Effarés par cier, huma réponse à c petits se ret de la cours

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du siècle
Oise
4 millions de Franciliens
350 millions d’euros par an
3 grands cours d’eau :
la Seine, la Marne et l’Oise
Méry-sur-Oise
VALD’OISE
ne
Sei
PARIS
HAUTSDESEINE
SEINEETMARNE
SEINESAINTDENIS
Neuilly-sur-Marne
Marne
Choisy-le-Roi
VAL-DEMARNE
ESSONNE
Source : Sedif.
Eau de l’Oise
Eau de la Marne
Eau de la Seine
Nappes
souterraines
Eau de la Marne ou de la
Seine, selon le quartier
Principales usines
de production
France. Le Sedif permet de faire
oublier Paris…
Depuis 1923, donc, ce contrat
était délégué à la Compagnie générale des eaux, devenue Veolia,
un contrat renouvelé en 1962.
Quatre-vingt-six ans de vie commune à laquelle la loi Sapin mit
un terme, exigeant que les marchés
publics arrivent à échéance tous
les dix ans. En avril 2009, le Sedif
lance donc un appel d’offres européen. Cinq entreprises (Suez, Veolia, SAUR, Derichebourg, Gelsenwasser) se portent candidates.
Un tour de piste qui ne dura guère.
Veolia
CA : 34,6 mds €
Bénéfice net :
584 millions
Employés : 313 000
Suez
CA : 12,3 mds €
Bénéfices :
533 millions
Employés : 66 000
Veolia possède une
division énergie et
une division transport, désormais partagée avec la Caisse
des dépôts. Ceci explique les différences de taille.
Effarés par l’investissement financier, humain, stratégique que la
réponse à cet appel exige, les trois
petits se retirent progressivement
de la course pour laisser place au
duel final : Veolia contre Suez. Mano
a mano. André Santini se frotte les
mains, la compétition publique
met un terme aux murmures de
ceux qui s’amusent ou s’exaspèrent
des liens étroits que le Sedif entretiendrait avec Veolia. Santini encadre un match surveillé par des
arbitres rigoureux : des conseillers
référendaires à la Cour des comptes, des auditeurs du cabinet
Ernst & Young, une palanquée
d’huissiers à chaque étape, des
grands oraux par thèmes devant
les élus… Nickel. « On a abouti au
choc frontal que je voulais. Ce ne sont
pas des enfants de chœur. » En effet,
et les dix-huit mois écoulés ne ressemblent guère aux vocalises d’une
chorale de presbytère.
Chez Suez, répondre à l’appel
d’offres aura coûté 7 millions
d’euros, mobilisé une vingtaine de
personnes à plein temps pour finalement rédiger un dossier pesant
plus de 100 kilos, contenu dans
une armoire de 1,80 mètre de haut
sur 1,20 de large. Des chiffres que
Veolia n’a pour sa part pas souhaité
donner, « mais ce fut une énorme
mobilisation ». Les rivaux ont travaillé dans le secret. Réseau Internet verrouillé, immeuble excentré,
le dossier est fragmenté, divisé,
afin que seuls les très hauts responsables aient une connaissance
complète de l’offre. « Lorsque nous
avons annoncé dès l’automne 2008
que l’on répondrait à l’appel, on a eu
l’impression de déranger, d’agacer »,
confie un interlocuteur de Suez.
Le groupe dérange bel et bien, car
il a une idée astucieuse : scinder le
contrat du siècle en trois morceaux
plus digestes, plus comestibles. A
défaut d’emporter le marché de
son concurrent, le réduire, le dépecer. Pas bête. En termes techniques, cela s’appelle un allotissement. Suez porte donc sa bonne
parole et ses dirigeants font la
queue dans les bureaux des maires,
leur adressent en septembre 2008
un courrier exposant les avantages
de l’allotissement et achètent
même des pages de publicité dans
le journal gratuit 20 Minutes. « Santini a vite sifflé la fin de la récréation »,
se souvient un observateur.
Bulletin secret. Contraint de
riposter, le tout-puissant Sedif
adresse à ses électeurs un « rapport » exposant – à sa manière – les
conséquences de l’allotissement.
Vingt-quatre pages qui listent les
immenses inconvénients de cette
« fausse bonne idée ». « 80 % des élus
y étaient opposés, commente André
Santini. Je n’y peux rien, mais je les
comprends, car scinder ce marché en
trois lots aurait causé d’immenses
difficultés techniques et entraîné un
surcoût de 13,8 millions d’euros pour
les usagers » – le calcul aboutissant
à ce chiffre n’est pas explicité. Chez
Veolia, peu enclin à voir son contrat
coupé en trois, on partage cet avis.
« L’allotissement, c’est comme confier
le ­chauffage de votre maison à trois
plombiers différents », explique Marc
Reneaume.
Les élus du Sedif ne voteront
pas pour ou contre l’allotissement,
ni même pour ou contre un retour
en régie publique. Aucune autre
solution n’est proposée, voire étudiée techniquement. Ils voteront
– le 11 décembre 2008 – à bulletin
secret pour ou contre la régie privée. Rien d’autre. Vingt élus de
gauche s’abstiennent. Etrangement, car on pourrait les croire
intellectuellement attachés à l’idée
que l’eau, denrée vitale, ne …
Le Point 1966 | 20 mai 2010 | 89
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Le territoire du Sedif
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