Diagnostics Prévisions et Analyses Économiques

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Diagnostics Prévisions
et Analyses Économiques
N° 82 – Sept. 2005
Pourquoi le solde commercial américain a-t-il continué de se dégrader
depuis 2002 malgré la dépréciation du dollar1?
Malgré une dépréciation importante du dollar, la balance commerciale n'a cessé de se dégrader depuis
2002, et son déficit atteint en 2004 son maximum historique (5,7% du PIB).
Les estimations économétriques montrent pourtant que la dépréciation du dollar aurait dû avoir un
effet favorable sur le solde commercial au bout de deux ans : le mécanisme de la courbe en J (dégradation initiale suite à la dépréciation du change, puis amélioration au fur et à mesure que les gains de
compétitivité se font sentir) aurait donc dû jouer.
De fait, une analyse chiffrée de l'impact des déterminants du solde commercial montre que
trois années de baisse du dollar ont eu un effet positif, à hauteur de 0,7 point de PIB. De plus,
l'amélioration des termes de l'échange hors pétrole a aussi contribué positivement à l'évolution de la
balance commerciale américaine (+0,4 point). Sans ces deux effets favorables, la dégradation du solde
commercial aurait atteint 6,8% du PIB à la fin de l'année 2004.
La forte dégradation du solde commercial américain s'explique donc par d'autres facteurs,
qui ont masqué l'effet du change et contribué à une détérioration de 4 points de PIB. Par ordre
croissant d'impact, il s'agit :
• de l'écart de conjoncture entre les États-Unis et le reste du monde : – 0,2 point de PIB. La faiblesse
de ce chiffre souligne qu’il convient de relativiser le rôle de la forte croissance américaine dans le
creusement du déficit courant ;
• de la hausse des prix du pétrole qui a accru substantiellement (– 0,9 point de PIB) la facture énergétique des États-Unis ;
• un troisième facteur serait lié à la faiblesse initiale du taux de couverture des importations par les
exportations, qui conduit, même à croissance identique des exportations et des importations, à une
dégradation du solde de 1,2 point de PIB;
• enfin la dernière source de détérioration (–1,4 point) regroupe les facteurs inexpliqués, dont un candidat sérieux est une possible dégradation de la «compétitivité hors-prix». L'interprétation de ce dernier facteur est toutefois délicate, car son chiffrage ressort de la partie inexpliquée des équations
d'importations et d'exportations.
Un ralentissement marqué de l'économie américaine pourrait permettre une résorption significative du déficit commercial américain. En effet, au-delà des effets cumulés de la dépréciation
passée, qui devrait encore jouer positivement en 2005 et atteindre au total environ 1 point de PIB, une
nouvelle dépréciation du dollar ne produirait pas d'effets positifs avant deux ans, tandis qu'une accélération de la croissance mondiale hors des États-Unis n'aurait qu'un effet limité.
1. Ce document a été élaboré sous la responsabilité de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Économique et ne reflète pas nécessairement
la position du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
Sommaire
des derniers numéros parus
Sept. 2005
n°81 • Politique familiale et taille de la famille, Maryse Fesseau, Layla Ricroch
Août 2005
n°80 • Y-a-t’il un excès de liquidité ? Benjamin Delozier, Sébastien Hissler
Juil. 2005
n°79 • Performances de la France à l’international : état des lieux et enjeux à moyen terme,
Bruno Valersteinas
n°78 • La hausse du prix des matières premières vue d’Asie, Hubert Frédéric
n°77 • Réforme du marché du travail : les exemples de l’Espagne et du Danemark,
Stéphane Carcillo
Juin 2005
n°76 • Les conditions monétaires et financières courantes et passées dans la zone euro et aux
États-Unis, Mickaël Le Mestric, Fabrice Montagné
n°75 • Les indicateurs de la politique monétaire, Fabrice Montagné
n°74 • Mesurer l’inflation sous-jacente en zone euro, Jean-Marie Fournier
Mai 2005
n°73 • L’impact des taxes sur le marché pétrolier, Xavier Payet
n°72 • Interventions de change asiatique et taux de change d’équilibre, Benjamin Carton,
Karine Hervé, Nadia Terfous
n°71 • Analyse économique de la prévention des risques pour la santé, Cécile Malguid
Avril 2005
n°70 • Quelle lecture faire de l’évolution récente des exportations françaises ? Antoine Deruennes
n°69 • Taux d’épargne : quel lien avec les indicateurs de confiance de l’Insee ? Abdenor Brahami
n°68 • Retour sur les évolutions récentes des dépenses en faveur du logement, Frédéric Gilli,
Bertrand Mourre
n°67 • Les anticipations des entrepreneurs industriels de la zone euro sont-elles «rationnelles» ?,
Emmanuel Michaux
Mars 2005
n°66 • La situation économique mondiale au printemps 2005, Pierre Beynet, Nathalie Fourcade
n°65 • Les déterminants des taux longs nominaux aux États-Unis et dans la zone euro,
Sébastien Hissler
n°64 • L'activité aux États-Unis est désormais aussi stable que dans la Zone Euro, CharlesAntoine Giuliani
n°63 • Les taux marginaux d'imposition : quelles évolutions depuis 1998 ? Ludivine Barnaud,
Layla Ricroch
2
1. Une balance commerciale qui continue de
se dégrader malgré la dépréciation du
dollar : la courbe en J fonctionne-t-elle
encore aux États-Unis ?
