Les Préceptes originaux sont gravés sur de minces lames
rectangulaires, et leurs copies, très souvent, sur des disques. On conserve
généralement ces disques ou plaques sur les autels des temples attachés
aux centres où sont établies les écoles dites "contemplatives" ou Mahâyâna
(Yogâchâra). Ils sont écrits de différentes manières, parfois en tibétain,
mais surtout en idéogrammes. La langue sacerdotale (le Senzar), outre son
alphabet propre, peut se rendre par divers modes d'écriture
cryptographique, dont les caractères sont plutôt idéographiques que
syllabiques. Une autre méthode (lug, en tibétain), consiste à employer des
nombres et des couleurs, dont chacun correspond à une lettre de l'alphabet
tibétain (30 lettres simples et 74 composées), et dont l'ensemble forme tout
un alphabet cryptographique. Quand on emploie les idéogrammes, il y a
une manière définie de lire le texte ; en effet dans ce cas, les symboles et
signes employés en astrologie – à savoir les douze animaux du zodiaque et
les sept couleurs primaires, chacune étant une triade de nuances, la claire,
la primaire et la foncée – s'emploient pour les 33 lettres de l'alphabet
simple, pour les mots et les phrases. Car dans cette méthode, les 12
"animaux", cinq fois répétés et [IX] accouplés aux cinq éléments et aux
sept couleurs, fournissent un alphabet complet composé de soixante lettres
sacrées et douze signes. Un signe placé au commencement du texte
indique si le lecteur doit l'épeler d'après le mode indien, chaque mot n'étant
simplement qu'une adaptation sanscrite, ou d'après le principe chinois de
lecture des idéogrammes. La manière la plus facile, cependant, est celle
qui permet au lecteur de n'employer aucun langage particulier ou
d'employer celui qui lui plait, parce que les signes et les symboles étaient,
comme les nombres ou chiffres arabes, propriété commune et
internationale parmi les mystiques initiés et leurs disciples. La même
particularité caractérise l'un des modes de l'écriture chinoise, qui peut être
lue avec égale facilité par quiconque connaît ses caractères ; par exemple,
un Japonais peut le lire dans son langage aussi facilement qu'un Chinois
dans le sien.
Le Livre des Préceptes d'Or – dont quelques-uns sont pré-
bouddhiques, tandis que d'autres appartiennent à une date postérieure –
contient environ 90 petits traités distincts. J'en ai appris 39 par cœur, il y a
des années. Pour traduire le reste, il me faudrait recourir à des notes trop
éparpillées, parmi un grand nombre de papiers et de mémoires réunis dans
les vingt dernières années et jamais mis en ordre, pour que la tâche fût
facile. Encore ne pourraient-Ils pas tous être traduits, ni donnés à un