LES ACTIVITES SOCIOTHERAPIQUES EN PSYCHIATRIE En psychiatrie, les activités sociothérapiques font partie intégrante de la pratique infirmière. Ces activités sont des soins à part entière nécessitant des techniques particulières. Comme tous les soins infirmiers, ces activités sont régies par des règles et déterminées par des objectifs .Elles font partie du proiet thérapeutique individualisé. Définition Les activités sociothérapiques peuvent être à visée occupationnelle et se définissent comme: « un ensemble d'actions offertes au malade dans le cadre de sa prise en charge thérapeutique pour préserver ses capacités de vie (travaux artisanaux, activités de la vie quotidienne, de culture ou de loisir) » Elles peuvent être à visée thérapeutique et se définissent comme: «un ensemble d'actions inscrites dans un projet thérapeutique individualisé qui vise à conserver, développer ou instaurer l'autonomie du malade et de ses capacités relationnelles, physiques, gestuelles et lou créatives» Le rôle l2illl2re infirmier D'un point de vue historique, depuis toujours les soignants prenant en charge les malades mentaux ont eu à cœur de leur proposer des occupations, avec parfois des rémunérations ex : pécule. Dans les années 80 sont crées, au sein des secteurs psy, des structures visant à prendre en charge des patients dans le cadre d'activités sociothérapiques . En effet, si la mise en place d'activités médiatrices du soin peut se faire dans tous les types de structures, certaines, telles que le Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel orientent essentiellement leur travail vers la resocialisation et l'autonomie du patient à travers d'activités sociothérapiques . Cadre législatif Il est défini par le décret du 29 iuillet 2004 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'infirmier. articles 2. 5. 6 Art 6: «Dans le domaine de la santé mentale, (...) l'infirmier (e) accomplit les actes et les soins suivants: Activités à visée sociothérapeutique individuelle ou de groupe Surveillance et évaluation des €,gagements thérapeutiques qui associent le médecin, l' infirmier(e) et le patient.» Art 7: «entretien individuel et utilisation au sein de l'équipe pluridisciplinaire de techniques de médiation à visée thérapeutique ou psychothérapeutique ». Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier doit or2:aniser et animer ces activités. Le but de son travail est de permettre au patient de mobiliser ses capacités créatives au travers d'activités. , Les activités peuvent se faire sur prescription médicale, ce qui les rend obligatoires pour certains patients et renforce le cadre et l'action thérapeutiques. Les activités médiatrices du soin se font individuellementou en 2:roupe . En individuel comme en groupe, il peut s'agir d'une prise en charge ergothérapeutique, orthophonique, psychomotricienne, kinésithérapeute et/ou infirmière. Le 12atient face à l'activité Le choix de la participation d'un patient à un groupe d'activités se fait en éQuipe pluridisciplinaire sur proposition du ou des référents (de l'activité et/ou du patient) . Cette activité doit être adaptée aux besoins du ,patient, elle fait partie de la prise en chanre 2:lobale et continue de ce dernier. Le plus souvent, le soignant référent de l'activité et le soignant référent du patient lui" proposent l'activité. L'expérience montre que le soignant doit stimuler le patient et lui insuffler le désir de venir, de rester et de participer. En effet, il semble utopiQue de penser qu'il suffit d'attendre l'émergence du désir du patient ou de miser sur la dynamique du groupe pour que se mette en place une activité. L'activité est médiatrice du soin, elle permet au patient, avec l'aide du thérapeute, de mettre des mots sur certaines émotions, d'éprouver de la satisfaction à dépasser ses appréhensions, à réaliser des objets, à être plus autonome. Enfin, l'activité en individuel ou en groupe a pour objectif de faciliter la relation à l'autre dans un cadre particulier. de rompre l'isolement et de créer du lien. Le patient face au groupe L'atelier peut être constitué: d'un groupe fermé, c'est-à-dire d'un groupe déterminé une fois pour toutes; d'un groupe semi-fermé, dans lequel peuvent s'intégrer des personnes extérieures; d'un groupe ouvert à de nouveaux patients. Le nombre minimum et maximum de patients pouvant s'intégrer au groupe sera prédéfini . Le groupe a une fonction socialisante. Pour le patient, il est un lieu d'échan2es interindividuels dans un cadre particulier. Le groupe est un lieu de socialisation qui implique une notion d'engagement du patient vis à vis des autres, engagement d'une présence dans un cadre défini et d'une participation à une activité. Le rôle du soignant est d'accompa2ner le patient en l'aidant à s'insérer dans le groupe, en observant son comportement, en comprenant la place qu'il occupe et dans quelles circonstances. Le cadre et l'organisation Quand les soignants désirent organiser une àctivité en groupe, ils doivent penser tout d'abord au cadre. .11semble que l'activité elle-même, l'unité de lieu et de temps soient importantes, néanmoins le cadre est garanti avant tout par le ou les soignants référents de l'activité et du groupe. 7 critères Le temps Déterminer le rythme des séances, leur durée, le-durée d'une session et ses éventuelles coupures durant les vacances des référents .En effet, l'équipe peut décider qu'il est nécessaire qu'il existe une coupure dans le temps, structurante pour les patients car elle pointe le manque ou le fait que la continuité est indispensable. Le lieu Prévoir une salle adaptée et disponible pour réaliser l'activité en groupe, l'existence d'une salle de sport, la proximité d'une piscine, etc. Parfois « être obligé» de changer de lieu, de modifier les horaires si les raisons en sont données aux patients, permet une ouverture, une verbalisation et surtout de repositionner le cadre. Une exception est faite pour les ateliers qui s'adressent aux patients atteints de troubles cognitifs: pour eux l'unité de lieu et de temps est un repère indispensable La médiation utilisée L'impact recherché tant sur un plan relationnel qu'au niveau de la tâche à réaliser: les objectifs globaux de l'activité et les objectifs individualisés à chaque patient Le public auquel elle s'adresse Les référents de cette activité (profession, formations complémentaire) La procédure d'évaluation et de transmission: je mets par écrit? qu'est-ce que j'observe? qu'est-ce que EXEMPLE: Le temps: l6h-16hlO Le lieu: le salon de l'unité La médiation utilisée: Jeu de dames L'impact recherché: entrer en relation avec un patient taciturne qui se livre peu, qui exprime un sentiment de persécution, recueillir des données autour de sa façon de jouer, de se référer à la règle du jeu, de supporter une relation brève autour d'un jeu de société, référence au besoin de communiquer et de se divertir. Diagnostique infirmier: isolement social lié à la crainte d'une intrusion de l'autre dans son espace intérieur . Le public: un patient persécuté, renfermé sur lui-même. Les référents de cette activité: infirmier référent du patient. La procédure d'évaluation et de transmission: cf impact recherché. Le rôle infirmier L'infirmier peut participer à l'entretien d'admission du patient pour comprendre ses motivations et évaluer l'orientation qui lui sera proposée. (cela dépend de l'organisation du service) Lors des groupes, l'infirmier doit développer des techniques d'animation de groupes thérapeutiques à la fois sur la personne et sur le groupe dans son ensemble: veiller au bon fonctionnement du groupe, que tous les participants trouvent leur place, faciliter l'admission de nouveaux participants, canaliser les comportements d'agressivité, temporiser les relations interpersonnelles très denses, faciliter la communication dans le groupe, établitun contactdifférentavec le patient dans le cadre de la relation d'aide, encourager chaque patient dans sa progression (soit au niveau de l'activité même, soit dans le contact qu'il peut développer avec les autres patients...). Les soignants doivent: prendre en compte la dynamique de groupe et favoriser le processus thérapeutique, mais il devra absolument s'a~stenir d'intervenir sur un mode trop interprétatif. dynamiser le groupe, parfois la relation est très pauvre avec peu d'élaboration verbale. Stimuler et parfois insuffler le désir de venir, de rester, de participer, Etre vigilant au temps que passe le patient dans le groupe (éviter la chronicisation), le but est souvent la réinsertion) La qualité de la réalisation n'est pas l'objectif que l'on doit atteindre à tout prix au cours de l'activité. C'est un parcours que l'on effectue avec le patient. Les groupes doivent être un tremplin, un lieu de passage. Le travail qui est effectué lors des groupes est discuté et retransmis à l'équipe.