1.1 Une balance commerciale structurellement
déficitaire depuis 1991
Après plus d'une décennie de hausse, le déficit de la
balance commerciale a atteint son plus haut niveau
historique à la fin de l'année 2004 (–5,7% du PIB).
Cette dégradation a été en outre très rapide : le déficit
s'est creusé d'environ 0,5 point en moyenne par an
depuis 1991, avec une accélération à partir de 1997
(cf. graphique 1). La situation actuelle apparaît inquiétante compte tenu de l'ampleur du déficit, notamment
en comparaison avec celui atteint lors du point bas du
milieu de l'année 1985 (–3,1% du PIB). À titre illustratif, il dépassait en 2004 le produit intérieur brut des
Pays-Bas.
Graphique1 : balance commerciale américaine (en
point de PIB) et taux de change effectif nominal du
dollar (par rapport à 42 monnaies)
1%
20
0%
40
-1%
60
-2%
80
-3%
100
-4%
120
Balance commerciale en % PIB
-5%
Taux de change effectif nominal (éch.droite inversée)
-6%
1980
1983
140
160
1986
1989
1992
1995
1998
2001
2004
Source : Bureau of Economic Analysis, DGTPE
Note de lecture : sur le graphique, l'évolution du taux change effectif
nominal depuis 2002 traduit un mouvement de dépréciation du
dollar par rapport aux autres monnaies.
En outre, la dégradation du solde commercial américain s'est poursuivie ces 3 dernières années alors
même que le dollar s'est très sensiblement déprécié
depuis début 2002. Après une appréciation de 55% en
termes nominaux contre les principales monnaies
entre le deuxième trimestre de 1995 et le premier de
2002, le dollar s'est, depuis cette date, déprécié de 22%
environ.
Cette absence apparente d'impact de la dépréciation
du dollar sur le déficit commercial apparaît d'autant
plus surprenante qu'après la forte dégradation de la
balance commerciale enregistrée entre 1982 et 1985, la
dépréciation du dollar entamée en 1985 avait permis
de redresser le solde commercial deux ans plus tard
(cf. graphique 1).
1.2 Les critères de la courbe en J continueraient
cependant d'être remplis aux États-Unis
Conformément aux enseignements de Marshall-Lerner2, les effets positifs d'une dépréciation sur la
balance commerciale ne sont pas immédiats. Dans les
premiers mois qui suivent une dépréciation, les effets
prix (hausse du prix des importations) l'emportent sur
les effets volume (baisse du volume des importations
et hausse de celui des exportations) plus lents à se
manifester. Ainsi, il est habituel et normal qu'une
dépréciation du change induise initialement une détérioration de la balance commerciale, avant que l'augmentation du volume des exportations et la
diminution de celui des importations ne finissent par
l'emporter sur l'effet-prix initial, améliorant le solde
commercial (d'où le nom de courbe en «J»). Généralement, le délai d'ajustement dure de 6 mois à un an,
mais il est possible que ce délai soit plus long comme
en témoignait déjà l'exemple américain durant la
période 1985-1988.
Néanmoins, pour que l'effet-volume l'emporte sur
l'effet-prix, certaines conditions sur les élasticités-prix
du commerce extérieur (dites de Marshall-Lerner) doivent être remplies. Dans leur forme la plus simplifiée3,
elles ne semblent pas l'être aux États-Unis et elles le
sont d'autant moins si on prend en compte l'importance du déséquilibre initial. Des conditions étendues4
permettent d'intégrer les comportements de marge
des exportateurs américains et ceux des étrangers sur
le marché américain, et ces conditions étendues semblent vérifiées aux États-Unis d'après nos estimations
(cf. annexe).
2. Comment expliquer la détérioration de la
balance commerciale depuis 2002 malgré
la dépréciation du dollar ?
Si les conditions de la courbe en J sont respectées aux
États-Unis et que l'amélioration de la balance commerciale n'est toujours pas perceptible, c'est que les
effets sont plus longs à se manifester que par le passé
ou que d'autres facteurs ont masqué l'effet positif de
l'évolution récente du taux de change.
2.1 Une analyse des déterminants du solde commercial permet de distinguer l'impact de la
dépréciation du dollar des autres facteurs
d'évolution
Afin de quantifier les impacts respectifs des déterminants traditionnels du commerce extérieur, un découpage quasi-comptable de la balance commerciale est
mis en œuvre5. Il aboutit à une décomposition de
l'évolution du solde commercial dans laquelle apparaissent 5 facteurs explicatifs, les deux premiers faisant
essentiellement intervenir des effets volume, les deux
suivants des effets prix et le dernier des effets qualité
(ou inexpliqués).
