Le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université Virtuelle de Tunis Production - Transport et Distribution d’Energie Protections contre les défauts d’isolement Réalisé par : Mme Souad Chebbi Attention ! Ce produit pédagogique numérisé est la propriété exclusive de l'UVT. Il est strictement interdit de le reproduire à des fins commerciales. Seul le téléchargement ou impression pour un usage personnel (1 copie par utilisateur) est permis. Université Virtuelle de Tunis Production - Transport et Distribution d’Energie Protections contre les défauts d’isolement Objectifs spécifiques A la fin de ce chapitre, l’étudient sera capable de : -choisir les moyens de protections adéquats permettant la continuité de service d’un réseau électrique 5.1 Introduction Pour assurer le fonctionnent sans à coup des installations électriques à courant fort, il faut éliminer très rapidement tous les facteurs pouvant perturber le service. Dans les grandes installations, surtout dans les centrales et les postes de transformation, cela est assuré automatiquement par des protections par relais. 5.2 Moyens de protections Un relais de protection est un dispositif automatique qui donne des ordres de sortie destinés à la commande d’un disjoncteur pour la mise hors tension un circuit lorsque l’état de ses grandeurs électriques qui l’alimentent, franchit un seuil déterminé. Un système de protection bien établi doit être à la fois : 1- Sélectif, capable de ne retrancher du réseau que l’organe affecté d’un défaut et de n’éliminer que celuici. 2- Rapide et ce pour limiter les dégâts dus aux courants de court circuit et pour éviter qu’un simple défaut ne dégénère. Les relais de protection doivent fonctionner dans des temps aussi courts que possible : Le temps de déclenchement est limité par le temps propre du courant, le temps du disjoncteur et par les conditions pour assurer le déclenchement sélectif, 3- Fiable, 4- Sensible, cette sensibilité ne doit pas être exagérée au dessus de ce qui est nécessaire sans présenter des inconvénients. 5.2.1 Réducteurs de mesures destinés aux protections Les grandeurs qui servent à alimenter les protections, sont choisies parmi les courants et les tensions des phases. Selon le type de mesure que l’on se propose d’effectuer, on les prendra seules ou combinées. Il est impossible d’accéder aux grandeurs réelles dés que leur potentiel dépasse quelques centaines de volts. Les relais devront donc être alimentés à partir de réducteurs de mesure (courant et tension) qui assureront d’abord l’isolement par rapport à la haute tension et ensuite ramèneront à une échelle plus commode les grandeurs à mesurer. Les transformateurs de tensions donnent une tension nominale de 100 volts et les transformateurs de courants donnent un courant nominal soit de 5 ampères soit de 1 ampère : Pour cette raison, ces types de relais 2 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement sont appelés des relais secondaires par position aux relais directs qui sont des relais que l’on trouve dans les éléments à basses tension (figures 5.1). Fig. 5.1 : Relais primaire (direct) 5.2.2 Protection à maximum de courant En présence d’un court circuit en un point du réseau, le courant de court circuit parcourt tous les tronçons depuis la source jusqu’au point du défaut : Tous les dispositifs se mettent en marche en respectant les conditions de sélectivité. Pour cette raison, on doit faire munir tous les dispositifs de protections, de temporisations qui augmentent dans le sens inverse à celui du passage du courant. Pour la protection à maximum de courant, on distingue deux types de protections qui sont la protection à maximum de courant à retard dépendant et la protection à maximum de courant à retard indépendant, appelée protection à temporisation. Pour le second type de protection, le temps de réponse du relais est indépendant de la valeur du courant de court circuit (figure 5.2). t t I (A) Fig. . 5.2 : Schéma de la protection à maximum de courant à retard indépendant Les deux types de protections sont caractérisés par : a- Le courant de fonctionnement circulant dans le circuit primaire Ifp dans le cas où on a des relais indirects, b- Le courant de fonctionnement dans le circuit secondaire Ifr : Courant circulant dans le relais. 