Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Chapitre 3 Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Deux thèses se sont préparées au laboratoire AMPERE dans ce domaine : la thèse de T.Ben Salah [SALA-07] et la mienne. Une importante collaboration a eu lieu. J’avais en charge le développement, l’analyse et la modélisation des circuits de mesure, Tarek Ben Salah avait en charge les techniques d’extraction de paramètres à partir des mesures obtenues sur les platines que j’avais développées. Ce chapitre décrit les méthodes de modélisation des éléments qui constituent les circuits de caractérisation des composants semiconducteurs de puissance, ainsi que la modélisation des éléments de mesures, puisqu’ils interagissent avec le circuit de test. Enfin nous présenterons les platines de caractérisation utilisées pour l’extraction des paramètres de la diode et du MOSFET, puisqu’il influe sur la commutation de la diode. 3.1 Modélisation des circuits Après le choix des modèles de semiconducteurs utilisés, vient l’étape d’extraction des paramètres. Elle consiste à identifier les paramètres par comparaison des formes d’ondes expérimentales et simulées aux bornes du composant sous test. Pour simuler le fonctionnement du composant sous test il est nécessaire de modéliser l’ensemble des composants du circuit tel que les éléments passifs, les sondes de mesure, ainsi que le câblage. 3.1.1 Modélisation des éléments passifs Lors de la modélisation d’un convertisseur, il est important de se rendre compte qu’aucun composant n’a un comportement idéal sur toute la plage de fréquence. Si l’on considère les composants passifs uniquement par un schéma électrique équivalent qui constitue sa fonctionnalité (par exemple une capacité électrochimique représentée par une capacité idéale), on peut commettre une grave erreur. Une simulation avec un tel modèle peut donner des résultats qui n’ont aucune ressemblance avec la réalité. Dans ce paragraphe on abordera successivement la modélisation des résistances réalisées en technologie CMS et en technologie carbone, la modélisation d’inductances et finalement la modélisation des capacités céramiques et en technologie électrochimique. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 51 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension 3.1.1.1 Les résistances A l’heure actuelle, la réalisation des résistances se fait principalement à l’aide de quatre technologies différentes, à savoir la technologie carbone, la technologie film métallique, la technologie fil bobiné et la technologie film planaire. Du fait que les résistances bobinées ont toujours une inductance parasite élevée, dans le cas d’application en électronique de puissance (où il y a des fronts de courant très raides) cette inductance parasite devra être prise en compte. La résistance, comme tout composant passif, possède 2 fils de connexions par où transitent des courants de valeurs égales, et de signes opposés. Il est possible de modéliser leurs connexions par un circuit équivalent de type modèle de lignes de transmissions. En utilisant une représentation simplifiée des interconnexions, on a l’avantage de pouvoir combiner la capacité parasite des interconnexions avec la capacité de fuite de la résistance même, comme le montre la figure 3.1. Cparasite Lconnexion R Figure 3.1 : Modèle simplifié de la résistance avec ses interconnexions. Les résistances employées dans les circuits de caractérisation de cette thèse sont toutes en technologie film planaire sur substrat céramique, ce qui permet un montage en surface. L’avantage de ce type de résistance est d’être très peu inductive, ce qui lui permet de se comporter pratiquement comme une résistance pure en dessous de 100MHz, et par conséquent elle peut être modélisée comme une résistance idéale. Par exemple la résistance de 200 Ohms utilisée dans la cellule de commutation résistive (type radial série MPC 5W 5kV) a un déphasage de 0,79° à 40MHz, avec Lparasite=1,57nH et Cparasite=1,95pF. 3.1.1.2 Les inductances Contrairement aux condensateurs, le comportement désiré d’une inductance consiste en une impédance élevée à partir d’une certaine fréquence. Afin de réaliser des valeurs d’inductance importantes avec un nombre réduit de spires, on utilise un noyau magnétique. Cependant, l’emploi de noyaux magnétiques a au moins trois inconvénients : THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 52 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension - la résistance série augmente à cause des pertes fer, - le noyau peut être saturé, ce qui réduit beaucoup la valeur de l’inductance, - la capacité parasite est susceptible d’augmenter. Le deuxième inconvénient affecte beaucoup les applications en électronique de puissance. A cause des valeurs élevées des courants, les inductances peuvent entrer en saturation. De plus, puisque la saturation est un phénomène non linéaire, de nouveaux harmoniques de courant parasite sont créés, alors que le but était de les supprimer. C’est pourquoi dans beaucoup d’applications en électronique de puissance, on préfère les inductances à air. Même si l’inductance à air peut résoudre les problèmes dus à la saturation, elle connaît toujours le problème de capacité parasite, qui peut laisser passer des perturbations haute fréquence. Un modèle simplifié d’inductance à air et de ses connexions est donné dans la figure 3.2. Cparasite Lconnexion L Rs Figure 3.2 : Circuit équivalent simplifié d’une inductance à air. Dans ce modèle Lconnexion représentent à nouveau l’influence des connexions, L est la valeur de l’inductance parfaite et Rs est la résistance série du bobinage. Cparasite représente l’inductance parasite des spires et des fils de connexions. En pratique on modélise une inductance à air par le circuit équivalent simplifié de la figure 3.2. L’inductance de connexion est englobée dans l’inductance des pistes du montage et la résistance du bobinage est négligée. Par exemple l’inductance à air toroïdale (d=1,3cm, D=4,5cm et N=64 spires) de valeur 6,12µH utilisée dans la cellule de commutation résistive, a un déphasage de 90,14° à 40MHz, avec Cparasite=0,592pF. 3.1.1.3 Les capacités Il existe de nombreux types de condensateurs dont les plus connus sont les condensateurs électrochimiques, les condensateurs au tantale, les condensateurs en céramique et les condensateurs en film de polypropylène. Les condensateurs THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 53 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension électrochimiques et tantales peuvent avoir des valeurs de capacité