Université de Montréal
Avoir ou être dans les formes verbales composées :
Conflits, usages et choix des grammairiens dans l'histoire
du français de 1500 à 1789
par
Douglas L. Rideout
Département de linguistique et de traduction
Faculté des arts et des sciences
Thèse présentée à la Faculté des études supérieures et postdoctorales
en vue de l’obtention du grade de Philosophiæ Doctor (Ph.D.)
en linguistique
Septembre 2013
© Douglas L. Rideout, 2013
Résumé
En français contemporain, l’hésitation dans le choix entre être et avoir comme auxiliaire dans
les formes verbale composées (par ex. le passé composé) de certains verbes intransitifs (par ex.
tomber), surtout dans des variétés non standards du français, démonte clairement l’écart qui existe
entre le français normé et le français oral quotidien. Cette hésitation, voire l’incertitude, dans le
choix de l’auxiliaire n’est pas une particularité arbitraire ou aléatoire de la langue contemporaine;
elle s’inscrit plutôt dans une tendance diachronique et pan-romane que l’on a pu observer dans la
langue française depuis son émancipation du latin.
Notre étude, qui se fonde sur la théorie de la grammaticalisation, propose une analyse du
discours grammatical de 1500 – époque où sont apparues les premières grammaires du français –
jusqu’à 1789 avec la Révolution française, signalant le moment où la langue se serait stabilisée et
aurait adopté sa forme moderne.
Nous divisons les trois siècles de notre étude en quatre périodes distinctes, déjà bien établies
dans les études historiques. Ce sont :
- Le XVIe siècle (1530-1599)
- La première moitié de la période classique (1600-1650)
- La deuxième moitié de la période classique (1651-1715)
- Le Siècle des lumières (1716-1789)
Pour chacune des quatre périodes, l’analyse se fait en trois temps. Premièrement, nous
recensons les grammairiens, les lexicographes et les essayistes qui se sont prononcés, soit
explicitement, soit implicitement, sur l’emploi des auxiliaires être et avoir dans les formes verbales
composées (FVC). Nous identifions, là où cela est possible, le dialecte maternel de chaque auteur
et son modèle d’usage. Deuxièmement, nous résumons les observations et les commentaires sur
l’emploi des auxiliaires dans les FVC formulés par chaque auteur, y compris les tentatives
d’explication quant à la variation dans le choix de l’auxiliaire. Finalement, nous rapportons la
description de l’emploi des auxiliaires dans les FVC proposée par des historiens de la langue
i
française pour la période en question.
Notre étude nous permet de confirmer, en ce qui concerne les FVC, certaines tendances déjà
reconnues dans la langue française et d’en identifier d’autres. Également, nous avons pu repérer,
voire circonscrire des facteurs qui ont eu une influence sur le choix, tels les verbes plus sensibles à
l’alternance, les grammairiens dont l’autorité s’est imposé plus que d’autres ou avant les autres dans
l’établissement de la norme sur ce point, les contextes sociaux dans lesquels le débat a eu lieu et la
période pendant laquelle les préoccupations sur ce choix était les plus intenses.
Mots-Clé : Auxiliaire, grammaire française, XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, diachronie,
changement linguistique, grammaticalsiation, alternance.
ii
Abstract
In contemporary French, the hesitation in the choice between être and avoir as an auxiliary
verb in compound verb forms (i.e. the passé composé) of certain intransitive verbs (i.e. tomber),
especially in non-standard varieties of French, clearly demonstrates the gap that exists between
normative French and everyday spoken French. This hesitation, or uncertainty, in the choice of the
auxiliary is not an arbitrary or random characteristics of contemporary French; it falls squarely within
a diachronical and cross-Romance trend that can be observed in the French language since its
emancipation from Latin.
This study, which is based on Grammaticalisation Theory, is an analysis of grammatical
discourse from 1500 - the era when the first grammars of French appeared - to 1789 and the French
revolution, a period when the language is said to have been standardised and its modern form
established.
The three centuries that this study covers are divided into four distinct periods, already well
established by previous historical studies. These periods are :
- The 16th century (1530-1599)
- The first half of the Classical Period (1600-1650)
- The second half of the Classical Period (1651-1715)
- The Enlightenment (1716-1789)
For each of these four periods, there are three levels of analysis. First, we identify the
grammarians, lexicographers and essayists who, explicitly or implicitly, express their views on the
use of the auxiliaries avoir and être in compound verbs forms, as well as, where possible, their native
dialect and the model of French (usage) they promote. Second, we summarize the observations and
commentaries of each author on the choice of auxiliary in compound verb forms, including any
attempts to explain the variation attested during the period. Finally, we look at the description, for
each period, of the use of auxiliaries in compound verb forms put forward by historians of the French
language.
iii
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