Les communautés d`intérêt à l`heure d`Internet

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Les communautés d'intérêt à l'heure d'Internet
Ou les barbares contre les rentiers
Christine
Bitouzet,
France
Telecom
CNET-UCE,
&
CRG
de
l’Ecole
Polytechnique.
Serge Soudoplatoff, France Telecom Direction de l’Innovation, actuellement en création d’une startup.
Introduction ................................................................................................................................ 2
Les communautés d'intérêt : constat........................................................................................... 2
Caractéristiques des communautés d'intérêt........................................................................... 2
Organisation des communautés d'intérêt ................................................................................ 3
Typologie des communautés d'intérêt .................................................................................... 4
Les conditions du développement d'Internet .............................................................................. 4
Développement d'Internet : pourquoi, comment ? ................................................................. 5
Les services sur Internet ......................................................................................................... 7
Les communautés : un espace favorable à l'émergence de nouveaux modèles économiques sur
Internet........................................................................................................................................ 9
Evolution des comportements de consommation................................................................... 9
Services en ligne et communautarisme aux Etats-Unis.......................................................... 9
Communautés et création de valeur sur Internet .................................................................. 11
Communautés : un vivier d'informations sur les clients à rentabiliser................................. 12
Les communautés entre une logique barbare et une logique de rentiers .................................. 13
Bibliographie ............................................................................................................................ 15
Ressources sur Internet............................................................................................................. 16
Introduction
La création de communautés est un sujet largement débattu par les acteurs d'Internet. Mais que sont
ces communautés ?
Des communautés se créent sur le web. On les dit virtuelles parce qu'elles apparaissent au travers des
échanges électroniques. Par l'intermédiaire des forums de discussion ou de la messagerie, des
personnes se rencontrent autour d'intérêts communs et se regroupent par affinité. Ainsi pour Howard
Rheingold, considéré comme le précurseur des communautés en ligne avec “ The Well ”, des
communautés d'intérêt entre individus sont générées par le lien électronique. En France, ce
phénomène de regroupement communautaire sur Internet est plus lent qu'aux Etats-Unis à cause de la
faiblesse des taux d'équipement et de la timidité des usages.
Cependant, face à ces communautés nouvelles en ligne, des communautés d'intérêt, qui existent
depuis longtemps dans la sphère économique et sociale, sont susceptibles d'utiliser Internet pour
optimiser leurs échanges. Internet apparaît comme le moyen de promouvoir une activité, de réduire les
coûts de diffusion de l'information et de favoriser le développement des échanges. Ces communautés
d’intérêt sont souvent constituées par métier ou par secteur d’activité. Elles ont une tradition
d'échange et de partage d'information. Surtout, elles véhiculent du sens.
Les communautés constituent des segments de marché qualifiés particulièrement attractifs pour les
industries de consommation.
On observe, aux Etats-Unis surtout, l'arrivée de prestataires intermédiaires qui favorisent la création
de communautés virtuelles en proposant des services en ligne gratuits et assoient leur position de
leader sur le marché en augmentant leur audience. Le premier congrès des constructeurs de
communautés ("communities builders") s'est tenu en mai 1999 à San Francisco. A l'exemple du
prestataire Xoom qui héberge des pages personnelles et offre des services attractifs pour l'utilisateur
final afin de gagner la première place en terme d'audience, la valeur ajoutée de ces intermédiaires est
dans le traitement et l'analyse des données référencées sur les préférences et les comportements des
utilisateurs. L'économie des services est fondée sur la publicité mais l'objectif est la
commercialisation des données marketing directement auprès des fabricants et le développement du
commerce en ligne.
A l'inverse, les communautés d'intérêt qui existent depuis des siècles, en particulier en Europe, sont
des lieux privilégiés où l'information circule avec confiance, où d'individuelle elle devient, grâce aux
réseaux, facilement et rapidement connaissance collective. Les communautés d'intérêt permettraientelles de retrouver le sentiment de sécurité nécessaire pour réaliser des transactions sur le web ?
Comment le marketing tient-il compte de ces communautés qui risquent de prendre beaucoup de
valeur sur le web mais qui viennent bousculer la segmentation traditionnelle ?
L'objet de l'article est de décrire les communautés d'intérêt face au développement d'Internet : les
relations de confiance et les échanges au sein de communautés existantes favorisent-elles le
développement des relations électroniques et l'émergence de modèles économiques sur Internet ? En
insistant sur la différence entre communautés d'intérêt et services en ligne, l'objectif est de montrer les
conséquences sur le marketing de l'intégration d'Internet par ces communautés.
Les communautés d'intérêt : constat
Caractéristiques des communautés d'intérêt
Une communauté d’intérêt est un ensemble d’individus qui partagent un intérêt commun. H.
Rheingold1 est le premier à avoir parlé de communauté d'intérêt dans le monde d'Internet, mais les
communautés d'intérêt existent dans le monde réel depuis longtemps (Rheingold, 1993).
L'Europe a une longue tradition de ligues, de syndicats, d'associations, de fédérations, qui toutes
regroupent des individus autour d'un but commun. Aux Etats-Unis aussi, il existe des communautés
locales et des lobbies très puissants.
L'observation de ces communautés permet d'en dégager quatre caractéristiques importantes :
l’existence d’échanges horizontaux à l'intérieur de ces communautés. Les individus s'appellent,
s'écrivent, ont des réunions plus ou moins régulières et des bulletins de liaison interne. Le point
important est la confiance qui supporte ces échanges et qui donne toute sa valeur à l’information
partagée. L’information devient alors connaissance.
l’existence d’un annuaire de la communauté : c'est l'existence d'un annuaire qui permet de définir
les frontières de la communauté et établit la liste des membres. A titre d'exemple, celui qui crée
un logiciel de jeu de bridge accessible au travers du réseau, sans se soucier de qui l'utilise,
raisonne "grand public". A l’inverse, lorsque la Fédération Française de Bridge souhaite organiser
ses tournois via Internet, avec identification, authentification et gestion des résultats via
l’annuaire des membres, il s'agit alors bien d'une communauté.
l’existence de sens : une communauté d’intérêt est d’autant plus forte qu’elle est porteuse de sens.
Alors que le troisième âge ou les ados désignent une catégorie d'individus, les viticulteurs de
l'Aude constituent une communauté d'intérêt. La définition du sens fait l’objet de négociations
entre les membres ou résulte de la décision du fondateur gérant de la communauté.
la pluri-appartenance et l’intercommunautarité : un individu appartient à plusieurs communautés
en fonction des pans de son activité professionnelle, sociale et personnelle.
Il faut noter que de plus en plus d’entreprises commencent à créer des communautés de clients,
souvent dans le but d’alléger leur hot-line, qui sont généralement des centres de coûts élevés. Ces
entreprises, souvent dans le secteur informatique, encouragent leurs clients à aller chercher la solution
à leurs problèmes dans les forums Internet, qu’elles organisent elles-mêmes.