3 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement 5.2.2.1 Conditions de fonctionnement L’une des conditions à remplir par les relais, est le non fonctionnement en présence d’un courant maximal de la charge : Le relais ne doit fonctionner que si le courant qui le traverse soit supérieur au courant en charge : I fp f I charge Pour avoir une protection bien réglée, il faut que le courant de remise à la position initiale IRI soit supérieur au courant du réseau immédiatement après le déclenchement du court circuit (figure 5.3). I Ifp IRI Idémarrage=Ires.max I charge.max Régime Normal In Courtcircuit Auto démarrage des moteurs t(sec) Fig. . 5.3 : Evolution du courant au cours des différents régimes 5.2.2.2 Critères de choix Pour faire le choix convenable du relais à insérer dans le circuit à protéger, il faut que le courant réseau maximum supporte les courants de démarrages des machines électriques : Ires.max=Idem=K1.Icharge avec 1 ≤ K 1 ≤ 3 Le coefficient K1 dépend du type de charges présentes dans le système électrique. En effet, si on suppose que l’accroissement du courant provoqué par le démarrage des moteurs est caractérisé par le coefficient Kd, et que la sureté de fonctionnement de la protection est définie par un coefficient de fiabilité Ks, le coefficient K1 sera défini par : K1=Kd.Ks avec : 1.1 ≤ K s ≤ 1.25 Le courant de remise à la position initiale doit être supérieur à K1.Ich.max : I RI f K 1 I charge..max 4 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement Le courant de fonctionnement de la protection est défini par : I fp = I RI K = 1 I charge..ma x K RI K RI Pour un relais idéal, KRI=1et pour un relais réel, KRI est compris entre 0.85 et 0.9 5.2.2.3 Temporisation Dans ce paragraphe, en partant d’un système électrique comportant trois relais à retard indépendant (figure 5.4), on se propose de déterminer la temporisation des relais présent : K3 M D1 D2 K1 Ch Ch D3 K Ch t (s) ∆t ∆t t1 t2 t3 Fig. . 5.4 : Procédure de temporisation La détermination des temporisations suppose que le relais le plus éloigné de la source doit posséder le temps de réponse le plus rapide. Pour le présent exemple : 1- La protection P3 doit avoir : t3=tmin. 2- Le retard ∆ t de la protection de la ligne l2 par rapport à la protection de la ligne l1, dépend des paramètres des relais de protections et celle des disjoncteurs. On détermine ce retard en appliquant la règle suivante : ∆t = t 2 − t 3 = t accr (P2 ) + t ral (P3 ) + t D3 + t res Où : taccr(P2) : Temps d’accroissement possible de fonctionnement de la protection P2 tral(P3) : Temps de ralentissement possible de fonctionnement de la protection P3 5 Mme Souad Chebbi Université Virtuelle de Tunis Production - Transport et Distribution d’Energie Protections contre les défauts d’isolement tD3 : Temps de déclenchement du disjoncteur D3 tres : Temps de réserve 3-Le temps de réponse de la seconde protection est alors : t 2 = t 3 + ∆t 4- Le retard de la protection de la ligne l1 par rapport à la protection de la ligne l2 sera donc: ∆t ' = t 1 − t 2 = t accr (P1 ) + t ral (P2 ) + t D2 + t res 5- Le temps de réponse de la première protection t1 est tel que : t1 = t 2 + ∆ t ' A partir du simple exemple traité, on montre que l’inconvénient des relais à retard indépendant est le grand retard du temps de déclenchement pour les courants de court circuit qui sont proches de la source. Cependant, le principal avantage de cette protection, c’est qu’on à un schéma simple et une mise en marche facile. 5.2.3 Protections différentielles Les protections différentielles sont instantanées. Elles assurent l’élimination des défauts pour toute la longueur de la ligne protégée. Il existe deux types de protections différentielles : La protection différentielle longitudinale et la protection différentielle transversale. 5.2.3.1 Protections différentielles longitudinales Le principe consiste en la comparaison des modules et des déphasages du courant aux extrémités de la ligne protégée. Pour cette protection, les transformateurs de courant sont installés aux deux extrémités et ont le même rapport de transformation. On distingue deux modes de connexion des transformateurs : Le schéma à circulation de courant et le schéma à équilibre des tensions. 1-Pour le premier schéma (figure 5.5), les transformateurs sont connectés de façon que pour le régime normal et en présence d’un court circuit hors zone protégée, les forces électromotrices dans les bobinages secondaires aient le même sens. En régime normal, le courant circule dans les fils pilotes. Pour ce schéma, le relais est monté en dérivation par rapport aux transformateurs et absorbe le courant Ir=I1-I2. Comme les courants II et III sont égaux, le courant dans le relais est théoriquement nul : Ir=0. 6 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement Ir = 0 I2 I1 I1 I2 I1 T1 I2 C .C T2 I II II Fig. . 