Université Catholique de Louvain – Faculté de Théologie
Des femmes rabbins et des femmes prêtres
Justine Manuel
Les sociétés européennes et nord-américaines connaissent ainsi à partir du XIXème
siècle les premières revendications pour l’accession des femmes à des droits considérés
comme fondamentaux (droit de vote, émancipation, …). Mais certaines revendiquent de plus
l’accès à des métiers considérés comme masculins : médecin (en France, la première à
occuper cette fonction fut Madeleine Brès en 1875), ou avocate (en France, Jeanne Chauvin
en 1900), ou encore femme politique : Marguerite De Riemaecker-Legot fut la première
femme belge à devenir ministre en 1965. Elles investissent aussi les écoles et les universités.
Mais malgré des réussites successives, législatives notamment pour une plus grande égalité
entre hommes et femmes dans les sociétés, les mouvements féministes perdurent et se
transforment, face à l’impression d’une persistance de ces inégalités et des systèmes de
pensées infériorisant la femme. En effet, les lois maintenant les femmes dans une position
d’infériorité ont été abrogées et des efforts sont faits pour parvenir à une plus grande parité au
sein de l’espace public, mais le système patriarcale de certaines sociétés domine encore dans
les mentalités et structure les rapports entre les individus et les institutions.
Les mouvements et revendications féministes internes aux religions sont souvent nés
dans le même temps que les mouvements séculiers. Les changements à l’œuvre dans les
sociétés sont constants. Sous la pression de ses membres et de l’émergence de nouvelles
idées, les modes de pensées se transforment et influencent ainsi les divers éléments
composant les sociétés. Les religions en sont un, et ont pendant longtemps orienté les
systèmes de pensées de leur communauté. Au cours du XXème siècle les religions ont vu cette
influence se réduire et les sociétés se transformer souvent sans elles. Les institutions
religieuses ont parfois longuement refusé de les prendre en compte, car contraires à leurs
valeurs. Les religions ont en effet considéré certaines de ces revendications comme des
ingérences du monde profane dans le fonctionnement du culte religieux et sacré, voyant par
exemple dans les mouvements féministes le délitement d’une vision traditionnelle de la
famille et donc de l’ordre naturel de la société.
La féminisation de la société, c’est-à-dire l’émergence progressive des femmes au sein
de la sphère publique, avec des prises de paroles plus fréquent et l’élaboration d’un discours
spécifique, cette féminisation a, malgré certaines réticences, eu des conséquences sur les