236 G. Paul/at et G. Roosea
Ce changement d'indice photoinduit produit une distorsion du front de l'onde optique. Il
détériore les performances des modulateurs électro-optiques et des doubleurs de fréquence
construits avec ces matériaux. Cet effet indésirable fut d'abord appelé "dommage optique".
Depuis, de nombreux travaux ont eu pour objectif de réduire ce dommage optique afin de
pouvoir construire des modulateurs et des doubleurs de fréquence. Parallèlement à ces
recherches, d'autres études ont montré comment tirer profit de cet effet qui prend alors le nom
d'effet photoréfractif. Ainsi, dès 1968 des hologrammes ont été enregistrés dans des
matériaux photoréfractifs [2-4] en temps "quasi " réel. Étant donné la réversibilité de ce
mécanisme d'enregistrement, ces hologrammes peuvent être effacés ou remis à jour en
permanence pour s'adapter à des fronts d'onde qui fluctuent. Un traitement approprié permet
parfois d'obtenir une fixation et une lecture non destructive de l'hologramme. La première
application envisagée fut donc la réalisation de mémoires optiques de haute capacité. Les
données sont d'abord regroupées sous la forme d'images avant d'être enregistrées
holographiquement. Des difficultés, principalement liées d'une part à l'absence de composants
dynamiques pour afficher les images sur un faisceau et, d'autre part au fait que
l'enregistrement (et la lecture) d'une image efface partiellement les images précédemment
enregistrées, ont limité le développement de ces travaux. Ces études recouvrent un nouvel
intérêt actuellement. Vers la fin des années 70 et le début des années 80, on se rendit compte
de l'avantage qu'apporte cette réversibilité de l'enregistrement pour le traitement en temps réel
de l'information, la conjugaison de phase et l'amplification de faisceaux et d'images. De
nombreuses applications ont été démontrées. En raison de sa souplesse d'emploi, l'effet
photoréfractif est très souvent utilisé pour des démonstrations de laboratoire. Cependant,
seules quelques applications industrielles ont vu le jour.
L'effet photoréfractif a tout d'abord été observé dans de nombreux cristaux inorganiques
qui sont nécessairement électro-optiques et photoconducteurs. Un effort considérable a été
fourni pour optimiser ces cristaux. Les mécanismes physiques responsables de l'effet
photoréfractif sont maintenant mieux compris. Récemment des matériaux totalement
nouveaux ont été conçus pour présenter un effet photoréfractif.
Voici une liste non exhaustive des matériaux les plus étudiés et utilisés.
* Les cristaux inorganiques isolants, sensibles dans le spectre visible : ferroélectriques
LiNbOi, BaTiOl, KNbOj, S rxBa\.^b206 (SBN); sillenites (paraélectriques) Bil2Si02o
(BSO),
BinGe02o (BGO), BinTiCho (BTO); KT^NbuxO^ (KTN).
* Des céramiques dans l'ultraviolet.
* Les cristaux inorganiques semi-conducteurs, sensibles dans le proche infrarouge, depuis
1984 : GaAs, InP , CdTe, CdZnTe.
* Les alliages, puits quantiques, depuis 1990 : GaAs / GaAIAs, InP /InGaAsP.
* Un cristal organique synthétisé en 1990.
* Les matériaux polymères amorphes depuis 1990.
* Les cristaux liquides nématiques depuis 1995.
* Des sols gels dopés avec des molécules organiques et également des verres organiques
depuis 1996.
1.2 Architecture du document
Pour clarifier la présentation de l'effet photoréfractif, nous allons décomposer l'interaction
lumière matière en différentes étapes. Nous montrerons que l'effet photoréfractif provient de
la création d'un champ électrique interne à partir d'une figure d'illumination; ce champ induit
la variation d'indice.
Nous adoptons la présentation suivante.
- Dans le chapitre 2, nous allons montrer comment se crée un champ électrique interne à
partir d'une figure d'illumination n'évoluant pas dans le temps. C'est le cas de la propagation
d'une onde dans un milieu photoréfractif suffisamment mince pour que les variations d'indice
induites ne modifient pas la propagation.