Centre Dramatique National Nancy Lorraine 16 17 DIR ECTION MI CH E L DIDYM CONTACT PRESSE NANCY EMMANUELLE DUCHESNE, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE [email protected] - +33(0)3 83 37 78 03 1 SOMMAIRE Édito. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Artistes associés et cartes blanches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 RICHARD II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 LE PETIT COUCHER DE STANISLAS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 MEURTRES DE LA PRINCESSE JUIVE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 NEUE STÜCKE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 TOM À LA FERME. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 LA CANTATRICE CHAUVE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20 ÉMILE FRIANT, UNE VIE DE PEINTURE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 TABLEAU D’UNE EXÉCUTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 PLAY LOUD. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27 SALES GOSSES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 DOM JUAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 LE VENT SE LÈVE (LES IDIOTS / IRRÉCUPÉRABLES ?) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 FEMME VERTICALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 LE MALADE IMAGINAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 LA MOUSSON D’HIVER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 LES ÉVÉNEMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43 LES ÉPOUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 MENSONGES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 LA MATE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Musique Action - Carte blanche à Ouïe/Dire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .54 Nancy Jazz Pulsations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Manu Jazz Club . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56 Productions en tournées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57 Tarifs et abonnements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59 Partenaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60 Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 2 CDN N A NC Y LORRAINE ÉDITO « L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. » Dans la bouche de Dom Juan, cette profession de foi n’étonne pas. Pour lui, tout est bon pour jouir « pleinement » - comme il dit - et ses désirs égoïstes n’ont pas de limites. Molière, encore cette saison, nous accompagne et nous fait réfléchir. Après une tournée qui l’a mené en Suisse, en Belgique, en Allemagne et en Chine, et a fait rire dans tant de villes, Le Malade imaginaire revient pour nous rappeler que les charlatans sont légion à vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes. La Luxembourgeoise Myriam Muller, en dépoussiérant son Dom Juan, nous montre que dans notre société la vulgarité se porte bien et qu’elle sait s’habiller d’éclats nouveaux pour séduire. La poudre aux yeux et comment y réagir est également le thème du Vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables ?). Nos spectacles tournent dans le monde entier et nous passons les frontières sans encombre pendant que des milliers de migrants meurent en Méditerranée dans un fatalisme et une indifférence ahurissants. L’Europe, notre Europe dresse des murs et des barbelés. La séduction de nouveaux fascismes aux sourires carnassiers fait froid dans le dos. Nous manquons de mémoire. Les capitaux, eux, n’ont pas de frontières et se jouent des peuples et des nations en crise pour le profit de quelques « élus ». L’hypocrisie des paradis fiscaux ne choque pas grand monde. C’est toujours la faute des autres ? Certainement pas. Être consommateur, ce n’est pas forcément suffisant pour être responsable. Alors, au théâtre, peut-on résister ? Nos paroles peuventelles porter ? Notre saison, en tout cas, prétend ne pas baisser les bras. Nous dirons les nuances et la complexité lorsque l’on veut nous faire entendre le simplisme et de commodes discours binaires. Le monde d’Armando Llamas et de Meurtres de la princesse juive (...) est un monde dans lequel on circule, un monde où les identités ne sont pas assignées à résidence, où tout être humain est digne d’intérêt, fût-il situé au plus bas de l’échelle sociale. Homme ou « femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir. Les différences de genre impliquent-elles un rôle déterminé dans la société, dans l’amour, dans la sexualité ? Ces questions, les femmes de Femme verticale nous les posent. Comment dégager le vrai du faux dans tout ce qu’on nous raconte ? Qui peut-on croire ? Qu’y a-t-il derrière les façades rutilantes ? Faut-il se défier de tout ? Est-ce la faute d’un système ? Ou la nôtre, à nous, qui préférons le confort du mensonge ? Le théâtre démasque, dévoile, dénude en incarnant. Ionesco donne un coup de pied hilare dans l’ordre un peu rance d’une bien-pensance qui rend fou avec La Cantatrice chauve. Mensonges interroge le faux qui a des accents de vérité dans la politique, l’histoire ou la religion. Il y a aussi des transparences qui cachent beaucoup comme dans Play Loud. Que ce soit avec le festival Ring, les rencontres franco-allemandes de Neue Stücke, les Moussons d’été et d’hiver, résolument internationales, c’est au monde entier que nous ouvrons les portes de nos théâtres. C’est vital, l’échange et le partage sont ce qui nous nourrit. C’est un plaisir, aussi, de découvrir d’autres visions, d’autres langues, d’autres usages que les nôtres. C’est un étonnement qui réveille, parfois, de se rendre compte que, séparés par tant de kilomètres, nos aspirations sont les mêmes, qu’il y a du grand et du sacré dans l’humain lorsqu’on voudrait que les seuls critères d’appréciation du monde soient la fonctionnalité, les chiffres et la rentabilité. « Marche ou crève » ? Au théâtre, la mort n’existe pas. C’est toujours un jeu. Et de jouer - pour secouer la vie - nous ne nous priverons pas. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 3 ARTISTES ASSOCIÉS ET CARTES BLANCHES Michel Didym souhaite associer plusieurs artistes à cette nouvelle saison afin de faire découvrir leurs univers artistiques au public. Performances, rencontres, regards croisés, visites, ateliers de pratique et d'écriture... Deux comédiens, un directeur de musée, un metteur en scène et une compagnie ont carte blanche ! DAVID AYALA Il est si l’on peut dire un habitué des plateaux de la Manufacture, où il a présenté Jean la chance, Le Roi Lear, Richard III, Hedda Gabler, Macbeth (The Notes) et bien d’autres. Cette saison, il est metteur en scène de Le Vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables ?), et acteur sous la direction de Claudia Stavisky dans Tableau d’une exécution. Tout au long de la saison, David Ayala proposera des rendez-vous philosophiques et cinématographiques avec des invités qui prolongeront son travail ou feront écho aux créations de ce créateur-acteur ROMANE BOHRINGER Romane Bohringer est venue jouer pour la première fois à La Manufacture dans Face de Cuillère, de Lee Hall, que mettait en scène Michel Didym. Ils se sont retrouvés dans J’avais un beau ballon rouge, d’Angela Dematté. Le Palmarès du Théâtre a décerné le prix « Coup de cœur du Théâtre public » à Romane Bohringer et Richard Bohringer pour leur interprétation dans ce spectacle. Elle alterne théâtre et cinéma : Le Conte d’hiver, Oncle Vania, Embrassons-nous Folleville, entre autres, avec Pierre Pradinas. Au cinéma, Romane Bohringer reçoit un César pour le film de Cyril Collard Les Nuits fauves. Elle tourne notamment avec Claude Miller, Martine Dugowson, Yves Angelo, Agnieska Holland, Bigas Luna, Olivier Dahan, Benoît Cohen, Richard Bohringer. Elle revient avec deux spectacles cette saison : Les Événements et La Cantatrice chauve. Romane Bohringer a carte blanche. COMPAGNIE MAVRA Double présence pour la compagnie Mavra cette année avec les spectacles Play Loud, de Falk Richter et Dans les rapides de Maylis de Kerangal, lors de la mousson d’hiver. La « jeune » compagnie mavra, n’a pas chômé depuis sa création, en 2008 des spectacles : Low, de Daniel Keene, La Nuit, d’après Maupassant, L’Île des esclaves, de Marivaux, Rendez-vous au jardin des plaisirs, un cabaret. Ils ponctueront la saison de performances, de formes musicales inédites, dans ou hors-les-murs Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 4 BRUNO RICCI À peine sorti de l’École du Théâtre National de Strasbourg, Bruno Ricci crée son solo, Peppino, dans lequel il rend hommage aux enfants de l’immigration italienne Ses racines sont dans les Abruzzes Il le joue près de trois cent fois Ensuite, une pièce écrite par Fellag, Comment réussir un bon petit couscous. Au cinéma, il est dans L’appartement, de Gilles Mimouni, La tête en friche, de Jean Becker, Le Capital de Costa gavras et beaucoup d’autres À la television, il joue dans la série L’ Héritier Hollywood lui tend les bras Au côtés de Tommy Lee Jones, il est l’équipier du super-héros au bouclier tricolore dans Captain America : The First Avenger (2011) Après avoir été le secrétaire de Montaigne dans Voyage en Italie, l’irrésistible Thomas Diafoirus dans Le Malade imaginaire, il sera les vies et légendes de Stanislas Leszczynski dans Le Petit coucher de Stanislas. CHARLES VILLENEUVE DE JANTI À l’occasion de l’exposition consacrée à l’artiste Émile Friant au Musée des Beaux-Arts de Nancy, Charles Villeneuve de Janti directeur du musée et historien de l’art, proposera douze lectures qui évoqueront ce grand peintre et graveur nancéien dans le parcours déambulatoire Émile Friant, une vie de peinture. PROGRAMME DÉTAILLÉ DES CARTES BLANCHES DISPONIBLE EN SEPTEMBRE Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 5 RICHARD II WILLIAM SHAKESPEARE / GUILLAUME SÉVERAC-SCHMITZ COLLECTIF EUDAIMONIA 7 4 > 8 OCT GRANDE SALLE De William Shakespeare Conception Guillaume Séverac-Schmitz / Collectif Eudaimonia Avec Jean Alibert, François de Brauer, Olivia Corsini, Baptiste Dezerces, Pierre Stefan Montagnier, Thibault Perrenoud et Nicolas Pirson Traduction, adaptation, dramaturgie Clément Camar-Mercier Scénographie Emmanuel Clolus Lumières Pascale Bongiovanni Costumes Emmanuelle Thomas Son Yann France, Guillaume Séverac-Schmitz Régisseur général et son Yann France Régisseur lumières Héla Skandrani Administrateur de production Alain Rauline Assistante de production Cécile Usaï Attaché de diffusion Olivier Talpaert Construction Les Ateliers du Grand T, Théâtre de Loire Atlantique Production déléguée Le collectif Eudaimonia | Coproductions Théâtre de l’Archipel - Scène nationale de Perpignan, Les théâtres AixMarseille/Gymnase-Bernardines, Le théâtre Montansier de Versailles, Le Cratère - Scène nationale d’Alès. | Aide à la création du Ministère de la culture et de la communication - DRAC Languedoc Roussillon, du Conseil Régional Languedoc Roussillon, du Conseil départemental de l’Aude et de la SPEDIDAM. | Avec le soutien du dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la Région Nord-Pas de Calais et la DRAC Nord-Pas de Calais, de l’ARCAL - Cie Nationale d’art lyrique, du théâtre Jacques Cœur de Lattes, de la Cie Sandrine Anglade et de Réseau en scène Languedoc Roussillon/réseau de diffusion. | Remerciements au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (CNSAD), au théâtre le Sillon de Clermont l’Hérault, au Conservatoire de Vincennes, à la Cie HO-Sara Llorca. TRAME Écrite par William Shakespeare en 1595, La vie et la mort du roi Richard II, raconte l’abdication de ce roi, dont le règne a duré 22 ans (1377-1399). Cette pièce historique commence après l’assassinat du duc de Gloucester, oncle du roi. Suite à une querelle à ce propos, il banni Bolingbroke, duc de Lancastre et Mowbray, duc de Norfolk. Profitant d’avoir pillé la fortune de Jean de Gand, père de Bolingbroke, Richard part faire la guerre en Irlande. À son retour, Bolingbroke est revenu en Angleterre, réclamant l’héritage de son père. Forcé (ou non, selon les interprétations...), Richard donnera son royaume et sa couronne à Bolingbroke, le laissant devenir Henry IV, nouveau roi d’Angleterre. Sur un malentendu (ou non, selon les interprétations...), le nouveau roi fera assassiner Richard, alors tourmenté par la folie, dans sa cellule de prison. PARCOURS D’ACTEURS Richard II comprend une trentaine de rôles dans sa version originale. Ici, nous avons adapté l’œuvre pour qu’elle soit jouée par sept interprètes. C’est un choix délibéré et mûrement réfléchi. Certains acteurs n’ont qu’une seule partition, comme Richard par exemple, et d’autres ont une partition composée de plusieurs rôles. L’ensemble de l’équipe a donc à défendre un parcours équivalent en taille au sein du spectacle, permettant ainsi de créer une solidarité très forte au plateau et un véritable esprit de troupe. PRINCIPES DE MISE EN SCÈNE Par son lyrisme et sa poésie, Richard II renferme un univers symbolique très puissant qui embrasse la vie des personnages. La mise en scène s’empare de ces symboles en déployant leur portée théâtrale. Les éléments naturels comme l’eau et le vent sont très souvent utilisés comme métaphore pour renforcer le caractère sacré de l’œuvre. En effet, en plus du travail fondamental autour de la direction d’acteur, il me semblait important d’aborder la pièce par cet angle poétique et vibrant de la sacralisation. Ces deux principes du travail de mise en scène (les acteurs et le sacré) dialoguent et fusionnent selon les situations en s’appuyant sur de simples accessoires de jeu (drap blanc, tabourets, table) qui permettent l’évocation des lieux et du cadre des situations. Ces accessoires sont manipulés par les acteurs eux mêmes. C’est un théâtre qui se fait et se défait à vue. Ce travail quasi artisanal du développement de la pensée par l’image permet de plonger le spectateur dans l’énergie de la pièce et convoque son imagination. Guillaume Séverac-Schmitz LE MOT DU COLLECTIF Le travail du Collectif Eudaimonia tire son énergie de l’esprit de groupe et de la cohésion qui l’anime durant la création. Nous avons le souhait profond de parler au monde avec un constant souci de vérité et nous pensons que le théâtre est une fête; qu’il doit l’être à l’endroit du partage et de la joie. Nous abordons ici Shakespeare à travers l’histoire d’un homme qui perd tout, mais qui dans sa chute nous révèle qu’il y a une manière de gagner qui consiste à perdre. Pour la raconter, 2H15 - Dès 14 ans Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 6 nous mettons l’humain au centre de notre création en instaurant un dialogue permanent entre les acteurs et les concepteurs. Nous tendons vers un théâtre moderne où la créativité et la sensibilité de chacun des membres de l’équipe sont au service de l’œuvre que nous défendons. Nous avons construit un projet exigeant, créatif, rassembleur et résolument populaire. Nous sommes parti du texte, de ce qu’il met en jeu et de ce qu’il dit. Nous sommes parti de ce qu’écrit Shakespeare, sans complexe, sans préjugés, en ayant l’ambition de toucher les enjeux dramatiques de son texte, pour en révéler la puissance en tentant de démontrer qu’il y a dans chacune de ses œuvres une part très intime de nous-même. Notre travail sur Richard II tend à témoigner de cette universalité. Si l’on continue encore à monter Shakespeare aujourd’hui, c’est qu’il y a dans son œuvre quelque chose d’immortel, d’intemporel, d’infini mais aussi quelque chose qui demande toujours à être ré-interrogé, redécouvert, réinterprété. L’ambition du spectacle tente de réunir ces deux pôles : embrasser la poésie géniale de l’auteur et l’ampleur de sa pensée tout en comprenant aujourd’hui la portée du discours de la pièce que ce soit d’un point de vue humain, politique mais aussi théâtral. En effet, si Richard II est l’histoire d’un roi qui chute, c’est aussi celle d’un acteur qui laisse le premier rôle. Rarement ce geste, souvent assimilé à la quintessence même du tragique, est interprété comme une gloire, une réussite : comme s’il n’y avait pas plus royal que de laisser sa place... Tant de contradictions et de questionnements sont soulevés quand vous êtes confrontés à l’œuvre du dramaturge anglais : si en cerner toutes les ambiguïtés est une priorité, savoir les éclairer pour les rendre lisibles et efficaces lors du passage au plateau est une nécessité. C’est dans cette perspective d’efficacité et de lisibilité que la mise en scène se doit d’être tout aussi épique et spectaculaire qu’intime et poétique. L’œuvre est adaptée pour pouvoir être jouée par une troupe de sept acteurs. Ainsi le théâtre est sans cesse mis en abyme, il se construit à vue par les acteurs eux-mêmes. En entretenant un rapport concret avec les spectateurs, le lieu de représentation devient plus qu’une simple salle de spectacle mais l’Angleterre entière du roi Richard. Shakespeare l’avait compris: le théâtre a bien les épaules pour rêver de grandes Histoires. Le collectif Eudaimonia Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 7 LE PETIT COUCHER DE STANISLAS JEAN-PHILIPPE JAWORSKI / BRUNO RICCI 9 20 > 23 OCT PLACE STANISLAS Jardin éphémère - entrée libre 29 > 30 OCT LUNÉVILLE - CHÂTEAU DES LUMIÈRES 4 > 5 NOV NANCY - PALAIS DU GOUVERNEMENT Carte blanche à Bruno Ricci Conception Michel Didym Avec Bruno Ricci (distribution en cours) Son Dominique Petit, Hubert Parisot Lumières Sébastien Rébois Coproduction Parcs et Jardins de la Ville de Nancy Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture En collaboration avec l’Orchestre National de Lorraine Spectacle présenté dans le cadre des Festivités du 250ème Anniversaire de la réunion de la Lorraine à la France – 2016 40min Château de Lunéville, au cœur de l'hiver : Stanislas Leszczynski, le vieux roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, se réveille dans une chambre glaciale. Gardes et valets sont endormis, personne ne répond aux appels du souverain ; en revanche, une dame mystérieuse veille silencieusement sur Stanislas et refuse de se dévoiler. Un peu piqué par tant d'impertinence, le roi s'efforce de deviner qui est sa visiteuse. Passant en revue les femmes de sa famille et de sa cour, le voici qui égrène ses souvenirs et déroule le roman tragi-comique de son existence… De Varsovie à Versailles, de Dantzig à Lunéville et Commercy, il nous entraîne dans les intrigues, les guerres et les fêtes du siècle des Lumières, au milieu d'un carrousel de cosaques, de jésuites, de philosophes et de petites marquises. Celui que Frédéric II de Prusse appelle « ce roi de Pologne toujours élu et toujours détrôné » revit son couronnement et sa chute ; le monarque déchu fuit la férocité des armées russes : l'aventurier masqué parcourt toutes les routes du continent ; l'exilé de Wissembourg s'attendrit au souvenir du mariage de sa fille avec le roi de France ; le duc de Lorraine et de Bar adoucit les rigueurs de l'occupation française… Face à la confidente énigmatique, Stanislas fait toutefois plus que se raconter : il pèse ce que vaut l'existence d'un homme. JEAN-PHILIPPE JAWORSKI Jean-Philippe Jaworski a « fait un peu d’archéologie » comme il dit, puis suivi des études de lettres modernes Agrégé de lettres modernes. Jaworski a collaboré au magazine Casus Belli, créé Tiers Âge, un jeu de rôle gratuit sur la Terre du Milieu, et Te Deum pour un massacre, un jeu de rôle historique sur les guerres de religion. En 2004, une nouvelle fait dire à quelques spécialistes attentifs qu’une belle plume venait d’éclore en Lorraine... En 2007, un éditeur exigeant ose publier Janua Vera, un recueil de nouvelles de fantasy, a priori voué à un simple succès d’estime... Un site Internet de fans d’imaginaire aura raison avant tous les autres, et lui décerne son Prix annuel. Actu SF, le site d’imaginaire le plus fréquenté du Net, sonne aussitôt l’alerte. La plupart des professionnels laissent dire... Mais, entre temps, le bouche à oreille a fait son office et, en moins d’un an, le tirage est épuisé. Aussitôt, Gallimard décide de le rééditer dans sa célèbre collection de poche, Folio. Gagner la guerre, son premier roman, va laisser sans voix presque tout ce que la critique française compte encore de compétences... Les lecteurs de Janua Vera, déjà conquis, vont retrouver le personnage de Benvenuto Gesufal, tueur à gages cynique et habile, devenu un narrateur particulièrement bien placé pour nous révéler les intrigues et les crimes qui se nouent dans chaque grande famille de Ciudalia ! Le ton, machiavélique, du roman est donné par la quatrième de couverture, qui reprend l’un de ces morceaux de bravoure que Don Benvenuto accumulera au long des chapitres pour le plus grand plaisir du lecteur : «Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d’orgueil et d’ambition, le coup de grâce infligé à l’ennemi n’est qu’un amuse-gueule. C’est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c’est au sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon... » Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 8 Après Janua Vera, le recueil qui inaugure ces passionnants « Récits du vieux royaume », Gagner la guerre (Prix Imaginales 2009) impose une incroyable machine fictionnelle où tout s’agence comme à la manœuvre : style impeccable, sens de la narration, capacité à enchaîner les rebondissements, maîtrise totale du dénouement... Les coups de théâtre s’enchaînent alors, révélant aussi une construction exemplaire. Même pas mort (Les Moutons électriques), premier volume d’une éblouissante trilogie celte, a confirmé cette « sucess story » à la française, et lui a valu en 2014 un second prix Imaginales. Dernièrement Le Sentiment du fer, recueil de nouvelles est paru chez Hélios (2015). BRUNO RICCI Il est diplômé de l’École Supérieur d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg (Promotion 1992). Au théâtre, il joue avec Jean-Louis Hourdin, Gildas Bourdet, Laurent Lafargue, Joël Jouanneau, Jean-Marie Villégier, Christophe Perton, Michel Didym. Pendant deux ans, il joue Comment réussir un bon petit couscous, écrit et mis en scène par Fellag. Il écrit et interprète Peppino dans une mise en scène de Mario Gonzales. Il fait ses débuts au cinéma dans L’Appartement aux cotés de Monica Bellucci et Vincent Cassel, il joue également dans Cash d’Éric Besnard et La Loi De Murphy de Christophe Campos en 2009. Suivent les tournages de La Tête En Friche de Jean Becker, Captain America : the first avenger, de Joe Johnston (2010), Le Capital de Costa-Gavras (2012), Three days to kill de Joseph Mc Ginty Nichol (2012) et La Confrérie des Larmes de Jean-Baptiste Andrea (2013). Parallèlement à sa carrière cinématographique, Bruno Ricci mène brillamment sa barque au petit écran et figure au casting de nombreuses séries. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 9 MEURTRES DE LA PRINCESSE JUIVE BON TITRE, PUBLICITÉ MENSONGÈRE : 11 3 > 11 NOV GRANDE SALLE Avec Luc-Antoine Diquéro Et Ariane Berendt, Marie Brugière Tristan Cottin, Léo Grange Léonie Kerckaert, Amaranta Kun Lorenzo Nieddu, Marion Pastor Gabriel Rouvière, Chloé Sarrat Alexandre Servage Assistanat à la mise en scène Élodie Chamauret Scénographie Caroline Frachet Laure Montagné Son Caroline Mas, Estelle Lembert Lumières Pia Marmier, Théo Tisseuil Costumes Adélie Antonin,Gabrielle Marty Assistanat à la conception des costumes Fanny Buchs Régie plateau Laure Montagné Coupe, réalisation et régie de production des costumes Bettina Amstutz Nina Aubanel, Coline Bavois Sofia Bencherif, Isabelle Fos-André Océane Gerum, Claire Gollentz Margaux Haffner, Juliette Le Soudier Philippine Marret, Laurine Petito Fleur Peyfort, Charlotte Torres Alice Verron, Chloé Vos Construction du décor Lucie Auclair Juliette Desproges, Rudy Gardet Marianne Joffre, Élodie Quenouillère Irène Vignaud, Jordan Vincent Coproduction Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture ENSATT - École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre 2H30 (durée estimée) CRÉATION Dès 15 ans 23 > 30 JUIN 2016 ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES ARTS ET TECHNIQUES DU THÉÂTRE (ENSATT) STUDIO LERRANT DE ARMANDO LLAMAS / MISE EN SCÈNE MICHEL DIDYM COLLABORATION LUC-ANTOINE DIQUÉRO ÉLOGE DES ENTRE DEUX Serge entame un voyage lointain au Pakistan, sans doute pour oublier que son amant Raoul l’a quitté. Cette quête assez ordinaire de l’amnésie - comme si voyager revenait à perdre la mémoire de la douleur amoureuse - croise plusieurs autres fils narratifs qui entretiennent entre eux des relations discrètes et même parfois secrètes. Ainsi découvre-t-on la relation entre Albertine et Suzanne, ou celle de l’homme d’affaires suisse M. Schultz et de sa femme ; de cette Madame Schultz et d’un jeune homme canadien ; de celle entre Esther et Eulogia, de celle entre Lakhsmi et de son mari Ali, ou même de celle de Jacques et d’ouvriers pakistanais, de celle entre Roger, le serveur du café et de sa femme. La violence circule. Tous les couples croisés en chemin ont fait ou font l’expérience de la violence, sous diverses formes, dans la relation à leur(s) partenaire(s). Les vingt points de suture qu’a subis l’idéaliste Jacques, victime de ses amis pakistanais, Albertine les connaît aussi mais autrement, dès la scène d’ouverture en forme de « genèse ». Lakshmi, la femme d’Ali, n’est pas explicite sur ce qu’elle a subi, mais elle fuit le Pakistan avec son bébé en compagnie de Serge. Au passage Llamas évoque la « locataire du château de Wildfeld », allusion au premier roman féministe d’Anne Brontë qui racontait justement les mésaventures d’une femme qui quitte son mari abusif et débauché. Dans la scène du « café triste », le serveur sentimental regrette l’absence de tendresse et se plaint d’être considéré comme un morceau de viande ou un paquet de muscles. Quand les uns ou les autres se laissent aller à philosopher, ils en viennent tous à rêver de relations parfaites, plus amicales que passionnelles, peut-être même dénuées de désir sexuel. Sans doute faut-il considérer avec un brin d’humour, Armando Llamas faisant l’apologie de la relation platonique. En tout cas, il ne se prive pas de mettre en jeu des personnages violemment punis de s’abandonner aux joies d’une rencontre fugitive, tel le malheureux jeune canadien, à peine une silhouette croisée dans un aéroport, assassiné par une (pourtant) honnête mère de famille suisse, heureuse de faire plaisir à son mari. À qui se fier, donc, dans cet univers de l’entre-deux, des entre deux, véritable sujet de la pièce ? Comment vivre à deux, entre deux pays, entre deux voyages, entre deux sexualités ? Les étrangers se croisent, s’insultent ou sympathisent, et le jeu des apparences est une fois de plus trompeur. Les citoyens des pays réputés sages ne le sont pas toujours, et les athlètes taillés pour l’amour aiment tenir des discours fleur bleue. Quant aux femmes, quand elles ne sont pas abusées par des débauchés, elles sont définitivement dénuées d’illusions, et, loin de tout projet d’arrimage, elles repartent en voyage. Le voyage, ce mouvement perpétuel, est sans doute une solution pour fuir la banalité grise, mais elle vous rattrape vite, dès que l’on sort des rassurantes zones de transit, espaces de l’entre-deux par excellence. Mieux vaut en sourire, pourtant. Il ne s’agit pas d’une pièce triste, mais d’une comédie douceamère, qui ne ressemble à aucune autre. Armando Llamas, qui ne s’interdit décidément rien, fait se croiser les destins, les genres et les styles. La parole est tour à tour ordinaire, lyrique, vulgaire, elle rompt avec ce que l’on attend des personnages et de ce qui est raconté, avec une belle allégresse, comme si elle apparaissait au fil de la plume. Ce serait un étrange ballet baroque des impossibles amours ; une ballade du café triste où les Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 10 serveurs ont des états d’âme et où passent toutes sortes de silhouettes croquées dans notre quotidien. Ce serait une ode aux voyageurs qui prennent le risque de l’altérité ; ce serait la comédie des erreurs amoureuses, et ça nous ferait sourire. Celui ou celle qui a pris parti pour le père périra par le père. Le père est un leurre. Pourtant l’humanité entière se fait chier à cause du père. Les princesses font obstacle à toute vie. Mes personnages essayent d’y échapper. Quelques-uns réussissent. D’autres échouent. Des destinées se tissent en pure perte. Mais n’est-ce pas l’amour la perte la plus grande à laquelle on puisse prétendre ? Armando Llamas Sissi impératrice ou Guernica. Romy Schneider ou Picasso. Comme s’il était impossible d’aimer les deux. Le jardinier de Lisbeth est complètement pétée somme les trois collégiennes de choisir leur « tendance ». Entre le populaire et le classique, le bon goût et le kitsch. Autant de précipices de style dans lesquels Armando ne tombe pas. Les êtres qu’il fait évoluer sur scène ne sont jamais innocents de l’histoire de l’Art et s’ils peuvent - comme leur auteur - évoluer dans des univers postmodernes raffinés comme dans les zones les plus troubles des séries B, voire des séries Z, leur rapport à la culture est toujours conscient. Leur maîtrise du politique est affirmée. Le choc de la pensée classique et des formes d’expressions les plus contemporaines amène l’écriture d’Armando Llamas dans, des paysages dramaturgiques tout à fait singuliers, où le technicolor se fond au réalisme social. On appelle ça un style, on pourrait presque dire qu’il fait école. Toutes les micro-implosions de sens générées par cette langue sont à la source d’une écriture si dense que toujours l’on a pu constater des attitudes extrêmement radicales, d’enthousiasme ou de rejet. Intelligence et sens critique. Ce que de nombreux critiques et dramaturges constatent, c’est qu’il s’agit d’une œuvre extraordinairement ouverte et qu’il faudra de nombreuses générations pour épuiser les richesses de ce texte magique où jamais il n’est question de sexe mais d’amour, de toutes les dérives de la pensée amoureuse, de tous ses abîmes et de tous ses égarements. Depuis plus de six ans je viens régulièrement voir les travaux de l’ENSATT et j’ai été conquis par la génération qui va sortir. Elle possède des qualités extraordinaires qui peuvent s’accorder parfaitement au génie d’Armando Llamas. C’est avec cette troupe et Luc Antoine Diquéro que nous avons décidé de nous lancer dans cette comédie politique. Paris, Budapest, Hiroshima, Mantes-la-jolie, Abu Dhabi seront quelques uns des lieux que nous allons traverser ensemble. Ce spectacle viendra clore l’apprentissage d’une génération en les inscrivant aussi socialement dans la vie artistique de notre pays. Michel Didym ARMANDO LLAMAS - AUTEUR Né en 1950 à Santibanez dei Bernesga (Espagne), il vit en Argentine de 1951 à 1973, année où il s’installe en France. Journaliste de formation, artiste aux multiples facettes, il peint, écrit, s’intéresse à la dramaturgie, joue. On lui doit ainsi les paroles de nombreuses chansons, pour des interprètes argentins, espagnols, mexicains ou français - notamment les Rita Mitsouko -, des articles de presse dans Le Monde, Libération, le Magazine littéraire, etc. et quelques scénarios. Dans les théâtres, il a mis en scène ses premières pièces à Paris, a travaillé à l’administration de l’Athénée-Louis Jouvet (1979-1981) et a été dramaturge de Claude Régy aux Ateliers contemporains (1981-1988). Dans le même temps, il a été lecteur pour la revue l’Action Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 11 théâtrale, conseiller littéraire de la revue du Théâtre National de la Colline, puis conseiller artistique des rencontres de Brou à Bourg-en-Bresse en 1990. Boursier à deux reprises du C.N.L. (1984, 1986), puis de la Fondation Beaumarchais (1993), il est invité la même année en résidence par l’Institut Français de Vienne. À partir de 1993, il vit en Espagne et participe à plusieurs mises en scène de ses pièces et adaptations. Llamas écrit son œuvre théâtrale en français. Certaines de ses pièces sont montées par Stanislas Nordey, Philippe Adrien ou Michel Didym. Il collabore à la Mousson d’été, festival des écritures contemporaines à Pont-à-Mousson. Plus tard, l’auteur espagnol apprend qu’il est atteint du VIH. C’est une découverte qui bouleversera son écriture. La première œuvre sur laquelle il se penche après cette douloureuse nouvelle est Trente et une pièces autobiographiques, parue en 2000 aux éditions Relié. Suivront les pièces Gustave n’est pas moderne et Lisbeth est complètement pétée. Armando Llamas succombe de sa maladie en 2003, à l’âge de cinquante-trois ans. Avant sa mort, l’auteur travaillait sur l’œuvre intitulée L’Amour renaît des os brûlés des Sodomites qu’il n’a pas eu le temps de terminer. MICHEL DIDYM - METTEUR EN SCÈNE ET COMÉDIEN Comédien et metteur en scène de théâtre et d’opéra, il est directeur artistique de la Mousson d’été et de la Maison européenne des écritures de théâtre contemporaines. En 1989, lauréat du prix Villa Médicis-Hors les murs, il dirige plusieurs ateliers à New York et à San Francisco sur des textes contemporains français. Désireux d’approfondir sa relation avec le théâtre contemporain, il fonde en 1995 avec sa Compagnie Boomerang La mousson d’été, événement annuel destiné à la promotion des écritures contemporaines, qui a lieu fin août à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson. En 2001, il fonde La Meec (Maison européenne des écritures contemporaines) qui a pour mission de favoriser l’échange de textes, la traduction d’auteurs français et européens et leur création. Depuis 1990, il a mis en scène de nombreux textes, principalement contemporains. Ses dernières créations : Le Mardi à Monoprix de Emmanuel Darley et Invasion ! de Jonas Hassen Khemiri (Suède) en 2009, Le tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé en 2010, Confessions sur le mode d’un théâtre intime, presque privé, où le spectateur se retrouve seul face à un acteur l’espace d’une confidence, Chroniques d’une haine ordinaire d’après Pierre Desproges en 2011. En juin 2012, il met en place un nouveau rendez-vous : le Théâtre d’Été. À cette occasion, il créé et joue - aux côtés de Catherine Matisse - Savoir-vivre d’après des textes de Pierre Desproges. En octobre, il présente Comparution immédiate d’après les chroniques judiciaires de Dominique Simonnot. En avril 2014, à l’occasion du Festival RING (Rencontres Internationales des Nouvelles Générations), il propose un spectacle où il place le spectateur en position de jury avec Examen, une commande d’écriture à dix auteurs français et allemands. Ce travail s’inscrit dans la suite de Divans et Confessions. En janvier 2013, il réunit Romane Bohringer et Richard Bohringer dans une mise en scène du texte d’Angela Dematté J’avais un beau ballon rouge. La même année, le « Palmarès du Théâtre » a décerné le prix « Coup de cœur du Théâtre public » à Richard Bohringer et Romane Bohringer pour leur interprétation dans ce spectacle. En janvier 2015, il crée Le Malade imaginaire de Molière au Théâtre national Nancy Lorraine - La Manufacture. Le spectacle a été présenté en France, en Belgique, en Allemagne, en Suisse et en Chine. Dernièrement il créé Sales gosses de Mihaela Michailov (décembre 2015), Krise Expert en avril 15, dans le cadre du festival RING et Meurtres de la princesse juive, bon titre, publicité mensongère d’Armando Llamas à l’ENSATT en juin 2016. Michel Didym est directeur du Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture depuis le 1er janvier 2010. Il y instaure de nouveaux événements comme le Festival RING (Rencontres Internationales des Nouvelles Générations), Neue Stücke (Semaine de la dramaturgie allemande), et le Théâtre d’été (spectacle itinérant en Région Lorraine, au Luxembourg et en Allemagne). Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 12 NEUE STÜCKE SEMAINE DE LA DRAMATURGIE ALLEMANDE DU 15 AU 18 NOVEMBRE 2016 Neue Stücke est réalisé en partenariat avec le Goethe-Institut Nancy, le Badisches Staatstheater de Karlsruhe, Nancy Jazz Pulsations, l’Institut Européen de Cinéma et d’Audiovisuel (IECA), Sciences Po Paris, Campus de Nancy, l’Université de Lorraine, le Conservatoire régional du Grand Nancy et la MG EL. Neue Stücke est devenu un temps fort régulier autour de la culture allemande, en favorisant les échanges entre auteurs français et allemands ainsi que les créations franco-allemandes. Cette année, nous vous proposons des rencontres, des concerts, des performances, deux spectacles phares et un nouvel épisode de Krise Expert, avec des nouveaux textes dramatiques français et allemands qui seront présentés avec le soutien du Goethe-Institut. 15 NOV GRANDE SALLE 1h30 - spectacle en allemand surtitré en français ICH BEREUE NICHTS (Je ne regrette rien) Accusé par le gouvernement américain de trahison et d’espionnage après avoir révélé en 2013 le détail des écoutes massives opérées par la CIA et la NSA, Edward Snowden est aujourd’hui en exil. Informaticien de talent, il refuse d’être le simple rouage d’un système de surveillance affolant et nous donne par là une leçon de conscience et de responsabilité. L’acteur Thomas Halle restitue avec subtilité ce que peut être le questionnement d’un de ces lanceurs d’alerte (whistleblowers), nouveaux justiciers d’un monde où la transparence affichée peut cacher de redoutables opacités. Un projet de Jan-Christophe Gockel, Thomas Halle et Konstantin Küspert Mise en scène Jan-Christoph Gockel Avec Thomas Halle et Angela Pfützenreuter, Julia Marquardt, Valentina Luzi Scénographie et costumes Julia Kurzweg Musique Matthias Grübel Dramaturgie Konstantin Küspert, Marlies Kink Pédagogie théâtrale Verena Lany Production Badisches Staatstheater de Karlsruhe DEMOCRACY – IM RAUSCH DER DATEN Sur le mode d’un thriller politique, le captivant documentaire de David Bernet, Democracy – Im Rausch der Daten (Democratie – Le vertige des données), emporte le spectateur dans le monde étonnant et complexe du processus législatif du Parlement européen. Le film retrace, à travers l’engagement de personnalités politiques pour la défense des citoyens contre les dangers du monde digital, le long travail qui a pu aboutir à la loi sur la protection des données personnelles. 16 NOV GRANDE SALLE 1h40 - film en VOST français En présence du réalisateur Un film en lien avec Ich bereue nichts En partenariat avec l’IECA Nancy Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 13 MANU JAZZ CLUB MAXIME BENDER 4TET Ses précédents projets ont permis de révéler ses différentes facettes en tant que compositeur et leader. À présent, le talentueux saxophoniste Maxime Bender franchit un pas décisif hors des sentiers battus du jazz. Dans un quartet de musiciens venant du Luxembourg, de Suisse et d’Allemagne, la sécurité des structures harmoniques et rythmiques qui constituent généralement l’identité d’un quartet de jazz est dissoute et recyclée en une musique plus libre, nouvelle et très excitante. Cette dernière laisse place à des espaces de composition spontanée et à une communication musicale instantanée 17 NOV LA FABRIQUE concert Maxime Bender Saxophone Simon Seidi Piano Oliver Lutz Contrebasse Silvio Morger Batterie JEDERMANN RELOADED Un acteur accompagné de deux musiciens incarne avec gourmandise les vingt personnages de ce classique allemand où un homme riche rencontre le personnage de la mort et tente de négocier un sursis. Philipp Hochmair et sa bande revisitent l’œuvre en performance rock-disco-punk sans négliger sa puissante dimension existentielle. Unanimement salué en Allemagne comme un événement, ce spectacle, interprété en français et en allemand, nous apporte une pensée alerte et du plaisir à partager. 18 NOV GRANDE SALLE 1h45 - Concert-performance surtitré en français Performance suivie d’un concert au bar du théâtre D’après Jedermann de Hugo von Hofmannsthal (1911) Avec Philipp Hochmair, Tobias Herzz Hallbauer, Jörg Schittkowski (Elektrohand Gottes) Lumières et régie générale Hanns Clasen Traduction Jill Strasmann Production Philipp Hochmair Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 14 COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS BERNARD-MARIE KOLTÈS / LAURENT VACHER 15 22 > 25 NOV GRANDE SALLE De Bernard-Marie Koltès Mise en scène Laurent Vacher Avec Quentin Baillot Daniel Delabesse, Dorcy Rugamba Stéphanie Schwartzbrod Collaboratrice à la mise en scène Adèle Chaniolleau Scénographie Jean-Baptiste Bellon Création sonore Michael Schaller Création lumière Victor Egea Costumes Marie Odin Maquillage Catherine Saint Sever Régisseur général Cédric Marie Administration et production Véronique Felenbok et Clara Prigent Relations presse et extérieures Olivier Saksik Production Compagnie du Bredin Coproduction Théâtre Ici&LàMancieulles, Château Rouge – Annemasse Avec le soutien de l’ADAMI La Compagnie du Bredin est subventionnée par la DRAC Lorraine – Ministère de la Culture et par la Région Lorraine w 2H30 - Dès 14 ans LÀ COMMENCE L’HISTOIRE Quelque part en Afrique. L’arrêt d'un chantier. Un pont «inachevable». Des gardiens sur des miradors, une porte qui claque, un coup de feu, un chien qui aboie, un camion qui roule trop vite, un geste maladroit, une parole qui blesse, un ouvrier mort. Horn, soixante ans, chef de chantier, patron ou du moins faisant office de - fait venir une femme de France : Léone. Il lui a promis le mariage, bien qu'il soit impuissant. Léone a suivi Horn voyant là l’occasion de changer de vie, de laisser enfin ce qu'elle a raté derrière elle. Elle n'attend plus rien des choses de l'amour, mais se surprend à avoir du désir pour Alboury. Alboury, lui ne fait pas confiance aux Blancs. Il n’a qu'un but : chercher le corps de son frère mort, ouvrier sur le chantier, assassiné par Cal. Cal, la quarantaine, alcoolique naufragé ayant raté sa carrière, se regarde s’enfoncer, les pieds dans la boue. Horn sait que Cal a tué le frère d’Alboury. Il doit gagner du temps, et corrompre Alboury, qui ne partira pas sans le corps de son frère. Quatre personnages, piégés dans cet enclos, épiés par des gardiens invisibles et menaçants. L’histoire dure une nuit, juste une nuit où chacun affûte ses arguments, affine ses coups et charge ses armes. Laurent Vacher « J'avais besoin d'aller en Afrique pour écrire tout, n'importe quoi... pour moi l'Afrique, c'est une découverte essentielle, essentielle pour tout. Parce que c'est un continent perdu, absolument condamné... Et puis il y a un degré de souffrance... Quand on pense qu'il y a des mômes qui passent toutes leurs journées à faire l'aller jusqu'au puits et le retour du puits on se dit : mais comment peut-on encore s'intéresser à des problèmes sentimentaux... Ils passent leurs journées à ça et ils meurent à la fin en ayant passé leur vie entière à chercher de l'eau : je vous jure que ça vous remet à votre place. » Bernard-Marie Koltès Je me suis immergé à plusieurs reprises en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, et notamment au Tchad. L'histoire douloureuse de ce pays, le désastre de la colonisation comme le mythe de la coopération y ont laissé des blessures profondes, qui ne se refermeront pas de sitôt. Des cultures ont été brisées par la colonisation, par l’appétit des colons qui se sont approprié toutes ces richesses. La décolonisation n’a laissé qu'un modèle de pouvoir où la corruption et l’autoritarisme font office de référence. Des deux côtés, nous avons appris à vivre avec, à nous mépriser les uns les autres, à souffrir mille douleurs. Malgré de vains efforts pour rester sourds et aveugles face à un tel constat, la fracture est là : la misère des uns soutient la richesse des autres. Combat de nègre et de chiens parle sûrement moins de l'Afrique que du rapport des occidentaux et plus particulièrement de la France à cette Afrique. En ce début de siècle, qui désespérément cherche une nouvelle voie, la pièce nous raconte la faillite du siècle précèdent. Il ne s'agit pas de se réfugier dans le passé, ou de courir comme des chiens fous vers le futur, mais de parler du présent. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 15 (...) Bernard Marie Koltès ne théorise pas au sujet du monde en général, il parle des gens, des êtres humains qui, sur la complexité du monde, se débattent et survivent. Il décrit des personnages qui nous sont proches, nous montrant leurs failles, qui ressemblent étrangement aux nôtres. Il nous livre ici une vision poétique de l’être humain. Dans cette quête insatiable d'une nouvelle humanité, il nous redonne espoir. Laurent Vacher Bien sûr que je déteste le théâtre, parce que le théâtre ce n’est pas la vie; mais j’y reviens toujours et je l’aime parce que c’est le seul endroit où l’on dit que ce n’est pas la vie. Bernard-Marie Koltès APRÈS LE WESTERN J’ai toujours était fasciné par « Il était une fois dans l’ouest », par le rythme de ses lourds silences. Mon imaginaire a toujours peuplé ces silences de cris de souffrance, d’airs d’opéra, de morceaux de rock. Les personnages enfermés dans leurs histoires de vengeance, les regards irradiant la violence, l’héroïsme ou encore la bêtise, tant de raisons placent ce western dans ma salle des trésors. À chacune de mes lectures de Combat de nègre et de chiens, je pense à ce film. Se superposent dans les deux œuvres ces sensations d’apparition, un mystère qui y plane, des histoires qui se télescopent révélant des liens de haine ou d’amour. « Il était un fois dans l’ouest » se passe des mots, et fait parler les colts. Dans Combat de nègres et de chiens, les mots et les paroles jaillissent en rafales, précises et meurtrières. Laurent Vacher BERNARD-MARIE KOLTÈS Bernard-Marie Koltès est né dans une famille bourgeoise de Metz. Fils de militaire de carrière, il voit très peu son père durant son enfance. Supportant mal l'éloignement de sa famille, il vit difficilement sa scolarité au collège en pensionnat. Il effectue son premier voyage au Canada à 18 ans, voyage qui le marqua profondément. Il s’initie à la musique de Johann Sebastian Bach avec l’organiste Louis Thiry. Il voit, à l’âge de vingt ans, Maria Casarès dans Médée. Désirant devenir acteur, il passe le concours d'entrée du Théâtre national de Strasbourg (TNS) mais il n'est pas admis. Il envoie sa pièce Les Amertumes, écrite d'après Gorki, à Hubert Gignoux, alors directeur du TNS, qui impressionné par le talent de Koltès, lui propose d’intégrer l’école; il y entre en section régie, mais fonde très vite sa propre compagnie pour laquelle il commence à écrire et à mettre en scène ses pièces : le « Théâtre du Quai ». En 1970, il écrit L’Héritage que Maria Casarès lit pour la radio. Ses premières pièces, expérimentales, ne connaissent pas le succès et Koltès les reniera lorsqu'il évoluera vers un style plus narratif à la fin des années 1970, notamment à partir de Combat de nègre et de chiens. Entre un passage au Parti communiste français (1975-1978), de nombreux voyages en Amérique latine, en Afrique et à New York, Koltès crée de nombreuses pièces, comme le long monologue écrit pour Yves Ferry, La Nuit juste avant les forêts, qui est monté en OFF au Festival d'Avignon en 1977 par l’auteur, puis, à sa demande, par Moni Grégo au CDN de Lille. Son théâtre, en rupture avec celui de la génération précédente, met en scène la perpétuelle tentative de communication entre les hommes. Koltès a conçu le personnage de Roberto Zucco à partir de l’histoire réelle du tueur Roberto Succo. Au début des années 1980, il rencontre Patrice Chéreau, qui devient son metteur en scène. Mais l’écrivain, malade, meurt Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 16 en 1989 suite à des complications liées au SIDA. Bernard-Marie Koltès, dont les textes sont traduits dans une trentaine de langues, est un des dramaturges français les plus joués dans le monde. Avec Retour au désert, il entre au répertoire de la Comédie-Française, dans une mise en scène de Muriel Mayette-Holtz. En février 2015, les manuscrits et les archives personnelles de Bernard-Marie Koltès sont données au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France par son frère François Koltès. LAURENT VACHER Après des débuts laborieux dans la mécanique, le commerce des produits maraîcher, coursier, militaire, surveillant de sieste, tueur, manutentionnaire, réparateur de dériveur, producteur etc... Laurent Vacher prend des cours de théâtre à l’école Jacques Lecoq puis chez Andréas Voutsinas. Il joue dans plus d’une vingtaine de spectacles, puis petit à petit se lance dans la mise en scène et créé sa compagnie : La compagnie du Bredin en 1998 avec la création Les Oranges d’Aziz Chouaki. En plus de son activité en France, Laurent Vacher met régulièrement en scène des spectacles à l’étranger : Tchad, Paraguay, Mauritanie, Mali... LA COMPAGNIE DU BREDIN Laurent Vacher a créé la compagnie du Bredin en 1998. Après trois ans de résidence, une saison en artiste associé au Carreau-Scène nationale de Forbach, une résidence au Théâtre Gérard Philippe de Frouard, la compagnie est actuellement en résidence au Théâtre Ici&La, à l’action culturelle du Pays de Briey. Elle mène sur le territoire un véritable projet d’investigation locale mettant en jeu l’histoire architecturale avec celle de l’urbanisme industriel de la région. Par ailleurs, Laurent Vacher est conseiller à la Mousson d’Eté depuis sa création : comité de lecture, choix des comédiens et organisation artistique de la manifestation. Il conseil et collabore avec le secours populaire pour la mise en place d’ateliers et de sorties culturelles et artistiques en direction de public en difficulté. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 17 TOM À LA FERME MICHEL MARC BOUCHARD JESSICA CZEKALSKI ET ALEXANDRE DOLLE 17 29 NOV > 9 DÉC LA FABRIQUE De Michel Marc Bouchard (Éditions Théâtrales) Mise en scène Jessica Czekalski et Alexandre Dolle Avec Laure Budzinski, Alexandre Dolle, Maxime Keller, Nadine Ledru Chorégraphies Camille Michel Régie plateau Anna Moriot Création Sonore Maxime Keller Création lumière Élise Lih Drouet Scénographie Martin Clor Production Compagnie Stasima Production déléguée Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture Texte publié aux éditions Théâtrales, éditeur et agent de l’auteur 1H50 - Dès 15 ans L'HISTOIRE Tom, jeune publiciste, se rend à la campagne dans la famille de son compagnon décédé accidentellement, afin d’assister aux funérailles de celui-ci. Arrivé sur place, il réalise que personne ne connaît son existence ni le lien le liait au défunt. Il se trouve alors pris dans un stupéfiant jeu de rôle organisé et toxique, qui le fascinera autant qu’il l'effrayera. Mettre en scène Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard est un désir qui m'habite depuis deux ans. À la première lecture de cette pièce, il m'est apparu qu'elle enfermait tout ce qui me semble indispensable au théâtre : des personnages forts et dépassés par les situations dans lesquelles ils se sont enfermés, des relations entre eux qui ne passent pas nécessairement par le dialogue, une ambiguïté continue entre chacun d'entre eux, et un message contemporain sur la vie d'aujourd'hui, la différence et les difficultés à communiquer. Il m'a alors semblé que je manquais encore de maturité artistique pour m'attaquer à un tel monument. C'est pourquoi j'ai attendu d'évoluer encore un peu, de comprendre ce que mon regard et mes partis pris pouvaient apporter à cette œuvre, avant de me lance pleinement dans ce travail. Je me suis alors entouré des comédiens qui m'ont paru pouvoir apporter chacun à leur personnage. Une chorégraphe a rapidement intégré l'equipe, afin de travailler les parties dansées ainsi que toutes les transitions que j'apporte à la mise en scène principalement basés sur le corps et la possibilité de transmettre et de communiquer à travers celui-ci. Il m'a ensuite semblé essentiel d'intégrer le personnage du défunt. Non pas comme un « esprit », un « fantôme » ou autre apparition mystique, mais tout simplement comme une présence qui habite cette ferme isolée et qui reste au centre de toute l'histoire. C'est pourquoi j'ai voulu intégrer dans la scénographie ce mur transparent, à travers lequel nous pouvons voir à plusieurs moments des ombres, que ce soit celle de Francis dansant avec le défunt au tout début de la pièce ou celle du défunt lui-mème, dansant lorsque la tension monte, comme pour comprendre ce que lui ressent également, à travers tous les passages clefs de l'œuvre. La cuisine, la chambre de Francis et l'extérieur sont les trois espaces présents sur scène. Les personnages passent ainsi d'une partie à l'autre tout au long de l'histoire. J'ai pris le parti de mettre en avant les transferts que chaque personnage réalise sur un autre. Tom faisant un transfert de son amant sur le fière de. celui-ci, Agathe faisant un transfert de son fils décédé sur Tom, Francis faisant un transfert de son frère disparu sur Tom. Concernant Sara, il m'a semblé qu'il était plus intéressant d'en faire un personnage fort, intelligent, embarqué dans une-histoire qu'elle ne contrôle plus, plutôt que d'en faire une midinette qui ne réfléchit pas. Elle est la clef d'un certain dénouement et en faire un personnage secondaire aurait été un manque à la pièce. Tom à la ferme est ma prermière mise en scène d'une pièce intégrale. Il n'est nullement ici question de faire un copier-coller de ce que j'ai déjà pu voir sur cette œuvre, ni de faire une redite de l'adaptation- cinématographique, extrêmement réussie, réalisée par Xavier Dolan. J'ai voulu au contraire apporter un regard nouveau, motivé par la jeunesse, le travail, et Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 18 l'ambition de la compagnie, qui puisse apporter aux spectateurs ce que j'ai toujours considéré comme une œuvre réussie sur les planches, c'est à -dire- un beau moment de divertissement ainsi qu'une véritable réflexion sur des sujets forts qui suscitent la discussion et le débat à la sortie. ALEXANDRE DOLLE Il intègre la classe d'Arts Dramatiques au Conservatoire de Nancy en septembre 2010. C'est là qu'il étudie des œuvres telles que Le songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, L'échange de Paul Claudel ou encore Ubu roi d'Alfred .Jarry. Il y découvre également l'art du masque, du clown et de I'improvisation à travers la classe de Boutros El Amari, domaine qu'il approfondira par un stage encadré par Hélène Cinque au théâtre du soleill. En 2012, il travaille avec la compagnie "Les gueules de Gluck" dans laquelle il interprète le rôle de Raphaël Blondin dans leur création originale A traveler man de Jean-Baptiste Aubert et Aurélien Munier. II enchaîne ensuite avec le rôle d'lsmaïl dans Croisades de Michel Azama dans une mise en scène de Christophe Pichard puis dans Ie rôle d'Octave des Caprices de Marianne. Il collabore également avec le réalisateur Hugo Le Gourrierec avec lequel il tournera La tombée des masques puis Anna, sélectionnés dans plusieurs festivals. Durant cette période, il travaille également sous la direction de Michel Didym, directeur du Centre Dramatique National de Lorraine, dans trois créations originales : Confessions en 2012, Divans en 2013 puis Examen de 2014 à 2016. Il crée en novembre 2015 le spectacle Je veux tout vivre, avec Laure Budzinski et Camille Michel, pour la compagnie Stasima dont il est le directeur artistique. Parallèlement, il retrouve Michel Didym dans sa dernière création Sales gosses, de Mihaela Michailov où il assure l'assistanat à la mise en scène. JESSICA CZEKALSKI Jessica a obtenu un baccalauréat option théâtre à Sarreguemines en 2012. Titulaire d'une licence Études culturelles et du diplôme universitaire d'études théâtrales à la faculté de lettres de Nancy, elle prépare actuellement un master de théâtre à I'université de Bordeaux . Elle travaille sous la direction de Michel Didym dans deux de ses créations, Divans puis Examen, où elle interprète tour à tour une comédienne déstabilisée dans son interprétation puis une jeune scientifique nymphomane postulant pour un voyage dans un autre univers. Elle établit par la suite un travail de recherche autour des textes Perceptions, d'Aiat Fayez et That moment, de Nicoleta Esinencu, dont elle proposera une perspective de mise en scène en décembre 2015. Elle collabore activement avec la compagnie Stasima depuis sa création. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 19 LA CANTATRICE CHAUVE EUGÈNE IONESCO / PIERRE PRADINAS 19 13 > 17 DÉC GRANDE SALLE De Eugène Ionesco Mise en scène Pierre Pradinas Avec Romane Bohringer Julie Lerat-Gersant Aliénor Marcadé-Séchan Matthieu Rozé, Stéphan Wojtowicz (distribution en cours) Scénographie Orazio Trotta Simon Pradinas Assistant à la mise en scène Aurélien Chaussade Production déléguée Compagnie Le Chapeau Rouge Coproduction Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin, Bonlieu Scène nationale Annecy, Acte 2, La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc, Centre Dramatique National Nancy Lorraine,La Manufacture 1H30 (durée estimée) Dès 10 ans « Une des raisons pour lesquelles La Cantatrice chauve fut ainsi intitulée, c’est qu’aucune cantatrice, chauve ou chevelue, n’y fait son apparition ». Eugène Ionesco, Notes et contre-notes RÉSUMÉ Il est neuf heures du soir‚ dans un intérieur bourgeois de Londres, le salon de M. et Mme Smith. La pendule sonne les « dix-sept coups anglais ». M. et Mme Smith ont fini de dîner. Ils bavardent au coin du feu. M. Smith parcourt son journal. Le couple se répand en propos futiles, souvent saugrenus, voire incohérents. Leurs raisonnements sont surprenants et ils passent sans transition d’un sujet à un autre. Ils évoquent notamment une famille dont tous les membres s’appelent Bobby Watson. M Smith, lui, s’étonne, de ce qu’on mentionne « toujours l’âge des personnes décédées et jamais celui des nouveaux nés». Un désaccord semble les opposer, mais ils se réconcilient rapidement. La pendule continue de sonner « sept fois », puis « trois fois », « cinq fois », « deux fois »... Mary, la bonne, entre alors en scène et tient, elle aussi, des propos assez incohérents. Puis elle annonce la visite d’un couple ami, les Martin. M et Mme Smith quittent la pièce pour aller s’habiller. Mary fait alors entrer les invités, non sans leur reprocher leur retard. (...) Ce qui est drôle dans cette œuvre, c’est déjà son soustitre, « anti-pièce » : d’après l’auteur, vous allez donc voir une pièce qui n’en est pas une, et non seulement ça, mais une pièce qui s’oppose à toutes les pièces écrites jusque-là… Et le fait est, les tentatives infructueuses trouvées sur internet le montrent : « La Cantatrice chauve » ne se résume pas. Monsieur et Madame Smith reçoivent les Martin à la maison... Tout est anglais dans cette histoire, les gens, la pipe, le fauteuil, le journal, jusqu’au dix septième coup de la pendule... Même le silence est anglais prévient l’auteur. Mais Ionesco, qui a eu l’idée de la pièce en apprenant justement l’anglais par une méthode bien connue écrit dans ses mémoires « si j’avais voulu et n’avais pas réussi à apprendre l’italien, le russe ou le turc, on aurait pu tout aussi bien dire que la pièce résultant de cet effort vain était une satire de la société italienne, russe ou turque ». Les Smith, donc, reçoivent les Martin à la maison... Ils parlent de choses et d’autres sans rien échanger de personnel, on pense d’abord à une comédie de boulevard, une pièce intimiste à thèse, et puis cela dérape... C’est cette situation à la fois banale et universelle que choisit Ionesco pour finalement écrire une des pièces les plus comiques du XXème siècle. Pourtant, les Smith et les Martin, ces « braves bourgeois » vivent un profond malaise. Ce qui fait ici la matière du comique n’est pas drôle, c’est l’inspiration angoissée de l’auteur, sans artifice, sans truc et sans blague, si proche de nous, qui nous amuse. C’est la critique des conventions théâtrales quelles qu’elles soient, des dialogues naturalistes, des petites morales... Plus qu’une satire du conformisme, Ionesco fait la «comédie de la comédie », selon sa propre expression. Et c’est réjouissant : il ne nous accable pas, il partage avec nous l’absurdité de nos postures, il nous fait rire de nous-même et ce n’est pas désespérant parce que grâce à lui, on se comprend mieux, et on est pris d’une furieuse envie de réagir. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 20 Le théâtre de Ionesco n’a pas pris une ride. La case « absurde » nous a souvent fait ranger son œuvre au rayon de l’extravagance : si c’est absurde, alors tout est possible, on peut tout dire mais ça ne veut rien dire. Or, le théâtre de Ionesco, c’est tout le contraire, il dit sans dire, il fait comprendre à la manière d’un tableau de Magritte, on est frappé par l’évidence de ce qu’il dépeint. Au mot « absurde », Ionesco préférait celui d’« étonnement ». Ce qui est absurde, en effet, ce n’est pas son théâtre, c’est le monde qu’on découvre dans le miroir qu’il nous tend : le nôtre. Et ce reflet ne vieillit pas. Mieux, il se réincarne au gré des métamorphoses de nos sociétés, et sous nos yeux étonnés, les Smith et les Martin continuent d’échanger des banalités sur leur radeau dérivant dans la houle... Cette pièce emblématique est un élément essentiel dans mon parcours de metteur en scène, je n’ai cessé d’y penser, de m’y référer dans ma pratique du théâtre. D’abord elle est une interrogation sur la raison d’être de la représentation elle-même, ensuite elle ouvre de nouvelles perspectives narratives et enfin, elle abolit la frontière traditionnelle entre tragique et comique. Depuis que je l’ai découverte, à mes débuts, je ne supporte rien au théâtre qui soit dénué d’humour ou d’une connivence avec le spectateur. Pour monter un texte tel que La Cantatrice chauve, j’ai réuni des acteurs très concernés et capable de travailler dans un esprit de troupe. C’est un nouveau registre pour Romane Bohringer avec qui nous réaliserons notre 8ème collaboration depuis 2002. Le rôle de la musique sera important dans mon approche de la pièce, c’est pourquoi elle sera composée spécialement pour ce projet. Pierre Pradinas, 28 février 2016 EUGÈNE IONESCO Auteur dramatique et écrivain français d’origine roumaine, Eugène Ionesco (1909-1994) est le fondateur de ce que l’on a appelé le « théâtre de l’absurde ». Ses premières pièces, ou plutôt «anti-pièces», dépourvues d’action, s’attachent à déstructurer le langage, symbole de l’aliénation, voire de l’exclusion. Bien que revenu à un langage plus classique dans la seconde partie de son œuvre, Ionesco continue à témoigner de son « étonnement d’être », dénonçant la matérialité de cette vie terrestre qui détourne l’homme de sa quête spirituelle. Opérant une fusion constante entre le comique et le tragique, mêlant de manière très subtile l’humour à une profonde désespérance, il invente un théâtre où le non-sens et le grotesque aboutissent au fantastique. Après des débuts difficiles, où ses premières pièces se jouent devant des salles vides, vient la reconnaissance internationale et son théâtre, plus particulièrement La Cantatrice chauve, Les Chaises, Rhinocéros et Le Roi se meurt, est traduit dans toutes les langues. Très impliqué dans la lutte pour les droits de l’homme, il publie des chroniques et parcourt le monde. Durant les années quatre-vingt et quatrevingt- dix, il s’adonne à la peinture, thérapie contre la dépression. Avant-gardiste mais publié de son vivant dans la bibliothèque de la Pléiade, Satrape du Collège de Pataphysique et membre de l’Académie française, clown et mandarin, Ionesco aimait à déstabiliser et demeure une personnalité complexe à l’image de son œuvre. Source : Bibliothèque Nationale de France Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 21 PIERRE PRADINAS auteur, metteur en scène Il crée la compagnie du Chapeau Rouge en 1978 à Avignon avec un groupe de comédiens dont Catherine Frot, Yann Collette, Thierry Gimenez, Alain Gautré, Jean-Pierre Darroussin... Il choisit et met en scène les pièces qu’elle produit. Baptisé du nom d’une rue d’Avignon où une salle de danse transformée en théâtre accueille ses créations, le collectif se fait connaître en France et à l’étranger. De 1985 à 1987, Pierre Pradinas dirige le Centre Dramatique Régional de Picardie. De 1992 à 1998, le Chapeau Rouge est en résidence au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry. De 2002 à 2014 Pierre Pradinas est directeur du Théâtre de l’Union, Centre Dramatique National du Limousin. Passionné par le travail avec les comédiens, il s’investit également dans la transmission. Il est ainsi à l’origine de la création de l’école du Passage avec Niels Arestrup en 1990. De 1995 à 1997, il enseigne l’art dramatique à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt). De 2002 à 2014, parallèlement au Théâtre de l’Union, il dirige l’Académie, École Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 22 ÉMILE FRIANT, UNE VIE DE PEINTURE PHILIPPE CLAUDEL / CHARLES VILLENEUVE DE JANTI 16 DÉC > 22 JAN MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE NANCY Carte blanche à Charles Villeneuve de Janti Parcours déambulatoire d’après Au revoir Monsieur Friant de Philippe Claudel et des correspondances du peintre Avec Michel Didym Coréalisation Musée des Beaux-Arts de Nancy, Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture Dans le cadre de l’exposition Émile Friant, le dernier naturaliste ? Présentée au Musée des Beaux-Arts de Nancy du 8 octobre 2016 au 30 janvier 2017 1H (durée estimée) Le Musée des Beaux-Arts de Nancy, prépare une exposition monographique dédiée au peintre Émile Friant. Le musée conserve depuis sa mort son fonds d’atelier. Outre une première exposition monographique en 1988 à Nancy, Friant a plus récemment fait l’objet d’une publication par le professeur Henri Claude et d’une exposition au Musée Georges de la Tour de Vic-sur-Seille, en 2005. L’artiste ne s’est enfermé ni dans le réalisme, ni dans un art pompier et l’exposition se propose de montrer la complexité de son art qui allie parfois une touche qui rappelle celle des Impressionnistes et un réalisme photographique. Les choix de ses compositions créent de temps à autre une atmosphère d’étrange mélancolie, avec des portraits d’une grande intensité psychologique. Comme nombre de ses contemporains, il céda aussi à l’appel des voyages, en particulier celui d’Orient. Le rapport à la photographie sera également évoqué. Qui a visité une fois au moins le Musée des Beaux-arts de Nancy se souvient de ce tableau fascinant, ouvrant les collections, à droite en entrant : La Toussaint. Un mendiant assis, une couverture sur les genoux, présente sa sébile à la porte du cimetière. À droite, tranchant l’air pâle de novembre, une famille vient fleurir ses morts, impeccablement vêtue de noir. L’enfant, en passant, tend une pièce au mendiant. Né à Dieuze, en 1863, Émile Friant, après les Beaux-Arts de Nancy, fuit les poses académiques. Il préfère saisir l’instantané. Féru de photographie, il s’inspire de ses cadres et de ses profondeurs de champ. Avant les Surréalistes, il parvient à capter l’étrangeté du réel, qui acquiert, dans son regard, une dimension presque fantastique comme dans Les Amoureux, sur la passerelle métallique, les voiles noirs et la tombe de La Douleur, Le Trimardeur, au bord de son abri sous la pierre. Il y a la Lorraine, la ville, Nancy, ses alentours, les canaux, les mariniers et les faubourgs, les salons et les boudoirs. Et puis, la guerre. Des gravures, des estampes, plusieurs vies de peinture, des doutes, des ruptures. Le Musée ouvre ses réserves et présente les nouvelles œuvres en sa possession à partir d’octobre 2016. Michel Didym, à douze reprises, lira, au cœur du musée et des tableaux, des extraits du livre de Philippe Claudel, Au revoir, Monsieur Friant. Un texte passionnant sur la vie de Friant, ses toiles et ses dessins, et ses propres souvenirs d’enfance. Il évoque sa grand-mère éclusière, qui connut le peintre, et se glisse dans une connivence intime avec Friant. CHARLES VILLENEUVE DE JANTI Charles Villeneuve de Janti, diplômé en muséologie (2004), est un ancien élève de l’École du Louvre et de l'Institut national du patrimoine (promotion Erik Satie, 2006). Nommé conservateur au Petit Palais en 2007, il y est chargé des collections d'arts graphiques des XIXe et XXe siècles. Il y est commissaire d'une exposition sur William Blake et travaille sur Félix Ziem. Il se voit confier la direction du musée des Beaux-Arts de Nancy en 2013. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 23 TABLEAU D'UNE EXÉCUTION HOWARD BARKER / CLAUDIA STAVISKY 10 > 13 JAN GRANDE SALLE De Howard Barker Mise en scène Claudia Stavisky Texte français Jean-Michel Déprats Avec David Ayala, Éric Caruso Geoffrey Carey, Christiane Cohendy Anne Comte, Valérie Crouzet Simon Delétang, Sava Lolov Philippe Magnan, Mickaël Pinelli Assistante à la mise en scène Louise Vignaud Scénographie et costumes Graciela Galán Lumières Franck Thévenon Son Jean-Louis Imbert (distribution en cours) Production Célestins - Théâtre de Lyon Coproduction Comédie de Caen CDN de Normandie, Comédie de SaintÉtienne - Centre dramatique national Avec le soutien du Grand Lyon, la métropole 2H (durée estimée) Dès 15 ans «La protagoniste, la femme peintre Galactia, avec qui tous les critiques sympathisent volontiers, y fait figure de pacifiste. Je suis tenté de me demander quelle aurait été la réception de la pièce si j’avais eu le courage et l’imagination de la représenter comme une apôtre de la violence.» Howard Barker, Le Culte de l’accessibilité et le théâtre de l’obscurité. « «L’art du théâtre» - se donne comme expérience viscérale avant d’être intellectuelle.» Howard Barker, Death, the One and the Art of Theatre. « La réflexion éthique est indissociable chez Barker de la recherche esthétique d’une forme nouvelle : l’omniprésence de la figure de l’artiste dans ses textes, comme la femme peintre Galactia dans Tableau d’une exécution. Devant le constat de la nécessité d’une forme neuve pour dire l’homme qui a découvert sa non-humanité, Barker s’emploie a inventer un nouveau langage de la scène, un nouveau théâtre. » Extrait de Introduction : Le théâtre de la Catastrophe et ses enjeux, Elisabeth Angel-Perez, Howard Barker et le théâtre de la catastrophe, ouvrage collectif, Editions Théâtrales. République de Venise, 1571, en pleine Renaissance. Galactia, femme et peintre, se voit commander un tableau monumental pour commémorer la bataille de Lépante et glorifier la victoire de l’État Vénitien sur l’Empire Ottoman. Au lieu de mettre en scène l’apologie du combat, elle choisit de peindre la vérité d’une guerre, sa réalité faite de chairs mortes et de corps à vif. Le troublant tableau vient alors heurter le politique, entraînant Galactia dans un duel où l’art se fait l’ennemi des mécaniques du pouvoir. Cru et cruel, Tableau d’une exécution fouille en une vingtaine de tableaux la sphère intime et publique de la création d’une œuvre d’art à travers le parcours tortueux d’une femme à l’état brut. Dans une langue d’une profondeur poétique sans concession aucune, vive et mordante, les mots dévoilent des corps sensibles, convulsifs, acérés. Rien n’est montré dans cette pièce et pourtant la poésie est toute entière sur le plateau. Peintre autant qu’auteur, Howard Barker confronte l’exécution d’une œuvre d’art à la mise à mort de l’expérience créatrice face au pouvoir politique. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 24 (...) Pouvez-vous, en quelques mots, présenter Tableau d’une exécution ? C. S. : En 1571, dans la République de Venise, une femme peintre, prénommée Galactia, se voit commander un tableau monumental en commémoration de la bataille de Lépante. Mais au lieu de glorifier la victoire chrétienne face à l’Islam, elle peint la vérité de la guerre, dans toute sa violence, son atrocité, sa morbidité. Bien sûr, le tableau heurte ses commanditaires. Galactia est alors entraînée dans un bras de fer où les impératifs de l’art s’opposent aux mécanismes du pouvoir. En une vingtaine de tableaux, à travers le parcours d’une femme à l’état brut, Howard Barker fouille les sphères intimes et publiques de la création d’une œuvre d’art. Il le fait dans une langue radicale et profondément poétique. Dans une langue vive, mordante, qui dévoile des corps et des êtres d’une sensibilité à fleur de peau. Voilà longtemps que vous pensez à mettre en scène Tableau d’une exécution. Pour quelles raisons cette pièce, davantage qu’une autre œuvre de Howard Barker, vous habite-t-elle ainsi ? C. S. : Pour moi, Tableau d’une exécution contient la totalité des thèmes qui composent l’œuvre de Howard Barker. C’est un véritable condensé des sujets qui le préoccupent, et qui me touchent : le rapport entre intime et politique, le parcours d’une femme complexe, jusqu’auboutiste, qui est, à certains égards passionnante, à d’autres détestable... Tableau d’une exécution est traversé, dans sa dimension tragique, par un souffle shakespearien. Un souffle qui éclaire intensément ce qui rend humain un être humain. Comme nous venons de le dire, ce théâtre ne s’applique pas à résoudre des sujets mais, au contraire, à éclairer des thématiques pour tenter d’en faire surgir un maximum de dimensions, de questionnements. Sur quelles perspectives ouvrent, selon vous, les sujets que vous venez d’évoquer ? C. S. : Sur la question fondamentale du rapport entre l’art et la politique, entre la sphère intime et la sphère publique. Sur le processus de création artistique. Sur la lutte constante pour la survie d’une femme libre et indépendante. Sur la question du désir et de l’amour. Sur l’assujettissement de l’individu à ses désirs... Ce que j’aime énormément dans cette pièce, c’est que sa dimension épique s’exprime à travers un point de vue intime. Quels aspects de la condition féminine Tableau d’une exécution éclaire-t-il ? C. S. : Pour Howard Barker, la liberté ultime, pour une femme, ou plutôt le point central de toutes ses libertés, est justement de pouvoir être entièrement ce qu’elle est. C’est-à-dire un être humain qui possède un sexe de femme. Il a exploré cette question dans presque toutes ses pièces, ce qui lui a même valu d’être accusé parfois de pornographie. Cette liberté ultime - qui est aussi l’énigme la plus insaisissable pour un homme et, en particulier, pour l’homme qu’il est - est concrétisée par le cri orgasmique de la femme, par la libération d’énergie que provoque l’orgasme féminin. Ce cri devient ainsi la marque fondamentale de l’altérité qui se joue entre l’homme et la femme. C’est aussi, peut-être, le point de cristallisation de la peur viscérale que ressent l’homme face à cette altérité. Cette façon de traiter la condition féminine condense, en ellemême, toute la pensée féministe que l’on a pu développer depuis la fin du XIXème siècle. Dans cette pièce, que dit Howard Barker — qui est aussi peintre —sur l’art pictural ? C. S. : Il parle de l’énigme de la représentation. La quête artistique de Galactia est de représenter l’horreur de la guerre, l’horreur de la déconstruction de l’humain, l’irreprésentable. C’est précisément ce que cherche Howard Barker à travers son œuvre. Il me parait impossible de dissocier le peintre de l’auteur ou du metteur en scène... « l’art du théâtre se donne Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 25 comme expérience viscérale avant d’être intellectuelle », proclame t-il. Le corps devient alors le lieu de l’Histoire. Le politique se loge dans l’intime et le charnel. Sa peinture est brutale, nue. Il fait dire à Galactia « Mais c’est le travail de l’artiste d’être brutal, voilà ce qui est difficile ». Chez Barker la peinture et le théâtre se nourrissent mutuellement, font partie du même univers. (...) L’une des dimensions fondamentales du théâtre de Howard Barker est le langage qu’il déploie. Comment pourriez-vous le caractériser ? C. S. : C’est un langage au couteau. L’écriture de Barker est nerveuse, spasmodique : elle développe en permanence la puissance de la convulsion et de l’explosion. C’est pour cela qu’il n’y a aucun moment de calme, aucun moment de répit. Tout y est charnel. Tout y est brutal. Tout y est brutal, et en dehors de tout naturalisme, dans un «discours tragique qui doit être poétique», pour reprendre les mots de l’auteur. Quel type de poétique souhaitezvous engendrer à travers votre mise en scène ? C. S. : Une poétique de la chair et des corps en mouvement. Galactia dit «il me faut inventer un nouveau rouge pour tout ce sang, un rouge qui pue ». Dans son atelier, représenté à travers un espace à la fois abstrait et très concret, la peintre travaille avec acharnement, rage, persévérance. Comme Barker, la Renaissance que j’ai envie de faire surgir est une Renaissance de boue, de faim, de déchets, de sang... très loin de l’univers magnifié que convoquent, par exemple, les films de Franco Zeffirelli. Vous avez confié le rôle de Galactia à Christiane Cohendy. Pourquoi ce choix ? C. S. : Parce que c’est une actrice physique et animale. J’aime que Galactia soit une femme mûre qui, malgré son âge, reste profondément charnelle. C’est un personnage aventureux, inattendu et insaisissable. Je trouve que Christiane Cohendy a beaucoup de Galactia en elle. Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat, décembre 2015. HOWARD BARKER Howard Barker, né en 1946 à Dulwich (Angleterre), est un dramaturge et poète britannique. Issu d'un milieu populaire et marqué par l'après-guerre de son enfance, Howard Barker est de la même génération qu'Edward Bond et Harold Pinter. Son œuvre, largement traduite en français, comprend plus d'une cinquantaine de pièces, des recueils de poésie et des textes réunis sur le théâtre, ainsi qu'un livret d'opéra. Son « théâtre de la catastrophe », expression forgée par Howard Barker lui-même, décrit une humanité cruelle par nature et, paradoxalement, toujours séduisante d'intelligence et de lucidité. Le dramaturge n'épargne personne, pas même le poète, qui « se dissimule souvent dans la métaphore comme une créature timide se réfugie dans les bois » (in Treize objets, traduit par Jean-Michel Déprats, éditions Théâtrales/Maison Antoine Vitez). Les thèmes très présents de la mutilation, de l'arrogance de l'establishment, des violences spectaculaires ou invisibles font de son théâtre une œuvre puissante, nouvelle. Cette violence a aussi longtemps éloigné ses pièces de la scène, en Angleterre et ailleurs. Il devient aujourd'hui plus fréquentable et a été monté à Nanterre, à Besançon, à Rouen ou à Bordeaux. Claudia Stavisky mettra en scène Tableau d'une exécution (Scenes from an Execution) d'Howard Barker au Théâtre des Célestins, en 2016. CLAUDIA STAVISKY http://www.celestins-lyon.org/index.php/Personnes/Claudia-Stavisky Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 26 PLAY LOUD FALK RICHTER / JEAN-THOMAS BOUILLAGUET - CIE MAVRA 25 24 > 27 JAN GRANDE SALLE De Falk Richter Mise en scène Jean-Thomas Bouillaguet Traduction Anne Monfort Avec David Bescond Jérémie Gasmann, Fabio Godinho Emeline Touron (distribution en cours) Scénographie René Maury Création musicale Reno Daniaud Lumières Vincent Dono Costumes Éléonore Daniaud Regard chorégraphique Alexandre Lipaux Son Nicolas Gardel Assistant à la mise en scène Stéphane Roblès Production Compagnie Mavra T.l.L - Théâtre lci et Là de Mancieulles, Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture, CCAM – Scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy, ACB - Scène nationale de Bar-Ie-Duc Partenaires financiers DRAC Lorraine Conseil Départemental de la Meuse, Conseil Régional du Grand Est, Ville de Commercy Avec le soutien du dispositif Quint’est et de Ia compagnie du Jarnisy Coréalisation Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture, CCAM – Scène nationale de Vandœuvre- lès-Nancy 1H30 - Dès 14 ans SOUVENIRS CRISES, AMOURS Play Loud parle de notre génération, d'une génération sacrifiée. Depuis notre naissance, nous vivons dans une crise perpétuelle, une crise certes économique, mais aussi une crise existentielle. L'apparition des réseaux sociaux fait bouger notre rapport à l'autre, ce qui était encore de l'ordre de l'intime devient public, on partage tout, on like tout (nos dernières photos de vacances, nos états d'âme, nos ruptures, notre quotidien, nos vies ... ). Plus besoin de se voir pour discuter, échanger, débattre, il suffit de consulter mon statut ! Bien loin de la mythologie soixante-huitarde, le couple est devenu pour nous un refuge, une bouée de sauvetage à laquelle on essaie tant bien que mal de se raccrocher. Play Loud est un montage de paroles, de scènes confrontant quatre trentenaires en proie à des questionnements sur le couple, la famille et la société. Ces quatre acteurs deviennent des performeurs, ils utilisent tout ce que propose le théâtre afin d'expérimenter les différents types de relation, les empêchement de la rencontre. Ils évoquent leurs souvenirs, leurs rêves, leurs vies secouées par les crises et le monde néo-libéral. Des vies qui manquent de repères, où les « modèles » relèvent souvent du virtuel ou de l'image internet, de la télévision, de facebook... UNE POCHETTE D'ALBUM ROCK La pièce construite comme un album rock contient des pistes indépendantes, scènes ou monologues. Elle est ponctuée de morceaux rock et d'intermèdes vidéos. La musique est l'élément moteur, c'est à travers elle que les personnages expriment profondément leur quête d'amour et de liberté. La musique impacte nos vies et imprègne nos émotions, elle correspond toujours à des moments forts. On se souvient tous du morceau de musique que l'on a écouté en boucle lors de notre première rupture, le premier disque acheté qui marque notre émancipation ou encore de notre premier slow. Il ne s'agit pas pour nous de créer un concert rock, mais la musique et le chant seront des modes d'expression au-delà de la parole, quand le langage ne suffit plus. Tantôt joués en direct, tantôt enregistrés, la musique et le chant exprimeront les désirs profonds, les pulsions et s'inscriront dans la continuité des scènes. Ils participeront à l'expression des états d'âme, quand les mots n'ont plus de sens, traduiront les problèmes de communication des personnages. Du punk à la ballade en passant par la country ou le rock garage ... La musique, au service des acteurs peut intervenir sous diverses formes. Les acteurs peuvent se saisir d'un instrument en « live » pour satisfaire une « lubie » musicale, passer un morceau enregistré, écouter de la musique au casque, être prisonnier d'un tube écouté en boucle... PRISONNIERS DE L'IMAGE Nourris par l'image, les personnages de Play Loud se construisent à travers les scènes cultes des films et les musiques de leurs jeunesses. Ils vivent sous l'emprise des écrans et de la domination esthétique des grandes majors d'Hollywood. Ils passent leur temps à regarder des extraits de films qui les ont marqué, à rejouer des scènes cultes de leur adolescence. La frontière entre la fiction et la réalité n'est jamais très claire pour eux, ils se réfugient dans l'écran comme pour fuir la réalité, afin de s'en construire une autre préférant aux véritables émotions, l'émotion factice délivrée par l'écran. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 27 À l'instar de la musique, la vidéo traduit l'espace mental et tortueux des personnages, un espace au-delà des mots où la réalité vrille. Un espace où ils parviennent à être eux-même ... Sur scène, l'écran est un appui de jeu pour les comédiens à la fois annonciateur des différentes pistes de l'album, accompagnant ou servant aux différentes expérimentations des personnages. FALK RICHTER Falk Richter (né en 1969 à Hambourg) est l'un des metteurs en scène les plus importants de sa génération. Depuis 1994 il a travaillé avec de nombreux théâtres et opéras, tels que la Schaubühne de Berlin, l'Opéra de Vienne ou l'Opéra Nomori de Tokyo. Il a en outre participé à de nombreux festivals, notamment celui de Salzbourg ou celui d'Avignon. Il met en scène des opéras, ses propres pièces, des textes classiques et contemporains et traduit également des auteurs comme Martin Crimp et CarylChurchill. Ces dernières années il a développé des projets indépendants à partir de ses propres pièces en compagnie d'un ensemble de musiciens, d'acteurs et de danseurs. En 2000 il crée Nothing Hurts au Theatertreffen de Berlin. Il s'agit de sa première collaboration avec Anouk van Dijk, avec laquelle il réalise ensuite les projets TRUST, PROTECT ME et Rausch. Toujours en 2000 il reçoit de l'Académie des Arts de Berlin le prix de la meilleure pièce radiophonique pour Nothing Hurts. De 2000 à 2004 il est metteur en scène associé au Schauspielhaus de Zürich, à partir de 2006 à la Schaubühne de Berlin, et depuis 2011 au Schauspielhaus de Düsseldorf. Il est professeur à l'Université de Hambourg et à l'école Ernst Busch de Berlin. Les mises en scène faites par Richter de Unter Eis, de TRUST, de PROTECT ME et de My Secret Garden ont été jouées dans de nombreux festivals renommés en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Ses pièces sont traduites dans plus de vingt-cinq langues, notamment en japonais, en chinois, en hébreux, en arabe et en russe; elles sont jouées partout dans le monde. Depuis 2007 les pièces de Richter sont jouées de plus en plus fréquemment dans les pays francophones, qu'elles soient dirigées par l'auteur lui même, par d'autres metteurs en scène, ou encore par des collectifs. Depuis 2006 Richter est artiste associé au Théâtre National de Bruxelles et continue de monter des pièces à la Schaubühne de Berlin. En France, il collabore avec Stanislas Nordey pour le festival d'Avignon et au TNS. EMELINE TOURON ET JEAN-THOMAS BOUILLAGUET - CIE MAVRA Ils se rencontrent et se forment au conservatoire de Nancy auprès de François Rodinson, Nathalie Seliesco, Catherine Riboli, Frédéric Merlo, Didier Kerckaert et Mauss Zouheyri. Ils suivent des stages avec Annie Mercier, Charles Tordjman, François Clavier, Jacques Rebotier, Gildas Milin, François Bon, Jean-Christophe Quenon, Jean-Pierre Vincent, Julie Brochen et Jean-Yves Ruf. Ils créent la compagnie Mavra en 2008. Après la création de Nos Optimistes d'après cinq contes de Maupassant, une collaboration commence entre la compagnie et la scène nationale de Bar-le-Duc entre 2009 à 2013. Elle permet la création de quatre spectacles, Law de Daniel Keene, La Nuit de Maupassant, Rendez-vous au Jardin des Plaisirs (cabaret textes-chansons) et L'Île des Esclaves de Marivaux. Ils sont également collaborateurs artistiques et comédiens pour les spectacles de François Rodinson au CDN de Nancy. Ils jouent également pour d'autres metteurs en scène : Mauss Zouheyri, Philippe Dubos, Didier Manuel, Hocine Chabira ... En 2014, ils créent Les Naufragés pour le festival Renaissance(S), une adaptation de L'Île des Esclaves de Marivaux pour un hangar de 3000m2 et avec la présence de 25 comédiens amateurs. En 2015, ils créent ensemble l'adaptation du roman Dans les Rapides de Maylis de Kerangal. Ils sont artistes associés au Théâtre de Mancieulles de 2015 à 2018 Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 28 SALES GOSSES MIHAELA MICHAILOV / MICHEL DIDYM 27 31 JAN > 10 FÉV GRANDE SALLE De Mihaela Michailov Mise en scène Michel Didym Traduction Alexandra Lazarescou Avec Alexandra Castellon Philippe Thibault / Jérôme Boivin et la participation de Jérémy Ferry Scénographie Philippe Poirot et Daniel Mestanza Création musicale Philippe Thibault Création lumière Yannick Schaller Costumes Augustin Rolland Conseiller artistique et technique Olivier Irthum Assistant à la mise en scène Alexandre Dolle Décor Atelier de construction du Théâtre de la Manufacture Production Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture Théâtre National Timisoara (Roumanie) Le texte a été présenté en 2014 en première lecture française, à l’initiative de la Mousson d’hiver et en partenariat avec la Maison Antoine Vitez. Traduction réalisée avec le soutien de la Maison Antoine Vitez. Spectacle créé le 1er décembre 2015 au CDN Nancy Lorraine, La Manufacture. 1H20 - Dès 12 ans LE NARRATEUR.– Mes enfants sont bien scolarisés. Mes enfants sont bien éduqués. Mes enfants sont parfaitement institutionnalisés. Mes enfants ont toutes les chances de réussir. Ils se lèvent à l’heure qu’il faut, ils étudient à l’école qu’il faut, ils ont les amis qu’il faut, ils m’obéissent et ils ne désirent que ce qui leur faut. Ils sont parfaitement intégrés. Sur les cent soixante-huit heures de la semaine, mes enfants en dorment cinquante-six. Ils leur restent cent douze heures par semaine pour construire leur identité. Selon de récents sondages, les enfants regardent la télévision cinquante-cinq heures par semaine. Il leur reste cinquante-sept heures par semaine pour grandir. Mes enfants passent trente heures par semaine à l’école, ils ont également besoin d’environ huit heures pour se préparer, aller et revenir de l’école, et ils passent en moyenne sept heures par semaine à faire leurs devoirs – un total de quarante-cinq heures. Pendant cette période, ils sont sous surveillance constante. Ils n’ont ni de temps pour eux-mêmes ni d’intimité et ils sont punis s’ils tentent de faire valoir leur individualité. Il leur reste douze heures par semaine pour pouvoir exister. Mihaela Michailov s’est inspirée d’une histoire vraie, celle d’une enseignante qui a ligoté une élève dans sa salle de classe, les mains derrière le dos, et dont les petits camarades ont suivi l’exemple en la ligotant à leur tour. La jeune fille a été retrouvée attachée dans les toilettes de l’école après avoir été sauvagement mutilée. C’est ici l’histoire d’une petite fille rêveuse et ascolaire qui crée de petits animaux avec des élastiques et qui se retrouve punie par son professeur durant une leçon fondamentale sur la démocratie. Elle est ensuite exposée en exemple pendant la récréation, puis torturée par ses camarades de classe. Après le divorce de ses parents cette petite fille de 11 ans est élevée par sa mère. Elle ne parvient pas à s’intéresser à l’école : elle sèche, ne fait pas ses leçons ou les fait dans l’autobus, elle veut être libre. S’il est vrai qu’elle prend l’école à la légère, les professeurs, quant à eux, ne s’intéressent pas non plus à elle, ils ne cherchent pas à la comprendre, ou à savoir pourquoi elle est médiocre et semble si indifférente. Kaléidoscope du système éducatif, ce monologue, à l’humour mordant, enchevêtre les voix du parent, du bon élève, du mauvais élève, du professeur. « Qu’est-ce qui caractérise la polis athénienne ? » demande l’enseignante. On y répond, on met la question en pratique, on organise des élections. Au fond, c’est quoi : être un ou une sale gosse ? Ne pas se soumettre aux règles qu’imposent les adultes ? Ne pas finir son assiette ? Refuser d’être un enfant dressé ? Désobéir ? Avoir de la personnalité ? Autant de questions qui font de ce texte un manifeste majeur pour ceux qui sont concernés ou acteurs de la transmission. Cette pièce coup-de-poing met en lumière la question centrale de nos pratiques et de nos politiques pédagogiques confrontées à la recherche forcenée de la rentablilité et de la productivité. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 29 « Qu’est-ce qui caractérise la polis athénienne ? » demande l’enseignante. On y répond, on met la question en pratique, on organise des élections. Au fond, c’est quoi : être un ou une sale gosse ? Ne pas se soumettre aux règles qu’imposent les adultes ? Ne pas finir son assiette ? Refuser d’être un enfant dressé ? Désobéir ? Avoir de la personnalité ? Autant de questions qui font de ce texte un manifeste majeur pour ceux qui sont concernés ou acteurs de la transmission. Cette pièce coup-de-poing met en lumière la question centrale de nos pratiques et de nos politiques pédagogiques confrontées à la recherche forcenée de la rentablilité et de la productivité. MIHAELA MICHAILOV Née en 1977 à Ploesti en Roumanie, Mihaela Michailov est auteure dramatique, critique de théâtre et danse et professeure de dramaturgie à l’École nationale supérieure de théâtre et de cinéma de Bucarest. Elle est membre de nombreux jurys nationaux et internationaux dans ces disciplines. Elle publie des chroniques de théâtre et danse dans les plus importants journaux de Roumanie. Après des études de lettres et de dramaturgie, elle vient d’achever une thèse sur la radicalité du corps dans le théâtre contemporain. Mihaela Michailov a reçu le prix UNITER (l’équivalent roumain des Molières) de la meilleure pièce en 2006 avec Le Complexe Roumanie, mise en scène au Théâtre national de Bucarest. Elle a été invitée pour des résidences de dramaturgie au Lark Theatre de New York et en juin 2009 au Royal Court Theatre de Londres. Elle a collaboré avec de nombreux metteurs en scène roumains tels que : Alexandra Badea, Alexandru Dabija, Radu Apostol, David Schwartz, Ioana Paun. Ses pièces ont été mises en scène dans les plus importants théâtres de Roumanie : Théâtre National de Bucarest, Théâtre de l’Odéon, Théâtre National de Timisoara, Théâtre Foarte Mic, Théâtre Luni-Green Hours. Mihaela Michailov travaille notamment dans les milieux marginalisés avec des personnes expulsées. Elle est co-fondatrice du centre Vârsta4 (Centre d’Art communautaire pour le 4ème âge) dédié à des projets artistiques pour les personnes âgées. Elle a été programmatrice au Festival de dramaturgie roumaine de Timisoara. Elle est coéditrice de la revue d’art politique – GAP. Ses textes traitent de la révolution roumaine, du conflit entre les générations, des événements de l’Histoire récente et de la violence à l’école. Depuis 2002, elle a écrit plus de dix pièces de théâtre, dont quatre pour les adolescents, qui ont été traduites en anglais, allemand, français, hongrois et créées en Roumanie, France, Angleterre, Allemagne et États-Unis. En juin 2014, le spectacle Le Prof de religion a été sélectionné par le Festival de dramaturgie de Wiessbaden – New Plays from Europe (Neue Stücke aus Europa). En octobre-décembre 2015 elle est artiste en résidence aux Récollets, Paris. La Petite Soldate a été mis en espace dans le cadre du Festival international de théâtre jeune public à Iasi en octobre 2013 et a été créé au Théâtre de la Jeunesse de Piatra Neamt en février 2015. Ses pièces : Le Complexe Roumanie (Complexul Romania), Interdit aux moins de 18 ans (Interzis sub 18 ani), Faites de la place ! (Faceti loc !), La famille Offline (Familia Offline), Comment Barbie traverse la crise économique (Cum traverseaza Barbie criza mondiala), J’ai peur (Mi-e frica), Le bal (Balul), Têtes brulées (Capete înfierbîntate), Sales Gosses (Copii rai), Sous terre (Sub Pamânt), La Petite soldate (Fetita soldat). MICHEL DIDYM - METTEUR EN SCÈNE (Cf page 11) Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 30 DOM JUAN MOLIÈRE / MYRIAM MULLER 29 7 > 10 FÉV SALLE POIREL De Molière Mise en scène Myriam Muller Avec Caty Baccega, Garance Clavel Fabio Godinho, Alain Holtgen Marja-Leena Junker,Brice Montagne Mathieu Moro, Renelde Pierlot Valéry Plancke, Delphine Sabat Franck Sasonoff, Jules Werner Scénographie Jeanny Kratochwil Lumières Philippe Lacombe Décor sonore Bernard Vallery Costumes Caroline Koener Assistant à la mise en scène Antoine Colla Production déléguée Les Théâtres de la Ville de Luxembourg Spectacle créé au Studio du Grand Théâtre de Luxembourg le 29 septembre 2015 2H (durée e) Dès 15 ans L‘HISTOIRE Dom Juan, jeune noble libertin, en permanence accompagné de son valet Sganarelle vient de déshonorer Elvire qu’il a séduite et abandonnée. Cette nouvelle atteinte a la bonne conduite et a la morale de son temps lui vaut d’être recherché et menacé. Mais Dom Juan s’en moque, il séduit sans relâche, blasphème a tout va et continue a nier ce que tous redoutent, le Ciel. Dans sa course permanente, Dom Juan découvre le tombeau d’un commandeur qu’il a tué récemment. Par bravade, il invite le mort a dîner et, d’un signe de la tête, la statue du commandeur accepte. Sganarelle, son père, Elvire, un spectre, tous tentent de lui faire entendre raison mais Dom Juan s’obstine. Sentant que sa situation commence à être périlleuse, Dom Juan décide de tromper son monde et fait l’éloge de l’hypocrisie. Trop tard, son châtiment sera inéluctable: La statue du commandeur apparaît une nouvelle fois, Dom Juan meurt et Sganarelle se retrouve seul. LA PIÈCE La principale particularité de cette pièce réside sans doute dans son ambiguïté : il y a autant de lectures possibles de Dom Juan qu’il y a de lecteurs. Donc autant de mises en scène possible qu’il y a de metteurs en scène. Et cette spécificité est incarnée par le personnage même de Dom Juan, lui aussi profondément ambigu. NOTE À LA MISE EN SCÈNE Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout… Débauché, oisif, libertin, impie, mais néanmoins séducteur, Dom Juan vient à bout des situations les plus scabreuses. Vivant dans la transgression, il lui reste l’ultime provocation, une invitation à dîner lancée à la statue du Commandeur, l’homme qu’il tua naguère. Dom Juan raconte la descente aux enfers du célèbre libertin. Une œuvre d’une intensité exceptionnelle, énigmatique et difficile à catégoriser: une comédie, une tragédie, un conte moraliste? La pièce raconte les deux derniers jours de Dom Juan en ce monde, les étapes d’un effondrement, d’une descente aux enfers. L’histoire d’un suicide Dom Juan transgresse tous les codes moraux, sociaux et religieux de son temps. Il est oisif, vit au crochet de ses créanciers et de sa famille. C’est un homme à qui on a donné la permission (ou qui se donne la permission) de tout faire: de tuer, parce que son rang lui assure cette impunité, de se marier tous les mois, d’enlever une fille non consentante, d’en tirer une autre du couvent pour l’abandonner après la nuit de noce. Son libertinage, l’abus de pouvoir, l’indifférence à tout devoir social et même à la simple existence d’autrui, l’oisiveté, les dettes: autant de traits qui dessinent fort précisément une certaine caste. Les agissements de Dom Juan sont ceux de tous ses pairs et le reflet d’une société en crise qui positionne ses envies et désirs personnels avant tout. Mais Dom Juan n’est pas uniquement cela. C’est aussi un homme qui bat en brèche toute morale établie, remet en cause l’ordre bourgeois et les idées reçues. Il défie Dieu et ce faisant, on pourrait dire qu’il devient une sorte de pionnier, pour ainsi dire le premier martyr de la laïcité ! Pourtant chez Molière, pas de thèse, aucune démonstration. Il ne se fait ni prédicateur ni philosophe. Et c’est précisément ce qui rend Dom Juan fascinant, car devant nous vit et meurt Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 31 – aussi vrai que si nous le rencontrions sur notre route – un homme qui a parié contre Dieu. Un homme qui, dans son orgueil, s’est cherché et trouvé un rival digne de lui. Partant du mythe de ce banal envoûteur de femmes, Molière a créé une étonnante figure de libertin (au sens étymologique du terme, c.à.d. de libre penseur, d’affranchi) qui nous engage et nous force à nous questionner sur les questions fondamentales et existentielles, qui sont: la destinée humaine, le sens de la vie. Myriam Muller ... toute spéculation autour d’une œuvre est plus ou moins stérile, du moment qu’elle ne nous livre rien d’essentiel : à savoir le secret de la puissance d’attraction que cette œuvre exerce. André Breton, Flagrant Délit MYRIAM MULLER Mise en scène Myriam Muller a co-signé trois mises en scène avec Jules Werner : Angels in America de Tony Kushner (2008), Un garçon impossible de P.S. Rosenlund (2010) et La Longue et Heureuse vie de M. et Mme Toudoux (2011) d'après Feydeau aux Théâtres de la Ville de Luxembourg. Elle a également mis en scène Le Misanthrope de Molière (2012) et La Leçon de Ionesco (2012) au Théâtre du Centaure. Dernièrement elle a monté toujours aux Théâtres de la Ville de Luxembourg et en coproduction avec La Comédie de St-Etienne Pour une heure plus belle (2013) d'après trois courtes pièces de Daniel Keene et Blind Date de Théo van Gogh en création mondiale en langue française. Ce spectacle s'est aussi joué au NEST, CDN de Thionville. Elle s'apprête à monter Oncle Vania de Tchekhov au Théâtre du Centaure. Elle est également comédienne et a joué de nombreux rôles en français, allemand, luxembourgeois et anglais. Molière, Shakespeare, Strindberg, Coward, Ibsen, Bergman, Hanokh Levin, Kroetz, Tchekhov, Claudel. Comédienne de cinéma, elle a aussi réalisé deux courts métrages en 2012 et 2013. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 32 LE VENT SE LÈVE (LES IDIOTS / IRRÉCUPÉRABLES ?) PASOLINI - DEBORD - BOND - SADE... / DAVID AYALA 7 > 10 MARS GRANDE SALLE Conception, réalisation et mise en scène David Ayala D’après Le Bel aujourd’hui (écriture scénique collective) Avec des textes de Pier Paolo Pasolini, du Comité Invisible, D.A.F. de Sade, Guy Debord, Philippe Muray, Edward Bond Avec (co-créateurs) Sophie Affholder, Fabienne Augié David Ayala, Elodie Buisson Diane Calma, Roger Cornillac Hervé Gaboriau, Stéphane Godefroy Christophe Labas-Lafite Silvia Mammano, Alexandre Morand Maryse Poulhe, Véronique Ruggia Philippe Sturbelle Scénographie et costumes Jane Joyet Vidéo Benoît Lahoz Son Laurent Sassi Lumières Jean-Michel Bauer Régie générale Jean-Marie Deboffe Assistantes à la mise en scène Nadège Samour, Amandine Du Rivau Administratrice de production Silvia Mammano Production Compagnie la Nuit Remue En coproduction avec Les Célestins – Théâtre de Lyon, le théâtre Jean-Claude Carrière – Domaine d’O (Montpellier), le Théâtre Firmin Gémier / La Piscine – Pôle National des Arts du Cirque d’Antony et de Chatenay– Malabry, le Théâtre 95 de Cergy Pontoise – scène conventionnée pour les écritures contemporaines, le Centre dramatique national Nancy Lorraine, La Manufacture et le théâtre Liberté de Toulon. Avec le soutien du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, centre dramatique national, du Théâtre 13 à Paris, de l’Adami et de l’association Selectron libre (Paris) Avec l’aide à la création de la DRAC Languedoc-Roussillon/ Midi Pyrénées et la participation financière du Conseil Régional du LanguedocRoussillon/Midi-Pyrénées. Remerciements Théâtre l’Escabeau de Briare, Printemps des Comédiens (Montpellier) 2H (durée estimée) Dès 15 ans On leur parle toujours comme à des enfants obéissants, à qui il suffit de dire : « il faut », et ils veulent bien le croire. Mais surtout on les traite comme des enfants stupides, devant qui bafouillent et délirent de dizaines de spécialisations paternalistes, improvisées de la veille, leur faisant admettre n’importe quoi en le leur disant n’importe comment ; et aussi bien le contraire le lendemain. Guy DEBORD (Œuvres cinématographiques complètes) Il est vrai que les puissants ont été dépassés par la réalité, avec leur pouvoir clérical-fasciste qui leur colle à la peau comme un masque liquide ; mais les représentants de l’opposition ont été dépassés eux aussi par la réalité, avec sur leur peau, comme un masque ridicule, leur progressisme et leur tolérance. Une nouvelle forme de pouvoir économique a réalisé à travers le développement une sorte fictive de progrès et de tolérance. Les jeunes qui sont nés et se font formés pendant cette époque de faux progressisme et de fausse tolérance sont en train de payer de la manière la plus atroce cette falsification (le cynisme du nouveau pouvoir qui a tout détruit). Les voici autour de moi, une ironie idiote dans le regard, un air bêtement rassasié de tout, des attitudes de voyous offensifs et aphasiques – lorsqu’il ne s’agit pas d’une douleur et d’une appréhension, presque, de jeunes filles de pensionnat – avec lesquels ils vivent la réelle intolérance de ces années de tolérance. Pier Paolo PASOLINI (Lettres luthériennes : Petit traité de pédagogie) Sept ans après l’aventure de Scanner (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu), qui a « galvanisé » les publics d’une façon tout à fait inattendue (!), il nous est apparu évident d’en écrire et d’en fabriquer la suite, la continuité. Pour nous cette évidence s’inscrit dans la cohérence de la « logique de l’imagination » chère à Debord. Ce qui a fait la force de Scanner c’est la pertinence de son propos et l’impact qu’il a eu sur chacune des personnes des publics concernés, après ces 5 ou 6 années, le monde n’est toujours plus le même et jamais plus comme avant. Mais d’une manière qui nous échappe. Les paroles de Debord résonnent toujours plus fort, de manière plus implacable, indépassable. Même ses plus ardents détracteurs sont au pied du mur : devant le flagrant délit du chaos, devant la terrible constatation : l’échec de « l’Empire » est sous nos yeux. Dans Scanner, tout l’édifice des théories et des films de Debord rendaient compte en les analysant et en les décortiquant, de tous les systèmes d’aliénation des sociétés spectaculaires marchandes. Avec Le Vent se lève nous voulons aller plus loin, pour tout dire dans l’au-delà de la simple constatation de cette aliénation : montrer comment cette aliénation a incorporé (et décorporé) les individus, les a phagocytés, et littéralement dévorés (de l’intérieur et par l’extérieur) pour en faire des êtres quasiment post-humains. Cette aliénation planétaire a un nouveau nom : Le Vent se lève. Pour aller vite l’Empire décervèle, rend fou et obèse et globalement idiotise. C’est un amer constat. Simpliste et vérifiable à la seconde, où que vous regardiez. L’Empire peut se permettre aussi, après les avoir rendu fous, d’assassiner les gens. Mais avant cela il y a le stade de l’idiotie. Lorsque tout référent idéologique a disparu, lorsque l’amnésie de l’histoire a asséché les consciences, lorsque le politique a essoré les corps et désespéré les esprits, lorsque l’ultra consommation et l’ultra médiatisation ont pris Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 33 entièrement possession du monde, comme une religion révélée, et lorsque le virtuel est devenu le nouveau «shoot» des masses, alors nous assistons à la naissance drolatique et pathétique d’un nouvel être, d’une sorte de mutant emblématique qui peuple toutes les rues et les maisons de notre monde et qui jouit d’une souveraineté sans borne : l’idiot. Le spectacle Le Vent se lève (Les Idiots / irrécupérables ?) va s’employer à traquer et montrer sur scène les comportements d’abord dits « normaux » et « a normaux » des citoyensspectateurs décrits par Debord en son temps, puis de voir comment le curseur de l’histoire a fait déraillé la machine de l’Empire pour arriver à notre monde peuplé d’idiots. C’est-à-dire selon la définition du dictionnaire, des êtres privés de leur capacité d’intelligence et de discernement par une puissance oppressante. Montrer cela d’abord dans le comportement banal puis forcément déviant de tous les actes quotidiens (habitat, santé, nourriture, relations affectives et sexuelles et systèmes de représentation de l’individu) mais aussi, dans les nouvelles tendances de la société marchande : le délire planétaire télévisuel, les jeux vidéo, le politique, le médiatique, le culturel et l’artistique. Montrer comment les corps et les esprits sont possédés par leurs addictions consuméristes et les plonge dans des transes de dépossession d’eux même : ne s’appartenant plus, et rendant corps et âme allégeance à cet obscur objet du désir : la chose matérielle magiquement convoitée, c’est-à-dire la vénération du vide. Le monde dans sa globalité tel que nous le percevons aujourd’hui doit pouvoir se retrouver dans la transposition que nous en ferons dans Les Idiots. L’idiotie dont nous allons traiter ne désigne pas une maladie mentale même si dans son mode d’apparition elle peut en prendre certains aspects. L’idiotie dont nous parlons est un syndrome sociétal provoqué par une addiction proposée par un système politico-économique qui est le système de l’ultra libéralisme. Nous sommes tous atteints de ce syndrome à partir du moment où nous vivons dans l’Empire. PROPOSITIONS DRAMATURGIQUES Les textes et les images de Debord, de Pier Paolo Pasolini et d’autres auteurs vont intervenir comme un crible ou un scanner, encore une fois, et transcender cette vision de notre monde par son souffle prophétique et du coup, salvateur. Car même s’il y a dans le titre le mot « irrécupérables » (qui s’applique aussi à Debord d’un point de vue politique), il y aura dans Les Idiots une volonté salvatrice et jamais cynique, une foi en la capacité humaine à s’extirper de ses faux pas, encore et toujours grâce à la pertinence des analyses de Debord, de Pasolini et de Sade et à la fulgurance de leurs poésies qui n’est pas hermétique. Ses œuvres sont là comme le monolithe de 2001 L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick : c’est un mystère qui peut tout transcender et rendre l’humain et l’utopie visibles et transparents. On peut tout voir, tout sentir, tout comprendre à travers eux. À priori la première partie du spectacle promet d’être très visuelle, les textes de Debord, Pasolini et Sade n’intervenant que très tardivement dans la séquence. Celle-ci étant construite sur des situations de tragi-comédie extirpées de la vie quotidienne et par des visions transposées dans l’excès et l’exagération de ces situations. Les textes et les images des auteurs interviendront de manière plus abondante dans la deuxième et la troisième partie. Cette troisième partie étant nommée La Chambre des Désirs. Elle interrogera la capacité d’être encore humain dans le monde globalement «idiotisé». David Ayala DAVID AYALA, conception, réalisation et mise en scène David Ayala suit la formation du Conservatoire National de Région de Montpellier, Atelier Jacques Bioulès (formation J. Lecocq). Théâtre École du Passage (Niels Arestrup), Licence de Lettres Modernes (Université Paul Valery à Montpellier). Stages : Alain Françon, Ariane Mnouchkine, Edward Bond, Joël Jouanneau, David Warrilow, Mario Gonzales, Claude Evrard, Pascal Elso, Juliette Binoche etc... Comédien depuis 1990, travaille notamment sous la direction de Dan Jemmett dans Ubu et La Comédie des erreurs, Dog Face et Macbeth (The Notes), Jacques Bioulès dans Folianne, Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 34 Rideau, La Vedette, Le roi Gordogane et Lionel Parlier dans Toto le Mômo, dont il est aussi le concepteur, Joël Dragutin dans le Mariage de Figaro, La Baie de Naples, La Double inconstance, Messieurs les ronds de cuir, Sandrine Barciet dans La Mouette, Paul Golub dans Le Songe d’une nuit d’été, MacBeth, Hamlet sur la route, Celle qui courait après la peur et La Puce à l’Oreille de Feydeau, Marie Montegani avec Andromaque, Geneviève Rosset dans Britannicus, L’École des femmes, Jean Boillot dans Coriolan de Shakespeare, Pierre Pradinas dans Fantomas revient de Gabor Rassov, Maldoror, L’enfer et Ubu Roi, Jean-Claude Fall dans Jean la chance de B. Brecht inédit et Le Roi Lear, Richard III et Le fil à la patte, Richard Brunel dans Hedda Gabler. Simon Abkarian, Le dernier Jour du jeûne. Il est metteur en scène, Laisse venir l’imprudence (et tu penseras grâce à la rage) d’après Hamlet de Shakespeare et des textes de Angelica Liddell de Edward Bond. Avec les élèves de 3ème et 4ème année de l’école d’art dramatique Les Enfants Terribles (Paris 20). Copies - un certain nombre (21 visages ?) de Caryll Churchill. Ma Peau sur la Table (Féérie), d’après les derniers romans et interviews de L.-F. Céline. Scanner – nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu – d’après l’œuvre critique, politique et cinématographique de Guy Debord. Toto le Mômo d’après La conférence du Vieux Colombier et Les Cahiers de Rodez d’Antonin Artaud. Moha le fou, Moha le sage de Tahar Ben Jelloun. Armatimon – Furie des Nantis d’après Timon d’Athènes de Shakespeare et la Furie des Nantis d’Edward Bond. Sous le phare obsédant de la peur (mes occupations) d’après Henri Michaux. Nomen Nescio de François Clarinval. Paradoxe sur le comédien de Diderot. Docteur Faustroll d’Alfred Jarry. Plume (démontages) d’après L’espace du dedans d’Henri Michaux. En attendant Godot de Samuel Beckett. Apparitions/Visions de Roger Blin, chantier à Sortie Ouest. Il est également acteur dans plusieurs films longs, moyens et courts métrages au cinéma. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 35 FEMME VERTICALE CHEDID BADINTER - DESPENTES - WOOLF - NIN - VEIL... / ÉRIC MASSÉ 33 13 > 16 MARS LA FABRIQUE Conception et jeu Éric Massé D’après des textes de Nelly Arcan, Élisabeth Badinter, Geneviève Brisac, Andrée Chedid, Virginie Despentes, Catherine Millet, Anaïs Nin Simone Veil, Virginia Woolf... et des citations de Simone de Beauvoir,Olympe de Gouges Collaboration artistique Richard Brunel Collaboration scénographique et technique Pierre Haderer Vidéo Fabienne Gras Costumes Dominique Fournier Son et régie générale Raphaël Parseihian Musique (pour les textes d’Anaïs Nin et Virginie Despentes) Julie Binot Lumières Florent Oliva Construction Christophe Petit Didier Raymond et Davis Bétourné Coproduction Comédie de Valence, Centre Dramatique National DrômeArdèche, Scène nationale 61 et la Compagnie des Lumas. Avec le soutien des Châteaux de la Drôme dans le cadre de la manifestation « Elles ». La Compagnie des Lumas est en convention triennale avec la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Ville de Saint-Etienne. Elle est soutenue par le Conseil Général de la Loire. Remerciement à l’atelier de taxidermie « Au Saint-Hubert »- Gilbert Renouf (Carouges), et pour leur voix, Julie Binot, Raphaël Parseihian et les membres du collectif artistique de la Comédie de Valence - CDN Drôme-Ardèche : Richard Brunel, Norah Krief et Olivier Balazuc. 