2. Voir annexe.
3. La somme des élasticités-prix des exportations et des importations
doit être supérieure à 1.
4. Aussi appelées «Marshall-Lerner-Robinson».
5. Une dérivation analytique de cette décomposition comptable est
disponible sur demande auprès de la rédaction.
3
Le premier est la position initiale de la balance commerciale, c'est-à-dire le rapport entre la valeur des
exportations et celui des importations. S'il est proche
de un, une évolution similaire et au même rythme des
exportations et des importations n'aura aucun impact
sur le solde commercial. En revanche, si la valeur des
importations est 1,5 fois plus élevée que celle des
exportations, comme aux États-Unis en 2002, une
croissance identique des exportations et des importations suffit à détériorer le solde commercial. Pour
maintenir constant le solde commercial il faut donc
que les exportations croissent au moins une fois et
demie plus vite que les importations afin seulement de
stabiliser le solde commercial, soit sous l'effet de gains
de compétitivité (prix ou «hors-prix»), soit par une
moindre croissance de la demande intérieure américaine par rapport au reste du monde, soit par des gains
de terme de l'échange sans perte de compétitivité
(baisse des prix du pétrole, montée en gamme,…).
Le deuxième est l'écart de conjoncture entre les ÉtatsUnis et ses principaux partenaires. Si la croissance des
partenaires des États-Unis est plus faible que la leur,
comme ce fut le cas entre 1992 et 1999, le solde commercial se dégrade spontanément. C'est un argument
utilisé de façon récurrente par l'administration américaine comme explication de la dégradation du solde
courant. Cet argument est toutefois moins vrai depuis
2000 dans la mesure où l'écart de croissance entre les
États-Unis et le reste du monde semble s'être résorbé.
Toutefois, même à conjoncture identique entre les
États-Unis et le reste du monde, il se trouve que le
solde commercial américain continue de se dégrader
mécaniquement, parce que, comme le montrent de
nombreuses estimations convergentes, l'élasticité
revenu à l'importation américaine est estimée plus élevée que celle de ses principaux partenaires6.
Graphique 2 : écart de croissance des États-Unis avec
le reste du monde (variation annuelle)
7
6
%
Écart de croissance cumulé depuis 1992 entre les États-Unis et le reste du m onde
Croissance du reste du monde
5
Croissance des États-Unis
Le troisième est lié à l'évolution des termes de
l'échange (rapport entre les prix américains à l'exportation et à l'importation). Compte tenu de l'évolution
exceptionnelle des cours pétroliers entre début 2002
et la fin 2004 (+107%), il est intéressant de distinguer
l'impact sur le solde commercial dû à la seule hausse
des prix de l'énergie de celui lié aux termes de
l'échange hors pétrole.
La facture pétrolière a contribué à dégrader le solde
commercial en raison de la dépendance énergétique de
l'économie américaine et de l'augmentation du prix de
l'énergie à l'importation (+124% entre le premier trimestre 2002 et le quatrième trimestre 2004).
En revanche, une amélioration des termes de
l'échange hors pétrole a été observée, alors qu'on se
serait attendu à une dégradation en phase de dépréciation du change. Ces gains des termes de l'échange hors
pétrole trouvent, pour une large part, leur origine dans
la faiblesse relative des prix d'importation. Cette faiblesse s'expliquerait par le poids croissant des importations américaines en provenance de pays en
développement qui produisent à très bas prix : le poids
de l'Asie émergente et de la Chine dans les importations est en effet passé de 17% en 2000 à 21% en 2005
(cf. graphique 3)7.
Le quatrième est l'évolution de la compétitivité8. En
l'absence de comportement de marge des exportateurs
et importateurs américains ou étrangers - donc en
l'absence d'ajustement équivalent des prix d'exportation ou d'importation en monnaie nationale à la suite
d'un mouvement de change - une dépréciation du dollar augmentera la compétitivité américaine à l'exportation comme à l'importation9.
Enfin, le cinquième facteur représente les facteurs
inexpliqués, qui comprennent la compétitivité horsprix, liée notamment à la qualité des produits, mais
aussi toutes les erreurs de mesure à la fois sur les données de base (compétitivité notamment) et sur les
paramètres estimés.
4
3
2
1
0
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Source : Bureau of Economic Analysis, DGTPE
6. Une asymétrie plus forte des élasticités revenus de long terme à
l'importation aux États-Unis que dans les grands pays de l'OCDE
(Japon, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie) a été bien mise
en évidence dans le dossier «La modélisation macroéconomique
des flux de commerce extérieur des principaux pays industriels»
(Minefi, Note de conjoncture internationale, juin 2001). À titre
illustratif, l'élasticité revenu à l'importation est généralement proche de 2 aux États-Unis, contre 1,5 en moyenne pour les autres
pays du G7 (P. Hooper, K. Johnson, J. Marquez : «Trade elasticities
for the G7 countries», International Finance Discussion Papers,
n°609, 1998).
