Thème 3 : Mondialisation et intégration européenne Chapitre 7) Les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production PARTIE 2 LES FONDEMENTS DE L’INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION Ce que dit le programme Définitions du chapitre : Commerce intra-firme (NPT) : échanges entre une société mère et une de ses filiales ou encore entre les filiales d’une même FMN. Compétitivité (NPT) : Capacité d’une entreprise à faire face à la concurrence et donc à conserver ou gagner des parts de marché. Délocalisation (NPT) : Déplacement d’une activité économique vers un pays étranger. Externalisation (NPT) : Sous-traitance d’une partie des activités de l’entreprise à une autre entreprise. Firmes multinationales (NPT) : Une firme multinationale (FMN), est une entreprise qui possède au moins une filiale à l'étranger et qui produit hors de son territoire d'origine à l'aide de sa ou ses filiales. Elle réalise donc des opérations de production dans au moins deux pays. Investissement direct à l’étranger (IDE) (NC) : création ou acquisition d’une unité de production située à l’étranger ; l’investisseur doit détenir au moins 10% du capital pour qu’on puisse parler d’IDE. Internationalisation de la production (NPT) : Processus qui conduit les firmes multinationales à dépasser le cadre économique national pour organiser la production au niveau mondial. Sujets de bac possibles : Dissertation : EC1 EC3 Par quelles stratégies les firmes multinationales cherchent-elles à accroître leur compétitivité ? Quels sont les déterminants des stratégies d'internationalisation de la production des firmes multinationales ? Comment les firmes multinationales peuvent-elles améliorer leur compétitivité ? Le commerce international et l'internationalisation de la production n'ont-ils que des avantages ? Montrez que la différenciation des produits peut être à l'origine d'une compétitivité hors prix. Distinguez compétitivité prix et compétitivité hors prix. En quoi la délocalisation améliore-t-elle la compétitivité des entreprises ? Distinguez compétitivité prix et compétitivité hors-prix. Vous mettrez en évidence les principaux facteurs expliquant les choix de localisation des firmes multinationales. PARTIE 2 : L’internationalisation de la production Sensibilisation : → Décomposition de la production d’un iphone. Voir diapo 1. Internationalisation de la production : processus qui conduit à dépasser le cadre économique national pour organiser la production au niveau mondial. 1 . Les manifestations de l’internationalisation de la production : essor des FMN et du commerce intra-firmes 1.1. Devenir une FMN : avec ou sans transfert de capitaux → FMN : firmes possédant ou contrôlant des unités de production implantées dans au moins deux pays. Réalise donc des opérations de production dans au moins deux pays Attention : il ne suffit pas qu’une entreprise vende dans plusieurs pays pour être considérée comme une FTN. Le critère indispensable est que cette firme produise dans au moins deux pays. → Il existe plusieurs manières de devenir une FMN et d’étendre ses activités productives à l’étranger. IDE. IDE les investissements de portefeuille : transferts financiers à l’étranger visant à réaliser une plusvalue financière à CT. Ils correspondent à une logique de placement spéculatif et non à une logique de P°. Si un flux de K > 10% du K d’une entreprise, il est enregistré comme un IDE dans la BP (convention FMI). IDE horizontaux : quand le transport des biens est coûteux, plus avantageux d’approvisionner les consommateurs des différents pays à partir d’une production locale. IDE verticaux : cas où l’on a possibilité d’exploiter les différences entre pays en produisant les biens intermédiaires et biens finaux dans différents pays pour tirer profit des avantages comparatifs. Division du travail à l’intérieur de la FMN, d’où le terme « vertical ». Externalisation : Sous-traitance d’une partie des activités de l’entreprise à une autre entreprise. Il s’agit de faire produire par une entreprise extérieure une partie de sa production. Sous-traitance, cession de licences, franchises (droit d’utiliser l’enseigne ou la marque). Ainsi, l'entreprise ne fait pas appel à une filiale (qui lui appartient) mais à une autre entreprise, qu'on appelle sous-traitant (ex sous-traitants automobile). Les fonctions externalisées le plus fréquemment concernent une partie de la chaine de production, l’informatique, la logistique, la sécurité ou encore les services généraux. Les NTIC permettent d’externaliser dans les PED des activités qui ne sont plus comme par le passé des activités à faible valeur ajoutée : SAV, création de logiciels, gestion comptable, etc. Avantages : on passe par une entreprise spécialisée dans une étape du processus productif et qui est donc censée être plus efficace. Mais l'externalisation implique des coûts (pour rédiger les contrats notamment) et les FMN optent donc