Diagnostics Prévisions
et Analyses Économiques N° 82 – Sept. 2005
Pourquoi le solde commercial américain a-t-il continué de se dégrader
depuis 2002 malgré la dépréciation du dollar1?
Malgré une dépréciation importante du dollar, la balance commerciale n'a cessé de se dégrader depuis
2002, et son déficit atteint en 2004 son maximum historique (5,7% du PIB).
Les estimations économétriques montrent pourtant que la dépréciation du dollar aurait dû avoir un
effet favorable sur le solde commercial au bout de deux ans : le mécanisme de la courbe en J (dégrada-
tion initiale suite à la dépréciation du change, puis amélioration au fur et à mesure que les gains de
compétitivité se font sentir) aurait donc dû jouer.
De fait, une analyse chiffrée de l'impact des déterminants du solde commercial montre que
trois années de baisse du dollar ont eu un effet positif, à hauteur de 0,7 point de PIB. De plus,
l'amélioration des termes de l'échange hors pétrole a aussi contribué positivement à l'évolution de la
balance commerciale américaine (+0,4 point). Sans ces deux effets favorables, la dégradation du solde
commercial aurait atteint 6,8% du PIB à la fin de l'année 2004.
La forte dégradation du solde commercial américain s'explique donc par d'autres facteurs,
qui ont masqué l'effet du change et contribué à une détérioration de 4 points de PIB. Par ordre
croissant d'impact, il s'agit :
de l'écart de conjoncture entre les États-Unis et le reste du monde : 0,2 point de PIB. La faiblesse
de ce chiffre souligne qu’il convient de relativiser le rôle de la forte croissance américaine dans le
creusement du déficit courant ;
de la hausse des prix du pétrole qui a accru substantiellement (– 0,9 point de PIB) la facture énergé-
tique des États-Unis ;
un troisième facteur serait lié à la faiblesse initiale du taux de couverture des importations par les
exportations, qui conduit, même à croissance identique des exportations et des importations, à une
dégradation du solde de 1,2 point de PIB;
enfin la dernière source de détérioration (–1,4 point) regroupe les facteurs inexpliqués, dont un can-
didat sérieux est une possible dégradation de la «compétitivité hors-prix». L'interprétation de ce der-
nier facteur est toutefois délicate, car son chiffrage ressort de la partie inexpliquée des équations
d'importations et d'exportations.
Un ralentissement marqué de l'économie américaine pourrait permettre une résorption signi-
ficative du déficit commercial américain. En effet, au-delà des effets cumulés de la dépréciation
passée, qui devrait encore jouer positivement en 2005 et atteindre au total environ 1 point de PIB, une
nouvelle dépréciation du dollar ne produirait pas d'effets positifs avant deux ans, tandis qu'une accélé-
ration de la croissance mondiale hors des États-Unis n'aurait qu'un effet limité.
1. Ce document a été élaboré sous la responsabilité de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Économique et ne reflète pas nécessairement
la position du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
2
Sept. 2005 n°81 Politique familiale et taille de la famille, Maryse Fesseau, Layla Ricroch
Août 2005 n°80 Y-a-t’il un excès de liquidité ? Benjamin Delozier, Sébastien Hissler
Juil. 2005 n°79 Performances de la France à l’international : état des lieux et enjeux à moyen terme,
Bruno Valersteinas
n°78 La hausse du prix des matières premières vue d’Asie, Hubert Frédéric
n°77 Réforme du marché du travail : les exemples de l’Espagne et du Danemark,
Stéphane Carcillo
Juin 2005 n°76 Les conditions monétaires et financières courantes et passées dans la zone euro et aux
États-Unis, Mickaël Le Mestric, Fabrice Montagné
n°75 Les indicateurs de la politique monétaire, Fabrice Montagné
n°74 Mesurer l’inflation sous-jacente en zone euro, Jean-Marie Fournier
Mai 2005 n°73 L’impact des taxes sur le marché pétrolier, Xavier Payet
n°72 Interventions de change asiatique et taux de change d’équilibre, Benjamin Carton,
Karine Hervé, Nadia Terfous
n°71 Analyse économique de la prévention des risques pour la santé, Cécile Malguid
Avril 2005 n°70 Quelle lecture faire de l’évolution récente des exportations françaises ? Antoine Deruennes
n°69 Taux d’épargne : quel lien avec les indicateurs de confiance de l’Insee ? Abdenor Brahami
n°68 Retour sur les évolutions récentes des dépenses en faveur du logement, Frédéric Gilli,
Bertrand Mourre
n°67 Les anticipations des entrepreneurs industriels de la zone euro sont-elles «rationnelles» ?,
Emmanuel Michaux
Mars 2005 n°66 La situation économique mondiale au printemps 2005, Pierre Beynet, Nathalie Fourcade
n°65 Les déterminants des taux longs nominaux aux États-Unis et dans la zone euro,
Sébastien Hissler
n°64 L'activité aux États-Unis est désormais aussi stable que dans la Zone Euro, Charles-
Antoine Giuliani
n°63 Les taux marginaux d'imposition : quelles évolutions depuis 1998 ? Ludivine Barnaud,
Layla Ricroch
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3
1. Une balance commerciale qui continue de
se dégrader malgré la dépréciation du
dollar : la courbe en J fonctionne-t-elle
encore aux États-Unis ?