7. Selon plusieurs études récentes, les prix d'importations tendraient à
être plus faibles dans les secteurs où la part de la Chine dans les
importations a le plus augmenté ces dernières années. Par ailleurs,
la baisse observée du degré de report (ou pass-through) du taux de
change aux prix d'importations à l'œuvre depuis le début de la
décennie 2000 s'expliquerait selon ces études, à bien des égards,
par le poids plus fort des importations chinoises dans le total des
importations américaines. Sur ce point, on peut se reporter principalement à Marizzi et alii, 2005, «Exchange rate pass-through to
U.S Import Prices : some new evidence», International Finance
Discussion Papers N° 833, Federal Reserve.
8. La compétitivité peut se définir comme la capacité d'un pays à
accroître ses parts de marchés aussi bien sur le plan national que sur
le plan étranger.
9. La compétitivité-prix à l'exportation se mesure par le rapport entre
l'indice des prix à l'exportation des principaux concurrents et
l'indice des prix à l'exportation du pays. La compétitivité-prix à
l'importation se mesure par le rapport entre l'indice des prix à
l'importation d'un produit et l'indice des prix à la production d'un
même produit.
4
Graphique 3 : prix des importations américaines par
pays d’origine
125
120
115
110
105
100
95
90
Prix d'importations
origine Amérique Latine
origine Japon
85
80
1998
1999
2000
2001
2002
origine UE
origine Asie émergente
2003
2004
2005
Source : Bureau of Labor Statistics
2.2 Le chiffrage des déterminants montre que la
dépréciation du dollar a eu un impact positif
non négligeable, mais plus que compensé par
les autres facteurs
À l'aide de la décomposition comptable mentionnée
précédemment et des équations d'exportations et
d'importations estimées (cf. annexe), on mesure les
effets de la dépréciation du dollar sur l'évolution du
solde commercial depuis le 1er trimestre de l'année
2002 (début de la dépréciation). Les résultats de cette
décomposition sont retracés dans le graphique 4.
Graphique 4 : facteurs expliquant la variation du
solde commercial depuis la fin de l’année 2001
(en % de PIB)
2%
1%
0%
-1%
-2%
-3%
-4%
Effet pétrole
Effet du change
Effet des évolutions conjoncturelles depuis fin 2001
Effet termes de l'échange hors pétrole
Effet position initiale
Autres facteurs (dont notamment compétitivité hors-prix)
Variation de la balance commerciale depuis le dernier trimestre 2001
T4-2001
T2-2002
T4-2002
T2-2003
T4-2003
T2-2004
T4-2004
Source : Bureau of Economic Analysis, Calculs DGTPE. La variation
du solde est égale à la somme des contributions positives (change et
termes de l'échange hors pétrole) et négatives (effets pétrole,
conjoncture, position initiale et inexpliqué).
On voit qu'après trois années de dépréciation du dollar, la dépréciation du change a eu un effet positif,
contribuant positivement à hauteur de 0,7 point de
PIB (cf. graphique 4). Cet effet positif des dépréciations passées n'est pas tout à fait épuisé, puisqu'on
peut estimer que l'impact positif du change atteindrait
son point maximum, toutes choses égales par ailleurs,
au deuxième trimestre 2005 (1 point du PIB). L'amélioration des termes de l'échange hors pétrole contribue également positivement (+0,4 point de PIB). On
peut donc estimer que, sans la dépréciation du dollar
et les comportements de marges associés, la dégradation du solde commercial aurait atteint 6,8% du PIB.
Les autres facteurs auraient ainsi contribué à dégrader
le solde commercial de l'ordre de 4 points de PIB.
Cette dégradation s'expliquerait en partie par des
effets de compétitivité hors-prix (–1,4 point), par une
contribution négative de la position initiale10 de la
balance commerciale (–1,2 point), par l'effet «prix du
pétrole» (–0,9 point) et enfin par l'écart de conjoncture (–0,2 point).
La position initiale joue donc un rôle substantiel dans
l'évolution du solde commercial. Elle correspond à un
niveau initialement très dégradé du solde commercial
(–3,7 points de PIB au T4-2001) et pèse de plus en
plus à mesure qu'augmente le déficit. La contribution
des facteurs résiduels - dont un candidat explicatif
probable est la compétitivité hors-prix11 - est aussi
très élevée. Son interprétation est toutefois plus délicate, car cet effet est lié aux résidus des équations
d'importations et d'exportations. Enfin, l'écart de conjoncture contribue négativement à la variation du
solde commercial, mais l'ampleur de cette contribution reste limitée. La résorption récente de l'écart de
croissance entre les États-Unis et le reste du monde
n'a pas suffi à diminuer cet effet à cause essentiellement des différences d'élasticités revenus.
