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disséminer ce message de déni des changements climatiques, persuadés du bien-fondé de
leurs affirmations.
L’hystérie qui a accompagné la diffusion des courriels piratés des scientifiques de l’université
britannique d’East Anglia, à la veille du Sommet de Copenhague, est révélatrice de l’ampleur
de ce mouvement et de la volonté des médias à s’en faire l’écho, et ce malgré le manque de
preuves scientifiques. La campagne de déni climatique avait atteint son premier pic en 1997,
avec la publication du deuxième Rapport d’évaluation du Giec. À l’époque, le mouvement
n’était pas encore empoisonné par le même venin populiste qu’en 2009, Internet n’en étant
encore qu’à ses balbutiements.
Malgré tout, la majorité des organismes-écrans
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et des groupes de réflexion
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conservateurs
qui militent contre la science du climat continuent de bénéficier de la manne des grandes
compagnies pétrolières et énergétiques – et pas uniquement ExxonMobil, mais toute une
armada de multinationales et de fondations, dont les profits proviennent justement de
produits qui contribuent à aggraver les changements climatiques…
« Ceux qui lancent ces attaques sont extrêmement bien financés et bien
organisés. Ils s’appuient sur l’infrastructure de combat mise au point il y a
plusieurs dizaines d’années par les fabricants de cigarettes pour nier la
dangerosité de leurs produits. Depuis, ils n’ont cessé de perfectionner cette
tactique, dans l’objectif de discréditer le corpus scientifique qui va à l’encontre des
intérêts des industriels et autres sceptiques. Par conséquent, ils disposent d’une
machine bien rodée et bien huilée, qu’ils lancent aujourd’hui à l’assaut de la
science du climat. […] C’est David contre Goliath… Nous, les scientifiques, nous
ne sommes pas des experts en communication, des avocats ou des lobbyistes.
Nous sommes des scientifiques. Notre cœur de métier, c’est la science. »
Michael Mann, climatologue, février 2010
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Et pendant ce temps, le climat continue de se dérégler…
Aucun fantassin de l’armée climato-sceptique n’est, hélas, parvenu à inverser ce douloureux
constat : les changements climatiques sont une réalité, et ils sont causés par l’activité
humaine. Comme le fait remarquer un scientifique américain dans une lettre ouverte, en
mars 2010 :
« Il est important de souligner qu’aucune des interventions [des climato-
sceptiques] n’a d’influence sur les résultats clés du quatrième Rapport d’évaluation
du Giec, selon lesquels il est fort probable que les activités anthropiques modifient
le climat, avec des conséquences profondes sur le long terme
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. »
L’évaluation scientifique du Giec répond à un processus solide et rigoureux, et constitue
sans doute la plus grande initiative scientifique jamais organisée. Des milliers de
scientifiques issus de centaines d’instituts de recherche du monde entier y apportent leur
contribution. Mais comme toute entreprise humaine, elle reste imparfaite. Greenpeace
renouvelle la confiance qu’elle a toujours portée au Giec. Les rapports qu’il publie constituent
les guides plus fiables dont nous disposons actuellement sur la science du climat.
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Les « organismes-écrans », ou encore « organismes de façade », sont des institutions qui prétendent défendre une cause
ou se disent indépendantes, alors qu’en réalité, elles agissent pour des intérêts bien particuliers en l’échange de
financements souvent occultes.
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Les groupes de réflexion, ou think tanks, rassemblent des spécialistes chargés de réfléchir sur des problématiques
économiques ou politiques, afin d’émettre des idées ou des conseils.
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Entretien Chris Mooney, 26 février 2010.
http://www.pointofinquiry.org/michael_mann_unprecedented_attacks_on_climate_research/
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Lettre ouverte des scientifiques américains sur le Giec, 10 mars 2010. http://www.openletterfromscientists.com/