L’apparition systématique de l’appellation «sociologie des orga-
nisations », dans les revues sociologiques et les départements de
sociologie, a même attendu les années cinquante.
Les démarches des sociologues américains ont étéstimulées
par une première vague de recherches menées dans des établis-
sements industriels dèslesannées vingt pour répondre àdes
questions pratiques telles que la motivation et la productivité.
D’orientation psycho-sociologique, ces recherches ont inspiréà
la fois, directement, la sociologie industrielle et du travail et,
indirectement, la sociologie des organisations. Celle-ci a trouvé
sa propre voie dans les années quarante avec une deuxième
vague de recherches empiriques sur les bureaucraties indus-
trielles et publiques. Ainsi, si la «théorie sociale »est plutôt euro-
péenne, l’approche organisationnelle revient aux sociologues du
Nouveau Monde. Àson apogée, dans les années soixante, elle
cessera pourtant d’être une exclusivitéaméricaine.
Le concept général d’organisation a permis aux sociologues
américains d’unifier des objets empiriques d’une grande diversité
(usines, services administratifs, hôpitaux ou autres institu-
tions). Pour le définir, ils ont d’abord insistésur des critères tels
que l’« orientation vers un objectif »,le«choix des moyens »et
la «coordination des activitésàl’intérieur d’une structure déli-
bérée». Dans un premier temps, ils se sont surtout intéressésau
fonctionnement des organisations et àl’influence de leur «struc-
ture »sur la dynamique de l’action de leurs «membres ».
Progressivement, ils ont estiméqu’elles pouvaient servir aussi de
laboratoire pour comprendre les interactions entre les
contraintes sociales et la libertéindividuelle, les effets non inten-
tionnels des décisions, les dynamiques de la coopération et du
conflit, les phénomènes de domination et de pouvoir. Autre-
ment dit, ils ont voulu trouver dans l’organisation un pont qui
relie les niveaux «macro »et «micro »,éternel problème de la
sociologie. Beaucoup d’eau a coulésous ce pont depuis ces
premières tentatives et la sociologie des organisations n’a cessé
d’évoluer et de se renouveler. (On pourrait le constater àpartir
de travaux récents sur les organisations. Pour ne citer qu’eux,
voir : [Bagla, 2002 ; Baum et McKelvey, 1999 ; Casey, 2002 ;
Clegg, 2002]).
Spécialisée, elle n’en reste pas moins, avant tout, une socio-
logie. L’objectif de toute démarche sociologique est de donner
SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS4