espèces de mollusques et 239 espèces de poissons sont observées à Mayotte. L’île accueille
également une extraordinaire diversité de mammifères marins. On compte notamment six espèces de
dauphins, 17 d’espèces de cétacés (soit 22 % des espèces mondiales) et encore le dugong (Dugong
Dugon), espèce particulièrement menacée qui est à l’origine du mythe des sirènes. Deux espèces de
tortues se reproduisent sur les plages de l’île, la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) et la tortue
verte (Chelonia mydas). Enfin, Mayotte abrite 668 hectares de mangroves et 10 000 hectares
d’herbiers marins qui hébergent 270 espèces d’algues. Six aires marines protégées couvrent 4 548
hectares, soit seulement 3 % de la surface du lagon (Gabrié 2007). Les ressources humaines et
financières restent insuffisantes pour assurer une protection efficace de ces zones de protection.
Pressions existantes – La forêt primaire de Mayotte a presque entièrement disparu en raison de
pratiques agricoles anciennes, mais aussi de la pression foncière entraînée par l’expansion
démographique récente. Elle n’occupe maintenant plus que 3 % de la superficie de l’île (Pascal 2002).
L’ensemble des forêts naturelles résiduelles de Mayotte est menacé, mais la situation la plus
préoccupante est sans doute celle des forêts sèches et mésophiles, dont il ne reste respectivement
plus que 360 hectares et 85 hectares (DAF 1999). Les menaces les plus importantes sont la
fragmentation et la destruction des habitats naturels par le développement d’infrastructures ou de
routes, mais aussi la multiplication d’espèces exotiques envahissantes végétales qui étouffent la
végétation naturelle. Par exemple, l’avocat marron (Litsea glutinosa), une espèce de Lauracée
envahissante, recouvre plus de 9 % de la surface de l’île (Labat 2003). Depuis une trentaine
d’années, une érosion préoccupante des bassins versants due à la déforestation, à l’agriculture sur
brûlis et au surpâturage provoque un envasement croissant du lagon de Mayotte qui entraîne une
dégradation générale des récifs et des herbiers de l’île. Les plages de Mayotte sont encore
relativement préservées, mais l’accroissement des capacités hôtelières de l’île risque perturber ces
milieux très fragiles. L’implantation prévue d’un hôtel sur la plage de N’Gouja, notamment, pourrait
affecter les populations de tortues qui fréquentent cette zone jusque-là préservée.
3.3.2) MENACES NOUVELLES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Il n’existe que très peu de données sur les impacts actuels ou potentiels du changement climatique
sur la biodiversité à Mayotte. De la même façon que pour l’île de La Réunion, cette problématique est
pour l'instant identifiée par les acteurs de terrain comme une menace secondaire. Les enjeux
écologiques les plus inquiétants sont la déforestation, la sédimentation progressive dans le lagon, les
plantes envahissantes, mais aussi la pénurie d’eau et le stockage des déchets. Les acteurs de terrain
craignent que le changement climatique ne mobilise les minces capacités de recherche de la région et
se place en concurrence avec d’autres enjeux qu’ils jugent plus graves. Cependant, le changement
climatique risque d’affecter Mayotte à plusieurs titres.
Les dernières reliques de forêts naturelles de l’île risquent d'être affectées par les modifications des
conditions climatiques. La migration probable des espèces végétales en altitude pourrait déstructurer
les équilibres naturels et accélérer la propagation de certaines plantes exotiques envahissantes. Les
forêts humides de crête sont particulièrement menacées par une augmentation de la température, car
elles ne pourront pas migrer plus en altitude, étant déjà à la limite supérieure de leur aire de répartition
bioclimatique.
Les plages et les écosystèmes côtiers sont également des milieux particulièrement vulnérables au
changement climatique. L’élévation du niveau marin pourrait provoquer une érosion des plages de
Mayotte, encore particulièrement bien préservées, et menacer la faune et la flore associées à ces
milieux. La dégradation des plages entraînerait un impact collatéral sur les populations de tortues qui
y déposent leurs œufs. Ces espèces seraient également menacées par une élévation de la
température qui aurait des effets sur les conditions d’incubation de leurs œufs et limiterait leur
capacité de reproduction (cf. encadré 3.5).
Mayotte a connu deux épisodes importants de blanchissement des coraux depuis les 25 dernières
années. En 1982 et 1983, près de 36 % des récifs frangeants ont blanchi. En 1998, la vague de
chaleur qui a touché l’ensemble de l’Océan Indien a entraîné un blanchissement de 90 % des coraux
sur la plupart des pentes externes de l’île. La mortalité des coraux blanchis était de 80 % un an après
la vague de blanchissement (Turquet). Le taux de récupération des coraux après un blanchissement
est donc relativement faible à Mayotte. Cette faible résilience de l'écosystème corallien s'explique
sans doute par des perturbations d'origine locale, qui n'ont rien à voir avec le changement climatique :
mauvais traitement des eaux usées, sédimentation terrigène liée à la déforestation, etc. Il est par
conséquent urgent de prendre des mesures très fortes pour la préservation du lagon de Mayotte,