souvent pour le commerce intra-firmes. Voir diapo 2 Distinguer IDE (déplacement d’actifs) et externalisation (pas de déplacement d’actifs). IDE Avec transfert de capitaux Sans transfert de capitaux (externalisation) Création de nouvelles capacités de production à l’étranger ou prise de contrôle d’une entreprise déjà existante (possession de plus de 10 % du capita). On parle aussi d’IDE lorsque les bénéfices des filiales sont réinvestis sur le territoire d’implantation. FusionCréation d’une nouvelle entreprise à partir de deux autres de pays acquisition différents transfrontalière Création ou acquisition conjointe d’une unité de production par deux Joint-venture entreprises de pays différents Incorporation des biens fabriqués par un sous-traitant dans le produit final, vendu sous la marque de la société-mère. Sous-traitance Externalisation de certaines fonctions comme l’informatique, la logistique, parfois même la comptabilité. Cession à une entreprise (étrangère) du droit de fabriquer un produit Licence conçu par la société-mère Achat par une entreprise (étrangère) du droit d’utiliser l’enseigne ou la Franchise marque de la société-mère Il existe donc des solutions alternatives aux IDE : sous-traitance manufacturière, externalisation de services, concession de licences, franchissages… Relations contractuelles par lesquelles les FMN contrôlent leurs activités. Modes d’internationalisation qui jouent un rôle croissant car beaucoup plus souples que les IDE. Intérêt de l’externalisation : la pression concurrentielle est mise sur les sous-traitants. Peut éviter de prendre soi-même des décisions néfastes à l’image de marque de la firme (conditions de travail difficiles pour le salariés et faibles salaires). CHOIX ENTRE IDE ET EXTERNALISATION (= faire soi-même ou faire faire ?) → Plus les coûts de transaction sont élevés, plus les IDE seront privilégiés par rapport aux licences, franchises et encore plus par rapport au simple commerce international. Ainsi, les marchés sont rendus internes à l’entreprise et les transactions s’effectuent entre filiales et non plus entre firmes indépendantes. → Plus les fonctions sont stratégiques pour l’entreprise, plus elle privilégiera les IDE plutôt que l’externalisation (protection de la propriété intellectuelle). → FMN sont en général constituées : d’une maison mère et de filiales dont le capital est détenu, en totalité ou en partie (+ de 10%), par la maison mère. d’un ensemble d’entreprises sous-traitantes, juridiquement indépendantes mais économiquement dépendantes. → Difficile d’attribuer à ces firmes une nationalité. Cependant elles restent rattachées à un territoire de par leur implantation historique et leurs caractéristiques actuelles (siège social…) FTN" depuis peu car cette appellation supprime l’idée que les firmes ont plusieurs nationalités Ex. : PSA est une FMN mais garde de nbreux liens avec l’économie et l’Etat français (subventions après crise 2008…) Ex : General Electric (le + grand stock d’actifs hors territoire d’origine) → Délocalisation : Déplacement d’une activité économique vers un pays étranger. Faire à l’étranger ce qui pourrait être fait sur le territoire national (difficile à cerner statistiquement). Ne pas confondre IDE et délocalisations : une part marginale des IDE sont des délocalisations, mais toutes les délocalisations sont des IDE. En effet, une entreprise qui réalise un IDE ne ferme pas forcément d’unités de production locale ; par exemple si Total crée une filiale en Afrique pour extraire du pétrole, cette production ne pouvait pas être réalisée en France. Mais une firme qui ferme une unité de production locale pour l’installer à l’étranger réalise un IDE. Ne pas confondre externalisation et délocalisation : Délocaliser consiste à fermer une unité de production pour ouvrir la même dans un autre pays. Externaliser consiste à sous-traiter une partie de ses activités (mais pas forcément par une entreprise située à l’étranger). On pourrait cependant parler de délocalisation au sens large lorsque des emplois sont bien détruits dans le territoire d’origine. Exercice polycopié n°1 Remplissez le tableau ci-dessous en cochant les cases pertinentes. IDE Coca cola vend sa licence à des producteurs locaux Apple fait assembler l’Iphone par des entreprises chinoises Renault rachète son concurrent japonais Nissan L’entreprise PSA crée une filiale en Roumanie pour produire des voitures destinées au marché roumain L’entreprise Renault ferme une usine à Vilvorde pour en créer une en Hongrie Jean-Louis David ouvre un salon à Milan L’entreprise Renault décide de sous-traiter la production des sièges à un équipementier Roumain alors que la fabrication avait lieu en France L’entreprise Renault rachète 15% des actions d’un équipementier belge qui lui fournira dorénavant certaines pièces L’entreprise PSA rachète 5% des actions d’un équipementier allemand Délocalisation x Benetton fait fabriquer des pièces au Bangladesh Tefal réimplante sa production de grilles pain en Roumanie Externalisation x x x x x x x x x x x x 1.2. Essor des FMN et du commerce intra-firmes Document polycopié n°1 Flux d’IDE dans le monde IDE entrants 1970 2010 Monde (millions $) 13 346 1 243 671 Economies développées 71,1% 48,4% Dont UE 39,2% 24,5% Dont Etats-Unis 9,4% 18,4% Dont France 4,7% 2,7% Economies en développement et en transition 28,9% 51,2% Dont BRIC 3,3% 17,7% Dont Afrique 9,5% 4,4% Dont Chine 0 8,5% Dont Roumanie 0 0,8% IDE sortants 1970 2010 14 151 1 323 337 99,6% 70,7% 35,8% 30,8% 53,6% 21,4% 2,6% 6,4% 0,4% 29,3% 0,1% 11,1% 0,1% 0,5% 0 5,1% 0 0,01% Source : CNUCED 2011. 