L’Origine du genre
La première troupe de « commedianti dell’arte » dont on a le
souvenir s’est formée en Italie du Nord, à Padoue, où huit ac
teurs, guidés par un certain Mafeo dei Re dit Zanini, ont sous-
crit en 1545 devant notaire un contrat professionnel établis-
sant la composition et le règlement de la troupe, appelée
Fraternal Compania. Indépendant et sans lieu fixe, cette
compagnie jouait aussi bien la tragédie et la pastorale que
la comédie.
Le terme commedia dell’arte soulignait alors la professionna-
lisation de cette troupe théâtrale. Le mot « arte » indiquait en
effet la corporation et l’habileté que requérait l’exercice du
métier. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle, au moment où
elle inspirera des auteurs comme Goldoni ou Marivaux, que
la commedia dell’arte désignera un style de jeu, caractérisé
notamment par la pratique de l’impromptu (on emploie au
jourd’hui le terme d’improvisation) et la présence de person
nages masqués.
Héritières d’une tradition rurale qui remonte aux atellanes et
aux pantomimes de la Rome antique, les troupes de
la commedia dell’arte étaient, à l’origine, presque toutes iti-
nérantes. Vouées au voyage comme les jongleurs et les mar
chands, elles parcouraient l’Italie, dressant sur les places de
simples tréteaux, dotés de décors rudimentaires et de quel-
ques accessoires. Plus tard, la nécessité les conduira à cher-
cher protection et stabilité auprès des princes et de la cour
de France.*
*« La commedia dell’arte », in Jean-François Dusigne, Le Théâtre du Soleil, des traditions orientales
à la modernité occidentale, CNDP, décembre 2003, pp. 22-23