Les émissions de gaz à eet de serre ne cessent d’augmenter
et au rythme actuel, le 5ème rapport du GIEC arme que notre
« budget carbone » disponible au niveau mondial pour limiter le
réchauement climatique en deçà de 2°C sera épuisé d’ici 20
à 30 ans. Selon l’AIE, cela implique de laisser 2/3 des réserves
connues en énergies fossiles dans le sol. Face à cette réalité
alarmante et aux impacts des changements climatiques qui
aectent de plus en plus les populations
vulnérables, les gouvernements n’ont pas
tous l’air déterminé à faire baisser leurs
émissions de gaz à eet de serre :
• Les pays du G20 dépensent chaque
année 88 milliards de dollars d’argent
public pour l’exploration de sources
de combustibles fossiles, plus que les
industries elles-mêmes ;
• Le Canada a tourné le dos au protocole
de Kyoto et choisi d’exploiter les sables bitumineux, plus
polluants que les énergies fossiles conventionnelles ;
• Le Japon a annoncé à la COP de Varsovie qu’il reculait sur son
objectif de baisse des gaz à eet de serre pour 2020 ;
Dans le même temps, des signaux positifs ont émergé partout
dans le monde. Les énergies renouvelables ont connu un
essor considérable depuis 5 ans, et leur coût a très rapidement
chuté. Un nombre croissant d’acteurs nanciers réoriente ses
stratégies d’investissements et les citoyens proposent des
solutions et agissent sans attendre leurs gouvernements. La
mobilisation citoyenne du 21 septembre (à New York et dans
de nombreuses villes de la planète) a permis de replacer la
lutte contre le changement climatique au cœur de l’agenda
politico-médiatique et certains Etats ont pris des engagements.
L’Ethiopie a annoncé un objectif de neutralité carbone à horizon
2050 ; le Danemark vient d’avancer la date de sa sortie du
charbon à 2025. L’Europe a conclu un accord sur le climat à
l’horizon 2030, qui demeure insusant mais envoie un signal
clair : l’ecacité énergétique et les énergies
renouvelables sont les pierres angulaires
de la lutte contre les gaz à eet de serre.
La Chine et les Etats-Unis ont également
annoncé leurs objectifs de réduction
d’émissions pour le futur accord de Paris.
Ces engagements* sont nettement insuf-
sants par rapport à l’objectif de limiter le
réchauement à 2°C maximum. Mais ils
ont le mérite d’inciter les principaux pays
émetteurs à suivre le mouvement. Tant pour l’Europe, que pour
la Chine et les Etats-Unis, ce sont des premiers pas. Après une
analyse des engagements (pour chaque pays du point de vue
de l’équité, et collectivement pour la possibilité de limiter le ré-
chauement à 2°C), il faudra les rehausser avant la Conférence
de Paris.
* L’Europe s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à eet de serre
d’au moins 40% d’ici 2030 par rapport à 1990. Les Etats-Unis, à les ré-
duire de 26 à 28% d’ici à 2025 par rapport à 2005. La Chine, à atteindre
le pic de ses émissions en 2030 au plus tard.
Les grands enjeux
Thermomètre climatique : que font les pays, que dit la science ?
ALima, les pays devront avancer sur deux fronts :
• D’une part, la négociation d’un accord mondial sur la lutte
contre les changements climatiques, applicable à tous, doté
d’une « force légale », devant être signé en 2015 et entrer en
vigueur d’ici à 2020. C’est cet accord qui doit être conclu en
décembre 2015 à Paris et contribuer à contenir le réchauement
climatique en deca de 2°C.
• En signant l’accord de Durban n 2011,
les pays se sont également unis derrière
un second objectif tout aussi important:
l’accélération de la réduction des
émissions de gaz à eet de serre avant
2020, sans attendre l’entrée en vigueur du
nouvel accord mondial. Tous les rapports
scientiques martèlent qu’il est urgent de
faire baisser rapidement les émissions au
niveau mondial et que les cinq prochaines
années seront décisives.
La COP20 doit contribuer à renforcer et à essaimer les initiatives
immédiates de lutte contre les changements climatiques
(énergies renouvelables, transports propres, ecacité éner-
gétique, lutte contre la déforestation). La société civile sera
particulièrement vigilante quant au respect par ces initiatives
de critères environnementaux et sociaux précis, et au fait
qu’elles incluent les plus populations les plus pauvres et les
plus vulnérables. A cet égard, certaines initiatives internationales
lancées récemment paraissent inquiétantes. C’est le cas de
l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au
climat (GACSA), qui fait plus de place aux imultinationales de
l’agrobusiness qu’aux petites exploitations paysannes.
La COP20 doit orir un cadre pour comparer et évaluer
les engagements des pays pour l’après 2020, qui seront
annoncées en mars-avril 2015. Pour pouvoir comparer ces
contributions nationales et les renforcer avant la COP21, il
faudra dénir clairement à Lima quelles informations les pays
devront y inclure : s’agit-il d’objectifs absolus ou sectoriels pour
agir sur les énergies renouvelables et la scalité écologique ?
Et sur quelle durée ? D’expérience, on sait que les périodes
d’engagement plus courtes (de 5 ans)
renforcent la redevabilité des dirigeants qui
les annoncent. Et permet de régulièrement
réviser les objectifs à la hausse.
La COP20 doit aussi soutenir nanciè-
rement les solutions permettant de lutter
contre les changements climatiques. Cet
argent peut permettre de nancer l’accès
universel aux énergies renouvelables ou
des systèmes d’assurance pour les petits
agriculteurs qui perdent leurs récoltes du fait des intempéries. Les
pays en développement ont besoin d’engagements nanciers
publics, prévisibles et adéquats pour faire face. Les ministres
réunis à Lima doivent préciser leurs engagements nanciers en
2015, 2016 et 2017. Ils doivent également proposer le «paquet»
nancier pour l’accord de Paris.
Enn, la COP20 doit poser les fondations de la maison qui
abritera l’accord de Paris. Dès Lima, il faut une idée des pièces
qui la composent, du nombre d’étages qu’il faudra construire et
du coût de la construction. Bien avant Paris, il faudra bâtir les
murs, poser les portes et fenêtres. L’essentiel doit être en place
six mois avant la conférence de Paris, selon les règles de l’Onu.
D’où l’importance de rentrer de Lima avec un plan d’architecte
validé et un calendrier pour la construction.
Les enjeux de Lima : dénir la feuille de route avant et après 2020
Laisser
les
2/3 des fossiles
dans le sol
Poser
les
fondations de
l’accord de Paris