1.1 Une balance commerciale structurellement
déficitaire depuis 1991
Après plus d'une décennie de hausse, le déficit de la
balance commerciale a atteint son plus haut niveau
historique à la fin de l'année 2004 (–5,7% du PIB).
Cette dégradation a été en outre très rapide : le déficit
s'est creusé d'environ 0,5 point en moyenne par an
depuis 1991, avec une accélération à partir de 1997
(cf. graphique 1). La situation actuelle apparaît inquié-
tante compte tenu de l'ampleur du déficit, notamment
en comparaison avec celui atteint lors du point bas du
milieu de l'année 1985 (–3,1% du PIB). À titre illustra-
tif, il dépassait en 2004 le produit intérieur brut des
Pays-Bas.
Graphique1 : balance commerciale américaine (en
point de PIB) et taux de change effectif nominal du
dollar (par rapport à 42 monnaies)
Source : Bureau of Economic Analysis, DGTPE
Note de lecture : sur le graphique, l'évolution du taux change effectif
nominal depuis 2002 traduit un mouvement de dépréciation du
dollar par rapport aux autres monnaies.
En outre, la dégradation du solde commercial améri-
cain s'est poursuivie ces 3 dernières années alors
même que le dollar s'est très sensiblement déprécié
depuis début 2002. Après une appréciation de 55% en
termes nominaux contre les principales monnaies
entre le deuxième trimestre de 1995 et le premier de
2002, le dollar s'est, depuis cette date, déprécié de 22%
environ.
Cette absence apparente d'impact de la dépréciation
du dollar sur le déficit commercial apparaît d'autant
plus surprenante qu'après la forte dégradation de la
balance commerciale enregistrée entre 1982 et 1985, la
dépréciation du dollar entamée en 1985 avait permis
de redresser le solde commercial deux ans plus tard
(cf. graphique 1).
1.2 Les critères de la courbe en J continueraient
cependant d'être remplis aux États-Unis
Conformément aux enseignements de Marshall-Ler-
ner2, les effets positifs d'une dépréciation sur la
balance commerciale ne sont pas immédiats. Dans les
premiers mois qui suivent une dépréciation, les effets
prix (hausse du prix des importations) l'emportent sur
les effets volume (baisse du volume des importations
et hausse de celui des exportations) plus lents à se
manifester. Ainsi, il est habituel et normal qu'une
dépréciation du change induise initialement une dété-
rioration de la balance commerciale, avant que l'aug-
mentation du volume des exportations et la
diminution de celui des importations ne finissent par
l'emporter sur l'effet-prix initial, améliorant le solde
commercial (d'où le nom de courbe en «J»). Générale-
ment, le délai d'ajustement dure de 6 mois à un an,
mais il est possible que ce délai soit plus long comme
en témoignait déjà l'exemple américain durant la
période 1985-1988.
Néanmoins, pour que l'effet-volume l'emporte sur
l'effet-prix, certaines conditions sur les élasticités-prix
du commerce extérieur (dites de Marshall-Lerner) doi-
vent être remplies. Dans leur forme la plus simplifiée3,
elles ne semblent pas l'être aux États-Unis et elles le
sont d'autant moins si on prend en compte l'impor-
tance du déséquilibre initial. Des conditions étendues4
permettent d'intégrer les comportements de marge
des exportateurs américains et ceux des étrangers sur
le marché américain, et ces conditions étendues sem-
blent vérifiées aux États-Unis d'après nos estimations
(cf. annexe).
