été administrée aux souris dans certaines
formules et par certaines voies, il a été signalé
que cela avait provoqué le déclenchement
du diabète et, après plusieurs injections, des
réactions allergiques graves chez les animaux.
Réussite chez l’être humain ?
Chez l’être humain, les progrès dans ce
domaine ont été plus lents que chez
les rongeurs. Trois protéines différentes
– l’insuline, l’acide glutamique décarboxylase
65 (GAD 65) et la protéine de choc
thermique 65 – ont été testées en tant
que vaccins. Des études connexes ont été
réalisées dans le cadre d’autres conditions,
comme la sclérose en plaques et l’arthrite
rhumatoïde. Aucun effet secondaire significatif
n’a été observé autre que, dans certains
cas, des réactions cutanées à l’endroit de
l’injection.2,3 Dans le cas de la protéine
de choc thermique 65, il y a eu certaines
preuves scientifiques d’une réduction de
la réaction immunitaire contre les cellules
bêta ainsi qu’une augmentation du nombre
de cellules productrices d’
interleukin-10
;
cette étude doit toutefois être confirmée.2
Le service d’immunologie, d’infections
et de maladies inflammatoires du King’s
College de Londres, Royaume-Uni, en
collaboration avec nous, a développé
un test sanguin qui a recours à la
technique ELISPOT. Cette dernière
est capable de détecter de façon fiable les
modifications de la réaction immunitaire
des lymphocytes T aux cellules bêta.
Il est intéressant de signaler que, en
utilisant ce test, des cellules productrices
d’interleukin-10 protectrices contre les
cellules bêta ont été trouvées chez plus de
60 % des personnes non atteintes de diabète.
Il s’agit peut-être d’une des façons dont
l’organisme se protège naturellement contre
le développement du diabète de type 1.
Le test sanguin a également été utilisé pour
identifier au moins trois fragments différents
de protéines des cellules bêta auxquelles les
personnes atteintes de diabète de type 1
réagissent habituellement.4 Ceci est
important car il est probable que, pour
assurer un traitement efficace, en particulier
une fois que le processus de la condition a
commencé, les lymphocytes T protecteurs
devront être induits contre autant de parties
différentes de la cellule bêta que possible.
Des programmes sont en cours pour
commencer des études sur des êtres
humains en utilisant un de ces fragments
sous la forme d’une injection. Les recherches
initiales pour vérifier la sécurité et la
capacité de l’induction de lymphocytes T
régulateurs dans le sang seront réalisées sur
des volontaires atteints de diabète depuis
plus de cinq ans. Ces personnes n’ayant
plus de cellules bêta, il est donc impossible
que l’injection, si elle est administrée de
façon incorrecte, aggrave leur condition.
Les informations collectées dans le
cadre de ces études sur la sécurité et les
variations de la réaction immunitaire seront
utilisées pour élaborer un futur traitement
pour les personnes chez qui le diabète a
récemment été diagnostiqué. Des études
relatives à l’allergie au chat chez les humains
suggèrent qu’administrer les fragments de
cellule bêta dans de l’eau salée uniquement
– évitant ainsi les irritants utilisés pour
stimuler la réaction immunitaire des vaccins
conventionnels – constitue une méthode
efficace d’induction de cellules protectrices.3
De l’espoir pour l’avenir
Nous ne sommes qu’à l’aube du
développement de vaccins protecteurs contre
les conditions auto-immunes comme le
diabète de type 1. Nos connaissances limitées
des façons dont le système immunitaire se
y Colin Dayan
Colin Dayan est professeur consultant en
médecine auprès de la University of Bristol,
Bristol, Royaume-Uni. Il est actuellement
Directeur de recherche clinique auprès du
Henry Wellcome Laboratories for Integrative
Neuroscience and Endocrinology au sein de la
University of Bristol et consultant honoraire
en diabète et endocrinologie auprès du Bristol
Royal Infirmary, Bristol, Royaume-Uni.
Références
1 Peakman M, Dayan CM. Antigen-specific
immunotherapy for autoimmune disease: Fighting fire
with fire? Immunology 2001; 104: 361-6.
2 Raz I, Elias D, Avron A, Tamir M, Metzger M, Cohen IR.
Beta-cell function in new-onset type 1 diabetes and
immunomodulation with a heat-shock protein peptide
(DiaPep277): a randomised, double-blind, phase II
trial. Lancet 2001; 358: 1749-53.
3 Oldfield WL, Larche M, Kay AB. Effect of T-cell peptides
derived from Fel d 1 on allergic reactions and cytokine
production in patients sensitive to cats: a randomised
controlled trial. Lancet 2002; 360: 47-53.
4 Arif S, Tree TI, Astill TP, Tremble JM, Bishop AJ,
Dayan CM, Roep BO, Peakman M. Autoreactive T cell
responses show proinflammatory polarization in
diabetes but a regulatory phenotype in health.
J Clin Invest 2004; 113: 451-63.
protège normalement contre les conditions
auto-immunes signifient qu’il ne s’agit pas
d’une science exacte ; les chercheurs espèrent
qu’une découverte chanceuse leur permettra
de trouver une forme efficace du vaccin.
L’enjeu est important. Nous pouvons à
présent identifier avec une précision de plus
de 90 % les personnes qui vont développer
un diabète de type 1 – cinq ans ou plus
avant qu’elles ne le découvrent elles-mêmes.
Il est donc envisageable d’administrer le
vaccin à ces personnes avant qu’elles ne
développent des taux élevés de glycémie. Si
une forme du vaccin s’avérait sûre et efficace,
cette découverte pourrait potentiellement
libérer ces personnes des injections
d’insuline. Ceci est notre ultime objectif.
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Juin 2005 Volume 50 Numéro 2
Orientations futures