circulotion ou en projet », observe Jérôme Blonc (université Lumière

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« L0 France est le plys d'Europe on compte le plus de monnates locales en
circulotion ou en projet », observe Jérôme Blonc (université Lumière Lyon 2).
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REPORTAGE, DIDIER BERT
PHOTOGRAPI{IES, LAURENT CERINO / ADE
t'40NNAlES L0CALES i Eomprendre
Ayont cours ou en projet,
Ies monnoies locoles ont le
vent en poupe. Pos moins de
25 circulent déjù en Fronce,
dont l'élef, à Chombéry. Et les
projets se multiplient, telle lo
gonette à Lyon. Dépossont
le cercle des militonts, leur
odoption por lo populotion et
les commerçonts sous-tend
un enjeu mojeur. en foire
un véritoble outil de
développement économique
soutenoble ù l'échelle locole.
Un dé1r qui requiert le soutien
des collectivités locoles.
Acteurs de l'économie - Lo Tribune l9l
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a trentaine d'adhérents de 1'associatLon
La Gonette srllonne dé1à Li,on pour tis,
ser un réseau d'une centaine de commer-
Çanls prêls à accepter la monnaie 1oca1e
ci'ici à septembre. Des ateliers participa-
trfs travaillent à la création des billets :
graphisme, sécurisation par fi.ligranes,
elc Tous 1es sujets sont ouverts à 1a par-
ticipatron. Et les décisions se prennent
par consensus. comme 1es 25 monnaies
locales circulant déjà acLuellement en
France. 1a gonet[e n'a pas vocatlon à rem-
placer Ieuro. ( es monnaies sonL prontrrc>
par des associallons de citol.ens désireux
de s'assurer que ieurs dépenses restent
dans 1e circuit économique ioca1. Une
vingtaine de monnaies alternatjves sont
en projet.
DYNAMTSME FRANçAtS
« La France e-st le pays d'Europe on
compte le pLus de monnaies locctles cn circu-
lation ou cn pro1et, obsen.e Jérôme B1anc,
maîlre de conlèrences en sciences éco-
nomiques, à l'unir.ersité Lumière Ly,on 2,
auteur de Les À,fonnaies parallèles - I-lnité
et dLlersit| du JaiL monétaire . Cts recherches
cl'innot'ations monétaires montrent une
dynamiqte de réflexton, de contestdtion et
de proposition dont Lcs so.iatés .iviles sont
c ap abl e s auj otu' cl' lui. »
ii laut remonter aux années 1980 en
Amérique du Nord pour trou\rer trace des
premlères initiatir.es de monnares locales.
Le passage à 1'euro a servi de facteur
déclenchant en Europe. « l)rins la zone
e,-rro, I'dbandon des monnotts ndtionales ctLt
pro.fit d'une ntonnaie géréc par la Banque
c e ntr al c etr r o p é e nn e a a cc entu é L' élo igne m en t
à l'égard de la mowtatd, précise Jérôme
Blanc. Ce n'esr plus qtrelque chose de sanc-
tuarisé. » Désacralisée, 1a monnare s'envi-
sage désormais hors de la sphère bancaire
traditronnclle. Ellc p,ul etre cenlree -ur
Llne commllnallté de valeurs, et peul ser-
vir d'outil de mobilisation autour d'une
conception alternative de 1'économie , qui
delend une meilleure prise en compte de
I hurnain et de l'enr.ironnement dans les
cr'hrngc: com mcrciau r.
PAS SEUTEMENT BIO !
« Noiis valorison-s des enLreprists qui s en-
gogent à.1'au'e àubien au terrLtoire ». décrit
\.{arion Ducasse. coordinatrice de 1'asso-
ciation La N,lonnare Autrement, à Cham-
berr. qui a lrnce I elcl en nor crnbre. .\
présenl, ce sont 25 000 é1els - soit autant
d'euros - qur circulenL clans 1a préfecture
de la Sar,oie CompLe tenu des valeurs
affichées par ies monnaies 1oca1es. 1es
magasjns cle produits biologiques sont
sou\rent les premiers à rejoindre ces
réseaux. « On s'attend moins à trouycr LLne
pltarnla,it. ioti\i nl tr:irl lr c (r trr'r( i/?icrg,'i/ci
chiniqtte », relève Dominrque lvfatheron,
titrrl.rilc dc a pharrnrcrc dcs Elcphant>.
dans Ie centre-vi1le chambérien Le phar-
macien a été L1n des premiers à accepter
1'é1e1. « Cette monnaie n'est pas spéculctti,-e .
Elle nous replace comm. acteLLrs de notre
consommatiotl ». se lélicite-t-il.
92 iActeurs de I'économie - Lo Tribune N'125, Avri 2015
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« Les monnaies
locales ne sont
spéculatives et
nous replacent
pas
comme acteurs
de notre
f40NNAlES L0CALES r Comprendre
« une des clés d'acceptation par le grand public est que l'État
accepte les paiements d'impôt dans ces monnaies,
Lélef a introduit des dr-ccl-rssions enlre
ie pharmaclen et ses saianés. « -l'ai inte r-
pcllé mes emplol,é5 siLr. lt'Lrrs habitudes dc
c cu.t s onrttcLtiotr. reLate - t-r1. Nou.s ré-fl echi s-
sons en.scnrb/c ri lrr po-ssihihti dt r,erser ttnc
/'.ttti, ./,. .i,rlniri. ..,t,. /nirrr. ./,'1,1. .. EL
(c clients I I nc r r.rn.-.r. t ion cn .n\,n naie
locale ouvre à des discussions plus iarges,
par exemple quant à La manLère de se
déplacer, obsen-e Don-rinrque N,,latheron.
DES FOURN!SSEURS LOCAUX?
Un des impacts recher-chés par ces mon,
naies est 1a relocaLisalion des achats à
proxin-Lité des entreprises. « Le.s erfcls
rr1 termds dt d1.,;elttppcntent local sotLLe-
noble appctaiss.nr dlr rrul,ers de nouvelles
corrnelion-s marchandes qtri se notLcttt clans
r:es clispositift, exphque Jérôn-re 81anc.
De-s proft s-si oilr els changcn I clc lb Lr rnrsscu r-s
/'.'ll/ ,c/d,,ri i', r /. trr* n1';,',,, iri,,r1t, rrr, rri:. ..
Arnsi, Dominique N,latheron envisage
cle faire appel à des lournisseurs régio-
naux d'huiles esser-rrie11es plutôt qu'aux
trrnds qr\)upr 5. Lc phrrmrrcien J arrs,j
changé de magasin pour acheter ses pro-
cluits d'entretren, qu'il paie désorrr.rais
en é1ef dans une bor-rtique de produits
hiologiqucs. A Charnbe-r. unc lrcnlaine
d'entreprises locales. e sse ntie llement
chan-rbéner-rnes. acceptent I'é1ef. D'auLres
Ir.rppent a la porrc dc I l.soci.rr ion p,,ur
être agréées. \,larion Ducasse alfiche
1'oblectil cl'aueindre 1a centaine cLe par-
tenaires d'ici :i 1a fin de l'année. « Nlou-s
ilargirun.s le pûtmètre dans lt pdrc nattnel
régiondl des Bcniges et l'atant-pcn,s scvo,rnrd
powr dvnanttser lc-s .,4/ières clicnts-.fournLs-
sÉ1175 en ctrcuit-s aortrt-s. » Les associalions
porteuses des monnaies Locales sé1ec-
tionnenl leurs parlenaires en fonclion
c1e ler-rr aclhé,.ion à leurs r:aleurs socié,
tales et envilonnementales. Les entre-
prises peur,ent de.1a ar.oir des pratrques
conlormes à ces r-aleurs. \,,lais el1es
peu\.ent aussi rejoindre 1e réseau ar-ec la
seuie volonté de s'en rapprocher par des
actions concrèles. « Nous ctccomp.ignons
iLr .r, /ctrrs io(idu-\. 1,.,o//,, tiritcs /..,,,r/.s.
les comnrrcctnis, dans un chemlncment t,ers
de-s ralelris plus humcLines er i?spccrlid1r,sc-s
de I'enyironnetncnt ». soulrgne Sébastien
Tagliana. chargé de la promotion cle La
gonette. Le d1-n2pit*e de ce réseau de
partenaires esL londamental pour 1a mon-
naie loca1e . Pius r1 s'é1argir, plus 1e public
peul utiliser sa monnaie locaie.
SUSCITER LA CONFTANCE
Pour convaincre 1e grand public, 1e pre-
mier argument est d'offrir un iarge réseau
dj \onrmercanls parienlircs. ce qui pcr-
met à la monnaie 1ocale c1e circuler et
au public de 1ur accorder sa confiance.
Autre argumenL, lors de la conversion
dans un comptoir de change - auprès de
1'association ou d'un colxmerçant parte-
naire -, un bonus esl sou\renl accorclé.
Pour 20 euros. le particulier recoit
21 unités de rnonnaie 1oca1e. sacl-Lant que
.,llc ci .l torti,,urr un, plrite:1 titlc rret
l'euro, soit 5 7n de pouvoir d'achat sup,
plemenlaire. Les euros sont versés dans
1e lclnds de réserve de l'association. afin
c1'assurer 1a convertibilité permanente c1e
1a monnate locale en euros.
La plupalt des associations choisissenl de
déposer leurs euros ar-rprès de banques
coopératir.es (Crédir coopérartl. Crédit
municipal, etc.). perÇues comme proches
de leurs yaleurs. La Société llnancière
de 1a Nel compte re.joincire ce duo. Dès
réception de son agrémenl - attendu dans
1es prochains mois -. la Nel prévoit c1e
proposer aux associations porteuses de
monnaies locales cl'utiliser lcurs londs
c1e résen'e dans des itrojets locaux. « Lrr
Nef pourra rf .fincrncer La1 prü à wtc inLttct-
tive localc er1 l. g.1r.1nri-ss ant grdce atr liyret
à'epargnc dt la ntoataie locctlc ,, explique
Ir.an Chaleil. responsable du développe-
ment commercial de la Nel. Ce finance-
ment ( bouclerait 1a boucle » du circurt
iocal, ar,ec une n-Lonnaie qui lait lor-lrner
1es commerces de proximité et un fonds
de résen,e mrs iru sen:ice cles initiirtir-es
1ocerles.
Avant cl'en arrir-er 1à. ia monnaie locale
doit obtenrr la plus grande crrculaiion
N'l25,Avr I 2015 Acteurs de l'économie - Lo Tribune i93
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Comprendre IY0NNAIES L0CALES
possible . « On r.,oit becLucorLlt de projtts
tn gcst.lfion, constate ir-;rn Chaieil. À4cris
il \, tr un stctde d{J-.cib tt dépcLsstr, celui cle
La t,ingtttint de profr-s-sionncls rigrids ct cles
20A adhértnts. Si clle nt .J'rcntcl'üL p(.ts c( cap,
jc ire .sLris lrds roirruir'rcu qtielle sc pérennise . »
Tout 1'enleu réside dans certe propaga-
tion parmi 1e publlc et les enrreprises.
« Les ciisposirtls en Fronce sont tr.op pe tits
pottr atoir LLn impact significatil à l'échelle
LocaLc ,. déplore Jérôme Blanc. Faure cle
dépasser Le cercle des premiers adhérents,
dé.1à conr.aincus de longr,Le date, I'or-rLi1 de
mobilisation tourne à r.ide .
UNE DYNAMIqUE À ENTRETENIR
Or, l'essoufllemenr transforme 1e cercle
vertuellx en cercle r.icieux : moins utiii-
sée, la monnaie locale perd de son altrait
pour ies commerÇarrts. qur quittenL 1e
rése;ru, dlssuadanr clar.antage 1e public
de Le reloindre C'esL ce qui s'esl proclurt
clans Ie sud c1e l,{rdeche , Ia luciole .
pren.rière monnaie locale rhônaLpine ai ait
été lancée en 2011 autour du canron des
\/ans. « lct, le ntLlictt e-sü h,yper. ctlte rnutif ,
précise Prerre N,lante, colondateur de la
luciole. On s est clit cltLc çd alloit mcn'clte r ! »
En lll,rilts de sir nt,,is. tlnc cinqLtrnLltnc
de cor-nmerçanls avait rejoinl le réseau.
N'lais 1e non-Lbre de partrcuiiers a stagné
entre 100 et 15Ll sur r,rn bassin de popu-
lalion estimé à 20 000 habttants Pierre
N,{ante reconnaît un manque d impli-
cation locale de 1a part cie 1'association.
n.ralgré 1'organisation c1e soirées-débats
qui avaient pet:mis de dl.namrser ie ian-
cemenf. « Attltttu'd'llai. ça lir.ote... On n'1,
c pcis rnLs ,tsse: Llrltcrgie. » Lassociation
s'apprete à relancer la lucioie en tirânt 1es
1eçons de l'expénence. Un salarié sera
embauché pour développer 1e clialogr-re
avec Ie tissu associatif 1ocal et ar,ec 1es
mairies. La iuciole devra aussi obtenir c1e
nou\.eaux linancemenls âuprès des co1-
iectivités Locales.
LE RÔLE DÉcIsIF
DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Les pour-oirs publics sLrnt en eflet 1es prin,
cipaux contributeurs du lancemcnt des
monnares locaies. Cette année . la Résion
Rhône-A1pe s remboursera 50 des
clépenses de 1a gonette, dans 1a limrte de
45 000 euros À Chambér,v, la moitié dr,r
br-rclget 2014, année du lancement, a été
hnancée par 1es colleciri,iLés locales. Ces
aicles permeltent d'embaucl-rer des salariés
pollr structllrer la démarche et pour é\.i-
ter i'essoufflement des bénér,o1es. u Fcttrc
t'it,re une nl0nnclie locqle nécessLte beaucotqt
de tralail,l,olrr ess,rlrr d'étendre le rescau r.lc.s
prestataires, soullgne Jérôme B1anc. 1l .[rur
LLne cutintdtion cluine patt être durablt sotLsltr
.formt dtt bénét,olat. » La lol Hamon adoptée
l'été dernier pourrait donner un coup de
pouce allx monnaies locales, les reconnais-
sanl colxme moyen de paiernent. On peut
rmaginer qLle 1es trésoreries pr-rb1ic1ue s et
1es collectivités locales ecceptent Les pare-
ments en monnate locale. « Une dcs cles
d'ossimilcLtton par le grtutcl ptblic ;sr qir.r l'Ercr
.souscrite att pdiement d'ünpôt rTan-s ccs nron-
n.1ies », alfirme Jérôme Bianc. Les usirgers
irourraient par exemple pa;,er ieurs Lirres
J( lrln>fOlL en CLrmmUn cn ll1,'nrrri-
locaLe. Et 1a qonette pourrait prendre 1e
métro pour étendre son réseau. ,,J
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