À l`écoute des trois amis de la sagesse

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À l’écoute des trois amis de la sagesse
De droite à gauche
Christophe André, psychothérapeute
Alexandre Jollien, philosophe
Matthieu Ricard, moine bouddhiste
« Travailler notre esprit et notre âme pour mieux vivre »
I L’Art de l’écoute
Mini retraite du 21 Juillet 2016 à La Féclaz : à l’écoute des trois amis de la sagesse C. André (psychothérapeute),
A. Jollien (philosophe), Matthieu Ricard (moine bouddhiste)
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1. Écouter, c’est être attentif et attentionné : Christophe André définit ainsi l’écoute : « Il me semble que l’on
pourrait définir l’écoute comme une présence sans parole face à autrui, pendant laquelle toute mon attention,
toute ma conscience, est tournée vers ce que dit autrui. » Écouter, c’est donc fixer toute mon attention sur
autrui, c'est-à-dire être vraiment attentif à ce qu’il me dit, rien perdre de ce qu’il me dit vraiment, penser à
tout ce qu’il me dit en cherchant à le comprendre ; mais c’est aussi être attentionné, être présent à l’autre,
lui être présent pas seulement avec ma tête qui cherche à comprendre mais avec mon cœur qui
s’attache à l’autre, l’accueille, l’aime tel qu’il est, tel qu’il se livre. Le contraire de l’attention, c’est la
distraction et l’absence. Quand je suis distrait, je n’écoute pas l’autre, je pense à autre chose que ce qu’il me
dit, je suis mes pensées qui vagabondent au lieu d’entrer dans la pensée de celui qui me parle. Et quand je suis
absent, je suis ailleurs que là avec lui, à côté mais pas avec lui, en parallèle mais pas en relation, pas en
communion avec lui. L’attention, c’est une communion de pensée, être « attentif » et une communion de
cœur, être « attentionné », présent à l’autre avec amour.
Écouter Dieu, être à l’écoute de Dieu, c’est pareil. C’est d’abord être attentif, faire attention à tout ce
qu’il me dit pour ne rien perdre et tout comprendre. Or, bien souvent, dans la prière, à la messe, dans les
célébrations, nous avons du mal à fixer notre attention, à être attentif, plein de distractions nous entraînent
ailleurs que face à Dieu. Et nous avons du mal à être attentionné pour Dieu, à être présent à Dieu, à être en
cœur à cœur avec lui : notre cœur reste fermé, imperméable, ou vide, ou rempli de soucis, d’inquiétudes, de
questions, de problèmes qui nous tracassent. Écouter Dieu c’est donc être attentif à sa parole et attentionné,
ouvert à sa présence avec un cœur rempli d’amour.
2. Écouter, c’est nous décentrer de nous-mêmes et nous centrer sur celui qu’on écoute.
« L’écoute est une démarche d’humilité écrit Christophe André, où l’on fait passer autrui avant soi-même. Les
grands narcissiques, toujours centrés sur eux, écoutent mal, et dans les moments où nous sommes anxieux,
euphoriques, ou habités par trop de préoccupations centrées sur nous-mêmes, nous ne sommes pas capables
d’une écoute de qualité. Même si nous pouvons parfois faire semblant d’écouter. » Pour bien écouter autrui, il
faut nous décentrer de nous-mêmes, donc faire abstraction de ce qui nous centre sur nous, mettre à distance
nos soucis, nos problèmes, nos préoccupations, nos joies, nos enthousiasmes, nos euphories, passer pardessus tout ça, l’éloigner de notre esprit et de notre cœur ; et il faut nous centrer sur l’autre qui nous parle,
accueillir ses soucis, ses problèmes, ses préoccupations, ses joies, ses enthousiasmes, ses peines,
ses élans, ses révoltes, ses cris, l’accueillir lui en nous à la place de nous-mêmes.
Pour bien écouter Dieu, être à son écoute, il faut nous décentrer de nous, de ce que nous avons envie de lui
dire, de ce qui nous habite, pour nous centrer sur Lui, nous laisser habiter par Lui, par ce qu’il est. Autrement
dit, pour bien écouter Dieu, il faut faire le vide en nous, le vide de nous-mêmes, de notre ego, pour nous
laisser remplir par Lui, par ce qu’il est. Écouter Dieu c’est l’écouter Lui pour Lui et non pour ce qu’on voudrait
qu’il nous dise ou nous apporte.