Organisation des communautés d'intérêt
Une communauté d’intérêt est composée d'individus qui sont les membres. Ceux-ci sont la base de la
communauté, mais il y a néanmoins diverses personnes qui jouent des rôles importants pour la gestion
de la communauté.
Le gérant, ou le médiateur. Parmi tous les membres, il en existe un qui joue un rôle fondamental,
c'est le gérant. C'est lui qui anime la communauté, qui en assure le fonctionnement, qui fait
circuler l'information ou s'assure des bonnes conditions de cette circulation, qui est le gardien des
valeurs morales de la communauté, bref qui lui donne du sens. Il est le garant du bon
fonctionnement de la communauté, il organise les relations entre les membres, identifie les
besoins en termes de services et de contenus, et se porte caution si nécessaire des informations
diffusées aux membres.
Le fournisseur de services et / ou de contenu. Une communauté doit être animée pour vivre, ses
membres doivent avoir accès à des services, à du contenu spécifique, à des services marchands,
qui proviennent de fournisseurs externes à la communauté. Pour être consommés, ces services
doivent apporter de la valeur à l’activité principale des membres.
L'opérateur intégrateur. L'animation électronique d'une communauté nécessite la fourniture, à bas
prix, des services souhaités par cette communauté. Deux approches sont actuellement
perceptibles, produit ou service. Dans le cas de l'approche produit, un opérateur propose un
1
Howard Reinghold met à profit son expérience des communautés virtuelles, cf. http://www.rheingold.com/associates/.
logiciel générique de gestion de communauté, à l'exemple de club.voila.fr. A l'inverse l'approche
service est la réponse à un cahier des charges spécifique produit par l'association,. C'est ce que
proposent de nombreuses sociétés de services en informatique.
Typologie des communautés d'intérêt
Selon un travail mené par Michel Tréheux, directeur de l'innovation de France Télécom (Tréheux,
1998), les communautés d'intérêt peuvent être classées en quatre grandes catégories : communautés
dites de filière, communautés de projet, communautés de service et communautés d'affinité.
Une communauté de filière existe lorsque l'intérêt est lié à la pratique d'une activité économique
commune. L'intérêt commun est repéré soit dans le cadre d'une association professionnelle, au sein
d'une même entreprise, les financiers ou les juristes d'un grand groupe par exemple, ou autour de
l'entreprise étendue : partenaires et sous-traitants qui gravitent autour d'un objet commun, un grand
distributeur et ses fournisseurs, le réseau mondial de General Motors et ses équipementiers, etc. Ces
communautés sont généralement très structurées, et souvent hiérarchisées. Les viticulteurs du
Bordelais ne sont pas exactement les mêmes que ceux de Bourgogne, et la fédération des caves
particulières possède un niveau national et des niveaux régionaux. Il y a donc une hiérarchie entre ces
communautés et entre leurs gérants.
Le deuxième type de communauté d'intérêt est la communauté de projet : l'intérêt est la réalisation en
commun par un ensemble de personnes issues d'horizons divers d'un objet dans un espace de temps
limité. C'est la construction du tunnel sous la manche, de la Twingo, d'un ensemble d'immeubles,
l'ouverture du capital de France Télécom, etc. Le chef du projet est le gérant naturel de la
communauté, et, au travers de son rôle d'animateur, il a en charge la bonne circulation de l'information
entre les membres de son projet. Les processus de travail identifiés dans ce type de communauté sont
souvent mis en ligne.
Les communautés de services sont le troisième type de communauté. Elles apparaissent lorsqu'un
ensemble d'individus se retrouvent au travers d'un service, maintenant électronique, qui structure la
communauté par son existence même. Ce modèle a fortement émergé aux Etats-Unis avec les BBS
(Bulletin Board Systems) et en France avec le Minitel, dont on a peu perçu la valeur d'usage
extraordinaire pour créer des communautés virtuelles. Internet regorge maintenant de telles
communautés, dont on pourrait citer à l'infini les exemples. On peut également en trouver les
archétypes dans les newsgroups. Le gérant de la communauté est de facto celui qui crée le service.
Enfin, le quatrième type de communauté d'intérêt est la communauté d'affinité qui existe lorsque des
personnes partagent une caractéristique commune en apparence simple. Ce sont les Chinois en France,
les Suédois sur la Côte d'Azur, etc. La non-existence d'un gérant rend ces communautés difficiles à
aborder. On peut néanmoins affirmer que, tel un nuage de gaz qui devient étoile grâce à l'action d'une
onde gravitationnelle, de telles communautés sont potentiellement des communautés de service, grâce
à l'action d'un entrepreneur qui investirait dans un service électronique.
Une fois précisée la notion de communauté d'intérêt et évoqués les premiers travaux effectués par
France Télécom pour comprendre la structure de ces organisations, nous allons expliquer comment
Internet s'introduit sur ce marché. Alors que les services en ligne se développent rapidement, pourquoi
les communautés d'intérêt apparaissent-elles comme un espace privilégié pour favoriser le
développement du commerce électronique et des services en ligne ?
Les conditions du développement d'Internet
L'économie mondiale est de plus en plus dominée par l'accès au savoir et l'échange d'informations, et
de moins en moins par la possession de matières premières. Ce n'est plus le produit, mais le service
qui fait la différence. Or, un service est une forme de relation entre le fournisseur prestataire et son
client. Comme toute relation, les services reposent sur l'échange d'informations. Mais l’information
surabondante pose le problème de la confiance qu’on lui accorde et qui est particulièrement cruciale
sur Internet.
Développement d'Internet : pourquoi, comment ?
L'Internet des années 60 (date de naissance) à 94 (arrivée à l'adolescence) obéit à des règles très
populaires à cette époque, basées sur l'autogestion. La manière dont les normes ont été créées, ou dont
les forums de discussion sont définis, à savoir un processus de discussion limité dans le temps suivi
d'un vote, en sont des exemples parfaits. Cet esprit originel subsiste encore fortement, même s'il
commence à être dilué dans l'Internet marchand.
Citons deux exemples : l'attitude envers le spamming. Le spamming (Spam est aux Etats-Unis une
boite de corned-beef de mauvaise qualité) se produit lorsqu'un individu, une entreprise, envoie des
courriers électroniques commerciaux non désirés à des individus, dont les adresses sont souvent tirées
par analyse des groupes de discussion. Les réactions sont souvent violentes, et on a vu des cas où le
"spammeur" se voyait retiré toute connexion Internet. Chaque fournisseur de services sérieux offre
généralement une adresse dont le nom est abuse@… qui permet à chaque individu de se plaindre
lorsqu'il a été victime d'email non désiré. Plusieurs sites Internet sont d'ailleurs consacrés au
spamming, et expliquent en détail les droits des internautes.
Un exemple plus récent est l'affaire Altern. Rappelons brièvement les faits : un internaute scanne dans
une vieille revue des photos de Esthelle Halliday en tenue d'Eve, et les met sur son site web, lequel est
hébergé chez un étudiant plutôt pauvre, qui offre ce service d'hébergement quasiment gratuit par
passion. Esthelle Halliday se retourne contre l'hébergeur, son avocat décide d'en "faire un exemple",
et le pauvre étudiant se voit condamné à verser 400.000 francs, bien au-delà de ses capacités
financières. Les internautes, au travers de leurs diverses associations, se sont ligués pour faire plier
Esthelle Halliday2, avec au final un règlement à l’amiable. Si nous insistons sur cette origine
"libertaire", c'est que ceci a un impact fort sur le modèle économique d'Internet, ou plutôt sur la
difficulté à en trouver un. Le mot gratuit a encore un poids très fort associé à Internet.
En revanche, sur ce mouvement, se sont greffés deux détournements. Le premier est le "venture
capital", qui, pour assurer les revenus des fonds de pensions, a constamment promu des secteurs à
forte croissance potentielle. Il ne faut pas s'étonner si Yahoo, moins de 1000 employés, pèse
maintenant 27 milliards de dollars (en juin 99). Comme beaucoup d'autres services pionniers sur
Internet, Yahoo a été conçu ainsi par le capital risque ! Et comme la Silicon Valley a su créer une
superbe machine à faire de l'innovation, ceci marche très fort. Les quelques chiffres de la Silicon
Valley sont impressionnants : au premier trimestre 1999, ce sont plus de trois milliards de dollars qui
ont été investis, dont une large majorité dans Internet. Chaque projet a reçu en moyenne 8 millions de
dollars au premier trimestre, et 11 millions de dollars au second. Le record de financement est
webvan, une société qui offre un serveur pour faire ses courses sur Internet (l’équivalent de notre
Télémarket), qui vient de lever 275M$ au second tour.
Le deuxième détournement d'Internet est politique, c'est le Vice-Président des Etats-Unis Al Gore qui
y voit le vecteur du nouveau développement Américain, la nouvelle ruée vers le cyber-ouest, en
quelque sorte. D'où le célèbre livre blanc de 94, dont l'importance à l'époque n'a été perçue que par
peu de gens en France. La proposition du Président Bill Clinton de faire d'Internet une zone hors taxe
est à considérer avec beaucoup de sérieux, avec le risque de déséquilibrer encore plus les échanges
économiques entre l'Europe et les Etats-Unis.
Ce qui est en train de bouleverser le paysage, c'est surtout qu'Internet est porteur non pas d'une, mais
de quatre ruptures profondes : une rupture technologique, une rupture de modèle d'investissement, une
rupture d'usage, et une rupture de modèle économique.
2
cf. http://altern.org/defense/ pour les événements, et surtout l’historique d’Altern sur http://altern.org/defense/histoire.html,
un excellent serveur pour comprendre le changement de modèle économique.
La rupture technologique. Internet est au téléphone ce que l'autoroute est au train : lorsqu'un TGV
est lancé de Paris à Lyon, son trajet est planifié, on peut raisonnablement penser qu'il ne
rencontrera pas de feux rouges, d'engorgement, etc. tout comme lorsqu'on appelle quelqu'un, la
communication est garantie sans coupure. A l'inverse, les voitures arrivent sur l'autoroute selon
des répartitions statistiques aléatoires. Si c'est engorgé, tant pis, sinon tant mieux. Internet
fonctionne selon ce schéma : best effort, pas de communication préétablie, pas de réservation à
l'avance.
La rupture de modèle d'investissement. Le développement des télécommunications s'est effectué
selon des schémas très dirigistes, qu'on trouve encore dans les programmes de R&D Européens,
basés sur de la pré-allocation de finances par secteur d'activité, et une planification sur cinq ans. A
l'inverse, le succès de la Silicon Valley est basé sur l’accompagnement des start-up, depuis la
détection des projets, l'incubation, le venture-capital premier round, mezzanine, deuxième round,
et une sortie soit au Nasdaq, soit par un rachat3. Ce modèle, très biologique, basé sur des concepts
très novateurs d'émergence des formes, qui finance de nombreux projets en "laissant faire la
nature" pour voir ceux qui sont efficaces, totalement opposé à l'idée de planification, a fait preuve
de sa remarquable efficacité. Pour illustrer ce fait par une image forte, il faut savoir que le temps
moyen entre le moment ou le futur patron pose son premier transparent, et la décision d'investir
dans la start-up est de vingt minutes dans la Silicon Valley.
La rupture d'usages. Là où les moyens de communications habituels (téléphone, télévision, etc.)
étaient mono-usage, Internet est porteur d'une multitude d'usages latents dont beaucoup sont à
découvrir encore. Il s'agit d'une nouvelle écriture, phénomène analogue à ce qui se passa quelque
part entre le Tigre et l'Euphrate il y a plus de six mille ans. Internet bouleverse totalement les
rapports entre les individus, et surtout entre les individus et les entreprises. Citons trois exemples :
Le premier concerne les malades atteints du SIDA, qui s'échangeaient des informations via
un forum spécifique. Cela a totalement changé le rapport entre les malades et les médecins,
ces derniers ayant affaire à des gens qui possédaient un niveau d'information et surtout de
partage d'expérience très élevé.
Le deuxième exemple concerne le bug du Pentium. Lorsqu'un individu Américain a
découvert le problème, il a d'abord écrit à Intel, qui lui a répondu que le pentium n'avait pas
de problème. Le quidam en question a publié sur Internet son expérience, et des milliers de
personnes ont pu voir qu'il y avait effectivement un bug, et surtout réagir et confirmer dans
le forum. Intel a été obligé de l'admettre, car en face de lui il avait non pas un individu qui
savait, non pas des milliers qui savaient, mais des milliers qui savaient que les autres
savaient :une forme d'intelligence collective, selon le titre du livre de Pierre Lévy (Lévy
1994).
Le troisième concerne l'offre France Télécom aux internautes, suite au discours d'Hourtin en
1997. L'opérateur offrait avec Primaliste Internet une grande réduction sur les numéros
d'accès aux fournisseurs d’accès Internet. En même temps, l'opérateur est passé d'un système
simple de tarification à la minute qui distinguait deux zones tarifaires, à un système à la
seconde en quatre zones. Un client a fait une étude d'usages très intéressante, et montre que
dans le meilleur des cas la nouvelle offre était 20% plus cher pour le client après la réforme
qu'avant, et que dans le pire des cas c'était 70% plus cher. Il a publié ce résultat sur ses pages
personnelles, et en a communiqué l'adresse Internet dans quelques forums de discussion
français sur ce sujet. Le résultat : France Télécom a été bombardé d'email, ses forums ont
été bloqués, et un site a recueilli dix mille signatures d'internautes en colère4…
3
Selon Alain Baritault (livre à paraître), le succès de la Silicon Valley s’explique également par une réaction face à
Microsoft, accusé de s’être approprié toute l’innovation en informatique. La tournure du procès de Microsoft est alors bien
une revanche de l’Internet…
4
Signalons au passage un élément important pour le marketing : lorsque l’on recherche France Telecom sur un annuaire
comme Yahoo, on trouve également une catégorie “ Avis des consommateurs ”, qui référence, entre autres, le site de la
pétition contre les tarifs de France Telecom. Ceci n’est pas spécifique à notre opérateur, par exemple chercher Walmart
Dans tous les trois cas, il y a eu partage d'informations dans une communauté d'intérêt, et cette
information est devenue savoir, passion, débats… Dans tous les cas, il est intéressant de voir que
le côté marchand, représenté par les médecins, Intel ou France Télécom, était moins bien
organisé, partageait moins d'informations, ou était plus lent à réagir, que les communautés de
clients.