1H - Dès 15 ans Le spectacle emprunte son nom à l’œuvre littéraire d’Andrée Chedid, Lucy, la femme verticale qui donne la parole à la première femme de l’humanité. Des millions d’années après cette célèbre Lucy, qui, sortie sous les pioches et les plumeaux de l’anonymat, s’est redressée pour une longue marche, la femme verticale nous invite à poursuivre le chemin. Après avoir lu dans Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir qu’on ne naît pas femme mais qu’on le devient, une certaine Juliette a pris son destin en main. Dans la peau d’Éric Massé, la belle à peine fardée et sur talons aiguilles trouve son chemin à travers les mots de celles qui osent transgresser interdits et tabous. A partir de fragments d’œuvres féminines, Juliette, transporte son auditoire vers un monde peuplé de femmes, qu’elles soient femmes célèbres ou héroïnes de fiction. Son identité s’affirme au gré de ces usurpations, de ces incarnations éphémères. Dans une savante alchimie d’engagement littéraire, de réalisme et d’humour, elle cherche à transformer le plateau en caisse de résonance d’une parole libérée - parfois crue, souvent poétique, toujours intime - et, par la même occasion, à se transformer elle-même. Sur une scène jonchée de livres, entre deux tabourets de bar design, derrière un triptyque d’écrans où sont projetés des films d’actualité et des images d’archives, où les fantômes du passé se mêlent aux fantasmes du présent, Juliette murmure, éructe, susurre, vocifère. Et les spectateurs, interpellés, troublés, deviennent ses partenaires essentiels. Femme verticale s’invente dans une interaction complice avec le public, l’invitant parfois sur scène à donner chair à certaines fantaisies. Voyageant entre textes de romans, journaux intimes, chansons et essais, Juliette invente un spectacle qui associe sa quête identitaire à celle d’identité littéraire de nombreuses écrivaines, et, emprunte leurs mots aux sulfureuses Nancy Huston, Catherine Millet, Nelly Arcan et Virginie Despentes, aux féministes Geneviève Brisac, Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter, aux très emblématiques Simone Veil et Olympe de Gouges et aux poétesses Anaïs Nin, Virginia Woolf et Andrée Chédid. Femme verticale réunit des écrits de femmes téméraires : leurs auteures ont toujours bravé le consensus et devancé les législateurs. Par leurs œuvres elles ont choqué, non par volonté de provocation, mais par nécessité et intégrité intellectuelle. Car, comme l’écrivait Virginia Woolf, « nous ne pouvons siéger dans des comités si nous devons également servir le thé ». Aujourd’hui l’émancipation de la moitié du genre humain est irréversible et se poursuit grâce à ces femmes toujours « trop tout ce qu’elles sont » car elles écrivent sans fard et se positionnent dans un refus des limites assignées à leur sexe avec humour et grande tendresse. « Ces prolottes de la féminité, celles qu’on n’épouse pas, avec qui on ne fait pas d’enfant, les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 36 par là pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. (...) Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand chose, de toutes façons je ne l’ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas. » Virginie Despentes, King Kong théorie. Femme verticale est mue par la volonté farouche que chacun soit reconnu et considéré dans la société comme un individu à part entière, sans distinction de sexe. C’est pourquoi, sur scène, dans ce théâtre de paroles et d’ombres se noue un mariage intime entre le sexe du comédien et le genre féminin, un « transgenre », qui ne différencie plus l’appartenance sexuelle de l’être, mais la confond. Une sélection non exhaustive qui s’enrichit, évolue au gré du temps de l’actualité et des rencontres, et qui regroupe actuellement la verve littéraire de ces femmes : Elisabeth Badinter une femme ambitieuse ne se dénature pas L’ambition féminine au XVIIIe siècle, Flammarion © Flammarion, 1983 Nancy Huston stérilité militante à travers le parcours de Nadia rebaptisée Nada Instruments des ténèbres © Editions Actes Sud, Babel, 1996 Simone Veil fer de lance du combat pour l’avortement « Les hommes aussi s’en souviennent – Une loi pour l’histoire » © Editions Stock, 2004 Une vie © Editions Stock, 2007 Marie-Olympe de Gouges du droit des femmes à la tribune Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1792 Geneviève Brisac pour la reconnaissance d’une identité littéraire féminine La marche du cavalier © Editions de l’Olivier, 2002 Anaïs Nin sortir de la matrice littéraire des hommes Journal de l’amour, 1932-1939, version non expurgée © La Pochotèque, 2003 Virginia Woolf du mutisme à l’éclosion littéraire Journal de Virginia Woolf © Editions Stock, 1953 Catherine Millet entre libération et possessions Jour de souffrance © Flammarion, 2008 Simone de Beauvoir l’infériorisation de la femme vue par une existentialiste Le deuxième sexe © Gallimard, NRF, 1949 Nelly Arcan se donner ce que la nature refuse A ciel ouvert © Editions du Seuil, 2007 Virginie Despentes « la prolotte de la féminité », plus King Kong que Kate Moss King Kong Theorie © Grasset, 2006 Virginie despentes répond à Lionel Jospin et aux anti-mariage pour tous © Têtu, nov.2012 Andrée Chedid à la recherche du sens Lucy, la femme verticale © Flammarion, 1998 Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 37 ÉRIC MASSÉ Après avoir obtenu un baccalauréat français (arts plastiques), il obtient un diplôme équivalent après une année d’étude aux États-Unis, où il participe à plusieurs productions (ballet et théâtre). À son retour en France il suit une formation d’acteur au CNR de Bordeaux puis à l’École Nationale de la Comédie de Saint-Etienne (sous la direction de Robert Cantarella, Adel Hakim, Ludovic Lagarde,....), où il interprète Lorenzo dans Lorenzaccio de Dušan Jovanoviæ (Ljubljana – Slovaquie). Il joue dans des créations atypiques croisant les arts (théâtre, vidéo, danse, slam,...). Il joue principalement des textes contemporains, comme Le silence de Wahlalla dans une mise en scène de Richard Brunel (CDN Drôme-Ardèche, TNP de Villeurbanne). Il est souvent distribué dans des rôles qui interrogent les genres aussi bien au théâtre (Femme Verticale, Docteur Camiski ou l’esprit du sexe,... ) qu’au cinéma, et participe à divers projets cinématographiques expérimentaux dont en Espagne Goya : pintar hasta perder la cabeza d’Emilio Casanova. En créant la Compagnie des Lumas en 2000, à Saint-Etienne avec sa complice Angélique Clairand, il développe un parcours original de metteur en scène alternant créations et immersions dans des centres hospitaliers, prisons... Parallèlement il intègre l’Unité nomade de formation à la mise en scène - Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (stages au TNS, au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, à Paris avec Jean-Pierre Vincent et en Pologne avec Kristian Lupa). Avec sa compagnie il est accueilli en résidence à Comédie de Saint-Etienne, aux Célestins – Théâtre de Lyon, aux Subsistances, à la Comédie de Clermont-Ferrand, au Théâtre de Villefranche-sur-Saône, à La Mouche de Saint-Genis-Laval, à la Comédie de Valence – Centre Dramatique National Drôme-Ardèche et les Scènes nationales 61, du Jura et de Blois... Comme acteur et metteur en scène, il travaille dans les salles de théâtre mais aussi hors les murs (espace public, hôtels, appartements, usines,...), en France et à l’international, comme aux États-Unis (St Louis), en Slovaquie (Kozice – capitale européenne 2013), au Maroc (Meknès et Fès), en Chine. En 2010, il est lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs et effectue une résidence au THAV (Taipei –Taïwan). Il y développe « présences absentes », un projet de recherche autour des fantômes, spectres, apparitions lié à la création de Macbeth et de Migrances. Il y est invité à nouveau en 2011, puis en 2013, dans le cadre du Festival Croisement, où il est joue à Pékin, avec le collectif artistique de Valence, dans un projet original de monologues en chambre d’hôtel : Room in town. Depuis 2010, Éric Massé poursuit son travail d’acteur et de metteur en scène dans le réseau des scènes françaises et en particulier avec deux collectifs d’artistes dont celui de la Comédie de Valence et celui de la Scène Nationale 61. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 38 LE MALADE IMAGINAIRE MOLIÈRE / MICHEL DIDYM 35 21 > 23 MARS SALLE POIREL De Molière Mise en scène Michel Didym Avec André Marcon ou Michel Didym Norah Krief ou Agnès Sourdillon Jeanne Lepers, Catherine Matisse Bruno Ricci, Jean-Marie Frin Barthélémy Meridjen ou François de Brauer, Didier Sauvegrain et une fillette dans le rôle de Louison Musique Philippe Thibault Scénographie Jacques Gabel Lumières Joël Hourbeigt Costumes Anne Autran Assistante à la mise en scène Anne Marion-Gallois Chorégraphie Jean-Charles Di Zazzo Maquillage et perruque Catherine Saint Sever Enregistrement et mixage musique Bastien Varigault Avec le Quatuor Stanislas Laurent Causse, Jean de Spengler Bertrand Menut, Marie Triplet Modiste Catherine Somers Couturières Liliane Alfano Anne Yarmola Coproduction Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture, TNS – Théâtre National de Strasbourg, Théâtre de Liège, Célestins – Théâtre de Lyon Construction du décor Ateliers du Théâtre National de Strasbourg, Ateliers du CDN Nancy Lorraine Réalisation des costumes Ateliers du Théâtre de Liège, Séverine Thiébault Avec la participation artistique du Jeune théâtre national. Spectacle créé le 13 janvier 2015 au CDN Nancy Lorraine, La Manufacture 2H - Dès 12 ans - Mais enfin, venons en aux faits. Que faire donc, quand on est malade ? - Rien, mon frère - Rien ? -R ien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature d’elle même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C’est notre inquiétude, c’est notre impatience qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies. Cette phrase de Beralde, le frère du malade, que j’ai lue sur mon lit d’hôpital, a produit sur mon esprit une impression très forte et a immédiatement déclenché une profonde passion pour cette ultime comédie-ballet de l’auteur de Tartuffe et du Misanthrope. Il y avait aussi cette idée qu’il est totalement incongru qu’un homme puisse vouloir en guérir un autre. Que ce serait là une folie, une « momerie ». Tout m’a mené à l’origine de cette pensée, à Montaigne et ses Essais et à son magnifique Voyage en Italie. Puis, le temps et la nature aidant à raccommoder corps et esprit, décision fut prise de s’attaquer à ce monument de la littérature mondiale ! L’auteur ne le sait pas encore, mais c’est son œuvre testament. Il y met tout son art et tout son savoir-faire, développés dans la fréquentation assidue des dramaturgies anciennes et des comédiens italiens. La brouille avec Lully, le musicien ami, complice depuis 10 ans de collaboration, s’est transformée en guerre. Lully a désormais l’exclusivité royale pour les orchestres et les chanteurs et Molière devra réduire sa volonté d’opéra à de simples intermèdes. Mais dans l’action de sa pièce, nul ne lui dicte sa loi. Sa langue et son esprit sont au sommet et il dépasse cette filiation de pensée avec Montaigne en inventant, un piège où la captation d’héritage (où l’on veut envoyer les filles du premier lit au couvent) se mêle à un mariage forcé avec un médecin. Car le père Argan, notre malade, est une sorte de fou. Il met sa fortune et sa passion dans la pharmacie, la médecine et les soins permanents à sa personne. Il veut des infirmières et des docteurs autour de lui. D’autres, en voyant arriver l’âge et la peur de la mort, ont tendance à se réfugier dans la religion comme si leur soudaine bigoterie pouvait leur ouvrir les portes du paradis. D’autres encore se surprotègent et accumulent en vain des précautions inutiles : ils vont jusqu’à ajouter à leur prison physique des camisoles mentales limitant leurs pensées et restreignant l’usage de leur raison au nom de leur santé. Ils perdent le sens de la vie et de l’humour. « Oui, nous rions beaucoup car très souvent nous avons envie de pleurer » déclarait Georges Wolinski. C’est vrai qu’il faut beaucoup d’humour dans la vie et de la distance, il faut en toutes circonstances rester droit et éveillé. C’est debout que Molière termina la 4ème représentation du Malade en ce février 1673. Dans sa loge du Palais Royal, sa grande fatigue et le sang qu’on avait vu jaillir de sa bouche lors des derniers « juro » de la cérémonie finale, le poussa à demander une chaise à porteur pour rentrer chez lui et ne pas finir cette fatale nuit. Il en fallu du courage à Jean-Baptiste Poquelin pour porter haut ce nom de Molière que les persifleurs et les dévots fondamentalistes de la congrégation de Jésus avaient traîné dans la boue, l’opprobre et l’excommunication, lui qui faisait rire des faux dévots et des intégristes de tout bord. Il en fallait de l’aplomb pour s’attaquer à la faculté de Médecine réactionnaire de Paris et Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 39 soutenir les thèses des modernes de celle de Montpellier tout en étant ce même malade. La pensée politique de Molière transparaît aux charnières de chaque scène. Sa vision humaniste, sa confiance dans notre intelligence développent un sens critique aigu dans nos consciences et nous offrent des clés pour démasquer les impostures et savoir discerner la raison du sophisme. Mais Molière ne serait rien sans sa troupe, il a écrit des rôles savoureux et magnifiques autour d’Argan : pour la femme Béline et les filles Angélique et Louison ; pour Diafoirus et Monsieur Purgon. Surtout, il fait de Toinette la servante, un Sganarelle au féminin sachant mêler mauvaise foi, impertinence et intelligence n’ayant rien à envier à ces Messieurs. Les paroles de Molière contre le mariage forcé sont limpides. La place naturelle qu’il donne à la Femme dans la société, en en faisant l’égale de l’Homme, ouvre le long chemin de combats à venir. S’il est vrai que « le silence de l’artiste est la fin de la liberté », écoutons simplement la parole de Molière. Michel Didym MICHEL DIDYM - METTEUR EN SCÈNE (Cf page 11) Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 40 LA MOUSSON D’HIVER 3 > 6 AVR ABBAYE DES PRÉMONTRÉS Un moment pour les jeunes et par les jeunes qui n’est pas interdit aux moins jeunes ! Pont-à-Mousson La Meéc (Maison européenne des écritures LA MANUFACTURE contemporaines), en collaboration avec le Théâtre de la Manufacture, organise depuis 2004 à l’Abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson des journées destinées à faire découvrir aux lycéens et aux étudiants lorrains le meilleur de l’écriture théâtrale contemporaine. La Mousson d’hiver propose aux jeunes spectateurs des ateliers de pratique théâtrale, des spectacles, des lectures et des mises en espace avec des artistes. Une expérience forte. 3 AVR DAYS OF NOTHING - Fabrice Melquiot GRANDE SALLE 1h05 - à partir de 13 ans De Fabrice Melquiot © L’Arche Editeur Mise en scène Matthieu Roy Cie du Veilleur Avec Philippe Canales et Hélène Chevallier Scénographie Gaspard Pinta Maquillages, coiffures, effets spéciaux Kuno Schlegelmilch Costumes Noémie Edel Lumières Manuel Desfeux Création Vidéo Nicolas Comte Espaces Sonores Mathilde Billaud Collaboratrice artistique à la mise en scène Johanna Silberstein Assistante à la mise en scène Marion Lévêque Un auteur, Rémi Brossard, est invité à intervenir dans un collège de la région parisienne. Il y rencontre deux adolescents qui perturberont son projet initial vers une fin qu’il ne soupçonnait pas. Fabrice Melquiot, à travers ce texte très personnel, interroge le fonctionnement de la création littéraire et la complexité du système éducatif. Un pertinent dispositif sonore et vidéo nous plonge au cœur des mouvements intérieurs des personnages. Production Cie du Veilleur – La Cie du Veilleur (en compagnonnage avec le Théâtre de Thouars Scène conventionnée) est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Poitou-Charentes), la Région Poitou-Charentes, le Département de la Vienne et la Ville de Poitiers. | L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté www.arche-editeur.com Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 41 4 > 6 AVR DANS LES RAPIDES - Maylis de Kerangal LA FABRIQUE 1h30 - à partir de 14 ans De Maylis de Kerangal Mise en scène Jean-Thomas Bouillaguet Musique Kate Bush et Blondie Avec Émeline Touron Lumières Vincent Dono Vidéo Philippe Hariga Collaboration à la scénographie René Maury Costumes Eléonore Daniaud Trois adolescentes, au Havre, en 1978. Elles font du stop, elles rêvent de New York. Entre Debbie Harry, la chanteuse de Blondie et Kate Bush, leur cœur vacille. L’adaptation scénique du roman de Maylis de Kerangal par la compagnie Mavra (qui n’était pas née en 1978) n’idéalise pas cette période mais dépeint avec sensibilité cet âge de l’adolescence où l’on cherche avec passion soi-même, le monde, les autres, et ce qui relie tout ça. La musique, sensuelle, ponctue cette virée. Production Compagnie Mavra – T.I.L – Théâtre Ici&Là de Mancieulles | Partenaires OMA Commercy, Festival Lire le Roman, ACB, Scène nationale de Bar-le-Duc, Ville de Commercy. Dans les rapides est publié aux éditions Naïve. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 42 LES ÉVÉNEMENTS DAVID GREIG / RAMIN GRAY 39 25 > 29 AVRIL GRANDE SALLE De David Greig Mise en scène Ramin Gray Musiques John Browne Avec Romane Bohringer Antoine Reinartz et Pierre-Emmanuel Kuntz (piano) Et la participation de Yves Storper / François Picard (en alternance) Et à chaque représentation une chorale associée au spectacle Traduction Dominique Hollier Dramaturgie Oda Radoor et Brigitte Auer Assistant à la mise en scène Yves Storper Scénographie Chloe Lamford Création sonore Alex Caplen Création lumière Sébastien Rebois Costumes Bohringer Production Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture Les Théâtres de la Ville de Luxembourg Actors Touring Company (Londres) Spectacle créé le 21 avril 2016 dans le cadre du Festival RING (Rencontres Internationales Nouvelles Générations) au Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture Ce spectacle a été présenté pour la première fois en langue anglaise le 4 août 2013 au Traverse Theatre d’Edimbourg sous le titre The Events. L’auteur David Greig est représenté dans les pays francophones par Renauld & Richardson, Paris (info@ paris-mcr.com) en accord avec Casarotto Ramsay & Associates, Londres. La traductrice Dominique Hollier est représentée dans le monde entier par Renauld & Richardson Paris. 1H30 - Dès 12 ans « Je ne veux pas comprendre ce qui m’est arrivé » « Je sais ce qui m’est arrivé » « Je veux comprendre ce qui lui est arrivé à lui » Partant d’un événement terroriste imaginaire, la pièce de David Greig tourne autour d’une simple question : pourquoi ? Les Événements (The Events) raconte l’histoire de Claire, honnête, généreuse pasteur de gauche qui dirige une chorale en milieu communautaire. Elle vit un jour un drame terrible : un jeune homme qu’elle connaissait vaguement tire sur ceux «qui ne sont pas d’ici» pour tenter de s’affirmer dans la société. La pièce n’est pas un biopic sur ce genre d’événements tragiques, elle suit le personnage de Claire dans ses efforts pour comprendre comment quelqu’un peut commettre un acte aussi effroyable et se concentre sur la réaction des communautés face à cette agression, et à la difficulté de continuer à vivre ensuite. Cette pièce audacieuse de David Greig explore notre désir destructeur de sonder l’insondable né du besoin de tourner et retourner ce genre d’événements pour essayer de les comprendre. Le meilleur forum pour ces efforts de compréhension reste l’espace public et commun du théâtre. UNE CHORALE Chaque soir, une chorale différente est associée au spectacle. La présence sur scène d’une chorale locale est un élément capital de la pièce. En partie spectateurs, en partie acteurs, les choristes jouent le rôle du chœur, de la communauté, et de la conscience de Claire. Ils chantent une chanson de leur choix ainsi que des morceaux que nous leur aurons demandé de préparer. Les chorales reçoivent les textes et partitions à l’avance, et nous recommandons six à huit semaines de répétitions afin qu’ils soient bien préparés. Nous leur fournissons également la musique d’accompagnement et des enregistrements des chansons. La chorale doit avoir répété à l’avance. La veille de la représentation, il est prévu 3h de répétition de chant pour la chorale. Le jour du spectacle, 1h30 est nécessaire pour se concentrer davantage sur la façon de s’intégrer dans la représentation. Nous travaillons avec des chorales de 15 à 100 chanteurs. Tout acte théâtral tourne autour d’une transaction entre deux communautés : les acteurs sur scène et la communauté improvisée qui compose ce que nous appelons un public. Quand Anders Breivik a tué 77 personnes en Norvège en juillet 2011, son geste pour détruire une communauté a simultanément et involontairement galvanisé d’autres communautés partout dans le monde. De la simple manifestation de peine et de chagrin à l’écriture et à la représentation de cette pièce, en passant par les tonnes de témoignages, débats enflammés, processus judiciaires, analyses psychiatriques, il est clair que nous avons besoin de tourner Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 43 et retourner ce genre d’événement pour essayer de comprendre. Et bien sûr, le meilleur forum pour ces efforts de compréhension reste l’espace public et commun du théâtre. Mais se pourrait-il, comme le suggère David Greig, que certaines choses échappent au domaine du compréhensible ? (...) Dans un monde où tout le monde semble être en déplacement (chose que Breivik trouvait manifestement très perturbante), cette question nous a paru importante à explorer. Depuis, les événements de Boston et de Woolwich ont malheureusement maintenu le propos à l’ordre du jour. Dans la pièce, le personnage fictif du Garçon inventé par David cristallise beaucoup de ces jeunes hommes déconnectés qui semblent commettre ces actes, tandis que le besoin de comprendre obsessionnel de Claire semble nous tendre un miroir à nous, public, et à notre besoin de clore et tourner la page. De nombreuses pièces, depuis le Chœur des Vieillards de l’Orestie, ont trouvé les moyens d’incarner sur scène la communauté, soulignant ainsi le rôle central du théâtre dans la vie de la cité. (...) En concevant cette nouvelle pièce avec David, j’avais à cœur de créer un lien plus profond avec les publics et de trouver le moyen de les représenter plus fidèlement. D’où l’idée d’inviter une chorale locale à nous rejoindre sur scène chaque soir partout où nous jouons pour faire l’expérience directe du combat pour non seulement digérer mais aussi incarner ce qui est en jeu. (...) Ramin Gray, juillet 2013 (publiée en anglais avec le texte aux éditions Faber and Faber) Quand j’ai écrit ma note d’intention lors de la création du spectacle à Edimbourg en 2013, je pensais à l’affaire Breivik, au bombardement du marathon de Boston, et à la décapitation d’un soldat britannique à Woolwich au Sud de Londres. Ces atrocités étaient teintées de conflits ethniques, religieux et politiques. J’étais loin d’imaginer que Les Événements (The Events) se jouerait plus de 400 fois au Royaume-Uni, et ferait une tournée en Irlande, aux États-Unis, en Autriche et en Norvège. Mais il est évident que notre vie quotidienne est de plus en plus troublée par ces incidents avec une régularité déprimante. C’est donc avec douleur et même quelque appréhension que je me demande comment le public français recevra le spectacle. Les différences entre nos deux pays sont petites même si notre approche de l’intégration des communautés d’autres cultures a toujours été très différente. Là où le Royaume-Uni a suivi une politique de multiculturalisme, encourageant les identités étrangères à s’épanouir, la France a suivi l’idéal républicain, tout le monde étant français indépendamment des ethnies, langues ou religions. Il est clair que ni l’une ni l’autre de ces approches a très bien réussi. Partant d’un événement terroriste imaginaire, la pièce de David Greig tourne autour d’une simple question : pourquoi ? Lui et moi nous avons travaillé pour concilier des points de vue contradictoires, proposant