Des femmes rabbins et des femmes prêtres
Enjeux et débats autour de la féminisation des fonctions de ministre du
culte
Mémoire réalisé par
Justine MANUEL
Promoteur
Prof. Walter LESCH
Lecteurs
Prof. Didier LUCIANI
& Prof. Vassilis SAROGLOU
Année académique 2014-2015
Master en Sciences des Religions, finalité approfondie
Faculté de théologie (TECO)
Université Catholique de Louvain Faculté de Théologie
Des femmes rabbins et des femmes prêtres
Justine Manuel
2
Je tenais à présenter mes sincères remerciements à :
Mon promoteur, le professeur Walter LESCH, pour l’écoute et le soutien dont il a fait preuve à
mon égard,
Mon amie Zoé COMMÈRE pour sa relecture pointilleuse et ses conseils ô combien précieux,
Et au soutien indéfectible dont a fait preuve Charline SERVAIS au cours de la rédaction.
Université Catholique de Louvain Faculté de Théologie
Des femmes rabbins et des femmes prêtres
Justine Manuel
3
Université Catholique de Louvain Faculté de Théologie
Des femmes rabbins et des femmes prêtres
Justine Manuel
4
Introduction
En janvier 2015, l’Église d’Angleterre a ordonné sa première femme évêque, Libby
Lane, après que le Synode ait voté pour l’ouverture de l’épiscopat aux femmes en novembre
2013. Parmi les Églises luthériennes, Maria Jepsen a été la première femme à être nommée
évêque en 1992 en Allemagne. Kinneret Shiryon, ordonnée rabbin en 1981 aux États-Unis est
quant à elle la première femme rabbin à avoir occupé cette fonction en Israël. Au Pays-Bas, la
théologienne Catharina Halkes fut la première femme à occuper un poste universitaire et à
donner cours de 1983 à 1986. En 1994, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des
sacrements autorise officiellement les jeunes filles à être enfant de chœur. Les trente dernières
années sont riches de ces exemples de femmes qui furent autorisées à et qui devinrent les
premières dans leur domaine. Mais avant de connaitre l’ouverture de certaines fonctions et les
premières nominations de femmes à des postes jusqu’à présent réservés à des hommes, le
chemin fut souvent compliqué pour celles-ci. Que ce soit dans leur rapport aux institutions
religieuses, mais aussi avec les croyants qui ne voyaient pas toujours d’un bon œil ces
changements, les femmes ont par l’éducation, mais aussi et surtout par la pratique, cherché à
faire reconnaitre leur existence dans leurs communautés religieuses, ainsi que leurs
contributions. Ce parcours pour une ouverture des ministères aux femmes est encore parfois
difficile dans certaines Églises et communautés, qui refusent parfois même d’envisager l’idée.
Il est intéressant d’observer que ces mouvements de revendications pour les femmes
ont aussi et d’abord traversé les sociétés, notamment à partir de la fin du XIXème siècle et ce
jusqu’à aujourd’hui. Ces mouvements féministes ont œuvré à la transformation des structures
et des institutions (politiques, sociales, familiales,…), à l’évolution des mentalités, tout en
renouvelant leurs combats au fur et à mesure du temps et des changements déjà opérés. Le
terme évolution est à comprendre ici comme changement, c’est-à-dire l’instauration de
nouveaux modes de pensées, sans qu’il y ait un jugement positif ou négatif ; bien que l’on
puisse l’envisager aussi comme définissant un sens de l’histoire, qui tendrait dans notre cas
vers une égalité totale des hommes et des femmes.
Université Catholique de Louvain Faculté de Théologie
Des femmes rabbins et des femmes prêtres
Justine Manuel
5
Les sociétés européennes et nord-américaines connaissent ainsi à partir du XIXème
siècle les premières revendications pour l’accession des femmes à des droits considérés
comme fondamentaux (droit de vote, émancipation, …). Mais certaines revendiquent de plus
l’accès à des métiers considérés comme masculins : médecin (en France, la première à
occuper cette fonction fut Madeleine Brès en 1875), ou avocate (en France, Jeanne Chauvin
en 1900), ou encore femme politique : Marguerite De Riemaecker-Legot fut la première
femme belge à devenir ministre en 1965. Elles investissent aussi les écoles et les universités.
Mais malgré des réussites successives, législatives notamment pour une plus grande égalité
entre hommes et femmes dans les sociétés, les mouvements féministes perdurent et se
transforment, face à l’impression d’une persistance de ces inégalités et des systèmes de
pensées infériorisant la femme. En effet, les lois maintenant les femmes dans une position
d’infériorité ont été abrogées et des efforts sont faits pour parvenir à une plus grande parité au
sein de l’espace public, mais le système patriarcale de certaines sociétés domine encore dans
les mentalités et structure les rapports entre les individus et les institutions.
Les mouvements et revendications féministes internes aux religions sont souvent nés
dans le même temps que les mouvements séculiers. Les changements à l’œuvre dans les
sociétés sont constants. Sous la pression de ses membres et de l’émergence de nouvelles
idées, les modes de pensées se transforment et influencent ainsi les divers éléments
composant les sociétés. Les religions en sont un, et ont pendant longtemps orienté les
systèmes de pensées de leur communauté. Au cours du XXème siècle les religions ont vu cette
influence se réduire et les sociétés se transformer souvent sans elles. Les institutions
religieuses ont parfois longuement refusé de les prendre en compte, car contraires à leurs
valeurs. Les religions ont en effet considéré certaines de ces revendications comme des
ingérences du monde profane dans le fonctionnement du culte religieux et sacré, voyant par
exemple dans les mouvements féministes le délitement d’une vision traditionnelle de la
famille et donc de l’ordre naturel de la société.
La féminisation de la société, c’est-à-dire l’émergence progressive des femmes au sein
de la sphère publique, avec des prises de paroles plus fréquent et l’élaboration d’un discours
spécifique, cette féminisation a, malgré certaines réticences, eu des conséquences sur les
1 / 86 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !