2les cahiers de prothèse no141 mars 2008
Position de référence
indépendante des dents
Il existe un consensus : pour le
chirurgien-dentiste, la notion de posi-
tion mandibulaire de référence indé-
pendante des dents est incontournable.
Par définition, une position de
référence doit être reproductible. Cela
signifie que l’on doit pouvoir retrouver
exactement le même rapport maxillo-
mandibulaire à différents moments,
que ce soit cliniquement ou à l’aide
des moulages des arcades dentaires.
Chez le sujet denté, sans malocclusion
majeure, la position mandibulaire dic-
tée par l’OIM fournit une position man-
dibulaire stable, toujours la même,
généralement indépendante des ten-
sions musculaires. Elle correspond
donc exactement au critère de repro-
ductibilité que l’on attend d’une posi-
tion de référence. Mais, pour tous les
acteurs de la sphère odontologique, il
est indispensable de disposer d’une
position mandibulaire de référence
indépendante des dents : soit parce
qu’elles sont absentes, soit pour éva-
luer la qualité de la relation maxillo-
mandibulaire que ces dents induisent.
Une position mandibulaire de réfé-
rence a les caractéristiques suivantes.
Elle est :
– non dentaire, c’est-à-dire indépen-
dante de l’occlusion ;
– physiologiquement acceptable ;
– techniquement enregistrable ;
– reproductible en clinique ou au labo-
ratoire.
Histoire de la relation centrée
La recherche d’une position mandi-
bulaire de référence ne date pas d’hier.
Elle est passée d’une simple rela-
tion osseuse condyle-fosse à des
repères anatomophysiologiques plus
élaborés.
En 1905, pour Campion [3], la rota-
tion mandibulaire « pure » est possible
jusqu’à 20 mm d’ouverture au niveau
incisif.
En 1929, Gysi [4] constate que l’apex
de son arc gothique représente la posi-
tion mandibulaire la plus reculée non
forcée, position de départ reproduc-
tible, physiologique, des mouvements
mandibulaires.
En 1930, fondée sur l’observation
de crânes secs, la première définition
est donnée par la National Society of
Denture Prosthetics : « En position de
relation centrée, quand les têtes condy-
liennes sont dans une position la plus
postérieure et que des mouvements
de latéralisation sont encore pos-
sibles. »
En 1952, Posselt [5] définit la RC
comme la position limite des mouve-
ments mandibulaires. Il confirme, à par-
tir de la RC, le mouvement de rotation
« pure » : le mouvement axial terminal.
En 1971, Saizar [6] introduit la théo-
rie discale et, pour Farrar [7], la RC est
la position la plus haute des condyles
pour laquelle un mouvement charnière
peut être enregistré « sans dérange-
ment discal ».
En 1973, Lundeen [8] parle de
« powercentric » impliquant la mise en
tension du système musculaire.
En 1978, Moffet [9], au cours du sym-
posium de Chicago, évoque une posi-
tion mandibulaire limite la plus recu-
lée, l’appui ligamentaire assurant la
reproductibilité.
En mars 1984, au symposium de
Newport, des notions biologiques, his-
tologiques, physiologiques et anato-
miques sont intégrées au concept :
« La RC n’est pas la position la plus
reculée, il doit y avoir interposition dis-
cale, il s’agit d’une position non for-
cée. »
En même temps, en mars 1984 à
Toulouse, le premier congrès du Col-
lège national d’occlusodontologie
(CNO) énonce : « La RC correspond
à la situation de coaptation condylo-
disco-temporale haute, simultanée,
enregistrable à partir d’un mouvement
de rotation, obtenue par guidage non
forcé. » En 2001, il affine la définition
dans son lexique : « La RC correspond
à la situation condylienne de référence
correspondant à une coaptation
condylo-disco-temporale haute, simul-
tanée, obtenue par contrôle non forcé.
Elle est réitérative dans un temps
donné et pour une posture corporelle
donnée et enregistrable à partir d’un
mouvement de rotation mandibulaire. »
Parallèlement, une école dite myo-
centrée, sous l’impulsion de Jankelson
[10], s’est opposée au concept de la
relation articulaire de référence. En
France, l’école dite fonctionnaliste,
représentée principalement par Jean-
monod [11] puis Abjean [12], adopte
une relation musculaire comme réfé-
rence, nommée « relation habituelle de
fonction ».
Positions mandibulaires
Les positions mandibulaires déter-
minées uniquement par les muscles
sont instables, donc non reproductibles.
Depuis les années 1980, de nom-
breux travaux montrent que toutes les
positions mandibulaires maintenues
par le simple jeu musculaire (sans
appui dentaire ou squelettique) se
caractérisent par leur absence de
reproductibilité. Il est donc contre-indi-
qué de les rechercher comme position
de référence. La posture de repos et
la posture d’activité électromyogra-
phique minimale sont instables. Rugh,
en 1981 [13], a montré que la position
de repos induite par stimulation élec-
trique transcutanée (myomonitor) dif-
férait de la position de repos clinique,
les deux n’étant pas reproductibles.
Les techniques d’électrostimulation
(TENS) aboutissent, de manière non
reproductible, à une position souvent
plus antérieure que l’OIM. La position
obtenue ne peut-être que dépendante
de multiples variables liées à une
stimulation indirecte de la masse
musculaire (place des électrodes par
exemple) [14]. La référence à la déglu-
tition et à la phonétique est encore
plus aléatoire. La panoplie des tests
« énergétiques » semble montrer
La relation centrée myostabilisée : un concept simple, physiologique et consensuel
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