environnement
& cancer en Aquitaine
cancers du cerveau Cancers
On appelle tumeur du cerveau toutes les tumeurs qui se développent à l’intérieur du
crâne et l’on parle indifféremment de tumeurs du cerveau, de tumeurs intracrâniennes
ou du système nerveux central (SNC). Elles peuvent se développer dans n’importe quelle
zone du cerveau : les hémisphères, le cervelet, le tronc cérébral, l’hypophyse, etc. Il
existe des dizaines de tumeurs cérébrales différentes, que l’on distingue en fonction de
trois caractéristiques :
- la localisation dans le cerveau, une tumeur pouvant entraîner des troubles très diffé-
rents selon la zone dans laquelle elle se développe ;
- le type de tumeur, le cerveau étant composé de différents types de cellules, qui
peuvent chacune être à l’origine de tumeurs différentes. Les tumeurs du cerveau
portent généralement le nom des cellules à partir desquelles elles se développent :
les gliomes se développent à partir des cellules gliales, qui nourrissent et soutiennent
les neurones ; les méningiomes se développent à partir des cellules composant les
méninges (enveloppes du cerveau), etc. ;
- leur degré d’agressivité, lié à la rapidité de développement de la tumeur. Contraire-
ment aux autres cancers, les tumeurs cancéreuses du cerveau n’entraînent pas de
métastases à l’extérieur du cerveau. Elles ne s’étendent pas à d’autres organes.
Les causes des tumeurs du cerveau sont mal connues. Les études menées et en cours
portent sur les facteurs héréditaires, les expositions environnementales et profession-
nelles. À ce jour, pour les tumeurs cérébrales, les rayonnements ionisants sont classés
comme cancérogènes certains pour l’homme (groupe 1 du CIRC). Les radiofréquences
liées à l’utilisation du téléphone sans l sont classées cancérogènes possibles (groupe
2B) pour le risque de gliome. Plusieurs autres facteurs de risque environnementaux sont
étudiés et actuellement débattus pour les tumeurs de l’adulte : les radiations non ioni-
santes, les pesticides, les métaux lourds (plomb, mercure), les composés nitrés, cer-
taines infections virales, le tabagisme. Un type de cancer du cerveau, les glioblastomes,
fait l’objet d’un tableau de maladie professionnelle (N° 85) en lien avec une exposition à
des composés nitrés.
Chez l’enfant, les facteurs de risque débattus sont l’exposition parentale aux pesticides
avant la naissance, certaines infections virales de la mère pendant la grossesse, l’expo-
sition maternelle aux composés nitrés pendant la grossesse (alimentation, tabac).
De quoi parle-t-on ?
Les cancers du système nerveux
central (SNC) représentent en Aqui-
taine 1,6 % des nouveaux cas de can-
cers mais 15 % de ceux des enfants de
moins de 15 ans.
L’incidence des cancers du SNC est
élevée en Aquitaine. Comparée aux
autres régions de France, elle est clas-
sée au 2e rang chez les hommes, au
1er chez les femmes. Elle augmente en
Aquitaine comme en France.
Dans les départements aquitains, les
admissions en affection de longue
durée pour cancer du SNC sont plus
élevées dans les Landes et les Pyré-
nées-Atlantiques.
La mortalité due à ces cancers est
stable depuis dix ans.
Points clés
épidémiologiques
Au cours de la période 2009-2011, le nombre annuel moyen
d’admissions en affection de longue durée pour un cancer du
système nerveux central est de 280 en Aquitaine (4 400 en 2011
en France métropolitaine), soit 1,6 % de l’ensemble des admis-
sions en ALD pour cancer.
Nombre annuel d'admissions en ALD pour un cancer du système nerveux central,
en 2009-2011, en Aquitaine
hommes femmes ensemble
Aquitaine 147 133 280
Sources : Cnamts, CCMSA, RSI - Exploitation : SCORE-Santé
Les taux d’admissions augmentent avec l’âge jusqu’à 65-
69ans et se stabilisent ensuite. Quel que soit l’âge, les taux
masculins sont supérieurs aux taux féminins et l’écart entre
taux masculins et féminins est stable.
Taux d'admissions en ALD pour un cancer du système nerveux central selon l'âge et
le sexe, en 2009-2011, en Aquitaine
épidémiologie des
cancers du cerveau
Admissions en affection de longue durée
Sources : Cnamts, CCMSA, RSI - Exploitation : SCORE-Santé
0
5
10
15
20
25
< 25
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
>=85
hommes femmes
Le taux standardisé d’admissions en ALD pour cancer du
SNC chez les hommes, 9,3 pour 100 000 en Aquitaine en
2009-2011, est plus élevé que chez les femmes (7,2). Quel
que soit le sexe, les taux aquitains sont supérieurs aux
taux nationaux (1er rang chez les femmes, 2e rang chez les
hommes).
Au cours des cinq dernières années, le taux a légèrement
progressé en Aquitaine comme dans de nombreuses ré-
gions. La progression est observée chez les hommes et les
femmes.
Taux standardisés d'admissions en ALD pour un cancer du système nerveux
central, en 2009-2011
hommes femmes ensemble
Aquitaine 9,3 7,2s8,2s
France métro. 7,9 7,9 6,8
Sources : Cnamts, CCMSA, RSI - Exploitation : SCORE-Santé
s : écart significatif par rapport à la valeur nationale
À l’échelle des territoires de santé, les taux standardisés
sont les plus élevés dans les trois territoires du sud de la ré-
gion et le plus faible dans le Lot-et-Garonne. L’écart entre le
taux des Landes et le taux national présente une différence
signicative.
Évolution du taux standardisé d'admissions en ALD pour cancer du système nerveux
central (p. 100 000), 2005-2007 à 2009-2011
(Aquitaine, régions limitrophes et France héxagonale)
Sources : Cnamts, CCMSA, RSI, Insee - Exploitation : SCORE-Santé
Taux standardisé d'admissions en ALD pour
cancer du système nerveux central (p. 100 000) en 2009-2011
et nombre annuel moyen (entre parenthèses)
(Aquitaine, territoires de santé et France métropolitaine)
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0
Landes (46)
Béarn-Soule (37)
Navarre-Côte basque (28)
Aquitaine (280)
Gironde (112)
Dordogne (36)
France métro. (4 190)
Lot-et-Garonne (21)
0
5
10
2006 2007 2008 2009 2010
France hexagonale Aquitaine
Midi-Pyrénées Poitou-Charentes
Limousin
Au cours de la période 2008-2010, 227 Aquitains sont décédés en
moyenne chaque année d’un cancer du système nerveux central
(3 282 en France métropolitaine). Comme pour les admissions en
ALD, la mortalité est élevée dans notre région ; le taux standar-
disé de mortalité se situe au 1er rang des régions françaises pour
les femmes et au 2e pour les hommes.
On retrouve dans les territoires de santé la même situation que
pour les admissions en ALD. Les taux standardisés de mortali-
té sont les plus élevés en Béarn-Soule, Landes et Navarre–Côte
basque et le plus faible dans le Lot-et-Garonne.
Au cours des dix dernières années, la mortalité est restée stable
à l’échelle régionale et nationale. Elle a progressé depuis le milieu
de la décennie en Béarn-Soule et Landes. La situation de ces
territoires devra être suivie.
Mortalité par cancer du cerveau
Sources : Cnamts, CCMSA, RSI, Insee - Exploitation : SCORE-Santé
Taux standardisé de mortalité par
cancer du système nerveux central (p. 100 000) deux sexes,
en 2008-2010, et nombre annuel moyen (entre parenthèses)
(Aquitaine, territoires de santé et France métropolitaine)
0246810
Béarn-Soule (39)
Landes (38)
Navarre-Côte basque (16)
Aquitaine (227)
Dordogne (31)
Gironde (84)
France métro. (3 282)
Lot-et-Garonne (19)
Sources : Cnamts, CCMSA, RSI, Insee - Exploitation : SCORE-Santé
Évolution du taux standardisé de mortalité par cancer du système nerveux central (p. 100 000), 2000-2002 à 2008-2010
(Aquitaine, territoires de santé et France hexagonale)
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
France hexagonale
Dordogne (Aquitaine)
Gironde (Aquit aine)
Landes (Aquitaine)
Lot-et-Garonne (Aquitaine)
Navarre-te basque (Aquitaine)
Béarn-Soule (Aquitaine)
Aquitaine
Un facteur de risque est reconnu par la communauté scienti-
que. Il s’agit des rayonnements ionisants à forte dose, qui sont
un agent classé cancérogène certain pour l’homme (groupe 1)
par le CIRC pour les tumeurs cérébrales chez l’adulte. Les tra-
vaux ont mis en évidence une augmentation du risque de cer-
taines tumeurs cérébrales suite à un bombardement atomique
(gliomes, méningiomes et neurinomes) et suite à des exposi-
tions médicales durant l’enfance (risque de méningiomes et de
tumeurs malignes).
Peu d’études se sont intéressées à la survenue de tumeurs
chez l’enfant faisant suite à une exposition aux rayonnements
ionisants. Néanmoins, l’étude « Oxford Survey of Childhood
Cancers » a permis de mesurer l’association entre le risque de
cancer chez les enfants et l’exposition de leur mère à des exa-
mens radiologiques pendant sa grossesse. L’étude observe un
excès de risque de cancer de l’ordre de 40 % chez les enfants
ayant été exposés in utero, avec une augmentation de 42 %
pour les tumeurs du système nerveux central.
facteurs de risque
Un facteur de risque reconnu,
les rayonnements ionisants (groupe 1)
décembre 2014
____________________________
Document réalisé par
l’Observatoire régional de la santé
d’Aquitaine
Espace Rodesse
103 ter rue Belleville
33000 BORDEAUX
tél. : 05 56 56 99 60
courriel : [email protected]
site web : www.ors-aquitaine.org
avec le nancement
du Conseil régional d’Aquitaine
Différentes études sont centrées sur le lien entre champs élec-
tromagnétiques et augmentation du risque de tumeurs céré-
brales, notamment en relation avec l’utilisation de téléphones
portables qui émettent des ondes près du cerveau. Les
études n’apportent pas la preuve à ce jour d’un lien positif.
Cependant, en mai 2011, le CIRC a classé les radiofréquences
comme cancérogène possible (groupe 2B) pour l’homme, sur
la base d’un risque accru de gliome. Il note aussi que des
recherches complémentaires doivent être menées sur l’utilisa-
tion intensive à long terme du téléphone portable.
Aucune étude sur les champs électromagnétiques émis par
les appareils électriques tels que sèche-cheveux, four à
micro-ondes, ordinateur, téléviseur, ne permet de conclure
sur le rôle de ces appareils dans l’apparition de tumeurs cé-
rébrales, compte tenu de la difculté à mesurer l’exposition
.
Les radiofréquences, classées
cancérogène possible (groupe 2B)
Plusieurs études suggèrent un lien entre pesticides et cancer du
cerveau, lien qui n’est cependant pas prouvé. La publication des
résultats de l’étude de cohorte Agrican menée en France fera
avancer les connaissances sur cette question et différents autres
cancers. Certaines études ont montré pour des niveaux d’exposi-
tion élevés la survenue de cancers dont ceux du SNC. Mais le lien
causal n’est pas établi du fait de l’implication d’autres facteurs et
de la difculté à isoler l’exposition aux pesticides.
Chez les enfants, des études ont cherché une association entre
des risques de tumeurs cérébrales et l’utilisation de pesticides
par les parents à la maison ou au jardin, en particulier pendant la
grossesse ou la petite enfance,
mais les résultats restent à conr-
mer (notamment les résultats de l’étude de cohorte MOBI-KID en
cours) .
Les pesticides à l'étude
Les glioblastomes sont reconnus comme une maladie
professionnelle (tableau N 85 du régime général) en lien
avec l’exposition à certains dérivés nitrés. Les activités
professionnelles exposant à quatre composés suscep-
tibles d’être à l’origine de glioblastomes concernent la
fabrication et le conditionnement de ces substances ou
bien leur utilisation dans les laboratoires de recherche.
Certains composés nitrés sont classés dans les cancé-
rogènes probables pour l’homme (groupe 2A) mais les
études réalisées n’ont pas mis en évidence de lien avec
les cancers du système nerveux central. Les études ont
porté sur la consommation de ces substances par l’ali-
mentation et le tabac chez l’adulte et chez la mère pen-
dant la grossesse, avec la recherche d’une association
sur le cancer de l’enfant.
Des études en milieu professionnel ont mis en évidence
un lien entre l’exposition au plomb et au mercure et l’ap-
parition de certaines tumeurs cérébrales.
Des expositions professionnelles
à risque : dérivés nitrés, mercure et plomb
Ce document a bénécié de la relecture
de membres du Département Cancer En-
vironnement du Centre Léon Bérard, dont
le portail d’information des publics cancer-
environnement.fr a permis d’élaborer en par-
tie ces ches.
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