3. Écouter, c’est respecter la parole entendue, la parole d’autrui et la parole de Dieu : « Respecter la parole,
explique Christophe André, c’est d’abord ne pas juger ce que nous dit l’autre pendant que nous l’écoutons ; et
c’est très difficile. Automatiquement nous avons tendance à porter un jugement : nous apprécions, n’apprécions
pas, nous sommes d’accord, pas d’accord, nous trouvons que c’est juste ou idiot. Difficile d’empêcher ce
jugement d’arriver à notre esprit, mais chaque fois qu’on le remarque, on peut le noter et s’en détacher, pour
revenir de son mieux à une véritable écoute ! »
Voilà le problème que nous avons tous : quand on écoute quelqu’un, on porte un jugement sur ce qu’il dit,
on évalue : « c’est bien, c’est mal ; c’est vrai, c’est faux ; c’est juste, c’est injuste ; … » Au lieu d’écouter,
d’accueillir ce qui est dit tel que c’est dit, on le transforme en le jugeant, du coup on écoute moins. Pire
ce que l’autre nous dit nous fait penser à ce qu’on a vécu nous-mêmes : « il m’est arrivé la même chose que
toi, j’ai connu ça, j’ai vécu la même chose que toi, pire que toi, mieux que toi, etc… » Au lieu d’écouter l’autre,
on écoute et dit ce que la parole de l’autre réveille en nous, on s’écoute soi-même au lieu d’écouter
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l’autre. Bien écouter l’autre, c’est donc respecter sa parole, ce qu’il dit, l’accueillir pour elle-même et non pour
ce qu’elle évoque en nous.
Écouter Dieu, c’est pareil, c’est respecter sa Parole, l’accueillir pour elle-même, la laisser résonner en
nous telle qu’elle est au lieu de la juger : « c’est trop dur, c’est impossible ! C’est incompréhensible, c’est
merveilleux, c’est extraordinaire ! C’est irréalisable, c’est dépassé… c’est mystérieux…, etc…, etc… »
4. Écouter, c’est lâcher prise
« Dans la véritable écoute, on ne doit pas préparer sa réponse, mais seulement écouter en lâchant prise » écrit
Christophe André. Bien souvent quand on nous parle, même si on est attentif et attentionné, décentré de nous
et centré sur l’autre, on se croit obligé de réagir, de préparer une réponse pour ce qui nous est dit, du coup au
lieu d’écouter pour écouter, on écoute pour répondre, on cherche ce qu’il faut répondre au lieu d’écouter,
on est plus dans la réponse à trouver que dans l’écoute de ce qui nous est dit. Lâcher prise, c’est
abandonner toute recherche de réponse, c’est s’abandonner à l’autre, être totalement dans son écoute,
être là pour lui et non pour ce qu’on doit lui dire et lui répondre !
Écouter Dieu, c’est évidemment nous abandonner encore plus totalement à Lui qu’on ne s’abandonne à
quelqu’un qu’on écoute, c’est lâcher prise en nous remettant totalement entre ses mains, c’est lui dire comme
Charles de Foucauld : « Mon Père, je me remets entre tes mains, mon Père je me confie à toi ; mon Père, fais
de moi tout ce qu’il te plaira : quoique tu fasses de moi je te remercie ; merci de tout ; je suis prêt à tout,
j’accepte tout ; je te remercie de tout, pourvu que ta volonté se fasse en moi, mon Dieu… Je remets mon âme
entre tes mains… »
Écouter Dieu, c’est donc s’abandonner à Lui, à sa Parole, à ce qu’il veut de nous, c’est le laisser faire de
nous ce qu’il veut… pour notre plus grand bien et pour sa plus grande gloire !
5. Enfin, écouter, c’est se laisser toucher, ce n’est pas seulement comprendre intellectuellement ce qui nous
est dit, c’est être sensible à ce qui nous est dit, c’est être ému, mis en mouvement par ce qui nous est dit.
Quand on nous reproche : « Tu ne m’écoutes pas… Tu ne m’écoutes jamais… », ce n’est pas parce qu’on n’a
pas compris, car souvent on a très bien compris, mais c’est parce qu’on reste insensible, impassible, on semble
n’être pas touché et ça énerve notre interlocuteur. Écouter, c’est donc écouter pas seulement avec la tête qui
comprend mais avec la sensibilité, le cœur, la volonté qui vibrent et se mettent en route, réagissent et agissent.
Bien écouter, c’est donc se mettre en route avec celui qui nous parle pour avancer ensemble.
Écouter Dieu, c’est évident dans toute la Bible, c’est se mettre en route avec Lui : « Pars vers le pays que
je t’indiquerai… Va… Je t’envoie… Allez… Allez par le monde entier… Viens, suis-moi… Allez, baptisez toutes
les nations… » Écouter Dieu, ce n’est pas seulement comprendre ce qu’il nous demande, c’est l’écouter avec
notre cœur, avec « l’oreille de notre cœur », avec un cœur nouveau, un cœur qui se laisse toucher et
transformer, un cœur qui nous fait changer de vie et nous pousse à marcher vers la vie nouvelle que Dieu
propose.