1. Faites une phrase donnant la signification des deux données soulignées. En 2010, les IDE entrants représentaient 1 243,7 milliards de dollars. Sur 100 euros d’IDE sortants, 70,7 en moyenne proviennent des pays développés. 2. Comment a évolué le volume des flux d’IDE entre 1970 et 2010 ? Très forte progression. Multiplié par près de 100. → Phénomène facilité par la libéralisation des mouvements de capitaux. 3. Comment se répartissent les flux d’IDE entrants en 2010 ? et les flux d’IDE sortants ? Les pays qui reçoivent le plus d’IDE sont aujourd’hui les économies en développement (mais dans des proportions quasi identiques à celles des pays développés). Par contre, ce sont les pays développés qui émettent le plus d’IDE. 4. Comment a évolué la localisation des flux d’IDE entrants entre 1970 et 2010 ? et pour les flux d’IDE sortants ? → Jusqu'aux années 1990, les IDE se réalisent entre PD (provenance et destination). Pour les IDE entrants, le poids des pays en développement a presque doublé, en particulier grâce aux BRIC (et surtout la Chine) qui accueillent désormais une grande part des IDE ; par contre, l’Afrique recule. De plus en plus de filiales sont implantées dans les pays émergents (qui cherchent à attirer les FMN après s'en être protégés de peur de perdre leur indépendance). Pour les IDE sortants, l’enrichissement des pays en développement leur permet désormais d’émettre des IDE. Depuis les années 2000, et surtout depuis la crise de 2008, la domination des firmes originaires de PD devient moins exclusive. D'ailleurs, hausse du nombre de FMN issues des pays émergents. Ex : Mittal, In Bev (Brésil-1er brasseur mondial bière). Voir diapo 3 pour les stocks A retenir sur IDE et FMN. Si la mondialisation s’est traduite par une croissance permanente des échanges internationaux, on doit souligner qu’elle s’accompagne, depuis les années 1980, d’une réelle explosion des IDE. Ils constituent les principaux moteurs de la mondialisation. Ils ont fait exploser le nombre de firmes transnationales qui sont devenus des acteurs incontournables et tout puissant du commerce mondial. 1. Le commerce intrafirme consiste en échanges internationaux réalisés entre les filiales d’une FMN ou entre les filiales et la société mère. Commerce intra-firme : échanges entre une société mère et une de ses filiales ou encore entre les filiales d’une même FMN. 2. Chaque filiale, sur un territoire donné, se spécialise en fonction de l’avantage comparatif du territoire. 3. La DIPP consiste à répartir les différentes étapes de la production d’un bien en des lieux différents (selon les avantages comparatifs propres à chaque territoire), donc le produit doit transiter entre ces différents lieux de production. Le monde est vu comme un vaste marché au sein duquel existent des disparités (prix des matières premières, coûts salariaux, législations sociales et environnementales, impôts, taxes douanières, qualité de la main-d'œuvre, des infrastructures...) que les firmes s'efforcent d'exploiter. Globalement, le processus productif est décomposé en : phases intensives en travail, réalisées dans les pays à bas salaires ; phases intensives en capital, en R&D réalisées dans les pays développés où sont concentrés les technologies et le capital humain (à nuancer car on a vu récemment certains centres de R&D être délocalisés) ; phases de commercialisation des produits dans les pays développés ou les marchés émergents à fort potentiel de croissance où se trouvent les marchés solvables. Remarque : Les stratégies d’implantation des FMN ont donc un impact sur la division internationale du travail : elles créent ou renforcent les avantages comparatifs des territoires et définissent en partie leur spécialisation. 4. 5 186/15 716 x 100 = 33 %. Sur 100 euros d’exportations, 33 en moyenne sont réalisés par des filiales. Echanges internes aux FTN (d’une filiale à l’autre, de la maison-mère à une filiale ou réciproquement). La circulation des biens et des services engendrées par la spécialisation passe donc de plus en plus par des échanges hors-marché. Ces prix internes sont un élément de la stratégie des firmes pour maximiser leur profit, par exemple en faisant apparaître les bénéfices là où les taux d'imposition sont les plus faibles. Voir diapo 4. 