relativement élevées, mais s’éloignent du condensateur idéal même à des fréquences relativement basses. Les condensateurs céramiques ne peuvent pas réaliser de valeur de capacités très importantes (Cmax ≈ 1µF), mais ont un bon comportement capacitif jusqu’à une fréquence bien plus élevée (FR ≈ 10MHz). C’est pourquoi ces capacités sont préférées lorsqu’on souhaite stabiliser la tension durant la phase de commutation. Même pour des valeurs de fréquences relativement faibles, aucun condensateur n’a un comportement purement capacitif. Ces comportements non idéaux peuvent être modélisés par plusieurs types de circuits électriques équivalents. Ces schémas équivalents incluent le comportement non idéal du condensateur lui-même ainsi qu’un éventuel modèle des fils de connexion. Le modèle des fils de connexion, qui servent à relier le condensateur au reste du circuit, peut généralement être associé au modèle de celui-ci. En reconnaissant que la valeur de la capacité des connexions est faible devant la capacité C propre au condensateur, et que la résistance de fuite est très grande devant la résistance série Rs, on peut effectuer la simplification comme le montre la figure 3.3. Lconnexion Rs C Figure 3.3 : Modèle élémentaire simplifié d’un condensateur. Dans ce modèle, l’inductance série de la connectique est constituée par les pattes, et la résistance série Rs par la résistance des pattes et la résistance d’armature. Le cas d’un condensateur céramique est beaucoup plus simple que le cas du condensateur électrochimique. Le condensateur céramique se rapproche beaucoup mieux du comportement capacitif idéal que le condensateur électrochimique de part sa technologie différente. Les imperfections étant essentiellement dues à la manière de connecter le composant (fils ou pistes d’amenée de courant). Les condensateurs céramiques en technologie CMS possèdent une fréquence de résonance bien supérieure au même condensateur non CMS, grâce à l’absence de pattes de connexion. 3.1.1.4 Conclusion Les paramètres des modèles de ces éléments passifs s’obtiennent en effectuant des mesures d’impédance sur un pont d’impédance. Il est nécessaire d’effectuer une THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 54 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension compensation en circuit ouvert puis en circuit fermé, afin que la connectique soit compensée pendant la mesure. Pour effectuer nos mesures nous avons utilisé le pont de mesure d’impédance HP4194A. Il permet de couvrir une bande de fréquence étendue (100Hz – 40MHz) et d’obtenir une grande précision sur des impédances s’étalant entre 0,1mΩ et 1,6MΩ. Le pont HP4149A fournit la valeur des éléments du modèle simplifié des composants passifs utilisés dans les circuits de commutation. Après la mesure d’impédance d’un composant, il est possible de simuler son comportement fréquentiel avec le pont d’impédance pour le confronter à la mesure. 3.1.2 Modélisation du câblage L’interconnexion des composants d’un convertisseur entre eux et avec le monde extérieur constitue ce que nous appelons le « câblage ». Le rôle important du câblage intervient lors de la phase de commutation, puisqu’il est responsable de surtensions aux bornes des interrupteurs. Il est essentiel d’en tenir compte lorsqu’on compare la simulation à la mesure pour la validation d’un modèle. La longueur des conducteurs employés dans les structures d’électronique de puissance est faible par rapport aux longueurs d’ondes des fréquences équivalentes dues aux fronts. De plus on veut étudier la commutation des convertisseurs avec des simulateurs électriques pour pouvoir utiliser les modèles de semiconducteurs et autres. C’est pourquoi une méthode bien adaptée permettant de représenter les imperfections dues au câblage est l’approche PEEC [RUEH-74]. Cette méthode consiste à subdiviser le conducteur en portions représentées par des réseaux de composants passifs tel que les résistances, les inductances et les condensateurs. La subdivision dite « 2D » d’une piste en éléments passifs est représentée sur la figure 3.4. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 55 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension R Piste L C Diélectrique Plan de masse Figure 3.4 : Maille élémentaire pour une subdivision 2D d’une piste. Lorsque l’on utilise un plan de masse, le couplage entre une piste et son image par rapport au plan de masse est beaucoup plus forte que le couplage de cette piste avec d’autres pistes ou conducteurs [SCHA-94-a]. Cet effet s’explique facilement par la méthode des images. Si le plan est considéré comme parfait (conductivité tendant vers l’infini), le problème d’un conducteur situé à une distance d d’un plan de masse peut être remplacé par celui de deux conducteurs, distants de 2d , dont les effets s’opposent. Cette méthode s’applique si la densité de courant peut être considérée comme uniforme dans le conducteur. Dans le cas contraire, l’image devra être décalée d’une distance correspondant à l’épaisseur de peau [SCHA-94-a]. Cela signifie que l’inductance d’une piste est réduite par l’utilisation d’un plan de masse. Cette réduction d’inductance est d’autant plus importante que le plan de masse est proche. En plus, puisque le couplage avec les pistes éloignées (au retard non négligeable) est très faible, la méthode PEEC est fiable dans ce cas. L’inclusion des phénomènes de retard au moyens de sources actives retardées est appelée méthode rPEEC [HEEB-93]. La faible longueur des pistes des circuits de commutation nous permet de négliger les effets de retard. La version du logiciel InCa (Inductance Calculation) [CLAV-96] utilisée au laboratoire AMEPRE dans le cadre d’une collaboration avec le LEG, ne modélise que les aspects résistifs et inductifs. C’est pourquoi nous séparons dans ce qui suit la modélisation du THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 56 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension câblage en deux parties distinctes : calcul des éléments inductifs et résistifs par la méthode PEEC et le calcul des éléments capacitifs faisant appel à des expressions analytiques simples. 