Éditorial du Monde forestier, novembre 2002 L’ apport important de l’aménagement intégré des ressources de la forêt Pour la diversification de l’économie régionale Jean-Guy Rioux, Président, RESAM L’aménagement intégré des ressources du milieu forestier, par la production de produits forestiers variés, d’une faune abondante et diversifiée, d’une gamme de produits non ligneux (fruits, produits pharmaceutiques, etc.) et par la création d’un environnement récréotouristique attrayant, peut être une importante source de diversification des économies locales. Les gens des régions, qui se préoccupent de développement, sentent le besoin de diversifier l’économie locale, particulièrement lorsqu’elle est supportée par une activité mono-industrielle. La situation vécue par les gens de Murdochville témoigne très bien de l’importance de la diversification. Cependant, cette diversification doit-elle être tentée tous azimuts? Pour ma part, la réponse à cette question est non. Il m’apparaît important de centrer les efforts déployés autour des secteurs où le milieu possède des avantages concurrentiels certains et de miser sur ces secteurs pour développer des activités périphériques qui, le plus possible, auront des effets synergiques sur le secteur vedette. Cette recette est appliquée à des secteurs d’activités comme le multimédia ou l’aéronautique et elle devrait être également bonne pour le secteur forestier. agriculture, eau). Parmi ces ressources, il y a la forêt qui occupe 71 % du territoire privé et près de 100 % du territoire public méridional. Elle est donc omniprésente dans tout le territoire québécois habité. Cette forêt soutient l’activité d’une multitude de petites et moyennes entreprises de nos communautés en plus de soutenir l’activité de la grande industrie. Avec le conflit du bois d’œuvre que nous vivons présentement et la concentration de plus en plus importante de l’industrie du sciage, les régions et les municipalités très dépendantes du secteur forestier sont, à juste titre, très préoccupées. Il est donc normal que la diversification de l’économie devienne le leitmotiv de ces communautés. Devant cette situation, doit-on se retourner à 180 degrés ou, sur la base de nos forces dans ce secteur, chercher de nouvelles avenues? Ma vision, vous l’aurez deviné, est bien davantage dans l’innovation à l’intérieur du secteur qui est notre plus grande force. Ainsi, il faut miser sur la seconde transformation en région, sur le développement de créneaux aux produits à valeur ajoutée (le cas des poutrelles produites par Chantiers Chibougamau est inspirant) et sur l’utilisation de l’ensemble des essences forestières. Le secteur forestier L’aménagement intégré des ressources L’économie des régions s’appuie sur l’exploitation des ressources (mines, forêt, Une avenue grandement négligée dans les stratégies de diversification est la mise en valeur d’un plus grand nombre de ressources du milieu forestier. En plus de diversifier l’activité économique autour du produit vedette qui est le bois, nous pouvons très bien diversifier les activités en produisant d’autres ressources que le bois. Des statistiques fournies par le Service de mise en valeur de la forêt privée du ministère des Ressources naturelles donnent un aperçu des retombées que peut engendrer l’aménagement multiressources. Pour l’année 2001, en forêt privée, on indique que la récolte de bois a généré des revenus aux propriétaires de 570 M $, la sylviculture 50 M $, la sève d’érable 100 M $, la production agroforestière (bleuet, atocas, if du Canada, arbres de Noël, etc.) hors de la zone verte 13 M $, alors que les activités de chasse en forêt privée généraient des retombées de 100 M $. À ces montants, nous pourrions ajouter ceux liés aux activités de pêche ainsi que de récréotourisme, dont la demande est croissante particulièrement chez les Européens, qui ont un engouement certain pour nos grands espaces naturels. Ces données impressionnantes sont obtenues dans un contexte où l’aménagement intégré des ressources n’a pas vraiment pris son envol. Imaginez le potentiel de développement et de diversification économique qui est à notre portée. Le mois dernier, j’invitais la communauté forestière à ne pas manquer le Rendez-vous national des régions en insistant sur l’importance de la forêt comme assise fondamentale de l’économie des régions. À l’aube de cet important Rendez-vous, je persiste en disant qu’il faut absolument que les acteurs du développement des régions prennent conscience de ce fait et qu’ils appuient les initiatives visant à améliorer la productivité de nos forêts en quantité, mais surtout en qualité et ce, dans une approche d’aménagement intégré des ressources. Ce faisant, nous assurerons à nos régions rurales un important avantage concurrentiel qu’il faudra utiliser avec toute l’ingéniosité possible. Cela est sûrement la meilleure garantie de prospérité économique des régions. ∆