C’est ce que vit Marie dans l’Évangile de Luc (10, 38-42). Elle est là aux pieds de Jésus : attentive à sa parole,
attentionnée à sa présence, totalement décentrer d’elle-même et centrée sur Lui ; elle laisse la parole de Jésus
résonner en elle sans la juger, au contraire elle se laisse toucher et s‘abandonne entre les mains de Jésus
totalement disponible à ce qu’il attend d’elle. Mettons-nous à l’écoute des autres et de Jésus comme Marie !
6. Écouter, c’est éliminer « tout ce qui parasite la véritable rencontre : la précipitation, la fatigue, les
préjugés, les malentendus, le danger de l’équivoque, etc… ce qui suppose une véritable ascèse, un travail sur
soi pour tendre l’oreille à fond. »(A.J.)
7. Écouter, « c’est éviter toute attitude condescendante. De même qu’on recueille l’eau à l’endroit le plus bas
où elle s’écoule, c’est dans une position d’humilité qu’on reçoit de l’autre ce qui nous permettra de l’aider. »
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Exercice spirituel : Dans tout ce qui a été dit sur l’écoute, qu’est-ce que je dois travailler pour mieux écouter ?
Chacun pense à une ou deux choses qui le concernent vraiment et décide de ce qu’il va faire.
Méditation : En silence, je fais le vide de tout en moi, le vide de moi-même, de mon ego… pour me laisser remplir
par Dieu et l’écouter Lui pour Lui et non pour ce que je voudrais qu’il me dise et m’apporte !
II Être cohérent avec soi-même
1. C’est mettre en cohérence, en accord nos paroles et nos actes :
« Comment vivre en accord avec ses aspirations ? Peut-on dire une chose et en faire une autre, comme si les
exigences s’appliquaient aux autres et non à soi-même ? Ceux qui s’engagent publiquement pour des valeurs
suivent-ils ce qu’ils professent dans l’intimité de leur cœur et de leurs actes ? La cohérence est un sujet qui me
touche et dont Alexandre et moi parlons souvent. Nous sommes mal à l’aise chaque fois que nous constatons
des divergences entre les propos de certains et leur comportement privé. Quand on voit un député français
vilipendé la fraude fiscale, encourager la rectitude administrative et ne pas payer ses propres impôts, on est
évidemment en pleine incohérence. Il ne s’agit pas de faire une chasse aux sorcières et d’exiger que tous les
personnages publics soient parfaits. Mais qu’au moins la parole et l’attitude extérieures soient cohérentes avec
le comportement privé. » (C.A.)
2. C’est rester toujours cohérent avec nos idéaux, nos valeurs, nos engagements en mettant nos paroles
et nos actes en conformité avec eux.
« C’est toute la différence entre un maître et un professeur : un professeur peut enseigner un certain nombre de
connaissances et être lui-même assez éloigné de la perfection quant à ce qu’il enseigne, là où on attend d’un
maître qu’il soit exemplaire dans sa parole et dans son comportement… »
Jésus a été un maître alors que les scribes et les pharisiens ont été des enseignants qui vivaient le contraire
des valeurs et des idéaux qu’ils enseignaient (Mt 23, 1-39)
3. C’est être fidèle, c'est-à-dire constant et persévérant dans nos engagements, dans la mise en œuvre de nos
idéaux et de nos valeurs : « la fidélité est une autre forme de constance par rapport à ses engagements. Il s’agit
de résister à toutes les tentations, à toutes les facilités, à toutes les lâchetés, à tous les abandons qui peuvent
nous éloigner de nos idéaux. Un peu comme les appareils « hifi » car ils restituent en son haute-fidélité, je me
dis que nous devrions tous être des « humains haute-fidélité », des humains capables de garder notre voie par
rapport à nos idéaux. » (C.A.)
4. C’est rester vrai : ne jamais jouer un rôle, dire toujours la vérité, se montrer tel que l’on est !
« C’est fou comme, sans relâche, tout au long du jour, nous sommes enclins à jouer un rôle pour nous
protéger, ne pas décevoir et répondre aux attentes… A la longue cette comédie peut user, miner… Pour
devenir qui nous sommes vraiment, il faut commencer par oser être un peu plus vrai en rejetant tout
mensonge… Je ne suis même pas sûr de parvenir à passer une demi-journée sans un chapelet de pieux
mensonges… Comment réagir si, par exemple, invité au restaurant nous trouvons le repas carrément infect ?
