Introduction
De nombreux phénomènes physiques ont pour origine l’interaction entre la lumière et un milieu matériel.
Certains sont plus précisément liés aux propriétés magnétiques de la matière. Aussi ces derniers sont qualifiés
d’effets "magneto-optiques" tels que, par exemple, l’effet Faraday ou l’effet Kerr magnéto-optique étudié dans
le cadre de cette manipulation. Lorsqu’une lumière initialement polarisée ou non interagit 1avec le matériau,
elle est susceptible de changer son état de polarisation. Cet effet sera particulièrement mis en évidence à travers
l’observation expérimentale de la rotation de l’angle de polarisation d’une lumière incidente après avoir été
réfléchie par une couche mince aimantée. Les mécanismes microscopiques à l’origine de l’interaction entre la
lumière et les moments magnétiques de la matière sont complexes et dépassent le cadre de ce TP : une interpré-
tation quantique plus rigoureuse s’appuie sur la modification des niveaux d’énergie avec le champ magnétique
(effet Zeeman). Notons simplement qu’un déphasage entre les deux états propres de polarisation de la lumière,
proportionnel à l’aimantation du matériau, modifie son état de polarisation final.
Introduction théorique et principe de l’effet Kerr magnéto-optique
Effet Kerr magnéto-optique
L’effet Kerr magnéto-optique est le résultat d’une ré-
sonance ferromagnétique provoqué par la lumière qui confère
au matériau des propriétés optiques de bi-réfringence.
Ainsi, lorsqu’une lumière initialement polarisée de ma-
nière rectiligne pénètre dans le matériau, elle en ressort
toujours polarisée de manière rectiligne, mais son orienta-
tion a changé. En effet, une polarisation rectiligne 2peut
toujours être recomposée en deux polarisations circulaires
tournant en sens contraire l’une de l’autre. Dans un ma-
tériau bi-réfringent, ces deux composantes se propagent
à des vitesses différentes, lui procurant ainsi un pouvoir
rotatoire. Comme indiqué précédemment, un déphasage
entre les deux composantes circulaires de la lumière, pro-
portionnel à l’aimantation du matériau et a sa longueur
traversée, modifie son état de polarisation.
Dans le cas d’un film mince ferromagnétique (dont l’épaisseur est inférieure à l’épaisseur de peau) déposé sur
un substrat réfléchissant, il est possible d’analyser l’état de polarisation de la lumière réfléchie par le dispositif.
Dans cette configuration la lumière pénètre le matériau "actif" sur un aller-retour. Considérons une onde plane
incidente polarisée de manière rectiligne. Ici, le vecteur "champ magnétique" sera utilise pour caractériser son
état de polarisation. Comme expliqué précédemment, cette dernière peut être vue comme la décomposition de
deux ondes polarisées circulairement droite et gauche. La composante dont le vecteur "vitesse angulaire" est dans
la même direction que les courants électriques fictifs (ou moments magnétiques) responsables de l’aimantation
Mdu matériau va "tourner" plus vite que l’autre. On remarque alors que la polarisation rectiligne subit une
rotation lorsqu’une aimantation magnétique se développe parallelement à la direction de propagation de la
lumière. L’angle de rotation est donné par la formule empirique :
α=ν.M.d (1)
où dest l’épaisseur pendant laquelle la rotation a lieu et νest la constante de Verdet du matériau considéré
(en rad.T −1.m−1). Cette constante varie en fonction de la longueur d’onde de la lumière et de la température.
En général, un champ magnétique extérieur ~
Best appliqué sur l’échantillon afin que celui-ci développe une
aimantation Mcaractéristique de ses propriétés magnétiques. Selon l’orientation relative du vecteur d’onde
de la lumière incidente, de la direction du champ magnétique extérieur et de l’orientation de l’échantillon, on
distingue trois configurations pour l’effet Kerr magnéto-optique.
1. le terme "interagir" regroupe ici les processus de réflexion, réfraction, diffraction, diffusion ou transmission
2. L’état de polarisation de la lumière est, par convention, caractérisée par la direction du champ électrique ~
E.
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