5. Une grande partie des échanges internationaux portent sur des « biens en cours de fabrication » et non sur des produits finis. Aujourd’hui, une grande partie de l'échange international consiste en l'échange de biens intermédiaires, et le bien final vendu aux consommateurs dans un pays donné est souvent issu d'un assemblage de composants fabriqués dans différents pays. Exercice polycopié n°2 Commerce intrabranche Commerce de B&S entre pays appartenant à la même région Commerce de B&S similaires entre pays à spécialisation proche Commerce de B&S intermédiaires entre filiales de la même FMN Commerce intrazone x Commerce intra-firme x x Synthèse sur le commerce intra-firmes. → Le développement des multinationales a engendré une hausse des échanges transfrontaliers entre filiales d’entreprises multinationales, désignées sous le nom d’échange « intra-groupes » ou intra-firmes. → Ce type d’échanges est particulièrement développé dans les secteurs de la haute technologie et les secteurs manufacturés (automobile, électronique). La fabrication de ces produits s’effectue par une division internationale du processus productif. Chaque sous-ensemble de composants étant fabriqués par une filiale ou un sous-traitant dans un pays donné, leur assemblage ayant lieu in fine pour donner le produit final. → Pour alléger leurs coûts, les entreprises multinationales peuvent multiplier les implantations pour jouer avec les transferts de capitaux au sens financier, de façon à alléger les impôts qu’elles payent dans les pays à pression fiscale relativement importante et pour faire enregistrer leurs activités dans des territoires à très faible pression fiscale en jouant sur les prix de transfert (hors marché). Document Les multiples facettes de la compétitivité Même dans les industries comme le textile, le coût du travail ne représente qu'un déterminant relativement secondaire dans les choix stratégiques des entreprises. Les infrastructures detransport, le risque de change, le prix des assurances, les droits de douane et le coût d'importation des matières premières contribuent souvent à augmenter les coûts de production dans les pays oùle travail n'est pas très cher. Et même si les salaires y sont très bas, personne n'ira jamais ouvrir d'usine en Sierra Leone ou en Haïti. Ce qui compte pour une entreprise, c'est ce qu'on appelle le coût unitaire, c'est-à-dire le coût du travail corrigé de la productivité du travail. Et là où les travailleurs sont instruits, motivés et bien entraînés, ce coût peut être beaucoup plus bas que dans certains pays en développement. Par ailleurs, des productions a priori menacées de délocalisation se maintiennent bien dans des pays à hauts salaires. [...] Il est même possible, dans des économies à hauts salaires, de créer une entreprise traditionnelle qui dégage des bénéfices en se focalisant sur l'innovation, le design et les activités à forte valeur ajoutée. [...] Les seules ressources capables de créer des avantages comparatifs aujourd'hui résident dans la capacité des entreprises à promouvoir des stratégies fondées sur l'innovation, la conception, la qualité, la réputation de la marque, la proximité avec le client, etc. Suzanne Berger, « La mondialisation n'est pas une voie à sens unique », Alternatives économiques, n°244, février 2006. La multinationalisation d’une entre prise peut donc se réaliser suivant quatre types de stratégie : – une stratégie d’approvisionnement qui consiste en ce qu’une firme décide de s’assurer de la régularité de ses approvisionnements en produits primaires (matières premières, énergie). – une stratégie de marché qui consiste en ce qu’une firme cherche à se rapprocher de ses principaux marchés par le biais de « filiales-relais » généralement spécialisées dans la commercialisation et la distribution. – une stratégie de rationalisation de la production selon laquelle une firme décide de l’implantation de « filiales atelier » qui peuvent être en charge de la production de la totalité du produit ou d’un de ses composants. Ainsi dans le domaine de la maroquinerie, Lancel exporte ses peaux découpées à l’Ile Maurice pour les faire coudre sur place et les réimporter ensuite vers l’Europe. Lorsqu’une filiale atelier a pour seule fonction le montage des différents composants d’un produit, on parle alors d’ « usine tournevis ». – une stratégie technico-financière par laquelle une firme prend en compte non seulement les données technologiques et commerciales (qualité de la main-d’œuvre, infrastructure, débouchés, transport,...) mais également les données financières (taux de change, niveau de prélèvement obligatoire,..) avant de s’implanter sur un territoire donné. 