3.1.2.1 Les résistances, les inductances et les mutuelles En 1972 A.E.Ruehli a introduit la notion d’inductance partielle, à la base de la méthode PEEC, qui permet de calculer la contribution de chaque élément d’un circuit à son inductance totale [RUEH-74]. En électronique de puissance les pistes sont le plus souvent de largeur non négligeable devant la longueur, les effets de peau et de proximité modifient la répartition du courant. Il devient alors nécessaire de subdiviser les conducteurs en portions élémentaires, puis d’effectuer un calcul d’impédance sur chacun d’entre eux [SCHA-94-b]. La présence d’autres conducteurs peut entraîner des répartitions de courant non uniformes par des effets de proximité et des angles, ou par l’effet de peau. La subdivision de toute la géométrie en un nombre d’éléments partiels suffisamment grand, permet de représenter une géométrie quelconque par des circuits électriques équivalents, sans calculer la répartition du courant ou de la tension dans chaque partie de cette géométrie. La première étape dans l’utilisation du logiciel InCa consiste à décrire la géométrie des conducteurs et la nature des matériaux utilisés. La figure 3.5 montre la description géométrique dans InCa du circuit de commutation résistif de diode PIN SiC caractérisée. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 57 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Figure 3.5 : Description de la géométrie du circuit de commutation de diode résistif. Après avoir décrit la géométrie des conducteurs du circuit, il faut définir le maillage par le nombre de subdivision 1D ou 2D de chaque conducteur. Le choix du nombre de morceaux (subdivisions) dans lequel un conducteur filiforme doit être subdivisé dans sa longueur, est basé sur la longueur d’onde du signal à la fréquence équivalente (Equation 3.1) [REUH-74]. λ= c v (3.1) λ : longueur d’onde de l’onde (m) c = 3x108 m/s : vitesse de la lumière dans le vide ν : fréquence de l’onde (Hz) Si la fréquence augmente, la longueur d’onde diminue, et nécessite une subdivision longitudinale de plus en plus fine. La longueur d’une interconnexion modélisée est donnée par : Linterconnexion = λ 10 (3.2) Par exemple un temps de montée du signal de 2ns correspond à une fréquence de 175MHz et donc la longueur d’interconnexion ne doit pas dépasser 17,14cm. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 58 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Pour des conducteurs carrés où d’un rapport de côtés proche de 1, la répartition et le sens du courant ne sont pas connus a priori. Il va donc falloir mailler le conducteur selon deux dimensions. La taille des mailles est un compromis entre la précision et la rapidité de résolution. En pratique le nombre de mailles est actuellement limité à 1000 pour un conducteur, et à 4000 pour l’ensemble d’une simulation. Pour obtenir un schéma électrique global d’un conducteur, il est nécessaire de définir plusieurs points d’accès à la structure. Le schéma électrique équivalent sera calculé entre ces points. Il semble intéressant de les placer au niveau des entrées-sorties externes du composant traité. Après la résolution pour une fréquence donnée, le logiciel InCa fournit la valeur de toutes les résistances et les inductances propres des conducteurs considérés, ainsi que la valeur des inductances mutuelles entre chacun d’eux. La modélisation du câblage ne serait pas complète sans la modélisation des capacités parasites situées principalement entre les pistes et le plan de masse. 3.1.2.2 Les capacités parasites Les capacités parasites en électronique de puissance sont essentiellement celles : - entre une piste et le plan de masse - entre deux barres d’amenée de courant Dans le cas de pistes au-dessus d’un plan de masse, les capacités entre pistes sont négligeables devant les capacités entre chaque piste et le plan de masse [SCHA-94-a]. Ceci facilite beaucoup la modélisation, car chaque piste peut alors être représentée par une capacité entre cette piste et le plan de masse. Dans les structures que nous étudions, les pistes ont une forme assez proche d’un carré, avec une surface de plusieurs cm2 et une épaisseur de diélectrique inférieur à 100µm. Nous avons donc négligé les effets de bord et considéré la capacité parasite comme strictement proportionnelle à la surface de la piste. Nous utilisons donc la formule du condensateur plan ci-dessous. C = ε 0ε r l.W h THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium (3.3) - 59 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Les notations utilisées dans la formule du condensateur plan sont décrites dans la figure 3.6. W l Piste Diélectrique h Plan de masse Figure 3.6 : Structure d’un circuit sur SMI. Lorsque l’énergie dissipée devient importante ou lorsqu’on souhaite réduire les inductances parasites du câblage, il est nécessaire de remplacer le substrat époxy par un SMI, composé de pistes en cuivre et d’un diélectrique le plus fin possible et d’une tôle d’aluminium (plan de masse) qui joue le rôle de dissipateur thermique. Si cette structure a l’avantage de réduire les inductances parasites, les capacités entre les pistes et le substrat d’aluminium sont bien plus importantes qu’avec un circuit imprimé PCB [SCHA-94-a]. A titre de comparaison le substrat PCB en époxy double couche de 1,6mm d’épaisseur a une capacité surfacique de 3,04pF/cm2, tandis que le SMI de 76,2µm d’épaisseur a une capacité surfacique de 63,8pF/cm2. 3.1.2.3 Conclusion Le câblage a une grande influence sur la commutation des interrupteurs au sein des convertisseurs de puissance, il est notamment à l’origine de surtensions et ralentit la commutation en agissant sur le temps de montée du signal (Equation 4.4). Il est donc important de le modéliser pour obtenir des simulations suffisamment proches de l’expérience pour extraire les paramètres du modèle du composant sous test. La méthode PEEC utilisée par le logiciel InCa est bien adaptée aux convertisseurs de puissance car ils utilisent des pistes courtes et larges. Elle permet d’obtenir rapidement un modèle électrique précis du câblage utilisable par les logiciels de simulation de circuits électriques. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 60 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Dans le cas de circuits comportant un plan de masse tel que le SMI, on peut négliger la capacité entre conducteur par rapport à la capacité entre conducteur et plan de masse [SCHA-94-b]. De plus, dans les structures que nous étudions, les pistes ont une surface de plusieurs cm2. Cela nous a permis de négliger les effets de bord et considérer la capacité parasite comme strictement proportionnelle à la surface de la piste. Cette simplification permet d’utiliser des formules analytiques simples pour déterminer les capacités du modèle de câblage pour la simulation de ces circuits. 