La quatrième rupture est la plus importante, c'est la rupture du modèle économique. Il est vrai que
l’économie d’Internet est encore en train de se chercher. Néanmoins, on voit se dessiner des
modèles économiques nouveaux, avec des mécanismes d'achat et de revente de services à valeur
ajoutée personnalisés, et le reversement d'une quote-part à tous les intervenants sur la chaîne de
création de valeur. Ceci se dessine tant pour les services Internet professionnels, que pour les
portails5 traditionnels, qui gèrent d'importants réseaux d’affiliés6. Cette nouvelle économie est très
maillée, basée sur l’idée de partage de la valeur, et des mécanismes de fixation de prix basés sur
des rapprochements offre et demande, une économie en réseau, qui est fortement dynamique
(Keenan 1999). Les éléments clés de cette économie se nomment portails, réseaux d’affiliés,
intermédiations et communautés d’intérêt (Maître, 1999).
Les membres de la communauté, son gérant, les fournisseurs de contenu, les fournisseurs
d’applications, la régie publicitaire, l’hébergeur, le fournisseur d’accès, font l’objet de flux
monétaires dont la seule chose que l’on puisse dire actuellement est qu’ils seront très variés. Des
mécanismes d'achat et de revente de services se mettent en place, le gérant de la communauté
fonctionnant alors comme une centrale d'achat. Les modèles économiques sont différents entre l'achat
et la revente, celle-ci étant fonction des profils de membres. Le gérant se rémunère au passage, avec
en contrepartie une prise de risque. Ceci signifie par exemple la disparition de la quasi-unicité du
modèle de tarification des services de télécommunication basé sur la durée et la distance. Ce
phénomène a un impact également sur d'autres services, comme les voyages, et même l'achat de biens
marchands. On voit ainsi des entreprises commencer à offrir des liens vers des agences de voyage sur
leurs Intranet, avec l’intention d’en profiter pour négocier les prix.
Les services sur Internet
Les services qui intéressent les communautés sont en train de se développer à grande vitesse. Lorsque
l'Internet est né, ce sont d'ailleurs ceux-ci qui ont existé en premier.
Historiquement, les communautés électroniques sont apparues dans les années 1980, outre-Atlantique
grâce à un outil informatique qui se nommait le BBS, ou Bulletin Board System (Babillard en
Québécois), qui était un ordinateur que l'on appelait depuis son PC avec un modem. Le problème qui
se posait alors était le coup de l'appel téléphonique longue distance, qui réservaient ces BBS à des
communautés géographiques locales, jusqu'à ce que deux acteurs décident de mettre en place un
réseau privé, permettant à tous les Etats-Unis, puis à toute la planète, d'accéder à l'ensemble du
contenu et des outils de coopération de ces BBS. Ces deux acteurs se nommaient Compuserve et
AOL. En France, on ne dira jamais assez que le Minitel, que l'on qualifiait un peu facilement de
"rose", contenait également des embryons de communautés.
Néanmoins, si nous sommes actuellement aveuglés par la puissance du Web, ce “ Minitel multimédia
et planétaire ”, il ne faut pas oublier que les services pour les communautés ne sont pas seulement de
l’accès à de l’information, mais concernent aussi du travail en commun, des processus professionnels,
etc. On peut affirmer que nous ne sommes qu’à l’aube des services sur Internet, et que le nombre de
ceux-ci va exploser dans les dix ans à venir.
conduit, via la rubrique “ opinion des consommateurs ”, vers le site d’un individu qui raconte comment il a réussi à empêcher
l’ouverture d’un magasin dans sa ville. http://www.sprawl-busters.com/
5
Le portail est un point d’entrée sur Internet, qui offre comme service de base un moteur de recherche et un annuaire. C’est
un élément fondamental de la nouvelle intermédiation. Il s’agit de la traduction du mot Anglais “ Portal ”, lequel vient de la
société Portal, un ancien fournisseurs de services Internet qui vend maintenant un logiciel de facturation.
6
Yahoo a plus de cent mille affiliés.
•
Le courrier électronique, qui est l'élément de base de la gestion des relations horizontales entre les
membres, permet à deux ou plusieurs individus d'échanger entre eux des messages, et d'y attacher
des fichiers.
•
Le forum de discussion, qui fonctionne un peu à la manière d'un dazibao, permet à un collectif de
gens de poser des questions, vues par l'ensemble de la communauté, et d'y répondre. Ce service
est aussi ancien que le premier, et en 1964, le forum de discussion qui fonctionnait le mieux était
celui consacré à la science-fiction. Les forums consacrés à l'informatique ont explosé, car ils
intéressaient des individus qui avaient franchi l'étape de la connexion. Ce sont ces forums qui ont
provoqué le tollé contre Intel (cf. supra).
•
Depuis 1994, des services de travail coopératif ont vu le jour, basés soit sur un partage synchrone
(par exemple le “ Chat ” qui est un système de discussion en ligne ; ou les systèmes de conférence
avec partage de document) ou asynchrone (accès partagé à une base de documents).
•
Enfin, il faut mentionner toute la logique d’intermédiation, qui a conduit le développement des
portails que nous connaissons actuellement. Ils sont quasiment tous issus des moteurs de
recherche sur Internet. Le problème qui se posait alors était “ comment rechercher de
l’information dans cette jungle qui croît exponentiellement ”. Très vite, les moteurs de recherche
ont attiré les internautes. Les sociétés ont alors compris qu’elles devaient profiter de cette
audience pour développer des services annexes, a peu près tous les mêmes d’ailleurs : les cours de
la bourse, la météo, les newsgroups. Puis elles se sont développées vers le commerce
électronique, les voyages, le email gratuit, la cartographie, et maintenant la vente aux enchères, la
gestion des “ hubs and clubs ”.
Cette dernière logique de portail commence à adoucir la distinction entre les communautés et le grand
public. La liste impressionnante7 des services que propose Yahoo montre qu’une bonne partie
concerne les échanges horizontaux entre des membres de communautés.