Celui qui dirait toute la vérité, rien que la vérité, passerait illico pour un dingue. Mais l’hypocrite qui, du matin au
soir, dissimule le fond de ses pensées, n’est-ce pas, lui, en vérité, le grand malade. Plus d’une fois, je me
surprends à dire plein de mensonges insignifiants : je n’ai pas fermé l’œil et je m’entends dire que tout va bien,
que je suis en pleine forme. Sans bazarder une bienfaisante politesse, je peux juste me demander si je ne suis
pas en train de tomber dans la compromission. Dès aujourd’hui, je suis libre aussi de faire le vœu de mentir
déjà un tout petit moins.
Sur le chemin de la vie spirituelle, je décèle un autre danger : vouloir jouer au super-héros, prétendre avoir
surmonté ses blessures… Montrons-nous tels que nous sommes ! » (A.J.)
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5. Être cohérent, c’est être souple et non rigide : c’est être en accord avec notre nature profonde, qui doit être
bonne, bienveillante, au lieu d’être figé dans des principes immuables, ou intransigeant et intolérant, dans notre
doctrine !
(M.R.) : « Être vrai, ce n’est pas nécessairement toujours dire toute la vérité, surtout si cela crée de la
souffrance, c’est ne pas mentir pour cacher ses erreurs et ses défauts ou, pire, pour tromper autrui par malice.
La fidélité à soi exige de rester conforme à sa propre éthique et à la nature profonde dont j’ai parlé
précédemment, mais cela ne veut pas dire qu’il faut suivre à tout prix une règle ou un dogme immuable. Il faut
aussi prendre en compte les conséquences heureuses ou malheureuses que la fidélité à ses principes peut
avoir sur les autres. Si je me précipite pour annoncer à quelqu’un que sa femme ou son mari le trompe, ou que
les gens racontent qu’il est le dernier des imbéciles, je dis sans doute la vérité, mais je trahis mon idéal de
bienveillance, et par la même occasion ma nature profonde. »
(C.A.) « J’entrevois un autre problème à ce sujet. J’ai des amis très cohérents par rapport à leurs valeurs, qui
ont des engagements politiques, confessionnels ou autres, que je respecte tout à fait, mais qui sont
intransigeants et affirment parfois leurs convictions de façon violente. Je perçois obscurément qu’au fond cette
cohérence les fige sur leur position. Jusqu’où la fidélité à des valeurs peut-elle être une lumière qui nous guide
vers le meilleur, et à quel moment va-t-elle nous empêcher de changer et de nous ouvrir ? »
(M.R.) : « Il y a une différence entre, d’une part, la fidélité à nos valeurs et à leur application en tenant compte
des circonstances et de l’effet de notre comportement sur les autres et d’autre part, une intransigeance
dogmatique qui ne tiendrait pas compte de la situation… Une « éthique incarnée » » c’est une éthique qui tient
toujours compte du contexte particulier de chaque situation humaine. C’est le contraire d’une éthique du
« devoir », de type kantien1, dans laquelle les principes absolus doivent s’appliquer à tous les cas de figure !...
La bienveillance apporte une solution aux problèmes de cohérence. Si le repas est mauvais, doit-on à tous
prix dire la vérité ? Est-ce plus important de lâcher un petit mensonge ou de dire la vérité, en blessant
quelqu’un ? Le mensonge et le vol sont généralement des actes nuisibles, et donc à priori répréhensibles, mais
on peut aussi mentir pour sauver la vie de quelqu’un poursuivi par un tueur, ou s’emparer des réserves
alimentaires d’un potentat égoïste pour épargner la mort à des gens menacés par la famine… On revient à la
notion d’éthique contextuelle incarnée, c'est-à-dire fondée sur la bienveillance ! »
Être cohérent avec soi-même, c’est donc être bienveillant envers les autres pour les construire au lieu de
les juger et condamner au nom de nos principes et de notre doctrine.
6. Être cohérent, c’est rester humble :
(M.R.) : « Le manque de cohérence est souvent lié au sentiment exacerbé de l’importance de soi. Celui qui veut
absolument afficher une image flatteuse ou trompeuse de lui-même a du mal à admettre ses fautes et à se
montrer tel qu’il est. Il a tendance à tricher quand ses paroles et ses actes ne sont pas à la hauteur de
l’apparence qu’il veut donner ! »
7. Être cohérent, ce n’est jamais dire du mal des gens par derrière ou alors ne dire d’eux que ce qu’on
oserait leur dire en face. « Je m’efforce de ne dire des autres que ce que j’oserais leur dire en face » (C.A.)
