Le Mouvement de Lausanne après le Cap. Évolution et perspectives
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Unis, à cause de l’influence de leurs médias : il a fermement dénoncé cette captation de
l’image du christianisme
19
.
Et de résumer, de façon lapidaire mais pertinente, ce qu’il a perçu de
l’actuelle réalité évangélique mondiale lors de CT 2010 : « Le congrès l’a
démontré : les Américains ne sont plus le phare du christianisme
20
. »
21
Le Très Révérend Henry Luke Orombi, Archevêque de l’Église d’Ouganda,
s’exprimera, pour sa part, en ces termes lors de la dernière soirée du congrès :
Chers frères et sœurs en Christ,
Je vous salue dans le précieux nom de notre Seigneur Jésus-Christ, le Roi des rois et le
Seigneur des seigneurs ! J’espère que vous avez apprécié le temps que vous avez passé sur
le magnifique continent africain ! Je crois que Dieu est en train de réaliser une œuvre
grande et puissante à travers toute l’Afrique en ce
XXI
e
siècle. En 1900, seuls 9 % des
Africains étaient chrétiens, soit environ 10 millions d’habitants sur un total de 107 mil-
lions. En 2000, le pourcentage des chrétiens s’est accru pour atteindre environ 46 %, soit
360 millions de chrétiens sur une population totale de 784 millions d’habitants.
Dans le même temps, on a noté un déclin tragique du nombre de chrétiens engagés, pra-
tiquants, dans le monde occidental, en raison d’un faible taux de natalité et de la sécula-
risation. Dans son livre
The Next Christendom
(La prochaine chrétienté), Philip Jenkins
écrit : « En 2025, 50 % de la population chrétienne se trouvera en Afrique et en Amé-
rique latine et 17 % en Asie. »
19.
Alain N
ISUS
, « Le Congrès missionnaire de Lausanne III à Cape Town 2010, Continuation de l’esprit d’Édim-
bourg 1910 ? »,
Perspectives Missionnaires
, 2010/2, n° 60, p. 59-66, p. 59-60.
20.
Hannes Wiher, pour sa part, conclut de l’importance de la délégation américaine (400 personnes) que
« l’influence américaine était perceptible dans tous les domaines » (voir W
IHER
, « Édimbourg 1910 et son centenaire »,
p. 78), mais telle n’a précisément pas été le ressenti des participants, en tout cas de ceux que nous avons rencontrés…
Ceci dit, nous partageons, au moins partiellement, la critique formulée par C. René Padilla (in P
ADILLA
, « The Future
of the Lausanne Movement », p. 87) sur la « carte de ce qu’on appelle les groupes de personnes non atteintes [par
l’Évangile], carte préparée par le Groupe de travail stratégique de Lausanne. […] [De] l’avis de nombreux participants
ayant une vraie connaissance de terrain quant aux besoins d’évangélisation dans leurs pays respectifs, la carte des
groupes non touchés ne rendait pas justice à leur situation. » Mais pour Pierre Berthoud, doyen honoraire de la faculté
Jean Calvin d’Aix-en-Provence, l’accent mis, lors de la rencontre où cette carte a été présentée, sur « la nécessité de
poursuivre la tâche d’évangéliser les personnes qui n’ont pas encore eu l’occasion d’entendre l’Évangile » implique deux
choses : « la disponibilité des Écritures pour ces populations encore non-atteintes soit sous forme de traduction écrite
soit sous forme de narration orale. […] [Un] appel aux Églises de continuer et même d’intensifier la proclamation de la
Bonne Nouvelle et l’implantation de nouvelles Communautés (d’Églises). In Pierre B
ERTHOUD
, « Africa welcomes the
Universal Church, The Lausanne III Congress in Cape Town »,
European Journal of Theology
XXI/1, 2012, p. 60-68,
p. 61 (notre traduction). Ainsi le rappel de l’urgente nécessité d’atteindre les populations non encore atteintes aura été
pour les participants un réel stimulant pour discerner les populations non-atteintes de leurs pays respectifs, mais aussi
pour trouver les moyens de les atteindre. Voir par exemple le témoignage de Raphaël Anzenberger dans ce sens in « Ce
qu’ils ont retenu »,
Christianisme aujourd’hui
, décembre 2010, n° 11, p. 9 : « Nous sommes tellement préoccupés par
notre réalité franco-française que notre responsabilité vis-à-vis des peuples non-atteints nous échappe. Nous avons peu
de générosité pour les autres ethnies. C’est vrai aussi pour les musulmans de France et les autres ethnies dont nous
déléguons l’évangélisation aux missionnaires étrangers. »
21.
Alain Nisus, cité in Christian W
ILLI
, « Des évangéliques déterminés à achever leur mission »,
Christianisme
aujourd’hui
, décembre 2010, n° 11, p. 4-5, p. 5.
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