Kinésithérapie respiratoire": à lʼexamen, sa respiration spontanée est presque exclusivement abdominale, avec
une très faible participation du thorax. Une vidéo est réalisée pour lui en faire prendre conscience. Elle décrit des
douleurs, apparues après la radiothérapie, situées autour du plastron sternal qui inhibent sa respiration
thoracique.
Par guidance manuelle, le kinésithérapeute lʼincite à essayer de développer les différents niveaux inspiratoires.
Cette ancienne orthophoniste «"découvre la différence entre la respiration thoracique et abdominale"». Deux
séances sont consacrées à cette prise de conscience, et déclenchent une augmentation des douleurs
thoraciques. À sa demande, nous espaçons les séances dʼune à deux semaines. Progressivement, la mobilité
thoracique sʼaméliore et les douleurs diminuent.
Aspects psychologiques": interrogée sur ses douleurs, madame C. raconte sa peur dʼêtre bousculée dans les
transports en commun, ce qui explique sa posture cyphotique de protection. Elle associe également ses douleurs
au «"contexte personnel apocalyptique"» de déclenchement de son cancer. Le soignant essaie de se représenter
comment ce contexte sʼest inscrit au niveau musculo-squelettique, quelles douleurs il a pu exacerber et quelles
peurs il a pu déclencher. Cette représentation sʼappuie sur lʼévolution de la mobilité respiratoire, écoutée
manuellement. Il sʼagit pour le soignant de prêter attention à ce qui sʼopère sous ses mains, sans nécessairement
poser de questions": ce que le kinésithérapeute «"interroge"» nʼest pas encore verbalisable par le patient."
Lʼimage inconsciente du corps": emmagasine les émotions qui lʼinfluencent mais ne sont pas toutes accessibles
immédiatement. Le vécu psychologique de la maladie est ici la somme des expériences traumatiques subies par
le corps et des émotions de même nature qui ont pu renforcer les conséquences de ces expériences
traumatiques. Dans ce cas, une période de difficultés majeures vient accentuer la détresse créée par le cancer";
la douleur augmente avec la crainte, renforce une posture qui sʼinstalle et aboutit à la décompensation
respiratoire. Lʼévolution physiopathologique ne relève pas uniquement de la dimension psychologique, mais le
sujet intègre ces différents aspects dans son vécu corporel.
La relation patient-kinésithérapeute": le kinésithérapeute prend en main le corps malade sur lequel il a un savoir.
La patiente va prendre conscience de ce savoir par lʼécoute manuelle": guidance, résistance ou massage seront
soutenus par des explications aussi précises que possible, la parole préparant et accompagnant le toucher.
Raideur/mobilité, hypo/hypertonie, compensations, dysynergies sont lʼinscription somatique de lʼhistoire de la
malade. Ce diagnostic partagé installe une relation de confiance. Sans véritable interrogatoire mais en
sʼinterrogeant à voix haute, le kinésithérapeute peut amener la patiente à réfléchir sur sa maladie par une
question ouverte du type": «"Quel souvenir avez-vous de lʼinstallation de cette rigidité"?"»
Il propose ainsi dʼassocier son vécu corporel à celui de la maladie et donc de faire évoluer en parallèle la
rééducation respiratoire et la réélaboration psychologique. Lorsque le kinésithérapeute entreprend de
rééduquer la respiration, il va bousculer tout un «"équilibre"» psychosomatique qui sʼest établi dans le temps, de
manière plus ou moins inconsciente. Les douleurs thoraciques et la peur dont fait part madame C. font écho aux
différents événements attachés à cette région du corps, au contexte de leur survenue et aux aménagements
psychiques quʼelle a été amenée à faire. On comprend pourquoi faire bouger son thorax pouvait lui demander du
temps…"
Ainsi, madame C. peut mobiliser son thorax au bout de quelques mois, après avoir compris pourquoi lʼamplitude
de ses mouvements sʼest progressivement altérée. Le renforcement de sa respiration ne rentre plus en conflit
avec les émotions liées à la maladie. En effet, en voulant «"oublier"» ce qui sʼest passé, elle a fixé des habitudes
corporelles. Et lorsquʼelle a voulu modifier ces habitudes, les souvenirs douloureux associés ont été à lʼorigine
dʼune résistance de lʼimage inconsciente du corps.
Bilan pneumologique": concordance de la gêne fonctionnelle avec les données spirométriques.
"
""
Monsieur C.
Éléments de diagnostic pneumologique": BPCO (bronchectasie) non améliorée par augmentation du traitement
intrapulmonnaire. VEMS à 2,87.
Anamnèse": installation progressive dʼune BPCO chez un fumeur précoce puis usager de diverses drogues
«"douces"» inhalées. Reçu en kinésithérapie après sevrage complet depuis 8"ans.
Kinésithérapie respiratoire": apprentissage et contrôle des accélérations de flux expiratoire chez un patient
productif. Lorsquʼil commence sa rééducation respiratoire, il pratique un auto-drainage très intensif, provoquant
dʼimportantes quintes de toux sans expectoration, avec accentuation du bronchospasme et des sibilants. Un long