Le développement du concept de portail a un impact fondamental pour le marketing des entreprises,
qui cherchent sur Internet à être justement le point d'entrée principal pour leurs clients. Lorsque les
portails se multiplient, l’individu, de plus en plus sollicité par ces nombreux points d'entrée, risque
d’être une fois de plus perdu, et aura tendance à privilégier une solution neutre lui donnant accès à
toutes ses communautés. C’est l'inter-communautarité, autrement dit l'appartenance d'un individu à
plusieurs communautés : une même personne fait partie d'une association professionnelle, de
l'association des parents d'élèves de l'école de ses enfants, des amateurs de vin, des mélomanes. Des
7
Yahoo est le précurseur en la matière. A côté de http://www.yahoo.com le moteur de recherche, la société offre comme service :
•
http://mail.yahoo.com/ le courrier électronique dans le réseau
•
http://weather.yahoo.com/ la météo
•
http://sports.yahoo.com/ les sports
•
http://tv.yahoo.com/ les programmes de télévision
•
http://finance.yahoo.com/ la bourse
•
http://greetings.yahoo.com/ pour envoyer des cartes de vœux électroniques
•
http://briefcase.yahoo.com/ pour stocker ses documents dans le réseau
•
http://mobile.yahoo.com/ pour se connecter via un assistant personnel
•
http://shopping.yahoo.com/ le shopping
•
http://radio.yahoo.com/ pour écouter de la radio sur Internet
•
http://auctions.yahoo.com/ les ventes aux enchères
•
http://maps.yahoo.com/ le serveur cartographique
•
http://messenger.yahoo.com/ le “ pager ”
•
http://calendar.yahoo.com/ la gestion d’agenda partagé
•
http://travel.yahoo.com/ pour acheter des billets d’avion, réserver des hôtel, des voitures de location, etc..
•
http://classifieds.yahoo.com/ les petites annonces
•
http://personals.yahoo.com/ la mise en relation interpersonnelle
•
http://games.yahoo.com/ les jeux en ligne
•
http://clubs.yahoo.com/ la gestion des communautés
•
http://chat.yahoo.com/ les discussions en ligne
Yahoo est en train d’assembler tous ces services via l’annuaire des membres.
En même temps que Yahoo, Digital avait lancé son propre moteur de recherche Altavista. Ce dernier n’est pas rentré dans la logique des
services associés. La sanction a été sévère, Altavista a été valorisé pour zéro dollar lors du rachat de Digital par Compaq.
logiciels permettant de gérer cette inter-communautarité voient tout juste le jour actuellement
(Intercommunauté de Lotus, egroups et sa version française le club voilà, DigitalMe de Novell).
Les communautés : un espace favorable à l'émergence de nouveaux modèles
économiques sur Internet
Sur la base des observations de Hagel et Armstrong, qui constatent que l'organisation en communauté
correspond à un comportement générique des consommateurs sur Internet, l'objectif de cette partie est
de montrer que la notion de communauté s'intègre dans une stratégie de création de valeur sur Internet
(Armstrong et Hagel, 1996).
Evolution des comportements de consommation
Depuis le début des années 1960, les comportements des consommateurs occidentaux se sont
modifiés, diversifiés, voire complexifiés. Selon Maffesoli, le nouveau consommateur est à la fois une
individualité et une part d'un être collectif. Il entretient une multitude de liens intenses mais
éphémères avec différentes tribus et papillonne de l'une à l'autre. Son comportement est plus
particulier que collectif. Il revendique, dans un total éclectisme, des comportements à la fois raisonnés
et affectifs, voire ludiques (Maffesoli, 1997).
Cependant, la délocalisation croissante des échanges et la distanciation des relations interindividuelles
renforcent le besoin de contacts et expliquent la montée d'une demande affective. Ainsi, comme
l'explique Laut, la notion de proximité n'est pas uniquement spatiale. Elle désigne également une
dimension plus diffuse et plus abstraite de contiguïté, faite de parenté, d'analogie, de liens, de
ressemblance. Elle ressort d'une appartenance commune, d'une territorialité partagée, d'une
communauté relationnelle qui traduirait de façon imprécise des nouveaux besoins d'affiliation et
d'attraction consistant à partager tant des valeurs et des codes que des émotions (Laut, 1998).
De telles modifications dans les comportements des consommateurs ont conduit les professionnels du
marketing et les chercheurs à s'interroger sur les conséquences de ces contraintes sur la pratique du
marketing des produits de grande consommation. Selon Badot et Cova, les propositions pour
développer de nouvelles approches marketing diffèrent en fonction d'une sorte de segmentation
géoculturelle (Badot et Cova, 1995).
Les Américains et les anglo-saxons semblent s'orienter vers la prise en compte du consommateur
comme individualité (on parle de one-to-one marketing ou de micro-marketing).
L'approche dite latine parie plutôt sur des consommateurs exprimant leur singularité en papillonnant
d'une communauté de consommation à une autre, d'une tribu à une autre. L'action marketing est
conçue comme un vecteur de lien communautaire, par exemple en mettant sur le marché des produits
et symboles destinés à favoriser les multiples appartenances tribales de chaque consommateur.
Services en ligne et communautarisme aux Etats-Unis
Arthur Armstrong et John Hagel ont tenté en 96 de spécifier quatre comportements génériques des
consommateurs qui s'inscrivaient bien au sein de communautés électroniques sur Internet : la
réalisation d'une transaction, l'identification à des objectifs communs, la création d'environnements
imaginaires ou nouveaux, et le partage d'expériences communes.
Le premier type de comportement se focalise sur l'achat et la vente de produits et services et vise la
réalisation d'une transaction. Les partenaires sont encouragés à interagir les uns avec les autres pour
échanger des informations et générer des transactions, et à ce titre ils créent une communauté. Les
visiteurs occasionnels de ces communautés peuvent acheter par exemple une voiture d'occasion sur le
conseil des membres de la communauté. Ainsi, la communauté génère de l'information sur les
transactions elles-mêmes. Mais elle n'est pas une communauté au sens traditionnel car les membres
n'ont pas entre eux des relations naturelles. Le gérant d'une telle communauté n'est pas nécessairement
un vendeur. Il peut être l'organisateur du marché en permettant à un grand nombre d'offreurs et de
clients de se rencontrer et en facilitant les transactions.
Le deuxième type de comportement identifié par Armstrong et Hagel est le besoin des consommateurs
de se retrouver au sein de communautés d'intérêt qui rassemblent des personnes qui interagissent de
manière intensive sur des sujets précis. Les communautés d'intérêt supposent plus de communication
interpersonnelle que les communautés de transaction.
Un troisième type de comportement est repéré au sein des communautés de jeux qui créent des
environnements nouveaux, des personnalités ou des histoires extraordinaires.
Enfin, le quatrième type de comportement est celui que l'on observe dans les communautés d'affinité
où les gens se retrouvent autour de certaines expériences de vie qui sont parfois très intenses et
peuvent créer des relations fortes entre les personnes. Armstrong et Hagel ne conçoivent pas ces
autres formes de communautés de manière exclusive. En effet, un internaute peut être à la fois
intéressé par réaliser des transactions, impliqué dans des relations interpersonnelles très fortes via le
réseau électronique, amusé par les environnements nouveaux et les jeux à plusieurs dimensions, et
curieux de rencontrer des inconnus en partageant sur le web un centre d'intérêt commun.
