Vitamines et antibiotiques : de nouveaux défis industriels 5
introduisent alors des erreurs et la transcription conduit à des enzymes modifiés. Des
mutations peuvent également être introduites par voie chimique : en fixant des
chromatophores fixant les UV sur certaines bases, on peut rendre le rayonnement
UV partiellement spécifique et introduire des mutations relativement localisées.
L’impact de ces mutations est souvent de conduire à la mort de la cellule, sans
que l’on puisse établir de taux de mortalité spécifique. C’est un résultat expérimental
qui fait partie de ce que l’on pourrait appeler la connaissance interne de l’entreprise.
La mutagenèse consiste à introduire des mutations sur un certain type de
microorganisme et d’étudier les propriétés des nouvelles souches afin d’en découvrir
une qui répondent aux critères du procédé de production. On peut ensuite répéter
l’opération sur la nouvelle souche afin d’améliorer encore le procédé.
L’étude des nouvelles souches se fait par « screening » : une colonie initiale est
soumise à mutagenèse puis les différentes bactéries sont séparées, enrichies. On les
place ensuite en condition de production et on étudie les propriétés des nouveaux
principes actifs. Tout est entièrement robotisé compte tenu du très grand nombre de
souches (jusqu’à 20.000) à traiter. Pour tester des antibiotiques par exemple, on
place les souches sur des germes sensibles (cellules d’Escherichia Coli qui ne
survivent pas aux antibiotiques). Un profil HPLC (High Performance Liquid
Chromatography) permet également de rechercher les clones qui ne produisent pas
les impuretés.
On sélectionne ainsi une trentaine de mutants (sur 3000) dont on va tester les
capacités de productions intensives pour n’en retenir que trois. Une dernière
sélection déterminera la bactérie qui sera la nouvelle souche. A partir de cette
nouvelle souche on réitère le cycle de sélection pour affiner d’autres paramètres. Il
faut parfois jusqu’à 20 cycles et chacun dure approximativement 6 mois !
2.4. Le génie génétique
Quand les gènes impliqués dans la production d’un principe actif sont connus
précisément, on peut faire appel au génie génétique pour améliorer les procédés. Le
génie génétique permet de faire à peu près toutes les optimisations imaginables : on
peut ajouter, modifier, amplifier ou enlever un ou plusieurs gènes et partant tout
devient possible. Ces modifications conduisent systématiquement à la catégorisation
« Organisme Génétiquement modifié » (OGM) des souches et des principes actifs
produits.
Cette classification pénalisante conduit à développer de nouveaux outils. Les
modifications ne doivent par exemple pas introduire de séquences étrangères. La
réglementation nuit au génie génétique qui est pourtant beaucoup plus souple que la
mutagenèse. Il faut donc recourir à d’autres outils d’amélioration. Cela passe par une
meilleure connaissance des voies de biosynthèse. Elle s’obtient par séquençage
systématique. Il faut ensuite déterminer les fonctions des nouveaux gènes identifiés.
Cependant le génie génétique a encore un intérêt : la classification OGM ne
concerne pas les souches dont l’ADN a été simplement tronqué. La délétion d’une