La sensibilité différentielle des récepteurs : seuil absolu et seuil
différentiel
L’œil perçoit les radiations de longueur d’onde comprise entre 400
nanomètres
(violet) et 700 nanomètres (rouge). C’est le spectre de la lumière
visible. Mais l’oeil n’est pas également sensible à toutes les longueurs d’onde et cela
dépend de l’intensité lumineuse ou des conditions d’éclairement. Dans les situations
courantes (lumière naturelle du jour, éclairage artificiel) on parle de vision
photopique. Dans la pénombre, au crépuscule on parle de vision mésopique (faible
éclairement) et dans la quasi obscurité (nuit noire) on parle de vision scotopique. En
vision photopique le maximum de sensibilité est décalé vers le rouge alors qu’en
vision mésopique et plus encore scotopique la sensibilité maximale est dans le bleu
(plus courtes longueurs d’onde). Ce déplacement de la courbe de sensibilité de la
rétine quand on passe de la vision photopique (vision diurne) à la vision scotopique
(vision nocturne) ou mésopique (faible éclairement) est connu sous le nom de
« phénomène de Purkinje » (le physiologiste tchèque qui l’a décrit). Pour les très
faibles éclairements l’œil est donc plus sensible aux courtes longueurs d’ondes.
Ainsi, dans les vitraux, les rouges dominent en plein jour alors que les bleus restent
visibles longtemps après le coucher du soleil. Même si la plupart du temps les
présentations sont faites à l’écran en condition largement photopique, il ne faut pas
oublier que l’abaissement de l’intensité lumineuse consécutif à certains choix de
couleurs ou de style de fond d’écran peut entraîner un changement significatif de la
perception des éléments présentés.
Les seuils de sensibilité varient également en fonction de l’excentricité
rétinienne, les plus élevés étant observés au centre de la fovéa (moindre sensibilité
des cônes). Hors de la fovéa les seuils s’abaissent quand augmente l’excentricité
rétinienne pour atteindre un minimum à 20°. Lorsque les autres facteurs sont
maintenus constants, le seuil diminue également lorsque la durée de présentation
augmente. Il diminue de même lorsque la taille angulaire du stimulus lumineux
augmente. L’intensité liminaire d’une source lumineuse dépend donc du nombre de
quanta émis par unité de durée et de surface. En clair, plus la source est petite et
plus sa durée est brève plus il faut d’intensité pour la percevoir.
La psychophysique étudie les correspondances entre grandeurs physiques et grandeurs sensorielles (qu’il ne faut pas confondre). A
partir de la mesure des seuils perceptifs (absolus et différentiels) plusieurs lois psychophysiques ont été proposées pour rendre compte de
l’évolution de la sensation en fonction de l’intensité de la stimulation. La loi psychophysique la plus connue est celle de Weber-Fechner, loi
selon laquelle le plus petit accroissement décelable dans l’intensité d’une sensation est en proportion constante avec l’intensité du
stimulus lui-même : si pour une intensité 100 il faut atteindre 110 pour que le stimulus soit perçu comme différent du premier
(accroissement de 10/100), pour une intensité 1000 l’accroissement nécessaire sera de 100 (100/1000 = 10/100). Autrement dit, la fraction
différentielle dS/S est constante (habituellement de l’ordre de 3% pour des intensités moyennes).
Milliardième de millimètre