2.3 Les comportements de marge auraient freiné
la résorption du solde commercial à moyen
terme
Les comportements de marge peuvent réduire
l'impact d'une dépréciation réelle sur la balance commerciale. L'impact limité de la dépréciation du change
s'explique notamment par la faible répercussion de la
dépréciation de la monnaie sur les prix de vente du fait
du caractère très concurrentiel du marché américain12.
Les exportateurs étrangers ont en effet préféré préserver leurs parts de marché en comprimant leur marge.
Il est possible d'illustrer ces comportements de marges à partir de «preuves indirectes», selon l'expression
de A. Greenspan13.
Par exemple, les graphiques 5 et 6 permettent de
visualiser le phénomène de compression des marges
des exportateurs européens et japonais sur le marché
américain. Dans les deux cas, on observe en effet que
les marges des exportateurs (calculées comme la différence entre d'un côté l'évolution des prix d'exportations et de l'autre la somme de l'évolution du taux de
change bilatéral et du coût salarial unitaire du pays ou
de la zone14) ont diminué depuis le début de la dépréciation.
10. Ceteris paribus, un déséquilibre initial de la balance commerciale
tend à dégrader la balance commerciale, du fait du poids relatif des
exportations et des importations.
11. La compétitivité hors-prix regroupe des facteurs difficilement
mesurables dans le détail, tels que la différence dans la qualité des
produits, leur diversité, leur positionnement sectoriel, ou les délais
de livraisons nécessaires à leur acheminement.
12. Sur ce sujet, on peut se reporter à «Does a Fall in the Dollar Mean
Higher U.S. Consumer Prices ?», Diego Valderrama, FRBSF Economic Letter, 13 août 2004 et plus récemment au discours d'Alan
Greenspan, «Current account», en date du 4 février 2005.
13. «Current account», 4 février 2005.
14. Ce calcul des marges constitue une approximation en l'absence de
données disponibles sur les coûts totaux.
5
Graphique 5 : efforts de marges des exportateurs
européens sur le marché américain
(base 100 = 2000T1)
140
140
marges des exportateurs de l'UE
prix des importations en provenance de l'UE
130
Graphique 6 : efforts de marges des exportateurs
japonais sur le marché américain
(base 100 = 2000T1)
Marges des exportateurs japonais
Prix des imports en provenance du Japon
130
Taux de change dollars/Euro
Taux de change dollar/Yen
Coûts Salariaux Unitaires UE
120
Coûts Salariaux Unitaires JAP
120
110
110
100
100
90
90
80
80
70
70
2000
2001
2002
2003
2004
2000
2001
2002
2003
2004
Source : DGTPE - les marges des exportateurs évoluent comme les prix des importations moins l'évolution du change.
Ces efforts de compressions de marges ne semblent
pas avoir été plus prononcés que par le passé comme
l'illustre le graphique 7 : les efforts de marge des
exportateurs étrangers reflètent de façon quasi constante dans le temps l'évolution des coûts salariaux relatifs15, eux-mêmes très influencés par le change. Ainsi,
la baisse des marges des exportateurs étrangers depuis
2002 n'a fait qu'effacer les gains engrangés lors de la
phase précédente d'appréciation du dollar.
prix des concurrents étrangers en dollar (cf. graphique 8).
Graphique 7 : comportements de marge des
exportateurs étrangers
Graphique 8 : comportements de marge des
exportateurs américains
Au total, la compression des marges des exportateurs
étrangers pourrait expliquer pourquoi les importations ont continué à être dynamiques en période de
dépréciation. À l'inverse, la reconstitution des marges
des exportateurs américains a pu pénaliser les exportations américaines.
1,0
1,4
Prix d'exports étrangers sur CSU US
1,3
Prix d'exports US sur CSU US
0,9
1,2
0,8
1,1
0,7
1,0
0,6
0,9
0,8
0,7
1991
0,5
1990
Prix d'exports étrangers/CSU étrangers en $
CSU US /CSU étrangers en $
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
Source : Bureau of Labor Statistics, DGTPE
Note de lecture : si les CSU étrangers exprimés en dollar augmentent
plus vite que les CSU américains (le rapport CSU américains sur CSU
étrangers diminue) alors le taux de marge baisse.
De leur côté, les exportateurs américains auraient profité de la dépréciation du dollar pour reconstituer une
partie de leurs marges. Cette reconstitution des marges des exportateurs américains apparaît toutefois un
peu supérieure16 à ce qu'impliquerait l'évolution des
15. Les prix des exportateurs étrangers sur le marché américain reflètent l'évolution de leurs coûts salariaux unitaires et celle des prix
et
et
us
des produits américains soit P X = ( 1 – λ )CSU + λP d .
