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L’économie sociale en Wallonie
Mais l’approche de l’économie sociale est complexe car plusieurs champs d’analyse se croi-
sent. Marchand et non-marchand, par exemple. Une entreprise marchande vend ses biens
ou ses services sur un marché concurrentiel. Une entreprise non marchande, elle, les pro-
pose gratuitement ou couvre ses charges par d’autres moyens comme des subsides, des dons,
du bénévolat. Dans le cadre des négociations sociales, le terme non-marchand renvoie
aux commissions paritaires 305 (soins de santé), 319 (aide sociale), 318 (aide à domicile),
329 (socioculturel). Pourtant, dans certaines de ces commissions paritaires, on retrouve
des entreprises marchandes, au sens où leurs ressources proviennent principalement de
ventes sur le marché. C’est le cas des entreprises de travail adapté. Une autre approche
fréquente est «profit» versus «non-profit», ou «commercial» versus «non-commercial».
La variété des approches est sans doute le miroir de la diversité des réalités de ce secteur.
Cette complexité se renforce par le manque de clarté (confirmé par des divergences entre
auteurs) de certains concepts tels ceux d’activités économiques, de marché, de profit ou
de social(1). Les frontières entre le public et le privé, le marchand et le non-marchand, le
profit et le non-profit, ne sont pas étanches. Il en résulte certains malentendus sur la
notion d’appartenance au secteur et une grande difficulté de le délimiter clairement.
Alors ? Comment cerner l’économie sociale ?
Concert
ES
, coupole de concertation des principales organisations représentatives de l’éco-
nomie sociale, propose une cartographie de l’économie sociale en Région wallonne où
se superposent différentes entrées, un peu comme les cartes de géographie de notre école
primaire représentaient la réalité «Wallonie» selon différents points de vue : altitude, bas-
sins hydrologiques, urbanisation, densité de population, divisions administratives, indus-
tries, PIB, etc.
Les entrées (voir tableau infra) se croisent et la plupart des entreprises d’économie sociale
pourraient se retrouver sur plusieurs cartes : prenons l’exemple d’une coopérative avec
finalité d’insertion et travaillant dans le secteur de l’environnement tout en privilégiant le
développement local.
Le choix des initiatives citées ou présentées est arbitraire. Tout comme l’est le choix de
l’entrée privilégiée. D’autres entrées possibles sont d’ailleurs proposées pour chacune
d’entre elles dans le coin supérieur droit de leurs cadres respectifs.
Beaucoup d’autres initiatives existent, de toutes sortes, de tous secteurs et de tous âges.
Et toutes ont de la valeur.
(1) Par exemple, Christian Arnsperger, maître de recherche au FNRS,
défend la thèse que «tout ce qui est économique est nécessairement social »
in La Revue Nouvelle, janvier - février 2002