Pour Armstrong et Hagel, les communautés virtuelles sont un espace privilégié pour que se développe
un marketing relationnel nécessaire à l’optimisation des projets de commerce électronique. Ils
préconisent depuis 1995 d'encourager le développement des relations entre les clients des prestataires
de services en ligne qui constituent ainsi des communautés. Amazon par exemple invite ses clients à
donner sur chaque livre leur avis critique qui est publié en ligne et peut être consulté par tous les
visiteurs du site.
Des relations de confiance entre clients peuvent se développer comme dans la communauté créée par
eBay, un service d'enchères en ligne. Dans cette communauté, les membres sont à la fois clients et
offreurs de produits mis à prix pour la vente aux enchères. Les produits sont évalués et mis en vente
en ligne selon le système bien connu chez nous de vente aux enchères à la bougie, c’est-à-dire avec
une date limite. Les acheteurs potentiels ont ainsi la possibilité d'exprimer leur offre en direct. Le site
garde la trace des ventes effectuées, ce qui permet aussi d'alimenter la confiance entre les membres
qui est nécessaire à la réalisation des transactions. Surtout, les clients se notent les uns les autres, en
fonction de critères tels que la conformité du produit à l'annonce, le respect des délais de livraison et
la rapidité du paiement.
Cependant ces relations transversales entre clients restent limitées. En cas de mécontentement, un
client n'hésite pas à s'exprimer violemment, mais le fait de publier un tel message n'engendre pas
véritablement d'échange ni de discussion comme dans un forum ou encore dans la communauté
The Well, fondée sur l'existence d'affinités entre les membres. Comme le montre le rapport Rubric
(Rubric, 1999) qui a précisément étudié les relations clients des plus grands sites de commerce en
ligne, les préconisations de Hagel et Armstrong sont rarement suivies d'effets :
•
les sites de commerce électroniques ne sont pas pro-actifs dans la promotion et la vente croisée de
produits : 47% ne demandent pas aux acheteurs s’ils souhaitent de l'information sur des
marchandises en relation avec leurs achats, seulement 16% des sites envoient un courrier
électronique à leurs clients dans les 30 jours qui suivent l'acte d'achat. Au contraire, les acheteurs
indiquent que la personnalisation et le marketing croisé pourraient influencer leur propension à
acheter ;
•
les sites de commerce électronique ne personnalisent pas leurs offres afin de fidéliser les clients ;
•
ils n'essaient pas de construire des relations durables avec leurs clients. Un quart seulement des
sites reconnaissent un client qui a déjà acheté sur le site ;
•
les sites de commerce électronique ne communiquent pas réellement avec les clients. Alors que
57% des sites fournissent en libre service un moyen à leurs clients de vérifier la commande en
cours sur le site web, 40% des sites ne répondent pas aux demandes par courrier électronique.
Il n'est donc pas si facile de créer un sentiment communautaire et de développer des échanges
transversaux à partir des seuls liens électroniques !
Communautés et création de valeur sur Internet
La section précédente a montré que l'organisation en communauté correspond aux comportements des
consommateurs observés sur Internet. Mais comment l'existence de ces communautés s'intègre-t-elle
dans une stratégie de création de valeur pour l'entreprise ?
Selon Richard A. Segal Jr., président de l'agence de publicité Hensley, sans une stratégie de création
de valeur, les projets de commerce électronique vont seulement accélérer la standardisation des
produits et services (Segal 1999). Le développement des échanges électroniques permet en effet de
comparer les produits en ligne de manière plus efficace et d’automatiser la négociation ; il entraîne la
disparition de certains intermédiaires et la réduction des coûts de livraison et encourage les
consommateurs à exiger une baisse des prix. Pour que le commerce électronique se développe
pleinement, il faut rentabiliser davantage l’investissement réalisé sur les clients et les prospects, et
aller plus loin que des prix minima et des spécifications correctes en offrant des services innovants et
adaptés au profil de ses clients, avant d'en chercher de nouveaux.
Dans cette perspective, Richard A. Segal Jr. préconise de commencer par valoriser chaque client en
identifiant la plus-value réalisée par rapport à l'investissement humain, technique et financier.
L'objectif est ensuite d'augmenter la valeur de chaque client. L'existence de communautés de clients
permet de travailler sur la valeur de chaque segment, délimité par la communauté, ce qui est plus
facile. Néanmoins, le débat marketing fondamental est de savoir comment naissent et évoluent ces
communautés de clients.
L'analyse marketing nous invite à distinguer les communautés d'acheteurs constituées autour de
services en ligne et les communautés d'intérêt organisées off line.
L'approche marketing traditionnelle conduit à délimiter des segments qui ne sont en fait que des
groupes de consommateurs sans relation particulière les uns avec les autres. Dans la même ligne, la
méthode présentée dans Netgain, vise à favoriser la création de liens entre des clients qui, a priori, ne
se connaissaient pas (Armstrong et Hagel, 1997). A cause de ces liens, une communauté n’est plus
assimilable à du marketing sectoriel.
Dans un premier temps, les entreprises présentes sur Internet créent une communauté virtuelle entre
leurs clients en permettant aux consommateurs potentiels d’échanger de l’information sur le prix et la
qualité d’un produit. Il s'agit d'encourager les relations transversales sans intervention du marchand.
Pour cela, il faut donner la priorité aux intérêts de l’acheteur en lui donnant des informations sur les
produits concurrents, faciliter les discussions entre consommateurs sur un produit ou un service.
Ainsi, les vendeurs eux-mêmes n’ont rapidement pas d’autre choix que de participer à ces
communautés ; et les clients n'ont d'autre choix que celui d'accepter les vendeurs dans leur
communauté.
La création de liens électroniques avec les clients permet de gagner de l’audience et de la notoriété sur
Internet, il faut ensuite pérenniser ces liens en fidélisant les clients.
Gene Koprowski indique dans Marketing Tools que la fidélisation est basée sur la relation développée
par une entreprise avec ses clients, dans un environnement suffisamment personnalisé pour que
l’individu se sente mieux considéré qu’un consommateur perdu dans un marché de masse
(Koprokowski 1998). Les membres d’une communauté virtuelle sont d’autant plus enclins à être
fidèles au sponsor du site qu’ils ont un double moyen de partager l’information sur leurs besoins et
leurs expériences des produits et services, avec les autres clients membres de la communauté et au
travers d'une relation personnalisée avec le marchand.
Les communautés électroniques nouvelles se développent rapidement, surtout aux Etats-Unis, grâce à
la facilité d'adhésion (il suffit dans bien des cas de s'enregistrer en ligne, et la vérification des
informations est faible, parfois inexistante) et à la dynamique du marché qui crée un effet
d'entraînement. Yahoo, Xoom, Excite, Lycos, en sont des exemples classiques, tous construits autour
de l’idée primitive du moteur de recherche. Cependant, les membres de ces communautés ne sont pas
tenus par une relation de fidélité et de confiance comme dans les communautés d'intérêt
traditionnelles.
Celles-ci constituent en effet un espace privilégié, leurs membres se rencontrent régulièrement et
entretiennent des relations de confiance durables. Les échanges sont nombreux et multilatéraux.
