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Trump – Magnette, même combat
HUMEUR : Trump – Magnette, même combat
jeudi 17 novembre 2016, par Pierre Titeux, chroniqueur
J’ai conscience que le rapprochement mis en titre de cette humeur risque de me valoir un procès en
hérésie. Mais devrais-je finir exhibé au parlement wallon le corps couvert de sirop de Liège et de Quinoa
bio, mon devoir polémiste m’impose de ne pas me dérober. J’y vais donc.
L’événement restera gravé dans les annales comme un épisode majeur de l’Histoire régionale,
l’expression glorieuse d’une Wallonie debout, fière et forte face à la menace mondialiste : il y a quelques
semaines, nosse ministre-président s’opposa vaillamment à l’adoption du Comprehensive Economic and
Trade Agreement, dit CETA, censé faciliter le libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. Tel
Cambrone lâchant un « Merde ! » d’anthologie au général british qui appelait les troupes napoléoniennes
à se rendre, Paul Magnette opposa trois « Non ! » retentissants aux ultimatums des instances
européennes et du gouvernement fédéral belge qui le pressaient d’approuver le CETA en l’état.
L’homme justifia alors sa position par une volonté de « respecter le débat démocratique » et « d’entendre
la voix de la société civile » majoritairement contre cet accord. Que le grand Paul ait ensuite eu raison ou
non d’accepter un texte plus (dixit himself) ou moins (selon la « société civile ») amendé est un autre
débat qui n’entre pas dans le cadre de ma démonstration.
« Quel rapport avec l’autre connard ricain… ? », vous entends-je gronder. J’y arrive.
Entre autres conneries, ignominies, avanies, abominations, absurdités, balivernes et billevesées, Donald
Trump a dit, répété et martelé tout au long de sa campagne que, s’il accédait à la présidence, il «
annulerait » sans délai la ratification par les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, ces histoires de
réchauffement global et de CO2 étant selon lui pures bullshits ou, plus précisément, « une invention des
Chinois pour affaiblir l’industrie américaine ».
Ce point de vue tout en nuances prévaut très largement chez les coreligionnaires du Chevalier orange.
Ainsi, parmi les principaux candidats qui s’affrontèrent lors de la primaire républicaine, seul Jeb Bush
reconnaissait la réalité du problème climatique et, mieux (ou pire…, c’est selon), la responsabilité de
l’activité humaine dans celui-ci. A l’opposé, Trump mais aussi Ben Carson, Ted Cruz, Marco Rubio, John
Kasich, Mike Huckabee et Rand Paul se revendiquaient ouvertement climato-sceptiques. Carson se
contentait d’évacuer le sujet en estimant qu’il n’avait « aucune importance » mais le sénateur de Floride
Mario Rubio déclara dans un entretien à ABC qu’il n’acceptait pas « la notion, avancée par certains,
notamment par des scientifiques, que nous pourrions agir de manière à avoir un impact réel sur le climat.
Je ne crois pas que l’activité humaine provoque ces changements climatiques spectaculaires, de la façon
dont les scientifiques le décrivent. Et je ne pense pas que les lois qu’ils proposent que nous adoptions
auraient un quelconque impact, à part le fait qu’elles détruiraient notre économie. » Interviewé par la
radio publique NPR, le Texan Ted Cruz expliqua quant à lui que « dans le débat sur le réchauffement
climatique, bien trop souvent, les politiques à Washington et un grand nombre de scientifiques recevant
des subventions publiques importantes, ignorent la science et les données et avancent au lieu de ça une
idéologie politique. (…) Le changement climatique est une théorie gauchiste sans fondement scientifique
dont l’objectif est d’imposer un contrôle important de l’économie et du secteur énergétique par les
gouvernements. »