Avant-propos
Au cours des dernières décennies, le monde a connu une délocalisation progressive des
activités manufacturières des pays développés vers les pays en développement, créant de
nouvelles possibilités en matière d’emploi, d’accroissement du revenu et de croissance
économique pour les pays les plus pauvres et les moins avancés. Néanmoins, le processus
d'industrialisation n'a pas profité à tous les pays en développement de la même façon. Dans son
Rapport sur le développement industriel 2009, l’ONUDI établit une distinction entre les pays du
« milliard inférieur », qui tentent de percer sur les marchés mondiaux des produits manufacturés,
et les pays à revenu intermédiaire, qui essayent de passer à des produits manufacturés plus
sophistiqués.
De nouveaux défis industriels se posent pour ces deux groupes de pays, notamment, i) créer des
secteurs permettant de tirer profit de la valeur ajoutée des produits de base provenant des pays
en développement, ii) rendre compétitifs les secteurs non compétitifs afin qu’ils génèrent des
revenus et des emplois, iii) réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, en
particulier l’objectif général de réduction de la pauvreté, et iv) rendre le développement
industriel compatible avec une utilisation durable des ressources naturelles et l’élimination des
effets néfastes sur les changements climatiques à travers la consommation d’énergie. Toutefois,
ce sont en particulier les pays les moins avancés les plus petits qui doivent faire face de façon
croissante à la concurrence et aux obstacles aux échanges, tout en étant soumis à des
pressions visant à l’introduction de nouvelles technologies et systèmes de production. Par
conséquent, les pays les moins avancés pourraient perdre des possibilités de participer
effectivement aux chaînes de valeur mondiales et peuvent être mal préparés pour être
concurrentiels sur les marchés nationaux et régionaux.
Les chaînes de valeur industrielles sont complexes tant au niveau des différents segments
qu’elles couvrent (des matières primaires à la consommation), qu’au niveau des effets que
peuvent générer leur évolution et leur développement. C’est dans ce contexte que l’outil de
diagnostic de la chaîne de valeur de l’ONUDI vise à fournir des orientations. L’objectif principal
consiste à dresser un tableau complet de la chaîne au moyen d’une série de dimensions
diagnostiques, aussi complètes que possible, afin de décrire la situation actuelle dans un
contexte donné. Une fois cela établi, le diagnostic contribue également à réfléchir aux conditions
qui ont une incidence sur certaines dynamiques de la chaîne de valeur, qu’elles soient
automatiques ou provoquées par des gouvernements ou des agents de développement.
Le diagnostic de la chaîne de valeur industrielle est un outil utile qui aide les analystes, les
concepteurs de programme et les chefs de projet, dans les gouvernements nationaux et les
agences de développement, à formuler des politiques industrielles et des programmes de
développement. Il contribue à identifier les contraintes et les possibilités offertes par les
technologies et le marché pour un produit de base ou une chaîne de valeur spécifique. Dans de
nombreux cas, cet outil permet également de souligner une insuffisance apparente des
politiques et institutions et un manque d’infrastructures de services, qui sont des conditions
préalables au développement d'une chaîne de valeur. Bien que les points de départ de l’analyse
de la chaîne de valeur soient souvent des objectifs pratiques, par exemple l’accroissement de la
production, l’introduction de nouvelles technologies, l’amélioration des processus de
transformation et l’expansion de la commercialisation d’un produit spécifique, appliqué
correctement et selon une perspective suffisamment large, le diagnostic de la chaîne de valeur
industrielle peut conduire à un développement industriel durable en contribuant à atteindre des
objectifs sociaux, économiques et environnementaux.
Philippe Scholtès, Directeur, Service du développement de l’agrobusiness, ONUDI