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En réalité, même si on a effectivement des similarités, il existe beaucoup de différences entre
les 3 modèles. De plus, la théorie de Haeckel a été très exploitée par les racistes, qui pensent alors
que certains peuples du 1/3monde auraient un stade de développement en moins… Mais tout de
même, il existe des similarités que l'on doit expliquer. C'est pour cela que Von Baer a émis une
hypothèse tout à fait opposés à celle de Haeckel : il suppose que ce sont les formes embryonnaires
des ancêtres communs qu sont récapitulés. A partir de là, un développement post-phylotypique est
possible pour chaque embranchement, et l'embryogenèse ne récapitule pas la phylogenèse.
Le développement des Vertébrés semble montrer comme un goulot d'étranglement : en effet,
les stades précoces comme les stades tardifs présentent de nombreuses variantes, alors que le stade
phylotypique est unique. Apparemment, ce serait un stade où aucune variation ne serait possible, et
aucune mutation n'a pu apporter de nouvelles capacités… A partir du stade phylotypique, les arcs
branchiaux qui représentent une constante pourront avoir des devenirs très différents : fentes
branchiales, mâchoires, glandes (thymus par exemple), osselets de l'oreille interne…
Chez certains individus, on a pu observer certains caractères très étonnants : par exemple, on
peut trouver des traces d'organes normalement absentes, mais présents chez les ancêtres… Ainsi on
aura apparition d'une queue ou de tétons surnuméraires sur le ventre des hommes, de pattes arrières
chez les baleines, de 5
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doigt chez les poulets. Dans tous les cas, les structures que l'on aurait dû
observer sont absentes : on pense que c'est une inhibition d'un caractère ancestral qui favorise la
formation des organes spécifiques, et l'absence d'inhibition provoque l'apparition de ces structures
ancestrales.
II) La spécification initiale du plan d'organisation
1) Chez le Xénope
Les ovocytes des Amphibiens sont de grande taille et le vitellus y est très abondant : le pôle
végétatif est caractérisé par la présence abondante de plaquettes vitellines, mais le pôle animal
contient la vésicule germinative. Dans l'oviducte, les différents ovocytes sont orientés n'importe
comment (à la différence des drosophiles), alors comment expliquer la localisation précise du
vitellus ?
La vitellogénine sécrète par le fois de la mère est endocytée par toute la surface de l'ovocyte,
mais elle est ensuite accumulée au pôle végétatif. Cela est peut-être dû à l'organisation elle-même de
la cellule : on a souvent l'habitude d'orienter les cellules, quelles qu'elle soient, selon un axe noyau-
centrosome, et la formation des microtubules se ferait donc de manières orientée.
A la fin de l'ovogenèse, on obtient alors une asymétrie moléculaire très bien dessinée : on a
accumulation de certains ARNm au pôle végétatif ou au pôle animale. Cela correspond aux prémices
de l'axe animal-végétatif et on pourrait même délimiter les futurs territoires : ectoderme au pôle
animal, mésoderme autour de l'équateur et endoderme au pôle végétatif. On peut également dire que
le pôle animal préfigure le futur pôle antérieur, mais à ce stade, l'axe DV n'est pas encore déterminé.