Cette formule est équivalente à la formule suivante
us
P M = CSU
et
us
et
= λ∗ ( CSU – CSU ) : qui montre que si les
CSU étrangers exprimés en dollar augmentent plus vite que les
CSU américains (le rapport CSU américains sur CSU étrangers
diminue) alors le taux de marge baisse. Un comportement de marge
constant implique un λ∗ constant.
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
Source : Bureau of Labor Statistics, DGTPE
Note de lecture : le rapport entre les prix d'exports et les coûts salariaux
unitaires (CSU) représente le taux de marge.
2.4 L'industrie américaine est toujours apte à
bénéficier d'une dépréciation du dollar
L'importance des facteurs inexpliqués dans la dégradation du solde commercial américain amène à se
demander si les résultats présentés en amont, soulignant que la dépréciation du change a des effets positifs sur la balance commerciale, ne reflètent pas
davantage des mécanismes passés, les équations du
commerce extérieur étant nécessairement estimées sur
une longue période. L'approche adoptée pourrait,
notamment, passer à côté de phénomènes nouveaux,
16. De façon similaire, l'analyse faite sur le comportement de marge
des exportateurs étrangers, on peut montrer qu'un comportement de
marge constant des américains implique un rapport constant entre
la courbe du taux de marge américain et celle du prix d'export
étranger sur CSU américain. Or celui-ci diminue mais de façon
modéré depuis 2002.
6
comme les délocalisations, qui se traduiraient par une
sensibilité moins importante de l'économie américaine
aux fluctuations du dollar.
la production américaine l'ait rendu insensible aux
fluctuations du dollar. Au contraire, une exposition
accrue à la concurrence internationale semble même
avoir renforcé les effets du taux de change.
Graphique 9 : évolution de la composante cyclique
de la production de février 2002 à avril 2005 et degré
d’exposition des secteurs de l’industrie
manufacturière
3. Un redressement rapide et significatif de
la balance commerciale américaine ne
pourra provenir que d'un ajustement de
la demande intérieure
Evolution de la composante cyclique de
la production
10%
habillement
biens d'équipement
électronique
machines indust
papier
textile
imprimerie
Produits métaux
plastique
équip.transport
chimie
0%
Alors que le dollar a récemment cessé de se déprécier,
une résorption du déficit commercial américain estelle hors de portée ?
y = 0,1301x - 0,0142
R2 = 0,3429
5%
0%
10%
alimentation
bois
20%
30%
40%
50%
60%
À partir des équations du commerce extérieur présentées en annexe, une simulation a été réalisée de
l'impact potentiel sur la balance commerciale de trois
voies possibles de résorption. La première est une
accélération de la croissance du reste du monde,
thème récurrent de l'administration américaine. La
deuxième est la reprise de la dépréciation du dollar. La
troisième est celle d'une décélération de la demande
intérieure américaine, instrument plutôt mis en avant
par les partenaires des États-Unis qui considère que
les Américains consomment au-delà de ce que leur
permet leur croissance potentielle.
70%
Métaux primaires
meubles
-5%
Degré d'exposition en 2000
Source : Federal Reserve, Calculs DGTPE
Note de lecture : en croisant degré d'exposition dans les secteurs de
l'industrie manufacturière et évolution de la composante cyclique de la
production de ces secteurs depuis le début de la dépréciation - sachant
que la dépréciation s'est produite à un moment où le cycle de production
se trouvait à un point bas -, on peut voir que la dépréciation du dollar a
coïncidé avec un essor de la production dans les secteurs les plus exposés.
Pour trancher cette question, il peut être intéressant
de regarder comment la production des différents secteurs de l'économie américaine a réagi depuis le début
de la dépréciation. Restreint au seul champ de l'industrie américaine, une mise à jour d'une précédente
étude17 apporte une réponse qui tend à confirmer les
résultats de la décomposition de la balance commerciale : les industries les plus exposées au commerce
extérieur sont celles qui, entre 2002 et 2005, ont
connu la plus forte croissance de leur activité, donc
semblent avoir le plus profité de la dépréciation du
change observée depuis 2002 (cf. graphique 9). Il
n'apparaît donc pas que l'évolution de la structure de
Afin d'apprécier l'impact de ces trois simulations sur
l'activité et la balance commerciale, un scénario de
référence, dit scénario «central», a été bâti. Il s'agit d'un
scénario à but purement comparatif et fondé sur des
hypothèses standards de croissance potentielle. Ainsi,
pour 2005, ce scénario de référence conduit à une
croissance américaine de 3,2%, soit son rythme de
croissance potentiel tel qu'il est estimé par les organisations internationales (FMI, OCDE). La croissance
du reste du monde (hors États-Unis ) s'établit quant à
elle à 4,0%, rythme observé au cours des deux dernières années. Dans ce cadre, le déficit commercial des
États-Unis atteindrait 5,6 points de PIB en 2005, après
5,2 points en 2004. Les résultats de ces simulations
sont présentés dans le tableau 1 ci-dessous.