La problématique de ces communautés est bien différente de celles des services en ligne qui cherchent
à produire un sentiment d'appartenance symbolique. Plus ou moins bien équipées en matériel
informatique et en moyens de télécommunications performants, les communautés d'intérêt
traditionnelles manquent d'expérience, ou d'assistance, pour imaginer de quelles manières exploiter
leur patrimoine en termes de savoir et savoir-faire partagés.
Quel est l'impact de l'introduction de nouveaux outils Internet sur ces organisations, sur les relations
humaines et sur les processus de travail ? Est-ce que les communautés d’intérêt favorisent le
développement des échanges sous forme électronique et/ou l'émergence de modèles économiques
rentables sur Internet ? Malgré la permanence des relations entre les membres et leur fidélité à la
communauté liée à un sentiment d’appartenance fort, les communautés réagissent à l'expérimentation
et à la mise en œuvre des moyens d'échanges électroniques en particulier sur Internet : difficultés de
mise en œuvre, transformation des liens réels en liens virtuels, dissolution du lien communautaire,
intensification des échanges…
Communautés : un vivier d'informations sur les clients à rentabiliser
Dans la section précédente, nous avons montré que l'existence de liens communautaires forts génère
de la valeur grâce au climat de confiance entre les membres, qui est favorable au développement des
échanges. Nous allons voir maintenant que toute communauté qui possède des informations sur ses
membres constitue un vivier exploitable facilement dans un monde électronique interconnecté.
L’intensité des échanges au sein d’une communauté constitue un capital d’informations très
intéressant sur le profil des membres de la communauté. C'est là que se rejoignent les différentes
approches anglo-saxonnes et latines du lien communautaire. L’hébergeur d’une communauté en ligne,
quelle qu'elle soit, peut traiter et capitaliser l'information sur chacun de ses clients afin de lui offrir
des produits et services sur mesure adaptés à ses attentes spécifiques, ou révélant parfois de manière
artificielle des besoins non exprimés. Pour cela, l'opérateur doit construire un système d'information
apprenant, c'est-à-dire une base de données susceptible de s'enrichir tous les jours en fonction de
nouvelles informations, ou bien des résultats du data-mining. Ainsi la structure de la base est amenée
à être modifiée pour permettre des interrogations différentes et nouvelles.
La question que se pose en permanence un marchand sur Internet à partir des bases d'informations
dont ils disposent sur ses clients est : quel produit vais-je pouvoir vendre à ce client précis ?
Ce processus est original car le plus souvent le marchand sur Internet n'est pas le producteur. Il ne
gère pas non plus de stock, mais se contente de jouer le rôle d'intermédiaire entre l'offre et la
demande. Toute sa valeur ajoutée se situe dans l'organisation et le traitement de sa base de donnés
clients qu'il peut aussi croiser avec d'autres bases qui existent depuis longtemps pour le marketing
direct hors Internet.
Par exemple Xoom se définit comme une plate-forme tendant vers le "0 gravity", c’est-à-dire gardant
un contact vers le client via Internet, mais envoyant des ordres d’achat électronique vers les systèmes
d’informations des sociétés fournisseurs de biens, charges à elles d’en assurer les aspects logistiques.
Hébergeant gratuitement des pages personnelles en 95, Xoom a progressivement enrichi son offre de
services en ligne gratuits afin d'augmenter son audience mondiale sur Internet, d'améliorer sa
connaissance des clients en définissant le profil de chacun d'entre eux, d'affiner ses méthodes
d'interrogation des bases d'informations afin de pouvoir en définitive provoquer des achats non
planifiés, “ à la manière des têtes de gondole dans les supermarchés ” (expression utilisée par Laurent
Massa, PDG de Xoom). Cette forme de marketing direct par le courrier électronique a des taux de
retour très impressionnants par rapport aux techniques classiques.
En définitive le marketing direct vers les membres d’une communauté contribue à augmenter la valeur
de chaque client. Il s'agit de combiner la personnalisation des offres avec le marketing de masse et la
définition a priori de segments cibles pour accroître la marge. A ce stade, les entreprises cherchent
aussi à transformer les visiteurs de leur site web en clients actifs en croisant leurs profils avec des
données externes et en leur adressant en mode push des arguments de vente personnalisés. La
communauté constitue en définitive une base de données clients très bien renseignée où le bouche à
oreille fonctionne d'autant mieux que les relations transversales entre clients sont intenses. On voit
bien ainsi la valeur ajoutée des communautés d'intérêt pour développer les transactions.
En amont de la chaîne côté fournisseurs, la création de communautés virtuelles permet de définir d'un
commun accord une répartition de la valeur créée. Les communautés d'affiliés à un site marchand sont
un exemple de communauté virtuelle professionnelle : les affiliés sont des partenaires commerciaux
associés sur le site au moyen d'une bannière, d'un lien, ou d'un espace réservé. La gestion des sites
affiliés à un site marchand consiste à définir le mode de présence de chaque partenaire (bannière,
logo, lien, ..) et le calcul de sa rémunération (forfait, pourcentage par rapport au nombre de visites ou
au chiffre d'affaires généré, …) et à élaborer un programme d'affiliation pour encourager les
rapporteurs d'affaires à investir dans la promotion et la vente des produits de leur partenaire et
organiser des événements communs (promotions, ventes groupées...).
Les sites affiliés sont choisis en général pour la proximité de leur cible avec celle du site leader, ou
l'intérêt stratégique que présente le développement d'un nouveau segment de marchés. Dans cet
exemple, la constitution d'une communauté virtuelle par l'entreprise leader permet de gérer de manière
électronique des relations de partenariat qui se déploient autant dans l'espace virtuel (définition des
espaces promotionnels, place des bannières sur le site, …) que dans le monde réel : les flux financiers
qui concernent la publicité et la promotion en ligne sont déjà très importants, alors que la vente en
ligne se heurte encore à de nombreux problèmes organisationnels (sécurité des échanges, moyens de
paiement, facturation…). Là encore lorsqu'une communauté d'intérêt existe déjà entre des entreprises
qui font des affaires ensemble, la gestion de leurs relations de partenariat sur Internet permet
d'automatiser les processus et d'organiser davantage d'événements conjoints.
Ainsi, l'existence de liens communautaires forts, fondés sur un intérêt commun et qui créent entre les
membres la confiance et un sentiment d'appartenance, favorise le développement des échanges
électroniques. Les communautés constituent un environnement propice à la recherche de rentabilité et
à l'émergence de nouveaux modèles économiques sur Internet.
Les communautés entre une logique barbare et une logique de rentiers
Un combat est en train se mener autour des communautés d'intérêt, entre les offreurs de solution vers
les communautés traditionnelles, riches de passé, mais avec des difficultés plus ou moins marquées à
se transformer, et les nouveaux offreurs de services sur Internet, qu'ils soient portails généralistes
comme Yahoo, Excite, ou Xoom, ou bien services spécifiques comme Ebay, Delphi, le Club Voilà,
etc.
