Si l’évolution du climat et notamment le réchauffement (+0,6°C depuis 1950) au cours
des dernières décennies et son origine anthropique sont maintenant bien avérés,
l’amplitude des changements futurs dépendra des émissions anthropiques de gaz à
effet de serre, et donc des efforts d’atténuation. Etant donné l’inertie du système
climatique, même si des politiques efficaces de réduction des émissions étaient mises
en œuvre, la stabilisation du climat n’interviendrait pas avant 2080-2100. Trois types
de changements des caractéristiques du climat sont probables :
- Des dérives tendancielles de température, plus ou moins marquées selon les régions
- Une augmentation de la variabilité saisonnière et interannuelle du climat,
- Une augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements extrêmes
(canicules, sécheresses édaphiques, précipitations intenses).
Selon de 5ème exercice du GIEC (2013), le réchauffement à moyen terme (2035)
resterait modéré quel que soit le scénario ; le réchauffement à long terme (2100) serait
important et contrasté en fonction des scénarios, mais pourrait dépasser 4°C en
Europe. L’Europe du Sud devrait subir un réchauffement beaucoup plus rapide que
l’Europe du Nord en été, et le réchauffement hivernal serait plus rapide sur l’Est et le
Nord de l’Europe. Les précipitations devraient être plus fortes sur le Nord de l’Europe
et plus faibles sur le Sud (y compris sur la partie méridionale de la France). Des
périodes sécheresse plus prononcées et nombreuses et des vagues de chaleur plus
fréquentes surviendront très probablement. Des progrès ont été réalisés par les
climatologues pour atteindre des résolutions de plus en plus adaptées à l’étude des
impacts. Ainsi, un ensemble de simulations à résolution régionale du changement
climatique (12,5 km, Euro-Cordex) ont été réalisées pour l’Europe.
Une cascade de répercussions du changement climatique est à envisager au cours de
ce siècle, sur les besoins et disponibilités en eau, sur la qualité des sols, sur la pression
de bio-agresseurs, sur les besoins en intrants, sur la qualité et la typicité des produits,
les rendements agricoles ainsi que sur les modes d’utilisation des terres. Le changement
climatique interagit avec d’autres changements et d’autres pressions sur les
écosystèmes (concentration atmosphérique en CO2, ozone, dépôt atmosphérique
d’azote, introductions d’espèces, changement d’usage des sols et de pratiques
agricoles, expansion démographique, changements des habitudes alimentaires, etc.).
À court et moyen termes, la concentration atmosphérique élevée du dioxyde de
carbone et le réchauffement pourraient avoir des conséquences positives, sous les
latitudes élevées notamment. Certaines régions pourraient bénéficier d’opportunités
d’amélioration des potentialités de production. Cependant, l’augmentation des
événements extrêmes pourrait dès cette échéance provoquer des irrégularités de
productions agricoles, avec des conséquences économiques et organisationnelles
fortes.
A plus long terme, les effets négatifs liés aux températures élevées et au manque
d’eau pourraient l’emporter et avoir des conséquences graves en particulier sur les
systèmes pérennes (vigne, forêt, arboriculture). Des options d’adaptation plus
radicales et des transformations de rupture sont à anticiper : relocalisation des bassins
de production, adaptation des filières économiques et de la gestion des territoires,
développement d’innovations techniques.
Nathalie Breda
• Cellule de MétaProgramme
ACCAF, Inra
UMR EEF, Nancy
A quels changements faut-il s’attendre ?
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