8. Être cohérent avec soi, c’est être bienveillant envers soi : « Les idéaux et le souci de cohérence ne doivent
pas se transformer en auto-tyrannie : l’exigence doit aussi s’accompagner de bienveillance envers nousmêmes, de tolérance envers nos erreurs et nos imperfections. Présentons-nous bien comme des personnes qui
font des efforts pour progresser et non comme des modèles qui ont atteint leur but ! »
9. Exemple parfait de cohérence : Jésus : il dit ce qu’il est et il est ce qu’il dit : il est la Parole de Dieu !
Il dit ce qu’il fait et il fait ce qu’il dit. Il y a en Jésus une parfaite cohérence entre son être, sa parole et ses
actes !
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Emmanuel Kant, philosophe allemand 1724-1804 – fondateur du criticisme
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Méditation : En silence, je pense à ce que je devrais travailler concrètement pour être plus cohérent avec moi-même,
plus en accord dans ma vie avec mes idéaux, mes valeurs, mes engagements, plus vrai, plus bienveillant, etc…
III Propositions concrètes de pratiques quotidiennes pour mieux vivre !
III.1 Alexandre Jollien :
1. Tout peut devenir exercice pour progresser spirituellement
« Il me faut croire et expérimenter que chaque instant de ma vie quotidienne offre une chance de progresser.
Non, rien ne s’oppose à « l’éveil », à l’union à Dieu, même pas la ténacité de nos petits travers quotidiens. Tout
peut devenir exercice, y compris et surtout peut-être ce qui nous fait chanceler. Si je n’essaie pas de
transformer en bien les tuiles qui me tombent sur la figure, je suis foutu. Et pourquoi ne pas commencer tout
simplement par se mettre à l’école des vertus : « Tiens, celui-là commence à me casser sérieusement les
pieds, excellent ! Il n’y a pas de meilleur aubaine pour me débarrasser de ma fichue impatience. Et quand les
angoisses me tournent autour comme de vilaines guêpes, je fonce méditer. Aucune affaire, nulle difficulté,
même énorme, n’entrave ultimement l’esprit dans son œuvre de libération. Au contraire, les perturbations au
boulot, oser la non-fixation ou tout simplement demander de l’aide… »
2. « Dédier sa journée aux autres » : se connecter avec l’humanité !
« Le premier pas quotidien, c’est sans doute de dédier sa journée aux autres, et tout particulièrement au plus
démunis, à ceux qui souffrent… Nous devons garder à l’esprit et dans le cœur les milliards d’êtres qui se
débattent dans l’immense océan de souffrances qui peut engouffrer, du jour au lendemain, chacun d’entre
nous… Nous devons devenir des hommes et des femmes « pour les autres », des personnes qui se consacrent
à aimer autrui et à soulager la peine… »
Et Alexandre Jollien propose de croire à la communion des saints, pour élargir notre horizon de vie, avec ses
mots à lui :
« Après tout, si un téléphone portable peut relier à une antenne, un vulgaire bout de ferraille qui émet des
ondes, pourquoi ne pas envisager qu’au cœur de l’intériorité il existe un lien profond entre tous les êtres ? Ce
n’est pas tomber dans l’occultisme de comprendre que tout en ce bas monde, est « interconnecté »
3. Vivre pleinement le moment présent :
« Accomplir chaque geste comme si Dieu m’avait créé uniquement pour cela ! » disait Jean XXIII
« Par exemple quand je rencontre une personne qui me rappelle qu’en ce moment, c’est elle la plus importante
du monde… »
Être présent à notre présent !
4. Accepter la réalité, extérieure comme intérieure
 Accepter que les choses extérieures soient comme elles sont et non comme on voudrait qu’elles
soient.
 Accepter notre réalité intérieure et notamment toutes nos émotions, positives ou négatives (la
confiance, la sérénité, l’attendrissement, l’admiration, la bienveillance, l’élévation, l’enthousiasme, la
joie, l’amour, etc… ou la jalousie, la colère, la tristesse, le désespoir, etc…)
Accepter, c’est vivre toutes émotions sans s’y enliser, sans les ruminer, en tirer le meilleur, ce qui nous
construit, et laisser passer, ne pas s’y accrocher !
« Un grand malentendu fait croire que le sage ne ressent aucune émotion. Au contraire, il les vit à
fond et il sait les laisser s’évaporer avant qu’elles ne nuisent. Bref, s’il éprouve de la colère, il ne se
sent pas obligé de balancer la vaisselle contre les murs… Vivre à fond de ce qui nous trouble, sans nier
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quoi que ce soit, et avancer dans une extrême douceur, voilà le défi. J’ai longtemps eu en horreur la
notion d’acceptation. Souvent, nous croyons qu’il s’agit de nous amputer de nos émotions, de leur
tordre le cou. Accepter, c’est avant tout les voir, les accueillir, comme si elles étaient nos enfants, sans
les juger. Ainsi, quand le chagrin me visite, au lieu de le fuir à tout prix, faire l’expérience complète de
cette tristesse me permet de passer à autre chose, de tourner la page. Quand j’étais petit, je ne me
laissais jamais aller totalement à la peine. Toujours, j’ai résisté jusqu’à l’épuisement. Aujourd’hui, quand
je suis abattu, j’essaie, au contraire, de couler un temps, de ne pas résister. Je constate que je peux
flotter, même au cœur de l’agitation. Voir que les émotions ne tuent pas finit par donner une grande
confiance. Je dirais presque qu’en un sens les tempêtes nous aident. Rien ne contrarie davantage le
dire « oui » joyeux que le déni face à ce qui nous agite.
La deuxième pratique celle qui me nourrit le plus, consiste à laisser passer. Mille fois par jour, laisser
passer les angoisses, les peurs, les émotions, comme autant d’abeilles qui viendraient bourdonner
autour de nous plus nous les chassons, plus elles s’agitent Laissons-les simplement déguerpir, sans
réagir le moins du monde. »
5. Cultiver sa spiritualité et prier :
« Bâtir une spiritualité au carrefour des traditions n’est pas sans risques. Il faut se garder d’absolutiser
un chemin sans se perdre dans la dispersion et le syncrétisme. Pour ma part, j’essaie de suivre le Christ, et sur
ce chemin le bouddhisme m’aide à me délester du moi et de tout son attirail. Chaque jour, j’essaie de
fréquenter les Évangiles et de nourrir une authentique vie de prière. À mes yeux, prier, c’est se déshabiller pour
de bon, quitter un à un tous les rôles pour se tenir à l’écoute d’une transcendance et oser un abandon, une
confiance totale en plus grand que soi. Ici les étiquettes, les représentations, les attentes volent en éclats et le
moi peut s’éclipser. Il en faut, du courage, pour se laisser tomber au fond du fond, oser ne rien faire, ne
rien dire, ne rien vouloir et laisser Dieu s’occuper de Dieu. Prier, c’est dire oui à tout ce qui arrive, vivre
sans pourquoi. Alors nous quittent, presque malgré nous, les mécanismes de défense, les refus et cette soif de
tout maîtriser. C’est, dépouillé, que l’on peut oser l’impensable : appeler Dieu, Père. Si ce chemin est difficile,
aride parfois car le moi résiste toujours, j’y trouve une joie immense, une liberté qui m’invite à me débarrasser
des béquilles, pour avancer et aimer gratuitement. »
Méditation :
En silence, j’ose ne rien faire, ne rien dire, ne rien vouloir et je laisse Dieu s’occuper de Dieu en moi.
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III. 2 Christophe André une journée-type
« Les différents volets abordés dans ce livre constituent des pratiques que nous nous efforçons d'atteindre par
souci de cohérence. Pour parler plus quotidiennement, qu’est-ce que je fais, dans une journée type ou une journée
idéale peut-être, qui relève de l’effort, non pas du hasard ou des circonstances ? Comme vous deux, et je commence
ma journée par un temps de pleine conscience, au minimum 10 à 15 minutes où je suis assis et où j'essaie de
centrer mon esprit dans la présence à l'instant, à la vie telle quelle est, seconde après seconde. Certains jours, j'ai des
pratiques tournées vers la compassion, lorsque des amis ou des personnes que je connais sont en train de souffrir.
Parfois ce sont des pratiques de compassion vis-à-vis des gens qui souffrent même si je ne les connais pas, parfois des
pratiques de bonheur altruiste. Il y a aussi des pratiques de régulation émotionnelle où je cherche, comme dit Matthieu,
des antidotes à mes émotions douloureuses et inconfortables. Si je ne fais pas ce travail de pacification, de nettoyage,
elles vont parasiter ma journée, ma relation à l'autre, mon travail.
Ensuite, j'entre dans la vie familiale, et, en général, notamment ces dernières années, elle commence par la
rencontre avec mes enfants, qui se lèvent tôt le matin pour aller à leur lycée, à leurs écoles, ce qui nécessite un temps
de parcours assez long. Avant la rencontre avec mes enfants, j’essaie de me rappeler l'importance d’être joyeux et
de démarrer la journée par des plaisanteries, de la bonne humeur, des sourires; sinon, je ne suis pas biologiquement
enthousiaste le matin.