3.1.3 Modélisation des éléments de mesure L’insertion de sondes modifie l’architecture et la géométrie du circuit, donc son fonctionnement. Elles déforment le signal mesuré en modifiant l’amplitude et en introduisant un retard. Pour éliminer les distorsions du signal, il est nécessaire de modéliser la sonde de courant et de tension en incluant les câbles de liaison à l’oscilloscope. Les sondes de courant et de tension ont été caractérisées en utilisant un analyseur d’impédance (HP4194A). La modélisation des sondes de tension et de courant correspond à une longue tradition au CEGELY, notamment avec la thèse de K.Ammous [AMMO-02]. 3.1.3.1 La sonde de tension Les principaux défauts des sondes de tension sont : l’atténuation et le retard (engendré par le câble) [AMMO-02]. Des modèles précis de ces sondes sont nécessaires pour obtenir des simulations temporelles fidèles aux mesures. La sonde se décompose en trois parties qui sont : la tête, le câble et le corps. Les modèles de lignes (câble) sont caractérisés par les constantes linéiques R1, L1, C1 et G1 qui sont : la résistance et la self par unité de longueur, la capacité et la résistance de fuite entre les brins d’une unité de longueur de la ligne. La figure 3.7 décrit le modèle d’une sonde de tension. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 61 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Ct L1 R1 R1 L1 Rt RC G1 C1 Tête C1 G1 Cable CC Corps Figure 3.7 : Modèle complet de la sonde de tension. Dans le modèle du câble, le retard introduit par la ligne dépend de la longueur de la ligne. Pour une longueur donnée, le nombre d’élément est déterminé de façon que le retard n’augmente plus. Pour la sonde de tension Tek P6139A, K.Ammous [AMMO-02] a déterminé un nombre de 14 éléments pour modéliser le retard introduit par le câble. Les valeurs des différents éléments du modèle de la sonde sont données ci-dessous. - Tête de sonde : Rt = 10MΩ, Ct = 8pF - Câble : R1 = 275Ω, C1 = 38pF, L1 = 538nH, G1 = 1.2pS - Corps : RC = 100Ω, CC = 8pF La mesure de tension de diode est effectuée par deux sondes identiques pour assurer une utilisation en mode différentielle. 3.1.3.2 Le shunt Le shunt utilisé pour la mesure du courant est représenté sur la figure 3.8. Il ne comporte pas d’isolation galvanique entre le circuit d’insertion et la sortie de mesure. Ainsi son blindage fixe le potentiel de référence de l’oscilloscope auquel il est relié. masse connecteur BNC ame blindage isolant Figure 3.8 : Shunt de mesure de courant SDN-414-025. Il est facile de modéliser le shunt car il correspond à une résistance avec sa capacité parasite, en série avec l’inductance des fils de connexions au circuit. Le fil de masse et l’âme sont modélisés par l’inductance de connexion représentée sur la figure 3.9. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 62 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Cparasite Lconnexion R Figure 3.9 : Modèle équivalent du shunt de mesure. La valeur des différents éléments du modèle de shunt est différente pour chacun, par exemple : - Shunt SDN-414-025 : R = 25mΩ, C = 5,45nF, L = 30nH - Shunt SDN-100 : R = 1Ω, C = 204,5pF, L = 30nH Le shunt est connecté à l’oscilloscope par un câble coaxial d’une longueur de 1m, son modèle est celui d’une ligne de transmission (Figure 3.7) avec 7 cellules de valeurs : R1 = 80mΩ, C1 = 100pF, L1 = 240nH, G1 = 30µS. 3.1.3.3 Conclusion Les sondes de tension et de courant déforment le signal mesuré en modifiant l’amplitude et en introduisant un retard (engendré par le câble). Il est nécessaire de modéliser les sondes pour comparer la simulation et l’expérience en régime de commutation rapide. Les sondes de courant et de tension ont été caractérisées en utilisant un analyseur d’impédance (HP4194A). 3.2 Extraction des paramètres du MOSFET La majorité des circuits de commutation de diodes utilisent un interrupteur de type MOSFET pour commuter. Il est important de le modéliser avec précision pour étudier son influence sur la commutation de la diode. Pour modéliser le transistor MOSFET, il est utile de bien maîtriser son fonctionnement en commutation. Ceci nous permettra d’expliquer de façon relativement précise les phénomènes physiques qui se produisent au sein du dispositif lors de la commutation. Les paramètres statiques et dynamiques de son modèle seront extraits à partir d’une étude comparative entre les formes d’ondes expérimentales et simulées aux bornes du transistor MOSFET sous test. Nous considérons d’abord le fonctionnement en régime statique, puis le fonctionnement en régime dynamique. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 63 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension 3.2.1 Caractérisation statique Les courbes IDS = f(VDS,VGS) caractéristiques du MOSFET en régime statique, sont obtenues par un traceur Tektronix 371A. Il est capable de balayer le plan U-I jusqu'à 3kV et 400A. La mesure est effectuée en « 4 points » afin de compenser la résistance du câblage. Le traceur soumet le MOSFET à un échelon de tension entre le drain et la source, et mesure le courant correspondant, pour différentes valeurs de tension de grille. Sur cet appareil il est possible d'appliquer des impulsions de polarisation dont la durée est généralement de l'ordre de la milliseconde. Cette technique permet de s'affranchir en partie du problème d’autoéchauffement du transistor, posé par la détermination des caractéristiques courant-tension des composants de puissance. Le problème d’autoéchauffement du composant lors de mesures en continu, se traduit par une diminution de la transconductance de sortie avec la température; ceci est lié à la décroissance de la mobilité des électrons lorsque la température augmente [OMAR-03]. La caractéristique statique mesurée en impulsion avec un faible rapport cyclique nous a permis de limiter l’influence de l’autoéchauffement du MOSFET sur la mesure. Sur le traceur Tektronix 371A, il est possible de sélectionner le rapport cyclique (3kW: 0,25 ou 300W: 0,50) des impulsions, la période étant fixe (500µs). Les paramètres statiques sont identifiés en minimisant l’écart entre les caractéristiques statiques expérimentales et simulées pour diverses tensions appliquées sur la grille du composant. Ce réseau de caractéristiques statiques est mesuré par le traceur Tektronix 371A. La figure 3.10 montre un bon accord entre les résultats expérimentaux et de simulations pour les paramètres statiques optimisés. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 64 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Figure 3.10 : Caractéristiques statiques expérimentales et simulations DESSIS du transistor MOSFET 2SK1317. Le modèle SPICE à la différence du modèle 2Kp, utilise le même coefficient pour décrire le courant dans le canal en régime linéaire et en régime de saturation. L’utilisation d’un modèle de transistor MOSFET de puissance à 2Kp au lieu du modèle SPICE, permet une meilleure prise en compte de l’état statique. Mais le modèle SPICE du MOSFET est le seul disponible dans le simulateur DESSIS. Cela explique l’écart entre simulation et expérience en régime linéaire observé sur la figure 3.10. Les valeurs optimisées des paramètres agissant sur le régime statique sont données dans le tableau 3.1. Paramètres VT [V] θ [V-1] Kp [A/V2] RDS [Ohm] MOSFET 2SK1317 3,12 0,06 0,78 0,15 Tableau 3.1 : Valeurs des paramètres statiques identifiés du MOSFET 2SK1317. Nous venons de rappeler brièvement la technique de mesure qui a été utilisée, pour le comportement statique du transistor de puissance. Il nous reste maintenant à extraire les THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 65 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension paramètres dynamiques du transistor pour obtenir un modèle complet du MOSFET 2SK1317. 3.2.2 Circuit de commutation sur charge RL Les méthodes classiques de caractérisation dynamique C = f(V) présentent en effet plusieurs inconvénients, notamment leur grande sensibilité aux conditions de mesure, leur mise en œuvre complexe, et leur éloignement des conditions réelles d’utilisation. Les méthodes temporelles développées au laboratoire AMPERE s’affranchissent de ces limitations, tout en donnant des résultats très proches et moins bruités [OMAR-03]. Les interrupteurs commandés tel que le MOSFET peuvent être caractérisés en régime dynamique dans un circuit de commutation sur charge RL (Résistive et Inductive) (Figure 3.11). Cela permet d'extraire de nombreuses informations sur le comportement du transistor MOSFET de puissance en commutation (surtension, fréquences d'oscillations, etc.). R L MOSFET E C VGS Figure 3.11 : Circuit de commutation sur charge RL. Ce circuit est constitué d’une source de tension continue E, du MOSFET à caractériser, d’une résistance de charge R et d’une inductance de charge L. Le transistor MOSFET est commandé en tension sur sa grille à travers une résistance, par un signal qui provient d'une logique de commande basse puissance. Afin d'effectuer au mieux la commutation du transistor, il est nécessaire de placer un driver entre la logique et la grille du MOSFET. Le principe du banc repose sur l’emploi de brèves impulsions pour limiter l’autoéchauffement du composant, afin de ne pas modifier ses caractéristiques. La durée et la récurrence des impulsions doivent remplir les spécifications suivantes : THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 66 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension - la durée de l’impulsion (167µs ou 250µs) doit être courte pour que la température du composant n’ait pas le temps de changer de façon conséquente, - la durée de l’impulsion doit rester suffisamment grande (supérieur à 10µs) pour garantir un régime établi et assurer ainsi une mesure reproductible des tensions et des courants, - le temps hors impulsion (période 30ms) doit être très grand devant la durée des impulsions pour que le composant ait le temps de se refroidir. C’est à dire que le rapport cyclique est toujours inférieur à quelques pourcents. Le MOSFET à caractériser est fixé dans un support (Figure 3.12) qui permet d’étudier son comportement en température, en chauffant uniquement le composant sous test. De plus il assure le contact au ras du boîtier. 1 2 3 4 1 : inductance 2 : condensateur de filtrage 3 : MOSFET sous test 4 : shunt de mesure de courant Figure 3.12 : Circuit de commutation d’interrupteurs commandés sur charge RL. En se basant sur la même approche d’optimisation et en disposant des paramètres statiques optimisés, les paramètres dynamiques CDS, CGS, Cox, NB et AGD sont identifiés à partir des courbes expérimentales de tension et de courant, du transistor MOSFET 2SK1317 en commutations sur charge RL. Un exemple de courbes expérimentales et THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 67 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension simulées, après identification des paramètres du modèle du MOSFET 2SK1317 sont données sur la figure 3.13. Les ondes de courant et de tension (Figure 3.13) font apparaître une ondulation résultante de la résonance de l’inductance L avec les capacités du MOSFET. Il est ainsi nécessaire d’adapter l’inductance au composant à caractériser, pour obtenir une ondulation amortie de façon significative, pour que la mesure soit riche en informations. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 68 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Figure 3.13 : Expérience et simulation DESSIS du MOSFET 2SK1317 dans le circuit de commutation RL. (V = 500V, I = 4,25A, T = 300K) THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 69 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Un bon accord entre simulation et mesure est obtenu pour les paramètres dynamiques optimisés qui sont donnés dans le tableau 3.2. Paramètres AGD [mm2] NB [cm-3] CGS [nF] Cox [nF] CDS [nF] MOSFET 2SK1317 4,1 3x1014 1,27 0,78 1,4 Tableau 3.2 : Valeurs des paramètres dynamiques identifiés du MOSFET 2SK1317. Les valeurs des capacités extraites à partir des courbes de commutation sur charge RL différent des valeurs fournies par la fiche technique (Tableau 3.3). Ces dernières sont probablement obtenues par des mesures capacitives à faible niveau de puissance. Il a été démontré que la méthode temporelle est plus précise que la méthode classique C (V) pour les composants haute tension [OMAR-02]. Fiche technique CGS [pF] CGD [pF] CDS [pF] MOSFET 2SK1317 930 60 65 Tableau 3.3 : Capacités internes du MOSFET obtenues à partir de la fiche technique. 3.2.3 Conclusion Nous venons de voir une méthode permettant de mesurer les caractéristiques statiques et en commutation du MOSFET. Ces mesures ont permis d’extraire les paramètres statiques et dynamiques utilisés dans le modèle du MOSFET 2SK1317. Les courbes IDS = f(VDS,VGS) caractéristiques du MOSFET en régime statique, sont obtenues par un traceur Tektronix 371A. Contrairement à la méthode classique de caractérisation dynamique C = f(V), la caractérisation en commutation sur charge RL permet d’effectuer des mesures en haute tension et d’obtenir la valeur des paramètres technologiques : AGD et NB. Les simulations DESSIS du MOSFET 2SK1317 en régime statique et en commutation sont suffisamment proches de la mesure pour permettre de valider les paramètres du modèle. 