2. Comment expliquer la détérioration de la
balance commerciale depuis 2002 malgré
la dépréciation du dollar ?
Si les conditions de la courbe en J sont respectées aux
États-Unis et que l'amélioration de la balance com-
merciale n'est toujours pas perceptible, c'est que les
effets sont plus longs à se manifester que par le passé
ou que d'autres facteurs ont masqué l'effet positif de
l'évolution récente du taux de change.
2.1 Une analyse des déterminants du solde com-
mercial permet de distinguer l'impact de la
dépréciation du dollar des autres facteurs
d'évolution
Afin de quantifier les impacts respectifs des détermi-
nants traditionnels du commerce extérieur, un décou-
page quasi-comptable de la balance commerciale est
mis en œuvre5. Il aboutit à une décomposition de
l'évolution du solde commercial dans laquelle appa-
raissent 5 facteurs explicatifs, les deux premiers faisant
essentiellement intervenir des effets volume, les deux
suivants des effets prix et le dernier des effets qualité
(ou inexpliqués).
-6%
-5%
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
1%
1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004
20
40
60
80
100
120
140
160
Balance commerciale en % PIB
Taux de change effectif nominal (éch.droite inversée)
2. Voir annexe.
3. La somme des élasticités-prix des exportations et des importations
doit être supérieure à 1.
4. Aussi appelées «Marshall-Lerner-Robinson».
5. Une dérivation analytique de cette décomposition comptable est
disponible sur demande auprès de la rédaction.
4
Le premier est la position initiale de la balance com-
merciale, c'est-à-dire le rapport entre la valeur des
exportations et celui des importations. S'il est proche
de un, une évolution similaire et au même rythme des
exportations et des importations n'aura aucun impact
sur le solde commercial. En revanche, si la valeur des
importations est 1,5 fois plus élevée que celle des
exportations, comme aux États-Unis en 2002, une
croissance identique des exportations et des importa-
tions suffit à détériorer le solde commercial. Pour
maintenir constant le solde commercial il faut donc
que les exportations croissent au moins une fois et
demie plus vite que les importations afin seulement de
stabiliser le solde commercial, soit sous l'effet de gains
de compétitivité (prix ou «hors-prix»), soit par une
moindre croissance de la demande intérieure améri-
caine par rapport au reste du monde, soit par des gains
de terme de l'échange sans perte de compétitivité
(baisse des prix du pétrole, montée en gamme,…).
Le deuxième est l'écart de conjoncture entre les États-
Unis et ses principaux partenaires. Si la croissance des
partenaires des États-Unis est plus faible que la leur,
comme ce fut le cas entre 1992 et 1999, le solde com-
mercial se dégrade spontanément. C'est un argument
utilisé de façon récurrente par l'administration améri-
caine comme explication de la dégradation du solde
courant. Cet argument est toutefois moins vrai depuis
2000 dans la mesure où l'écart de croissance entre les
États-Unis et le reste du monde semble s'être résorbé.
Toutefois, même à conjoncture identique entre les
États-Unis et le reste du monde, il se trouve que le
solde commercial américain continue de se dégrader
mécaniquement, parce que, comme le montrent de
nombreuses estimations convergentes, l'élasticité
revenu à l'importation américaine est estimée plus éle-
vée que celle de ses principaux partenaires6.
Graphique 2 : écart de croissance des États-Unis avec
le reste du monde (variation annuelle)
Source : Bureau of Economic Analysis, DGTPE
Le troisième est lié à l'évolution des termes de
l'échange (rapport entre les prix américains à l'expor-
tation et à l'importation). Compte tenu de l'évolution
exceptionnelle des cours pétroliers entre début 2002
et la fin 2004 (+107%), il est intéressant de distinguer
l'impact sur le solde commercial dû à la seule hausse
des prix de l'énergie de celui lié aux termes de
l'échange hors pétrole.
La facture pétrolière a contribué à dégrader le solde
commercial en raison de la dépendance énergétique de
l'économie américaine et de l'augmentation du prix de
l'énergie à l'importation (+124% entre le premier tri-
mestre 2002 et le quatrième trimestre 2004).