Puis, ma journée se poursuit et, régulièrement, je m’efforce de prendre de tout petits temps de recueillement
pour me rappeler, que ce que je vais faire n'est pas juste mon gagne-pain, un automatisme, une obligation, mais un
choix. Les jours où je reste chez moi pour écrire, chaque fois que je le peux, je me tiens debout et je pose les mains sur
mon fauteuil. Je me rappelle que j'ai la chance d’écrire, des livres de psychologie avec ce qu’on ma appris, ce que j'ai
entendu, et que ces livres vont peut-être faire du bien à des gens, leur expliquer des choses auxquelles ils n'avaient pas
réfléchi, attirer leur attention sur des efforts à leur portée. Quand j'arrive à l'hôpital, j’essaie d'avoir un temps de
recueillement pour éprouver la chance de pouvoir exercer ce métier d'enseignant, de médecin. Lorsque j'ai des,
conférences à préparer ou des cours à donner, je réfléchis à la façon de transmettre l'envie d'aider, de soigner. Si
j'interviens en entreprise, je me concentre sur le fait que mes paroles aideront peut-être à y améliorer les conditions de
travail.
Un autre de mes objectifs, important pour beaucoup d'autres personnes dans notre société, est de rester centré et
de lutter contre la dispersion. J'ai compris que si je ne m’astreignais pas à une hygiène des interactions digitales,
j'étais cuit. J’essaie donc de ne regarder mes mails, mes SMS et de passer mes coups de téléphone qu'à heures fixes
et limitées dans la journée, en gros matin midi et soir. Le reste du temps, je m’efforce de ne pas aller farfouiller, de ne
pas répondre, sinon c’est un gaspillage considérable d'énergie et un éparpillement de l'attention.
La présence à autrui représente une pratique à laquelle je m'astreins. Du mieux que je peux, quand je suis avec
quelqu'un, j’essaie de lui donner vraiment mon attention, d'autant plus que j'ai une quantité de disponibilité à autrui
limitée. Au bout d'un moment, les autres me fatiguent, non qu'ils me dérangent mais j'ai besoin de solitude, de
tranquillité. D'où l'importance d'être complètement avec la personne, même quand c'est bref. Par exemple quand des
patients viennent à l'hôpital Sainte-Anne sans rendez-vous, se mettant devant ma porte pour en obtenir un, je les fais
rentrer. Ce n'était pas prévu, cela met un peu la pagaille dans mon emploi du temps. Autrefois, je ruminais
intérieurement, mais aujourd'hui, je me dis: «Tu es avec eux, donc donne-leur le peu que tu as; pendant ces cinq
minutes, sois totalement, complètement, absolument, chaleureusement avec eux. » Je leur dis : «Je ne pourrais vous
recevoir que cinq minutes », et au bout de ces cinq minutes: «Je suis désolé, on va devoir arrêter. » Je pense que
pendant ce bref laps de temps, je suis beaucoup plus là que je ne l'étais autrefois.
Il y a aussi le moment des dédicaces qui, autrefois, me déstabilisait parce que je pensais au temps limité dont je
disposais pour voir chacune des personnes qui attendait : j'avais l'impression d'être un panier percé dans lequel les
gens versaient leurs attentes, leurs détresses, sans que je puisse faire quoi que ce soit pour eux. Aujourd'hui, j'ai
compris que je ne pouvais pas accomplir de miracles, mais si je fais l'effort de rester centré sur eux pendant les
quelques minutes que dure l'échange, je sais que cela leur donnera peut-être un petit bout d'énergie, de courage, de
réconfort.
Mini retraite du 21 Juillet 2016 à La Féclaz : à l’écoute des trois amis de la sagesse C. André (psychothérapeute),
A. Jollien (philosophe), Matthieu Ricard (moine bouddhiste)
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Dans les efforts que j'essaie d'accomplir, il y a bien sûr la lutte contre toutes les tendances anxieuses, les
tendances au découragement, à l'agacement, qui sont le lot de tous les humains et peut-être plus encore le mien
parce que je suis sensible et fragile émotionnellement. Je prends donc plus le temps de m'arrêter, comme le disait
Alex, sur ces mouvements émotionnels, sinon pour les pacifier ou les supprimer, du moins pour vérifier d'où ils partent,
vers quoi ils me conduisent. Me détournent-ils de là où je veux aller, de mes valeurs, de mes objectifs? Ou puis-je
continuer avec eux, donc prendre plus souvent qu'avant le temps de me poser grâce à la pleine conscience de me
soumettre à cette présence intérieure?
