger et explore les fonds en utilisant pour la première fois des sondes
modernes. Dans les années 30, les explorateurs William Beebe et Otis Barton s’immergent pour
la première fois dans les abysses. Ils atteignent avec leur bathysphère
câblée la profondeur record de 922 mètres et observent, in situ, la
vie dans les grands fonds. Mais c’est Auguste Piccard qui, dans les
années 1950, ouvre la voie à l’exploration des très grands fonds
en développant un bathyscaphe permettant la navigation libre
(sans câble). En 1960, l’un des submersibles qu’il a conçus
descend à 10 916 mètres dans la Fosse des Mariannes, l’endroit
le plus profond des océans, situé au cœur du Pacifique. Record
non battu depuis. Cette avancée technologique a permis
d’entamer l’ère de l’exploration scientifique des abysses.
LE PARCOURS DE LEXPOSITION
UN PREMIER ESPACE D’INTRODUCTION
Ce sas est un lieu de transition entre le monde de la surface et la
plongée dans les abysses qui attend le visiteur. Une coupe simplifiée
des océans est présentée, de façon à distinguer nettement les
« tranches » de profondeur divisant le règne de l’entre-deux-eaux
ainsi que les différents écosystèmes du fond.
Une chronologie illustrée de films et de photos, étayée de citations,
situe les grandes étapes de l’exploration profonde. Ces images
nous rappellent que les premières observations directes des
abysses sont récentes et que, jusque-là, seule notre imagination
nous permettait d’envisager, très imparfaitement, ce monde des
profondeurs.
À gauche : G.I. Matsumoto © 2003 MBARI
Ci-dessus : © 2003 MBARI
C-contre : © 1999 MBARI
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L’ENTRE-DEUX-EAUX
Après cette premre mise en contexte, le visiteur quitte le monde de l’air pour celui de l’eau. Il se retrouve in situ,
accompagné par une sonorisation discrète mais enveloppante, résolument abyssale, il avance dans une semi-obscurité
qui évoque la nuit océanique. De chaque de la salle, sont psentés photographies, spécimens et vidéos. Une ligne
d’aquariums située au centre de la pièce avec des animaux remarquables, rythme le parcours. Comme une créature
des profondeurs, le visiteur se dirige vers les tâches de lumière qui attirent son regard. Alors sortent de la pénombre
les radiolaires, animaux primitifs semblables à de minuscules planètes armées de piquants, ou le poulpe à ventouses
lumineuses, Stauroteuthis syrtensis, merveilleuse ballerine rose à grandes nageoires en forme d’oreilles.
Avec les plones profondes entre deux eaux, dites « pélagiques », on couvre que la « colonne d’eau », c’est-à-dire
la masse d’eau qui s’étend entre la surface et le fond, jusque-là imaginée comme un désert dénué d’intérêt, est en
fait densément peuplée.
La répartition de la faune obéit à des frontières invisibles : salinité, concentration en oxygène, température,
et surtout, pénétration de la lumière. Tant que celle-ci est disponible (jusqu’à 1 000 mètres de profondeur) même
très faiblement, cela joue sur l’apparence, le comportement et même l’organisation de la faune. Ce premier kilomètre
marin de l’entre-deux-eaux est un vaste théâtre d’ombres chinoises, c’est la zone crépusculaire des océans.
Au-delà de 1 000 mètres, l’obscurité devient totale, la surface très éloignée impose des contraintes particulières
aux créatures des abysses.
La bioluminescence :
le mode de communication
le plus répandu sur terre…
La lumière, absorbée par l’eau, chute très rapidement
dans les océans, les animaux répondent alors à
l’obscurité en fabriquant leur propre lumière.
Ce phénomène s’appelle la bioluminescence.
Relativement rare sur terre (seuls les vers luisants
et quelques champignons produisent de la lumière…),
elle est monnaie courante parmi la faune océanique :
jusqu’à 90% des organismes pélagiques sont
bioluminescents, et peuvent grâce à cela se signaler,
se reconnaître, effrayer un prédateur ou attirer une
proie... En effet, plutôt que d’attendre passivement
celle-ci dans l’obscurité, certaines créatures
déploient un « piège » luminescent : un leurre qui
ressemble à s’y méprendre à des bactéries lumineuses
qui recouvrent parfois les débris organiques.
La bioluminescence est sans aucun doute le moyen
de communication le plus répandu sur la planète !
La migration verticale – les « fonds fantômes » des océans
Il existe une migration qui par sa taille, sa fréquence et le nombre d’individus qu’elle concerne
ridiculise les migrations des gnous ou même des oies ! Il s’agit de la migration verticale, qui se
produit chaque nuit dans tous les oans du monde. Dès le soleil couché, des centaines d’espèces
et des milliards d’organismes montent des profondeurs des océans, pour gagner les eaux de surface
la nourriture abonde grâce au processus de la photosynthèse. Toute la nuit durant, le festin se
poursuit, pour cesser, dès les premières lueurs du jour avec l’apparition des prédateurs. Pour leur
échapper, il suffit alors de redescendre à l’abri, dans l’obscurité.