2. Le fondement des décisions de localisation de la production La mondialisation a approfondit la concurrence entre entreprises. Celles-ci fondent donc leurs stratégies sur la recherche de la compétitivité. Ces stratégies sont aujourd’hui menées par les FMN à l’échelon international comme nous l’avons vu. Elles vont chercher à profiter au mieux des avantages de chaque territoire pour y localiser une partie de leur processus productif. Quels sont les déterminants de la multinationalisation des firmes ? Les choix de localisation des FMN reposent-ils principalement sur la recherche du moindre coût ? Ne pas confondre : concurrence et compétitivité. Concurrence = un grand nombre d’offreurs. Compétitivité = capacité à gagner des parts de marché. TD sur les stratégies des FMN Plan du TD : 1. Des FMN à la recherche de la compétitivité et des marchés solvables document polycopié n°1 2. Les différents facteurs déterminant la compétitivité. Documents polycopiés n°2 et 3. 3. Les localisations adaptées à ces objectifs. Document polycopié n°4. 4. Exemples de la diversité des stratégies des FMN. Documents polycopiés n°5, 6 et 7. Document polycopié n°1 Importance des facteurs déterminant la compétitivité sur les marchés étrangers (proportion d'entreprises considérant le facteur comme « très important ») Champ : enquête d'opinion réalisée en France auprès de chefs d'entreprises industrielles exportatrices de 20 salariés ou plus. Source : d’après INSEE, 2008. Lecture : environ 59 % des chefs d'entreprises industrielles fortement exportatrices interrogés, jugent que l’innovation et la recherche-développement sont un facteur déterminant la compétitivité sur les marchés étrangers. 1) Classez les éléments du graphique dans le tableau suivant : Recherche de la compétitivité-prix Recherche de la compétitivité hors-prix Recherche des marchés solvables Prix Qualité du produit Adéquation des produits à la demande Innovation et R&D Service après-vente Marque et notoriété du produit Réseaux de distribution Proximité des marchés A retenir : → Les trois grands objectifs des FMN. → Le prix de vente comme déterminant essentiel, mais PAS UNIQUE ! Transition : pour atteindre ces trois objectifs, les entreprises vont choisir la meilleure localisation possible. Chaque territoire présente des avantages et des inconvénients au regard de ces objectifs. Document polycopié n°2 Quelle est l’importance des critères de localisation d’une nouvelle implantation pour votre entreprise ? Champ : 809 décideurs internationaux. Source : Baromètre Ernst & Young de l’Attractivité de l’Europe, 2009. Note de lecture : parmi les décideurs internationaux interrogés, 52 % considèrent que les infrastructures logistiques et transports sont un critère important de localisation d’une nouvelle implantation. 1) Remplissez la deuxième ligne du tableau avec les expressions suivantes : Réduire les coûts de production. Rendre le produit plus attractif par sa qualité, son caractère innovant, la différenciation. 2) Remplissez la troisième ligne du tableau avec les éléments du graphique. Recherche de la compétitivité-prix Recherche de la compétitivité hors-prix Réduire les coûts de production Rendre le produit plus attractif indépendamment du prix Infrastructure logistique et de transport Qualification de la main-d’œuvre Qualification de la main-d’œuvre Stabilité politique Proximité d’autres firmes (effets d’agglomération) Infrastructures de télécommunication Proximité de centres de recherche (effets Potentiel de croissance de la productivité d’agglomération) Coûts de la main-d’œuvre Taxation des entreprises Stabilité du climat social Flexibilité du marché du travail Droits de douane Taux de change Proximité d’autres firmes (effets d’agglomération) Proximité de centres de recherche (effets d’agglomération) 3) Complétez la troisième ligne avec les éléments suivants : Droits de douane Taux de change Proximité d’autres firmes (effets d’agglomération) Proximité de centres de recherche (effets d’agglomération) Document polycopié n°3 Le choix de la localisation : un calcul coût/avantage Prenons une entreprise qui étudie l’implantation de sa prochaine usine. Elle s’interrogera sur le niveau des salaires, la fiscalité pratiquée, les contraintes imposées par le droit du travail local, la plus ou moins grande présence des syndicats… Pour elle, tous ces éléments vont constituer des « coûts ». Qu’ils soient élevés n’est pas forcément rédhibitoire. Sinon, depuis quelques années, toutes les nouvelles usines se seraient implantées dans les régions du monde où les gens sont prêts à travailler pour presque rien et où la fiscalité, le droit du travail comme les syndicats sont inexistants. Des coûts extrêmement faibles ne constitueront un avantage que si une usine peut effectivement fonctionner dans de telles régions. Cela suppose une main-d’œuvre disposant des formations et des qualifications nécessaires, acceptant les disciplines de travail sans lesquelles l’usine ne pourra tourner normalement. Cela exige aussi des moyens de transport et de communication permettant une régularité minimale des approvisionnements et bien d’autres choses encore. A lui seul, le niveau élevé ou bas, des « coûts » d’une implantation ne suffira donc jamais à faire la décision. L’entreprise le mettra en balance avec ce qu’elle obtient en échange. Elle pourra être prête à rémunérer mieux des personnels plus qualifiés, à payer des impôts pour pouvoir accéder à des infrastructures de qualité, et même à accepter une pression syndicale continue, si c’est la condition pour utiliser une main-d’œuvre dont les compétences professionnelles sont hors-pair ! La mobilité accrue des entreprises met ainsi en balance non pas les coûts, mais les rapports avantages-coûts des différents espaces nationaux. Anton Brender, La France face à la mondialisation, La Découverte, 1998. 