5.5 : Schéma à circulation de courant : Court –circuit hors zone protégée Si un court circuit aura lieu à l’intérieur de la zone protégée (figure5.6), le courant Ir devient : I r = I1 + I 2 = I cc m Icc : Courant de court circuit m : Rapport de transformation des transformateurs de courants I r = I1 + I 2 I2 I1 I2 I1 T1 T2 C .C II I II Fig. . 5.6 : Schéma à circulation de courant : Court –circuit à l’intérieur de la zone protégée On note que bien que les courant II et III soient égaux, le courant Ir est non nul : Ceci résulte de l’imperfection d’équilibrage des transformateurs m I ≠ m II Ir = II I − II ≠ 0 m I m II 7 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement Pour cette raison, le courant de réponse du relais doit être plus élevé que le courant de déséquilibre Id qui circule dans le relais même en absence de défaut (figure5.7) : I fp f I d Is Is = Ip nt IsI = f (I p ) I magI IsII = f (I p ) I d = f (I p ) I sI Ip Fig. 5.7 : Tracé du courant de déséquilibre Id 2- Le second mode de connexion des transformateurs est à équilibre des tensions (figure 5.8). Ir = Id ≈ 0 E1 T1 T2 E2 C .C I II I II Fig. 5.8 : Schéma à équilibre des tensions Pour cette configuration, les transformateurs sont connectés de façon à avoir : Ir = E1 − E 2 Z Z : Impédance du circuit secondaire Pour ce mode de connexion, les forces électromotrices sont égales en module, les courants II=III et vu que théoriquement les rapports de transformations sont égaux : mI = mII. 8 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement Théoriquement, si un court circuit a lieu à l’extérieur de la zone protégée, le courant circulant dans le relais est nul : Ir=0. Si un court circuit survient à l’intérieur de la zone protégée, la somme des E1 et E2 produisent un courant qui actionnant le relais. Ce courant est égal à : Ir = E1 + E 2 Z En réalité, il existe des erreurs d’équilibrage des transformateurs. En présence d’un court circuit extérieur (figure5.9), le déséquilibre donne naissance à une force électromotrice de déséquilibre Ed. Cette force électromotrice provoque l’apparition du courant de déséquilibre Id : Ainsi, pour le choix du courant de réponse du relais, on doit vérifier que : I fp f I d Ir ≠ 0 E1 Ir T1 II E2 C.C T2 I II Fig. 5.9 : Schéma à équilibre des tensions : Court circuit à l’intérieur de la zone protégée 5.2.3.2 Principe de fonctionnement des protections différentielles transversales Les protections différentielles transversales sont utilisées dans le cas de lignes doublées. En fonctionnement normal, les deux lignes se partagent le courant total en deux. Ce dispositif a reçu le nom de protection en huit du fait que les connexions des deux transformateurs d’intensité soient croisées et ce pour que ces derniers ne fonctionnent pas à vide. Pour ce cas de figure, le relais ne sera actionné que si les courants dans les deux lignes soient différents en grandeurs ou en sens. 9 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement Il existe deux types de protection différentielle transversale : La protection ampère-métrique pour deux feeders en parallèles avec un disjoncteur (figure 5.10) et la protection différentielle transversale directionnelle pour deux lignes en parallèles munies de deux disjoncteurs aux deux extrémités (figure 5.11). En présence de la première configuration (figure 5.10), si un court circuit survient hors zone protégée, le courant détecté par le relais est I r = I1 − I 2 Comme I I = I II , I1 = I2 , le courant dans le relais est nulle : I r = 0 . Si un court-circuit survient sur la ligne L1 , I I > I II et I1 > I 2 : Un courant traverse le relais et en conséquence un ordre sera transmis au disjoncteur D pour ouvrir le circuit. D + II I II R T1 I1 I2 L1 T2 L2 C.C Fig. 5.10 : Protections différentielles transversales : Court circuit hors zone protégée 10 Mme Souad Chebbi Production - Transport et Distribution d’Energie Université Virtuelle de Tunis Protections contre les défauts d’isolement D + II T1 III R I1 I2 T2 C.C Zone morte Ifp > Icc Fig. 5.11: Protections différentielles transversales : Court circuit à l’intérieur de la zone protégée Les avantages de la protection différentielle sont le schéma et le principe de fonctionnement sont simples, la protection fonctionne sans temporisation et n’agit pas en présence d’une charge maximale du réseau. Cependant, la protection présente une zone morte de fonctionnement. De plus, il faut prévoir la protection de la ligne réserve vu que la protection différentielle doit déclencher si une ligne est déjà déclenchée. 11 Mme Souad Chebbi