des regards multiples et des explications possibles à l’inexplicable. Si la pièce reste utile aujourd’hui, c’est peut-être parce qu’il y a assez d’ouvertures pour que les spectateurs projettent leurs propres expériences, pensées et sentiments sur l’action. J’espère que ce que nous avons à offrir vous sera utile. Chaque véritable moment de terreur a cherché à perturber le sens des activités ordinaires, partagées - le marathon, l’après-midi au centre commercial, les jeunes scouts - , mais avec les attaques de Paris, cela s’est rapproché de notre foyer spirituel, le théâtre, un lieu où les mots, la musique et le mouvement s’unissent pour créer des liens d’amitié et de bien commun. Je sais que lorsque vous assisterez au spectacle, les souvenirs et images de 2015 planeront sur la soirée mais j’espère que lorsque nous nous rassemblerons, ce sera aussi un moment de réflexion, de discussion et de douce harmonie. Ramin Gray, Londres - 13 janvier 2016 (suite aux événements de novembre 2015) Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 44 RAMIN GRAY Metteur en scène Né à Londres en 1963, Ramin Gray a grandi à Oxford, Téhéran, New-York et Paris. Il est actuellement Directeur Artistique d’Actors Touring Company. En tant qu’artiste associé au Royal Court Theatre, Ramin Gray a mis en scène une quinzaine de pièces (Motortown de Simon Stephens, The Ugly One de Marius von Mayenburg, Ladybird de Vassily Sigarev,...) Il a également mis en scène The American Pilot de David Greig et I’ll be the Devil de Leo Butler pour la Royal Shakespeare Company. À l’international, il a mis en scène des pièces de Gregory Motton, Simon Stephens, Denis Kelly, Marius von Mayenburg et David Greig en Autriche, en Allemagne, en France, en Russie, en Norvège et aux Etats-Unis. Depuis 2009, Ramin Gray a mis en scène des opéras au Hamburgische Staatsoper (Opéra d’État de Hambourg) : Death in Venice de Benjamin Britten, Bliss de Brett Dean, La Bianca Notte de Beat Furrer. En 2013, il a mis en scène The Importance of Being Earnest de Gerald Barry au Royal Opera House de Londres. ROMANE BOHRINGER En 1991, Romane Bohringer est révélée au théâtre dans La tempête, mise en scène par Peter Brook. Elle travaille depuis avec Hans Peter Cloos (Roméo et Juliette, Lulu) - Irina Brook (La ménagerie de verre, La bonne âme de Se-Tchouan), Michel Didym (Face de cuillère de Lee Hall), Adeline Defay (À la recherche du temps perdu de Marcel Proust), Pierre Pradinas (Le conte d’hiver, Fantômas revient, L’Enfer et Les amis du placard de Gabor Rassov, 29 degrés à l’ombre et Embrassons-nous Folleville d’Eugène Labiche, Oncle Vania de Tchekhov) et Philippe Rebbot (Un privé à Babylone de Richard Brautigan). En janvier 2013, elle joue au côté de son père Richard Bohringer dans J’avais un beau ballon rouge, spectacle mis en scène par Michel Didym. Le « Palmarès du Théâtre » a décerné le prix « Coup de cœur du Théâtre public » à Romane Bohringer et Richard Bohringer pour leur interprétation dans ce spectacle. Au cinéma, Romane Bohringer reçoit en 1992 le César du meilleur jeune espoir féminin pour le film de Cyril Collard Les nuits fauves. Elle choisit souvent des œuvres exigeantes, aux côtés de réalisateurs aussi divers que Claude Miller (L’accompagnatrice), Martine Dugowson (Portraits chinois), Yves Angelo (Le colonel Chabert), Agnieska Holland (Rimbaud Verlaine), Bigas Luna (La Femme de chambre du Titanic), Olivier Dahan (Le Petit Poucet), Benoît Cohen (Nos enfants chéris), Chantal Richard (Lili et le baobab), Richard Bohringer (C’est beau une ville la nuit), Maïwenn Le Besco (Le bal des actrices), Gilles Bourdos (Renoir). ANTOINE REINARTZ Né à Nancy, Antoine suit les cours du Studio d’Asnières, de la Manufacture de Lausanne puis du Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, dont il sort diplômé en juin 2014. Au théâtre, il joue à Paris sous la direction de Loic Renard (Hot House, d’Harold Pinter) et de Cyril Hériard Dubreuil (Déchirements, aux côtés notamment de Julie Brochen et Maud le Grevellec). Il tourne en Italie les pièces Remulus (mise en scène Camille Pawlotski) et Le rêve d’un homme ridicule (mise en scène Elise Lhomeau), ce qui l’amène à travailler par la suite à Malmö en Suède (Six efter Rene Polleschs Sex nach Mae West, Annika Nyman). Depuis 2010, il fait partie du Collectif 49701, qui adapte Les trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas sous forme de série théâtrale. Trois saisons ont déjà été créées. Il lit les œuvres de Proust, Primo Levi et Sade à la Fondation des Etats-Unis, pour Paris Nuit Blanche, à la Sorbonne et à la Mairie du 11ème arrondissement. Au cinéma, il tourne pour Fanny Sidney, Anne Brouillet et Cécile Paysant. Il joue Max dans Quand je ne dors pas, de Tommy Weber, et Jérémie dans Nous sommes jeunes et nos jours sont longs de Cosme Castro et Léa Forest. Il tourne prochainement sous la caméra de Robin Campillo. Il réalise un premier court-métrage For the record, adapté du travail photographique de Darcy Padilla, et le clip du Disney Gone Wild Ball. Son second court-métrage est en court d’écriture. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 45 LES ÉPOUX DAVID LESCOT / ANNE-LAURE LIÉGOIS 41 9 > 12 MAI GRANDE SALLE De David Lescot Mise en scène et scénographie Anne-Laure Liégeois Avec Olivier Dutilloy et Agnès Pontier Assistante à la mise en scène Audrey Tarpinian Lumières Dominique Borrini Son François Leymarie Vidéo Grégory Hiétin Scénographie et costumes Anne-Laure Liégeois Régie générale et plateau, assistanat technique à la scénographie Antoine Gianforcaro Régie son et video Guillaume Monard Régie lumière Patrice Lechevallier Couture Élisa Ingrassia Production déléguée Le Volcan Scène nationale du Havre Production Le Festin Cie Anne-Laure Liégeois Coproduction Théâtre 71 - Scène nationale de Malakoff Avec le soutien du Cratère - Scène nationale d’Alès. Le Festin est subventionné par le Ministère de la Culture. Anne-Laure Liégeois est artiste associée au Volcan Scène nationale du Havre et aux 3T – Théâtres de Châtellerault. Spectacle créé le 6 mai 2015 au Cratère - Scène Nationale d’Alès 1H40 - Dès 12 ans UN HOMME, UNE FEMME Un homme et une femme. Des gens très ordinaires, dans la Roumanie du XXe siècle. Ils viennent tous les deux de la campagne. Un peu de la même manière l’un et l’autre, ils en viennent à militer au Parti communiste. Rien ne semble les distinguer de leurs camarades. À part qu’ils sont peut-être un peu moins doués que la moyenne. Ils sont des êtres sans éclat dans un monde sans horizon. Comme le milieu des militants ouvriers à Bucarest dans les années 1930 est plutôt restreint, ils en viennent inévitablement à se rencontrer. Elle est élue reine du bal lors d’un pique-nique organisé par les Jeunesses Communistes en 1939, alors qu’elle est loin d’être la plus jolie. Mais c’est parce qu’il a su intriguer pour elle auprès de ses camarades de section. Ils deviennent les époux que l’on sait, prennent le pouvoir, instaurent la plus implacable des tyrannies en Europe de l’Est, restaurent Byzance derrière le Rideau de Fer, et pendant plus de 20 ans font régner la peur au plus profond de chacun des Roumains, avant de finir exécutés publiquement, devant des caméras de télévision, aux yeux du monde entier. Ce serait donc l’histoire complète, du début à la fin, des époux Ceausescu. Pourquoi revenir sur eux aujourd’hui ? Est-ce que l’histoire ne les a pas suffisamment jugés ? Est-ce que leur sort n’est pas réglé pour l’éternité ? Je crois plutôt que, tout en appartenant à l’Histoire, ils sont devenus une sorte de mythe. Des personnages mythiques. Et je crois qu’il est bon de reprendre les mythes, pour les réinterroger, pour en délivrer des versions nouvelles, et mieux nous voir nous-mêmes à travers eux. Pour parler des événements d’aujourd’hui, des dictatures actuelles, je crois aux vertus du détour, qui est une lentille théâtrale, qui nous permet de regarder sans être pétrifiés par la proximité de notre sujet. Ce mythe là, c’est celui de l’alliance de l’amour et du pouvoir, du couple qui prolifère sur le crime et sur l’horreur. C’est Macbeth et sa Lady, s’ils avaient tenu vingt ans. C’est le Père et la Mère Ubu. Ce serait aujourd’hui, peut-être, Bachar et Asma el-Assad. Les époux Ceausescu, c’est donc un mythe dont le théâtre peut s’emparer. Une fable terrible, à faire frémir, mais dont il faut arriver à rire, pour s’en libérer. Car il y a du grotesque dans cette démesure, dans cette ostentation mégalomaniaque, dans ce goût du spectacle, dans ce culte de la personnalité, d’autant qu’elles n’étaient pas gâtées au départ, ces personnalités. Ce serait donc une comédie noire, une fresque historique à la fois riche et pauvre, une ambitieuse saga, une épopée grandiose jouée par deux acteurs, une manière de faire entrer la grande histoire (celle d’un pays, celle de notre époque) dans la petite (celle d’un couple). David Lescot Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 46 UNE COMMANDE D’ANNE-LAURE LIÉGEOIS À DAVID LESCOT Après la fréquentation des époux Macbeth, le désir m’a poursuivie de pénétrer l’intimité d’un autre couple plus contemporain et uni lui aussi par le goût du pouvoir. Les Ceausescu se sont imposés aussitôt, ne serait-ce que parce qu’ils étaient une entité immédiate : LES Ceausescu. Et puis il y avait la Roumanie qui m’est intimement chère ; et puis les années 60 à 80 qui font partie du début de mon histoire ; et puis le communisme qui ne cesse de m’interpeller ; et puis l’intrigante et vicieuse malice des Ceausescu, qu’on retrouve chez beaucoup de dictateurs, celle qui consiste à utiliser le spectacle pour l’exercice de l’autorité"; et puis le besoin de penser encore, comme dans la plupart de mes spectacles, comment l’intime mène le monde. il y avait aussi la conscience d’avoir vécu à proximité d’un pays violent et de n’avoir rien su, rien vu, ou rien voulu savoir et voir, la nécessité aussi d’en apprendre plus sur le rôle de la France et de l’occident dans cette histoire-là. Essayer de comprendre cela. Il y avait encore le souvenir traumatique de ce procès tronqué, de cette exécution quasi en direct à la télévision, de ces reportages aberrants, le sentiment de ne rien comprendre. Il y avait les textes de David Lescot que j’admirais pour leur rythme et leur engagement, David Lescot avec lequel je n’avais encore jamais travaillé. Et enfin il y avait le désir joueur de passer une commande à un auteur, un auteur qui écrive aujourd’hui un texte d’aujourd’hui pour ces deux comédiens-là, Agnès Pontier et Olivier Dutilloy, sur cette histoire-là et le pari pour moi de mettre en scène un texte commandé. Un texte entier, une pièce de théâtre. Un luxe, un luxe de kamikaze ! Il y avait tous ces désirs-là. ... Je crois qu’on rira dans la salle. J’ai ri en lisant, j’ai ri en rêvant la pièce sur la scène, nous avons ri en répétant. Il fallait que ça soit drôle pour que ça soit admissible. Anne-Laure Liégeois Indissociables, on les appelait « Les Ceausescu ». Ils ont dirigé d’une main de fer, durant plus de vingt ans, la République Socialiste de Roumanie. Olivier Dutilloy et Agnès Pontier s’emparent de leur destinée tragi comique. Sous la direction vive et généreuse d’Anne Laure Liégeois. Dans la peau de ce couple à la fois ridicule et monstrueux, Agnès Pontier et Olivier Dutilloy font mouche. Ils donnent corps, avec beaucoup de liberté, aux accents burlesques de cette tragi comédie historique. La tragi comédie d’un homme et d’une femme ordinaires, auxquels le destin aurait attribué des habits trop grands pour eux. Manuel Piolat Soleymat - La Terrasse DAVID LESCOT Son écriture comme son travail scénique cherchent à mêler au théâtre des formes nondramatiques, en particulier la musique. Il met en scène ses pièces Les Conspirateurs (1999, TILF), L’Association (2002, Aquarium) et L’Amélioration (2004, Rond-Point). Sa pièce Un Homme en faillite qu’il met en scène à la Comédie de Reims et au Théâtre de la Ville à Paris en 2007, (avec Pascal Bongard, Norah Krief, Scali Delpeyrat), obtient le Prix du Syndicat national de la critique de la meilleure création en langue française. Il interprète son texte L’Instrument à pression, mis en scène par Véronique Bellegarde avec les musiciens Médéric Collignon et Philippe Gleizes et les acteurs Jacques Bonnaffé et Odja Llorca. Il co-met en scène en 2006 Troïlus et Cressida de Shakespeare avec Anne Alvaro et les élèves de l’ERAC. Il rencontre en 2000 la metteuse en scène Anne Torrès, pour laquelle il signe et interprète la musique du Prince de Machiavel. C’est encore pour Anne Torrès qu’il écrit Mariage créée en janvier 2003 avec Anne Alvaro et Sid Ahmed Agoumi. Il compose de nombreuses musiques de scène (Troïlus et Cressida de Shakespeare, Le Fou Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 47 d’Elsa d’après Aragon, Le Bleu du Ciel d’après Georges Bataille et Bernard Noël). Il joue à la Maison de la Poésie son texte La Commission Centrale de l’enfance, accompagné d’une guitare électrique tchécoslovaque des années 60 (autant dire rare). Il obtient en 2008 le Prix Nouveau Talent Théâtre de la SACD. Il remporte la même année le Grand Prix de Littérature dramatique pour sa pièce L’Européenne. Il la met en scène à la Comédie de Reims en mai 2009. Ses textes sont publiés aux Editions Actes Sud-Papiers. ANNE-LAURE LIÉGEOIS Metteur en scène de théâtre, Anne-Laure Liégeois signe aussi la scénographie et les costumes de la plupart de ses spectacles. Elle s’intéresse particulièrement dans ses créations au thème du pouvoir et du jeu des corps. Elle tisse dans chaque spectacle un lien privilégié avec la peinture et le cinéma. En 1992, elle traduit Le Festin de Thyeste de Sénèque en conclusion de ses études de Lettres Anciennes et l’adapte pour la scène. Puis elle crée Le Fils de Christian Rullier, forme spectaculaire avec 50 comédiens se jouant dans des lieux industriels désaffectés. C’est son premier spectacle déambulatoire. Embouteillage (2000), spectacle de route pour 27 auteurs, 50 acteurs et 35 voitures, ou Ça (2005), vaste dispositif pour plaine et clairière conçu sur le principe de La Ronde de Schnitzler, illustreront son goût pour ce type d’expériences théâtrales. En 2003, elle est nommée à la direction du Centre Dramatique National d’Auvergne qu’elle quitte en 2011 à la fin de ses trois mandats. Elle reprend alors son activité en dirigeant la Compagnie Le Festin. Ses mises en scène font autant appel à des textes contemporains qu’à ceux d’auteurs du Répertoire. Son travail d’écriture pour la scène l’associe régulièrement à des équipes d’auteurs qu’elle inclut dans des formes composites (Ça, Embouteillage, Karaoké, Les Rencontres de Hérisson 2007-2011). Entre 2010 et 2013, elle crée à La Comédie Française, Burn Baby Burn de Carine Lacroix, Le bruit des os qui craquent de Suzanne Lebeau, Une Puce, épargnez-la de Naomi Wallace (entrée au Répertoire), La Place Royale de Corneille. En 2014, elle a créé Macbeth de Shakespeare. Les Époux de David Lescot, ainsi que The Great Disaster de Patrick Kermann. Elle travaille actuellement sur la préparation d’un Don Quichotte (novembre 2016) d’après Cervantès, sur un texte de Büchner Lenz et sur Les Soldats de Lenz (2017). Anne-Laure Liégeois est artiste associée au Volcan Scène nationale du Havre. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 48 MENSONGES CARNEVALI - ESINENCU - LOLLIKE - MAVRITSAKIS - MIRO - SONNTAG VÉRONIQUE BELLEGARDE 16 > 19 MAI GRANDE SALLE Conception, mise en scène et scénographie Véronique Bellegarde Avec les textes de six auteurs européens Davide Carnevali (Italie) Nicoleta Esinencu (Moldavie) Christian Lollike (Danemark) Yannis Mavritsakis (Grèce) Josep Maria Miro (Catalogne) Frédéric Sonntag (France) Avec Éric Berger, Christophe Brault Odja Llorca et Philippe Thibault Traductions Catherine Lise Dubost Laurent Gallardo, Alexandra Lazarescou, Caroline Michel et Michel Volkovitch Collaboration à la dramaturgie Frédéric Sonntag Lumières Philippe Sazerat Musique Philippe Thibault Vidéo Olivier Garouste Photos Philippe Delacroix Costumes Laurianne Scimémi Administration Fabienne Coulon Production Le Zéphyr Coproduction le Théâtre Jean Vilar / Vitry sur Seine, avec l’aide au compagnonnage avec un auteur (DRAC Île-de-France/ DGCA), le soutien du Centre national du Théâtre, de La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon (Centre National des Écritures du Spectacle), de La Mousson d’été, de la Maison Antoine Vitez (Centre international de la traduction théâtrale), du Conseil des Arts du Danemark et de l’Institut Ramon Llull Avec le soutien de l’ADAMI « La culture avec la copie privée » La compagnie Le Zéphyr est soutenue par la DRAC île-de-France / Ministère de la Culture. Le site d’information MEDIAPART est partenaire de,Mensonges http:// blogs.mediapart.fr/blog/mensonges et papa te raconte encore des histoires : maman est partie dans un autre pays au pays des cons là-bas il y a un champ – le champ des miracles et si à minuit tu creuses un trou tu peux y mettre des pièces de monnaie ou même des billets de banque tu arroses bien et tu prononces les mots magiques krex-pex-fex tu peux aller tranquillement te coucher et le matin quand tu te réveilleras à cet endroit un arbre aura poussé rempli de pièces de monnaie et même de billets de banque cet endroit existe et il se nomme le champ des miracles au pays des cons (Extrait de That moment de Nicoleta Esinencu) Mensonges propose une aventure poétique et politique sur le mensonge public. Six auteurs européens sont investis pour créer une œuvre collective. Ils ont écrit six pièces miniatures. Assemblées, elles constituent une seule et même œuvre. La pluralité des visions élargit le contexte et ouvre un dialogue. Les pièces sont articulées entre elles selon le jeu surréaliste du “cadavre exquis“. La notion de mensonge et de vérité est mise en abyme par la fiction théâtrale. Des entretiens filmés avec les auteurs nourrissent l’écriture du spectacle. Le réel glisse vers la fiction, le vrai vers le faux et inversement. Et d’un mensonge peut il surgir une vérité ? Ce thème transfrontalier, dont l’actualité se renouvelle chaque jour, questionne la nature de la parole politique chez ces jeunes dramaturges européens. Comment l’artistique et le politique peuvent-ils converger pour ces auteurs ? Qu’ont-ils en commun ? Le langage théâtral pourrait-il être entendu comme un “mentir vrai“ opposé à celui des véritables mensonges des politiques ? LA SPIRALE DU MENSONGE Chacune de ces courtes fictions aborde, avec la singularité de son style, un sujet différent : l’argent, la falsification de l’histoire, l’insécurité, les conflits de territoire, la religion, la communication, les lois agricoles européennes... Il semblerait que tous les domaines soient concernés, que les mensonges s’accumulent. Un mensonge en entrainant un autre, un effet de spirale se produit. Une journaliste enquête mais n’est elle pas elle-même piégée au jeu ambivalent du vrai et du faux ? Le projet Mensonges se situe, loin de tout didactisme, dans un questionnement vertigineux de la vérité. 1H50 (durée estimée) Dès 14 ans Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 49 L’ÉLABORATION DU PROJET Des pièces miniatures sur le mensonge public ont été commandées en 2014 par Véronique Bellegarde à de jeunes auteurs européens de premier plan. Frédéric Sonntag est l'un des auteurs et associé à l’écriture globale du projet, des liens dramaturgiques. LES TEXTES That moment de Nicoleta Esinencu, Bélial de Yannis Mavritsakis, L’heure de religion de Davide Carnevali, La bête volante et le chien de Yannis Mavritsakis, Le collaborateur de Josep Maria Miro, Trois mots de Frédéric Sonntag, Faillite, le monologue de l’agriculteur de Christian Lollike, La journaliste et l‘acteur de Frédéric Sonntag Les auteurs ont été interviewés par Frédéric Sonntag sur leur processus d’écriture et leurs motivations. Ces échanges d’auteur à auteur ont été enregistrés ou filmés pour être utilisés partiellement sur scène ou autour du spectacle. LABORATOIRES, RENCONTRES, PERFORMANCES : Une première rencontre a été organisée fin 2014 par le Centre national du Théâtre : “La spirale du mensonge : Mythomanie, fiction et mensonge public“, avec une psychiatre et un journaliste de Mediapart. http://www.franceculture.fr/emissions/tire-ta-langue/le-mensonge-et-ses-vertiges NOTE DE DRAMATURGIE : Fraudes, manipulations, rumeurs instrumentalisées, dissimulations, mémoire falsifiée…, les inventions ou mensonges stratégiques pour la bonne ou la mauvaise cause abondent. Le mensonge est un outil politique et sociétal, c’est une langue aussi relayée par les médias. Le mensonge public est lisible particulièrement dans la sphère politique mais concerne aussi bien des domaines comme la science, la santé, la nutrition, la finance, la religion, la sécurité, l’archéologie... À l’heure de l’Europe économique, les dramaturgies européennes développent chacune leur spécificité, leur façon d’aborder les débats de société, de prendre une parole politique. Certaines sont frontales voir même interactives avec le public, d’autres métaphoriques, d’autres utilisent le mode de l’humour ou de la comédie réaliste ou encore du théâtre d’anticipation... La façon de penser la dramaturgie contemporaine et particulièrement la question politique n’est pas univoque. Notre mode de perception du théâtre peut être bousculé, s’ouvrir à d’autres conceptions. La pensée et la poésie circulent et nous relient. De nombreux pays d’Europe vivent un chaos économique qui remet en cause profondément les habitudes de vie des gens et leurs regards sur le monde. La parole réelle des politiques a perdu de sa crédibilité, et paradoxalement la fiction théâtrale a la légitimité d’une parole vraie. Fausses vérités et vrais mensonges se côtoient. Ce sentiment d’incertitude, de désarroi est partagé par nos pays voisins. Des auteurs de la jeune génération nous donnent l’écho de leur ressenti face à cette Europe dont ils héritent sans toujours en percevoir la véritable finalité. Le traitement du politique sur la scène est redevenu un enjeu brûlant, il a repris une urgence et se réinvente. Il m’a semblé vivifiant de mettre en relation des dramaturges européens dans une œuvre commune, de mettre en scène leurs différentes visions esthétiques, d’interroger le politique par une forme ludique et poétique. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 50 VÉRONIQUE BELLEGARDE Elle se consacre aux écritures contemporaines internationales. Curieuse au-delà des frontières, elle s’intéresse à l’art sous toutes ses formes (des arts plastiques au spectacle vivant) et a participé à de nombreux projets internationaux. Elle crée sa compagnie le Zéphyr en 2000, en Ile de France. Elle est alors en résidence pour trois ans à la Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne la Vallée, pour développer son travail autour des nouvelles écritures dramatiques internationales en croisement avec le nouveau cirque. Elle est parallèlement en résidence au Parc de la Villette. Entre 2001 et 2004, elle collabore avec l’AFAA, (ex Institut Français) sur différents projets ; des missions sur l’écriture contemporaine et des mises en scènes en Argentine et en Uruguay. Son spectacle Un animal de dos lenguas, créé à Buenos Aires et repris à Jazz à la Villette avec la Cité de la Musique, lui fait rencontrer le trompettiste et multi-instrumentiste Médéric Collignon avec lequel elle collabore depuis, notamment sur L’Instrument à pression de David Lescot, puis sur Terre Océane de Daniel Danis, présenté au Théâtre de la Ville. La musique prend alors une place déterminante dans sa recherche théâtrale. Son goût pour les écritures contemporaines s’inscrit dans plusieurs contextes : Parallèlement à l’activité de sa compagnie, depuis 1995, elle est artiste associée au Festival La Mousson d’été et à La Mousson d’hiver, pour la jeunesse (direction du comité de lecture, programmation, mises en espace, distributions, organisation). En 2016 aura lieu la 22e édition. En 2006/2007, le Zéphyr est associé à l’Université Paris X-Nanterre (master de mise en scène et dramaturgie) autour de la découverte du théâtre contemporain. Véronique Bellegarde a réalisé plus d’une quarantaine de mises en espace de textes contemporains internationaux inédits à la Mousson d’été mais aussi à Théâtre Ouvert et dans d’autres structures. De 2007 à 2013, Véronique Bellegarde est membre de la commission de l’Aide à la création, au CnT. Le Zéphyr a créé plus d’une dizaine de spectacles, centrés sur la découverte d’auteurs d’aujourd’hui tout élaborant un langage scénique singulier enrichi d’autres arts ; l’image filmée, la photographie, le dessin, la musique et le nouveau cirque. Ses dernières mises en scènes : 2016 Le Cabaret Stupéfiant, en résidence de création au Hall de la Chanson au Parc de la Villette. 2014-2015, re-création de Farben de Mathieu Bertholet Quelques créations Isabelle et la Bête texte et dessins de Grégoire Solotareff, musique Sanseverino. Terre océane de Daniel Danis, en 2010. L’instrument à pression de David Lescot avec Jacques Bonnaffé, Médéric Collignon. Le bestiaire animé, spectacle pour deux acteurs et des images d’après des textes de Jacques Rebotier) La compagnie Le Zéphyr est conventionnée par la DRAC- île de France. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 51 LA MATE FLORE LEFEBVRE DES NOËTTES 30 MAI > 2 JUIN LA FABRIQUE Texte, conception et jeu Flore Lefebvre des Noëttes Direction d’acteur Anne Le Guernec Lumières Laurent Schneegans Costume Laurianne Scimemi Production En Votre Compagnie Coproduction Comédie de Picardie Avec le soutien du Théâtre du Nord, de la Comédie De l’Est, du CDN de Besançon, et de La Maison des Métallos Établissement culturel de la Ville de Paris Texte édité aux éditions Les Solitaires Intempestifs 1H05 PREMIÈRE PARTIE, L’ENFANCE C’est l’histoire d’une famille dans les années 60, famille nombreuse catholique, dont le père, militaire, Lieutenant-Colonel était bi-polaire ; la mère, une « Mère courage », tenue d’élever leurs dix enfants en plus des trois filles qu’il eut d’un premier mariage. Les aînés les appelaient : «Le Pater » et « La Mater » ou : « Le Pate et La Mate ». Faire « Pat » ou faire « Mat » sont deux figures finales au jeu d’échec. À la mort de ma mère, les souvenirs se libèrent, pour la première fois je prends la plume et j’écris l’histoire de notre famille si singulière. (C’est aussi une façon de faire revivre ma mère et d’en faire un hommage). Les mots font images et les images font écriture. Des petits tableaux naissent avec précision. C’est l’occasion pour moi de rire beaucoup. Je reconstruis une nouvelle histoire familiale renversant son tragique en fable comique brossée à la Honoré Daumier, inspirée de mes lectures récurrentes du Combray de Marcel Proust, au premier chapitre d’ À La recherche du temps perdu. L’idée me vient alors d’en faire théâtre, je viens alors mentir-vrai à partir du moment où je le joue, me voilà passée ailleurs, je dépasse le cadre personnel autobiographique et familial, j’en fais un acte de sublimation et de création, je crée une fiction : « La Mate ». Le fait de réécrire cette histoire créait du lien avec moi-même, me rendait légère, et incarner cette fiction devant un public, créait entre les spectateurs et moi un renouvellement et une extension de ce lien. Cette légèreté d’être et ce rire qui me prenait en écrivant ces petits tableaux, se communiquaient, après chaque représentation la parole se libérait du côté du public, un écho, un dialogue se créait tout naturellement. Ainsi le chemin que j’avais fait vers moi-même, le spectateur le faisait vers lui-même et se libérait à son tour par les mots. Amener les gens à se retrouver eux-mêmes, les amener à l’universel par le rire est une expérience enrichissante pour chacun. À la fois comédienne et peintre, le style de l’écriture de La Mate est truculent et évocateur, on y entend et on y voit une succession de petits tableaux drolatiques parfois proches d’un Hanok Levin. Mon style en tant que comédienne est épique et lyrique, de caractère comique, ce qui permet au public de rire beaucoup tout en étant touché par la profondeur humaine de l’histoire que je j’interprète. Tous les personnages de la fiction sont joués par moi : le Pate, la Mate, la grand-mère, les voisins, la boulangère Melle Mathieu, le jardinier Jojo Pathelin etc... Pour les lumières et la scénographie j’ai tout de suite pensé à Malevitch, carré noir sur fond blanc et carré blanc sur fond noir, des formes abstraites, rectangles, carrés, cercle, diagonale. Sur une idée d’Elisabeth Mazev, j’ai décliné toutes sortes de cloches tintinnabulant le temps qui passe, évoquant la messe, une cloche de vache pour l’appel au diner, une cloche plus grave encore pour les mots et expressions interdits, quatre cloches pour mai 68, toutes font et défont la petite madeleine de Proust de Juliette. Une envolée de feuilles annotées, photos, pétales tapissent le sol au fur et à mesure du spectacle, c’est un appel à la liberté. Les chansons des années 60, le costume noir comme de l’encre, le tapis de danse blanc mat comme une page à écrire, le pupitre noir où s’ouvre le grimoire à mémoire créent un tout rêvé, touchant et comique. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 52 FLORE LEFEBVRE DES NOËTTES Après une formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, elle travaille principalement avec Jean Pierre Rossfelder pour une dizaine de spectacles. En 1989, elle entame une collaboration avec Stéphane Braunschweig et la compagnie Théâtre Machine avec notamment, Woyzeck de Buchner, Ajax de Sophocle, La Cerisaie de Tchekhov, Docteur Faustus de Thomas Mann, Le Conte d’Hiver de Shakespeare, Amphytrion et Le Paradis verrouillé de Kleist, Franziska de Wedeking, Peer Gynt d’Ibsen, Dans la Jungle des Villes de Brecht. Elle a également travaillé avec Bernard Sobel (Couvre-Feu de Brett, Ubu Roi de Jarry, Le Pain Dur de Claudel), Jean-Pierre Vincent (Homme Pour Homme de Brecht, Les Prétendants de Jean Luc Lagarce), Anne-Laure Liégeois ( Ça, Une Médée d’après Sénèque, Edouard II de Christopher Marlowe), Magali Léris (Willy Protagoras... de Wajdi Mouawad), ou encore Guy Pierre Couleau (Le Baladin du Monde Occidental, Les Noces du Rétameur, La Fontaine aux saints de J.M Synge, Le Paradis sur Terre de Tennessee Williams, Asservies de Sue Glover, George Dandin de Molière, Rêves de Wajdi Mouawad, Les Justes d’Albert Camus, Les Mains sales de Jean-Paul Sartre)... Dernièrement, elle a joué dans Entre les actes de Virginia Woolf mis en scène par Lisa Wurmser, et dans Phèdre de Racine mis en scène par Christophe Rauck. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 53 MUSIQUE ACTION 2017 COMPAGNIE OUÏE/DIRE 15 > 20 MAI LA FABRIQUE 50 min Comme chaque année, au mois de mai, le festival Musique Action, nous fait l’honneur d’une visite. Aux confins du rock, du jazz et des musiques expérimentales, concrêtes ou électroaccoustiques. Musique Action est devenu au fil des ans une référence incontournable aux niveaux national et international. Carte blanche à la COMPAGNIE OUÏE/DIRE (Périgueux) La compagnie Ouïe/Dire bénéficie du dispositif de soutien aux résidences artistiques de la Région Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine Festival Musique Action 3 > 28 mai 2017 www.musiqueaction.com Cartes postales sonores, concerts, spectacles, veillées, installations, la compagnie Ouïe/Dire nous prépare un voyage poétique inédit. Aux manettes de cette création, les artistes sonores Jean-Léon Pallandre et Marc Pichelin, le photographe et vidéaste Kristof Guez associés au musicien lorrain Mathieu Chamagne qui, avec de nombreux invités, nous feront visiter des paysages sonores inédits, plein de découvertes inattendues. L’inouï sera au rendez-vous ! Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 54 NANCY JAZZ PULSATIONS À LA MANUFACTURE LUNDI 10 O CTOBRE 20H 0 0 JOSH SHPAK 4TET (Jazz / USA) Joshua Shpak Trompette / Michael Wooten Piano / Pera Krstajic Basse / Jongkuk Kim Batterie SÉBASTIEN TEXIER 4TET (Jazz / France) Sébastien Texier Sax alto, clarinettes / Olivier Caudron Orgue Hammond / Pierre Durand Guitare / Guillaume Dommartin Batterie MARDI 11 O CTOBRE 20H 0 0 RAY ANDERSON’S POCKET BRASS BAND (Jazz / USA) Ray Anderson Trombone / Steven Bernstein Trompette / José Davila Tuba / Tommy Campbell Batterie FRANCK TORTILLER TRIO (Jazz / France) Franck Tortiller Vibraphone, marimba / Simon Goubert Batterie / Jean-Philippe Viret Contrebasse MER CR EDI 12 O CTOBRE 20H 0 0 GÉRALDINE LAURENT 4TET (Jazz / France) Géraldine Laurent Saxophone / Paul Lay Piano / Yoni Zelnick Contrebasse / Donald Kontomanou Batterie MÉDÉRIC COLLIGNON ET LE JUS DE BOCSE PRÉSENTENT MOOVIES (Jazz / France) Médéric Collignon Cornet / Yvan Robillard Piano / Philippe Gleize Batterie / Emmanuel Harang Basse électrique JEU DI 13 O CTOBRE 20H 0 0 Tarifs NJP Pour tous les concerts à 20h Tarif plein en prévente 21€ Tarif réduit en prévente 17€ (étudiants et abonnés) Tarif sur place le soir du concert 23€ Pour le concert du 14 octobre à 22h Tarif plein en prévente 23€ Tarif réduit en prévente 20€ Tarif sur place le soir du concert 26€ Abonnement Trio (3 concerts au choix, hors concert du 14 octobre à 22h) 42€ nancyjazzpulsations.com MARK GUILIANA 4TET (Jazz / USA) Mark Guiliana Batterie / Jason Rigby Saxophone ténor / Fabian Almazan Piano / Chris Morrissey Contrebasse KEITH BROWN 4TET (Jazz / USA) Keith Brown Piano, claviers / Greg Tardy Saxophones / Clint Mullican Contrebasse / Terreon « Tank » Gully Batterie VENDR EDI 14 OCTOBRE 20H 0 0 ALA.NI (Chanson - Jazz / Angleterre) VENDR EDI 14 OCTOBRE 22H 0 0 KENNY BARRON TRIO (Jazz / USA) Kenny Barron Piano / Kiyoshi Kitagawa Contrebasse / Johnathan Blake Batterie S AMEDI 15 O CTOBRE 20H 0 0 nOx.3 (Jazz / France) Rémi Fox Saxophones / Matthieu Naulleau Piano / Nicolas Fox Batterie Abonnements NJP et Manu Jazz Club en vente aux guichets et sur www.nancyjazzpulsations.com www.theatre-manufacture.fr ANNE PACEO (Jazz / France) Anne Paceo Batterie, chant / Leila Martial Chant / Tony Paeleman Claviers / Christophe Panzani Saxophone, claviers Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 55 MANU JAZZ CLUB SAISON #4 Nancy Jazz Pulsations et le Théâtre de la Manufacture vous proposent un rendez-vous jazz mensuel avec une programmation qui maintient le fil du jazz à Nancy entre deux festivals NJP grâce à une affiche éclectique mêlant des projets audacieux à l’invitation de grands noms du jazz européen. manu JAZZ CLUB Programme proposé par Nancy Jazz Pulsations Les jeudis 17 novembre / 8 décembre 19 janvier / 16 février / 2 mars 6 avril / 4 mai à 20h Tarif unique 14€ Tarif sur place 16€ Tarif élèves du MAI, du Conservatoire Régional du Grand Nancy, groupes scolaires 9€ Abonnement « Trio Jazz Club » 36€ (3 concerts différents au choix) Abonnement Général 77€ (les 7 concerts) Abonnements NJP et Manu Jazz Club en vente aux guichets et sur www.nancyjazzpulsations.com www.theatre-manufacture.fr Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 56 PRODUCTIONS EN TOURNÉES SAISON 2016-2017 LE MALADE IMAGINAIRE De Molière, mise en scène Michel Didym Espace Marcel Carné, Saint-Michel-sur-Orge (91). . . . . . . . . . . . . . . . . le 25 mars 2017 Theater Basel (Bâle, Suisse) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 2 avril 2017 Espace des Arts, scène nationale, Chalon-sur-Saône (71). . . du 4 au 6 avril 2017 Maroc / Espagne / Russie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . avril / mai 2017 MEURTRES DE LA PRINCESSE JUIVE, BON TITRE, PUBLICITÉ MENSONGÈRE De Armando Llamas, mise en scène Michel Didym Le Manège, Scène nationale, Maubeuge (59). . . . . . . . du 14 au 15 novembre 2016 NEST, CDN de Thionville (57). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 17 au 18 novembre 2016 Théâtre National Populaire, Villeurbanne (69) . . . . . . . . . . . du 30 nov. au 4 déc. 2016 Espace Malraux, Scène nationale, Chambéry (73). . . . . . . . . . . du 6 au 7 décembre 2016 SALES GOSSES De Mihaela Michailov, traduction Alexandra Lazarescou, mise en scène Michel Didym Théâtre national de Timisoara (Roumanie). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . décembre 2016 Blainville-sur-l’Eau (54) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 13 décembre 2016 Montigny-lès-Metz (57) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 15 décembre 2016 Theater an der Parkaue (Berlin, Allemagne). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . janvier 2017 Le Carreau, Scène nationale, Forbach (57). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 10 au 12 janvier 2017 Le Manège, Scène nationale, Maubeuge (59). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 24 au 25 janvier 2017 SAVOIR-VIVRE Textes de Pierre Desproges, mise en scène et interprétation Catherine Matisse et Michel Didym Villemoisson-sur-Orge (91). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 3 février 2017 Le Manège, Scène nationale, Maubeuge (59). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 28 février 2017 LES ÉVÉNEMENTS De David Greig, traduction Dominique Hollier, mise en scène Ramin Gray Les Théâtres de la Ville de Luxembourg (Luxembourg). . . . . du 1er au 5 avril 2017 Théâtre Varia, Bruxelles (Belgique). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 18 au 22 avril 2017 Théâtre de Grasse (06). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 4 au 5 mai 2017 Théâtre National de Nice (06) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 10 au 11 mai 2017 Theater Basel (Bâle, Suisse) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 14 mai 2017 Célestins, Théâtre de Lyon (69) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 17 au 27 mai 2017 EXAMEN Reprise dans la Région Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine en cours d’élaboration. Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 57 COPRODUCTIONS EN TOURNÉES SAISON 2016-2017 LE PETIT COUCHER DE STANISLAS De Jean-Philippe Jaworski, mise en scène Michel Didym CRÉATION Place Stanislas, jardin éphémère, Nancy (54) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 20 au 23 octobre 2016 Château des Lumières, Lunéville (54). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 29 au 30 octobre 2016 Palais du Gouvernement, Nancy (54). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 4 au 5 novembre 2016 TOM À LA FERME De Michel Marc Bouchard, mise en scène Jessica Czekalski, Alexandre Dolle La Manufacture, CDN Nancy Lorraine (54). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 29 nov. au 9 déc. 2016 PLAY LOUD De Falk Richter, mise en scène Jean-Thomas Bouillaguet T.I.L - Théâtre Ici&Là, Mancieulles (54). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 7 au 9 décembre 2016 T.A.P.S, Strasbourg (67). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 11 au 13 janvier 2017 ACB - scène nationale, Bar-le-Duc (55). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 19 au 20 janvier 2017 MJC Calonne, Sedan (08). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 mars 2017 Théâtre de la Madeleine - Scène conventionnée, Troyes (10). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 mars 2017 LA CANTATRICE CHAUVE De Eugène Ionesco, mise en scène Pierre Pradinas Bonlieu, Scène nationale, Annecy (74) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 4 au 8 octobre 2016 Théâtre de l’Union, CDN du Limousin (87). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .du 11 au 18 octobre 2016 La Passerelle, Scène nationale, Saint-Brieuc (22) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 8 au 9 nov. 2016 La Coursive, Scène Nationale, La Rochelle (17). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 15 au 17 nov. 2016 Théâtre d’Angoulême, Scène nationale, Angoulême (16) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 4 au 6 jan. 2017 LE VENT SE LÈVE Conception, réalisation et mise en scène David Ayala Domaine d’O Théâtre Jean Claude Carrière, Montpellier (34). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 28 au 30 septembre 2016 Théâtre La Piscine, Chatenay – Malabry (92). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . le 18 janvier 2017 Théâtre de la Cité, Toulouse (31). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 24 au 28 janvier 2017 Théâtre Liberté, Toulon (83). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 31 au 31 janvier 2017 Théâtre 95, Cergy Pontoise (95). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 21 au 23 février 2017 Théâtre 13, Paris (75) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 29 mars au 2 avril 2017 Célestins, Théâtre de Lyon (69). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 6 au 10 juin 2017 LA VÉRITABLE HISTOIRE D’AH Q De Lu Xun, mise en scène Michel Didym. Production Beijing Xinchan Performing Arts Co CRÉATION Pékin, Théâtre de la Colline Parfumée, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 28 au 30 septembre 2016 DANTON & AH Q Mise en scène co-signée Yi Li ing (Beijing Xinchan Performing Arts Co) et Michel Didym autour de fragments des pièces la Mort de Danton de Georg Büchner, mise en scène Yi Liming et La Véritable histoire d’Ah Q de Lu Xun, mise en scène Michel Didym CRÉATION Pékin, Théâtre de la Colline Parfumée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . du 7 au 9 octobre 2016 Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 58 TARIFS ET ABONNEMENTS SAISON 2016-2017 Tarifs spéciaux Pour les spectacles programmés en octobre et en novembre, vente à l’unité : 1 mois avant la première représentation du spectacle choisi. Pour tous les autres spectacles : à partir du 3 novembre Plein tarif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22€ Strapontin à l’unité (hors abonnement). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21€ Tarif réduit1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17€ Tarif jeune2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9€ Professionnels, Compagnies de théâtre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7€ N ANCY JAZ Z PULS ATIONS Plein tarif 21€ / 23€ (sur place) 17€ (étudiants et abonnés Manufacture) Sauf 14 octobre à 22h Plein tarif 23€ / 26€ (sur place) 20€ (étudiants et abonnés Manufacture) ABONNEMENT 3 concerts 42€ soirées à la Manufacture (sauf 14 octobre à 22h) Abonnez-vous ! Achetez vos places en abonnement tout au long de la saison (dans la limite des places disponibles). MAN U JAZ Z CLU B 14€ / 16€ (sur place) 9€ élèves du MAI et du Conservatoire régional du Grand Nancy, groupes scolaires, places non numérotées Les avantages Abonnés : Réservation prioritaire • Tarifs réduits pour les spectacles du Théâtre de la Manufacture ainsi que pour les concerts Nancy Jazz Pulsations à la Manufacture • Avantages tarifaires dans de nombreuses structures culturelles de la Région1. ABONNEMENTS 7 concerts 77€ 3 concerts 36€ 1 ET... Émile Friant, une vie de peinture 10€ ou 5€2 Musique Action - Cie Ouïe/Dire 6€ ou 4€2 Abonnement 16 spectacles Richard II • Meurtres de la princesse juive, bon titre, publicité mensongère • Combat de nègre et de chiens • Tom à la ferme • La Cantatrice chauve • Tableau d’une exécution • Play Loud • Sales Gosses • Dom Juan • Le Vent se lève (Les Idiots - Irrécupérables ?) • Femme verticale • Les Événements • Les Époux • Mensonges • Cie Ouïe/Dire • La Mate Plein tarif 169€ / Avant le 31 août 154€ / Tarif jeune2 86,5€ Abonnement Trio Jazz Club 3 concerts différents au choix, disponibles aux guichets et via les sites internet de NJP et de la Manufacture pour les dates du 17 nov. / 8 déc. / 19 jan. / 16 fév. / 2 mars / 6 avr. / 4 mai – 2017 2 Abonnement 5 + (à partir de 5 spectacles) Plein tarif 15€ la place / Tarif réduit3 13€ la place / Tarif Jeune2 6€ la place Abonnement 5+ groupe 1/ groupe (8 personnes et +), CE (inter C.E.A, Atoll, Cezam, CCAS, SGDL, CAES CNRS, LORITZ Loisirs, Amical du CHU de Nancy), + de 65 ans, place adulte supplémentaire à l’abonnement Manufacture, Structures partenaires : Opéra national de Lorraine, CCN – Ballet de Lorraine, CCAM - Scène nationale de Vandœuvre-lès-Nancy, cinéma Caméo à Nancy, NEST Théâtre- CDN de Thionville-Lorraine, Théâtre Gérard Philippe de Frouard, Théâtre du Peuple de Bussang, la Méridienne-Théâtre de Lunéville, Trait d’Union à Neufchâteau, Scènes Vosges, FRAC Lorraine à Metz, Carte LAC, ACB-Scène nationale de Bar-le-Duc 2/ moins de 27 ans, demandeurs d’emplois, bénéficiaires des minima sociaux, intermittents du spectacle 3/ Groupe (8 personnes et +),CE, + de 65 ans À partir de 8 personnes, devenez relais du Théâtre de la Manufacture ! Vous aimez aller au théâtre en famille, avec des amis, avec des collègues de travail ? Réunissez 7 personnes et abonnez-vous en groupe (chaque personne pouvant choisir son propre parcours). Regroupez les formulaires, déposez les à la billetterie. Vous devenez ainsi notre relais et bénéficiez : d’un abonnement offert • d’informations complémentaires sur les spectacles • d’avant-premières et de parcours dans les structures culturelles du Grand Nancy • et d’autres impromptus au cours de la saison. 3 4 Abonnement 3 spectacles = 21€ scolaires, étudiants, jeunes, demandeurs d’emploi 3 spectacles au choix, 7€ la place. Abonnements Clé en main = Plusieurs sélections de 3 spectacles pour 51€, soit 17€ la place au lieu de 22€, 18€ (pour les porteurs de la Carte Jeunes Nancy Culture) Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 59 LES PARTENAIRES SAISON 2016-2017 POUR CETTE SAISON 2016-2017, ILS S'ENGAGENT À NOS CÔTÉS, NOUS LES REMERCIONS POUR LEUR SOUTIEN LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS LES ENTREPRISES PARTENAIRES LES STRUCTURES PARTENAIRES France 3 Lorraine est partenaire média du Théâtre de la Manufacture LES PARTENAIRES EUROPÉENS www.etc-cte.org Le projet ETC - EUROPEAN THEATER LAB: DRAMA GOES DIGITAL a obtenu le soutien du programme Creative Europe Culture Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture - Saison 2016-2017 60