FCI - 3 - GB
émetteur β (= électrons) de demi-vie de 12 ans. Pour un réacteur de 1 GW électrique, les besoins horaires
sont : 14 g D (extraits de 420 kg d'eau naturelle) + 21 g T (produits par 42 g de 6Li présents dans 570 kg de
minerai de Li naturel). La production horaire est alors de 56 g d'He, conduisant à un inventaire de 500 g de
tritium/jour. Dans les éléments finaux, les neutrons de fusion vont en se ralentissant dans les structures
métalliques environnant le plasma activer des noyaux, les transformant en noyaux radioactifs.
Pour corriger en partie ces deux points négatifs, il est envisagé d'entourer le plasma par une couverture
tritigène (breeding blanket), constituée de lithium, élément non radioactif. Irradié par des neutrons, le lithium
produit sur place du tritium, qui ensuite peut être extrait pour alimenter le réacteur, et en même temps peut
récupérer l'énergie cinétique des neutrons, en tant que caloporteur (coolant) primaire.
Les contraintes sur les vecteurs d'énergie (energy drivers) souhaités en FCI sont sévères. Pour un réacteur, un
gain de 100 entre l'énergie apportée à la micro-capsule et l'énergie de fusion impose 10 MJ d'énergie laser,
un rendement de conversion d'énergie électrique en photonique de 10%, des impulsions de quelques ns, des
impulsions profilées de manière particulière en temps, des longueurs d'onde entre 0.3 et 0.5 µm, un taux de
répétition de 10 Hz. Par leur grande densité volumique d'énergie accumulable en inversion de population, les
amplificateurs solides et plus spécifiquement les verres dopés au néodyme (60Nd) sont préférés. Mais le
passage d'un faisceau laser y induit des contraintes thermiques et donc de l'autofocalisation (self-focusing)
empêchant de tirer à haute cadence (repetition rate ; 1 tir/dizaines de min).
Historique
C'est vers 1950 dans un cadre classifié à Los Alamos qu'Edward Teller a établi les bases de la fusion
nucléaire comme source d'énergie. En 1960, le laser est inventé ; sa puissance grimpe rapidement via
différentes méthodes de déclenchement, permettant en 1963 à Basov et Krokhin de publier leur idée d'utiliser
des lasers pour fusionner un mélange DT. En éclairant par laser des cibles deutérées, les premiers neutrons
de fusion créés sont détectés en 1968 par Basov et al à l'institut Lebedev de Moscou et Floux et al au
CEA/Limeil. Puis vers 1972 John Nuckolls suggère le laser pour, à la fois, comprimer à des densités très au
dessus de la densité du solide et allumer des micro-capsules de DT. En 1977, ce concept est démontré au
laboratory for laser Energetics de l'université de Rochester (USA).
La puissance maximale des lasers est restée autour du terawatt de 1970 jusqu'en 1990, date à laquelle G.
Mourou à Rochester a proposé une technique de compression temporelle de l'impulsion laser : avant
introduction dans une chaîne d'amplification laser traditionnelle, une impulsion brève se voit donner une
dérive temporelle de fréquence (frequency chirp ; l'avant de l'impulsion est bleuie et l'arrière rougie) et étalée
temporellement avec un disperseur à réseau (grating-based stretcher). Après amplification, un second
disperseur (compressor) rassemble en une durée environ 1 000 fois plus petite l'ensemble de l'énergie à
disposition, rendant maintenant le petawatt accessible. Dès 1992, des physiciens du LLNL ont proposée
d'utiliser une telle impulsion véhiculant 10 kJ d'énergie en complément de l'impulsion laser nanoseconde,
pour fonder le scénario de l'allumage rapide (fast ignition), qui est au scénario traditionnel ce qu'est un
moteur à essence par rapport au moteur diesel. Dans le schéma traditionnel (resp. moteur diesel), le laser
(resp. le piston) comprime, chauffe et allume le combustible au delà d'une très forte pression ; dans
l'allumage rapide (resp. moteur à essence), le laser nanoseconde (resp. le piston) comprime moins fortement