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L’UNESCO, par ses programmes en sciences humaines, s’efforce de faire tomber les
barrières que l’académisme, et veut maintenir la pratique philosophique vivante.
Nous ne le faisons pas uniquement par amour de la « grande philosophie » ou par
vénération des « grands philosophes ».
L’UNESCO n’est pas un centre de recherche philosophique, nous ne publions pas de
livre de philosophie, nous ne prétendons pas avoir d’expertise dans l’analyse des
œuvres de philosophie.
Si l’UNESCO s’intéresse à la philosophie, c’est d’abord comme l’un des outils
nécessaires à l’accomplissement de sa mission : nourrir le dialogue entre les peuples,
favoriser la compréhension mutuelle, enrichir la connaissance des cultures, pour la paix.
La philosophie est utile à ce projet.
La philosophie ne tient pas en place : elle est un art d’interroger, de bousculer les
évidences, de dialoguer avec les autres pour se remettre en question, à prendre le point
de vue de l’autre, à voir les choses autrement, à créer ces passerelles entre les cultures,
entre les disciplines, et avec les autres.
La célébration de la Journée mondiale de la philosophie 2016, où prend place votre
table-ronde ce matin, est exemplaire de cette volonté d’élargir la philosophie au-delà de
ses limites.
L’une des limites convenues de la philosophie, c’est celle de l’âge. Sans y réfléchir, nous
tendons à faire de la philosophie une discipline « difficile » qui suppose une importante
formation antérieure.
La philosophie n’est généralement enseignée que pendant la dernière année du lycée –
voire pas du tout à l’école secondaire.
Mais pourquoi devrait-il y avoir un âge pour apprendre à philosopher ?
En 2007, le rapport de l’UNESCO consacré à La philosophie : une école de la liberté,
tirait les conclusions de plusieurs années de consultations à travers le monde, et appelait
au développement de l’enseignement de la philosophie dès l’école primaire.