Xoom s'intéresse aux "hubs and clubs", communautés professionnelles des avocats, médecins,
agriculteurs, qui commencent à se voir offrir des services spécifiques sur ces portails. AOL possède
18 millions d'abonnés enregistrés, dont probablement 200 000 à 300 000 médecins qui ont déjà leurs
propres services. Face à cela, France Telecom propose des services bientôt accessibles à toutes les
catégories de professionnels : médecins, spécialistes, infirmières, pharmacien. Il s’agit des offres de
raccordements (Liberalis), des services accessibles via le portail Egora, et de la possibilité d’envoyer
et recevoir des feuilles de soins électroniques avec un logiciel éditeur agréé par la Caisse Nationale
d’Assurance Maladie intégré dans l’offre Wanadoo Santé. France Télécom travaille avec les
représentants des différentes professions du secteur pour définir et mettre en place ces services qui se
greffent sur le Réseau Santé Social (RSS).
Quel est le paysage qui se dessine actuellement ? On voit bien émerger deux extrêmes de modèles
communautaires. Le premier est celui des communautés construites à partir d’un portail. Le sens en
est donné par l’augmentation du commerce électronique, via l’amélioration de la connaissance du
client grâce au suivi de ses usages, facilité par l’électronique (et surtout aux Etats-Unis par la
législation qui permet de croiser tout et n’importe quoi ; par exemple le croisement avec la base de
données sur les accidents de voiture…). Les membres sont attirés par la convivialité et des services
gratuits, mais la communication entre les membres est plutôt pauvre. Il s’agit bien d’une logique de
barbares, sans passé, qui vise l’audience via la captation de clients avec des méthodes marketing
parfois agressives. L’exemple le plus sauvage est buy.com, dont la valeur créée se traduit par le mot
d'ordre : “ tout au prix le plus bas ”. Si on trouve moins cher dans les sept jours, buy.com propose ce
prix moins 10%.
Le deuxième modèle est celui de la mise sur Internet des communautés déjà constituées, dans une
vision plus professionnelle. Le sens en est la fidélisation des membres de la communauté, par l’apport
de services permettant à chacun d’améliorer son travail au quotidien, au travers de la facilitation du
partage d’informations, de la mise à disposition d’outils sous-tendant les processus de travail. Un
exemple typique est les associations de viticulteurs, dont un des soucis est de mieux résister au
“ harcèlement textuel ” de la Commission Européenne, en permettant aux membres de mieux
comprendre les impacts des textes et règlements pour leur activité ; et, pourquoi pas, à terme, de
pouvoir échanger avec les fonctionnaires au niveau du processus de fabrication de ces règlements. Il
s’agit bien d’une logique de rentier, qui consiste à continuer de capitaliser sur les acquis d’un passé
lointain, qui a permis de réaliser dans le temps un climat de confiance.
Logique de barbare
Logique de rentier
Promoteur au centre
Multiples acteurs
Ticket d’entrée technologique faible (ce sont déjà Coût d’entrée élevé (apprendre à se servir d’un
des internautes)
ordinateur et à se connecter)
Economie basée sur l’audience
Economie basée sur la répartition de la valeur
ajoutée
Services gratuits et généralistes
Services professionnels et payants
Entrée facile, mais fidélisation faible
Entrée sélective, fidélisation forte
But : commerce électronique
But : fidélisation des membres
Tableau 1 : comparaison entre les logiques de barbares et les logiques de rentier
Des modes d'organisation de communautés apparaissent aussi qui combinent la logique barbare qui
consiste à offrir des services en ligne simples à utiliser par tous, et la constitution d'espaces réservés à
des communautés d'intérêt avec des services ad hoc. C'est une manière d'utiliser la dynamique des
barbares et de valoriser le patrimoine des rentiers. Par exemple Business-Village.com et B2B.fr, qui
se présentent comme des sites de référence pour les professionnels. Les visiteurs doivent s'identifier,
c'est-à-dire enregistrer leurs coordonnées dans l'annuaire du site, pour accéder à des services
génériques, informations thématiques avec possibilité de construire un journal personnalisé,
consultation d'appels d'offres et traduction de document.
Ces services sont parfois payants. Ils peuvent aussi reposer sur des partenariats comme Télépost de La
Poste qui permet d'envoyer au choix un courrier sous format papier, électronique, fax ou messages
EDI. Les partenariats supposent que l’organisateur de la communauté s’entende avec le fournisseur de
services sur un mode de calcul et de reversement d'une quote-part du chiffre d'affaires généré.
Business-Village et B2B hébergent aussi des services destinés à des communautés spécifiques, dont
l'accès peut être totalement protégé et réservé aux membres de la communauté, ceux-ci décidant de
l'adhésion de nouveaux membres. Il peut s'agir aussi de communautés ouvertes fédérées autour d'un
thème transversal à plusieurs professions et accessibles à tous les clients du site sur simple déclaration
de leur centre d'intérêt, comme on visite un salon professionnel. Ainsi, les professionnels membres de
la “ communauté-mère ”, Business-Village ou B2B, peuvent aussi adhérer à une ou plusieurs souscommunautés. L’utilisation croissante des services en ligne génériques est susceptible de révéler une
demande pour des prestations sur-mesure sur un espace réservé, et donc la création de souscommunautés.
Un autre mode de convergence entre logique de barbares et logique de rentiers est l'évolution
constatée aux Etats-Unis des portails B to B vers des portails verticaux dits de communautés.
Structurés par secteur d'activité ou par métier, ces portails proposent une documentation très complète
sur les produits de la branche et offrent des services gratuits d'échange d'informations et de
communication au sein de la communauté. Par rapport aux portails généralistes, leur avantage est de
constituer des cibles marketing plus étroites, plus pérennes du fait de l'existence de liens
interentreprises, et donc plus faciles à fidéliser par le commerce électronique.
Les trois points fondamentaux sur lesquels s’appuie le développement des communautés d’intérêt sur
Internet sont l’annuaire qui permet de gérer différents niveaux d’accès et qui est le point de départ
d’une base de données qualifiée de clients membres de la communauté ; le service client (gestion des
membres, valorisation des services, gestion comptable et facturation) qui est assuré en partie par le
représentant ou le gérant de la communauté d’intérêt, et en partie par l’hébergeur ; l’organisation des
relations entre les acteurs de la chaîne de valeur et le calcul de la répartition de la valeur ajoutée.
Les gagnants du combat entre les barbares et les rentiers seront les premiers à maîtriser ces trois
fonctions. L’enjeu est de taille : pour les uns, être un distributeur au niveau planétaire ; pour les
autres, fidéliser une population autour d’intérêts communs. L’outil Internet est fantastique, et son
potentiel est à peine révélé, et surtout, il est porteur à la fois d’une nouvelle économie, basée sur une
répartition de la valeur ajoutée puissante, mais aussi d’une nouvelle société, basée sur une plus grande
richesse dans les rapports humains.
Le terrain de jeu est mondial, le jeu est très rapide, les acteurs sont nombreux, et les petits ont leur
chance. C’est un débat passionnant qui se profile.
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Internet et les PME, avec
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