17. Cf. DPAE n° 16, Octobre 2003 : «Une évaluation des secteurs de
l’industrie manufacturière américaine les plus sensibles aux fluctuations du change», V. Borgy, D. Fréville.
Tableau 1
PIB US
PIB reste du
monde
Résultats 2004
4,4%
4,6%
Scénario central - 2005
3,2%
4,0%
Variante 1 - 2005 : +1% de croissance du reste du
monde
3,2%
Variante 2 - 2005 : –1% de croissance US
Évolution du Balance commerciale
taux de change
(en % du PIB)
Balance commerciale
(écart au scénario
central en % du PIB)
–5,2%
-
-
–5,6%
-
5,0%
-
–5,5%
de 0,1% à 0,2%
2,2%
4,0%
-
–5,1%
0,4%
Variante 3 - 2005 : dépréciation du dollar de 10%
3,2%
4,0%
–10,0%
–5,8%
–0,2%
Scénario central - 2006
2,9%
4,0%
-
–5,5%
-
Variante 3 - 2006 : dépréciation du dollar de 10 %
en 2005
2,9%
4,0%
-
–5,5%
0,0%
–6,0%
Lecture du tableau : la ligne 1 présente les résultats observés en 2004. La ligne 2 indique le scénario central retenu pour l'année 2005. Les lignes 3-4-5 donnent les résultats des trois variantes. Les lignes 6-7 présentent respectivement le scénario central retenu pour 2006 ainsi que les effets de la variante 3 en 2006.
La dernière colonne présente le résultat des simulations sur la balance commerciale et se lit en écart par rapport au scénario central.
7
La première simulation, d'une croissance plus vigoureuse du reste du monde d'1%, montre que la réduction du déficit commercial américain ne passera pas
par un surcroît de croissance étrangère. Un surcroît de
croissance étrangère n'a en effet qu'un impact limité
sur le déficit commercial : le déficit commercial se
résorberait seulement de 0,1 à 0,2 point de PIB sur
une année. Cette résorption est minime et apparaît difficilement réalisable dans la mesure où, durant les
vingt-cinq dernières années, le reste du monde n'a
jamais crû à un rythme supérieur à 5%.
À court terme, une nouvelle dépréciation du taux de
change de 10% par rapport au scénario central ne
constitue pas non plus une solution (variante 3). Le
mécanisme de la courbe en J jouerait en effet : la
dépréciation conduit dans un premier temps à une
aggravation du déficit commercial (à l'horizon d'un
an) de 0,3 point de PIB, puis à sa stabilisation en 2006
à 5,5 points de PIB. Un impact positif peut être anticipé au-delà18. Une dépréciation ne permet donc pas
d'espérer une résorption à court terme ; néanmoins,
l’impact à plus long-terme d’une dépréciation supplémentaire du taux de change serait positif et de plus
grande ampleur, comme l'a montré l'analyse précédente sur la période 2002-2004.
La simulation qui a finalement l'effet le plus marqué et
le plus immédiat est celle d'un ralentissement de la
croissance américaine d'un point de PIB par rapport
au scénario central (variante 2). Dans cette simulation,
la croissance américaine s'établirait donc à 2,2% en
2005. La croissance du reste du monde hors ÉtatsUnis évoluerait à +4,0% tandis que le taux de change
est supposé stable dans ce scénario. Sous ces hypothè18. Mais la simulation n'a pas été conduite, car les hypothèses sont trop
restrictives.
ses, le déficit commercial se résorberait de 0,4 point de
PIB sur une année pour s'établir à 5,1 points de PIB.
Ce scénario implique que la croissance américaine doit
passer durablement sous son potentiel pour espérer
parvenir à une résorption significative du déficit commercial. On notera cependant que le modèle utilisé
pour ces simulations n’est pas bouclé : on ne prend
pas ici en compte un éventuel impact du ralentissement de la croissance américaine sur le reste du
monde.
Au total, ces simulations donnent à penser qu'un
redressement durable de la balance commerciale américaine ne pourra pas provenir uniquement d'un ajustement sur le marché des changes ou d'une
accélération de la croissance du reste du monde. Une
dépréciation du change peut certes avoir un impact
positif à terme, mais à court terme son impact est au
mieux neutre et plutôt négatif. Quant à l'impact d'une
accélération de la croissance mondiale, il est de faible
ampleur.
Compte tenu du fort appétit de l'économie américaine
pour les importations étrangères, le redressement de la
balance des paiements nécessitera un ralentissement
conséquent de la croissance américaine, dont l'origine
pourrait être une forte hausse des taux d'intérêt et des
rendements obligataires et une nette amélioration du
solde des finances publiques.
