60 Acta Endosc. (2016) 46:59-62
responsabilité de celui qui le rédige et qui doit se limiter
à l’évaluation du dommage. C’est sans doute là le point
faible de la commission qui n’exige pas que le praticien
qui rédige ce document ait des connaissances en évalua‑
tion du dommage corporel. Attention, si vous devez rédi‑
ger ce type de certificat, à le faire en suivant les règles
de rédaction d’un certificat médical (voir le document
de l’Ordre national des médecins sur le site de la Sfed).
Dans le dossier, tous les éléments justifiant le dommage
et l’implication du praticien doivent être fournis par le
patient. Il doit aussi prévenir sa caisse d’assurance mala‑
die de sa démarche :
● la commission examine la recevabilité de la demande, et
une expertise est demandée si la CCI accepte le dossier.
Si la CCI considère le dossier non recevable, elle informe
le demandeur qu’il peut saisir la CCI en formation de
conciliation. L’expertise est à la charge de l’assureur
du praticien mis en cause si une faute de ce praticien
est reconnue ou à la charge de l’ONIAM dans le cas
contraire, elle sera donc gratuite pour le patient. Nous
verrons plus loin comment aborder cette étape pour le
praticien mis en cause ;
● l’expertise et le dossier sont revus par la CCI au cours
d’une de ses réunions pour rendre un avis ;
● cet avis est transmis en recommandé avec accusé de
réception au praticien mis en cause et au patient.
Déroulé de l’expertise
C’est un moment souvent mal vécu par le praticien et pas
nécessairement facile pour le patient. Il convient de bien pré‑
parer cette réunion. Les experts doivent disposer de tous les
documents qui étayent les plaintes de la victime : les pièces
transmises par la victime et celles transmises par le praticien
via son avocat. Chaque partie doit disposer de l’ensemble
des pièces avant l’expertise. La CCI peut du reste réclamer
ces éléments pour ses experts.
Avant l’expertise
Vous êtes avisé de la date de cette expertise par recommandé
avec accusé de réception, et vous recevez la mission, com‑
muniquée aux experts que vous devez bien lire (les experts
ne répondront qu’aux seules questions de la mission), tout
comme la lettre du médecin et celle du patient afin de bien
comprendre ce qui vous est reproché. Votre assurance pro‑
fessionnelle va nommer un avocat et un médecin‑conseil
pour vous aider à organiser ce dossier, vous devez impé‑
rativement tout leur communiquer et préparer une réponse
étayée pour vous défendre. Vous transmettez ces éléments à
votre avocat et à votre médecin‑conseil, surtout rien direc-
tement aux autres parties. Votre avocat et votre conseil sont
soumis au secret médical. Quand vous aurez pris connais‑
sance du nom des experts nommés, vous êtes en droit de les
récuser si vous pensez qu’ils ne seront pas transparents ou
objectifs, mais très rapidement, avant le début de l’expertise.
Votre avocat va rédiger un dire à destination des experts
avec votre aide, s’il connaît bien la procédure, vous seul
saurez argumenter votre indication d’examen et les modali‑
tés d’information du patient.
Jour de l’expertise
En général, l’expertise est réalisée en binôme, le patient est
présent avec ou sans avocat, et avec ou sans son médecin
de recours. Votre présence n’est pas obligatoire, mais elle
est plus que souhaitable et indispensable (en général, votre
assureur vous le demande). Vous êtes accompagné de votre
avocat et de votre médecin‑conseil. Les experts vont retracer
toute l’histoire du patient afin d’évaluer son état antérieur
(toutes les pathologies qui ont pu contribuer au dommage).
On ne peut pas leur opposer le secret médical en CCI.
Le contrôle des experts portera sur divers points :
● le bien‑fondé de l’indication de votre examen ou inter‑
vention ;
● la qualité de l’information délivrée au patient (il est
important de vous justifier sur ce point) ;
● la qualité de l’acte technique ;
● la qualité du suivi ;
● l’examen du patient (en général, l’expert examine le
patient seul, mais vous pouvez toutefois demander à être
présent). Les avocats ne peuvent pas assister à l’examen.
Il convient de laisser se dérouler l’expertise sans intervenir
(sauf pour répondre aux questions de l’expert), même si cela
peut paraître pénible, et d’attendre la fin de l’expertise pour
intervenir le cas échéant. Les experts doivent en effet vous
donner la parole, et il convient alors, sans polémiquer, de
ne pas hésiter à appuyer sur les points importants de votre
défense, à savoir :
● la bonne indication de votre intervention (d’où l’impor‑
tance des recommandations de sociétés savantes et de la
littérature à l’appui) ;
● les éléments d’appréciation de la qualité de l’information
de votre patient : consultation préalable, courrier rédigé
à l’intention du médecin traitant mentionnant que vous
avez informé le patient des risques de l’examen ou de
l’intervention, tout autre document permettant de prou‑
ver cette information. Le consentement signé n’est pas
obligatoire, mais utile ;
● la qualité de l’acte technique se déduit des circonstances
de réalisation de l’examen et des divers comptes rendus
ainsi que de l’étude du dossier de bloc (matériel utilisé,
circonstances de déroulement de l’exploration, etc.) ;
● insistez sur l’état antérieur constitué par toutes les patho‑
logies qui ont pu participer à la complication ;