Une autre pratique que je fais de manière très régulière consiste à dégager du temps de fluidité, de nonobligation. Ce sont des moments où je ne suis pas obligé de rencontrer quelqu'un, de remettre un manuscrit, de
rédiger un article ou une conférence. J'ai mis longtemps à comprendre cette nécessité. Même si je ne fais que des
choses que j'aime, la plupart du temps avec des gens que j'aime, quand il y en a trop, avec trop de pression, cela
devient source de souffrance ou d'irritation, ce qui est totalement absurde. L'un de mes -grands soucis - et il me semble
que nous sommes un certain nombre à être plutôt débordés que carencés - est de prendre le temps d'ouvrir ces
espaces pour respirer et pouvoir répondre à des demandes inattendues. Il m’est arrivé, dans le passé, d'avoir
tellement de choses à faire, calées au millimètre, qu'il suffisait qu'un ami m'appelle en me disant qu'il avait besoin de
réconfort pour que je perçoive sa demande comme un souci de plus. C'était un non-sens. D'où mon effort pour
disposer de temps pour faire face à l'inattendu.
Souvent, j'observe à quels moments je me sens réellement bien, en harmonie avec les autres, épanoui,
disponible, prêt à les aider. Au fond, quelles sont les journées, les activités, qui me permettent à la fois d'être dans
cette paix et dans cette disponibilité? Du coup, je fais une grande confiance à mes émotions agréables. Elles sont
un baromètre et m’indiquent que je me trouve dans le bon registre, la bonne activité, le bon fonctionnement. Et l'une des
chances que j'ai reçues, c’est d'éprouver peu d'émotions positives toxiques : je ne suis pas très sensible à l'orgueil, au
contentement de moi-même. Très vite, si je sens qu’on m’admire, j'ai un petit signal d'alarme du côté du sentiment
d'imposture. À l'inverse, je me méfie de mes émotions négatives, qui souvent me mentent sur la réalité de mes
détresses.
L'autre pratique, et bien au-delà, se joue dans mon lien à la nature. Comme la plupart des humains, j'ai un immense
besoin de connexion avec la nature et j'ai la chance de pouvoir marcher une heure dans les bois quasiment tous les
jours. Je fais presque toujours le même chemin, de sorte que je ne me pose pas la question du trajet. Chaque fois que
je suis dans un environnement naturel, cela déclenche en moi des sentiments de gratitude, de reconnaissance, de
responsabilité très importants. Je souhaite que le maximum d'êtres humains puissent en bénéficier, notamment tous les
humains qui viendront après nous. Et la détérioration de cette nature est peut-être le plus grand crime qu'on est en train
d'accomplir.
La journée se termine, et le soir, j'ai besoin de garder un peu d’espace pour les relations avec ma famille, pour
vérifier que tout va bien, échanger, avoir un temps en tête à tête avec chacun. C'est aussi le temps des prières,
quand j'ai envie de demander quelque chose pour quelqu'un, les prières d'intercession, pour moi-même. En général, je
demande pour les autres, moi-même il me semble que je peux faire le boulot tout seul, et rendre grâce. Je rends
grâce, je remercie de toutes les chances que j'ai pu rencontrer dans la journée, et quand je m’endors, je pratique un
exercice de psychologie positive: je repense à trois événements agréables de la journée, j’essaie de m’en
imprégner physiquement, de les connecter à un sentiment de gratitude, et de prendre en conscience qu'aucun
de ces événements heureux n’est dû qu’à moi-même, qu'il y a toujours quelqu'un qui l'a facilité.
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III. 3 Matthieu Ricard : entraîner son esprit (le sport de l’âme)
Beaucoup pensent qu'il est trop long et difficile d'entraîner son esprit. On sait pourtant pertinemment qu'il faut
des années pour apprendre à lire, à écrire, à s'instruire, à apprendre un métier, ou à maîtriser un art ou un sport. Par
quel mystère l’entraînement de l'esprit ferait-il exception? Si l'on veut devenir plus ouvert, plus altruiste, moins confus et
trouver la paix intérieure, il faut nécessairement faire preuve de persévérance.
Sur le plan physique, les exploits sportifs butent rapidement sur des limites infranchissables. À force d’entraînement,
certains courent de plus en plus vite et sautent de plus en plus haut. Mais ils ne gagnent en fait que quelques centièmes
de seconde ou quelques centimètres. Il est hors de question qu'un être humain puisse courir le 100 mètres en 4
secondes, ou franchir 4 mètres en hauteur. En revanche, je ne vois pas comment il pourrait y avoir de limite à
l’amour et à la paix intérieure. Une fois que notre amour des êtres a atteint un certain degré, rien rie l'empêche de
devenir encore plus vaste et profond. Les limitations naturelles qui s'appliquent au quantitatif dont aucune raison de
s'appliquer au qualitatif.
Pour se transformer, on n'a donc pas d'autre solution que de persévérer dans une pratique quotidienne.
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