21
Techni.Cités n° 129 — 8 mai 2007
Des arbres très bénéfiques
Un espace vert est donc un excellent équipement pour
atténuer l’îlot de chaleur urbain et rafraîchir l’air ambiant.
Une étude de modélisation des flux d’énergie au-dessus
d’un quartier témoin parvient à des résultats similaires de
ceux de Munich. Ainsi, l’aménagement d’un parc arboré de
100 mètres carrés au cœur d’un îlot urbain, bordé par des
immeubles de 15 mètres de hauteur, permet d’abaisser la
température de 1 °C dans les rues canyon adjacentes. Ce
gain de fraîcheur se prolonge sur une distance de
100 mètres. Au-delà, l’effet bénéfique de l’espace vert
s’estompe. Et les chercheurs de conclure qu’une augmen-
tation de 10 % de l’emprise verte au sol diminue la tem-
pérature de l’air ambiant de 0,8 °C. Or, un écart de 1 °C
n’est pas anodin en terme de mortalité : l’INVS estime
qu’une hausse de 1 °C aurait aggravé le risque de 80 %
pendant la vague de chaleur d’août 2003 !
L’asphalte, le béton et le granit sont des revêtements
inertes qui accumulent l’énergie solaire la journée et dés-
tockent la chaleur emmagasinée la nuit. Ces matériaux,
imperméables et sombres, sont de véritables puits de
chaleur qui alimentent l’îlot de chaleur urbain.
Sous nos latitudes, les surfaces engazonnées et les arbres
d’ornement équilibrent leur température interne, à la
manière d’un corps humain, en transpirant énormément
dès que la température extérieure dépasse 25 °C. Outre
qu’un arbre intercepte une partie du rayonnement solaire,
procurant une ombre protectrice, il a aussi tendance à ali-
gner sa température sur celle de
l’air environnant. Ce mécanisme
de régulation thermique est loin
d’être négligeable : un arbre
feuillu peut émettre jusqu’à
4 000 litres d’eau par jour, ce qui
représente une puissance de
refroidissement équivalente à
celle de cinq climatiseurs pen-
dant 20 heures en climat chaud
et sec.
La dernière synthèse du Groupe
intergouvernemental d’experts
sur l’évolution du climat (GIEC),
présentée à Paris le 2 février
dernier, l’affirme sans ambi-
guïté : « la Terre se réchauffe et le principal responsable
de ce changement est l’homme ». Certains climatologues
français prévoient que les vagues de chaleurs estivales
seront plus longues, plus intenses et plus fréquentes,
passant de 1 jour durant la période 1960-1989, à 14 jours
à la fin du 21esiècle. En France, le changement climatique
attendu se traduirait par une hausse moyenne de 9 °C
(+6 °C globe), et le réchauffement serait plus marqué en
été qu’en hiver.
Afin de limiter les effets tragiques des pics de chaleur,
l’introduction massive d’espaces verts et d’arbres doit être
une priorité. Des plans de verdissement, campagnes de
plantation, aides à la création de parcs et de squares sont
des mesures efficaces pour rafraîchir les îlots de chaleur
urbains et atténuer les conséquences humaines des cani-
cules à venir. Les villes doivent anticiper cette nouvelle
donne climatique.
Liébard Alain, De Herde André, décembre 2005, Traité d’architecture
et d’urbanisme bioclimatiques – Concevoir, édifier et aménager avec
le développement durable, éditions Le Moniteur, 368 p.
Une augmentation
de 10 % de la
surface végétalisée
abaisse la
température de 1oC
dans un rayon
de 100 mètres
de profondeur
Pour en savoir plus
Un espace vert rafraîchissant à Barcelone.
20•Ingenierie:Gabarit Transversal 3/05/07 11:02 Page 21