déficit a été financé principalement par des emprunts à la Banque centrale Libye, et dans une
moindre mesure aux banques commerciales. Alors que le gouvernement central était un
emprunteur net avant la révolution, la dette nationale a depuis atteint 110 % du PIB en 2016.
La balance des paiements souffre également du verrouillage politique, aggravé par les prix bas
du pétrole. La Libye n'exportera que 0,2 million bbl/j cette année, soit un sixième de son
potentiel. Touchés par le déclin continu des prix du pétrole, les revenus provenant des
exportations d'hydrocarbures devraient baisser d'un tiers en 2016, ce qui représentera
seulement 7 % des revenus de l'année 2012. Malgré son déclin, l'importation des produits de
consommation reste élevée. Dans ce contexte, le déficit courant devrait se détériorer cette année
à une estimation de 61 % du PIB, la troisième année de déficit consécutive. Dans le but de
financer ces déficits, les réserves nettes d'échange s'épuisent rapidement. Elles ont diminué de
moitié entre 2013 et la fin 2016, passant de 107,6 milliards à 43 milliards de dollars US. Le taux
de change officiel du Dinar libyen (LYD) contre le dollar s'est stabilisé autour de son rattachement
au DTS, alors que le dinar libyen perdait 73 % de sa valeur sur les marchés parallèles en raison de
fondamentaux macroéconomiques faibles et des restrictions de change.
Perspectives
Les perspectives reposent sur l'hypothèse que la Chambre des représentants libyenne
approuvera un nouveau gouvernement d'accord national avant la fin de l'année 2016, ce qui
permettra de rétablir la sécurité et de lancer les programmes nécessaires à la reconstruction des
infrastructures économiques et sociales, particulièrement les terminaux et les installations
pétrolières. Dans le scénario de base, il est prévu que la production pétrolière s'améliore
progressivement jusqu'à 0,6 million bbl/j à la fin 2017. Dans ce contexte, le PIB devrait augmenter
de 28 %. Mais les déficits jumeaux persisteront, car les revenus pétroliers seront insuffisants pour
couvrir les dépenses budgétaires et les importations des produits de consommation. Cela devrait
limiter le déficit budgétaire à environ 35 % du PIB, et le déficit courant à 28 % du PIB en 2017.
Cependant, les risques à la baisse de ce scénario demeurent élevés, en raison de la prévalence
possible de l'instabilité politique.
Sur le moyen terme, la production pétrolière devrait augmenter progressivement sans atteindre
sa capacité maximale avant 2020, en raison du temps nécessaire à la réparation des
infrastructures pétrolières lourdement endommagées. Dans ce contexte, la croissance devrait
rebondir à environ 23 % en 2018. Les déficits budgétaires et courants s'amélioreront de façon
significative, avec un excédent attendu du budget et de la balance des paiements à partir de
2020. Les réserves de change se stabiliseront autour de 26 milliards de dollars US pendant la
période 2017-2019, soit l'équivalent de 13 mois d'importations.
En ce qui concerne la crise humanitaire, la situation est peu susceptible d'évoluer, à moins
d'effectuer des actions immédiates et ciblées. La situation en Libye est telle qu'il est peu probable
que sa situation change de façon significative en comptant uniquement sur la légère amélioration
des perspectives macroéconomiques. Le pays a besoin d'une aide humanitaire, et de
programmes spécifiques pour répondre à la destruction et au manque des services de base qui