3.3 Extraction des paramètres de la diode Notre objectif est d’identifier les différents paramètres technologiques de la diode de puissance PIN SiC avec le logiciel de simulations de dispositifs à éléments finis THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 70 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension DESSIS. Ces simulations fourniront des résultats en comparaison des données expérimentales d’ondes de courant et de tension. Dans ce paragraphe, nous décrirons la procédure adoptée pour extraire les paramètres technologiques WB, ND, A et τ. Les paramètres Xjp et Xjn (Figure 2.10) des deux régions P+ et N+ ne sont pas identifiés. Lors de la commutation de la diode dans la cellule de commutation tous les paramètres sont optimisés simultanément, l’approche demeure très lourde car elle demande de très nombreuses simulations (des milliers) et plusieurs jours de temps de calcul [LIN-94]. Une autre procédure d’extraction a été utilisée par S.Ghédira [GHED-98] en se basant sur un découplage entre l’identification de la durée de vie ambipolaire et l’identification de la surface effective, la concentration du dopage et la largeur de la région faiblement dopée de la diode PIN. Cette procédure a été développée dans le cadre de la thèse de T.Ben Salah [SALA-07]. Seules les grandes lignes sont rappelées ici. La procédure utilisée est basée sur les mesures des formes d’ondes du courant et de la tension aux bornes de la diode lors de son ouverture. Elle est appliquée en plusieurs étapes pour optimiser les couples de paramètres simultanément. Par conséquent, notre méthode d’identification demande moins de données expérimentales et la procédure d’extraction est plus simple. Puisque la simulation précise des composants de puissance peut être obtenue par des simulateurs numériques résolvant les équations des dispositifs à semiconducteur. Le simulateur DESSIS basé sur la méthode des éléments finis est choisie pour simuler le comportement statique et transitoire de la diode PIN. Les plages de recherche des différents paramètres du modèle sont estimées en fonction du calibre en courant et en tension, et de la rapidité de commutation de la diode. 3.3.1 Caractérisation statique Le but de la caractérisation statique de la diode est d’obtenir le calibre en courant et la tenue en tension. Ces informations servent en premier lieu à dimensionner les éléments des circuits de commutations. La caractéristique statique ID = f(VD) est obtenu par un traceur Tektronix 371A. Il est capable de balayer le plan U-I jusqu'à 3kV et 400A. La mesure est effectuée en « 4 points ». A partir de la caractéristique statique en direct et en inverse de la diode (Figure THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 71 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension 3.14), nous pouvons déduire la valeur du calibre en courant (IF) et la tenue en tension (VBR). IF VBR Figure 3.14 : Caractéristique statique mesurée dans l’air de la diode PIN SiC étudiée. L’abaque de la figure 3.15 montre l’évolution de la tension de claquage en fonction de la concentration de dopants et de l’épaisseur de la région centrale pour une diode PIN en carbure de silicium. Les simulations des caractéristiques inverses de la diode PIN en fonction de la concentration du dopage et de la largeur de la région faiblement dopée sont prélevées. Ensuite les tensions de claquages du dispositif simulé sont déduites et dressées en fonction des paramètres WB et ND dans la figure 3.15. D’une manière classique, un bon compromis entre une faible chute de tension en direct et une tension de claquage élevée correspond à un couple de paramètres WB et ND situés dans les régions de coudes, comme montré dans la figure 3.15. Ainsi connaissant la tension de claquage de la diode à partir de sa caractéristique statique inverse, on peut déterminer une plage de variation de la concentration et de l’épaisseur de la zone centrale (ND, WB), ce qui servira à initialiser ces paramètres. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 72 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Figure 3.15 : Simulation de la tension de claquage en fonction de la concentration et de l’épaisseur de la zone centrale d’une diode PIN en SiC-4H. Zone encerclée : compromis entre VBR élevée et RON faible. VBR est définie par le coefficient de ionisation par impact. La diode est considérée comme infiniment plane. 3.3.2 Circuit de caractérisation DMTVCA La technique DMTVCA est utilisée pour étudier le blocage de la diode sous fort champ électrique et en régime de désertion. La diode n’est pas en régime de forte injection puisqu’elle n’est pas polarisée en direct. La comparaison des formes d’ondes de courant et de tension permet d’extraire les paramètres technologiques suivants : le dopage de la région faiblement dopée (ND), la largeur de la zone centrale (WB) et la surface effective de la diode (A). Ces paramètres peuvent être obtenus dans ce montage car la zone faiblement dopée de la diode interagit fortement avec l’inductance L lors de son blocage. Le circuit de commutation DMTVCA est représenté sur la figure 3.16. Il utilise un condensateur pour stabiliser la tension lors de la commutation en réduisant l’effet de l’inductance de câblage Lm. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 73 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Lm L M C VR D R Figure 3.16 : Circuit de commutation DMTVCA. Ce circuit permet d’appliquer aux bornes de la diode initialement en équilibre thermodynamique une tension inverse variant de 0 à 1500V. L’utilisation d’un MOSFET haute tension permet une fermeture rapide de la maille du circuit, et provoque une importante variation de tension dV/dt aux bornes de la diode. Pour permettre l’oscillation de la tension, il est nécessaire d’ajouter une inductance L qui va entrer en résonance avec la capacité de jonction de la diode. Elle va d’autre part avoir pour effet de ralentir la commutation (Equation 4.4). Sa valeur doit être ajustée en fonction du calibre en courant de la diode à caractériser. La résistance située en parallèle de la diode sert à établir à l’instant initial, une tension quasiment nulle à ses bornes, lorsque le MOSFET est à l’état bloqué. En effet le courant de fuite dans le MOSFET est très supérieur au courant de fuite dans la diode SiC. Aussi nous devons ajouter une résistance suffisamment faible (R=10kΩ) pour que traversée par le courant de fuite du MOSFET, la chute de tension aux bornes de la diode soit suffisamment faible. Sans courant direct initial, la diode se comporte comme une capacité non linéaire. La décharge de la capacité interne de la diode au travers l'inductance totale du circuit et la résistance provoque une réponse résonnante. Les effets d’atténuation des formes d'ondes de courant et de tension dépendent de la résistance totale du circuit. Les fortes variations de tension et le faible niveau de courant, rendent nécessaire la modélisation capacitive des pistes (Figure 3.17). La capacité parasite de câblage située en parallèle de la diode est la plus influente sur la forme d’onde de courant de diode. Cette capacité parasite ralentit la commutation de la diode. Sa modélisation, traitée au paragraphe 3.1.2.2., est nécessaire pour obtenir des simulations précises. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 74 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension 1 2 3 4 5 6 1 : MOSFET 2 : résistance 3 : inductance 4 : diode sous test et son support 5 : condensateur de filtrage 6 : shunt de mesure de courant Figure 3.17 : Circuit de commutation DMTVCA. En polarisation inverse la ZCE, siège d’un champ électrique, s’élargit de part et d’autre de la jonction métallurgique et entraîne la désertion en porteurs libres à l’intérieur de ses limites. Dans l’hypothèse d’une jonction asymétrique, la distribution du champ électrique est dans des conditions normales, presque triangulaire, le champ étant maximal à la jonction. Lorsque la tension inverse appliquée augmente, le champ électrique maximal augmente avec l’extension de la ZCE. La forme du champ est trapézoïdale lorsque cette extension est supérieure à l’épaisseur de la zone centrale [AMMO-02]. Pour pouvoir identifier WB il faut qu’il y ait au moins une mesure dans des conditions de champ triangulaire (faible tension), et qu’il y ait au moins une mesure dans des conditions de champ trapézoïdal. Il faut donc que la diode soit PT c’est à dire que l’avalanche ait lieu pour un champ de forme trapézoïdal [SALA-06]. Pour cela nous avons choisi d’appliquer la méthode d’optimisation des paramètres du modèle sur deux mesures, dont la tension appliquée sera choisie dans les deux zones : champ triangulaire et champ trapézoïdal. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 75 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension VRM tRR IRM Figure 3.18 : Expérience et simulation DESSIS de la commutation VD (t) et ID (t) de la diode PIN SiC caractérisée au blocage dans le circuit DMTVCA sous champ électrique triangulaire. (VR = 100V, T = 300K) THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 76 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension VRM tRR IRM Figure 3.19 : Expérience et simulation DESSIS de la commutation VD (t) et ID (t) de la diode PIN SiC caractérisée au blocage dans le circuit DMTVCA sous champ électrique trapézoïdal. (VR = 200V, T = 300K) THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 77 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension La simulation et les résultats expérimentaux sont en bon accord, excepté à la fin du blocage. Jusqu'ici l'accord entre la simulation et l'expérience valide les valeurs des paramètres de conception de la diode pour les objectifs de simulation. La méthode présentée est basée sur la mesure de VRM, IRM et tRR pendant le recouvrement inverse. Par conséquent il n'est pas nécessaire d’affiner la simulation pour obtenir un accord significatif à la fin du recouvrement inverse. Une simulation aussi précise implique d’évaluer tous les phénomènes parasites, et en particulier le comportement capacitif non linéaire de la diode PIN. Ce dernier comportement peut être lié aux phénomènes 2D par exemple. Les résultats d’identification des paramètres technologiques de la diode PIN en SiC sont fournis dans le tableau 3.4. Paramètres technologiques Surface effective A Dopage de la base ND Largeur de la base WB Diode PIN SiC caractérisée 1,2 mm2 7,68x1014 cm-3 46 µm Tableau 3.4 : Paramètres technologiques obtenus par identification pour la diode PIN SiC caractérisée. 3.3.3 Circuit de commutation OCVD La durée de vie ambipolaire notée τ, est un paramètre prépondérant dans la phase de conduction et de commutation d’une diode. Le graphique de la figure 3.20 montre l’augmentation des charges stockées avec l’accroissement de la durée de vie τ. L’augmentation du nombre de charges stockée fait croître la valeur du courant de recouvrement et ralentit la commutation de la diode, ce qui engendre de plus importantes pertes en commutation. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 78 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension τ = 20ns τ = 30ns τ = 40ns ? ND–NA? Figure 3.20 : Simulation MEDICI de la concentration en électrons pour différentes valeurs de durée de vie ambipolaire d’une diode PIN SiC polarisée en direct sous 5V. En polarisation directe la diode passe en forte injection. Cela veut dire que les porteurs minoritaires injectés à travers la ZCE sont en nombre supérieur au dopage dans la zone la moins dopée (Figure 3.20). Rapidement, pour quelques milliampères dans la pratique, la zone la moins dopée est complètement remplie par une zone en forte injection que l’on appelle aussi la zone de plasma. C’est une zone neutre où l’équilibre électrostatique est réalisé entre les concentrations en électrons et en trous. La différence essentielle avec le régime de faible injection est que la contribution du terme de diffusion dans la conduction des porteurs devient significative. Il en résulte alors une diminution importante de la chute de tension aux bornes de la zone faiblement dopée, qui est devenue la zone de plasma. Malgré une grande épaisseur de la zone de plasma, la chute de tension à l’état passant peut être très faible. La chute de tension devient une fonction complexe qui dépend de la quantité de charges stockées, de la largeur de la zone de plasma et de la durée de vie ambipolaire. Celle-ci est la somme des durées de vie des électrons et des trous. En forte injection les concentrations en électrons et en trous sont liées (n=p) et le transport des porteurs est décrit par l’équation de diffusion ambipolaire [BEND-67] : THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 79 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension ∂p ∂2 p p ( x, t ) = Da 2 ( x, t ) − ( x, t ) τ ∂t ∂x (3.4) avec les conditions aux limites : ∂p (0, t ) = −η .i (t ) ∂t (3.5) ∂p ( w, t ) = χ .i (t ) ∂t (3.6) où Da = η= 2µn µ p µn + µ p uT est la constante de diffusion ambipolaire, 1 1 et χ = avec A la surface effective du dispositif. 