1) Quel argument factuel l’auteur utilise-t-il pour montrer que la réduction des coûts n’est pas l’unique déterminant des décisions d’implantation des FMN ? Si c’était le seul déterminant, les flux d’IDE iraient souvent des pays développés vers les PED. Or la plupart des flux d’IDE se font au sein des pays développés, preuve que d’autres déterminants jouent un rôle important. Les flux d’IDE Nord-Sud correspondent plutôt à la recherche de compétitivité-prix, les flux Nord-Nord à la recherche de compétitivité-produit par une meilleure adaptation aux exigences de la demande locale. 2) En dehors du faible coût, quels avantages un territoire peut-il présenter pour attirer les FTN ? Capital humain et capital technologique. o Qualification de la main-d’œuvre qui peut ainsi être plus productive, inventive, permettre des innovations pour s’octroyer des avantages technologiques décisifs pour la compétitivité horsprix, améliorer la qualité. Exemple des délocalisations de centres de recherche en Inde car informaticiens indiens compétents et beaucoup moins chers. Présence d’instituts de recherches. o Externalités positives en matière technologique (exemple de la silicon valley et des pôles de compétitivité en France). Infrastructures de transport (sécurité des approvisionnements et possibilité d’exporter dans des délais réguliers) Infrastructure de communication. Les filiales ne peuvent fonctionner efficacement si elles sont coupées d’une liaison en temps réel avec leur maison mère et avec les autres filiales. Stabilité politique. Taille du marché (demande importante ou en forte croissance comme dans les pays émergents). 3) Expliquez le titre du document. Idée que les pays dont le travail est cher doivent justifier ce prix par la qualité de l’environnement offert aux entreprises et par la qualité de ce travail. Pour les pays développés, la baisse des coûts salariaux ne peut être une solution (risque de limiter la demande intérieure et course sans fin destructrice au niveau social). Solution = développer le capital humain, développer la recherche-développement pour rendre nos entreprises les plus compétitives (notamment en termes de compétitivité hors-prix grâce à l’innovation) et développer les secteurs qui ne peuvent être délocalisés (tourisme, services à la personne, éducation, santé). Document polycopié n°4 Les avantages respectifs de la localisation dans les différents pays Chiffres tirés d’une enquête d’opinion auprès des responsables de grandes entreprises. Coûts = coût du travail et de la fabrication. Environnement = situation politique et économique, infrastructures, respect de la propriété intellectuelle Employés : expérience, qualification, capacité d’adaptation. La taille du marché n’est pas prise en compte ici. Source : Hewitt and associates, 2006 1) Dans quel pays les responsables d’entreprises sont-ils les plus enclins à localiser leur production ? Expliquez pourquoi. 2) Quel pays semble le moins intéressant ? Pourquoi ? 3) Regroupez les pays par types d’atouts. 4) Quel autre facteur non pris en compte dans le graphique pourrait expliquer que les pays développés accueillent encore la moitié des IDE. 1) Inde. Faible coût de la main-d’œuvre associé à une qualification de la main-d’œuvre relativement satisfaisante au regard du faible coût. 2) Turquie : faible coût de la main-d’œuvre, mais infrastructures limitées et faible qualification. 3) Faible coût de la main-d’œuvre : Inde, Chine, Brésil, Thaïlande, Viet-Nam, Russie. si la compétitivité prix est l’objectif premier (vrai en particulier pour les secteurs intensifs en maind’œuvre), les coûts de production locaux seront déterminants. Explication principale des IDE NordSud. Infrastructures et qualification : pays développés. Si le but est d’améliorer la qualité des produits et de permettre l’innovation (notamment produit à forte teneur technologique), les pays développés seront privilégiées car ils sont dotés en maind’œuvre qualifiée et permettent de bénéficier d’externalités positives. Cela explique donc en partie le fait que les PDEM accueillent un grand nombre d’IDE. localiser la recherche-développement là où elle sera la plus efficace par exemple dans une région disposant d’une main-d’œuvre qualifiée ou dans une zone où il existe