En revanche, une amélioration des termes de
l'échange hors pétrole a été observée, alors qu'on se
serait attendu à une dégradation en phase de déprécia-
tion du change. Ces gains des termes de l'échange hors
pétrole trouvent, pour une large part, leur origine dans
la faiblesse relative des prix d'importation. Cette fai-
blesse s'expliquerait par le poids croissant des impor-
tations américaines en provenance de pays en
développement qui produisent à très bas prix : le poids
de l'Asie émergente et de la Chine dans les importa-
tions est en effet passé de 17% en 2000 à 21% en 2005
(cf. graphique 3)7.
Le quatrième est l'évolution de la compétitivité8. En
l'absence de comportement de marge des exportateurs
et importateurs américains ou étrangers - donc en
l'absence d'ajustement équivalent des prix d'exporta-
tion ou d'importation en monnaie nationale à la suite
d'un mouvement de change - une dépréciation du dol-
lar augmentera la compétitivité américaine à l'exporta-
tion comme à l'importation9.
Enfin, le cinquième facteur représente les facteurs
inexpliqués, qui comprennent la compétitivité hors-
prix, liée notamment à la qualité des produits, mais
aussi toutes les erreurs de mesure à la fois sur les don-
nées de base (compétitivité notamment) et sur les
paramètres estimés.
6. Une asymétrie plus forte des élasticités revenus de long terme à
l'importation aux États-Unis que dans les grands pays de l'OCDE
(Japon, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie) a été bien mise
en évidence dans le dossier «La modélisation macroéconomique
des flux de commerce extérieur des principaux pays industriels»
(Minefi, Note de conjoncture internationale, juin 2001). À titre
illustratif, l'élasticité revenu à l'importation est généralement pro-
che de 2 aux États-Unis, contre 1,5 en moyenne pour les autres
pays du G7 (P. Hooper, K. Johnson, J. Marquez : «Trade elasticities
for the G7 countries», International Finance Discussion Papers,
n°609, 1998).
0
1
2
3
4
5
6
7
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
%
Écart de croissance cumulé depuis 1992 entre les États-Unis et le reste du monde
Croissance du reste du monde
Croissance des États-Unis
7. Selon plusieurs études récentes, les prix d'importations tendraient à
être plus faibles dans les secteurs où la part de la Chine dans les
importations a le plus augmenté ces dernières années. Par ailleurs,
la baisse observée du degré de report (ou pass-through) du taux de
change aux prix d'importations à l'œuvre depuis le début de la
décennie 2000 s'expliquerait selon ces études, à bien des égards,
par le poids plus fort des importations chinoises dans le total des
importations américaines. Sur ce point, on peut se reporter princi-
palement à Marizzi et alii, 2005, «Exchange rate pass-through to
U.S Import Prices : some new evidence», International Finance
Discussion Papers N° 833, Federal Reserve.
8. La compétitivité peut se définir comme la capacité d'un pays à
accroître ses parts de marchés aussi bien sur le plan national que sur
le plan étranger.
9. La compétitivité-prix à l'exportation se mesure par le rapport entre
l'indice des prix à l'exportation des principaux concurrents et
l'indice des prix à l'exportation du pays. La compétitivité-prix à
l'importation se mesure par le rapport entre l'indice des prix à
l'importation d'un produit et l'indice des prix à la production d'un
même produit.
5
Graphique 3 : prix des importations américaines par
pays d’origine
Source : Bureau of Labor Statistics
2.2 Le chiffrage des déterminants montre que la
dépréciation du dollar a eu un impact positif
non négligeable, mais plus que compensé par
les autres facteurs
À l'aide de la décomposition comptable mentionnée
précédemment et des équations d'exportations et
d'importations estimées (cf. annexe), on mesure les
effets de la dépréciation du dollar sur l'évolution du
solde commercial depuis le 1er trimestre de l'année
2002 (début de la dépréciation). Les résultats de cette
décomposition sont retracés dans le graphique 4.
Graphique 4 : facteurs expliquant la variation du
solde commercial depuis la fin de l’année 2001
(en % de PIB)
Source : Bureau of Economic Analysis, Calculs DGTPE. La variation
du solde est égale à la somme des contributions positives (change et
termes de l'échange hors pétrole) et négatives (effets pétrole,
conjoncture, position initiale et inexpliqué).
