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2. Le dogmatisme
A l’heure où il convient de se dire ouvert aux
autres, pragmatique, tolérant, quoi de plus
tentant qu’une puissante injection de
dogmatisme.
Aujourd’hui un engagement dogmatique,
philosophique, politique ou religieux peut
séduire. On peut être convaincu de détenir la
vérité. Un dogmatique qui s’assume a
définitivement découvert la vérité, il a moins de
chance d’être surpris par un événement, il refuse
qu’on lui ouvre les yeux, il risque d’annuler le
principe même de la philosophie : la faculté de
s’étonner.
Sujets à risque : croyants et athées, militants des
extrêmes.
Symptômes : sensation que rien ne vous
échappe, ne vous surprend, bouffées de toute-
puissance.
A lire en priorité :
Nouveaux essais sur
l’entendement humain de
Leibniz.
Mais aussi : Platon, Kant,
Hegel, Leibniz, Badiou…
3. Le nihilisme
On peut considérer le chemin de la vérité comme
le chemin du doute.
A mesure qu’on affine sa conscience, on peut
tomber dans un discours de haine.
Impossible de penser la condition humaine sans
penser à la mort et au néant.
Le nihilisme est attirant pour deux raisons : il est
radical, face à lui toute idéologie, pensée,
doctrine semble frileuse, hypocrite. D’autre part
il procure à celui qui l’adopte la sensation
d’appartenir à « une aristocratie de la
sensibilité ». Le nihilisme ne convient pas aux
pauvres, lesquels sont occupés à survivre.
On assimile parfois et à tort le nihiliste au terroriste.
Le terroriste a une cause à défendre, le nihiliste : rien.
Le nihiliste ne sera jamais un militant puisqu’il ne
croit en rien, sinon à la vanité de toute pensée.
Le nihiliste philosophe ne prend rien au sérieux,
même pas le néant.
Sujets à risque : adolescents, quadragénaires,
quinquagénaires blasés.
Symptômes : moments de désespoir et de fous
rires.
A lire en priorité : Au-delà du
bien et du mal de Nietzsche.
Mais aussi : Jaccard,
Schopenhauer, Nietzsche, et
certains auteurs russes du
19ème siècle.
LES VACCINS
La lecture des classiques, l’examen des questions
complexes, risque d’enfermer le philosophe et le
lecteur dans la solitude, la misanthropie.
Par exemple, un peu de sagesse épicurienne
nous fait mieux apprécier les plaisirs simples de
l’existence, mais à forte dose elle nous éloigne de
l’action.
Au contraire, le pessimisme de Schopenhauer,
qui condamne celui qui en abuse au désespoir,
peut minidoser, nous protéger des illusions. Tout
est question de dosage.
1. La libération par l’angoisse ou
assumer notre liberté
Il n’y a d’angoisse que chez l’homme libre : je
peux être ceci, prendre telle décision, le choix
dépend de moi, les façons dont j’affronterai les
conséquences aussi.
Voilà qui est angoissant, et peut devenir
paralysant dans nos actions.
Mais à petite dose l'angoisse peut être salutaire,
elle nous rappelle à notre liberté, nous ouvre les
champs du possible de l’humain.
Immunisation : contre la servitude volontaire, le
conformisme.
Effets indésirables : crises de panique, tendances
suicidaires ou asociales.
A lire en priorité :
Discours sur la
servitude volontaire
d’Etienne de La Boétie.
Mais aussi : Sartre, La
Boétie, les
existentialistes...