des externalités positives (exemple : silicon valley, pôles de compétitivité en France) Remarque : Inde très attractive (notamment informatique, produits pharmaceutiques) car cumule à la fois faible coût et main-d’œuvre qualifiée + utilisation de l’anglais. Même chose en Europe avec pays de l’Est dont profite notamment l’Allemagne grâce à sa proximité géographique avec ces pays. 4) → Si les trois quarts des investissements directs à l'étranger sont réalisés par les pays développés dans d'autres pays développés, cela s'explique par le fait que les pays riches disposent de ressources abondantes en main d'œuvre qualifiée, en infrastructures et offrent de larges débouchés à la production. → Valable aussi pour les pays émergents dont le potentiel de croissance du marché local est considérable. → Parfois aussi délocalisation pour se rapprocher des marchés locaux et éviter les coûts de transport. A retenir : le lieu d’implantation est fonction de l’objectif poursuivi. Impact sur les délocalisations : L'implantation de filiale ou la délocalisation d'activités dépendent de la nature des productions, de leur plus ou moins grande complexité, des exigences qualité. → Lorsque celles-ci exigent peu de savoir-faire, des phénomènes de délocalisations massives peuvent avoir lieu. Selon cette logique, une firme peut donc choisir de délocaliser, dans des pays à main d'œuvre peu qualifiée et peu rémunérée, une partie de sa production qui ne nécessite guère de compétences techniques → Mais lorsque la production exige une forte intensité capitalistique et une main d'œuvre qualifiée, alors les phénomènes de délocalisation d'activités des pays riches vers les pays pauvres sont très limités. Les activités productives nécessitant un haut niveau de qualification sont maintenues dans les PDEM où la main d'œuvre est plus chère. Voir diapo 5. Exercice polycopié n°3 Schéma de synthèse Schéma récapitulant tous les facteurs qui jouent sur la compétitivité d’une FMN. Remplissez le schéma avec les expressions suivantes : Droits de douane Infrastructures Fiscalité Coût du travail Compétitivité- Prix Coûts de production et prix Coût salarial unitaire Productivité du travail Taux de change Compétitivité Innovation de produit = différenciation verticale Compétitivité hors-prix Différenciation Qualité du produit = différenciation verticale Image de marque, marketing, présentation du produit Différenciation horizontale A retenir : Le coût du travail doit être appréhendé au regard de la productivité des travailleurs. Il y a d'autres déterminants du prix que le coût salarial unitaire : droits de douane, infrastructures, fiscalité… Il ne faut pas que les économies réalisées sur le coût du travail soient annulées par des surcoûts dans les autres domaines. Le coût du travail n'est pas le seul facteur qui agit sur le coût de production d'un produit et donc sur la compétitivité-prix. Les stratégies de compétitivité ne reposent pas uniquement sur la recherche des prix les plus faibles possibles (compétitivité-prix). Les firmes peuvent aussi chercher à se distinguer de leurs concurrentes par la différenciation des produits (compétitivité hors-prix). Une firme peut augmenter ses parts de marché en dépit d’un prix plus élevé que ses concurrentes. La compétitivité hors-prix qui est justement la capacité à imposer ses produits sur le marché indépendamment de leur prix. Elle s'appuie essentiellement sur l'innovation et l'adaptation à la demande à travers les stratégies de différenciation. Cette différenciation peut être horizontale (l’entreprise propose des variétés proches d’un produit homogène : emballage, marketing…) ou verticale (l’entreprise offre des gammes de produits de qualité différente de celle de ses concurrents, par exemple en innovant). L’idée générale à retenir sur la différenciation des produits est que l’entreprise essaye de se démarquer des produits concurrents pour séduire les consommateurs sans avoir à lutter en réduisant ses prix. Trois exemples de stratégies : Document polycopié n°5 Délocalisation d’un centre d’appel L’objectif est ici la recherche du moindre coût pour gagner en compétitivité-prix. Probablement délocalisé dans des pays à faible coût de main-d’œuvre. Document polycopié n°6 Zara : à la recherche de la compétitivité hors-prix Zara, entreprise familiale espagnole, a connu une croissance extraordinaire au cours des cinq dernières années, avec des ventes s'élevant à 5,6 milliards de dollars en 2004, période pendant laquelle la plupart des fabricants européens ont connu des difficultés. Zara est une firme à intégration verticale1 qui concentre de nombreuses fonctions : elle tisse et teint environ 40 % du tissu qu'elle utilise, conçoit les vêtements, les découpe, organise toute la logistique de distribution, possède et gère quelque 600 magasins, surtout en Europe [...]