Cette migration verticale concerne aussi bien des crustas et des céphalopodes que des poissons,
comme les Myctophidés - les « poissons lanterne ». Leur nombre est si important qu’ils forment une
couche suffisamment dense pour réfléchir les ondes des sondeurs acoustiques des navires, troublant
ainsi pendant longtemps les marins qui pensaient qu’il s’agissait de fonds se soulevant sous leurs
navires. Ces derniers baptisèrent le phénone les « fonds fantômes » des océans. Dorénavant
surnommée la « Deep Scattering Layer », on sait maintenant que cette migration ne concerne que les
espèces et organismes vivant au maximum jusqu’à 1 000 tres de profondeur.
La ménagerie de verre
La grande surprise qui attendait les chercheurs effectuant les
premières plones entre deux eaux fut la prépondérance des
organismes gélatineux. Jusque-là, ils ne les avaient vus qu’écrasés,
en masses informes, dégoulinant litralement des filets. In situ, ils
les découvraient fidèles à leur réalité : étranges dentelles vivantes,
duses, salpes, ceintures de vénus, cténophores ou siphonophores
qui constituent majoritairement le plancton. Ces organismes gélatineux
forment le tissu vivant le plus repsenté de l’entre-deux-eaux et, en
masse, la population animale la plus abondante de notre planète.
Créatures adaptées à la vie sans obstacle rigide, elles sont souvent
composées d’eau (jusqu’à 98 %) et de collagène. En effet, la lumière
qui pénètre jusque dans leur domaine peut les révéler à leurs
prédateurs, elles s’en défendent donc en étant transparentes.
De 200 à 1 000 mètres le crépuscule des océans
L’exploration de ces profondeurs a permis de comprendre quelques-uns des phénomènes qui régissent les mers et les océans et de découvrir une faune inconnue.
© David Shale / Claire Nouvian
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Un fossile vivant
Le taux d’oxygène dissout dans l’eau diminue avec la profondeur, pour atteindre son seuil le plus bas
( seulement 5 % de la saturation en oxygène de l’air ) entre 600 et 1 300 mètres dans certaines zones.
C’est ce quon appelle la « couche d’oxygène minimal ». La grande majori des animaux ne peut y journer que
très brièvement, or il existe une créature extraordinaire capable d’y vivre durablement : c’est le vampire
des abysses Vampyroteuthis infernalis, « star » des océans profonds, dont les images sont rarissimes.
Véritable fossile vivant dont les origines remontent à plus de 200 millions d’années, il vit à son aise dans ce
milieu hostile en extrayant l’oxygène de l’eau grâce à une protéine tout à fait particulière, l’hémocyanine.
Le seuil de l’obscurité totale est variable en fonction du nombre de particules
en suspension dans l’eau : il se situe entre 600 et 1 000 mètres de profondeur,
1 000 mètres étant la limite au-delà de laquelle il devient impossible de
détecter le moindre photon d’origine solaire.
À cette profondeur, les animaux ne migrent plus vers la surface. Ce sont le plus
souvent des créatures statiques, au métabolisme lent, qui doivent recourir à
la ruse pour trouver leur repas plutôt qu’à la force ou à la rapidité.
Avec l’obscurité, l’apparition des couleurs
Les poissons pélagiques vivants à proximi de la surface des oans sont majoritairement
argens ou bleus, les couleurs vives nexistant quaux abords des récifs coralliens et
dans les grandes profondeurs. En effet, contre toute attente, plus on senfonce dans
l’oan plus les animaux ont une peau pigmentée de marron, de rouge et de rose, clair
ou foncé. Il sagit d’une adaptation logique : le rouge est la première longueur d’onde à
disparaître dans l’eau, les autres couleurs suivent. Ainsi en se couvrant de rouge, les
catures marines deviennent invisibles, échappent à leurs pdateurs et, camouflent à
leur tour la bioluminescence des proies quelles ont avaes !
Des adaptations remarquables
Plus que le manque de lumière ou d’oxygène, que la pression exercée par l’eau, c’est
tout simplement la pauvreté des ressources alimentaires qui limite le développement
de la vie en profondeur.
Dans l‘entre-deux-eaux, la nourriture est « traversante », elle tombe en pluie fine
difficile à attraper, de la surface jusqu’au fond. La faune « bathypélagique » (vivant
entre 1 000 et 4 000 mètres de profondeur) pratique donc l’affût pour se nourrir et
les différentes espèces doivent disposer d’une flottabilité irréprochable afin de ne
pas avoir à utiliser leur énergie pour se maintenir à une profondeur donnée. Les
squelettes sont souvent petits, les corps ronds, les peaux dépourvues d’écailles
trop « coûteuses » à produire. Certains poissons possèdent des substances
gélatineuses permettant une flottabilité neutre, les requins profonds, par exemple,
ont un foie riche en huile plus légère que l’eau. Comme les repas sont rares, il
n’est pas envisageable de « rater son coup » lorsqu’une proie se présente. Aussi
voit-on des adaptations étonnantes chez certaines espèces : les dents du poisson
vipère Chauliodus sp. sont si grandes qu’elles ne logent même plus dans sa gueule,
celles du poisson ogre Anoplogaster cornuta sont plus courtes mais très acérées…
L’estomac du grandgousier Saccopharynx sp. est extensible et peut enfler de façon à
lui permettre d’avaler un animal aussi gros que lui !
Au-delà de 1 000 mètres la nuit des océans
Steven Haddock © 2007 MBARI
Ci-contre : Steven Haddock © 2002 MBARI
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