On voit qu'après trois années de dépréciation du dol-
lar, la dépréciation du change a eu un effet positif,
contribuant positivement à hauteur de 0,7 point de
PIB (cf. graphique 4). Cet effet positif des déprécia-
tions passées n'est pas tout à fait épuisé, puisqu'on
peut estimer que l'impact positif du change atteindrait
son point maximum, toutes choses égales par ailleurs,
au deuxième trimestre 2005 (1 point du PIB). L'amé-
lioration des termes de l'échange hors pétrole contri-
bue également positivement (+0,4 point de PIB). On
peut donc estimer que, sans la dépréciation du dollar
et les comportements de marges associés, la dégrada-
tion du solde commercial aurait atteint 6,8% du PIB.
Les autres facteurs auraient ainsi contribué à dégrader
le solde commercial de l'ordre de 4 points de PIB.
Cette dégradation s'expliquerait en partie par des
effets de compétitivité hors-prix (–1,4 point), par une
contribution négative de la position initiale10 de la
balance commerciale (–1,2 point), par l'effet «prix du
pétrole» (–0,9 point) et enfin par l'écart de conjonc-
ture (–0,2 point).
La position initiale joue donc un rôle substantiel dans
l'évolution du solde commercial. Elle correspond à un
niveau initialement très dégradé du solde commercial
(–3,7 points de PIB au T4-2001) et pèse de plus en
plus à mesure qu'augmente le déficit. La contribution
des facteurs résiduels - dont un candidat explicatif
probable est la compétitivité hors-prix11 - est aussi
très élevée. Son interprétation est toutefois plus déli-
cate, car cet effet est lié aux résidus des équations
d'importations et d'exportations. Enfin, l'écart de con-
joncture contribue négativement à la variation du
solde commercial, mais l'ampleur de cette contribu-
tion reste limitée. La résorption récente de l'écart de
croissance entre les États-Unis et le reste du monde
n'a pas suffi à diminuer cet effet à cause essentielle-
ment des différences d'élasticités revenus.
2.3 Les comportements de marge auraient freiné
la résorption du solde commercial à moyen
terme
Les comportements de marge peuvent réduire
l'impact d'une dépréciation réelle sur la balance com-
merciale. L'impact limité de la dépréciation du change
s'explique notamment par la faible répercussion de la
dépréciation de la monnaie sur les prix de vente du fait
du caractère très concurrentiel du marché américain12.
Les exportateurs étrangers ont en effet préféré préser-
ver leurs parts de marché en comprimant leur marge.
Il est possible d'illustrer ces comportements de mar-
ges à partir de «preuves indirectes», selon l'expression
de A. Greenspan13.
Par exemple, les graphiques 5 et 6 permettent de
visualiser le phénomène de compression des marges
des exportateurs européens et japonais sur le marché
américain. Dans les deux cas, on observe en effet que
les marges des exportateurs (calculées comme la diffé-
rence entre d'un côté l'évolution des prix d'exporta-
tions et de l'autre la somme de l'évolution du taux de
change bilatéral et du coût salarial unitaire du pays ou
de la zone14) ont diminué depuis le début de la dépré-
ciation.
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Prix d'importations origine UE
origine Amérique Latine origine Asie émergente
origine Japon
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
1%
2%
T4-2001 T2-2002 T4-2002 T2-2003 T4-2003 T2-2004 T4-2004
Effet pétrole
Effet du change
Effet des évolutions conjoncturelles depuis fin 2001
Effet termes de l'échange hors pétrole
Effet position initiale
Autres facteurs (dont notamment compétitivité hors-prix)
Variation de la balance commerciale depuis le dernier trimestre 2001
10. Ceteris paribus, un déséquilibre initial de la balance commerciale
tend à dégrader la balance commerciale, du fait du poids relatif des
exportations et des importations.
11. La compétitivité hors-prix regroupe des facteurs difficilement
mesurables dans le détail, tels que la différence dans la qualité des
produits, leur diversité, leur positionnement sectoriel, ou les délais
de livraisons nécessaires à leur acheminement.
12. Sur ce sujet, on peut se reporter à «Does a Fall in the Dollar Mean
Higher U.S. Consumer Prices ?», Diego Valderrama, FRBSF Eco-
nomic Letter, 13 août 2004 et plus récemment au discours d'Alan
Greenspan, «Current account», en date du 4 février 2005.
13. «Current account», 4 février 2005.
14. Ce calcul des marges constitue une approximation en l'absence de
données disponibles sur les coûts totaux.
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