2q µnuT A 2q µ p uT A La zone faiblement dopée de la diode passe en forte injection avec l’accroissement du nombre de porteurs, causé par une durée de vie plus importante, ce qui se traduit par une augmentation du niveau de courant et de la chute de tension à ses bornes (Figures 3.21). τ = 20ns τ = 30ns τ = 40ns Figure 3.21 : Caractéristique simulée avec MEDICI d’une diode PIN SiC pour différentes valeurs de τ. Il est ainsi nécessaire de connaître la valeur de la durée de vie ambipolaire, afin d’obtenir des simulations précises notamment pour la commutation à l’ouverture. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 80 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension La technique d’extraction la plus fréquemment utilisée pour sa simplicité de mise en œuvre, est la technique OCVD [BELL-05]. Elle fournit de façon simple des signaux VD(t) très sensibles à la durée de vie ambipolaire. De plus, la méthode CRT fournis des résultats erronés lorsqu’elle est appliquée aux diodes SiC [LEVI-01]. La méthode d’OCVD (Figure 3.22) consiste à annuler le courant direct qui circule dans la diode, et à observer le taux de variation de la chute de tension directe aux bornes de la diode. Dans ce circuit la diode n’est pas polarisée en inverse. D R K E C Figure 3.22 : Circuit de commutation OCVD expérimental. Comme nous pouvons le constater sur la tension de diode de la figure 3.23, l’utilisation d’un interrupteur K de type MOSFET interagit de façon trop importante avec la diode. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 81 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Figure 3.23 : Commutation de la diode PIN SiC caractérisée dans le circuit OCVD avec MOSFET IRF740. L’interrupteur K utilisé dans le circuit OCVD expérimental est un relais à contact mercure (F81A5500). L’intérêt d’utiliser un tel relais est d’avoir une coupure très rapide du courant, son temps de coupure doit être très inférieur à la valeur de la durée de vie ambipolaire. En effet la rapidité de ce relais nous a permis d’avoir un temps de coupure de l’ordre de 20ns. Cela permet d’avoir une bonne précision sur l’estimation de la durée de vie ambipolaire. Ce circuit de commutation est réalisé sur SMI (Figure 3.24) pour réduire l’inductance des pistes qui perturbe le signal de tension de diode. L’ouverture de l’interrupteur K permet d’annuler rapidement le courant dans le dispositif sous test. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 82 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension 1 2 3 4 5 1 : shunt de mesure de courant 2 : support de diode 3 : résistance 4 : relais à contact mercure 5 : condensateur de filtrage Figure 3.24 : Circuit de commutation OCVD. Lorsque la diode est polarisée en direct les porteurs excédentaires sont stockés dans la région faiblement dopée. Après l’ouverture du circuit OCVD les charges vont se recombiner. La recombinaison est influencée par la durée de vie de la zone faiblement dopée. La variation de charge des porteurs majoritaires dans le volume de la diode peut être décrit par : dQ Q = I (t ) − dt τ (3.7) La variation de tension de diode après extinction du courant est déterminée par la durée de vie ambipolaire. L’expression de la durée de vie ambipolaire donnée par P.G.Wilson [WILS-67] (Equation 3.8) considère un profil de dopage uniforme dans la zone intrinsèque, ce qui n’est pas le cas pour les diodes rapides. τ =2 kT ∆t × q ∆VD (3.8) Dans les diodes haute tension en SiC, le rapport de WB/La varie habituellement entre 2.5 et 4 [LEV-01]. Ici, WB est la largeur de la base, La=(Daτ)1/2 est la longueur de diffusion ambipolaire, Da=2b/(b+1)Dp est le coefficient de diffusion ambipolaire, Dp est le THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 83 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension coefficient de diffusion des trous, b=µn/µp, µn et µp et respectivement la mobilité des électrons et des trous, et τ est la durée de vie des porteurs en forte injection. En forte injection la durée de vie ambipolaire peut être calculée à partir de l’équation de Wilson (Equation 3.8) seulement dans le cas où WB/La<1 [LADE-55]-[SCHL-72]. Dans le cas où WB/La>1 la décroissante de la tension après extinction du courant dans le circuit OCVD n’est pas constante ce qui ne permet pas d’appliquer la formule de Wilson. La durée de vie est obtenue par comparaison de la chute de tension mesurée à celle simulée par le logiciel DESSIS. Celle-ci prend en compte la non uniformité du profil de concentration dans la zone intrinsèque, lorsque la diode subit la coupure du courant. La modélisation des inductances et des capacités des pistes du circuit OCVD est nécessaire pour obtenir des simulations suffisamment précises de la commutation de la diode. La superposition de la mesure et de la simulation valide la valeur de la durée de vie ambipolaire ainsi obtenue. Pour estimer la valeur de la durée de vie ambipolaire nous utilisons les paramètres technologiques obtenus à partir du circuit DMTVCA. La figure 3.25 montre une comparaison du courant et de la chute de tension directe mesurée dans le circuit OCVD avec la simulation DESSIS, pour déterminer la durée de vie ambipolaire de la diode PIN SiC caractérisée. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 84 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Figure 3.25 : Mesure et simulation DESSIS de la diode PIN SiC caractérisée dans le circuit OCVD. Le circuit expérimental utilise un relais à mercure Celduc F81A5500. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 85 - Platines de caractérisation de diodes SiC haute tension Le critère d’optimisation de la durée de vie est basé sur la pente de la chute de tension lorsque le courant est égal à zéro. La durée de vie ambipolaire de la diode PIN SiC caractérisée est comprise entre 41ns et 46ns, puisque dans cet intervalle de valeurs la tension de diode mesurée et simulée reste identique. 3.3.4 Conclusion Nous venons de présenter une technique d’extraction des paramètres technologiques utilisés dans le modèle de la diode PIN SiC caractérisée. La procédure d’extraction consiste dans un premier temps à estimer les paramètres de la diode de puissance bipolaire tel que WB, ND et A obtenus par le circuit DMTVCA. Ensuite la durée de vie ambipolaire τ est estimée dans le circuit OCVD. Dans les circuits DMTVCA et OCVD la simulation DESSIS est suffisamment proche de l’expérience pour valider les paramètres technologiques de la diode PIN SiC. Cette étape de validation du modèle de la diode est effectué au chapitre 4. THESE - Damien Risaletto Caractérisation électrique en commutation de diodes haute tension en carbure de silicium - 86 -