Pierre BEYNET, Eric DUBOIS,
Damien FREVILLE, Alain MICHEL
Directeur de la Publication : Gérard BELET
Rédacteur en chef : Philippe GUDIN DE VALLERIN
Mise en page : Maryse DOS SANTOS
(01.44.87.18.51)
8
Annexe
1. Équations de commerce extérieur :
Les estimations économétriques du commerce extérieur relient traditionnellement les exportations et les importations aux évolutions de la compétitivité et de la demande :
- les indicateurs de compétitivité utilisés : dans le cas des exportations, l'indicateur de compétitivité est construit
à partir des prix d'exportation des huit principaux partenaires des États-Unis divisés par les prix des exportations américaines. L'indicateur de compétitivité des importations est construit à partir des prix des importations
américaines divisés par les prix de la demande finale.
- les indicateurs de demandes utilisés : dans le cas des exportations, la demande considérée est la demande
d'importations des partenaires, pondérée par le poids de ces partenaires dans les exportations d'une année de
base ; dans le cas des importations, la demande considérée est simplement la demande finale. Aussi, dans le but
d'isoler les effets d'une dépréciation du change, la compétitivité de l'équation d'exportations a été approchée par
le rapport des prix des exportations des 8 principaux partenaires US sur les prix des exportations américaines en
biens et services. Pour ce qui est de l'équation d'importations, l'indicateur de compétitivité est le rapport du prix
des importations américaines en biens et services sur le prix de la demande finale.
Si la plupart des études empiriques portent généralement uniquement sur le champ des biens corrigés de certains produits comme l'énergie ou sur le champ des produits manufacturés car plus substituables, il a été fait ici
le choix de prendre l'ensemble des biens et services, afin d'appréhender directement les effets du change sur la
balance commerciale en volume.
Les estimations ont été réalisées sur la période 1980-T1 2001-T4 et ne prennent pas donc en compte la dépréciation du dollar observée depuis février 2002.
Équation d'exportations de biens et services (en volume):
DLn ( Exp ) = – 0, 29 + 0, 77∗ dLn ( DemMond ) + 0, 10∗ dLn ( CompetX ) – 0, 12∗ [ Ln ( Exp ( – 1 ) )
(-3,54) (8,70)
(2,41)
(–2,63)
– 0, 84∗ Ln ( DemMond ( – 1 ) ) – 0, 65Ln ( CompetX + ( – 1 ) ) ]
(-2,29)
(4,16)
R²=0,57
SER = 0,014
DW = 2,03
Équation d'importations de biens et services (en volume) :
DLn ( Imp ) = – 1, 31 + 1, 82∗ dLn ( Dfin ) + 1, 49∗ dLn ( Dfin – 1 ) ) – 0, 32∗ dLn ( CompetM ( – 1 ) ) – ( 0, 06Ind8204 )
(-2,96) (5,79)
(5,17)
(–2,82)
(-3,29)
– 0, 17∗ [ Ln ( Imp ( – 1 ) ) – 1, 85∗ Ln ( Dfin ( – 1 ) ) + 0, 32∗ Ln ( CompetM ( – 1 ) ) ]
(-3,56)
(3,36)
R²=0,59
SER = 0,016
DW = 2,04
Où :
Imp désigne les importations de biens et services, Dfin désigne la demande intérieure, CompetX désigne l’indicateur
de compétitivité des exportations, CompetM désigne l’indicateur de compétitivité des importations, Exp désigne
les exportations de biens et services, DemMond désigne la demande mondiale adressée aux États-Unis, Ind8204
désigne une indicatrice pour le T4-1982
9
Graphique 1 : simulation des exportations de biens et
services (en volume)
Graphique 2 : simulation des importations de biens et
services (en volume)
100%
450
300
80%
400
250
60%
200
40%
150
20%
100
0%
350
Mds € 1990
100%
Mds € 1990
80%
350
300
60%
250
40%
200
150
20%
100
50
Résidus (échelle de droite)
Exportations observées
-20%
0%
50
Exportations simulées
-40%
0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
Résidu (échelle de droite)
Importations simulées
Importations observées
0
-20%
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
2. La condition de Marshall-Lerner étendue
En notant :
Px =
prix d’exports
Pm =
prix d’imports
εx =
élasticité des prix à l’exportation
εm =
élasticité prix à l’importation
λ=
élasticité des prix d’exports aux prix intérieurs
β=
élasticité à long terme des prix d’imports au change
P X
Pm M
x
- = taux de couverture
et C = -----------
On montre que la balance commerciale ne s’améliore à terme lorsque le taux de change se déprécie à condition
que :
C
---- ( 1 – λ + λε x ) – ε m > 1
β
Cette inégalité est dite condition de Marshall-Lerner-Robinson.
Dans le cas des États-Unis, on a C : taux de couverture : 0,73
β
: élasticité à long terme des prix d’imports au change : 0,35
λ
: élasticité des prix d’exports au CSU domestique : 0,90
εx :
élasticité prix à l’exportation : 0,65
ε m : élasticité prix à l’importation : 0,32
Le membre de gauche de l’inégalité atteint 1,75 ce qui signifie que la condition de Marshall-Lerner étendue est
vérifiée dans le cas des États-Unis.
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