. Elle sous-traite toute la couture, auprès de 500 ateliers implantés près de son siège social, de ses usines et de ses centres de distribution. Environ la moitié des produits Zara sont fabriqués dans le cercle étroit de la maison mère, par des fournisseurs attitrés, dans la région de La Corogne. Les principaux concurrents, H & M et Gap, n'ont aucune production interne (et font presque tout fabriquer à l'étranger). Zara se distingue de ses plus proches homologues par la rapidité avec laquelle ses vêtements passent du stade du design à celui de la commercialisation. Les boutiques Zara renouvellent leur offre toutes les deux semaines, avec de nouveaux produits qui arrivent constamment. Les clients viennent souvent voir les derniers arrivages. Parce que Zara adapte sa production à la demande et produit en moins grande quantité que ses concurrents [...]. Comme les grandes marques américaines ont depuis longtemps renoncé à la fabrication, confiée surtout à l'Asie, le modèle Zara leur paraît inconcevable. [Selon un concurrent], « Zara est le roi de la vitesse. [...] Sans ce genre de contrôle local, on ne peut réduire à deux mois une opération qui en prend six ou sept. Zara réunit tout : design, tissu, assemblage, transport. Les autres grossistes ont réparti leur production un peu partout, au Sri Lanka, en Jordanie, en Afrique du Sud [...] » Suzanne BERGER, Made in monde, Seuil, coll. Points Économie, 2007. 1. Cela signifie que Zara maîtrise toutes les étapes du processus productif, de la conception à la distribution, en passant par l'assemblage. Principalement recherche compétitivité-structurelle, mais sans négliger la compétitivité-prix. 1. Zara externalise peu sa production, au contraire elle cherche à maîtriser toutes les étapes du processus de production (intégration verticale). Le but de l’entreprise est d’être très réactive, et pour cela elle ne peut sous-traiter sous peine d’augmenter les délais. 2. Zara renouvelle ses collections, en partie, toutes les deux semaines, pour fidéliser les clients (obligés de revenir régulièrement voir les nouveautés). Cela réclame une grande réactivité, une capacité à agir rapidement. 3. Les coûts de production de Zara ne sont pas nécessairement plus importants parce que l’entreprise économise sur les coûts de transport, sur les coûts liés aux défauts ; l’entreprise répond directement à la demande, ce qui évite les stocks, etc. Document polycopié n°7 Un exemple de relocalisation Le fabricant de jouets de construction Meccano vient de décider de relocaliser une partie de sa fabrication aujourd'hui réalisée en Chine. L'objectif est d'augmenter de 20 % sur les deux années à venir la production de son usine calaisienne et d'y fabriquer cinq des neuf gammes du catalogue. En 2005, l'entreprise avait investi 6 millions d'euros dans la refonte de son outil industriel calaisien et, en février 2008, elle avait inauguré à proximité une plate-forme logistique de 16000 m2 exploitée pour son compte par Géodis. Dans le contexte actuel de la crise mondiale, le marché du jouet révèle une grande stabilité grâce au choix des consommateurs de préserver leurs enfants. Aussi, même si les coûts de production en France restent plus élevés que dans d'autres zones géographiques, Meccano a décidé de miser sur le «made in France» en pensant que les consommateurs seront sensibles à sa démarche. Et surtout, relocaliser en France lui permet de gagner en flexibilité, en réactivité et en coût de transport. La direction parle de 4 à 8 semaines de transport en moins. Meccano est convaincu qu'un gain de 2 mois sur les délais de livraison optimisera à terme la demande. Cette relocalisation partielle pérennise l'avenir du site calaisien et l'emploi de ses soixante salariés. Geneviève HERMANN, « Meccano rapatrie à Calais de la production chinoise», www.usinenouvelle.com, 12 février 2010. Meccano joue sur l’image de marque du « made in France » dans le contexte de certains scandales des jeux chinois défectueux + être au plus près de la demande, être réactif = stratégie de différenciation (compétitivité hors-prix). Exemple de relocalisation qui montre que les stratégies des firmes ne peuvent être analysées uniquement comme la recherche du moindre coût. A nuancer toutefois : actuellement on observe une relocalisation pour 10 délocalisations. Un peu plus aux Etats-Unis (General Motors a relocalisé une partie de sa production par exemple). Certains économistes considèrent qu’à l’avenir le chiffre des relocalisations devrait augmenter avec la montée des coûts salariaux dans certains PED ou émergents. Voir diapo 6. TROIS GRANDS OBJECTIFS A RETENIR : Faiblesse des coûts salariaux pour compétitivité-prix (plutôt flux Nord/Sud). Qualité de la main-d’œuvre et des infrastructures pour compétitivité-prix (productivité) et compétitivité hors-prix (qualité, innovation, diversification, réactivité face aux demandes des consommateurs). Plutôt flux Nord/Nord. Taille du marché : plutôt flux Nord/nord ou Nord/pays émergents. S’implanter pour écouler la production.